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NabonideÉtude perspicace des Écritures (volume 2)
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Dans ses prières au dieu-lune, sur plusieurs prismes, Nabonide s’adjoint son fils premier-né, Belshatsar (Documents From Old Testament Times, par D. Thomas, 1962, p. 73 ; La Bible et les découvertes modernes en Palestine, en Égypte et en Assyrie, par F. Vigouroux, Paris, 1896, tome IV, p. 355). Une inscription rapporte que dans sa troisième année, avant d’entreprendre la campagne qui aboutit à la prise de Téma en Arabie, Nabonide nomma Belshatsar roi de Babylone. Le même texte indique que Nabonide offensa la population de son empire en se consacrant essentiellement au culte du dieu-lune et en ne se trouvant pas à Babylone pour célébrer la fête du Nouvel An. Le document connu sous le nom de Chronique de Nabonide révèle qu’aux 7e, 9e, 10e, et 11e années de son règne, Nabonide était dans la ville de Téma ; et à chaque fois, le texte déclare : ‘ Le roi n’alla pas à Babylone. Nabû n’alla pas à Babylone. Bēl ne sortit pas. La fête du Nouvel An ne fut pas célébrée. ’ (Chroniques mésopotamiennes, par J.-J. Glassner, Paris, 1993, p. 202, 203). Les archives des autres années sont incomplètes, car le texte est détérioré.
Au sujet de la ville-oasis de Téma, il est précisé ailleurs : “ Il mit en valeur la ville, il [y] bâtit [son palais (?)] ; comme le palais de Babylone il le (?) bâtit. ” (Textes du Proche-Orient ancien et histoire d’Israël, par J. Briend et M.-J. Seux, Paris, 1977, p. 149). Il semble que Nabonide établit sa résidence royale à Téma ; d’autres textes montrent que des caravanes de chameaux y acheminaient des provisions en provenance de Babylonie. Sans renoncer à son rang de roi de l’empire, Nabonide confia l’administration du gouvernement de Babylone à Belshatsar. Téma était au carrefour des voies suivies, dans l’Antiquité, par les caravanes qui transportaient de l’or et des épices à travers l’Arabie. Par conséquent, l’intérêt que lui accordait Nabonide s’explique peut-être par des raisons économiques, ou par des considérations de stratégie militaire. On a également émis l’hypothèse que Nabonide jugea préférable, du point de vue politique, d’administrer les affaires de Babylone par l’intermédiaire de son fils. D’autres facteurs, tels que le climat salutaire de l’endroit et la prépondérance du culte de la lune en Arabie, ont également été avancés pour expliquer la préférence que Nabonide donnait apparemment à Téma.
On ne dispose d’aucune information sur les activités de Nabonide entre sa 12e année et sa dernière année. Prévoyant l’agression des Mèdes et des Perses conduits par Cyrus le Grand, Nabonide s’était allié avec l’Empire lydien et l’Égypte. La Chronique de Nabonide rapporte que Nabonide était revenu à Babylone l’année où les Mèdes et les Perses lancèrent leur attaque. On célébrait la fête du Nouvel An et on avait apporté les différents dieux de Babylonie dans la ville. À propos de l’avance de Cyrus, la chronique déclare qu’après avoir remporté une victoire à Opis (Upû) il s’empara de Sippar (à quelque 60 km au N. de Babylone) et “ Nabonide s’enfuit ”. Puis le récit retrace la conquête de Babylone par les Mèdes et les Perses, et rapporte qu’à son retour dans la ville Nabonide fut fait prisonnier (Chroniques mésopotamiennes, p. 204). Les écrits de Bérose, prêtre babylonien du IIIe siècle av. n. è., racontent que Nabonide sortit combattre les forces de Cyrus, mais qu’il fut vaincu. Ils ajoutent que Nabonide trouva refuge à Borsippa (au S.-S.-O. de Babylone). Après la chute de Babylone, Nabonide se rendit à Cyrus et fut par la suite déporté en Carmanie (dans le S. de la Perse). Ce récit s’accorde avec le récit biblique de Daniel chapitre 5, qui montre que Belshatsar était roi à Babylone au moment où la ville fut renversée.
Dans le chapitre 5 de Daniel, le nom de Nabonide n’est pas mentionné directement ; toutefois, il convient de noter que le prophète raconte seulement très peu d’événements préalables à la chute de Babylone et que l’effondrement de l’empire lui-même est relaté en un minimum de mots. Cependant, Daniel 5:7, 16, 29 fait apparemment allusion à la souveraineté de Nabonide puisque Belshatsar propose à Daniel de devenir le troisième chef dans le royaume, ce qui sous-entend que Nabonide était le premier et Belshatsar le deuxième. Aussi le professeur Dougherty fait-il cette remarque : “ On peut considérer que le cinquième chapitre de Daniel s’accorde avec les faits en ne laissant aucune place à Nabonide dans le récit, car il semble n’avoir eu aucune part aux événements qui eurent lieu lorsque Gobryas [chef de l’armée de Cyrus] entra dans la ville. ” — Nabonidus and Belshazzar, p. 195, 196 ; voir aussi p. 73, 170, 181 ; voir Dn 5:1, note.
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NabonideÉtude perspicace des Écritures (volume 2)
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Les claires allusions à Belshatsar faites dans la chronique sont également dignes d’intérêt. Bien que Belshatsar ne soit pas précisément nommé, à la lumière des dernières parties de la chronique (col. II, lignes 5, 10, 19, 23), selon l’analyse de Sidney Smith, la colonne 1, ligne 8, indiquerait que Nabonide confia la royauté à Belshatsar, l’établissant ainsi vice-roi (Babylonian Historical Texts: Relating to the Capture and Downfall of Babylon, Londres, 1924, p. 100). La chronique déclare à plusieurs reprises que le ‘ prince était en Akkad [Babylonie] ’ pendant que Nabonide était à Téma (en Arabie). Cependant, le fait que ni le nom de Belshatsar ni sa mort ne sont mentionnés dans la Chronique de Nabonide ne remet nullement en question l’exactitude du livre de Daniel, inspiré par Dieu, où le nom de Belshatsar apparaît huit fois et où sa mort conclut le récit réaliste de la chute de Babylone fait au chapitre 5. Bien au contraire, les experts en cunéiforme reconnaissent que la Chronique de Nabonide est extrêmement brève ; en outre, ils pensent, comme on l’a vu précédemment, qu’elle fut écrite pour déprécier Nabonide, non pour fournir un rapport historique détaillé. En vérité, R. Dougherty a raison d’affirmer dans son livre Nabonidus and Belshazzar (p. 200) : “ Le récit biblique peut être considéré comme excellent parce qu’ il emploie le nom de Belshatsar. ” — C’est nous qui soulignons.
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