Les jeunes s’interrogent...

Qu’est-​ce qui lui a pris?

“J’avais un grand respect pour Gina, ma sœur aînéea. Elle m’emmenait au cinéma et m’aidait à faire mes devoirs. Je ne savais pas qu’elle avait des problèmes jusqu’au soir où l’on a annoncé qu’elle était exclue de la congrégation. J’étais bouleversée; je n’arrivais pas à y croire. Elle ne m’avait pas dit qu’elle avait des problèmes.” — Thérésa.

“William est mon frère aîné. J’avais beaucoup d’admiration pour lui. Il était très sympathique — à la fois drôle et charmeur. À table, c’est lui qui faisait rire toute la famille. Mais il était aussi très soupe au lait. Il a commencé à fréquenter des fils à papa trop gâtés et il s’est mis à se droguer. Il est devenu de plus en plus violent, au point d’entrer en conflit avec nos parents. Un jour, je l’ai même vu bousculer maman. Une autre fois, nous avions prévu d’aller camper tous ensemble pour la première fois; je m’en faisais une joie. C’est alors qu’il a décidé de partir sans nous dire où il allait. J’étais inquiet, mais en même temps je lui en voulais parce que papa avait dû annuler le voyage à cause de lui et qu’il gâchait toujours tout.” — Daniel.

QUELLE tristesse quand un frère ou une sœur aîné devient rebelle, fait une fugue, se retrouve en prison ou couvre la famille de honte d’une façon ou d’une autre!

Il peut être en effet bien déprimant de voir ce frère ou cette sœur que vous preniez souvent comme modèle dégringoler de son piédestal. Peut-être même craignez-​vous de suivre le même chemin.

La rancœur peut être un autre sentiment contre lequel vous devez lutter. La sentez-​vous vous envahir quand vous pensez au chagrin que l’attitude rebelle de votre frère ou de votre sœur vous cause, ainsi qu’à toute la famille? “Papa et maman ne savaient plus que faire, se rappelle Daniel. Ils étaient complètement désemparés.” Cultivez-​vous du ressentiment à l’égard de l’élément perturbateur parce qu’il accapare tellement l’attention de vos parents que vous avez l’impression de ne plus exister pour eux? Dans cette situation, vous êtes peut-être tenté de faire des bêtises à votre tour pour que l’on s’occupe un peu de vous.

Ou bien votre rancœur est-​elle dirigée contre vos parents parce qu’ils administrent à votre frère ou à votre sœur une discipline que vous jugez trop sévère? Peut-être en avez-​vous également assez d’entendre les réprimandes qu’ils lui adressent. Certains jeunes en arrivent même à envier secrètement le style de vie plus indépendant dans lequel semble se complaire leur frère ou leur sœur. D’autres sont tout simplement gênés à l’idée de devoir expliquer cette pénible situation à leurs camarades.

Pourquoi arrive-​t-​il qu’un frère ou une sœur aîné nous déçoive? Et si cela se produit, que faire pour ne pas en être trop perturbé?

Des frères et sœurs aînés parfois décevants — Pourquoi?

La Bible établit clairement que “tous” — y compris les meilleurs des frères et sœurs — “ont péché et n’atteignent pas la gloire de Dieu”. (Romains 3:23.) Or, n’ayant pas encore appris, pour la plupart, à maîtriser leurs émotions et leurs impulsions, les jeunes risquent tout particulièrement de commettre le mal. Comme le dit la Bible, “la sottise est liée au cœur du garçon [ou du jeune]”. (Proverbes 22:15.) Par conséquent, il est normal que vous soyez peiné de voir l’un de vos frères et sœurs adopter une mauvaise conduite, mais vous n’avez probablement aucune raison de vous sentir visé personnellement, ni d’éprouver une gêne excessive comme si vous étiez le coupable.

Il est possible que vos parents aient fait preuve d’une certaine négligence dans l’éducation de votre frère ou de votre sœur. Peut-être se sont-​ils montrés trop laxistes et ont-​ils manqué de lui administrer la discipline nécessaire (Proverbes 13:24; 29:15, 17). Peut-être n’ont-​ils pas non plus toujours donné le bon exemple. Quoi qu’il en soit, vous n’arrangerez rien en vous emportant contre eux et en cherchant à leur faire porter la responsabilité des ennuis que rencontre votre frère ou votre sœur.

Il est d’ailleurs des plus vraisemblable que la cause du problème réside, non pas dans un manquement de la part de vos parents, mais plutôt dans le refus de l’élément rebelle de se plier à leur éducation.

Que ressentent les parents?

Ce qui précède peut vous aider à comprendre l’extrême découragement dans lequel la conduite d’un enfant rebelle plonge les parents. Ils ont investi beaucoup de temps, d’efforts et d’affection dans son éducation. En le voyant mal tourner, ils ne peuvent qu’être en proie à un sentiment de culpabilité et se poser des questions sur la façon dont ils l’ont élevé.

Dès lors, est-​il étonnant qu’au plus fort de la crise vos parents donnent l’impression de ne plus faire attention à vous? Dans son livre L’adolescence et ses rébellions — Conseils aux parents (angl.), Myron Brenton explique: “L’enfant rebelle accapare tellement l’attention des parents et draine à tel point leurs réserves affectives que les autres enfants sont laissés de côté. Par exemple, la mère d’une jeune droguée a reconnu: ‘J’avais comme des œillères; ma fille aînée était mon unique souci, si bien que je ne me rendais même plus compte que j’avais une autre fille et un mari.’”

Une telle attitude est certes injuste, mais n’est-​elle pas compréhensible? La Bible raconte que le roi David fut si bouleversé par la rébellion puis la mort de son fils Absalom qu’il en perdit temporairement son équilibre; il ne savait que gémir: “Mon fils Absalom! Absalom, mon fils, mon fils!” (2 Samuel 19:4-6). Soyez convaincu que lorsque le calme sera revenu — et il reviendra avec le temps — vos parents retrouveront peu à peu leur équilibre et seront de nouveau en mesure de s’occuper de vous.

‘Vais-​je suivre le même chemin?’

Cette éventualité effraie de nombreux jeunes, surtout s’ils se sentent attirés par la “liberté” dont jouit leur aîné.

Tout d’abord, soyez bien conscient que l’admiration que vous pouvez porter à votre frère ou à votre sœur ne vous dégage pas de votre responsabilité devant Dieu de faire ce qui est droit. “Si donc quelqu’un sait faire ce qui est juste, mais ne le fait pas, il y a péché pour lui”, lit-​on en Jacques 4:17 (voir Galates 6:5). Par ailleurs, il serait insensé d’envier cette pseudo-liberté. C’est pourtant dans ce travers qu’est tombé le psalmiste Asaph à un certain moment de sa vie. Toutefois, après avoir examiné attentivement à quoi leur conduite menait les pécheurs rebelles, il est arrivé à la conclusion qu’ils se trouvaient “sur un sol glissant” — à deux doigts de la catastrophe (Psaume 73:18). Inutile donc de faire votre propre expérience du mal pour vous rendre compte qu’il n’apporte que du chagrin. — Galates 6:7, 8.

Dites-​vous bien également que rien ne vous oblige à suivre la voie empruntée par vos aînés. Comme le dit Thérésa (déjà citée en introduction), “je ne vais pas faire comme ma sœur. Je ne suis pas du tout comme elle. Nous sommes deux personnes distinctes”.

À ce propos, voyez ce que la Bible nous apprend sur Joseph. Bien qu’aucun de ses dix frères aînés ne lui ait montré le bon exemple, Joseph ne s’est pas laissé influencer par leur mauvaise conduite. Il est resté attaché aux principes justes, “séparé de ses frères”, ce qui lui a valu de recevoir quantité de privilèges et de bienfaits. — Deutéronome 33:16; Genèse 49:26.

À son image, efforcez-​vous de ‘devenir pour les fidèles un modèle en parole, en conduite, en amour, en foi et en chasteté’, sans vous occuper de la voie que suit votre frère ou votre sœur (1 Timothée 4:12). Peut-être même votre fidélité à Dieu l’incitera-​t-​elle à revenir sur le droit chemin.

Sachez tirer leçon de ses erreurs

Essayez de tirer leçon de cette pénible situation. Par exemple, votre frère (ou votre sœur) n’avait-​il pas de “mauvaises compagnies”? Ne fréquentait-​il pas des jeunes qui avaient un langage ordurier, se droguaient, abusaient de boissons alcooliques ou avaient une conduite sexuellement impure (1 Corinthiens 15:33)? Peut-être devriez-​vous, vous aussi, surveiller vos fréquentations.

Considérez également la manière dont votre aîné réagissait aux conseils de vos parents. Se montrait-​il ergoteur, obstiné, rebelle? Constatez-​vous qu’il vous arrive, à vous aussi, de répondre à vos parents avec insolence ou de leur obéir à contrecœur? Pourriez-​vous davantage vous appliquer à ‘honorer votre père et votre mère’? — Éphésiens 6:2.

Bien qu’il s’agisse là de moments difficiles à passer, vous et votre famille y survivrez et en retirerez même peut-être un certain profit. Quoi qu’il en soit, ne perdez jamais espoir de voir votre frère ou votre sœur reconnaître sa mauvaise conduite et revenir sur la bonne voie (voir Luc 15:11-24). N’oubliez jamais non plus que même si des membres de votre famille vous déçoivent, Jéhovah, lui, ne vous ‘quittera jamais; non, il ne vous abandonnera pas’. (Hébreux 13:5.) Pour cela, il est impératif que vous fassiez passer votre fidélité à Jéhovah au premier plan. Votre désir de plaire à Dieu vous incitera à rester pur et chaste — même si un frère ou une sœur que vous aimez beaucoup décide de faire le contraire.

[Note]

[Illustration, page 24]

Un enfant rebelle accapare souvent toute l’attention des parents, à tel point que les autres enfants peuvent se sentir négligés.