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Les disparitions d’enfants: l’ampleur du phénomèneRéveillez-vous ! 1995 | 8 février
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Les disparitions d’enfants: l’ampleur du phénomène
‘MON ENFANT A DISPARU!’
Peut-il y avoir plus grande cause d’inquiétude pour des parents que d’être amenés à prononcer ces paroles? Bien qu’il n’existe pas de statistiques précises sur le nombre de disparitions d’enfants dans le monde, les rapports publiés dans de nombreux pays permettent de se faire une idée de l’ampleur du phénomène.
AUX États-Unis, on enregistre officiellement la disparition temporaire ou définitive de 500 000 à plus de un million d’enfants (selon le mode de classification) par an. En Angleterre, on parle de presque 100 000 disparitions, nombre que certains estiment bien au-dessous de la réalité. Dans l’ex-Union soviétique, il est question de dizaines de milliers d’enfants portés disparus, en Afrique du Sud, de plus de 10 000, et en Amérique latine de plusieurs millions.
Concernant l’étendue du phénomène dans son pays, un porte-parole du ministère italien de l’Intérieur a écrit dans L’Indipendente: “Un jour, ils partent pour l’école ou sortent s’amuser comme d’habitude, mais ils ne rentrent pas. Ils disparaissent, se volatilisent. Leur famille les cherche désespérément, mais on ne trouve que des traces imprécises, des indices trop vagues, des témoins peu nombreux et peu crédibles.”
Aux États-Unis, une étude récente sur l’ampleur du phénomène a révélé que l’expression “disparition d’enfants” englobe en fait plusieurs catégories: les enfants kidnappés par des inconnus; ceux qui sont enlevés par leur père ou leur mère (pour des questions de droit de garde par exemple); ceux qui sont rejetés par leurs parents ou leurs tuteurs; ceux, nombreux également, qui fuguent; ceux, enfin, qui se perdent ou se trouvent séparés d’autre manière de leur famille pendant quelques heures, voire une journée ou deux, en général parce qu’ils ne sont pas rentrés au moment prévu ou qu’il y a eu un malentendu au départ. Ces absences-là sont très rarement définitives.
Mais qu’arrive-t-il aux enfants qui disparaissent pour les raisons les plus graves? Quelles sont les causes de ces drames? Dans les articles suivants, nous examinerons ce phénomène sous divers aspects et verrons quand il prendra fin.
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Les enfants enlevés par des inconnusRéveillez-vous ! 1995 | 8 février
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Les enfants enlevés par des inconnus
“S’IL VOUS PLAÎT, AIDEZ-NOUS À LA RETROUVER. JE VOUS EN PRIE, AIDEZ SARA!”
Cet appel désespéré lancé par des parents rongés d’inquiétude a été diffusé par la télévision dans tous les États-Unis. Sara Ann Wood, 12 ans, avait été enlevée trois semaines auparavant sur une route de campagne, alors qu’elle rentrait chez elle à vélo.
ON A fouillé soigneusement les bois, les champs et les lacs des environs dans l’espoir de retrouver sa trace. Vers la même époque, Tina Piirainen, une autre mère angoissée d’un État voisin, est également apparue à la télévision pour une raison identique. Entraînée dans un chemin forestier, sa fille Holly, 10 ans, s’était volatilisée en moins d’une heure. On devait retrouver son corps dans un champ.
La disparition d’un enfant soumet ses parents à une véritable torture, taraudés qu’ils sont par une lancinante incertitude: leur enfant est-il encore en vie? Est-il maltraité, ou victime de sévices sexuels? A-t-il été tué, comme la petite Ashley? Ashley était venue avec sa famille assister à un match de football auquel participait son frère. Comme le spectacle ne l’intéressait plus, elle était partie se promener vers le terrain, pour ne plus réapparaître. Par la suite, on a découvert son corps dans un champ voisin. Elle avait été étranglée.
Un effroyable cauchemar
Chaque année, aux États-Unis, 200 à 300 familles vivent l’effroyable cauchemar d’avoir un enfant kidnappé, enfant que, pour certaines, elles ne reverront jamais vivant. Certes, ce chiffre paraît faible comparé à celui d’autres crimes violents, mais l’effroi que ces drames suscitent dans la population affecte des milliers de personnes; bouleversées, elles se demandent comment de telles monstruosités peuvent se commettre près de chez elles et si leur enfant ne sera pas la prochaine victime.
Aux États-Unis, le nombre d’enfants enlevés varierait de 3 200 à 4 600 par an. Au moins deux tiers d’entre eux subissent des sévices sexuels. “Le mobile principal est sexuel”, confirme Ernest Allen, président du Centre national d’aide aux enfants disparus ou exploités; “le second est l’envie de tuer”. Selon le ministère américain de la Justice, plus de 110 000 tentatives d’enlèvement ont lieu chaque année aux États-Unis, la plupart étant le fait d’automobilistes, des hommes en général, qui essaient d’attirer un enfant dans leur voiture. D’autres pays encore connaissent une vague de violence semblable contre les enfants.
La société porte-t-elle une part de responsabilité?
Un chercheur australien a montré que l’assassinat d’un enfant n’est “pas un événement fortuit”. Dans son livre Le meurtre des innocents — tueurs d’enfants et victimes (angl.), Paul Wilson écrit que “tueurs et tués sont pris dans un cercle vicieux que la société elle-même a créé”.
Il peut paraître étrange de rendre la société responsable, au moins en partie, de ce phénomène. La majorité des gens ne trouvent-ils pas révoltants l’exploitation et l’assassinat d’enfants? Certainement. Mais n’est-il pas vrai également que les sociétés industrialisées, et même nombre de pays moins développés, sont saturés de films, d’émissions de télévision et d’écrits qui exaltent le sexe et la violence?
De plus en plus de films pornographiques hard mettent en scène des enfants, voire des adultes déguisés en enfants. On y voit des scènes de sexe et de violence d’un réalisme brutal jouées par des enfants. Dans son livre, Paul Wilson mentionne des titres de film comme Mort d’un jeune garçon, Torture sans fin ou Apprentissage du démembrement. Cette violence et cette pornographie sadiques ont-elles une audience importante? Elles constituent une industrie de plusieurs milliards de francs français!
Ces images influencent profondément les agresseurs d’enfants. “Je suis un homosexuel pédophile accusé de meurtre, et la pornographie a été un facteur déterminant de ma déchéance”, a avoué un homme reconnu coupable du viol et de l’assassinat de cinq jeunes garçons. Berit Ås, professeur à l’université d’Oslo, explique l’effet de la pornographie enfantine: “Nous avons fait une grossière erreur à la fin des années 60. Nous avons cru que la pornographie pourrait remplacer les crimes sexuels en fournissant un exutoire aux agresseurs, et nous avons ouvert la boîte de Pandore. Nous savons aujourd’hui que nous avons eu tort: la pornographie valide les crimes sexuels. Elle amène l’agresseur à tenir le raisonnement suivant: ‘Si je peux le regarder, je dois avoir le droit de le faire.’”
Ainsi, l’adulte qui devient dépendant de la pornographie voit s’exacerber son désir sexuel, ce qui peut le conduire à vouloir se procurer par la force ou la contrainte des enfants sur lesquels il se livrera à ses perversions, y compris le viol et le meurtre.
Les enlèvements d’enfants répondent parfois à d’autres mobiles. Dans certains pays, leur augmentation est due aux mauvaises conditions économiques. Des malfaiteurs kidnappent des enfants de riches, escomptant de fortes rançons. Beaucoup d’enfants en bas âge sont volés et vendus à des réseaux qui les emmènent hors du pays.
Mais quelle est la cause principale des disparitions d’enfants? Qu’arrive-t-il à ces enfants? Les deux articles suivants répondront à ces questions.
[Encadré, page 6]
Des millions d’enfants prostitués
Selon les chiffres fournis par les Nations unies, quelque dix millions d’enfants dans le monde se prostituent sous la contrainte. La plupart vivent dans les pays en développement, et beaucoup ont été enlevés. Ce commerce odieux s’est développé en Afrique, en Amérique latine et en Asie parallèlement au tourisme international. En certains endroits, sur les millions de touristes, qui viennent pour la plupart de pays riches, environ les deux tiers font du tourisme sexuel. Mais un jour viendra où ces individus recevront leur rétribution, car tout crime est “découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre des comptes”, Jéhovah Dieu. — Hébreux 4:13.
[Illustration, page 5]
L’enlèvement d’un enfant: un cauchemar effroyable.
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Parents kidnappeursRéveillez-vous ! 1995 | 8 février
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Parents kidnappeurs
APRÈS avoir subi pendant des années de graves violences physiques et psychologiques de la part d’un mari qui avait fini par s’en aller avec une autre, Christine avait demandé le divorcea. Ayant obtenu la garde de ses enfants, elle commençait à retrouver la tranquillité et à reconstruire sa vie quand, un jour, le téléphone a sonné. C’était son ex-mari. “Si tu veux revoir tes enfants, lui a-t-il dit, il faudra que tu te remaries avec moi.” Au terme d’un séjour d’un mois dans le pays de leur père, les enfants de Christine se voyaient empêchés de retourner chez eux. C’était un enlèvement.
Effondrée, Christine s’est adressée au ministère des Affaires étrangères, pour apprendre qu’elle n’avait aucun moyen légal de reprendre ses enfants dans ce pays étranger. L’intense sentiment d’impuissance qu’elle avait éprouvé pendant toutes les années où elle avait été battue a resurgi. “C’est presque pareil, explique-t-elle. On ne sait pas quoi faire pour arrêter tout ça.”
“Violence psychologique”
On a qualifié l’enlèvement d’un enfant par son père ou sa mère d’“acte suprême de violence psychologique” perpétré à l’encontre de l’enfant lui-même et de l’ex-conjoint. Selon Carolyn Zogg, directrice de Child Find of America, un organisme qui aide les parents à retrouver leurs enfants disparus, “nombre des parents [kidnappeurs] agissent par esprit de vengeance; ils se vengent de la pire des manières, en frappant [l’autre] au point vulnérable, en s’en prenant à ce qu’il a de plus précieux: ses enfants. (...) Ils ne pensent pas à l’enfant, mais uniquement à eux et à leur revanche: se venger est leur idée fixe”.
Outre la colère, l’angoisse, les sentiments de vide et d’impuissance qu’il suscite chez le père ou la mère, l’enlèvement perturbe toujours plus ou moins l’enfant. Il peut le contraindre à une vie de fugitif, le priver de ses proches et l’obliger à entendre des calomnies sur celui ou celle à qui il a été arraché. D’où l’apparition possible de toutes sortes de troubles: incontinence urinaire, insomnie, attachement maladif, phobie des portes et des fenêtres, terreur extrême. Même les enfants plus âgés peuvent éprouver du chagrin et de la fureur.
Aux États-Unis, on enregistre chaque année plus de 350 000 cas de non-présentation d’enfants ou d’enlèvement par une personne n’ayant pas le droit de garde. Dans plus de 100 000 de ces affaires, l’auteur du méfait agit dans l’intention de déposséder définitivement son ex-conjoint de son enfant. Pour ce faire, certains s’installent dans un autre État, quand ils ne s’enfuient pas à l’étranger.
Autres raisons
Est-ce toujours par volonté de réconciliation ou désir de vengeance que des parents enlèvent leurs enfants? Michael Knipfing, de l’organisme Child Find, explique que certains redoutent de perdre la bataille juridique qui les oppose à leur ex-conjoint pour la garde des enfants; aussi, “poussés par la peur, ils prennent les devants”. Il arrive aussi que la frustration s’installe quand celui qui a reçu le droit de garde prive l’autre de son droit de visite. “Si vous aimez votre enfant et qu’on vous empêche de le rencontrer, explique Michael Knipfing, il arrive un moment où vous ne voyez d’autre solution que de l’enlever et de vous sauver.”
Il ajoute que ‘la plupart des gens ne sont pas conscients de tout ce qu’implique le rapt d’un enfant. Ils ne se rendent pas compte qu’ils auront du mal à trouver du travail, qu’un mandat d’arrêt est lancé contre eux. Ils croient qu’il s’agit seulement d’un problème entre eux et leur ex-conjoint. Ils oublient que la police est sur l’affaire. Ce n’est plus d’un avocat qu’ils ont besoin, mais de deux, car outre la procédure civile relative à la garde de l’enfant, ils se retrouvent sous le coup d’une inculpation’.
Parfois, le père ou la mère soupçonne son ex-conjoint de maltraiter l’enfant. Que la justice tarde à agir, et le désespoir risque de l’amener à passer à l’action en faisant fi des conséquences. C’est ce qui s’est produit dans le cas d’Hilary Morgan, une petite fille de cinq ans. Un pédopsychiatre avait recommandé de suspendre les visites de l’enfant chez son père, car des indices “clairs et convaincants” montraient que ce dernier se livrait sur elle à des abus sexuels. Cependant, les tribunaux ont jugé l’accusation non prouvée et ils ont confirmé le droit de visite sans exiger, qui plus est, la présence d’un tiers. Refusant d’obtempérer, la mère d’Hilary, le docteur Elizabeth Morgan, a caché sa fille. Ces enlèvements motivés par un souci de protection ont toute la sympathie du public.
Reste qu’Elizabeth Morgan a perdu son travail de chirurgien, passé plus de deux ans en prison et accumulé pour plus de 1,5 million de dollars de dettes en frais médicaux et judiciaires. “Selon les spécialistes, a-t-elle expliqué à U.S.News & World Report, si je ne l’avais pas soustraite aux sévices, aujourd’hui mon enfant aurait définitivement perdu la raison. (...) Il fallait que je fasse ce que le tribunal a refusé de faire: sauver mon enfant.”
À propos des enlèvements commis par des parents, les chercheurs Geoffrey Greif et Rebecca Hegar ont fait cette remarque pertinente: “Ces affaires sont extrêmement complexes. Elles ressemblent à ces trous d’eau profonds qui présentent de légères différences selon l’angle où l’on se place; chaque fois qu’on plonge ses regards dedans, on voit quelque chose de nouveau.” — Parents kidnappeurs: derrière les manchettes, des familles (angl.).
Outre ceux qui sont enlevés par leur père, leur mère ou un inconnu, des millions d’enfants sont mis à la porte de chez eux ou fuient d’eux-mêmes le foyer. Qui sont-ils et qu’advient-il d’eux?
[Note]
a Le nom a été changé.
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Mis à la porte ou fugueursRéveillez-vous ! 1995 | 8 février
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Mis à la porte ou fugueurs
“JE ME suis coupé les cheveux, habillée en garçon, mis des chaînes et des cadenas autour du cou, transpercé la joue avec une épingle à nourrice, et j’ai commencé à vivre en punk.” — Tamara.
Si vous aviez croisé Tamara dans la rue, auriez-vous deviné que cette adolescente était seule et brutalisée, que par sa tenue et sa conduite elle implorait l’attention et l’affection qu’elle n’avait pas reçues chez elle? Ou l’auriez-vous prise pour une rebelle sur le point de faire des bêtises et peut-être même de basculer définitivement dans la délinquance? Tamara nous a révélé les terribles circonstances qui, à 14 ans, l’ont conduite à mener une existence qu’elle n’avait jamais souhaitée.
Mis à la porte
“J’ai grandi dans une petite ville de montagne, en Italie, dans une famille où l’on ne savait pas ce qu’est l’affection, raconte Tamara. Mes parents se disputaient violemment devant moi et j’entendais les injures grossières qu’ils échangeaient dans ces moments-là. Je finissais souvent par m’en mêler, ce qui me valait des corrections terribles de la part de mon père, un homme sans cœur. Je portais les marques des coups pendant plusieurs semaines.
“J’avais 14 ans quand mon père m’a donné un peu d’argent et un billet de train, un aller simple, pour la ville la plus proche. De nombreux dangers m’y attendaient. Je me suis liée d’amitié avec des jeunes qui, comme moi, n’avaient personne pour s’inquiéter d’eux. Beaucoup d’entre nous ont sombré dans l’alcoolisme. Je suis devenue arrogante, vulgaire et agressive. Je n’avais souvent rien à manger. Un soir d’hiver, nous avons brûlé les meubles pour nous réchauffer. Comme j’aurais voulu avoir une famille qui se serait occupée de moi, qui se serait intéressée à mes sentiments, à mes inquiétudes, à mes peurs! Mais j’étais seule, affreusement seule.”
Il y a aujourd’hui des centaines de milliers de “Tamara” dans le monde. Partout, des parents se dérobent à leurs devoirs en abandonnant leurs enfants.
Les fugueurs
D’autres jeunes décident de quitter le foyer parce que “l’endroit est tout bonnement trop terrifiant pour y rester; c’est à la fois trop douloureux et trop dangereux, alors ils se sauvent pour aller vivre dans les rues”. — New York State Journal of Medicine.
À neuf ans, Domingos a été placé en pension quand sa mère s’est remariée. Battu par les prêtres de l’établissement, il envisageait de s’échapper. Sa mère l’a alors repris à la maison, mais son beau-père le frappait constamment. Il n’a trouvé d’autre solution que de s’enfuir.
“Des millions d’enfants ne peuvent espérer des adultes de leur propre foyer un minimum d’attention et de sécurité”, écrit Anuradha Vittachi dans son livre L’enfance volée: à la recherche des droits de l’enfant (angl.). Elle ajoute: “On estime qu’aux États-Unis la violence domestique tue trois enfants par jour.” Il est très fréquent que ceux-là même qui devraient protéger la sexualité d’un enfant soient les premiers à y porter atteinte.
Exploités et traumatisés
Domingos a dû vivre avec d’autres enfants des rues, qui étaient voleurs, consommateurs et pourvoyeurs de drogue. Nombre de fugueurs échappent aux brutalités de leurs parents pour tomber entre les mains de souteneurs, de pédophiles ou dans des réseaux pornographiques. Seuls et affamés, ils se voient offrir un toit et la protection d’un adulte “prévenant”; ils s’aperçoivent ensuite qu’ils doivent payer avec leur corps et qu’ils sont tombés dans le milieu de la prostitution. Sans instruction, beaucoup survivent comme ils peuvent, y compris en racolant ou en cédant aux avances. Certains ne résistent pas. La drogue, l’alcool, le meurtre et le suicide font des ravages parmi ces jeunes.
À propos de la vie des enfants des rues, une jeune femme autrefois prostituée a raconté: “On vit constamment avec la peur au ventre. Vous savez, ce qui me révolte, c’est qu’en voyant un gosse qui dort sur un train ou qui traîne tout le temps, beaucoup de [gens] s’imaginent qu’il fait ça parce que ça lui plaît. Maintenant que je suis plus âgée, je ne vois plus les choses de la même façon. Chacun de ces gosses appelle au secours à sa manière. Ils n’aiment pas être comme ça, mais leurs parents ne veulent pas d’eux.”
À la recherche de la “liberté”
Des centaines de milliers d’autres jeunes portés disparus ont quitté le domicile familial en s’imaginant trouver dehors la liberté. Certains le font pour échapper à la pauvreté, d’autres pour s’affranchir de l’autorité et des règles parentales, qu’ils jugent trop restrictives.
Emma a goûté à cette “liberté” après s’être soustraite à la direction et aux principes d’un foyer chrétien. S’étant enfuie pour vivre avec ses amis, elle est devenue esclave de la drogue. Après avoir fait l’expérience de la brutalité de la rue, elle a exprimé le désir de rentrer chez elle et de rompre avec la drogue. Malheureusement, elle n’a pas coupé les ponts avec ses mauvaises compagnies et, un soir d’été, avec ses amis, elle s’est piquée à l’héroïne. Pour la dernière fois. Elle a sombré dans le coma et elle est morte le lendemain, seule, abandonnée par ses soi-disant amis.
Peut-on espérer un avenir meilleur pour les enfants maltraités par leurs parents ou par d’autres? Connaîtrons-nous un jour un monde dans lequel les enfants ne seront plus exploités, où la vie de famille sera telle qu’ils n’auront plus envie de s’enfuir? L’article suivant répondra à ces questions.
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À quand la fin de ces drames?Réveillez-vous ! 1995 | 8 février
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À quand la fin de ces drames?
QUAND cessera-t-on d’enlever, de maltraiter ou d’exploiter les enfants? Quand n’auront-ils plus à subir, comme c’est souvent le cas, la mauvaise influence de jeunes de leur âge? Pourrait-on les protéger en renforçant l’arsenal judiciaire et en infligeant des peines plus sévères à ceux qui leur font du mal? Mettrait-on un terme aux mauvais traitements et aux fugues si l’on multipliait les programmes sociaux relatifs à l’alimentation, aux conditions de logement et à l’instruction? Aiderait-on les parents à s’opposer aux chants des sirènes qui attirent leurs enfants dans des milieux destructeurs si on leur apprenait à mieux communiquer?
De telles mesures pourraient peut-être améliorer la situation. Toutefois, des enfants continueront à souffrir aussi longtemps que subsistera la cause profonde de ces drames. Selon un adolescent, toute initiative visant à résoudre le problème des enfants fugueurs qui n’éliminerait pas les mauvais traitements ou la négligence au foyer risque de ne pas être très efficace puisque le mal est déjà fait.
La cause profonde
Quelle est la cause de tous ces problèmes? Comment sera-t-elle ôtée? La Bible explique que la cellule familiale est la cible de créatures spirituelles invisibles méchantes, Satan et ses démons, qui se complaisent dans la brutalité, l’exploitation sexuelle et la perversité (Genèse 6:1-6; Éphésiens 6:12). À l’époque où Jésus était sur la terre, ces démons s’en prenaient à des enfants. L’un d’eux tourmentait un jeune garçon, lui donnant des convulsions et le jetant dans le feu. — Marc 9:20-22.
Des siècles auparavant, les démons se délectaient de voir de jeunes enfants torturés et brûlés en l’honneur d’abominables dieux païens qui avaient pour nom Baal, Kémosch ou Molech (1 Rois 11:7; 2 Rois 3:26, 27; Psaume 106:37, 38; Jérémie 19:5; 32:35). Nous ne devrions donc pas être surpris qu’aujourd’hui, dans un monde qui s’enfonce dans la dépravation, les démons continuent à faire souffrir les enfants par l’intermédiaire de suppôts humains qui ne demandent qu’à humilier, martyriser et assassiner. Les auteurs de ces monstruosités se nourrissent généralement de pornographie, laquelle entretient leurs perversions.
L’ascendant des démons sur la race humaine s’est accentué à notre époque; la Bible appelle en effet cette période de l’Histoire “les derniers jours” de l’actuel système de choses méchant, des “temps décisifs et durs”. Aujourd’hui plus que jamais, l’influence des esprits méchants produit des humains qui reflètent leur dépravation. Selon la Bible, nos contemporains devaient être cruels, dépourvus de maîtrise de soi, d’affection naturelle et d’amour du bien. — 2 Timothée 3:1-5, 13.
Voilà une bonne description des producteurs et éditeurs cupides de films, de disques, de revues et de livres qui exaltent l’adultère, la drogue, le suicide, le meurtre, le viol, l’inceste, l’asservissement et la torture. Par ces instruments et d’autres, les démons ont élaboré une culture qui, comme un air vicié, souille l’esprit et le cœur des jeunes et des moins jeunes, provoquant l’érosion des valeurs familiales et de la morale divine.
Le fait que de plus en plus d’enfants sont enlevés, brutalisés ou assassinés réalise un aspect du signe des derniers jours. La Bible annonçait également que ‘les hommes seraient amis d’eux-mêmes, intraitables, sans fidélité, traîtres’. De fait, les liens du mariage se dissolvent souvent très vite. Conséquence de la courbe ascendante des divorces, de plus en plus d’enfants sont enlevés par leur père ou leur mère. Par ailleurs, la molestation et le meurtre de conjoints ou d’anciens conjoints sont en augmentation, la grande majorité des victimes étant des femmes. Ainsi est apparue une génération d’enfants que leurs parents encouragent à fuir le foyer à force de les délaisser et de les maltraiter. Notre époque se caractérise encore par des enfants “désobéissants aux parents”, “entêtés” et qui préfèrent la vie en compagnie des autres jeunes au respect des valeurs divines. — 2 Timothée 3:2-4.
Bientôt, la fin des disparitions
Heureusement, Satan et ses démons n’exerceront plus longtemps leur influence (Révélation 12:12). La prophétie de Révélation 20:1-3 annonce que Dieu va les éliminer. Après quoi son Royaume céleste, avec Jésus Christ à sa tête, dominera la terre, faisant régner la justice et assurant la sécurité de tous (Psaume 72:7, 8; Daniel 2:44; Matthieu 6:9, 10). Les systèmes commerciaux mercantiles qui oppriment les pauvres et exploitent les faiblesses humaines auront disparu, car “le monde passe et son désir aussi”. (1 Jean 2:17.) Tous ceux qui pratiquent la méchanceté auront été anéantis. “[Les] méchants (...) seront retranchés de la terre”, lit-on en Proverbes 2:22.
Michée 4:4 révèle que, dans le monde nouveau promis par Dieu, tous jouiront de la paix et de la sécurité: “Il n’y aura personne qui les fasse trembler.” Comment cela sera-t-il possible? Grâce à la loi royale de l’amour. Cette loi suprême régira chaque pensée et chaque action. Tout le monde apprendra à refléter la personnalité de Jésus et celle de son Père, Jéhovah Dieu, les réfractaires, quant à eux, se voyant refuser la vie. En se revêtant ‘des tendres affections de la compassion, ainsi que de bonté, d’humilité d’esprit et de douceur’, les hommes extirperont leur égoïsme (Colossiens 3:12). La vie ne sera que bonheur. La chaleur et l’affection régneront dans les foyers du monde entier.
Ésaïe 65:21-23 promet de la nourriture en abondance et de belles demeures pour tous: “Assurément ils bâtiront des maisons et les occuperont; et assurément ils planteront des vignes et en mangeront le fruit. (...) Ils ne peineront pas pour rien, et ils n’enfanteront pas pour le trouble.” Il ne sera plus question de mauvais traitements et de souffrances pour les enfants ou leurs parents.
Des bienfaits dès à présent
Alors que ce système méchant vit ses dernières heures, la connaissance de Jéhovah et de son dessein de restaurer la terre et de la transformer en paradis procure d’ores et déjà des bienfaits. Elle fournit une espérance et une raison d’être heureux à beaucoup de jeunes gens et de parents, y compris à ceux qui passent par de dures épreuves. Ainsi, Tamara, dont nous avons parlé dans l’article précédent, explique ce qui a changé dans sa vie.
“À 18 ans, je me suis mariée et je me suis plus ou moins détachée de mes ‘amis’ qui, pour certains, se sont retrouvés en prison ou ont sombré dans la drogue ou la prostitution. Mais comme j’avais toujours le même caractère, les disputes avec mon mari n’ont pas tardé. Cependant, peu après la naissance de notre fils, il s’est passé quelque chose qui a bouleversé ma vie. J’ai trouvé une Bible, que je me suis mise à lire. Un soir, j’ai lu le passage des Proverbes où il est dit que ‘trouver la sagesse, c’est comme trouver des trésors cachés’. (Proverbes 2:1-6.) Avant de me coucher, j’ai prié pour découvrir cette sagesse. Le lendemain matin, des Témoins de Jéhovah sonnaient à ma porte. J’ai commencé à étudier la Bible avec eux. Il m’a fallu quelque temps pour mettre en pratique ce que j’apprenais, mais je me suis finalement décidée à suivre le mode de vie chrétien, et je me suis fait baptiser. Aujourd’hui, mon mari et moi aidons nos semblables à recevoir le soulagement qui vient de Dieu.”
Ainsi, Tamara a découvert la source de tout réconfort, Jéhovah Dieu. Il est notre Père céleste et il n’abandonnera jamais ceux qui s’attachent à lui. Psaume 27:10 déclare en effet: “Quand mon père et ma mère me quitteraient, Jéhovah me recueillerait.”
Domingos a, lui aussi, trouvé une vraie famille, qui lui a prodigué soutien, réconfort et encouragements. Il raconte: “Un jour, j’ai reçu un exemplaire du livre Écoutez le grand Enseignant, et j’ai été surpris d’apprendre que Dieu a un nom, Jéhovaha. J’ai assisté à une réunion des Témoins de Jéhovah, où j’ai constaté avec étonnement qu’il n’y avait aucune distinction de classe. Les Témoins ont commencé à étudier la Bible avec moi en dépit de mes guenilles, de mes mauvaises manières et de ma méfiance envers tout le monde. Ils m’ont aidé à réformer petit à petit mon mode de vie, et même à trouver du travail. Ils m’ont guidé dans mes progrès jusqu’au baptême.”
Les congrégations des Témoins de Jéhovah sont une protection pour les jeunes. Les Témoins sont heureux d’aider quiconque souhaite connaître la merveilleuse espérance placée devant nous. Ceux qui cherchent à nouer des relations avec leur Père céleste ressentent un grand soulagement, les Témoins étant formés à donner des conseils et à offrir une direction fondés sur la Parole de Dieu, la Bible. Un Témoin explique que les jeunes ont besoin de savoir que la situation révoltante dans laquelle ils se trouvent peut-être révolte aussi Jéhovah. “Jéhovah ne veut pas que les enfants soient maltraités, dit-il. Il ne veut pas qu’ils soient malheureux. Mais il ne veut pas non plus qu’ils échangent une forme de mauvais traitement contre une autre, celle qui les attend dans la rue. Il y a dans l’organisation de Jéhovah des personnes mûres auxquelles ils peuvent s’adresser pour parler de leurs problèmes et se voir indiquer des solutions.”
La Parole de Dieu adresse aux enfants réceptifs une puissante mise en garde contre le piège qu’est l’influence des camarades. Françoise, une adolescente de 17 ans, avait cédé plusieurs fois à des incitations à manquer les cours à l’insu de ses parents. Finalement, elle a fait une fugue. Après avoir causé des heures d’angoisse à ses parents, elle est rentrée. Par la suite, deux Témoins de sa congrégation sont venus discuter avec elle. Ayant constaté que l’ambiance familiale n’était pas en cause, avec amour, ils lui ont prodigué des conseils. Ils lui ont rappelé l’obligation chrétienne qu’ont les enfants de respecter leurs parents (Éphésiens 6:1, 2), l’importance de rejeter la tromperie, ce qu’elle n’avait pas fait en manquant les cours sans en avertir ses parents (Éphésiens 4:25), et la nécessité de fuir les mauvaises compagnies (1 Corinthiens 15:33). Françoise a bien accepté le conseil.
L’aide d’en haut
Christine aussi a reçu le soutien de Jéhovah lors du rapt de ses enfants par son ex-conjointb. Quand on lui a demandé ce qui l’avait aidée à surmonter ce cauchemar, elle a répondu: “Mon premier réflexe a été de lire les Psaumes, notamment le Psaume 35. J’ai ressenti un grand réconfort à la pensée que Jéhovah voyait l’injustice dont j’étais victime.” Psaume 35:22, 23 déclare en effet: “Tu as vu, ô Jéhovah! Ne garde pas le silence. Ô Jéhovah, ne reste pas loin de moi. Éveille-toi et réveille-toi pour mon jugement, (...) pour mon litige.”
Au bout de deux ans, grâce au soutien de Jéhovah et à l’aide de ses compagnons Témoins, Christine a pu rencontrer son ex-mari et rendre visite à ses enfants. Elle en a profité pour réconforter ces derniers en leur expliquant les raisons de la situation et en leur donnant l’assurance qu’elle ne les avait pas abandonnés. Comme elle leur avait appris à honorer Jéhovah, elle a pu leur dire la confiance qu’elle avait en eux. “Je sais que mes enfants aiment Jéhovah, disait-elle. Il ne permettra pas qu’ils souffrent indéfiniment.”
La suite des événements lui a donné raison. Son insistance auprès des services de l’immigration et sa confiance en Jéhovah manifestée par des prières sincères ont permis à Christine de reprendre ses enfants. Elle a déclaré: “Je voudrais absolument dire que c’est uniquement à l’intervention de Jéhovah que je dois de les avoir retrouvés.”
Il est de la plus haute importance d’enseigner à nos enfants qui est Jéhovah et comment l’adorer. En 1 Pierre 3:12, la Bible nous garantit que les yeux de Jéhovah “sont sur les justes, et ses oreilles vers leur supplication”. Jéhovah est vraiment un refuge pour nos enfants. Son nom est “une tour forte. Le juste y court et reçoit protection”. — Proverbes 18:10.
Bien que nous vivions une époque très dangereuse et que nous n’ayons pas toujours conscience de ce qui attend nos enfants, les serviteurs de Jéhovah savent qu’aucun malheur durable n’atteindra leurs enfants s’ils sont fidèles. Jéhovah a même promis de ramener à la vie les victimes de notre époque troublée et d’effacer les souffrances qu’elles auront connues. — Ésaïe 65:17, 18; Jean 5:28, 29.
Le monde nouveau promis par Dieu est une espérance merveilleuse. Tout comme il est merveilleux de savoir que Dieu va bientôt débarrasser la terre de Satan et de son système méchant. Nos enfants n’auront alors plus rien à craindre. L’un des cantiques que chantent les Témoins de Jéhovah lors de leurs réunions évoque ce nouveau système en ces termes: “L’enfant, heureux, pourra chanter. Les morts seront ressuscités. Tous ces bienfaits nous sont promis: Fixons nos regards sur le prix.”
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