Le vrai christianisme produit-il le fanatisme?
LA CHRÉTIENTÉ a eu ses fanatiques, depuis les individus qui s’immolaient par le feu en manière de protestation politique jusqu’à ceux qui traitaient avec intolérance les personnes dont les opinions religieuses différaient des leurs. Par exemple, la première croisade a été menée à l’instigation de l’Église catholique dans le but de délivrer Jérusalem des mains de ceux qu’elle considérait comme infidèles. Au départ se sont engagées trois troupes sans discipline qui, entre autres violences, ont massacré des populations juives en Rhénanie. Lorsque les forces militaires de cette croisade ont réussi à prendre Jérusalem, ces soldats soi-disant chrétiens ont transformé les rues en rivières de sang.
Dans son livre Esquisse de l’Histoire universelle, H. G. Wells a dit à propos de la première croisade: “Le carnage fut terrible; le sang des vaincus coulait en ruisseaux dans les rues, jusqu’à ce que les soldats en fussent tout éclaboussés. À la nuit tombante, les Croisés, ‘que l’excès de joie faisait sangloter’, fatigués de ce rôle de pressoir, se présentèrent devant le Saint Sépulcre, et joignirent dans une prière leurs mains dégouttantes de sang.”
Lors d’une croisade ultérieure prêchée sur l’ordre du pape Innocent III, les paisibles Albigeois et Vaudois, qui rejetaient les doctrines de Rome et les abus du clergé, ont été massacrés. Wells a écrit au sujet du fanatisme élevé à leur encontre: “C’en était assez pour émouvoir le Latran, et nous assistons bientôt au spectacle d’Innocent III prêchant la croisade contre ces malheureux sectaires, et autorisant l’enrôlement de tous les coquins et de tous les vagabonds sans emploi régulier, pour aller porter le fer, le feu, le viol chez les plus paisibles sujets du roi de France. Le martyre infligé aux premiers chrétiens par les païens semble peu de chose à côté des actes de cruauté et des abominations de cette croisade.”
L’histoire de la chrétienté est remplie de récits relatifs à des fanatiques, qui ont généralement produit la violence pour fruit. Nous pouvons donc en conclure que le fanatisme ne donne pas de bons fruits. Un dictionnaire définit le fanatisme en ces termes: “Zèle excessif ou exalté.” Et il illustre cette définition par ces mots: “Aucune période de l’Histoire ne se distingue autant que celle des croisades par la cruauté, la débauche et le fanatisme.”
Il est également intéressant de s’arrêter sur la définition du mot “fanatique” que donne Le Grand Robert de la langue française. Il déclare: ‘Fanatique — latin “inspiré, en délire”. Animé envers une religion, et, par extension, envers toute espèce de doctrine, de cause ou de personne, d’une foi intraitable et d’un zèle aveugle et agressif.’ Et il cite comme synonymes: ‘fervent, passionné, enragé, fou.’ Fort de ces précisions, peut-on dire que les vrais chrétiens sont des fanatiques?
Identifiés grâce à leurs fruits
Tout comme on reconnaît un arbre aux fruits qu’il porte, le résultat des actions humaines identifie le genre de personnes qui les commettent. Jésus Christ, le Fondateur du christianisme, a souligné cette pensée en disant: “Un bon arbre ne peut porter des fruits sans valeur, pas plus qu’un arbre pourri ne peut produire de beaux fruits. Ainsi donc, c’est à leurs fruits que vous reconnaîtrez ces hommes-là.” — Matthieu 7:18, 20.
Lorsque le véritable christianisme a été fondé par Jésus, c’était un bon arbre. Celui-ci ne pouvait dès lors pas produire les mauvais fruits que porte le fanatisme. Jamais Jésus n’a incité ses disciples à la violence, ni sur leur propre personne ni sur celle d’autrui. Au contraire, il a déclaré, citant l’un des deux plus grands commandements: “Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.” (Matthieu 22:39). Ses disciples devaient se montrer bons même envers leurs ennemis, car Jésus leur avait commandé: “Continuez d’aimer vos ennemis, de faire du bien à ceux qui vous haïssent, de bénir ceux qui vous maudissent, de prier pour ceux qui vous insultent.” — Luc 6:27, 28.
Les vrais disciples de Jésus allaient vers des gens de nombreuses nations différentes, non armés de feu et d’épées, mais de la Parole de Dieu et d’arguments pacifiques. Aucune troupe ne les accompagnait dans d’autres pays pour égorger, torturer et violer ceux qui refusaient de recevoir le baptême chrétien. Les disciples de Jésus suivaient plutôt son exemple pacifique en prêchant à tous la bonne nouvelle du Royaume de Dieu et en encourageant chacun à raisonner sur les arguments tirés des Écritures qu’ils présentaient. Parmi les fruits que leur œuvre produisait figuraient ceux de l’esprit de Dieu: “L’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la foi, la douceur, la maîtrise de soi.” — Galates 5:22, 23.
Il en va de même aujourd’hui. Le christianisme véritable produit toujours de bons fruits. L’arbre, l’organisation chrétienne, que Jésus a planté il y a plus de 19 siècles, était bon et l’est encore. Il est par conséquent impropre à produire les fruits mauvais, intolérants et violents du fanatisme. Pourquoi, en ce cas, le fanatisme a-t-il été aussi répandu dans la chrétienté?
L’apôtre Paul a annoncé qu’à une certaine époque apparaîtraient des pseudo-chrétiens. Ils porteraient le nom de chrétiens, mais ne vivraient pas en accord avec le christianisme et n’en produiraient pas les bons fruits. Paul a dit aux anciens d’Éphèse: “Je sais qu’après mon départ il s’introduira parmi vous des loups tyranniques qui ne traiteront pas le troupeau avec tendresse, et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui proféreront des choses tortueuses, afin d’entraîner les disciples à leur suite.” (Actes 20:29, 30). Parmi ces apostats est née la chrétienté, avec ses centaines d’organisations religieuses opposées qui enseignent des choses qu’elles prétendent chrétiennes. En vérité, ce sont “des choses tortueuses”, des idées humaines, et non la vérité de la Parole de Dieu. C’est chez ces faux chrétiens que les mauvais fruits du fanatisme se sont manifestés.
Le zèle chrétien est-il du fanatisme?
Il est vrai que le fanatisme est une forme de zèle, mais un “zèle excessif ou exalté”, un zèle “passionné”. Or, ces qualificatifs ne correspondent pas au zèle des vrais chrétiens.
À maintes reprises, la Bible invite les chrétiens à se montrer raisonnables. Philippiens 4:5 dit par exemple: “Que votre comportement de personnes raisonnables soit connu de tous les hommes!” Ailleurs, il est conseillé aux chrétiens “de ne parler en mal de personne, de ne pas être batailleurs, d’être raisonnables, montrant une totale douceur envers tous les hommes”. — Tite 3:2.
Du fait que les Témoins de Jéhovah rendent visite aux gens chez eux pour discuter de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, ils sont différents de la majorité des prétendus chrétiens. Leur zèle dans le ministère chrétien n’est pas une raison de les considérer comme des fanatiques. Il s’agit d’un zèle raisonnable pour une œuvre que Jésus a accomplie et ordonné à ses disciples d’accomplir (Matthieu 24:14; 28:19, 20). Une personne n’est pas fanatique parce qu’elle laisse de côté de nombreuses occupations personnelles qui prennent du temps afin de se consacrer le plus possible à la prédication du Royaume. Au contraire, elle prouve qu’elle est consciente de l’importance d’aider autrui à apprendre les vérités vivifiantes de la Parole de Dieu dans le peu de temps qu’il reste pour achever cette œuvre. Une telle attitude est raisonnable et bénéfique.
Loin d’être une œuvre fanatique préjudiciable aux humains, cette activité édifie leur foi en Dieu et en sa Parole. Elle donne une espérance à ceux qui n’en ont pas, elle affranchit ceux qui sont esclaves des superstitions et de l’ignorance religieuses, et elle transforme d’innombrables individus immoraux et violents en des chrétiens purs et pacifiques. Ces bons fruits sont l’indice d’une bonne organisation.
Dans plus de 200 pays, les Témoins de Jéhovah restent fidèles au Royaume de Dieu, bien qu’ils soient interdits par de nombreux gouvernements. Leur fidélité à Dieu, le Souverain suprême, est difficilement assimilable à du fanatisme. Dieu étant la plus haute Autorité, lorsqu’un conflit oppose Ses lois à celles d’un gouvernement humain, un vrai chrétien est dans l’obligation de Lui obéir. Dans certains gouvernements humains, des lois locales sont parfois annulées parce qu’elles contredisent les lois de l’État. De la même façon, les vrais chrétiens tiennent pour nulles les lois humaines si elles s’opposent à celles du Souverain de l’univers, Jéhovah Dieu. Puisqu’un vrai chrétien ne peut pas obéir à deux lois contradictoires, il suit l’exemple des apôtres. Ceux-ci ont déclaré: “On doit obéir à Dieu, comme à un chef, plutôt qu’aux hommes.” (Actes 5:29). Ce choix est raisonnable.
Les Témoins de Jéhovah adoptent le même comportement raisonnable envers les fêtes nationales et religieuses contraires à la Parole de Dieu. Ce n’est pas être fanatique que de refuser de participer à un événement célébré par la majorité des habitants d’un pays. En se différenciant à cause de leur conscience religieuse, les Témoins se rangent dans la même catégorie que les premiers chrétiens, qui n’observaient pas les cérémonies populaires de leur époque. Et les Témoins de Jéhovah sont heureux d’expliquer la raison biblique pour laquelle ils se refusent à prendre part à certaines fêtes. — I Pierre 3:15.
Certains taxeront peut-être les Témoins de fanatisme parce qu’ils refusent les transfusions sanguines, une thérapeutique que la majorité des médecins préconisent. Là encore, il s’agit d’une question d’obéissance à la loi de Dieu. Les vrais disciples de Jésus Christ ont en effet reçu l’ordre de “s’abstenir (...) du sang”. — Actes 15:28, 29.
Une personne est-elle fanatique parce qu’elle refuse pour motif de conscience une thérapeutique répandue? Des gens qui ne sont pas Témoins de Jéhovah refusent les transfusions sanguines par crainte de contracter le SIDA ou d’autres maladies. Les Témoins sont-ils donc déraisonnables d’exiger un traitement médical qui ne viole pas leur conscience?
Que doit-on conclure de tout cela? Que les Témoins de Jéhovah ne sont pas fanatiques pour la raison qu’ils sont différents de la majorité et qu’ils tiennent à obéir à Dieu. Bien qu’ils soient zélés pour Dieu, leur zèle n’est pas “excessif ou exalté”; ils ne donnent pas non plus l’impression d’être ‘passionnés, enragés’ ou ‘fous’. Jamais, par zèle religieux, ils ne s’en prennent violemment à autrui ou à eux-mêmes. Au contraire, conformément à ce que la Bible dit des vrais chrétiens, ils ‘vivent en paix avec tous les hommes’. — Romains 12:18.
Ainsi, l’organisation chrétienne que Jésus Christ a mise en place au Ier siècle tel un bon arbre ne produit aujourd’hui encore que de bons fruits. Il est donc impossible que le vrai christianisme produise le fanatisme.
[Entrefilet, page 30]
Il n’y a aucune raison de considérer les Témoins de Jéhovah comme fanatiques parce qu’ils sont zélés dans le ministère chrétien.