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BelshatsarÉtude perspicace des Écritures (volume 1)
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L’Histoire confirme-t-elle que Belshatsar fut souverain de Babylone ?
Une tablette cunéiforme datée de l’année où Nériglissar, successeur d’Awil-Mardouk (Évil-Merodak), accéda au trône de Babylone parle d’un certain “ Belshatsar, le principal officier du roi ”, à propos d’une transaction financière. Il est possible, bien qu’on ne l’ait pas prouvé, qu’il s’agisse du Belshatsar de la Bible. En 1924, on a publié la traduction d’un texte cunéiforme ancien appelé “ Poème de Nabonide ”. Ce texte a fourni des renseignements précieux confirmant clairement que Belshatsar avait une position royale à Babylone et expliquant la façon dont il était devenu vice-roi avec Nabonide. À propos de la conquête de Téma par Nabonide la troisième année de son règne, une partie du texte dit : “ Il confia le corps expéditionnaire à son fils aîné [Belshatsar] et mit sous son commandement une armée (composée de gens) de tous les pays ; il retira sa main (des affaires), il lui confia la royauté. Et lui [Nabonide], il prit la route de (pays) éloignés. Les forces armées d’Akkad étaient sur le pied de guerre avec lui. Il s’orienta vers la ville de Temaʼa (qui est) au milieu d’Amurru. ” (Textes du Proche-Orient ancien et histoire d’Israël, par J. Briend et M.-J. Seux, Paris, 1977, p. 149). Ainsi, il est sûr et certain que Belshatsar exerça l’autorité royale à partir de la troisième année de Nabonide, et cet événement correspond probablement à la mention par Daniel de “ la première année de Belshatsar le roi de Babylone ”. — Dn 7:1.
Cylindre d’un temple babylonien qui nomme le roi Nabonide et son fils Belshatsar.
Dans un autre document, la Chronique de Nabonide, on trouve une déclaration en rapport avec les septième, neuvième, dixième et onzième années du règne de Nabonide. Elle dit : ‘ Le roi, était à Temâ. Le prince, les grands et l’armée étaient en Akkad [Babylonie]. ’ (Chroniques mésopotamiennes, par J.-J. Glassner, Paris, 1993, p. 202, 203). Il semble que Nabonide passa une grande partie de son règne ailleurs qu’à Babylone et que, sans renoncer à sa position de souverain suprême, il confiait à son fils Belshatsar l’autorité administrative pour qu’il agisse en son absence. C’est ce qui ressort d’un certain nombre de textes retrouvés dans des archives antiques, qui prouvent que Belshatsar jouissait des prérogatives royales, qu’il donnait des ordres et des commandements. Les affaires qu’il traitait dans certains documents et ordres l’auraient normalement été par Nabonide, le souverain suprême, s’il avait été présent. Belshatsar demeurait néanmoins le deuxième personnage de l’empire et ne pouvait donc proposer de faire de Daniel que “ le troisième dans le royaume ”. — Dn 5:16.
Il est vrai que des inscriptions officielles donnent à Belshatsar le titre de “ prince héritier ”, alors qu’il a celui de “ roi ” dans le livre de Daniel (Dn 5:1-30). Une découverte archéologique faite dans le N. de la Syrie laisse entrevoir une explication. En 1979, on a exhumé une statue grandeur nature d’un chef de la Gozân antique. Il y avait sur sa jupe deux inscriptions, l’une en assyrien et l’autre en araméen (la langue du récit concernant Belshatsar dans Daniel). Les deux inscriptions presque identiques contenaient une différence notable. Le texte en assyrien impérial dit que la statue représente “ le gouverneur de Gozân ”. Le texte en araméen, la langue du peuple local, le qualifie de “ roi ”.
C’est pourquoi l’archéologue et linguiste Alan Millard écrit : “ À en croire des sources babyloniennes et des textes nouveaux figurant sur cette statue, on trouvait sans doute tout à fait correct dans des récits non officiels comme le livre de Daniel d’appeler Belshatsar ‘ roi ’. Il agissait en roi, en agent de son père, même s’il n’était peut-être pas légalement roi. La distinction précise aurait été hors de propos et n’aurait fait qu’embrouiller l’histoire telle qu’elle est racontée dans Daniel. ” — Biblical Archaeology Review, mai/juin 1985, p. 77.
On s’attendait que les détenteurs du pouvoir souverain en Babylonie montrent l’exemple pour ce qui était de vénérer les dieux. Six textes cunéiformes relatifs à des événements survenus entre la 5e et la 13e année du règne de Nabonide montrent la dévotion de Belshatsar pour les divinités babyloniennes. Ces documents rapportent que, tenant le rôle de roi en l’absence de Nabonide, Belshatsar offrait de l’or, de l’argent et des animaux aux temples d’Érek et de Sippar, ce qui cadrait bien avec sa position royale.
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