BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • « Ce n’est pas possible ! »
    Quand la mort frappe un être aimé...
    • « Ce n’est pas possible ! »

      UN HABITANT de New York raconte : « Mon fils Jonathan était parti chez des amis à quelques kilomètres. Valentina, ma femme, n’aimait pas le voir aller là-bas. Elle redoutait toujours les dangers de la circulation. Mais Jonathan avait la passion de l’électronique, et ses amis possédaient un atelier où il pouvait acquérir de la pratique. J’étais seul à la maison, dans le quartier ouest de Manhattan ; ma femme était en visite dans sa famille à Porto Rico. “Jonathan ne va pas tarder à rentrer”, me disais-​je. La sonnette a retenti. “C’est sûrement lui”, ai-​je pensé. Mais je m’étais trompé ; c’était la police et des ambulanciers. “Reconnaissez-​vous ce permis de conduire ?” m’a demandé l’agent de police. “Oui, c’est celui de mon fils Jonathan.” “Nous avons une mauvaise nouvelle à vous apprendre. Il y a eu un accident, et... votre fils... votre fils a été tué.” Ma première réaction a été : “Ce n’est pas possible !” Ce drame a ouvert dans nos cœurs une plaie qui, des années après, n’est toujours pas refermée. »

      Un père est sous le choc quand un policier et des ambulanciers lui montrent le permis de conduire de son fils qui vient de mourir

      « Nous avons une mauvaise nouvelle à vous apprendre. Il y a eu un accident, et... votre fils... votre fils a été tué. »

      Un père de famille qui habite Barcelone écrit : « Dans l’Espagne des années 60, nous formions une famille heureuse. Nous, c’est-à-dire ma femme, María, et nos trois enfants, David, Paquito et Isabel, âgés respectivement de 13, 11 et 9 ans.

      « Un jour de mars 1963, Paquito est rentré de l’école en se plaignant d’un fort mal de tête. Nous nous sommes demandé ce qu’il pouvait bien avoir — pas pour longtemps malheureusement. Il est mort trois heures plus tard, emporté par une hémorragie cérébrale.

      « Nous avons perdu Paquito il y a plus de 30 ans. Aujourd’hui encore, nous ressentons l’immense douleur provoquée par sa disparition. En perdant un enfant, les parents perdent une partie d’eux-​mêmes ; ni le temps qui passe ni les autres enfants qu’on peut avoir ne parviennent à effacer ce sentiment. »

      Ces deux cas de parents ayant perdu leur enfant démontrent à quel point sont profondes et durables les blessures causées par la mort d’un enfant. Combien se vérifie ce qu’un médecin a écrit : « La mort d’un enfant est généralement plus tragique et traumatisante que celle d’une personne plus âgée, car un enfant est le dernier membre d’une famille qu’on s’attend à voir mourir. [...] La disparition d’un enfant est l’anéantissement de rêves d’avenir, de liens de parenté [fils, belle-fille, petits-enfants], d’événements heureux [...] qu’on n’a pas encore vécus. » Toute femme qui a perdu un bébé d’une fausse couche éprouve aussi ce sentiment de perte.

      Une veuve explique : « Mon mari, Russell, avait été aide-soignant dans le Pacifique pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il avait survécu à de terribles batailles. Il est revenu aux États-Unis, où il a mené une vie plus tranquille. Par la suite, il est devenu ministre de la Parole de Dieu. Arrivé à la soixantaine, il a commencé à présenter les symptômes de problèmes cardiaques. Il s’est efforcé de rester actif. Puis, un jour de juillet 1988, il a eu une crise cardiaque et il est mort. Sa disparition a été terrible. Je n’avais pas pu lui dire au revoir. Il n’était pas seulement mon mari. Il était aussi mon meilleur ami. Nous avions vécu 40 ans ensemble. À présent, j’avais l’impression qu’il me fallait affronter une solitude écrasante. »

      Ce ne sont là que quelques-unes des milliers de tragédies qui, chaque jour, frappent des familles par toute la terre. Comme la plupart des personnes endeuillées vous le diront, quand la mort vous prend votre enfant, votre mari, votre femme, votre père, votre mère, ou votre ami, elle est vraiment ce que le rédacteur chrétien Paul a appelé le « dernier ennemi ». La première réaction normale est souvent de refuser l’affreuse nouvelle. « Ce n’est pas possible ! Je n’y crois pas ! » Comme nous le verrons, d’autres réactions s’enchaînent (1 Corinthiens 15:25, 26).

      Toutefois, avant d’analyser le phénomène du chagrin, répondons à quelques questions importantes. La mort est-​elle la fin de tout ? Avons-​nous l’espérance de revoir ceux que nous aimons ?

      Y a-​t-​il une espérance véritable ?

      Le rédacteur biblique Paul a évoqué l’espoir d’être débarrassé du « dernier ennemi », la mort. Il a écrit : « La mort sera réduite à rien. » « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » (1 Corinthiens 15:26, Français courant). Comment Paul pouvait-​il en être si sûr ? Parce qu’il l’avait appris de Celui qui avait été relevé d’entre les morts, Jésus Christ (Actes 9:3-19). C’est également la raison pour laquelle Paul a pu écrire : « Puisqu’en effet la mort vient par un homme [Adam], la résurrection des morts vient aussi par un homme [Jésus Christ]. De même en effet qu’en Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront rendus à la vie » (1 Corinthiens 15:21, 22).

      Jésus a été profondément ému quand il a rencontré la veuve de Naïn et qu’il a vu son fils mort. Le récit biblique nous dit : « Quand il arriva près de la porte de la ville [Naïn], eh bien, voyez, on portait dehors un mort, le fils unique-engendré de sa mère. De plus, elle était veuve. Une foule considérable de la ville était aussi avec elle. Et quand le Seigneur l’aperçut, il fut pris de pitié pour elle, et il lui dit : “Cesse de pleurer.” Sur quoi il s’avança et toucha la civière, et les porteurs s’arrêtèrent, et il dit : “Jeune homme, je te le dis : Lève-​toi !” Et le mort se redressa et commença à parler, et il le donna à sa mère. Alors une crainte les saisit tous, et ils se mirent à glorifier Dieu, en disant : “Un grand prophète a été suscité parmi nous”, et : “Dieu s’est occupé de son peuple.” » Remarquez que Jésus a été pris de pitié au point de ressusciter le fils de la veuve ! Pensez à ce que cela présage pour l’avenir ! (Luc 7:12-16).

      Là, devant témoins, Jésus a opéré une résurrection inoubliable. C’était un gage de la résurrection qu’il avait déjà annoncée quelque temps avant cet événement, un retour à la vie sur terre sous « de nouveaux cieux ». En cette circonstance, Jésus avait dit : « Ne vous étonnez pas de cela, parce que l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombes de souvenir entendront sa voix et sortiront » (Révélation 21:1, 3, 4 ; Jean 5:28, 29 ; 2 Pierre 3:13).

      D’autres personnes ont été témoins d’une résurrection, par exemple Pierre et quelques autres parmi les 12 qui ont accompagné Jésus dans ses déplacements. Ils ont vraiment entendu Jésus ressuscité leur parler près de la mer de Galilée. Nous lisons : « Jésus leur dit : “Venez déjeuner.” Aucun des disciples n’avait le courage de lui demander : “Qui es-​tu ?” parce qu’ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus vint et prit le pain et le leur donna, et de même le poisson. Ce fut là la troisième fois que Jésus apparut aux disciples après avoir été relevé d’entre les morts » (Jean 21:12-14).

      Pierre pouvait donc écrire avec conviction : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, car selon sa grande miséricorde il nous a donné une nouvelle naissance pour une espérance vivante grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (1 Pierre 1:3).

      L’apôtre Paul a exprimé sa solide espérance en ces termes : « Je crois toutes les choses qui se trouvent énoncées dans la Loi et écrites dans les Prophètes ; et j’ai cette espérance envers Dieu, espérance que ces hommes nourrissent eux aussi, qu’il va y avoir une résurrection tant des justes que des injustes » (Actes 24:14, 15).

      Des millions de gens peuvent donc avoir la solide espérance de revoir vivre sur la terre ceux qu’ils aimaient, toutefois dans des conditions différentes. Quelles seront-​elles ? Quant à cette espérance fondée sur la Bible, d’autres détails seront fournis dans la dernière partie de cette brochure, intitulée « Un espoir solide pour les morts ».

      Néanmoins, examinons d’abord les questions que vous vous posez peut-être si vous pleurez la perte d’un être aimé : Est-​il normal de s’affliger ainsi ? Comment vivre avec mon chagrin ? Que peuvent faire les autres pour m’aider à le supporter ? Comment puis-​je aider d’autres personnes en deuil ? Et surtout : Que dit la Bible sur l’espoir solide pour les morts ?

  • Est-il normal de réagir ainsi ?
    Quand la mort frappe un être aimé...
    • Est-​il normal de réagir ainsi ?

      UN HOMME frappé par le deuil écrit : « Comme j’ai été élevé en Angleterre, on m’a appris à ne pas exprimer mes sentiments en public. Je revois mon père, un ancien militaire, me dire les dents serrées : “Ne pleure pas !”, quand quelque chose me faisait de la peine. Je ne me souviens pas que ma mère nous ait jamais embrassés ou serrés dans ses bras, mes frères et sœurs et moi (nous étions quatre). J’avais 56 ans quand j’ai vu mourir mon père. Ce fut une perte terrible. Pourtant, au début, je n’arrivais pas à pleurer. »

      Dans certaines régions du monde, les gens expriment ouvertement leurs sentiments. Qu’ils soient heureux ou tristes, les autres savent ce qu’ils ressentent. Par contre, dans d’autres, notamment dans le nord de l’Europe et en Grande-Bretagne, on apprend aux gens, surtout aux hommes, à cacher leurs sentiments, à réprimer leurs émotions, à rester impassibles et à ne rien laisser paraître de leurs états d’âme. Mais quand on perd un être cher, est-​il mal d’exprimer son chagrin ? Qu’en dit la Bible ?

      Personnages bibliques qui ont pleuré

      La Bible a été rédigée par des Hébreux originaires des régions de la Méditerranée orientale, qui étaient un peuple expansif. Elle contient de nombreux exemples de personnes qui ont exprimé ouvertement leur chagrin. Le roi David a pleuré la perte de son fils Amnôn, qui avait été assassiné. De fait, il « pleura des pleurs très abondants » (2 Samuel 13:28-39). Il a même pleuré à la mort de son fils Absalom, qui l’avait trahi en tentant d’usurper la royauté. Le récit biblique nous dit : « Alors le roi [David] se troubla et monta dans la chambre haute au-dessus de la porte et se mit à pleurer ; et voici ce qu’il disait tout en marchant : “Mon fils Absalom, mon fils, mon fils Absalom ! Ah ! que ne suis-​je mort à ta place, Absalom mon fils, mon fils !” » (2 Samuel 18:33). David a pleuré comme tout père normal. Combien de parents ont souhaité être morts à la place de leurs enfants ! Il semble si aberrant qu’un enfant meure avant son père ou sa mère.

      Comment Jésus a-​t-​il réagi à la mort de son ami Lazare ? Il a pleuré en approchant de la tombe de souvenir (Jean 11:30-38). Plus tard, Marie la Magdalène a pleuré près de la tombe de Jésus (Jean 20:11-16). Il est vrai qu’un chrétien qui connaît l’espérance biblique de la résurrection n’est pas inconsolable comme les personnes dont les croyances relatives à la condition des morts ne sont pas fondées sur la Bible. Toutefois, les vrais chrétiens étant des humains aux sentiments normaux, même l’espérance de la résurrection ne les empêche pas d’éprouver du chagrin et de pleurer la disparition d’un être aimé (1 Thessaloniciens 4:13, 14).

      Pleurer ou ne pas pleurer

      Qu’en est-​il de nos réactions aujourd’hui ? Trouvons-​nous difficile ou embarrassant de montrer nos sentiments ? Que recommandent les conseillers de notre époque ? Leur point de vue concorde souvent avec la sagesse ancestrale de la Bible. Ils disent que nous devrions exprimer, et non pas refouler, notre chagrin. Cela nous rappelle les hommes fidèles de l’Antiquité, tels Job, David et Jérémie, dont la Bible rapporte les expressions de chagrin. Assurément, ces hommes n’ont pas étouffé leurs sentiments. Par conséquent, ce n’est pas le moment de vous isoler (Proverbes 18:1). Évidemment, les manifestations de chagrin sont différentes selon les cultures. Elles varient également en fonction des croyances religieuses prédominantesa.

      Que faire si vous avez envie de pleurer ? Rappelons qu’à la mort de Lazare, Jésus « gémit dans l’esprit et [...] se laissa aller aux larmes » (Jean 11:33, 35). Ainsi il montra qu’il est normal de pleurer la mort d’un être aimé.

      Des endeuillés

      Il est normal de s’affliger et de pleurer quand la mort frappe un être aimé.

      C’est ce que confirme Anne, une mère qui a perdu sa petite fille, Rachel, de la mort subite du nourrisson. Son mari a raconté : « Ce qui est surprenant, c’est qu’aux obsèques ni Anne ni moi ne pleurions. Tout le monde pleurait sauf nous. » Ce à quoi Anne a répondu : « C’est vrai, mais j’ai versé suffisamment de larmes pour deux. Je crois que j’ai vraiment pris conscience du drame quelques semaines plus tard, une journée où je me suis retrouvée seule à la maison. J’ai sangloté toute la journée. Mais je pense que cela m’a aidée, car je me suis sentie mieux. J’avais besoin de pleurer la disparition de mon bébé. Je suis convaincue qu’il faut laisser pleurer les gens qui ont du chagrin. Bien qu’on soit naturellement enclin à leur dire : “Ne pleure pas”, cela ne les aide pas vraiment. »

      Comment certains réagissent

      Comment certains ont-​ils réagi à la disparition d’un être aimé ? Prenons le cas de Juanita. Elle sait ce que c’est que de perdre un bébé. Elle avait déjà fait cinq fausses couches. À présent, elle était de nouveau enceinte. On comprend donc l’angoisse qui l’a étreinte quand elle a dû être hospitalisée à la suite d’un accident de voiture. Deux semaines plus tard, elle avait ses premières contractions — prématurément. Peu après, Vanessa était née. Elle pesait à peine plus de neuf cents grammes. « J’étais tellement émue, se souvient Juanita. J’avais enfin un enfant ! »

      Mais son bonheur fut de courte durée. Quatre jours plus tard, Vanessa est morte. Juanita se souvient : « Je me sentais affreusement vide. On m’avait arraché ma dignité de mère. Il me manquait quelque chose. Une fois rentrée à la maison, ce fut un véritable supplice de retrouver la chambre que nous avions préparée pour elle et de revoir la layette que je lui avais achetée. Pendant les deux mois qui ont suivi, mon esprit est resté fixé sur le jour de sa naissance. Je ne voulais plus voir personne. »

      Les sentiments de Juanita paraîtront peut-être excessifs à la plupart des gens. Cependant, les femmes qui ont fait cette pénible expérience reconnaissent qu’elles ont été autant affligées par la perte de leur bébé qu’elles l’auraient été par la mort d’un membre de leur famille ayant vécu plus longtemps. En effet, disent-​elles, des parents aiment leur enfant bien avant sa naissance. Des liens particuliers l’unissent à sa mère. De ce fait, quand il meurt, pour la mère c’est une personne à part entière qui s’en va. Et c’est ce que l’entourage doit comprendre.

      Colère et sentiment de culpabilité

      Une autre mère nous fait part de ses sentiments quand on lui a annoncé que son petit garçon de six ans était mort subitement à cause d’une malformation cardiaque congénitale. « Je suis passée par toute une série de réactions — l’apathie, l’incrédulité, un sentiment de culpabilité et la colère à l’encontre de mon mari et du médecin qui n’avait pas décelé la gravité de l’état de David. »

      La colère est une autre manifestation de chagrin. Peut-être s’en prendra-​t-​on aux médecins et aux infirmières, estimant qu’ils auraient pu faire quelque chose de plus pour sauver la personne décédée. Ou bien aura-​t-​on du ressentiment à l’égard des amis et des parents qui n’ont, semble-​t-​il, pas parlé ou agi comme il fallait. Certains s’irritent même contre le défunt en l’accusant d’avoir négligé sa santé. Stella dit : « Je me souviens que j’en ai voulu à mon mari, car je savais que sa mort n’était pas une fatalité. Très malade, il avait passé outre aux mises en garde des médecins. » Et parfois, le survivant rend le défunt responsable des fardeaux que sa mort lui occasionne.

      Certains se sentent coupables d’être en colère. Ils s’en veulent d’être irrités. D’autres s’accusent même de la mort de celui qu’ils aimaient. « Il ne serait pas mort, se persuadent-​ils, si je l’avais convaincu d’aller chez le médecin plus tôt », « si je lui avais fait consulter un autre spécialiste », ou « si je l’avais encouragé à se préoccuper davantage de sa santé ».

      Une mère se souvient d’un moment où elle prenait son enfant dans ses bras

      La perte d’un enfant est un terrible traumatisme : la bienveillance et une compassion sincères peuvent aider les parents.

      Pour d’autres, ce processus d’autoaccusation va plus loin encore. Ainsi en est-​il notamment quand une personne meurt subitement, d’une manière tout à fait inattendue. Alors ses proches commencent à se rappeler les moments où ils se sont disputés avec elle. Ou bien ils ont l’impression de n’avoir pas vraiment fait tout ce qu’ils auraient dû pour le défunt.

      Le long cheminement du chagrin éprouvé par de nombreuses mères corrobore les déclarations de nombreux spécialistes qui affirment que la perte d’un enfant laisse un vide permanent chez les parents, particulièrement chez la mère.

      Quand on perd un conjoint

      La disparition d’un conjoint est un autre traumatisme, surtout quand on a mené ensemble une vie très active. Cela peut représenter la fin de tout un mode de vie : des voyages, une œuvre, des distractions en commun et une dépendance l’un de l’autre.

      Eunice raconte ce qui s’est passé lorsque son mari est mort d’une crise cardiaque. « La première semaine, j’étais complètement apathique, c’était comme si toutes mes fonctions s’étaient arrêtées. Je n’avais plus ni goût ni odorat. Pourtant ma raison marchait toute seule. Comme j’étais avec mon mari quand on a essayé de le ranimer par un massage cardiaque et un traitement, je n’ai pas connu le stade du refus de la réalité par où on passe généralement. J’éprouvais néanmoins un terrible sentiment d’impuissance ; c’était comme si je voyais une voiture tomber d’une falaise sans rien pouvoir faire. »

      A-​t-​elle pleuré ? « Bien sûr, surtout en lisant les centaines de cartes de condoléances que j’ai reçues. Toutes m’ont fait pleurer. Cela m’aidait à tenir bon le reste de la journée, dit-​elle. Mais c’était terrible quand les uns et les autres me demandaient comment j’allais. Évidemment que j’étais malheureuse ! »

      Qu’est-​ce qui a aidé Eunice à survivre à son chagrin ? « Sans m’en rendre compte, j’ai décidé de continuer à vivre, dit-​elle. Toutefois, ce qui me fait toujours de la peine, c’est de penser que mon mari, qui aimait tant la vie, n’est plus là pour en profiter. »

      « Ne laissez pas les autres vous dicter... »

      Les auteurs du livre Le disparu : quand et comment lui dire au revoir (angl.) donnent ce conseil : « Ne laissez pas les autres vous dicter ce que vous devriez faire ou ressentir. Le cheminement du chagrin varie d’un individu à l’autre. Les autres peuvent penser — et vous le dire — que vous vous affligez trop ou pas assez. Pardonnez-​leur et n’y pensez plus. En vous efforçant de vous couler dans un moule façonné par d’autres ou par la société dans son ensemble, vous retardez votre guérison affective. »

      Bien sûr, les gens sont différents et assument leur chagrin différemment. Notre propos n’est pas de montrer qu’une façon de faire est forcément meilleure qu’une autre dans tous les cas. Toutefois, il y a danger quand l’apathie s’installe, quand la personne frappée par le chagrin n’arrive pas à accepter la réalité. Il peut lui falloir l’aide d’amis compatissants. La Bible dit : « Un véritable compagnon aime tout le temps et c’est un frère qui est né pour les jours de détresse. » N’ayez donc pas peur de demander de l’aide, de parler et de pleurer (Proverbes 17:17).

      Il est normal d’avoir du chagrin après une disparition, et il n’y a rien de mal à le montrer aux autres. Mais d’autres questions méritent des réponses : « Comment vivre avec mon chagrin ? Qu’est-​ce qui peut m’aider à supporter la disparition et le chagrin ? » La partie suivante répondra à ces questions et à d’autres.

      a Par exemple, chez les Yorubas, au Nigeria, la réincarnation de l’âme est une croyance traditionnelle. Quand une mère perd un enfant, si l’affliction est grande pendant une courte période de temps, on ne considère toutefois pas l’événement comme un malheur épouvantable, car on voit les choses comme ce refrain yoruba : « C’est l’eau qui a été renversée ; mais la calebasse porteuse d’eau n’est pas brisée. » D’après les Yorubas, cela signifie que la calebasse, la mère, peut concevoir un autre enfant — qui sera peut-être une réincarnation de celui qui est mort. Les Témoins de Jéhovah n’observent pas les traditions fondées sur les superstitions qui découlent des idées erronées que sont l’immortalité de l’âme et la réincarnation, lesquelles ne sont pas fondées sur la Bible (Ecclésiaste 9:5, 10 ; Ézékiel 18:4, 20).

      Questions suscitant la réflexion

      • En quel sens le chagrin de certaines personnes dépend-​il de leur éducation ?

      • Quels exemples bibliques avons-​nous de personnes qui ont pleuré ouvertement ?

      • Comment certains ont-​ils réagi à la disparition d’un être aimé ? Comment avez-​vous réagi en pareilles circonstances ?

      • En quoi la perte d’un conjoint est-​elle une épreuve différente ?

      • Quel est le cheminement du chagrin ? Est-​il mal de s’affliger ?

      • Quels sont certains aspects du cheminement du chagrin ? (voir l’encadré page 9).

      • Quels aspects particuliers affectent les parents dont un enfant meurt subitement ? (voir l’encadré page 12).

      • Que ressentent de nombreuses mères après une fausse couche ou la naissance d’un enfant mort ? (voir l’encadré page 10).

      Le chagrin : son cheminement

      Cette expression ne sous-entend pas que le chagrin suit un programme ou un calendrier. Les réactions provoquées par la peine peuvent se superposer et leur durée peut varier d’un individu à l’autre. Cette liste n’est pas complète. D’autres réactions peuvent également se produire. Celles qui suivent ne sont que quelques-unes des manifestations de chagrin possibles.

      Les réactions initiales : Premier choc ; incrédulité ; refus d’accepter ; apathie ; sentiment de culpabilité ; colère.

      Un chagrin intense peut provoquer : Perte de mémoire et insomnie ; grande fatigue ; sautes d’humeur ; erreurs de jugement et de raisonnement ; crises de larmes ; modifications de l’appétit entraînant une perte ou une prise de poids ; divers symptômes d’une altération de la santé ; léthargie ; diminution des capacités de travail ; hallucinations — sensation de toucher, d’entendre ou de voir le défunt ; dans le cas de la perte d’un enfant, ressentiment irrationnel contre le conjoint.

      La période de stabilisation : Tristesse et nostalgie ; souvenirs du défunt plus agréables, même teintés d’humour.

      Fausses couches et mort à la naissance : le chagrin des mères

      Bien qu’ayant déjà d’autres enfants, Monna attendait impatiemment la naissance de son bébé. Avant même que la petite fille vienne au monde, « je jouais avec elle et je lui parlais, j’en rêvais même », dit-​elle.

      Les liens qui unissent une mère à l’enfant qu’elle porte sont en effet très étroits. Monna poursuit : « Rachel Anne était un bébé dont les coups de pied faisaient tressauter les livres sur mon ventre, un bébé qui m’empêchait de dormir. Je me souviens encore des premiers petits coups — très légers, comme affectueux. À chacun de ses mouvements, je sentais un flot d’amour m’envahir. Je la connaissais si bien que, lorsqu’elle a commencé à souffrir et à être malade, je l’ai senti. »

      Monna continue son récit : « Le médecin n’a pas voulu me croire ; ensuite, il était trop tard. Il m’a dit de cesser de m’inquiéter. Je crois que je l’ai sentie mourir. Elle s’est soudain retournée violemment. Le lendemain, elle était morte. »

      Le cas de Monna n’est pas unique. Selon Friedman et Gradstein, auteurs du livre intitulé Comment se remettre d’une fausse couche (angl.), aux États-Unis environ un million de femmes chaque année perdent leur enfant en cours ou en fin de grossesse. Évidemment, au niveau mondial, ces cas se multiplient encore.

      Souvent, on ne se rend pas compte qu’une fausse couche ou la mise au monde d’un enfant mort-né est un événement tragique pour une femme ; elle souffre parfois toute sa vie. À titre d’exemple, Veronica, maintenant d’un certain âge, se souvient de ses fausses couches et surtout de son bébé mort-né qui avait vécu jusqu’au début du neuvième mois. Il pesait 6 kilos à la naissance. Pendant les deux dernières semaines, elle l’a porté alors qu’il était déjà mort. Elle dit : « Pour une mère, donner naissance à un bébé mort est quelque chose de terrible. »

      Les réactions de ces mères frustrées ne sont pas toujours comprises, même par les autres femmes. Une femme, qui a fait une fausse couche, a écrit ceci : « Je me suis rendu compte, de la façon la plus douloureuse, qu’avant d’en faire moi-​même l’expérience je ne comprenais pas réellement ce que mes amies avaient enduré. Je m’étais montrée aussi insensible et indifférente vis-à-vis d’elles que les gens le sont avec moi. »

      Un couple se prend dans les bras et pleure

      En plus de son chagrin, une mère a l’impression que son mari ne ressent pas la perte de l’enfant de manière aussi aiguë. Une femme a exprimé ainsi ses sentiments : « En cette circonstance, mon mari m’a énormément déçue. Pour lui, je n’avais pas vraiment été enceinte. Il était incapable d’éprouver le chagrin que je ressentais. Il faisait preuve de beaucoup de bienveillance face à mes craintes, mais il ne comprenait pas ma peine. »

      Une telle réaction est peut-être normale pour un mari. Il ne ressent pas les mêmes liens physiques et affectifs que ceux qui unissent une femme enceinte à l’enfant qu’elle porte. Il ressent néanmoins un vide. Il est très important que le mari et la femme prennent conscience qu’ils souffrent tous les deux, même si c’est de façon différente. Ils devraient partager leur peine. Si le mari cache la sienne, sa femme peut penser qu’il est insensible. Pleurez donc dans les bras l’un de l’autre et exprimez mutuellement vos pensées. Montrez que vous avez besoin l’un de l’autre comme jamais auparavant. Maris, montrez-​vous compatissants.

      La mort subite du nourrisson : comment surmonter son chagrin

      La mort subite d’un bébé est un drame accablant. Un jour, un enfant apparemment normal et en bonne santé ne se réveille pas. Voilà qui est totalement aberrant, car qui s’attendrait à ce qu’un enfant disparaisse avant ses parents ? Ce bébé, que sa mère entourait d’un amour infini, devient soudain l’objet d’un immense chagrin.

      Un sentiment de culpabilité commence à envahir les parents. Ceux-ci se rendent responsables du décès, comme s’il était dû à une négligence. « Qu’aurions-​nous pu faire pour éviter ce malheurb ? » se demandent-​ils. Parfois même, le mari peut, sans motif valable, accuser inconsciemment sa femme. Lorsqu’il est parti travailler, le bébé était vivant et en bonne santé. À son retour, il l’a trouvé mort dans son berceau. Que faisait donc sa femme ? Où était-​elle à ce moment-​là ? Il lui faut chasser ces doutes lancinants de son esprit s’il veut éviter de mettre son couple en péril.

      Des événements imprévus et imprévisibles sont à l’origine de la tragédie. La Bible déclare : « Je suis retourné pour voir sous le soleil que la course n’est pas aux hommes rapides, ni la bataille aux hommes forts, et non plus la nourriture aux sages, et non plus la richesse aux intelligents, ni même la faveur à ceux qui ont de la connaissance, car temps et événement imprévu leur arrivent à tous » (Ecclésiaste 9:11).

      Comment son entourage peut-​il aider une famille qui vient de perdre un bébé ? Une mère endeuillée répond : « Une amie est venue faire le ménage à la maison sans que je lui aie demandé quoi que ce soit. D’autres nous ont préparé des repas. Certains m’ont réconfortée rien qu’en me serrant dans leurs bras — pas un mot, simplement une étreinte. Je ne voulais pas en parler. Je n’avais pas envie de raconter encore et encore ce qui s’était passé. Je n’avais pas besoin de ces questions indiscrètes qui me laissaient à penser que j’avais commis quelque négligence. J’étais la mère ; j’aurais tout fait pour sauver mon bébé. »

      b La mort subite du nourrisson, qui se produit généralement chez les bébés âgés de un à six mois, est l’expression utilisée quand un bébé en bonne santé meurt subitement sans raison valable. Dans certains cas, on pense qu’on peut l’éviter en couchant le bébé sur le côté ou sur le dos et non pas à plat ventre. Toutefois, aucune position pour dormir n’évitera tous les cas de mort subite du nourrisson.

  • Comment vivre avec mon chagrin ?
    Quand la mort frappe un être aimé...
    • Comment vivre avec mon chagrin ?

      « JE ME sentais obligé de contenir mes émotions. » Voilà ce dont Michel se souvient quand il repense à la mort de son père. Pour lui, refouler son chagrin c’était adopter une attitude virile. Pourtant, il a compris par la suite qu’il se trompait. Si bien que, lorsque son ami a perdu son grand-père, Michel a su ce qu’il devait faire. Il dit : « Il y a quelques années, je lui aurais mis la main sur l’épaule et je l’aurais exhorté à “se comporter en homme”. Là, par contre, je lui ai pris le bras et je lui ai dit : “N’aie pas honte de ce que tu ressens. Cela t’aidera à faire face. Si tu veux que je m’en aille, je m’en vais. Si tu veux que je reste, je reste. Mais n’aie surtout pas peur de tes sentiments.” »

      Marie-Anne aussi s’est crue obligée de refouler ses émotions après le décès de son mari. « Je tenais tellement à donner le bon exemple, se rappelle-​t-​elle, que je ne me permettais même pas d’éprouver les sentiments que tout le monde éprouve en pareilles circonstances. Mais, avec le temps, je me suis aperçue qu’il n’était pas bon pour moi de vouloir rester ferme comme le roc à cause des autres. Je me suis donc mise à regarder la situation en face et je me suis dit : “Pleure si tu ressens le besoin de pleurer. N’essaie pas d’être plus forte que tu ne l’es. Crève l’abcès.” »

      Ainsi, Michel et Marie-Anne s’accordent à faire cette recommandation : Allez jusqu’au bout de votre peine. Et ils ont raison. Pourquoi ? Parce que pleurer procure un soulagement émotionnel indispensable. En libérant vos émotions, vous apaisez la tension qui vous oppresse. Dans la mesure où vous comprenez la situation et avez des renseignements exacts, l’expression naturelle de vos émotions vous permet de réajuster vos sentiments.

      Évidemment, tout le monde n’exprime pas son chagrin de la même manière. De plus, divers facteurs peuvent influer sur la réaction de quelqu’un. Ainsi, celui qui perd subitement un être cher ne réagira généralement pas comme celui qui le voit s’éteindre au terme d’une longue maladie. Mais une chose est certaine : sur les plans physique et affectif, il peut être néfaste de contenir ses émotions. Il est beaucoup plus bénéfique de donner libre cours à son chagrin. Comment ? Les Écritures donnent des conseils pratiques.

      Comment extérioriser son chagrin

      Le simple fait de parler peut vous soulager. Après la mort de ses dix enfants et d’autres tragédies personnelles, Job, patriarche de l’Antiquité, a dit : « Mon âme éprouve du dégoût pour ma vie. Je veux exhaler [hébreu « libérer »] mon inquiétude pour moi. Je veux parler dans l’amertume de mon âme ! » (Job 1:2, 18, 19 ; 10:1). Job ne pouvait réprimer plus longtemps sa préoccupation. Il avait besoin de la libérer, de « parler ». De même, dans Macbeth, le dramaturge Shakespeare écrivait : « Donnez la parole à la douleur... le désespoir qui ne parle pas murmure au cœur écrasé l’ordre de se briser. »

      Dès lors, si vous vous confiez à un « véritable compagnon » susceptible de vous écouter avec patience et compassion, vous trouverez certainement du soulagement (Proverbes 17:17). Il est souvent plus facile de comprendre et de surmonter des sentiments qu’on traduit par des mots. De plus, si votre confident est lui-​même passé par cette épreuve, il se peut que vous obteniez des suggestions pratiques qui vous seront utiles. Une mère a expliqué que ce qui l’avait aidée quand son enfant est mort, c’était de parler à une autre femme qui avait vécu le même drame : « Le fait de savoir que quelqu’un d’autre était passé par là, avait gardé sa raison et survivait tout en ayant retrouvé une vie relativement normale m’a beaucoup encouragée. »

      Une femme endeuillée met par écrit ses sentiments

      Les exemples bibliques montrent que le fait de coucher par écrit vos sentiments peut vous aider à les exprimer.

      Que faire si vous avez du mal à exprimer ce que vous ressentez ? Après la mort de Saül et de Yonathân, David a composé un chant de deuil très émouvant dans lequel il a épanché sa douleur. Ce chant de deuil a finalement été inclus dans le Deuxième livre de Samuel (2 Samuel 1:17-27 ; 2 Chroniques 35:25). De même, certains trouvent plus facile de s’exprimer par écrit. Une veuve raconte qu’elle couchait par écrit ses sentiments et se relisait quelques jours plus tard. Cela lui faisait beaucoup de bien.

      Que ce soit en paroles ou par écrit, la communication peut vous aider à apaiser votre chagrin. Cela permettra aussi de dissiper les malentendus. Une mère endeuillée raconte : « Mon mari et moi savions que des couples avaient divorcé après la mort d’un enfant, et nous ne voulions pas que cela nous arrive. Par conséquent, chaque fois que nous sentions l’irritation nous gagner et que nous avions tendance à nous rejeter mutuellement la faute, nous abordions ouvertement la question. Je crois qu’en agissant de la sorte nous nous sommes rapprochés l’un de l’autre. » Effectivement, si vous faites ainsi connaître vos sentiments, cela vous aidera sans doute à comprendre que, face à cette perte, les autres souffrent aussi, mais peut-être différemment.

      Ce qui peut également faciliter l’épanchement, ce sont les larmes. Il y a « un temps pour pleurer », dit la Bible (Ecclésiaste 3:1, 4). À coup sûr, ce moment est venu quand on perd un être aimé. Les larmes de chagrin semblent jouer un rôle essentiel dans le processus de guérison.

      Une jeune femme explique comment une amie intime l’a aidée à supporter la mort de sa mère. Elle nous fait part de ses souvenirs en ces termes : « Mon amie était toujours à mes côtés quand j’avais besoin d’elle. Elle était là pour parler et pour pleurer avec moi. Je pouvais tout lui dire, et cela comptait beaucoup pour moi. Je n’avais pas à me cacher pour pleurer » (voir Romains 12:15). Vous non plus ne devriez pas avoir honte de vos larmes. Comme nous l’avons vu, la Bible parle de nombreux hommes et femmes de foi, y compris Jésus Christ, qui ont ouvertement versé des larmes de chagrin, sans aucune gêne apparente (Genèse 50:3 ; 2 Samuel 1:11, 12 ; Jean 11:33, 35).

      Des personnes endeuillées sont réconfortées par d’autres

      Où qu’ils vivent, les gens endeuillés apprécient d’être réconfortés.

      Vous vous apercevrez peut-être que, pendant un certain temps, vos émotions seront imprévisibles. Les larmes jaillissent sans prévenir. Une veuve a remarqué que faire les courses dans un supermarché (ce qu’elle avait souvent fait en compagnie de son mari) pouvait l’amener à fondre en larmes, surtout lorsque, par habitude, elle tendait la main vers les aliments préférés de son mari. Soyez patient avec vous-​même. Et ne pensez pas que vous devez refouler vos larmes. Souvenez-​vous que c’est une manifestation de chagrin normale et indispensable.

      Comment vaincre le sentiment de culpabilité

      Comme nous l’avons montré dans les parties précédentes, bien des gens se culpabilisent après la perte d’un être aimé. C’est ce qui pourrait expliquer le profond chagrin qu’a éprouvé le fidèle Jacob, quand on lui a fait croire que son fils Joseph avait été tué par « une bête sauvage malfaisante ». C’est Jacob lui-​même qui avait envoyé Joseph prendre des nouvelles de ses frères. Sans doute était-​il alors accablé par un sentiment de culpabilité et se disait-​il : « Pourquoi ai-​je envoyé Joseph seul ? Pourquoi l’ai-​je envoyé dans une région infestée de bêtes sauvages ? » (Genèse 37:33-35).

      Il se peut que vous pensiez avoir contribué par une négligence à la mort d’une personne que vous aimiez. Il n’est pas inutile de savoir que ce sentiment de culpabilité, réel ou imaginaire, est somme toute normal. Là encore, il est préférable de ne pas tout garder pour soi. C’est en parlant à quelqu’un d’autre de votre sentiment de culpabilité que vous trouverez le soulagement dont vous avez besoin.

      Cependant, rappelez-​vous ceci : malgré toute l’affection que vous éprouvez pour quelqu’un, vous n’avez aucun pouvoir sur sa vie. Vous ne pouvez pas empêcher « temps et événement imprévu » de survenir (Ecclésiaste 9:11). Par ailleurs, il ne fait pas de doute que vos motivations n’étaient pas mauvaises. Par exemple, si vous avez tardé à prendre un rendez-vous chez le médecin pour l’un de vos proches, était-​ce exprès pour qu’il tombe malade et meure ? Bien sûr que non. Alors, êtes-​vous vraiment responsable de son décès ? Non.

      Une mère a appris à lutter contre le sentiment de culpabilité après l’accident de la route dans lequel sa fille a trouvé la mort. Elle explique comment : « Je me sentais coupable de lui avoir demandé de sortir ce jour-​là. Mais j’ai fini par me rendre compte que cela ne tenait pas debout. Il n’y avait rien eu de mal à l’envoyer faire des courses avec son père. C’était un terrible accident, voilà tout. »

      « Mais il y a tant de choses que j’aurais aimé dire ou faire pour lui ! » protesterez-​vous peut-être. Sans doute, mais qui oserait se vanter d’avoir été un père, une mère, une fille ou un fils irréprochable ? La Bible nous rappelle : « Tous, nous trébuchons souvent. Si quelqu’un ne trébuche pas en parole, celui-là est un homme parfait » (Jacques 3:2 ; Romains 5:12). Acceptez donc votre imperfection. Il ne sert plus à rien de ressasser des « si seulement ». Cela ne peut que retarder votre rétablissement.

      Si toutefois vous avez des raisons de croire que votre culpabilité est réelle, et non imaginaire, alors prenez en considération un élément prépondérant en la matière : le pardon divin. La Bible nous rassure par ces mots : « Si tu épiais les fautes, ô Yah, ô Jéhovah, qui pourrait tenir ? Car il y a le vrai pardon auprès de toi, afin qu’on te craigne » (Psaume 130:3, 4). Certes, il est impossible de revenir sur le passé pour changer le cours des événements. En revanche, il ne tient qu’à vous d’implorer Dieu pour qu’il vous pardonne les fautes que vous avez commises. Et après ? Eh bien, si le Créateur lui-​même vous promet de pardonner vos fautes, ne devriez-​vous pas aussi vous pardonner à vous-​même ? (Proverbes 28:13 ; 1 Jean 1:9).

      Comment maîtriser sa colère

      Vous arrive-​t-​il d’en vouloir aux médecins, aux infirmières ou aux amis du défunt, si ce n’est au défunt lui-​même ? Dans ce cas, dites-​vous bien qu’il s’agit aussi d’une réaction courante à la disparition d’un être cher. Cette colère n’est peut-être qu’un sentiment qui va de pair avec votre chagrin. Dans ce cas, il est utile de le reconnaître. Un auteur déclare : « C’est uniquement en prenant conscience de votre colère — non pas en essayant de la réprimer, mais en vous bornant à l’admettre — que vous parviendrez à vous affranchir de ses effets destructeurs. »

      Il est parfois utile d’exprimer sa colère. Mais comment ? Certainement pas par des accès de fureur incontrôlés. La Bible nous met en garde contre le danger d’une colère prolongée (Proverbes 14:29, 30). Peut-être serez-​vous réconforté en en parlant à un ami compréhensif. Certains ont trouvé qu’un exercice physique exigeant un effort vigoureux pouvait être un exutoire à leur colère (voir aussi Éphésiens 4:25, 26).

      Il est donc important d’être honnête avec soi-​même et d’extérioriser ses sentiments. Toutefois, une précaution s’impose. Il y a une différence entre exprimer ses sentiments et les jeter à la figure des autres. Il n’est nul besoin d’accuser votre entourage d’être la cause de votre colère ou de votre dépit. Efforcez-​vous donc d’exprimer vos sentiments, mais sans agressivité (Proverbes 18:21). Il est toutefois une aide plus importante dont vous pouvez bénéficier, une aide que nous allons évoquer maintenant.

      L’aide de Dieu

      La Bible nous donne cette assurance : « Jéhovah est près de ceux qui ont le cœur brisé ; et il sauve ceux qui ont l’esprit écrasé » (Psaume 34:18). Oui, plus que toute autre chose, ce sont vos relations avec Dieu qui vous donneront la force de supporter la perte d’un être aimé. Comment cela ? Toutes les suggestions pratiques que nous avons énoncées jusqu’ici sont fondées sur la Parole de Dieu, la Bible, ou en harmonie avec elle. L’application de ces principes peut vous aider.

      En outre, ne sous-estimez pas la valeur de la prière. La Bible nous adresse cette invitation : « Jette ton fardeau sur Jéhovah lui-​même, et lui te soutiendra. Il ne permettra jamais que le juste chancelle » (Psaume 55:22). S’il est bon de se confier à un ami compatissant, il est plus bénéfique encore d’ouvrir son cœur au « Dieu de toute consolation » (2 Corinthiens 1:3).

      Ce n’est pas le simple fait de prier qui vous aidera à vous sentir mieux. « [Celui] qui enten[d] la prière » promet d’accorder l’esprit saint à ses serviteurs qui le lui demandent en toute sincérité (Psaume 65:2 ; Luc 11:13). Or cette force agissante qu’est l’esprit saint peut vous donner une « puissance qui passe la normale », celle qui vous aide à tenir jour après jour (2 Corinthiens 4:7). Rappelez-​vous qu’il n’est pas de problème trop grave pour que Dieu puisse aider ses serviteurs fidèles à y faire face.

      Une femme qui a perdu sa fille se souvient que le pouvoir de la prière les ont aidés, elle et son mari, à supporter cette disparition. « Quand nous étions chez nous le soir et que le chagrin nous accablait trop, nous priions ensemble à voix haute, explique-​t-​elle. Quand nous devions faire quelque chose sans elle pour la première fois, par exemple, la première réunion de la congrégation ou la première assemblée à laquelle nous avons assisté après sa mort, nous priions pour en avoir la force. Quand nous nous levions le matin et que la réalité nous semblait insupportable, nous priions Jéhovah de nous aider. Pour certaines raisons, j’étais traumatisée à l’idée de pénétrer seule dans la maison. Alors, chaque fois que je rentrais seule chez moi, je priais Jéhovah de m’aider tout particulièrement à garder un certain calme. » Cette femme fidèle croit fermement et à bon droit que ces prières lui ont été d’un grand secours. Vous aussi pouvez obtenir, en réponse à vos prières pressantes, « la paix de Dieu, qui surpasse toute pensée [et qui] gardera vos cœurs et vos facultés mentales » (Philippiens 4:6, 7 ; Romains 12:12).

      L’aide de Dieu compte énormément. L’apôtre Paul a dit que Dieu « nous console dans toute notre tribulation, pour que nous puissions consoler ceux qui sont dans toutes sortes de tribulations ». Bien sûr, l’aide de Dieu ne supprime pas la peine, mais elle permet de la supporter plus facilement. Cela ne veut pas dire que vous ne pleurerez plus ou que vous oublierez votre cher disparu. Mais vous pouvez vous en remettre. Et ce faisant, ce que vous traversez vous rendra peut-être plus compréhensif et compatissant à l’égard de ceux qui subissent une perte semblable (2 Corinthiens 1:4).

      Questions suscitant la réflexion

      • Pourquoi est-​il important d’aller jusqu’au bout de votre peine ?

      • Comment pouvez-​vous extérioriser votre chagrin ?

      • Comment les Écritures peuvent-​elles vous aider à surmonter le sentiment de culpabilité et la colère ?

      • De quelle façon des relations avec Dieu peuvent-​elles vous aider à supporter la disparition d’un être aimé ?

      • Donnez quelques suggestions pratiques sur la manière de surmonter le chagrin.

      Quelques suggestions pratiques

      Appuyez-​vous sur vos amis : N’hésitez pas à accepter l’aide de votre entourage : elle vous sera vraiment utile. Comprenez que c’est souvent le moyen dont ils disposent pour vous témoigner ce qu’ils ressentent, peut-être parce qu’ils ne trouvent pas les mots pour vous le dire (Proverbes 18:24).

      Prenez soin de votre santé : Le chagrin peut vous épuiser, surtout au début. Votre corps a plus que jamais besoin d’un repos suffisant, d’exercice, et d’une alimentation équilibrée. Il serait peut-être bien de voir périodiquement votre médecin pour un bilan de santé.

      Remettez les décisions importantes à plus tard : Si cela est possible, pourquoi ne pas attendre d’avoir remis de l’ordre dans vos idées avant de décider de vendre votre maison ou de changer d’emploi ? (Proverbes 21:5). Une veuve se rappelle que, quelques jours après la mort de son mari, elle s’était débarrassée de certains objets personnels qui lui avaient appartenu. Par la suite, elle s’est rendu compte qu’elle s’était séparée de plusieurs souvenirs qu’elle chérissait.

      Soyez patient avec vous-​même : Le chagrin subsiste souvent plus longtemps que la majorité des gens ne le pense. Chaque année, des souvenirs du défunt vous rappelleront cruellement l’être aimé. Des photographies particulières, des chansons ou même des odeurs peuvent faire monter les larmes. Une étude portant sur le deuil a expliqué ainsi le processus du chagrin : « La personne endeuillée peut passer brusquement et de façon spectaculaire d’un état moral à un autre. Tantôt elle désire chasser le disparu de sa mémoire, tantôt elle en cultive délibérément le souvenir. » Gardez présentes à l’esprit les merveilleuses promesses de Jéhovah (Philippiens 4:8, 9).

      Soyez indulgent : Efforcez-​vous d’être patient avec les autres. Comprenez que la situation est délicate pour ceux qui vous entourent. Comme ils ne savent pas quoi dire, il leur arrivera fatalement de commettre des impairs (Colossiens 3:12, 13).

      Gardez-​vous de recourir aux médicaments ou à l’alcool pour surmonter votre chagrin : Le soulagement apporté par les médicaments ou l’alcool est, au mieux, temporaire. Des médicaments ne devraient être pris que sur avis médical. Mais soyez prudent : de nombreux médicaments entraînent une accoutumance. En outre, ils peuvent retarder le processus du chagrin. Un pathologiste donne cet avertissement : « Le drame doit être enduré, ressenti douloureusement et finalement dominé par la raison, mais si on retarde trop ce processus en abrutissant la personne de médicaments, on risque de le prolonger, voire de l’altérer. » Vous trouverez un soulagement durable en méditant sur le dessein grandiose de Jéhovah (Psaumes 1:2 ; 119:97).

      Reprenez vos activités normales : Au début, il vous faudra peut-être vous forcer à retourner au travail, à faire des courses et à assumer vos autres responsabilités. Mais vous remarquerez peut-être que l’encadrement procuré par vos activités normales vous fait beaucoup de bien. Dépensez-​vous dans l’activité chrétienne (voir 1 Corinthiens 15:58).

      Ne craignez pas de ne plus ressentir un chagrin intense : Aussi étrange que cela puisse paraître, certaines personnes endeuillées sont effrayées de ne plus ressentir un chagrin intense, croyant que cela révèle que leur amour à l’égard du défunt diminue. Ce n’est absolument pas le cas ! En s’estompant, la douleur cède le pas à des souvenirs précieux que vous garderez sans doute toujours (Ecclésiaste 3:1, 4).

      Ne vous inquiétez pas outre mesure : Peut-être vous demandez-​vous ce que vous allez devenir. La Bible nous conseille de prendre chaque jour comme il vient. « Cela m’a fait du bien de vivre au jour le jour », admet une veuve. Jésus a dit à ses disciples : « Ne vous inquiétez jamais du lendemain, car le lendemain aura ses propres inquiétudes » (Matthieu 6:25-34).

  • Quelle aide peut-on apporter ?
    Quand la mort frappe un être aimé...
    • Quelle aide peut-​on apporter ?

      « SI JE peux faire quelque chose pour toi, n’hésite surtout pas à me le dire. » C’est ce que la plupart d’entre nous disons généralement à un ami ou à un parent qui vient de perdre un être cher. Oh, bien sûr, nous sommes sincères ! Nous ferions n’importe quoi pour lui être utile. Mais la personne endeuillée vient-​elle ensuite nous dire : « J’ai réfléchi, voici ce que tu pourrais faire pour m’aider. » Généralement, non. De toute évidence, il nous faut prendre des initiatives si nous voulons vraiment aider et réconforter celui qui est affligé.

      Un proverbe de la Bible dit : « Comme des pommes d’or dans des ciselures d’argent, ainsi est une parole dite en son temps » (Proverbes 15:23 ; 25:11). Évidemment, la sagesse est nécessaire pour savoir ce qu’il faut dire et ce qu’il ne faut pas dire, ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Voici quelques suggestions fondées sur les Écritures, et que des personnes endeuillées ont trouvées utiles.

      Ce qu’il faut faire...

      Écoutez : Soyez « prompt à entendre » dit Jacques 1:19. L’une des choses les plus utiles que vous puissiez faire consiste à partager la douleur de la personne affligée en l’écoutant. Certaines personnes endeuillées éprouvent le besoin de parler du disparu, de l’accident ou de la maladie qui l’a emporté, ou de ce qu’ils éprouvent depuis le décès. Demandez donc : « Voudrais-​tu qu’on en discute ensemble ? » et laissez-​leur le choix. Un jeune homme, qui a perdu son père, se souvient : « Quand d’autres sont venus s’enquérir de ce qui s’était passé et qu’ils m’ont vraiment écouté, cela m’a fait beaucoup de bien. » Alors, écoutez patiemment ceux qui ont perdu un être cher et montrez-​vous compatissant, sans penser nécessairement que vous devez fournir des réponses ou des solutions. Laissez-​les exprimer ce qu’ils ont envie de dire.

      Rassurez : Montrez-​leur qu’ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir (ou formulez d’autres remarques que vous savez vraies et positives). Expliquez-​leur que leurs sentiments — tristesse, colère, culpabilité ou autre — n’ont rien d’anormal. Parlez des gens de votre connaissance qui ont réussi à se remettre après une épreuve semblable. De telles « paroles agréables » sont « guérison pour les os », dit Proverbes 16:24 (1 Thessaloniciens 5:11, 14).

      Soyez disponible : Rendez-vous disponible, pas seulement les premiers jours, quand beaucoup d’amis et de parents sont là, mais pendant des mois, lorsque la plupart d’entre eux seront retournés à leurs occupations. De cette façon, vous vous montrerez « un véritable compagnon », qui est là quand il y a de la « détresse » (Proverbes 17:17). « Nos amis ont toujours veillé à ce que nos soirées soient bien remplies, à ce que nous ne soyons pas trop souvent et longtemps seuls à la maison », explique Thérèse, dont l’enfant est mort dans un accident de voiture. « Cela nous a aidés à lutter contre la sensation de vide qui nous avait envahis. » Des années après, les dates anniversaires, telles que celles du mariage ou de la mort, peuvent être des moments pénibles pour les survivants. Pourquoi ne pas inscrire ces dates sur le calendrier de manière à être disponible, si c’est nécessaire, pour apporter un soutien compatissant quand le moment vient ?

      Un couple aide un homme dans des tâches domestiques

      Si vous discernez un besoin particulier, n’attendez pas qu’on sollicite votre aide, prenez l’initiative.

      Prenez des initiatives : Ont-​ils des courses à faire ? Ont-​ils besoin de quelqu’un pour garder les enfants ? Faut-​il loger des amis ou des parents de passage ? Ceux qui viennent de perdre quelqu’un sont souvent si abattus qu’ils ne savent même plus ce qu’ils doivent faire eux-​mêmes, et encore moins dire aux autres ce qu’ils peuvent faire pour les aider. C’est pourquoi, si vous discernez un besoin particulier, n’attendez pas qu’on sollicite votre aide ; prenez l’initiative (1 Corinthiens 10:24 ; voir aussi 1 Jean 3:17, 18). Une veuve se rappelle : « Beaucoup disaient : “Si je peux faire quelque chose pour toi, n’hésite pas à me le dire.” Mais une amie ne m’a pas demandé cela. Elle est venue directement dans la chambre, a défait le lit et a lavé les draps salis. Une autre a pris un seau d’eau et des produits d’entretien, et elle a nettoyé le tapis sur lequel mon mari avait vomi. Ce sont de vraies amies, et je ne pourrai jamais les oublier. Quelques semaines plus tard, un ancien de la congrégation est venu en vêtements de travail avec ses outils et m’a dit : “Je suis sûr qu’il y a quelque chose à réparer. Peux-​tu me dire quoi ?” J’ai été très reconnaissante envers cet homme qui a réparé un appareil électrique et la porte qui ne tenait plus que par un gond » (voir Jacques 1:27).

      Soyez hospitalier : « N’oubliez pas l’hospitalité », nous rappelle la Bible (Hébreux 13:2). Nous devrions particulièrement manifester cette qualité envers ceux qui sont affligés. Au lieu de leur dire de venir « n’importe quand », fixez une date et une heure précises. S’ils refusent, n’abandonnez pas trop facilement la partie. Ils auront sans doute besoin d’être encouragés avec douceur. Ils ont peut-être refusé l’invitation par crainte de ne pas maîtriser leurs émotions devant les autres. Ou bien ils se sentent coupables d’accepter un repas et une compagnie agréable en un moment pareil. Imitez l’hospitalité de Lydie, une femme dont la Bible parle. À son sujet le disciple Luc, qui a lui-​même été son hôte, fait ce commentaire : « Elle nous a obligés à accepter » (Actes 16:15).

      Soyez patient et compréhensif : Ne vous laissez pas décontenancer par la première réaction d’une personne affligée. N’oubliez pas qu’elle peut éprouver de la colère ou un sentiment de culpabilité. Si c’est vous qui êtes victime de ses explosions, il vous faudra faire preuve de discernement et de patience pour ne pas répondre avec irritation. « Revêtez-​vous des tendres affections de la compassion, ainsi que de bonté, d’humilité, de douceur et de patience », recommande la Bible (Colossiens 3:12, 13).

      Écrivez : On méconnaît souvent la valeur des lettres ou des cartes de condoléances. À quoi peuvent-​elles bien servir ? Cindy, qui a perdu sa mère d’un cancer, répond : « L’une de mes amies m’a écrit une très gentille lettre. Cela m’a vraiment aidée parce que je pouvais la relire souvent. » Cette lettre d’encouragement peut être « en peu de mots », mais elle doit venir du fond du cœur (Hébreux 13:22). Vous pouvez dire quel souvenir particulier vous gardez du défunt, ou montrer quelle place il tenait dans votre vie.

      Priez : Ne sous-estimez pas la valeur des prières que vous prononcerez avec les proches du défunt ou en leur faveur. La Bible dit : « La supplication d’un juste [...] a beaucoup de force » (Jacques 5:16). Le simple fait de vous entendre prier pour eux peut déjà les aider à surmonter un éventuel sentiment de culpabilité (voir Jacques 5:13-15).

      Ce qu’il ne faut pas faire...

      Des personnes affligées sont à l’hôpital et des amis les encouragent

      Votre présence à l’hôpital peut encourager ceux qui sont affligés.

      Ne les évitez pas parce que vous ne savez pas quoi dire ou faire : Nous nous disons peut-être : « Je suis sûr qu’ils ont besoin d’être seuls pour l’instant. » Mais la vérité, c’est que nous les évitons parce que nous avons peur de dire ou de faire ce qu’il ne faudrait pas. Toutefois, le fait d’être délaissé par ses amis, ses parents ou ses compagnons chrétiens ne peut qu’accroître le sentiment de solitude de celui qui est endeuillé et ajouter à sa peine. Souvenez-​vous, les paroles et les actions appréciées sont souvent les plus simples (Éphésiens 4:32). Votre seule présence est une source d’encouragement (voir Actes 28:15). Thérèse raconte ce qui s’est passé le jour où sa fille est morte : « En l’espace d’une heure, l’entrée de l’hôpital était remplie d’amis ; tous les anciens et leurs femmes étaient là. Des femmes étaient en bigoudis ; certains étaient venus en vêtement de travail. Ils avaient tout laissé pour venir. Beaucoup nous ont dit qu’ils ne savaient pas quoi dire, mais ça ne faisait rien, ils étaient là et c’était ce qui comptait. »

      Ne pressez pas quelqu’un de sécher ses pleurs : « Allons, allons, ne pleure plus ! » aurions-​nous peut-être tendance à dire. Pourtant, il est parfois préférable de laisser l’affligé donner libre cours à ses larmes : « Je pense qu’il est important de permettre à celui qui vient de perdre un être cher d’exprimer ses sentiments et d’évacuer toute sa tristesse. » Telle est la conclusion à laquelle Catherine est arrivée après la mort de son mari. Résistez à la tendance à dire aux autres ce qu’ils devraient éprouver. En outre, ne pensez pas que vous devez cacher vos sentiments pour ménager les leurs. Au lieu de cela, « pleurez avec ceux qui pleurent », recommande la Bible (Romains 12:15).

      Ne soyez pas prompt à leur conseiller de se débarrasser des vêtements ou des objets personnels du défunt avant qu’ils n’y soient prêts : Nous pensons peut-être qu’il vaudrait mieux qu’ils se séparent des objets chargés de souvenirs, car ils prolongent le chagrin. Mais l’adage « loin des yeux, loin du cœur » ne s’applique pas ici. La personne affligée a peut-être besoin de se séparer en douceur du défunt. La Bible explique quelle a été la réaction de Jacob après qu’on lui a fait croire que son jeune fils Joseph avait été tué par une bête sauvage. Quand on lui a présenté le long vêtement taché de sang, Jacob « mena deuil sur son fils pendant de longs jours. Et tous ses fils et toutes ses filles se levaient pour le consoler, mais il refusait de se laisser consoler » (Genèse 37:31-35).

      Ne dites pas : « Tu peux encore avoir un autre enfant » : « Je n’aimais pas du tout qu’on me fasse remarquer que je pourrais avoir un autre enfant », se rappelle une mère affligée. Ceux qui parlent ainsi le font sans doute avec les meilleures intentions du monde. Toutefois, l’idée même de substituer quelqu’un à l’enfant disparu peut être perçue par un père ou par une mère comme un véritable « cou[p] d’épée » (Proverbes 12:18). En réalité, un enfant n’en remplace jamais un autre. Pourquoi ? Parce que chacun est unique.

      Ne refusez pas systématiquement de parler du défunt : « Quantité de gens évitaient soigneusement de prononcer le nom de mon fils Jimmy ou de parler de lui, raconte une mère. Je dois dire que cela me faisait de la peine. » Par conséquent, ne détournez pas systématiquement la conversation quand le nom du défunt est prononcé. Demandez à votre interlocuteur s’il ressent le besoin de parler de son cher disparu (voir Job 1:18, 19 et 10:1). En pareil cas, certains sont heureux d’entendre des amis leur décrire les qualités qu’ils appréciaient particulièrement chez le défunt (voir Actes 9:36-39).

      Ne soyez pas trop prompt à dire : « Au fond, c’est peut-être mieux ainsi » : Il n’est pas toujours « consolan[t pour les] âmes déprimées » par un deuil de vouloir à tout prix trouver quelque chose de bon dans la mort de quelqu’un (1 Thessaloniciens 5:14). Se souvenant de la mort de sa mère, une jeune femme explique : « On me disait parfois : “Au moins, elle ne souffre pas”, ou : “Maintenant, elle repose en paix.” Je ne supportais pas d’entendre des choses pareilles. » Ces remarques risquent de faire croire aux survivants qu’ils ne devraient pas être tristes ou que cette perte est sans importance. Or, ils éprouvent peut-être une grande tristesse parce que leur cher disparu leur manque terriblement.

      Il n’est pas toujours judicieux d’affirmer : « Je sais ce que tu ressens » : En effet, connaissez-​vous vraiment les sentiments de votre interlocuteur ? Par exemple, comment pourriez-​vous savoir ce qui se passe dans le cœur d’un père ou d’une mère qui viennent de perdre leur enfant si cela ne vous est jamais arrivé ? Quand bien même vous auriez traversé une épreuve analogue, n’oubliez pas que les autres ne ressentent pas forcément les choses comme vous les avez ressenties (voir Lamentations 1:12). Par contre, si cela semble approprié, il peut être profitable de raconter comment vous vous êtes remis de cette perte. Une femme, dont la fille avait été tuée, a été réconfortée par le récit d’une mère qui avait aussi perdu sa fille, et qui lui a raconté comment elle était parvenue à reprendre une vie normale. Elle explique : « Cette mère n’a pas débuté son histoire en disant : “Je sais ce que tu ressens.” Elle m’a simplement dit comment les choses s’étaient passées pour elle et m’a laissée faire le rapprochement. »

      Celui qui veut aider une personne endeuillée doit donc faire preuve de compassion, de discernement et de beaucoup d’amour. N’attendez pas que celle-ci sollicite votre aide. Ne vous contentez pas d’un évasif « si je peux faire quelque chose pour toi... » Prenez l’initiative de faire « quelque chose » d’utile.

      Cependant, quelques questions subsistent : Qu’en est-​il de l’espérance biblique de la résurrection ? Que signifie-​t-​elle pour vous et votre cher disparu ? Comment pouvons-​nous être sûrs qu’il s’agit d’un espoir solide ?

      Questions suscitant la réflexion

      • Pourquoi est-​il utile de partager le chagrin de la personne affligée en l’écoutant ?

      • Quelles sont quelques-unes des choses que nous pouvons faire pour réconforter une personne endeuillée ?

      • Que devrions-​nous éviter de dire ou de faire à quelqu’un qui est dans la peine ?

      Aidons les enfants à faire face à la mort

      Quand la mort frappe une famille, les parents, les autres membres de la famille et les amis ne savent souvent pas quoi dire aux enfants ni comment les aider à affronter la situation. Pourtant les enfants, comme les adultes, ont besoin qu’on les aide à faire face à la mort. Voici quelques questions souvent posées sur la manière d’aider les enfants à comprendre ce qu’est la mort.

      Comment expliquer aux enfants ce qu’est la mort ? Il est important de leur expliquer les choses en termes simples. Soyez franc également. N’hésitez pas à utiliser les mots justes comme « décédé » et « mort ». Par exemple, vous pourriez vous asseoir avec l’enfant, le prendre dans vos bras et lui dire : « Quelque chose de très très triste est arrivé. Papa était atteint d’une maladie que peu de gens ont [ou quoi que ce soit que vous savez être vrai], et il est mort. Ce n’est la faute de personne s’il est mort. Il nous manquera beaucoup parce que nous l’aimions et qu’il nous aimait. » Toutefois, il peut être utile d’expliquer que l’enfant, ou le père ou la mère qui lui reste ne mourront pas simplement parce qu’il leur arrive d’être malades.

      Encouragez-​les à poser des questions. « C’est comment quand on est mort ? » demanderont-​ils peut-être. Vous pourriez répondre ainsi : « “Être mort”, ça veut dire que le corps a cessé de fonctionner et qu’il ne peut plus faire ce qu’il faisait auparavant : il ne peut pas parler, voir, entendre ou sentir quoi que ce soit. » Le père ou la mère qui croit à la promesse biblique de la résurrection peut saisir cette occasion pour expliquer que Jéhovah Dieu se souvient des personnes disparues et peut les ramener à la vie dans le Paradis terrestre à venir (Luc 23:43 ; Jean 5:28, 29 ; voir la partie « Un espoir solide pour les morts »).

      Y a-​t-​il des choses à ne pas dire ? Il n’est pas avantageux de dire que le défunt est parti pour un long voyage. La crainte d’être abandonné préoccupe beaucoup l’enfant, surtout quand il a perdu son père ou sa mère. Lui dire que le défunt est parti en voyage ne ferait que renforcer ce sentiment d’abandon et l’enfant pourrait penser : « Grand-mère est partie, et elle ne m’a même pas dit au revoir ! » Il faut aussi faire attention quand on explique aux jeunes enfants que le disparu est parti dormir. Les enfants prennent tout à la lettre. Si un enfant associe le sommeil à la mort, il risque d’avoir peur d’aller au lit le soir.

      Les enfants devraient-​ils assister à l’enterrement ? Les parents devraient tenir compte des sentiments de leurs enfants. S’ils ne veulent pas y aller, ne les y obligez pas et ne les culpabilisez pas. S’ils veulent y aller, expliquez-​leur en détail ce qui va se passer, s’il y aura un cercueil et s’il sera ouvert ou fermé. Dites-​leur également qu’ils verront probablement beaucoup de gens pleurer parce qu’ils sont tristes. Là encore, permettez-​leur de poser des questions. Et rassurez-​les en leur disant qu’ils peuvent partir s’il le faut.

      Comment les enfants réagissent-​ils à la mort ? Les enfants se sentent souvent responsables de la mort d’un être aimé. S’il lui est arrivé d’être en colère contre celui qui est mort maintenant, un enfant peut s’imaginer que ce sont ses pensées ou ses paroles de colère qui l’ont fait mourir. Il vous faudra peut-être le réconforter ainsi : « Ce ne sont pas tes pensées ou tes paroles qui rendent les gens malades et qui les font mourir. » Un jeune enfant peut avoir besoin d’être rassuré à plusieurs reprises.

      Devriez-​vous cacher votre chagrin aux enfants ? Il est normal et même salutaire de pleurer devant les enfants. En outre, il est pour ainsi dire impossible de cacher totalement vos sentiments aux enfants ; ils sont plutôt clairvoyants et sentent souvent que quelque chose ne va pas. En exprimant ouvertement votre chagrin, vous leur apprendrez qu’il est normal d’en avoir et de montrer parfois ses sentiments.

  • Un espoir solide pour les morts
    Quand la mort frappe un être aimé...
Publications françaises (1950-2025)
Se déconnecter
Se connecter
  • Français
  • Partager
  • Préférences
  • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
  • Conditions d’utilisation
  • Règles de confidentialité
  • Paramètres de confidentialité
  • JW.ORG
  • Se connecter
Partager