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  • Partie 1 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
    Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
    • Chapitre 22

      Partie 1 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre

      Ici s’ouvre un chapitre en cinq parties qui raconte comment l’activité des Témoins de Jéhovah s’est étendue autour du globe. La première partie, qui va des années 1870 à l’année 1914, occupe les pages 404 à 422. La société humaine ne s’est jamais remise des convulsions provoquées par la Première Guerre mondiale, qui a débuté en 1914. Les Étudiants de la Bible avaient depuis longtemps annoncé que cette année correspondrait à la fin des temps des Gentils.

      AVANT de monter au ciel, Jésus Christ a confié à ses apôtres une mission: “Vous serez mes témoins (...) jusque dans la partie la plus lointaine de la terre.” (Actes 1:8). Il avait également annoncé: “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations.” (Mat. 24:14). Cette œuvre n’a pas été achevée au Ier siècle. C’est principalement à notre époque qu’elle s’est accomplie. L’historique de cette activité des années 1870 à nos jours est tout simplement passionnant.

      Charles Russell s’est fait connaître du public par ses discours bibliques qui faisaient l’objet de campagnes d’annonce, mais en fait il n’était pas tant attiré par de larges auditoires que par les gens eux-​mêmes. C’est ainsi que, peu après avoir lancé La Tour de Garde en 1879, il a entrepris de nombreux voyages pour rencontrer de petits groupes de lecteurs de ce périodique et pour discuter des Écritures avec eux.

      Charles Russell pressait ceux qui croyaient aux précieuses promesses de la Parole de Dieu de les faire connaître à autrui. Ceux dont le cœur était profondément touché par ce qu’ils apprenaient s’y sont employés avec un zèle remarquable. Pour faciliter leur tâche, des imprimés étaient mis à leur disposition. Au début de 1881 ont été publiés plusieurs tracts. Leur contenu a ensuite été refondu, avec des renseignements plus détaillés, pour constituer la brochure Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis), dont 1 200 000 exemplaires ont été distribués. Mais comment cette poignée d’Étudiants de la Bible (peut-être une centaine à l’époque) a-​t-​elle pu en distribuer autant?

      On s’intéresse aux pratiquants

      Certaines brochures ont été remises à des proches ou à des amis. Des journaux ont accepté d’en envoyer un exemplaire à chacun de leurs abonnés (on a principalement sollicité les hebdomadaires et les mensuels, pour que de nombreux habitants des campagnes reçoivent Nourriture pour les chrétiens réfléchis). Mais la plupart des brochures ont été distribuées quelques dimanches de suite devant des églises aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Les Étudiants de la Bible n’étaient pas assez nombreux pour s’en charger seuls; ils ont donc loué les services d’autres personnes.

      Frère Russell a envoyé deux de ses associés, J. Sunderlin et J. Bender, en Grande-Bretagne, pour y diriger la distribution de 300 000 exemplaires de la brochure. Frère Sunderlin s’est rendu à Londres, tandis que frère Bender s’est rendu plus au nord, en Écosse, puis est redescendu par étapes vers le sud. Les frères s’intéressaient surtout aux grandes villes. Ils recherchaient par petites annonces des hommes capables et les chargeaient par contrat de trouver suffisamment d’assistants pour distribuer la quantité de brochures qui leur était allouée. Près de 500 porteurs ont été recrutés sur la seule ville de Londres. En seulement deux dimanches consécutifs, la tâche était accomplie.

      La même année, des dispositions ont été prises pour que des Étudiants de la Bible en mesure de consacrer la moitié de leur temps ou plus à l’œuvre du Seigneur soient colporteurs et distribuent des manuels d’étude biblique. Ces précurseurs des pionniers d’aujourd’hui ont assuré à la bonne nouvelle une diffusion extraordinaire.

      Au cours de la décennie suivante, frère Russell a préparé un éventail de tracts permettant de diffuser facilement les remarquables vérités bibliques qui avaient déjà été comprises. Il a aussi écrit plusieurs tomes de L’Aurore du Millénium (ouvrage appelé plus tard Études des Écritures). Il a ensuite entrepris des voyages d’évangélisation à l’étranger.

      Russell se rend à l’étranger

      En 1891, il s’est rendu au Canada, où l’intérêt suscité à partir de 1880 a permis de rassembler 700 personnes à Toronto. Il est également allé en Europe en 1891 pour déterminer ce qui pouvait être fait en vue d’une plus grande diffusion de la vérité dans ces régions. Son voyage l’a conduit en Irlande, en Écosse, en Angleterre, dans de nombreux pays du continent européen, en Russie (dans l’actuelle Moldavie) et au Proche-Orient.

      Quelles conclusions a-​t-​il tirées de ce voyage? Il a écrit: “Il semble n’y avoir aucune opportunité ou facilité pour la vérité en Russie (...) ni le moindre espoir d’une moisson en Italie, en Turquie, en Autriche ou en Allemagne. Mais la Norvège, la Suède, le Danemark, la Suisse et particulièrement l’Angleterre, l’Irlande et l’Écosse sont des champs mûrs qui attendent la moisson. Ces champs semblent crier: ‘Venez nous aider’!” À l’époque, l’Église catholique interdisait toujours de lire la Bible, de nombreux protestants délaissaient leurs temples et beaucoup de gens, déçus par les Églises, rejetaient complètement les Écritures.

      Pour aider ces personnes affamées sur le plan spirituel, des efforts intensifs ont été déployés après le voyage de frère Russell en 1891 pour traduire les publications dans les langues parlées en Europe. Pour que les publications soient plus faciles à obtenir en Grande-Bretagne, des dispositions ont aussi été prises pour leur impression et leur stockage à Londres. Le “champ” britannique était effectivement mûr pour la moisson. Vers 1900, on y comptait déjà neuf congrégations et 138 Étudiants de la Bible, dont quelques colporteurs zélés. Quand frère Russell est retourné en Grande-Bretagne en 1903, un millier de personnes se sont réunies à Glasgow pour l’écouter parler des “Espérances et perspectives du Millénium”, 800 se sont rassemblées à Londres, et dans d’autres villes l’assistance a oscillé entre 500 et 600 personnes.

      En Italie, par contre, et conformément aux remarques de frère Russell, ce n’est que 17 ans après sa visite que la première congrégation des Étudiants de la Bible a été formée à Pinerolo. Et en Turquie? À la fin des années 1880, Basil Stephanoff avait prêché en Macédoine, dans ce qui était à l’époque la Turquie européenne. Il avait apparemment suscité de l’intérêt, mais de soi-disant frères l’ont accusé faussement et il a été emprisonné. Ce n’est qu’en 1909 qu’un ressortissant grec habitant Smyrne (aujourd’hui Izmir), en Turquie, a indiqué dans une lettre qu’un groupe de cette ville appréciait l’étude des publications de la Watch Tower. Pour ce qui est de l’Autriche, frère Russell est retourné à Vienne en 1911 pour y prononcer un discours, mais la réunion a été interrompue par des manifestants. En Allemagne aussi, l’intérêt ne s’est manifesté que lentement. Les Scandinaves, par contre, semblaient plus conscients de leurs besoins spirituels.

      Le message se répand parmi les Scandinaves

      De nombreux Suédois vivaient en Amérique. En 1883, on a traduit à leur intention un numéro de La Tour de Garde en suédois. Très vite, des Suédois d’Amérique ont fait parvenir par la poste des exemplaires de ce périodique à leurs amis et à leurs proches en Suède. Aucune publication n’avait encore été imprimée en norvégien. Toutefois, en 1892, l’année suivant le voyage de frère Russell en Europe, Knud Pederson Hammer, Norvégien qui avait connu la vérité en Amérique, est retourné en Norvège pour donner le témoignage à sa famille.

      Puis, en 1894, alors que l’on commençait à produire des publications en dano-norvégien, Sophus Winter, Américain d’origine danoise de 25 ans, a été envoyé au Danemark pour les y diffuser. Au printemps de l’année suivante, il avait distribué 500 tomes de L’Aurore du Millénium. Avant longtemps, quelques personnes qui avaient lu ces publications se sont jointes à lui dans l’activité. Malheureusement, il a plus tard perdu conscience de la valeur de son privilège; mais d’autres ont continué à faire briller leur lumière.

      Néanmoins, avant d’abandonner son service, Winter a déployé pendant quelque temps l’activité de colporteur en Suède. Peu après, sur l’île de Sturkö, August Lundborg, jeune capitaine de l’Armée du Salut, a vu chez un ami deux tomes de L’Aurore du Millénium. Il les lui a empruntés, les a lus avec empressement, a quitté l’Église et s’est mis à parler de ce qu’il avait appris. Un autre jeune homme, P. Johansson, a eu les yeux dessillés par un tract trouvé sur un banc, dans un jardin public.

      Le groupe suédois grossissait; certains se sont alors rendus en Norvège pour y diffuser des publications bibliques. Mais auparavant, des publications, envoyées par des résidents américains, étaient déjà entrées dans le pays. C’est par ce moyen que Rasmus Blindheim en est venu à servir Jéhovah. Entre autres Norvégiens, Theodor Simonsen, pasteur de la Mission libre, a connu la vérité dans les premières années de l’œuvre. Il s’est mis à réfuter l’enseignement de l’enfer de feu dans ses sermons de la Mission libre. Les paroissiens étaient tout excités, tant ces explications leur semblaient merveilleuses, mais quand il est devenu notoire qu’il avait pris connaissance de “L’Aurore du Millénium”, il a été destitué. Il a toutefois continué à parler des bonnes choses qu’il avait apprises. Un jeune homme, Andreas Øiseth, est entré en possession de publications. Lorsqu’il a acquis la certitude d’avoir trouvé la vérité, il a quitté l’exploitation familiale et il est devenu colporteur. Il prêchait avec méthode, n’oubliant aucune localité en montant vers le nord, puis redescendait le long des fjords. En hiver, il transportait nourriture, vêtements et publications sur un traîneau, et des gens hospitaliers lui offraient un toit. En huit ans de voyage, il a prêché la bonne nouvelle dans presque tout le pays.

      En 1906, Ebba, la femme d’August Lundborg, s’est rendue de Suède en Finlande pour y accomplir l’activité de colporteur. À peu près à la même époque, des hommes qui revenaient des États-Unis ont apporté dans leurs bagages des publications de la Société Watch Tower et se sont mis à parler de ce qu’ils apprenaient. C’est ainsi que quelques années plus tard Emil Österman, qui n’était pas satisfait de l’enseignement des Églises, a eu entre les mains Le divin Plan des Âges. Il en a parlé à son ami Kaarlo Harteva, qui lui aussi cherchait la vérité. Conscient de la valeur de cet ouvrage, Harteva l’a traduit en finnois et, avec le soutien financier d’Österman, il l’a fait publier. Ils ont alors tous deux entrepris de le diffuser. Animés par un authentique esprit d’évangélisation, ils s’adressaient aux gens dans les lieux publics, se rendaient de maison en maison et prononçaient des discours devant des salles combles. À Helsinki, après avoir dénoncé les fausses doctrines de la chrétienté, frère Harteva a mis au défi les auditeurs de défendre la croyance en l’immortalité de l’âme à l’aide de la Bible. Tous les regards se sont tournés vers un ecclésiastique qui était présent. Personne n’a répondu; pas un n’a su réfuter la déclaration explicite d’Ézéchiel 18:4. Certains ont raconté qu’ils ont eu du mal à dormir cette nuit-​là à cause de ce qu’ils avaient entendu.

      Un humble jardinier devient évangélisateur en Europe

      Entre-temps, Adolf Weber, sur le conseil d’une amie anabaptiste déjà âgée, a quitté la Suisse pour les États-Unis dans l’espoir d’y trouver une meilleure compréhension des Écritures. C’est là qu’il a répondu à une petite annonce et est devenu le jardinier de frère Russell. Grâce au Divin Plan des Âges (déjà traduit en allemand) et aux réunions tenues par frère Russell, Adolf a acquis la connaissance biblique qu’il recherchait, et il s’est fait baptiser en 1890. Les ‘yeux de son cœur ont été éclairés’ et il a pleinement compris quelles perspectives s’offraient à lui (Éph. 1:18). Après avoir donné avec zèle le témoignage pendant quelque temps aux États-Unis, il est retourné dans sa terre natale pour travailler “dans la vigne du Seigneur”. C’est ainsi qu’au milieu des années 1890 il était de retour en Suisse et communiquait la vérité biblique aux personnes réceptives.

      Adolf gagnait sa vie en travaillant comme jardinier et forestier, mais ce qui comptait le plus pour lui, c’était l’œuvre d’évangélisation. Il prêchait à ses collègues de travail ainsi qu’aux habitants des villes et villages suisses des environs. Il parlait plusieurs langues et en a profité pour traduire en français des publications de la Société. À l’approche de l’hiver, il remplissait son sac à dos de publications bibliques et partait à pied pour la France, poussant parfois vers le nord jusqu’en Belgique et vers le sud jusqu’en Italie.

      Afin de toucher les gens qu’il ne pouvait rencontrer personnellement, il faisait paraître des annonces dans des journaux et des périodiques pour proposer les manuels d’étude biblique disponibles. Élie Thérond, qui habitait le centre de la France, a répondu à une de ces annonces, a reconnu l’accent de la vérité et s’est rapidement mis à propager le message. De même, en Belgique, Jean-Baptiste Tilmant père a lu une annonce en 1901 et a commandé deux tomes de L’Aurore du Millénium. Il a été émerveillé de découvrir la vérité biblique exposée si clairement! Il n’a pas pu s’empêcher d’en parler à ses amis. L’année suivante, un groupe d’étude se réunissait régulièrement chez lui. Peu après, l’activité de ce petit groupe portait du fruit, même dans le nord de la France. Frère Weber a gardé le contact avec ces chrétiens et a rendu périodiquement des visites aux différents groupes qui se formaient pour les édifier sur le plan spirituel et leur donner des instructions sur la façon de communiquer la bonne nouvelle à autrui.

      La bonne nouvelle parvient en Allemagne

      Quelque temps après la parution de publications en allemand, dans le milieu des années 1880, des Américains d’origine allemande qui appréciaient ces ouvrages ont commencé à en envoyer à leurs proches restés au pays. Une infirmière de l’hôpital de Hambourg a remis des exemplaires de L’Aurore du Millénium à des personnes qu’elle côtoyait dans l’établissement. En 1896, en Suisse, Adolf Weber a fait paraître des annonces dans des journaux publiés en allemand et a envoyé par la poste des tracts en Allemagne. L’année suivante, un dépôt de publications a été ouvert en Allemagne pour faciliter la diffusion de l’édition allemande de La Tour de Garde, mais il n’y avait que peu de résultat. Toutefois, en 1902, Margarethe Demut, qui avait connu la vérité en Suisse, s’est installée à Tailfingen, à l’est de la Forêt-Noire. Sa prédication zélée a permis de jeter les bases d’un des premiers groupes d’Étudiants de la Bible en Allemagne. Samuel Lauper, un autre Suisse, s’est installé dans le Bergisches Land, au nord-est de Cologne, pour y propager la bonne nouvelle. En 1904, des réunions se tenaient dans cette région à Wermelskirchen. À ces réunions assistait un homme de 80 ans, Gottlieb Paas, qui cherchait la vérité. Peu de temps après la mise en place de ces réunions, sur son lit de mort Paas a brandi La Tour de Garde en disant: “Voici la vérité, restez-​y attachés.”

      Le nombre de personnes qui s’intéressaient aux vérités bibliques augmentait régulièrement. On a alors fait insérer des exemplaires gratuits de La Tour de Garde dans des journaux allemands, malgré le coût élevé de l’opération. Un rapport publié en 1905 indique que plus de 1 500 000 exemplaires de La Tour de Garde avaient été distribués. Cela constituait un véritable tour de force pour ce très petit groupe de chrétiens.

      Tous les Étudiants de la Bible n’étaient pas d’avis qu’il suffisait de s’adresser à leur entourage. Dès 1907, frère Erler, un Allemand, a entrepris des voyages en Bohême, dans l’Autriche-Hongrie d’alors (plus tard en Tchécoslovaquie). Il a distribué des publications qui annonçaient Harmaguédon et parlaient des bénédictions que connaîtrait ensuite l’humanité. En 1912, un autre Étudiant de la Bible avait diffusé des publications bibliques dans la région de Memel, aujourd’hui en Lituanie. De nombreuses personnes réagissaient avec enthousiasme au message, et plusieurs groupes assez importants d’Étudiants de la Bible ont rapidement été constitués. Toutefois, quand ces personnes ont appris que les véritables chrétiens doivent aussi être des témoins, leurs rangs se sont clairsemés. Il n’empêche que quelques-uns sont devenus d’authentiques imitateurs de Christ, “le témoin fidèle et vrai”. — Rév. 3:14.

      Quand Nikolaus von Tornow, baron allemand qui possédait de grandes propriétés en Russie, est allé en Suisse aux environs de 1907, il s’est vu remettre un des tracts de la Société Watch Tower. Deux années plus tard, il s’est présenté à une réunion de la congrégation de Berlin, en Allemagne, paré de son plus bel habit d’apparat et accompagné de son domestique personnel. Il lui a fallu du temps pour se faire à l’idée que Dieu confie de précieuses vérités à des gens modestes, mais ce qu’il a lu en 1 Corinthiens 1:26-29 l’y a aidé: “Vous voyez votre appel, frères: il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair qui ont été appelés, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens de haute naissance, (...) afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.” Convaincu d’avoir trouvé la vérité, von Tornow a vendu ses propriétés en Russie et a voué sa personne et ses biens à la cause du culte pur.

      C’est en 1911 que se sont mariés les Herkendell, deux jeunes Allemands. La jeune mariée a demandé à son père, en quelque sorte comme dot, de l’argent pour financer un voyage de noces inhabituel. Elle projetait avec son mari un voyage très actif qui durerait de longs mois. Durant leur lune de miel, ils ont effectué une tournée de prédication en Russie afin d’y rencontrer les habitants d’expression allemande. Ainsi donc, de diverses manières, des gens de toute condition communiquaient ce qu’ils avaient appris du dessein plein d’amour de Dieu.

      Accroissement en Grande-Bretagne

      À la suite de la distribution massive de publications qui s’était effectuée en 1881 en Grande-Bretagne, quelques personnes pratiquantes ont compris qu’elles devaient agir conformément à ce qu’elles venaient d’apprendre. Tom Hart, qui habitait le quartier d’Islington, à Londres, a été de ceux qui ont pris au sérieux le conseil biblique repris par La Tour de Garde, “Sortez d’elle, mon peuple”, autrement dit de sortir des Églises de la chrétienté, d’origine babylonienne, et de se conformer à l’enseignement de la Bible (Rév. 18:4). Il s’est retiré de son Église en 1884, et d’autres l’ont imité.

      De nombreuses personnes qui se réunissaient avec les groupes d’étude sont devenues des évangélisateurs efficaces. Certains proposaient les publications bibliques dans les parcs londoniens et dans des endroits où les gens venaient se détendre. D’autres concentraient leur activité dans les quartiers d’affaires. Mais la méthode classique consistait à se rendre de maison en maison.

      Sarah Ferrie, abonnée à La Tour de Garde, a écrit à frère Russell pour lui signaler qu’elle se portait volontaire avec quelques amis pour se rendre à Glasgow et y distribuer des tracts. Quelle n’a pas été sa surprise de voir un camion déposer devant sa porte 30 000 tracts gratuits à distribuer! Minnie Greenlees, accompagnée par ses trois jeunes fils, se sont mis à l’œuvre: ils ont parcouru la campagne écossaise en carriole pour y distribuer des publications bibliques. Plus tard, Alfred Greenlees et Alexander MacGillivray ont distribué à bicyclette des tracts dans une grande partie de l’Écosse. Cette tâche n’était plus confiée à des distributeurs rémunérés; des bénévoles voués à Dieu s’en chargeaient maintenant.

      Leur cœur les poussait

      Dans une de ses paraboles, Jésus a dit que les personnes qui ‘entendraient la parole avec un cœur excellent et bon’ porteraient du fruit. Leur profonde reconnaissance pour les dispositions pleines d’amour de Dieu les pousserait à communiquer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu à autrui (Luc 8:8, 11, 15). D’une manière ou d’une autre, elles y parviendraient.

      Ainsi, un voyageur argentin a reçu d’un marin italien une partie de la publication Nourriture pour les chrétiens réfléchis. Lors d’une escale au Pérou, ce voyageur a écrit pour en savoir davantage, et comme son intérêt était de plus en plus vif, en 1885 il a de nouveau écrit d’Argentine à l’éditeur de La Tour de Garde pour commander des publications. La même année, un marine anglais, qui était envoyé à Singapour avec son unité, a emporté La Tour de Garde. Ce périodique l’a enchanté et il s’en est servi là-bas à loisir pour faire connaître la pensée des Écritures sur des sujets de conversation courants. En 1910, deux chrétiennes se trouvaient à bord d’un bateau qui a fait escale dans le port de Colombo, à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka). Elles en ont profité pour donner le témoignage à M. Van Twest, officier de la capitainerie. Elles lui ont expliqué en détail les bonnes choses qu’elles avaient apprises dans le livre Le divin Plan des Âges. M. Van Twest est devenu Étudiant de la Bible, et la prédication a commencé à Sri Lanka.

      Même ceux qui ne pouvaient voyager s’efforçaient de communiquer les vérités réconfortantes de la Bible à des habitants d’autres pays. Il ressort d’une lettre de remerciement publiée en 1905 qu’un habitant des États-Unis avait envoyé Le divin Plan des Âges à un correspondant de Saint-Thomas, dans ce qui était à l’époque les Antilles danoises. Après l’avoir lu, cet homme s’est agenouillé et a exprimé son profond désir de faire la volonté de Dieu. En 1911, Bellona Ferguson, du Brésil, a déclaré qu’elle était “une preuve vivante, indiscutable, que personne n’est trop éloigné pour être touché” par les eaux de la vérité. Il semble qu’elle recevait depuis 1899 les publications de la Société par la poste. Peu avant la Première Guerre mondiale, un immigrant allemand du Paraguay a trouvé un tract de la Société dans sa boîte aux lettres. Il a commandé d’autres publications et a rapidement voulu couper les ponts avec les Églises de la chrétienté. Personne sur place ne pouvait le baptiser; son beau-frère et lui ont donc décidé de se baptiser l’un l’autre. Ainsi, le témoignage était donné jusque dans les parties les plus lointaines de la terre et portait du fruit.

      D’autres Étudiants de la Bible, par contre, se sont sentis poussés à retourner là où eux-​mêmes ou leurs parents étaient nés pour entretenir leurs amis et leurs proches du merveilleux dessein de Jéhovah et leur montrer comment en bénéficier. C’est ainsi qu’en 1895 frère Oleszynski est retourné en Pologne porteur de la bonne nouvelle concernant “la rançon, le rétablissement et l’appel d’en haut”; malheureusement, il n’a pas persévéré dans ce service. En 1898, un ancien professeur d’origine hongroise a quitté le Canada pour répandre le message capital de la Bible dans son pays natal. En 1905, un homme qui était devenu Étudiant de la Bible en Amérique est retourné en Grèce pour y donner le témoignage. De même, en 1913, un jeune homme revenant de New York a rapporté les graines de la vérité biblique dans la ville dont était originaire sa famille, Ramallah, non loin de Jérusalem.

      Les débuts de l’œuvre aux Antilles

      Tandis que le nombre d’évangélisateurs augmentait aux États-Unis, au Canada et en Europe, la vérité biblique commençait aussi à s’implanter au Panama, au Costa Rica, en Guyane néerlandaise (aujourd’hui le Suriname) et en Guyane britannique (aujourd’hui la Guyana). Joseph Brathwaite a reçu de l’aide pour comprendre le dessein divin alors qu’il se trouvait en Guyane britannique. Il est ensuite parti pour la Barbade en 1905 afin d’y enseigner les gens à plein temps. Louis Facey et H. Clarke, qui ont entendu la bonne nouvelle alors qu’ils travaillaient au Costa Rica, sont retournés à la Jamaïque en 1897 pour communiquer leur nouvelle foi à leurs compatriotes. Les Jamaïquains qui ont embrassé la vérité étaient très zélés. En la seule année 1906, le groupe de la Jamaïque a distribué quelque 1 200 000 tracts et autres publications. Un autre émigrant qui avait connu la vérité au Panama a rapporté à la Grenade le message d’espoir de la Bible.

      La révolution mexicaine de 1910-​1911 a également permis de faire connaître le message du Royaume de Dieu à des personnes affamées de vérité. Beaucoup de Mexicains ont fui vers les États-Unis. Là, certains ont rencontré des Étudiants de la Bible, ont appris que Jéhovah se propose d’offrir aux humains une paix durable, et ont envoyé des publications au Mexique. Ce n’était cependant pas la première fois que le message parvenait dans ce pays. En 1893 déjà, La Tour de Garde avait publié une lettre de F. Stephenson, du Mexique, qui avait lu quelques-unes des publications de la Société Watch Tower et qui en demandait d’autres pour en faire profiter des amis au Mexique et en Europe.

      Afin d’étendre la prédication des vérités bibliques à d’autres îles des Antilles et d’organiser régulièrement des réunions d’étude, frère Russell a envoyé en 1911 Evander Coward au Panama, puis dans les îles. Frère Coward était un orateur énergique et original, et il drainait souvent des foules de plusieurs centaines de personnes à l’occasion de ses discours dans lesquels il réfutait les doctrines de l’enfer de feu et de l’immortalité de l’âme humaine, et parlait de l’avenir magnifique de la terre. Pour toucher le plus grand nombre, il se déplaçait d’une ville à l’autre, et d’une île à l’autre: Sainte-Lucie, Dominique, Saint-Christophe, la Barbade, Grenade et la Trinité. Il a aussi pris la parole en public en Guyane britannique. Alors qu’il se trouvait au Panama, il a rencontré William Brown, un jeune frère jamaïquain très zélé, qui a ensuite servi à ses côtés dans plusieurs îles des Antilles. Frère Brown a plus tard participé à l’inauguration de l’œuvre dans d’autres territoires.

      En 1913, frère Russell s’est lui-​même rendu au Panama, à Cuba et en Jamaïque et y a prononcé des discours publics. À Kingston, en Jamaïque, l’un d’eux a été suivi par une foule rassemblée dans deux salles, mais il restait encore 2 000 personnes qui ne pouvaient entrer. La presse a fait remarquer que l’orateur n’avait pas parlé d’argent et que l’on n’avait pas fait de collecte.

      La lumière de la vérité parvient en Afrique

      À cette époque, la lumière de la vérité est également parvenue en Afrique. Dans une lettre postée en 1884 au Liberia, un homme qui aimait lire la Bible faisait savoir qu’il était entré en possession d’un exemplaire de Nourriture pour les chrétiens réfléchis, et en commandait d’autres pour les distribuer. Quelques années plus tard, un rapport signalait qu’un ecclésiastique libérien s’était défroqué pour être libre d’enseigner les vérités bibliques apprises dans La Tour de Garde et qu’un groupe d’Étudiants de la Bible tenaient régulièrement des réunions.

      Un ministre de l’Église réformée hollandaise qui s’est rendu des Pays-Bas en Afrique du Sud en 1902 a emporté des publications de Charles Russell. Ce pasteur n’a pas vraiment tiré profit de ce livre, contrairement à Frans Ebersohn et à Stoffel Fourie, qui ont vu cette publication dans sa bibliothèque. Quelques années plus tard, deux Étudiantes de la Bible zélées sont venues d’Écosse s’installer à Durban pour y grossir les rangs des chrétiens locaux.

      Malheureusement, parmi ceux qui ont reçu les publications écrites par frère Russell et en ont parlé à d’autres, quelques-uns, comme Joseph Booth et Elliott Kamwana, y ont mêlé des idées personnelles, invitant à militer en faveur d’un changement social. Cela tendait à donner une image faussée des authentiques Étudiants de la Bible en Afrique du Sud et au Nyassaland (appelé plus tard Malawi). Il n’empêche que beaucoup ont entendu le message qui présente le Royaume de Dieu comme l’unique solution aux problèmes de l’humanité, et ils l’ont apprécié.

      Mais il allait falloir encore attendre des années avant que la prédication s’étende en Afrique.

      L’Extrême-Orient et les îles du Pacifique

      Les publications bibliques éditées par Charles Russell sont arrivées en Extrême-Orient peu après leur diffusion en Grande-Bretagne. En 1883, Mlle C. Downing, missionnaire presbytérienne à Tche-fou (Yantaï), en Chine, a reçu un numéro de La Tour de Garde. Elle a apprécié les explications sur la doctrine du rétablissement et a prêté le périodique à d’autres missionnaires, parmi lesquels Horace Randle, membre du Conseil des missions baptistes. L’intérêt de cet homme a été plus tard avivé quand il a vu dans le Times de Londres une publicité pour L’Aurore du Millénium dont il a ensuite reçu deux exemplaires, un de Mlle Downing, l’autre de sa mère qui habitait en Angleterre. De prime abord, il a été outré par son contenu. Mais quand il a acquis la conviction que la Trinité n’est pas un enseignement biblique, il s’est retiré de l’Église baptiste et s’est mis en devoir de faire profiter d’autres missionnaires de ce qu’il avait appris. En 1900, il a signalé qu’il avait envoyé 2 324 lettres et quelque 5 000 tracts à des missionnaires en Chine, au Japon, en Corée et au Siam (Thaïlande). En Extrême-Orient, en ce temps-​là, le témoignage était surtout donné aux missionnaires de la chrétienté.

      Dans la même période, des graines de vérité étaient aussi semées en Australie et en Nouvelle-Zélande. Les premières “graines” ont sans doute été apportées en Australie en 1884 ou peu après par un homme qui avait rencontré un Étudiant de la Bible dans un parc en Angleterre. D’autres “graines” ont été envoyées au gré des courriers entre amis et proches.

      Quelques années seulement après la création du Commonwealth australien en 1901, La Tour de Garde y comptait des centaines d’abonnés. Certains ont saisi le privilège de communiquer la vérité à autrui et ont envoyé des milliers de tracts en s’aidant des listes électorales. On en distribuait d’autres dans les rues, et dans les régions reculées on en jetait des liasses depuis les trains pour atteindre les ouvriers et ceux qui habitaient le long des lignes de chemin de fer. On avertissait les gens que les temps des Gentils s’achèveraient en 1914. En Australie occidentale, Arthur Williams père en parlait à tous les clients de son magasin et invitait ceux qui étaient bien disposés à venir en discuter chez lui.

      On ignore qui a introduit la vérité biblique en Nouvelle-Zélande. Toujours est-​il qu’en 1898, Andrew Anderson, un résident, avait lu suffisamment de publications de la Société Watch Tower pour se dépenser dans le service de colporteur. Il a été épaulé en 1904 par d’autres colporteurs venus d’Amérique et de la filiale d’Australie, filiale qui avait été ouverte cette année-​là. Mme Thomas Barry, de Christchurch, a accepté six tomes des Études des Écritures que lui a proposés l’un des colporteurs. En 1906, son fils Bill, embarqué pour l’Angleterre, a profité des six semaines de voyage pour les lire et a reconnu qu’ils disaient vrai. Le fils de Bill, Lloyd, est devenu des années plus tard membre du Collège central des Témoins de Jéhovah.

      Ed Nelson faisait partie des prédicateurs zélés des débuts de l’œuvre. Le tact n’était pas son fort, mais il a consacré 50 années de sa vie à propager le message du Royaume du nord au sud de la Nouvelle-Zélande. Au bout de quelques années, il a été rejoint par Frank Grove, qui travaillait sa mémoire pour compenser sa mauvaise vue et qui a également été pionnier pendant plus de 50 ans, jusqu’à sa mort.

      Un tour du monde pour étendre la prédication de la bonne nouvelle

      Une nouvelle action de grande envergure a été menée en 1911-​1912 pour aider les habitants des pays d’Orient. L’Association internationale des Étudiants de la Bible a dépêché un comité de sept hommes dirigé par Charles Russell pour évaluer la situation sur place. Tout au long de leur périple, ils ont expliqué que Dieu se propose de procurer des bénédictions à l’humanité par le moyen du Royaume messianique. Parfois, les auditeurs étaient peu nombreux, mais aux Philippines et en Inde, par exemple, ils étaient des milliers. Cette campagne n’avait pas pour but de collecter des fonds en vue de la conversion du monde, comme cela se pratiquait couramment à l’époque dans la chrétienté. Ces frères ont remarqué que les missionnaires de la chrétienté s’efforçaient surtout de promouvoir des systèmes éducatifs. Mais frère Russell était convaincu que les gens avaient par-dessus tout besoin de “la bonne nouvelle au sujet de Dieu qui, dans son amour, a prévu que vienne le Royaume messianique”. Loin d’espérer convertir le monde, les Étudiants de la Bible comprenaient grâce aux Écritures qu’il fallait donner un témoignage, et que cela permettrait le rassemblement de “quelques élus de toutes nations, peuples, tribus et langues, qui deviendraient membres de la classe de l’Épouse [du Christ], s’assiéraient avec lui sur son trône pendant les mille ans, et contribueraient à élever l’ensemble de la race humaine”a. — Rév. 5:9, 10; 14:1-5.

      Après avoir passé du temps au Japon, en Chine, aux Philippines et en d’autres endroits, les frères composant ce comité ont parcouru 6 400 kilomètres de plus pour se rendre en Inde. Quelques résidents avaient lu des publications de la Société et avaient envoyé des lettres de remerciement dès 1887. Un jeune homme qui avait fait ses études en Amérique avait rencontré frère Russell et avait connu la vérité. À partir de 1905, il avait donné le témoignage parmi les habitants d’expression tamoule. Ce jeune homme a collaboré à la formation d’une quarantaine de groupes d’étude de la Bible dans le sud de l’Inde. Mais, après avoir prêché aux autres, il est lui-​même devenu un homme désapprouvé pour avoir négligé les règles de conduite chrétiennes. — Voir 1 Corinthiens 9:26, 27.

      Toutefois, à peu près à la même époque, dans le Travancore (Kerala), A. Joseph a écrit à un adventiste renommé pour demander certains éclaircissements et a reçu en guise de réponse un tome des Études des Écritures. Il y a trouvé des réponses bibliques satisfaisantes à ses questions concernant la Trinité. Bientôt, lui et des membres de sa famille ont parcouru les rizières et les plantations de cocotiers du sud de l’Inde pour communiquer les enseignements qu’ils venaient de découvrir. Après la visite de frère Russell en 1912, frère Joseph s’est engagé dans le service à plein temps. Il a voyagé en train, en char à bœufs, en bateau ou à pied pour distribuer des publications bibliques. Ses discours publics étaient souvent interrompus par des ecclésiastiques et leurs fidèles. À Kundara, alors qu’un membre du clergé “chrétien” poussait ses ouailles à perturber une réunion et à lancer de la boue sur frère Joseph, un hindou de haute naissance est venu voir quel était ce tumulte. Il a demandé à l’homme d’Église: “Est-​ce là l’exemple laissé par Christ aux chrétiens, ou n’êtes-​vous pas en train d’imiter les Pharisiens du temps de Jésus?” L’ecclésiastique a alors battu en retraite.

      Avant que ne s’achève le voyage de quatre mois du comité de l’AIÉB, frère Russell a chargé frère Robert Hollister de représenter la Société en Orient et de veiller à ce que s’effectue l’annonce du Royaume messianique, une disposition divine pleine d’amour. Des tracts spéciaux ont été imprimés en dix langues et des millions d’exemplaires ont été distribués en Inde, en Chine, au Japon et en Corée par des autochtones. On a ensuite traduit des livres en quatre langues orientales pour procurer une nourriture spirituelle plus abondante aux personnes bien disposées. Le territoire était vaste et il restait beaucoup à faire. Il n’empêche qu’un travail extraordinaire avait déjà été réalisé à l’époque.

      Un témoignage impressionnant a été donné

      Avant que n’éclate la dévastatrice Première Guerre mondiale, un très grand témoignage avait été donné dans le monde entier. Frère Russell avait effectué des tournées pour prononcer des discours dans des centaines de villes aux États-Unis et au Canada, entrepris plusieurs voyages en Europe, pris la parole au Panama, à la Jamaïque, à Cuba, ainsi que dans les principales villes d’Orient. Des dizaines de milliers d’auditeurs avaient suivi ses discours vibrants et l’avaient vu répondre en public aux questions bibliques que posaient tant ses amis que ses détracteurs. Cela avait suscité beaucoup d’intérêt, et des milliers de journaux d’Amérique, d’Europe, d’Afrique du Sud et d’Australie publiaient régulièrement des sermons de frère Russell. Les Étudiants de la Bible avaient distribué des millions de livres, ainsi que des centaines de millions de tracts et autres imprimés en 35 langues.

      Même s’il a joué un rôle de premier plan, frère Russell n’était pas le seul à prêcher. Des hommes et des femmes disséminés dans le monde entier unissaient leurs voix comme témoins de Jéhovah et de son Fils, Jésus Christ. Tous ne prononçaient pas des discours publics. Ils étaient issus de tous milieux et exploitaient toutes les possibilités qui s’offraient à eux pour répandre la bonne nouvelle.

      En janvier 1914, à moins d’un an de la fin des temps des Gentils, un autre témoignage puissant a été rendu grâce au “Photo-Drame de la Création”, qui illustrait d’une manière nouvelle le dessein de Dieu à l’égard de la terre. Il consistait en belles vues fixes en couleurs peintes à la main et en films accompagnés d’un enregistrement sonore. Aux États-Unis, la presse a signalé que chaque semaine des centaines de milliers de personnes assistaient aux projections. Aux États-Unis et au Canada réunis, au bout d’un an, près de huit millions de spectateurs avaient vu le Photo-Drame. À Londres, les foules se sont massées à l’Opéra et au Royal Albert Hall pour assister à cette présentation qui consistait en quatre séances de deux heures. En six mois, plus de 1 226 000 personnes avaient pu la voir dans 98 villes de Grande-Bretagne. En Allemagne et en Suisse, les salles disponibles étaient combles. De larges auditoires se sont également rassemblés en Scandinavie et dans le Pacifique Sud.

      Vraiment, dans le monde entier, un témoignage remarquable et puissant a été rendu dans les premières décennies de l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah! Mais, à vrai dire, l’œuvre n’en était qu’à ses débuts.

      Les prédicateurs qui répandaient la vérité biblique n’étaient que quelques centaines au début des années 1880. En 1914, d’après les chiffres disponibles, ils étaient environ 5 100 à prendre part à l’activité. D’autres distribuaient peut-être quelques tracts occasionnellement. Les ouvriers étaient relativement peu nombreux.

      Ce petit groupe d’évangélisateurs avaient déjà, de diverses manières, étendu leur proclamation du Royaume de Dieu à 68 pays à la fin de 1914. Dans 30 de ces pays, l’organisation de leur activité de prédication et d’enseignement était déjà en bonne voie.

      Des millions de livres et des centaines de millions de tracts ont été distribués avant la fin des temps des Gentils. Par ailleurs, en 1913, pas moins de 2 000 journaux publiaient régulièrement des sermons écrits par Charles Russell, et, en 1914, plus de 9 000 000 de personnes ont vu sur trois continents le “Photo-Drame de la Création”.

      Vraiment, un témoignage extraordinaire a été donné! Mais la suite allait se révéler encore plus impressionnante.

      [Note]

      a Un récit détaillé de ce tour du monde a été publié dans La Tour de Garde du 15 avril 1912 (angl.).

      [Carte/Illustration, page 405]

      Charles Russell a prononcé des discours dans plus de 300 villes (dans les lieux signalés par des points) d’Amérique du Nord et des Antilles, souvent en 10 ou 15 occasions différentes.

      [Carte]

      (Voir la publication)

      [Carte, page 407]

      (Voir la publication)

      Tournées de prédication de frère Russell en Europe, qui passaient généralement par l’Angleterre.

      1891

      1903

      1908

      1909

      1910 (deux fois)

      1911 (deux fois)

      1912 (deux fois)

      1913

      1914

      [Carte/Illustration, page 408]

      Lorsqu’il a acquis la certitude d’avoir trouvé la vérité, Andreas Øiseth s’est mis à distribuer avec zèle des publications bibliques dans presque toute la Norvège.

      [Carte]

      (Voir la publication)

      NORVÈGE

      Cercle arctique

      [Carte/Illustration, page 409]

      Depuis la Suisse, Adolf Weber, humble jardinier, a répandu la bonne nouvelle dans d’autres pays d’Europe.

      [Carte]

      (Voir la publication)

      BELGIQUE

      ALLEMAGNE

      SUISSE

      ITALIE

      FRANCE

      [Carte/Illustration, page 413]

      Bellona Ferguson, au Brésil: “Personne n’est trop éloigné pour être touché.”

      [Carte]

      (Voir la publication)

      BRÉSIL

      [Carte, page 415]

      (Voir la publication)

      ALASKA

      CANADA

      GROENLAND

      SAINT-PIERRE ET MIQUELON

      ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

      BERMUDES

      BAHAMAS

      ÎLES TURKS ET CAÏQUES

      CUBA

      MEXIQUE

      BÉLIZE

      JAMAÏQUE

      HAÏTI

      RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

      PORTO RICO

      ÎLES CAÏMANES

      GUATEMALA

      SALVADOR

      HONDURAS

      NICARAGUA

      COSTA RICA

      PANAMA

      VENEZUELA

      GUYANA

      SURINAME

      GUYANE

      COLOMBIE

      ÉQUATEUR

      PÉROU

      BRÉSIL

      BOLIVIE

      PARAGUAY

      CHILI

      ARGENTINE

      URUGUAY

      MALOUINES

      ÎLES VIERGES (USA)

      ÎLES VIERGES (G.-B.)

      ANGUILLA

      SAINT-MARTIN

      SABA

      SAINT-EUSTACHE

      SAINT-CHRISTOPHE

      NIÉVÈS

      ANTIGUA

      MONTSERRAT

      GUADELOUPE

      DOMINIQUE

      MARTINIQUE

      SAINTE-LUCIE

      SAINT-VINCENT

      BARBADE

      GRENADE

      TRINITÉ

      ARUBA

      BONAIRE

      CURAÇAO

      OCÉAN ATLANTIQUE

      MER DES ANTILLES

      OCÉAN PACIFIQUE

      [Carte, pages 416, 417]

      (Voir la publication)

      GROENLAND

      SUÈDE

      ISLANDE

      NORVÈGE

      ÎLES FÉROÉ

      FINLANDE

      RUSSIE

      ESTONIE

      LETTONIE

      LITUANIE

      BIÉLORUSSIE

      UKRAINE

      MOLDAVIE

      GÉORGIE

      ARMÉNIE

      AZERBAÏDJAN

      TURKMÉNISTAN

      OUZBÉKISTAN

      KAZAKHSTAN

      TADJIKISTAN

      KIRGHIZISTAN

      POLOGNE

      ALLEMAGNE

      PAYS-BAS

      DANEMARK

      GRANDE-BRETAGNE

      IRLANDE

      BELGIQUE

      LUXEMBOURG

      LIECHTENSTEIN

      SUISSE

      TCHÉCOSLOVAQUIE

      AUTRICHE

      HONGRIE

      ROUMANIE

      YOUGOSLAVIE

      SLOVÉNIE

      CROATIE

      BOSNIE-HERZÉGOVINE

      BULGARIE

      ALBANIE

      ITALIE

      GIBRALTAR

      ESPAGNE

      PORTUGAL

      MADÈRE

      MAROC

      SAHARA OCCIDENTAL

      SÉNÉGAL

      ALGÉRIE

      LIBYE

      ÉGYPTE

      LIBAN

      ISRAËL

      CHYPRE

      SYRIE

      TURQUIE

      IRAQ

      IRAN

      BAHREÏN

      KOWEÏT

      JORDANIE

      ARABIE SAOUDITE

      QATAR

      ÉMIRATS ARABES UNIS

      OMAN

      YÉMEN

      DJIBOUTI

      SOMALIE

      ÉTHIOPIE

      SOUDAN

      TCHAD

      NIGER

      MALI

      MAURITANIE

      GAMBIE

      GUINÉE-BISSAO

      SIERRA LEONE

      LIBERIA

      CÔTE D’IVOIRE

      GHANA

      TOGO

      BÉNIN

      GUINÉE ÉQUATORIALE

      SAINTE-HÉLÈNE

      GUINÉE

      BURKINA FASO

      NIGERIA

      RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

      CAMEROUN

      SAO TOMÉ

      CONGO

      GABON

      ZAÏRE

      ANGOLA

      ZAMBIE

      NAMIBIE

      BOTSWANA

      AFRIQUE DU SUD

      LESOTHO

      SWAZILAND

      MOZAMBIQUE

      MADAGASCAR

      RÉUNION

      MAURICE

      RODRIGUES

      ZIMBABWE

      MAYOTTE

      COMORES

      SEYCHELLES

      MALAWI

      TANZANIE

      BURUNDI

      RWANDA

      OUGANDA

      FRANCE

      PAKISTAN

      AFGHANISTAN

      NÉPAL

      BHOUTAN

      MYANMAR

      BANGLADESH

      INDE

      SRI LANKA

      GRÈCE

      MALTE

      TUNISIE

      KENYA

      OCÉAN ATLANTIQUE

      OCÉAN INDIEN

      ALASKA

      MONGOLIE

      RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

      JAPON

      RÉPUBLIQUE DE CORÉE

      CHINE

      MACAO

      TAÏWAN

      HONG-KONG

      LAOS

      THAÏLANDE

      VIÊT NAM

      CAMBODGE

      PHILIPPINES

      BRUNÉI

      MALAISIE

      SINGAPOUR

      INDONÉSIE

      SAIPAN

      ROTA

      GUAM

      YAP

      BELAU

      CHUUK

      POHNPEI

      KOSRAE

      ÎLES MARSHALL

      NAURU

      PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE

      AUSTRALIE

      NOUVELLE-ZÉLANDE

      ÎLE NORFOLK

      NOUVELLE-CALÉDONIE

      ÎLES WALLIS ET FUTUNA

      VANUATU

      TUVALU

      FIDJI

      KIRIBATI

      TOKELAU

      HAWAII

      SAMOA OCCIDENTALES

      SAMOA AMÉRICAINES

      NIUE

      TONGA

      ÎLES COOK

      TAHITI

      ÎLES SALOMON

      OCÉAN PACIFIQUE

      OCÉAN INDIEN

      [Carte/Illustration, page 421]

      A. Joseph, originaire de l’Inde, et sa fille, Gracie, qui est plus tard devenue missionnaire de Galaad.

      [Carte]

      (Voir la publication)

      INDE

      [Illustration, page 411]

      Hermann Herkendell a entrepris avec sa femme un voyage de noces de plusieurs mois pour prêcher aux personnes d’expression allemande en Russie.

      [Illustrations, page 412]

      Les colporteurs d’Angleterre et d’Écosse se sont efforcés de donner le témoignage à tout le monde; même leurs enfants aidaient à distribuer les tracts.

      [Illustration, page 414]

      Evander Coward a répandu la vérité biblique avec zèle aux Antilles.

      [Illustration, page 418]

      Frank Grove, à gauche, et Ed Nelson (ici avec leurs femmes) ont tous deux répandu le message du Royaume à plein temps dans toute la Nouvelle-Zélande pendant plus de 50 ans.

      [Illustrations, page 420]

      Charles Russell et six collaborateurs ont effectué un voyage autour du monde en 1911-​1912 pour étendre la prédication de la bonne nouvelle.

  • Partie 2 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
    Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
    • Chapitre 22

      Partie 2 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre

      Les pages 423 à 443 du présent ouvrage traitent de la proclamation du Royaume de 1914 à 1935. Pour les Témoins de Jéhovah, 1914 est l’année où Jésus Christ a été intronisé Roi dans le ciel et a reçu autorité sur les nations. Quand il était sur la terre, Jésus a annoncé que le message du Royaume serait prêché dans le monde entier en dépit d’une persécution virulente, ce qui constituerait l’un des éléments du signe de sa présence en tant que Roi. Que s’est-​il effectivement passé durant les années qui ont suivi 1914?

      EN 1914, l’Europe a rapidement sombré dans la Première Guerre mondiale. Puis ce conflit s’est étendu au point de toucher des pays dont le nombre d’habitants, estime-​t-​on, représentait en tout 90 % de la population mondiale. Quelle répercussion les événements liés à ce conflit ont-​ils eue sur la prédication des serviteurs de Jéhovah?

      Les sombres années de la Première Guerre mondiale

      Pendant les premières années de cette guerre, la prédication a été peu entravée, sauf en Allemagne et en France. On distribuait librement des tracts un peu partout, et on a continué de présenter le “Photo-Drame”, quoique sur une échelle beaucoup plus réduite, après 1914. Aux Antilles britanniques, alors que la fièvre de la guerre gagnait les esprits, le clergé a fait courir le bruit qu’Evander Coward, le représentant de la Société Watch Tower, était un espion allemand; celui-ci a donc été expulsé. L’opposition s’est faite plus vive lorsqu’on a commencé à distribuer le livre Le mystère accompli, en 1917.

      Ce livre a rencontré un grand succès auprès du public. En quelques mois seulement, la Société a dû plus que décupler la commande qu’elle avait passée initialement aux imprimeurs. Mais le clergé de la chrétienté était furieux, car ce livre dévoilait ses fausses doctrines. Les ecclésiastiques ont donc profité de l’hystérie provoquée par la guerre pour dénigrer les Étudiants de la Bible auprès des autorités. À travers tous les États-Unis, des hommes et des femmes ont été molestés par la foule, parfois enduits de goudron et recouverts de plumes, pour avoir distribué des publications éditées par les Étudiants de la Bible. Au Canada, des perquisitions ont eu lieu, et des personnes trouvées en possession de publications de l’Association internationale des Étudiants de la Bible ont été condamnées à de lourdes amendes ou à des peines de prison. Cependant, Thomas J. Sullivan, qui était alors à Port Arthur (Ontario), a relaté qu’en une certaine occasion, alors qu’il était incarcéré pour une nuit, les policiers ont emporté pour eux-​mêmes et leurs amis des publications interdites, et ont ainsi distribué tout le stock dont ils disposaient — soit 500 ou 600 exemplaires environ.

      Pas même le siège mondial de la Société Watch Tower n’a été épargné, et des membres du personnel administratif ont été condamnés à de longues peines de prison. Pour leurs ennemis, les Étudiants de la Bible avaient reçu un coup mortel. Ils avaient pour ainsi dire cessé d’accomplir toute œuvre de témoignage susceptible de retenir l’attention du public.

      Néanmoins, même derrière les barreaux, les Étudiants de la Bible ont saisi des occasions de parler aux autres détenus des desseins divins. Quand les membres du bureau exécutif de la Société et leurs proches collaborateurs sont arrivés à la prison d’Atlanta (Géorgie), on leur a, dans un premier temps, interdit de prêcher. Toutefois, ils ont discuté de la Bible entre eux, et leur conduite a intrigué les autres détenus. Au bout de quelques mois, le sous-directeur leur a demandé de donner des cours d’instruction religieuse aux prisonniers. L’assistance à ces cours a fini par atteindre 90 personnes environ.

      D’autres chrétiens fidèles ont également trouvé des moyens de donner le témoignage pendant ces années de guerre. Dans certains cas, ils ont pu ainsi proclamer le message du Royaume dans des pays où la bonne nouvelle n’avait jamais été prêchée. Ainsi, en 1915, à New York, un Étudiant de la Bible d’origine colombienne a envoyé un exemplaire en espagnol du livre Le divin Plan des Âges à un homme de Bogotá (Colombie). Au bout de six mois, il a reçu une réponse de cet homme, Ramón Salgar. Celui-ci avait étudié attentivement le livre, l’avait apprécié et désirait en recevoir 200 exemplaires en vue de les distribuer. De son côté, frère J. Mayer, de Brooklyn (New York), a posté de nombreux exemplaires en espagnol du tract mensuel L’Étudiant de la Bible. Un grand nombre de ces tracts sont parvenus en Espagne. Par ailleurs, lorsqu’Alfred Joseph a quitté la Barbade pour travailler en Sierra Leone (Afrique occidentale), il a saisi les occasions qui se sont offertes à lui d’y donner le témoignage concernant les vérités bibliques qu’il venait d’apprendre.

      Les colporteurs, dont le ministère consistait à rendre visite aux gens à leur domicile et dans les quartiers d’affaires, rencontraient souvent davantage de difficultés. Mais plusieurs sont allés au Salvador, au Honduras et au Guatemala, où, dès 1916, ils ont activement communiqué à autrui les vérités salvatrices. Durant cette période, Fanny Mackenzie, une Anglaise qui était colporteur, s’est rendue deux fois en Extrême-Orient par bateau; elle a fait escale en Chine, au Japon et en Corée pour y distribuer des publications bibliques, puis elle a entretenu par courrier l’intérêt pour le message qu’elle avait suscité chez des personnes bien disposées.

      Toutefois, selon les archives disponibles, le nombre d’Étudiants de la Bible qui prenaient part à la prédication de la bonne nouvelle en 1918 était de 20 % inférieur au nombre enregistré en 1914. Allaient-​ils persister dans leur ministère malgré le dur traitement qui leur avait été infligé durant les années de guerre?

      Revivifiés

      Le 26 mars 1919, le président de la Société Watch Tower et ses collaborateurs, qui étaient injustement détenus, ont été relaxés. Des dispositions ont rapidement été prises pour promouvoir la proclamation de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans le monde entier.

      En septembre de cette année-​là, à l’assemblée générale de Cedar Point (Ohio), Joseph Rutherford, alors président de la Société, a prononcé un discours soulignant que la proclamation du glorieux Royaume messianique de Dieu constituait l’activité primordiale des serviteurs de Jéhovah.

      À l’époque, cependant, ceux qui participaient à cette activité étaient peu nombreux. Certains qui, par crainte, avaient cessé de témoigner en 1918 sont redevenus actifs et quelques autres se sont joints à eux. Mais les archives disponibles montrent qu’en 1919 ils n’étaient que 5 700 environ à donner activement le témoignage dans 43 pays. Pourtant, Jésus avait annoncé ceci: “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations.” (Mat. 24:14). Comment cette prophétie pourrait-​elle s’accomplir? Ils ne le savaient pas, pas plus qu’ils ne savaient pendant combien de temps encore la prédication se poursuivrait. Malgré tout, ceux d’entre eux qui étaient de fidèles serviteurs de Dieu étaient bien décidés à poursuivre l’œuvre. Ils étaient confiants que Jéhovah dirigerait les choses selon sa volonté.

      Ils se sont donc mis au travail, remplis de zèle pour l’œuvre qu’ils voyaient esquissée dans la Parole de Dieu. Les rapports disponibles indiquent qu’en trois ans le nombre des prédicateurs du Royaume de Dieu a presque triplé, et en 1922 ils prêchaient diligemment dans 15 pays de plus qu’en 1919.

      Un sujet étonnant

      Ils proclamaient ce message galvanisant: “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais.” Frère Rutherford avait présenté un discours sur ce thème en 1918. Tel était aussi le titre d’une brochure de 128 pages publiée en 1920 en anglais. De 1920 à 1925, ce même sujet a été traité à de nombreuses reprises dans le cadre de réunions publiques à travers le monde, partout où des orateurs étaient disponibles, et en plus de 30 langues. Au lieu de dire, comme la chrétienté, que tous les bons iraient au ciel, ce discours attirait l’attention sur l’espérance biblique offerte aux humains obéissants de vivre éternellement sur une terre transformée en paradis (És. 45:18; Rév. 21:1-5). D’autre part, il exprimait la conviction que la réalisation de cette espérance était très proche.

      On annonçait ce discours au moyen d’avis dans les journaux et d’affiches. Son thème intriguait les gens. Le 26 février 1922, rien qu’en Allemagne, plus de 70 000 personnes l’ont écouté en 121 endroits. Il n’était pas rare que l’assistance s’élève à plusieurs milliers de personnes. Par exemple, au Cap (Afrique du Sud), 2 000 personnes se sont massées à l’Opéra pour écouter ce discours. Dans la capitale norvégienne, non seulement la salle de conférences de l’université était comble, mais on avait refusé tant de personnes qu’il a fallu redonner le discours une heure et demie après — à nouveau devant une salle comble.

      À Klagenfurt (Autriche), Richard Heide a dit à son père: “Je vais aller écouter ce discours, peu importe ce qu’en disent les gens. Je veux savoir si ce n’est que du bluff ou s’il y a du vrai là-dedans!” Ce qu’il a entendu l’a profondément touché et, peu après, lui et sa sœur, ainsi que leurs parents, faisaient connaître à autrui ce qu’ils avaient appris.

      Cependant, le message biblique n’était pas uniquement destiné à l’auditoire des discours publics. Il fallait le communiquer à d’autres encore, non seulement à la population en général, mais aussi aux dirigeants politiques et religieux. Comment y parviendrait-​on?

      De puissantes déclarations sont diffusées

      Les imprimés ont permis de toucher des millions de personnes qui jusque-​là avaient seulement entendu parler des Étudiants de la Bible et du message qu’ils proclamaient. De 1922 à 1928, on a donné un témoignage efficace au moyen de sept puissantes déclarations imprimées reprenant les résolutions adoptées lors des assemblées annuelles des Étudiants de la Bible. Le tirage total de la plupart de ces résolutions a atteint les 45 à 50 millions d’exemplaires — chiffre vraiment prodigieux pour le petit nombre de prédicateurs du Royaume de l’époque!

      La résolution de 1922 s’intitulait “Un appel aux conducteurs des nations!” Elle les mettait au défi de justifier leur prétention de pouvoir apporter la paix, la prospérité et le bonheur aux humains, ou, s’ils n’y parvenaient pas, de reconnaître que seul le Royaume de Dieu dirigé par le Messie en était capable. En Allemagne, cette résolution a été envoyée en recommandé au kaiser allemand en exil, ainsi qu’au président et à tous les membres du Reichstag; en outre, on en a distribué quelque quatre millions et demi d’exemplaires au public. En Afrique du Sud, Edwin Scott, un sac d’imprimés sur le dos et un bâton à la main pour repousser les chiens méchants, a parcouru 64 villes et distribué à lui seul 50 000 exemplaires de la résolution. Par la suite, dans ce pays, quand les pasteurs de l’Église réformée hollandaise passaient chez les paroissiens pour une collecte, beaucoup leur mettaient un exemplaire de la résolution sous le nez et leur disaient: “Si vous lisiez ceci, vous ne reviendriez pas nous réclamer de l’argent!”

      En 1924, on a adopté la résolution intitulée “Acte d’accusation contre le clergé”. Elle dénonçait les enseignements et les pratiques non bibliques du clergé, ainsi que le rôle qu’il avait joué durant la guerre mondiale, et elle exhortait les gens à étudier la Bible pour découvrir par eux-​mêmes les merveilleuses dispositions prises par Dieu pour le bonheur de l’humanité. En Italie, à l’époque, les imprimeurs devaient apposer leur nom sur tous les ouvrages qu’ils éditaient, et ils étaient tenus pour responsables de leur contenu. L’Étudiant de la Bible qui dirigeait l’œuvre en Italie a remis une copie de la résolution aux autorités gouvernementales, qui l’ont examinée et ont aussitôt donné l’autorisation de la faire imprimer et distribuer. De leur côté, les imprimeurs ont accepté de la publier. C’est ainsi que les frères ont pu en distribuer 100 000 en Italie. Ils se sont assurés que le pape et les autres hauts dignitaires du Vatican en reçoivent un exemplaire.

      En France, la distribution de cette résolution a entraîné une réaction véhémente et souvent violente du clergé. En Poméranie (Allemagne), un ecclésiastique a attaqué en justice la Société et son représentant, mais le tribunal a rendu un verdict qui lui était défavorable après avoir pris connaissance du texte intégral de la résolution. Au Canada, dans la province de Québec, afin que la distribution du texte de la résolution ne soit pas entravée par les opposants à la vérité, les Étudiants de la Bible l’ont effectuée de très bonne heure, à partir de 3 heures du matin. Quels moments exaltants!

      Reconnaissance pour des réponses satisfaisantes

      Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux Arméniens ont été chassés sans ménagement de leur foyer et de leur pays natal. À peine une vingtaine d’années plus tôt, des centaines de milliers de leurs compatriotes avaient déjà été massacrés et d’autres avaient dû fuir pour sauver leur vie. Quelques-uns avaient lu les publications de la Société Watch Tower dans leur pays natal, mais bien davantage ont reçu un témoignage dans les pays où ils se sont réfugiés.

      Après tout ce qu’ils avaient subi, beaucoup se demandaient amèrement pourquoi Dieu permet le mal. Cette situation durerait-​elle encore longtemps? Quand prendrait-​elle fin? Certains ont été reconnaissants de découvrir les réponses satisfaisantes que la Bible donne à ces questions. Des groupes d’Étudiants de la Bible arméniens se sont rapidement formés dans diverses villes du Proche-Orient. Leur zèle pour la vérité biblique a touché certains de leurs compatriotes. En Éthiopie, en Argentine et aux États-Unis, d’autres Arméniens ont accepté la bonne nouvelle et ont endossé avec joie la responsabilité de la communiquer à autrui. L’un d’eux, Krikor Hatzakortzian, a répandu le message du Royaume comme pionnier isolé en Éthiopie au milieu des années 30. Un jour, ayant été l’objet d’une accusation mensongère, il a même eu la possibilité de donner le témoignage à l’empereur Hailé Sélassié.

      Ils ramènent les précieuses vérités dans leur pays natal

      L’ardent désir de communiquer à autrui les précieuses vérités bibliques en a incité beaucoup à retourner dans leur pays natal pour y participer à l’œuvre d’évangélisation. Ils ont réagi comme les personnes originaires de nombreux pays qui se trouvaient à Jérusalem en l’an 33 et qui sont devenues croyantes quand l’esprit saint a incité les apôtres et leurs compagnons à parler en de nombreuses langues “des choses magnifiques de Dieu”. (Actes 2:1-11.) Ces croyants du Ier siècle ont ramené la vérité dans leur pays d’origine, et c’est aussi ce qu’ont fait les disciples de notre époque.

      Des Italiens et des Italiennes qui avaient connu la vérité en dehors de leur pays y sont retournés. Après leur retour d’Amérique, de Belgique ou de France, ils ont proclamé avec zèle le message du Royaume là où ils se sont installés. Des colporteurs du canton suisse du Tessin, où l’on parle italien, se sont également rendus en Italie pour y accomplir leur activité. Malgré leur faible nombre, en travaillant dans l’unité ils ont bientôt parcouru presque toutes les grandes villes et nombre de villages d’Italie. Ils ne comptaient pas les heures qu’ils consacraient à cette œuvre. Convaincus de prêcher les vérités que Dieu voulait faire connaître aux humains, ils se dépensaient souvent du matin au soir pour rencontrer le plus de personnes possible.

      Des Grecs qui étaient devenus Étudiants de la Bible en Albanie, pays tout proche du leur, et aussi loin qu’en Amérique, ont eux aussi pensé à leur pays natal. Ils étaient transportés d’apprendre que le culte des images est contraire à la Bible (Ex. 20:4, 5; 1 Jean 5:21), que les pécheurs ne sont pas brûlés dans un enfer de feu (Eccl. 9:5, 10; Ézéch. 18:4; Rév. 21:8) et que le Royaume de Dieu est la seule espérance de l’humanité (Dan. 2:44; Mat. 6:9, 10). Ils étaient impatients de faire connaître ces vérités à leurs compatriotes — en personne ou par courrier. C’est ainsi que des groupes de Témoins de Jéhovah se sont constitués tant en Grèce continentale que dans les îles.

      Après la Première Guerre mondiale, des milliers de Polonais sont arrivés en France pour travailler dans les mines de charbon. Les frères français ne les ont pas laissés de côté sous prétexte qu’ils parlaient une autre langue. Ils se sont arrangés pour communiquer les vérités bibliques à ces mineurs et à leurs familles, et le nombre de ceux qui ont accepté le message n’a pas tardé à dépasser celui des Témoins français. Quand, à la suite d’un arrêté d’expulsion gouvernemental, 280 d’entre eux ont dû retourner en Pologne en 1935, cela n’a fait que renforcer la prédication du message du Royaume dans ce pays. Ainsi, en 1935 il y avait 1 090 proclamateurs du Royaume qui participaient à l’œuvre de témoignage en Pologne.

      D’autres ont accepté l’invitation de quitter leur terre natale pour aller prêcher à l’étranger.

      Des évangélisateurs européens zélés apportent leur aide à l’étranger

      Grâce à la coopération internationale, les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) ont entendu parler des vérités réconfortantes relatives au Royaume de Dieu. Durant les années 20 et 30, des frères et sœurs zélés originaires d’Allemagne, d’Angleterre, du Danemark et de Finlande ont donné un grand témoignage dans cette région. Ils ont distribué de nombreuses publications, et des milliers de personnes ont entendu les discours bibliques présentés. On pouvait même capter dans ce qui était alors l’Union soviétique les exposés bibliques régulièrement radiodiffusés en plusieurs langues à partir de l’Estonie.

      Durant les années 20 et 30, des prédicateurs ont volontairement accepté de quitter l’Allemagne pour aller prêcher en Autriche, en Belgique, en Bulgarie, en Espagne, en France, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie. Willy Unglaube était de leur nombre. Après avoir servi pendant un temps au Béthel de Magdeburg, en Allemagne, il est parti comme évangélisateur à plein temps en France, en Algérie, en Espagne, à Singapour, en Malaisie et en Thaïlande.

      Quand les Témoins français ont sollicité de l’aide dans les années 30, des colporteurs britanniques ont montré qu’ils comprenaient que la mission de prêcher confiée aux chrétiens exigeait d’eux qu’ils évangélisent non seulement leur propre pays, mais aussi d’autres parties de la terre (Marc 13:10). John Cooke était l’un de ces prédicateurs zélés qui ont répondu à ‘l’appel macédonien’. (Voir Actes 16:9, 10.) Durant les six décennies suivantes, il a prêché en France, en Espagne, en Irlande, au Portugal, en Angola, au Mozambique et en Afrique du Sud. Son frère Eric a quitté son travail à la Barclay’s Bank et s’est joint à lui dans le ministère à plein temps en France; par la suite, il a prêché lui aussi en Espagne et en Irlande, et il a été missionnaire en Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe) et en Afrique du Sud.

      En mai 1926, deux Anglais, George Wright et Edwin Skinner, ont accepté l’invitation de contribuer à l’expansion de l’œuvre du Royaume en Inde. Ils devaient s’occuper d’un territoire gigantesque comprenant les pays suivants: Afghanistan, Birmanie (Myanmar), Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), Inde et Perse (aujourd’hui Iran). À leur arrivée à Bombay, ils ont découvert ce que sont les pluies de la mousson. Cependant, comme ils ne se souciaient pas outre mesure de leur confort, ils se sont bientôt mis à voyager partout dans le pays pour rencontrer et encourager les Étudiants de la Bible dont ils avaient l’adresse. Ils ont également distribué un grand nombre de publications pour stimuler l’intérêt d’autres personnes. L’œuvre allait bon train. Ainsi, en 1928, au Travancore (Kerala), dans le sud de l’Inde, les 54 proclamateurs du Royaume ont organisé 550 réunions publiques qui ont rassemblé environ 40 000 personnes. En 1929, quatre pionniers de plus ont été envoyés d’Angleterre en Inde pour y soutenir l’œuvre. Et en 1931, trois autres Anglais sont arrivés à Bombay. Ils se sont à maintes reprises efforcés d’atteindre les diverses régions de ce vaste pays, distribuant des publications non seulement en anglais, mais aussi dans les langues indiennes.

      Mais que se passait-​il en Europe de l’Est pendant ce temps?

      Une moisson spirituelle

      Avant la Première Guerre mondiale, des graines de vérité bibliques avaient été semées en Europe de l’Est, et certaines avaient pris racine. En 1908, Andrásné Benedek, une humble Hongroise, était retournée en Autriche-Hongrie pour communiquer à d’autres les bonnes choses qu’elle avait apprises. Deux ans après, Károly Szabó et József Kiss étaient également revenus dans ce pays et faisaient connaître la vérité biblique surtout dans les régions qui sont devenues plus tard la Roumanie et la Tchécoslovaquie. Malgré l’opposition violente du clergé, des groupes d’étude se sont formés et le témoignage a été largement donné. D’autres se sont joints à eux pour faire la déclaration publique de leur foi, et en 1935 le nombre des prédicateurs du Royaume en Hongrie s’élevait à 348.

      La Roumanie a presque doublé de superficie quand la carte de l’Europe a été redessinée par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Les rapports montrent qu’en 1920 il y avait dans ce pays agrandi quelque 150 groupes d’Étudiants de la Bible auxquels s’associaient 1 700 personnes. L’année suivante, à la célébration du Repas du Seigneur, ce sont presque 2 000 personnes qui ont pris les emblèmes du Mémorial, se déclarant ainsi frères du Christ oints de l’esprit. Ce nombre s’est considérablement accru durant les quatre années suivantes. En 1925, il y a eu 4 185 assistants au Mémorial, et comme la coutume le voulait à l’époque, la plupart d’entre eux ont pris les emblèmes. Cependant, la foi de toutes ces personnes allait être mise à l’épreuve. Se révéleraient-​elles être du “blé” authentique ou factice (Mat. 13:24-30, 36-43)? Accompliraient-​elles vraiment l’œuvre de témoignage que Jésus a confiée à ses disciples? Persévéreraient-​elles dans cette activité malgré l’opposition intense? Seraient-​elles fidèles même lorsque d’autres manifesteraient un esprit semblable à celui de Judas Iscariote?

      Le rapport pour 1935 montre que tous n’avaient pas la foi voulue pour endurer. Cette année-​là, 1 188 personnes seulement ont pris part à l’œuvre de témoignage en Roumanie, alors qu’elles étaient deux fois plus nombreuses à prendre les emblèmes au Mémorial. Néanmoins, les fidèles continuaient à se dépenser au service du Maître. Ils communiquaient à d’autres personnes humbles les vérités bibliques qui réjouissaient tant leur cœur. Ils le faisaient notamment en distribuant des publications. De 1924 à 1935, ils avaient déjà laissé plus de 800 000 livres et brochures, sans compter les tracts, aux gens qui manifestaient de l’intérêt.

      Qu’en était-​il de la Tchécoslovaquie, qui était devenue une nation en 1918 après l’effondrement de l’Empire austro-hongrois? Un témoignage encore plus grand y était donné en vue de la moisson spirituelle. On y avait déjà prêché en hongrois, en russe, en roumain et en allemand. Puis, en 1922, plusieurs Étudiants de la Bible sont revenus d’Amérique pour prêcher à la population de langue slovaque, et l’année suivante un couple d’Allemands a commencé à concentrer ses efforts sur le territoire tchèque. Des assemblées régulières, quoique petites, ont contribué à encourager et à unir les frères. Grâce à une meilleure organisation des congrégations pour l’évangélisation de maison en maison mise en place en 1927, l’accroissement s’est fait plus rapide. En 1932, une puissante impulsion a été donnée à l’œuvre par une assemblée internationale tenue à Prague, assemblée qui a réuni environ 1 500 personnes venues de Tchécoslovaquie et de pays voisins. En outre, des foules importantes ont vu une version de quatre heures du “Photo-Drame de la Création” qui a été présentée à travers tout le pays. En une décennie seulement, plus de 2 700 000 publications ont été distribuées aux divers groupes linguistiques de ce pays. Toute cette activité consistant à planter, à cultiver et à arroser sur le plan spirituel a rendu possible la moisson à laquelle 1 198 prédicateurs du Royaume participaient en 1935.

      La Yougoslavie (d’abord appelée royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes) était née du redécoupage de l’Europe consécutif à la Première Guerre mondiale. Les rapports montrent que dès 1923 un groupe d’Étudiants de la Bible prêchait à Belgrade. Par la suite, on a présenté le “Photo-Drame de la Création” devant de vastes assistances dans tout le pays. Quand les Témoins de Jéhovah ont été durement persécutés en Allemagne, des pionniers de ce pays sont venus grossir les rangs des prédicateurs en Yougoslavie. Sans se soucier de leur confort, ils sont allés prêcher jusque dans les parties les plus reculées de ce pays montagneux. D’autres pionniers allemands se sont rendus en Bulgarie. Ils ont également fait des efforts pour prêcher la bonne nouvelle en Albanie. Dans tous ces pays, des graines de la vérité du Royaume ont été semées, et certaines ont produit du fruit. Mais il allait falloir attendre des années pour engranger une moisson importante dans ces pays.

      Plus au sud, sur le continent africain, la bonne nouvelle était également répandue par ceux qui appréciaient profondément le privilège d’être témoins du Très-Haut.

      La lumière spirituelle brille en Afrique occidentale

      Environ sept ans après avoir quitté la Barbade pour aller en Afrique occidentale, où il avait un contrat de travail, un Étudiant de la Bible a écrit au bureau de la Société Watch Tower à New York pour l’informer qu’un bon nombre de personnes s’intéressaient à la Bible. Quelques mois après, le 14 avril 1923, à la demande de frère Rutherford, William Brown, qui prêchait à la Trinité, est arrivé à Freetown (Sierra Leone) avec sa famille.

      Des dispositions ont rapidement été prises pour que frère Brown prononce un discours au Wilberforce Memorial Hall. Le 19 avril, environ 500 personnes, pour la plupart des ecclésiastiques de Freetown, se sont réunies dans cette salle. Le dimanche suivant, frère Brown a présenté un autre discours, l’un de ceux que Charles Russell avait souvent donnés: “Voyage en enfer, aller et retour. Qui s’y trouve?” Les discours de frère Brown étaient émaillés de textes bibliques qu’il projetait devant l’auditoire au moyen d’une lanterne magique. Au cours de ses exposés, il répétait souvent: “Ce n’est pas Brown qui le dit, c’est la Bible.” C’est pourquoi il a été surnommé “Brown la Bible”. Après avoir suivi son exposé logique fondé sur les Écritures, quelques paroissiens éminents se sont retirés de l’Église et ont commencé à servir Jéhovah.

      Frère Brown a beaucoup voyagé pour inaugurer l’œuvre du Royaume dans d’autres régions. À cette fin, il a prononcé de nombreux discours bibliques, distribué beaucoup de publications et encouragé les autres à faire de même. Son œuvre d’évangélisation l’a amené à parcourir la Côte de l’Or (aujourd’hui le Ghana), le Liberia, la Gambie et le Nigeria. Du Nigeria, d’autres ont emporté le message du Royaume au Bénin (appelé Dahomey à l’époque) et au Cameroun. Frère Brown savait que les gens avaient peu de considération pour ce qu’ils appelaient “la religion de l’homme blanc”. C’est pourquoi au Glover Memorial Hall, à Lagos, il a parlé de l’échec de la chrétienté. Après la réunion, les assistants enthousiastes se sont procuré 3 900 livres pour les lire et les distribuer.

      Lorsque frère Brown est arrivé en Afrique occidentale, seulement une poignée de personnes y avaient entendu le message du Royaume. Quand il en est parti 27 ans plus tard, on y dénombrait plus de 11 000 Témoins de Jéhovah. Les mensonges religieux étaient dévoilés; le vrai culte avait pris racine et s’étendait rapidement.

      En remontant la côte orientale de l’Afrique

      Dès le début du XXe siècle, certaines des publications de Charles Russell avaient été distribuées dans le sud-est de l’Afrique par des personnes qui avaient accepté quelques-unes des idées développées dans ces livres, idées qu’elles avaient ensuite mélangées à leurs propres conceptions. Il en est résulté des “mouvements Watchtower”, qui n’avaient aucun lien avec les Témoins de Jéhovah. Certains de ces mouvements poursuivaient des fins politiques et suscitaient des soulèvements parmi les Africains. Pendant de nombreuses années, la mauvaise réputation de ces groupes a entravé l’œuvre des Témoins de Jéhovah.

      Cependant, bon nombre d’Africains ont discerné le vrai du faux. Des travailleurs itinérants ont apporté la bonne nouvelle du Royaume de Dieu aux pays voisins et l’ont communiquée aux personnes qui parlaient les langues africaines. Dans le sud-est de l’Afrique, la population anglophone a entendu le message principalement grâce aux contacts avec l’Afrique du Sud. Toutefois, dans certains pays, en raison de l’opposition virulente des autorités, opposition entretenue par le clergé de la chrétienté, les Témoins européens ne pouvaient pas prêcher parmi les populations de langues africaines. La vérité s’est malgré tout répandue, même si de nombreuses personnes qui s’intéressaient au message de la Bible avaient besoin d’aide pour bien appliquer ce qu’elles apprenaient.

      Certains hauts fonctionnaires n’ont pas pris pour argent comptant les accusations malveillantes portées par le clergé de la chrétienté contre les Témoins. Tel a été le cas d’un préfet de police du Nyassaland (aujourd’hui le Malawi) qui s’est rendu incognito aux réunions tenues par les Témoins indigènes pour voir par lui-​même de quel genre de personnes il s’agissait. Il a été favorablement impressionné. Le gouvernement ayant donné son accord pour qu’un représentant européen s’installe dans le pays, Bert McLuckie, puis son frère Bill, y ont été envoyés au milieu des années 30. Ils sont restés en contact avec les policiers et les préfets de telle sorte que ces fonctionnaires soient bien au courant de ce qu’ils faisaient et ne confondent pas les Témoins de Jéhovah avec les mouvements appelés à tort “mouvements Watchtower”. Dans le même temps, avec Gresham Kwazizirah, un Témoin mûr natif du pays, ils ont aidé patiemment les centaines de personnes désireuses de s’associer aux congrégations à comprendre que l’impureté sexuelle, l’abus de boissons alcooliques et la superstition n’ont pas de place dans la vie des Témoins de Jéhovah. — 1 Cor. 5:9-13; 2 Cor. 7:1; Rév. 22:15.

      En 1930, il n’y avait qu’une centaine de Témoins de Jéhovah dans toute l’Afrique australe. Pourtant, leur territoire comprenait en gros toute la partie de l’Afrique située au sud de l’équateur et quelques régions au nord. Il fallait de véritables pionniers pour prêcher le message du Royaume dans un territoire aussi vaste. Frank et Gray Smith étaient des prédicateurs de cette trempe.

      Partant du Cap, ils ont remonté en bateau la côte est sur 4 800 kilomètres, puis ont poursuivi leur voyage en automobile pendant quatre jours sur des routes cahoteuses jusqu’à Nairobi, au Kenya (alors l’Afrique-Orientale anglaise). En moins d’un mois, ils ont distribué 40 cartons de publications bibliques. Mais malheureusement, pendant leur retour, Frank est mort du paludisme. Malgré cela, peu après, Robert Nisbet et David Norman se sont mis en route — cette fois avec 200 cartons de publications — pour prêcher au plus grand nombre possible de personnes au Kenya et en Ouganda, ainsi qu’au Tanganyika et à Zanzibar (qui forment maintenant la Tanzanie). D’autres expéditions semblables ont permis de répandre le message du Royaume à l’île Maurice et à Madagascar, dans l’océan Indien, ainsi qu’à Sainte-Hélène, dans l’Atlantique. Des graines de vérité ont été semées, mais elles n’ont pas immédiatement germé et poussé partout.

      D’Afrique du Sud, la prédication de la bonne nouvelle s’est également étendue jusqu’au Basutoland (aujourd’hui le Lesotho), au Bechuanaland (aujourd’hui le Botswana) et au Swaziland, et ce dès 1925. Environ huit ans plus tard, quand des pionniers ont de nouveau prêché au Swaziland, Sobhuza II leur a réservé un accueil royal. Il a rassemblé sa garde personnelle composée d’une centaine de soldats, a écouté un témoignage complet, puis s’est procuré toutes les publications de la Société que les frères avaient sur eux.

      Petit à petit, le nombre des Témoins de Jéhovah s’est accru dans cette partie du monde. D’autres prédicateurs se sont joints au petit groupe de ceux qui avaient inauguré l’œuvre en Afrique au début du siècle, et en 1935, sur le continent africain, 1 407 prédicateurs du Royaume de Dieu remettaient des rapports d’activité. Un bon nombre d’entre eux se trouvaient en Afrique du Sud et au Nigeria. On trouvait d’autres groupes importants de personnes qui se disaient Témoins de Jéhovah au Nyassaland (aujourd’hui le Malawi), en Rhodésie du Nord (aujourd’hui la Zambie) et en Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe).

      Durant cette période, on a aussi prêté attention aux pays de langues espagnole et portugaise.

      La prédication en espagnol et en portugais

      C’est pendant la Première Guerre mondiale que La Tour de Garde a commencé de paraître en espagnol. Elle portait l’adresse d’un bureau situé à Los Angeles (Californie, États-Unis) qui avait été ouvert pour s’occuper tout particulièrement de la prédication aux hispanophones. Les membres de ce bureau se dépensaient beaucoup afin d’aider ces personnes qui manifestaient de l’intérêt pour le message, tant aux États-Unis que dans les pays situés plus au sud.

      Juan Muñiz, qui était devenu un serviteur de Jéhovah en 1917, a été encouragé par frère Rutherford en 1920 à quitter les États-Unis et à retourner en Espagne, son pays natal, pour y organiser la prédication du Royaume. Cependant, il n’a obtenu que des résultats limités, non pas à cause d’un manque de zèle de sa part, mais parce que la police ne cessait de le suivre. Au bout de quelques années, il a donc été envoyé en Argentine.

      Au Brésil, quelques adorateurs de Jéhovah prêchaient déjà. Huit humbles marins avaient connu la vérité pendant une escale à New York. Quand ils ont été de retour au Brésil début 1920, ils communiquaient avec zèle le message biblique à autrui.

      George Young, un Canadien, a été envoyé au Brésil en 1923. Il a beaucoup contribué à ce que l’œuvre prenne de l’essor. En donnant de nombreux discours publics à l’aide d’interprètes, il a montré ce que la Bible dit sur la condition des morts, il a dévoilé que le spiritisme est une forme de démonisme, et il a expliqué ce que Dieu se propose de faire pour le bonheur de toutes les familles de la terre. Ses exposés étaient des plus persuasifs, car, parfois, il projetait sur un écran les textes bibliques examinés pour que ses auditeurs puissent les lire dans leur propre langue. Pendant le séjour de frère Young au Brésil, Bellona Ferguson, de São Paulo, a pu finalement se faire baptiser, ainsi que quatre de ses enfants. Elle attendait ce moment depuis 25 ans. Parmi ceux qui ont embrassé la vérité, certains se sont rendus disponibles pour participer à la traduction de publications en portugais, si bien qu’avant longtemps il y avait un large éventail de publications dans cette langue.

      En 1924, frère Young a quitté le Brésil pour se rendre en Argentine, où il a fait distribuer gratuitement 300 000 publications en espagnol dans 25 grandes villes. Au cours de la même année, il s’est rendu au Chili, au Pérou et en Bolivie pour distribuer des tracts.

      George Young n’a pas tardé à s’en aller vers d’autres pays. Cette fois, il s’agissait de l’Espagne et du Portugal. Après avoir été présenté par l’ambassadeur britannique aux autorités espagnoles, il a pu prendre des dispositions pour que frère Rutherford s’exprime en public à Barcelone et à Madrid, ainsi que dans la capitale du Portugal. Après ces discours, plus de 2 350 personnes ont donné leurs nom et adresse pour obtenir davantage de renseignements. Par la suite, le texte de l’exposé a été publié dans l’un des plus grands journaux d’Espagne, et il a été envoyé sous forme de tract par la poste un peu partout dans le pays. Il a également été publié dans la presse portugaise.

      Ainsi, le message s’est répandu bien au delà des frontières de l’Espagne et du Portugal. À la fin de 1925, on entendait parler de la bonne nouvelle aux îles du Cap-Vert (aujourd’hui la République du Cap-Vert), à Madère, en Afrique-Orientale portugaise (aujourd’hui le Mozambique), en Afrique-Occidentale portugaise (aujourd’hui l’Angola), et sur certaines îles de l’océan Indien.

      L’année suivante, on a fait publier la puissante résolution intitulée “Un témoignage aux conducteurs des peuples” dans le journal espagnol La Libertad. On a intensifié le témoignage au moyen d’émissions radiophoniques, en distribuant des livres, des brochures et des tracts, et en présentant le “Photo-Drame de la Création”. En 1932, plusieurs pionniers anglais ont répondu à l’invitation d’apporter leur aide dans ce territoire, et ils ont parcouru systématiquement de grandes régions du pays pour distribuer des publications bibliques jusqu’à ce que la guerre civile espagnole les contraigne à partir.

      Pendant ce temps, dès son arrivée en Argentine, frère Muñiz s’était mis à prêcher, tout en exerçant le métier d’horloger pour subvenir à ses besoins. Il n’a pas seulement prêché en Argentine, mais aussi au Chili, au Paraguay et en Uruguay. À sa demande, quelques frères sont venus d’Europe pour donner le témoignage à la population d’expression allemande. Des années plus tard, Carlos Ott a rapporté qu’ils commençaient leur journée de service à 4 heures du matin en glissant des tracts sous chaque porte dans un certain territoire. Plus tard dans la journée, ils rendaient visite aux gens pour leur donner le témoignage de façon plus détaillée et proposer davantage de publications bibliques à ceux qui manifestaient de l’intérêt pour le message. De Buenos Aires, ceux qui étaient ministres à plein temps se sont disséminés dans le pays, d’abord en suivant les lignes de chemin de fer qui rayonnaient à partir de la capitale, puis en utilisant tout moyen de transport disponible. Ils avaient très peu sur le plan matériel et rencontraient bien des difficultés, mais ils étaient riches sur le plan spirituel.

      L’un de ces prédicateurs zélés d’Argentine était un Grec du nom de Nicolás Argyrós. Au début des années 30, quand il a obtenu quelques publications de la Société Watch Tower, il a été particulièrement impressionné par une brochure intitulée Enfer, dans laquelle les questions suivantes servaient d’intertitres: “De quoi s’agit-​il? Qui s’y trouve? Peut-​on en sortir?” Il a été étonné de voir que cette brochure ne décrivait pas les pécheurs en train de rôtir sur un gril. Quelle surprise pour lui d’apprendre que l’enfer de feu était un mensonge religieux destiné à effrayer les gens, comme cela avait été son cas! Il n’a pas tardé à communiquer la vérité, d’abord aux Grecs, puis, maîtrisant mieux l’espagnol, aux autres. Chaque mois, il consacrait entre 200 et 300 heures à parler de la bonne nouvelle. À pied et par toutes sortes de moyens de transport, il a répandu les vérités bibliques dans 14 des 22 provinces de l’Argentine. Au cours de ses déplacements, il dormait dans un lit quand on lui offrait l’hospitalité, mais souvent à la belle étoile, voire dans une étable où un âne lui servait de réveil!

      Un autre prédicateur qui avait le véritable esprit pionnier était Richard Traub, qui avait connu la vérité à Buenos Aires. Il était impatient de proclamer la bonne nouvelle de l’autre côté des Andes, au Chili. En 1930, cinq ans après son baptême, il est arrivé dans ce pays où il était le seul Témoin parmi 4 000 000 d’habitants. Au début, il n’avait qu’une Bible pour prêcher, mais cela ne l’a pas empêché de commencer à aller de maison en maison. Il n’y avait pas de réunions auxquelles il aurait pu assister; c’est pourquoi, le dimanche, à l’heure habituelle de la réunion, il gravissait le mont San Cristóbal, s’asseyait à l’ombre d’un arbre, et se plongeait dans l’étude individuelle et la prière. Quand il a trouvé un appartement, il a commencé à y inviter les gens pour les réunions. Il n’y a eu qu’un seul assistant à la première, Juan Flores, qui lui a demandé: “Et les autres, quand viendront-​ils?” Frère Traub a simplement répondu: “Ils viendront.” Et ils sont effectivement venus. En moins d’un an, 13 personnes se sont fait baptiser.

      Quatre ans après, deux chrétiennes Témoins de Jéhovah qui ne s’étaient jamais rencontrées se sont organisées pour prêcher ensemble la bonne nouvelle en Colombie. Après une année d’activité productive dans ce pays, Hilma Sjoberg a dû retourner aux États-Unis. Kathe Palm, quant à elle, a embarqué pour le Chili, et elle a profité des 17 jours de mer pour donner le témoignage à l’équipage et aux passagers. Durant la décennie suivante, elle a prêché d’Arica, la ville portuaire la plus septentrionale du Chili, jusqu’à sa région la plus méridionale, en Terre de Feu. Elle s’est rendue dans les quartiers d’affaires et a donné le témoignage à des membres du gouvernement. Un sac plein de publications sur le dos et quelques articles indispensables sous le bras, comme une couverture pour la nuit, elle a atteint les camps miniers et les fermes les plus reculées. Elle menait une authentique existence de pionnière. Et d’autres encore, célibataires, mariés, jeunes et moins jeunes, avaient ce même esprit.

      En 1932, on s’est particulièrement efforcé de répandre le message du Royaume dans les pays d’Amérique latine où l’on avait encore peu prêché. Cette année-​là, on a largement distribué la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde. Elle contenait le texte d’un discours qui avait déjà été diffusé par un réseau international de stations de radio. Maintenant, environ 40 000 exemplaires de ce texte étaient distribués au Chili, 25 000 en Bolivie, 25 000 au Pérou, 15 000 en Équateur, 20 000 en Colombie, 10 000 à Saint-Domingue (aujourd’hui la République dominicaine), et 10 000 à Porto Rico. Sans conteste, le message du Royaume était proclamé avec force.

      En 1935, dans toute l’Amérique du Sud, les Témoins n’étaient que 247 à proclamer à l’unisson que seul le Royaume de Dieu apportera le bonheur véritable aux humains. Mais quel témoignage ils donnaient!

      Ils prêchent même dans les régions les plus reculées

      Les Témoins de Jéhovah ne pensaient en aucun cas qu’il suffisait de parler à leurs voisins immédiats pour assumer leur responsabilité devant Dieu. Ils s’efforçaient de communiquer la bonne nouvelle à tous.

      Les gens qui vivaient dans des lieux inaccessibles aux Témoins ont été touchés autrement. Ainsi, à la fin des années 20, les Témoins du Cap (Afrique du Sud) ont envoyé 50 000 brochures à tous les fermiers, gardiens de phare, gardes forestiers et autres personnes habitant dans des lieux difficiles d’accès. On s’est aussi procuré un annuaire postal à jour de tout le Sud-Ouest africain (aujourd’hui la Namibie), et on a envoyé un exemplaire de la brochure Le Bienfaiteur de l’homme à chaque personne dont le nom y figurait.

      En 1929, la Société Watch Tower a confié la goélette Morton à Frank Franske et l’a envoyé, avec Jimmy James, prêcher au Labrador et dans tous les ports de Terre-Neuve. Pendant l’hiver, frère Franske se déplaçait souvent le long de la côte en traîneau tiré par des chiens. Pour couvrir le coût des publications qu’il leur laissait, les Esquimaux et les Terre-Neuviens lui donnaient des articles de cuir et du poisson, par exemple. Quelques années plus tard, il s’est efforcé de rencontrer les mineurs, les bûcherons, les trappeurs, les propriétaires de ranch et les Indiens en Colombie britannique, dans la région accidentée du Cariboo. Au cours de ses déplacements, il chassait pour se procurer de la viande, ramassait des baies sauvages et faisait cuire son pain dans une poêle sur un feu de camp. Un jour, un autre pionnier et lui ont embarqué à bord d’un bateau pour la pêche au saumon et ils ont prêché le message du Royaume dans chaque île, crique, camp de bûcherons, phare et petit village le long de la côte occidentale du Canada. Il n’a été que l’un des nombreux prédicateurs qui ont fait des efforts particuliers pour toucher les personnes vivant dans les parties reculées de la terre.

      À partir de la fin des années 20, Frank Day est remonté vers le nord en prêchant et en laissant des publications dans les villages de l’Alaska; il vendait des lunettes pour subvenir à ses besoins. Bien que boitant sur une jambe artificielle, il a parcouru une région qui s’étendait de Ketchikan à Nome, villes distantes d’environ 1 900 kilomètres. Dès 1897, un ouvrier d’une mine d’or avait obtenu des exemplaires de L’Aurore du Millénium et de La Tour de Garde en Californie et il s’était proposé de les rapporter en Alaska. Et en 1910, le capitaine Beams, patron d’un baleinier, avait distribué des publications dans ses ports d’escale en Alaska. Mais la prédication n’a commencé à s’étendre que lorsque frère Day a effectué ses nombreuses tournées d’été en Alaska pendant plus de 12 ans.

      À l’aide d’un bateau à moteur de 12 mètres nommé Esther, deux autres Témoins ont remonté la côte norvégienne en prêchant jusque dans l’arctique. Ils ont donné le témoignage dans les îles, les phares, les villages côtiers et les localités isolées perdues dans les montagnes. De nombreuses personnes leur ont fait bon accueil, et en un an ils ont pu distribuer entre 10 000 et 15 000 livres et brochures expliquant ce que Dieu se propose de faire pour les humains.

      Les îles entendent les louanges de Jéhovah

      Le témoignage n’a pas été donné seulement sur ces îles proches des continents. En plein milieu de l’océan Pacifique, au début des années 30, Sydney Shepherd a navigué deux ans pour prêcher sur les îles Cook et à Tahiti. Plus à l’ouest, George Winton proclamait la bonne nouvelle aux Nouvelles-Hébrides (aujourd’hui Vanuatu).

      Vers la même époque, Joseph Dos Santos, un Américain d’origine portugaise, est parti vers des territoires vierges. Il a tout d’abord prêché sur les îles Hawaii; puis il a entrepris une tournée de prédication autour du monde. Quand il est arrivé aux Philippines, cependant, il a reçu une lettre de frère Rutherford lui demandant d’y demeurer pour établir et organiser l’activité de prédication du Royaume. C’est ce à quoi il s’est attaché pendant les 15 années suivantes.

      C’était alors la filiale d’Australie qui s’occupait de l’œuvre dans la région du Pacifique Sud. Elle a envoyé deux pionniers qui ont donné un grand témoignage aux Fidji en 1930-​1931. Les Samoa ont reçu le témoignage en 1931. La Nouvelle-Calédonie a été atteinte en 1932. Un couple de pionniers d’Australie s’est même rendu en Chine en 1933, et il a prêché dans 13 grandes villes de ce pays en quelques années.

      Les Témoins australiens ont compris qu’ils pourraient faire davantage s’ils disposaient d’un bateau. Ils ont donc armé un ketch de 16 mètres qu’ils ont baptisé Lightbearer (Porteur de lumière) et qui, à partir du début de 1935, a servi de base arrière pendant plusieurs années à un groupe de frères zélés qui ont prêché aux Indes néerlandaises (aujourd’hui l’Indonésie), à Singapour et en Malaisie. L’arrivée de ce bateau était toujours remarquée, ce qui permettait souvent aux frères de commencer à prêcher et de distribuer de nombreuses publications.

      À la même époque, en 1935, de l’autre côté de la terre deux pionnières danoises avaient décidé de passer des vacances aux îles Féroé, dans l’Atlantique Nord. Toutefois, elles n’avaient pas seulement l’intention d’admirer le paysage. Elles ont emporté des milliers de publications et en ont fait bon usage. Affrontant le vent, la pluie et l’hostilité du clergé, elles ont parcouru le maximum d’îles habitées pendant leur séjour.

      Plus à l’ouest, Georg Lindal, un Canadien d’origine islandaise, s’est rendu dans un territoire pour une durée bien plus longue. Sur le conseil de frère Rutherford, il s’est installé en Islande pour y faire œuvre de pionnier en 1929. De quelle endurance il a fait preuve! Pendant la plus grande partie des 18 années suivantes, il y a prêché seul, parcourant les villes et les villages encore et encore. Il a distribué des dizaines de milliers de publications, mais pendant tout ce temps aucun Islandais ne s’est joint à lui dans le service de Jéhovah. Excepté pendant une période d’un an, pas un Témoin ne s’est joint à lui en Islande. Cela a duré jusqu’en 1947, date à laquelle sont arrivés deux missionnaires formés à Galaad.

      Quand les hommes interdisent ce que Dieu ordonne

      Quand les Témoins effectuaient leur ministère public, il n’était pas rare, surtout des années 20 aux années 40 comprises, qu’ils rencontrent de l’opposition, laquelle était généralement suscitée par les ecclésiastiques de l’endroit et parfois par les autorités.

      Dans une région au nord de Vienne (Autriche), les Témoins se sont retrouvés face à une foule hostile de villageois excités par un prêtre de la localité, qui était lui-​même soutenu par la police. Les prêtres étaient résolus à ne pas laisser les Témoins de Jéhovah prêcher dans leurs villages. Mais les Témoins, déterminés à remplir la mission que Dieu leur avait confiée, changeaient d’itinéraire et revenaient un autre jour et par des chemins détournés.

      Quelles que soient les menaces et les exigences des hommes, les Témoins de Jéhovah savaient qu’ils avaient l’obligation devant Dieu de proclamer son Royaume. Ils voulaient obéir à Dieu comme à un chef plutôt qu’aux hommes (Actes 5:29). Là où les autorités essayaient de les priver de la liberté religieuse, ils envoyaient tout simplement des renforts.

      En 1929, à la suite d’arrestations répétées dans une région de Bavière (Allemagne), ils ont loué deux trains spéciaux — l’un au départ de Berlin, l’autre de Dresde. Ces deux convois se sont rejoints à Reichenbach, et à 2 heures du matin un train unique est entré dans la région de Regensburg avec 1 200 passagers impatients de donner le témoignage. Le prix du billet était élevé, mais chacun avait payé le sien. À chaque gare, un groupe descendait. Beaucoup avaient emporté leur bicyclette pour s’enfoncer dans la campagne. Toute la région a été parcourue en un seul jour. En voyant le résultat de leurs efforts concertés, ils n’ont pas pu s’empêcher de penser à cette promesse que Dieu a faite à ses serviteurs: “Toute arme qui sera formée contre toi sera vouée à l’insuccès.” — És. 54:17.

      Les Témoins allemands étaient si zélés qu’entre 1919 et 1933 ils ont distribué, estime-​t-​on, au moins 125 000 000 de livres, brochures et périodiques, ainsi que des millions de tracts. Pourtant, il n’y avait qu’environ 15 000 000 de familles en Allemagne à l’époque. Durant cette période, l’Allemagne a reçu un témoignage aussi complet que tout autre pays. C’est dans cette partie de la terre qu’on a trouvé l’une des plus fortes proportions de personnes qui se déclaraient disciples du Christ oints de l’esprit. Mais pendant les années suivantes, ils ont également subi certaines des épreuves les plus dures visant à briser leur intégrité. — Rév. 14:12.

      En 1933, l’opposition des autorités allemandes à l’œuvre des Témoins de Jéhovah s’est beaucoup intensifiée. La Gestapo a perquisitionné à plusieurs reprises dans des foyers de Témoins de Jéhovah et au bureau de la filiale. Dans la plupart des États allemands, l’activité des Témoins a été interdite et certains ont été arrêtés. On a brûlé publiquement des tonnes de leurs Bibles et de leurs publications bibliques. Le 1er avril 1935, une loi nationale interdisant les Ernste Bibelforscher (Étudiants sincères de la Bible, ou Témoins de Jéhovah) est entrée en vigueur. On s’est efforcé de leur ôter systématiquement leurs moyens de subsistance. En conséquence, les Témoins se sont mis à tenir toutes leurs réunions par petits groupes, se sont organisés pour reproduire leurs manuels d’étude biblique sous des formes que la Gestapo ne reconnaîtrait pas facilement, et ont adopté des méthodes de prédication plus discrètes.

      Avant même ces événements, depuis 1925, les frères d’Italie vivaient sous une dictature fasciste et, en 1929, un concordat avait été signé entre l’Église catholique et l’État fasciste. Les vrais chrétiens étaient pourchassés sans pitié. Certains se réunissaient dans des granges et des greniers pour ne pas être arrêtés. Les Témoins de Jéhovah étaient très peu nombreux en Italie à cette époque; cependant, ils ont reçu de l’aide pour répandre le message du Royaume quand, en 1932, 20 Témoins sont venus de Suisse pour une distribution éclair de 300 000 exemplaires de la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde.

      En Extrême-Orient également la tension montait. Au Japon, des Témoins de Jéhovah ont été arrêtés. À Séoul (dans ce qui est aujourd’hui la République de Corée) et à Pyongyang (l’actuelle République démocratique populaire de Corée), les autorités ont détruit un grand nombre de leurs publications bibliques.

      Alors que les difficultés augmentaient, en 1935 les Témoins de Jéhovah ont clairement compris grâce à la Bible l’identité de la “grande multitude”, ou “grande foule”, dont il est question en Révélation 7:9-17 (Sy, MN). Cette compréhension leur a montré qu’ils devaient accomplir une œuvre urgente à laquelle ils n’avaient pas songé (És. 55:5). Ils ont cessé de penser que tous ceux qui ne faisaient pas partie du “petit troupeau” des héritiers du Royaume céleste auraient plus tard la possibilité de conformer leur vie aux exigences de Jéhovah (Luc 12:32). Ils ont compris que le moment était venu de faire de ces personnes des disciples, afin qu’elles survivent et entrent dans le monde nouveau promis par Dieu. Ils ne savaient pas combien de temps durerait le rassemblement de cette grande foule dont les membres viendraient de toutes les nations, mais ils pensaient que la fin du système méchant était très proche. Ils ignoraient aussi comment ils pourraient effectuer l’œuvre face à la persécution qui s’étendait et se faisait plus virulente. Mais ce dont ils étaient sûrs, c’est que ‘la main de Jéhovah n’étant pas trop courte’, il leur donnerait les moyens d’accomplir sa volonté. — És. 59:1.

      En 1935, les Témoins de Jéhovah étaient relativement peu nombreux: 56 153 seulement dans le monde entier.

      Ils prêchaient dans 115 pays cette année-​là; mais dans près de la moitié de ces pays, il y avait moins de dix Témoins. Deux pays seulement comptaient plus de 10 000 Témoins de Jéhovah actifs (les États-Unis, 23 808; l’Allemagne, 10 000, estime-​t-​on sur la base des 19 268 rapports qui avaient pu être remis deux ans auparavant). Sept autres pays (Australie, Canada, France, Grande-Bretagne, Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie) signalaient entre 1 000 et 6 000 Témoins. Les rapports d’activité de 21 autres pays montrent qu’il s’y trouvait entre 100 et 1 000 Témoins. Cependant, durant cette seule année, ce groupe de Témoins zélés a consacré 8 161 424 heures à proclamer que le Royaume de Dieu est la seule espérance de l’humanité.

      En plus des pays où ils prêchaient en 1935, ils avaient déjà fait connaître la bonne nouvelle en d’autres lieux, si bien qu’à cette date 149 pays et groupes d’îles avaient entendu le message du Royaume.

      [Entrefilet, page 424]

      Même en prison, ils ont saisi des occasions de prêcher.

      [Entrefilet, page 425]

      Bien décidés à poursuivre l’œuvre!

      [Entrefilet, page 441]

      Elles ont affronté le vent, la pluie et l’hostilité du clergé.

      [Entrefilet, page 442]

      Un témoignage a été donné sur une échelle extraordinaire en Allemagne avant que l’œuvre des “Ernste Bibelforscher” n’y soit interdite.

      [Carte/Illustrations, page 423]

      Tandis que le monde sombrait dans la guerre, Robert Hollister et Fanny Mackenzie communiquaient sans relâche un message de paix aux habitants de la Chine, de la Corée et du Japon.

      [Carte]

      (Voir la publication)

      CORÉE

      JAPON

      CHINE

      OCÉAN PACIFIQUE

      [Carte, page 428]

      (Voir la publication)

      Quand des émigrés originaires des pays indiqués sur cette carte ont appris les merveilleux bienfaits que Dieu a prévu de procurer aux humains, ils se sont sentis poussés à retourner dans ces pays pour y proclamer cette nouvelle.

      ↓ ↓

      LES AMÉRIQUES

      AUTRICHE

      BULGARIE

      CHYPRE

      TCHÉCOSLOVAQUIE

      DANEMARK

      FINLANDE

      ALLEMAGNE

      GRÈCE

      HONGRIE

      ITALIE

      PAYS-BAS

      NORVÈGE

      POLOGNE

      PORTUGAL

      ROUMANIE

      ESPAGNE

      SUÈDE

      SUISSE

      TURQUIE

      YOUGOSLAVIE

      [Carte, page 432]

      (Voir la publication)

      Durant les années 20 et 30, des évangélisateurs ont quitté l’Allemagne pour donner le témoignage dans de nombreux pays.

      ALLEMAGNE

      ↓ ↓

      AMÉRIQUE DU SUD

      AFRIQUE DU NORD

      ASIE

      [Carte/Illustrations, page 435]

      Des pionniers zélés comme Frank Smith et son frère Gray (photographie du haut) ont fait connaître la bonne nouvelle en remontant la côte orientale de l’Afrique.

      [Carte]

      (Voir la publication)

      OUGANDA

      KENYA

      TANZANIE

      AFRIQUE DU SUD

      [Carte/Illustration, page 439]

      Dans tout le Sud-Ouest africain (aujourd’hui la Namibie), des personnes ont reçu cette brochure par la poste en 1928.

      [Carte]

      (Voir la publication)

      NAMIBIE

      [Carte/Illustrations, page 440]

      Avec le “Lightbearer”, des pionniers zélés ont proclamé le message du Royaume dans l’Asie du Sud-Est.

      [Carte]

      (Voir la publication)

      MALAISIE

      BORNÉO

      CÉLÈBES

      SUMATRA

      JAVA

      TIMOR

      NOUVELLE-GUINÉE

      AUSTRALIE

      OCÉAN PACIFIQUE

      [Illustrations, page 426]

      Dans de nombreux pays, le discours intitulé “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais” a attiré de vastes auditoires.

      [Illustrations, page 427]

      À lui seul, Edwin Scott a distribué 50 000 exemplaires de la résolution intitulée “Un appel aux conducteurs des nations!” en Afrique du Sud.

      [Illustration, page 429]

      En réponse à l’appel pour des évangélisateurs, Willy Unglaube est allé prêcher en Europe, en Afrique et en Extrême-Orient.

      [Illustrations, page 430]

      En 1992, Eric Cooke et son frère John (assis) avaient passé chacun plus de 60 ans dans le service à plein temps; ils ont vécu des moments exaltants en Europe et en Afrique.

      [Illustration, page 431]

      Quand il s’est rendu en Inde en 1926, Edwin Skinner s’est vu confier un territoire qui comprenait cinq pays; il a fidèlement continué d’y prêcher pendant 64 ans.

      [Illustration, page 433]

      Alfred et Frieda Tuček, munis de leurs effets personnels et de publications pour la prédication, ont été pionniers dans l’ancienne Yougoslavie.

      [Illustrations, page 434]

      Dans toute l’Afrique occidentale, “Brown la Bible” a vigoureusement contribué à dévoiler le faux culte.

      [Illustration, page 436]

      George Young a contribué à la proclamation du Royaume de Dieu en Amérique du Sud, en Espagne et au Portugal.

      [Illustration, page 437]

      Juan Muñiz (à gauche), qui prêchait en Amérique du Sud depuis 1924, était là pour accueillir Nathan Knorr lors de sa première visite en Argentine, plus de 20 ans après.

      [Illustration, page 438]

      Nicolás Argyrós a fait connaître la vérité libératrice de la Bible dans 14 provinces d’Argentine.

      [Illustrations, page 439]

      Par la route et par la mer, Frank Franske s’est efforcé d’atteindre les petits villages isolés pour y faire connaître la vérité biblique.

  • Partie 3 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
    Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
    • Chapitre 22

      Partie 3 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre

      Les pages 444 à 461 du présent ouvrage traitent de la prédication du Royaume dans le monde de 1935 à 1945. L’année 1935 est marquante, car on a compris alors qui constitue la grande multitude, ou grande foule, dont il est question en Révélation 7:9. En rapport avec le rassemblement de ce groupe, les Témoins de Jéhovah ont commencé à discerner que la Bible plaçait devant eux une œuvre d’une envergure sans précédent. Comment l’ont-​ils effectuée quand les nations se sont précipitées dans la Seconde Guerre mondiale et que la plupart des pays ont interdit leur organisation ou leurs publications bibliques?

      DURANT les années 30, par leur ministère, les Témoins de Jéhovah cherchaient à communiquer le message du Royaume au plus grand nombre de gens possible. Quand ils rencontraient une personne qui manifestait un intérêt exceptionnel, certains d’entre eux passaient parfois une bonne partie de la nuit à lui expliquer les vérités bibliques et à répondre à ses questions. Mais, dans la plupart des cas, les Témoins se contentaient de brèves présentations destinées à éveiller l’intérêt de leurs interlocuteurs, après quoi ils laissaient les publications ou les discours publics faire le reste. Leur œuvre consistait à informer les gens, à semer les graines de la vérité du Royaume.

      De grands efforts pour communiquer la bonne nouvelle à de nombreuses personnes

      Les prédicateurs comprenaient que l’œuvre était urgente. Par exemple, au début des années 30, après avoir lu les claires explications des brochures Enfer et Où sont les morts?, Armando Menazzi, qui habitait à Córdoba (Argentine), a agi avec détermination (Ps. 145:20; Eccl. 9:5; Actes 24:15). Ce qu’il avait lu, ainsi que le zèle de Nicolás Argyrós, l’a incité à vendre son garage pour se consacrer à la prédication de la vérité comme pionnier. Puis, au début des années 40, il a encouragé les Témoins de Córdoba à acheter un vieil autobus et à l’équiper de lits, et des groupes de dix proclamateurs ou plus se sont servis de ce véhicule pour effectuer des tournées de prédication d’une ou deux semaines, parfois même de trois mois. On organisait ces expéditions à l’avance, et on donnait à différents frères et sœurs de la congrégation la possibilité d’y participer. Chaque membre d’une équipe avait une tâche à effectuer: faire le ménage, cuisiner, ou bien pêcher et chasser pour avoir de quoi manger. Ce groupe de prédicateurs zélés a prêché de maison en maison dans au moins dix provinces d’Argentine, parcourant villes et villages, et atteignant même les fermes isolées.

      En Australie, les prédicateurs manifestaient un état d’esprit semblable. Ils prêchaient beaucoup dans les villes côtières très peuplées. Mais ils ont aussi cherché à donner le témoignage aux habitants des régions reculées. C’est ainsi que le 31 mars 1936, en vue de rencontrer les éleveurs de moutons et de bovins disséminés dans l’intérieur du pays, Arthur Willis et Bill Newlands ont entrepris un voyage de 19 700 kilomètres. Sur la plus grande partie de leur itinéraire, il n’y avait pas de routes, seulement des pistes à travers le désert dénué d’arbres, un désert brûlant et tourmenté par de furieuses tempêtes de poussière. Mais ils sont allés résolument de l’avant. Quand ils rencontraient une personne bien disposée, ils lui faisaient écouter des discours bibliques enregistrés et lui laissaient des publications. Ils ont fait d’autres voyages accompagnés de John (Ted) Sewell qui, par la suite, s’est porté volontaire pour aller prêcher en Asie du Sud-Est.

      Le territoire dont s’occupait la filiale d’Australie était loin de se limiter à ce seul continent. Il comprenait la Chine, ainsi que les archipels et les pays s’étendant de Tahiti, à l’est, jusqu’à la Birmanie (le Myanmar), à l’ouest, soit sur une distance de 13 700 kilomètres. Il incluait notamment Hong-Kong, l’Indochine (aujourd’hui le Cambodge, le Laos et le Viêt Nam), les Indes néerlandaises (incluant des îles comme Sumatra, Java et Bornéo), la Nouvelle-Zélande, le Siam (aujourd’hui la Thaïlande), et la Malaisie. Il n’était pas rare que le surveillant de filiale, Alexander MacGillivray, un Écossais, invite un jeune pionnier zélé dans son bureau, lui montre une carte du territoire de la filiale, et lui demande: ‘Aimerais-​tu être missionnaire?’ Puis, montrant du doigt une région peu ou jamais parcourue en prédication, il demandait: ‘Que dirais-​tu d’inaugurer l’œuvre dans ce territoire?’

      Au début des années 30, certains de ces pionniers avaient déjà accompli une grande activité aux Indes néerlandaises (aujourd’hui l’Indonésie) et à Singapour. En 1935, Frank Dewar, un Néo-Zélandais, a accompagné un groupe de ces pionniers sur le Lightbearer jusqu’à Singapour. Puis, juste avant de mettre le cap sur la côte nord-ouest de la Malaisie, Eric Ewins, le capitaine, lui a dit: “Voilà, nous y sommes, Frank. Nous ne pouvons pas t’emmener plus loin. Tu voulais aller au Siam, eh bien, c’est là que tu dois débarquer!” Mais Frank ne pensait pour ainsi dire plus au Siam tellement il appréciait de prêcher avec cet équipage. Désormais, il allait devoir se débrouiller tout seul.

      Il s’est arrêté à Kuala Lumpur en attendant d’avoir assez d’argent pour finir le voyage, mais pendant cette halte il a eu un accident: il s’est fait renverser par un camion alors qu’il roulait à vélo. Une fois rétabli, il a pris un train bondé pour Bangkok avec seulement cinq dollars en poche. Mais, confiant que Jéhovah pouvait subvenir à ses besoins, il s’est mis à prêcher. Claude Goodman y avait déjà prêché un peu en 1931; mais quand Frank est arrivé en juillet 1936, il n’y avait aucun Témoin pour l’accueillir. Toutefois, durant les quelques années suivantes, d’autres ont pris part à l’œuvre: Willy Unglaube, Hans Thomas et Kurt Gruber, des Allemands, ainsi que Ted Sewell, un Australien. Ils ont distribué de nombreuses publications, mais la plupart étaient en anglais, en chinois et en japonais.

      Quand les Témoins ont écrit au siège de la Société pour signaler qu’ils avaient besoin de publications en thaï, mais ne disposaient d’aucun traducteur, frère Rutherford leur a répondu: “Je ne suis pas en Thaïlande; vous, vous y êtes. Ayez foi en Jéhovah, prêchez avec diligence, et vous trouverez un traducteur.” C’est ce qu’ils ont fait. Chomchai Inthaphan, ancienne directrice d’une école presbytérienne de jeunes filles à ChiangMai, a accepté la vérité, et en 1941 elle a commencé à traduire les publications bibliques en thaï.

      Une semaine après s’être mis à prêcher à Bangkok, Frank Dewar a eu la visite de Frank Rice, qui avait inauguré l’œuvre du Royaume à Java (aujourd’hui une partie de l’Indonésie), et se rendait dans ce qui était alors l’Indochine française. Une fois sur place, comme il l’avait fait dans son territoire précédent, Frank Rice a prêché aux anglophones tout en apprenant la langue locale. Après avoir parcouru Saïgon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville), il a donné quelques cours d’anglais et s’est acheté une vieille voiture en vue de se rendre dans le nord du pays. Il ne se souciait pas de son confort, mais des intérêts du Royaume (Héb. 13:5). Grâce à ce véhicule, il a pu donner le témoignage dans les villes, les villages et les maisons isolées tout le long de la route menant à Hanoï.

      Une publicité hardie

      Afin d’éveiller l’intérêt des gens pour le message du Royaume et de leur montrer la nécessité d’agir avec détermination, les Témoins ont utilisé dans de nombreux pays des méthodes qui attiraient l’attention. À partir de 1936, à Glasgow (Écosse), ils ont annoncé les discours d’assemblée en portant des pancartes et en distribuant des feuilles d’invitation dans les quartiers commerçants. Deux ans plus tard, en 1938, à l’occasion d’une assemblée organisée à Londres (Angleterre), ils ont fait une autre chose marquante: Nathan Knorr et Albert Schroeder, qui sont par la suite devenus tous deux membres du Collège central, ont mené un défilé d’un millier de Témoins à travers le quartier d’affaires de Londres. Dans cette marche, un participant sur deux portait une pancarte annonçant le discours public intitulé “Face aux réalités”, qui allait être donné par Joseph Rutherford au Royal Albert Hall; les autres tenaient des écriteaux portant cette inscription: “La religion est un piège et une escroquerie.” (À l’époque, ils entendaient par religion tout culte qui n’était pas en accord avec la Parole de Dieu, la Bible.) Plus tard dans la semaine, pour neutraliser la réaction hostile de certains observateurs, on a intercalé des écriteaux portant l’inscription “Servez Dieu et Christ, le Roi” entre les précédents. Beaucoup de Témoins de Jéhovah trouvaient difficile de participer à cette activité, mais ils la considéraient comme une occasion supplémentaire de servir Jéhovah, une épreuve de plus pour leur fidélité.

      Tout le monde n’appréciait pas la publicité hardie que les Témoins de Jéhovah donnaient à leur message. En Australie et en Nouvelle-Zélande, le clergé a usé de son influence sur les directeurs de stations de radio pour faire supprimer toutes les émissions produites par les Témoins de Jéhovah. En avril 1938, alors que frère Rutherford se rendait en Australie pour y prononcer un discours radiodiffusé, les pouvoirs publics ont cédé à ceux qui voulaient l’empêcher de prendre la parole à l’hôtel de ville de Sydney et à la radio. On a donc rapidement loué les Sports Grounds de Sydney, et en raison du tapage qu’a provoqué dans les médias la visite de frère Rutherford une foule plus nombreuse encore est venue écouter son discours. Dans d’autres circonstances où ils se sont vu refuser l’utilisation de la radio, les Témoins ont réagi en donnant une grande publicité à des réunions au cours desquelles les discours de frère Rutherford étaient passés sur phonographe.

      En Belgique, les ecclésiastiques envoyaient des enfants jeter des pierres aux Témoins, et ils passaient personnellement dans les foyers pour se faire remettre les publications qui avaient été distribuées. Toutefois, certains villageois appréciaient ce qu’ils apprenaient des Témoins de Jéhovah. Ils disaient souvent: “Donnez-​moi plusieurs de vos brochures; quand monsieur le curé viendra, je lui en donnerai une pour le contenter et je garderai les autres pour les lire.”

      Cependant, au cours des années suivantes, une opposition encore plus forte s’est manifestée contre les Témoins de Jéhovah et le message du Royaume qu’ils proclamaient.

      L’Europe en guerre: prédication malgré la persécution

      Comme ils ne voulaient pas renier leur foi ni cesser de prêcher, des milliers de Témoins de Jéhovah d’Autriche, de Belgique, de France, d’Allemagne et des Pays-Bas ont été jetés en prison ou envoyés dans les camps de concentration nazis. Là, les brutalités étaient monnaie courante. Ceux qui n’étaient pas encore incarcérés poursuivaient leur ministère avec prudence. Ils prêchaient souvent avec la Bible uniquement et ne proposaient d’autres publications que lors des nouvelles visites chez les personnes bien disposées. Pour éviter de se faire arrêter, les Témoins rendaient visite à un foyer dans une cage d’escalier, puis allaient dans un autre bâtiment, ou bien après s’être entretenus avec les occupants d’une seule maison, ils changeaient de rue avant de se présenter à une autre porte. Mais ils n’avaient nullement peur de donner le témoignage.

      En Allemagne, le 12 décembre 1936, quelques mois seulement après que la Gestapo eut arrêté des milliers de Témoins et d’autres personnes bien disposées dans le cadre d’une action nationale visant à mettre un terme à leur œuvre, les Témoins ont eux aussi organisé une campagne. À la vitesse de l’éclair, dans tout le pays, ils ont distribué des dizaines de milliers d’exemplaires d’une résolution dans les boîtes aux lettres et sous les portes. Ces imprimés protestaient contre le traitement cruel qui était infligé à leurs frères et sœurs chrétiens. Dans l’heure qui a suivi le début de la distribution, la police était sur les dents pour essayer d’arrêter les distributeurs, mais elle n’en a attrapé qu’une douzaine dans l’ensemble du pays.

      Les autorités étaient stupéfaites qu’une telle campagne ait pu être menée à bien après tous les efforts du gouvernement nazi pour mettre un terme à l’œuvre. De plus, elles ont commencé à avoir peur de la population. Pour quelle raison? Eh bien, quand les policiers et autres fonctionnaires en uniforme ont demandé aux gens s’ils avaient reçu un tract, la plupart ont répondu par la négative. La grande majorité d’entre eux n’en avaient effectivement pas reçu, car on n’avait laissé un exemplaire qu’à deux ou trois foyers par bâtiment. Mais la police l’ignorait. Elle pensait qu’on avait laissé un tract à chaque porte.

      Durant les mois qui ont suivi, les chefs nazis ont récusé haut et fort les accusations lancées dans cette résolution imprimée. C’est pourquoi, le 20 juin 1937, les Témoins encore libres ont distribué un autre message, une lettre ouverte qui donnait de nombreux détails sur la persécution, citait des noms de fonctionnaires, et précisait les dates et les lieux. La Gestapo a été consternée de constater que ses agissements étaient dévoilés et que les Témoins étaient en mesure d’effectuer une telle distribution.

      La famille Kusserow, de Bad Lippspringe (Allemagne), a manifesté à de nombreuses reprises cette même détermination à donner le témoignage. Par exemple, aussitôt après que Wilhelm Kusserow a été exécuté publiquement à Münster par le régime nazi pour avoir refusé de renier sa foi, Hilda, sa mère, est allée à la prison réclamer la dépouille pour l’enterrement. Elle a dit aux siens: “Nous allons donner un grand témoignage à ceux qui le connaissaient.” Aux funérailles, Franz, le père de Wilhelm, a prononcé une prière exprimant la foi dans les dispositions pleines d’amour de Jéhovah. Karl-Heinz, le frère de Wilhelm, a exprimé des pensées réconfortantes tirées de la Bible. Ils ne sont pas restés impunis pour cela, mais l’important à leurs yeux était d’honorer Jéhovah en donnant un témoignage sur son nom et son Royaume.

      Aux Pays-Bas, comme les conditions empiraient à cause de la guerre, les Témoins ont fait preuve de sagesse en modifiant la façon dont ils tenaient leurs réunions. Ils ont décidé de se retrouver par groupes de dix au maximum et dans des foyers privés. Ils changeaient fréquemment de lieux de réunion. Chaque Témoin ne fréquentait que son groupe, et personne ne divulguait l’adresse où avait lieu l’étude, pas même à un ami de confiance. À cette époque où la guerre entraînait la déportation de populations entières, les Témoins de Jéhovah savaient que les gens avaient désespérément besoin du message réconfortant que seule la Parole de Dieu apporte, et ils le leur communiquaient sans crainte. Toutefois, le bureau de la filiale a, par une lettre, rappelé aux frères la prudence dont Jésus avait fait preuve en diverses circonstances face à ses adversaires (Mat. 10:16; 22:15-22). Par la suite, quand ils rencontraient une personne hostile, ils notaient précisément son adresse afin que des précautions spéciales soient prises lorsque son quartier serait de nouveau parcouru.

      En Grèce, la population a beaucoup souffert sous l’occupation allemande. Cependant, les traitements les plus cruels infligés aux Témoins de Jéhovah ont été dus à la fausse image qu’a donnée d’eux le clergé de l’Église orthodoxe grecque. Celui-ci a tout fait pour que la police et les tribunaux s’en prennent à eux. De nombreux Témoins ont été incarcérés, chassés de chez eux et envoyés dans des villages éloignés, ou exilés dans des conditions pénibles sur des îles désertes. Ils n’en ont pas moins continué à témoigner (voir Actes 8:1, 4). Ils le faisaient souvent en parlant aux gens dans les parcs et les jardins publics; ils s’asseyaient à côté d’eux sur les bancs et leur parlaient du Royaume de Dieu. Quand quelqu’un manifestait un intérêt sincère, ils lui prêtaient une publication biblique qui leur était rendue ultérieurement et servait maintes et maintes fois. De nombreuses personnes éprises de vérité ont ainsi accepté avec gratitude l’aide des Témoins et se sont même jointes à eux pour communiquer la bonne nouvelle à autrui, quoique cela leur ait valu de cruelles persécutions.

      Si les Témoins ont pu faire preuve de courage et de persévérance, c’est notamment parce qu’ils étaient bien nourris sur le plan spirituel. Certes, pendant la guerre, dans certaines parties de l’Europe le manque de publications ne permettait pas d’en distribuer, mais ils sont parvenus à faire circuler entre eux des écrits édités par la Société pour fortifier la foi des Témoins de Jéhovah du monde entier. August Kraft, Peter Gölles, Ludwig Cyranek, Therese Schreiber et bien d’autres ont risqué leur vie en participant à la duplication et à la distribution de ces imprimés bibliques qui étaient introduits subrepticement en Autriche par l’Italie, la Suisse et la Tchécoslovaquie. Aux Pays-Bas, c’est un aimable surveillant de prison qui a aidé Arthur Winkler en lui procurant une Bible. Malgré toutes les précautions de l’ennemi, les eaux rafraîchissantes de la vérité biblique déversées par La Tour de Garde ont pénétré jusque dans les camps de concentration allemands et ont circulé parmi les frères qui s’y trouvaient.

      Même durant leur détention dans les prisons et les camps de concentration, les Témoins de Jéhovah n’ont pas cessé de donner le témoignage. Alors qu’il était en prison à Rome, l’apôtre Paul a écrit: “J’endure le mal jusqu’à porter des liens (...). Mais la parole de Dieu n’est pas liée.” (2 Tim. 2:9). Cela s’est vérifié dans le cas des Témoins de Jéhovah d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale. Les gardiens observaient leur conduite; certains posaient des questions et quelques-uns sont devenus croyants comme eux, bien que cela leur ait coûté la liberté. De nombreux prisonniers détenus avec les Témoins venaient de pays comme la Russie, où la bonne nouvelle avait été très peu prêchée. Après la guerre, certains de ces prisonniers devenus Témoins de Jéhovah sont retournés dans leur pays, impatients d’y répandre le message du Royaume.

      La persécution brutale et les conséquences de la guerre totale n’ont pas pu empêcher que, comme prédit, des gens soient rassemblés dans la grande maison spirituelle de Jéhovah pour l’adorer (És. 2:2-4). De 1938 à 1945, la plupart des pays d’Europe ont signalé un accroissement important du nombre de ceux qui participaient publiquement à ce culte en proclamant le Royaume de Dieu. En Grande-Bretagne, en Finlande, en France et en Suisse, les Témoins ont enregistré un accroissement d’environ 100 %. En Grèce, le nombre des prédicateurs a été multiplié presque par sept, aux Pays-Bas par douze. Mais fin 1945, on n’avait pas encore de détails sur les résultats obtenus en Allemagne et en Roumanie, et on ne disposait que de rapports incomplets en provenance d’un bon nombre d’autres pays.

      Sur d’autres continents que l’Europe, pendant la guerre

      En Extrême-Orient aussi, la guerre mondiale a entraîné d’énormes difficultés pour les Témoins de Jéhovah. Au Japon et en Corée, on les a arrêtés, battus et torturés parce qu’ils soutenaient le Royaume de Dieu et refusaient de rendre un culte à l’empereur japonais. Finalement, ils n’ont plus eu aucun contact avec les Témoins d’autres pays. Beaucoup d’entre eux n’avaient la possibilité de donner un témoignage que lors de leurs interrogatoires ou de leur jugement. À la fin de la guerre, dans ces pays la prédication publique des Témoins de Jéhovah avait pour ainsi dire cessé.

      Quand la guerre a gagné les Philippines, les Témoins ont été maltraités par les deux camps parce qu’ils ne voulaient soutenir ni les Japonais ni la résistance. Pour ne pas être pris, beaucoup se sont enfuis de chez eux. Mais tout en se déplaçant de lieu en lieu, ils prêchaient; ils prêtaient des publications lorsqu’ils en avaient quelques-unes, et par la suite ils se sont servis uniquement de la Bible. Quand le front a reculé, plusieurs bateaux ont été équipés pour transporter d’importants groupes de Témoins sur des îles où le témoignage avait été peu donné jusque-​là, voire pas du tout.

      En Birmanie (Myanmar), ce n’est pas l’invasion japonaise, mais l’influence exercée sur les autorités coloniales par le clergé des Églises anglicane, méthodiste, catholique et baptiste américaine qui a entraîné l’interdiction des publications des Témoins de Jéhovah en mai 1941. Deux Témoins qui travaillaient à la poste ont vu arriver un télégramme annonçant cette décision; les frères ont donc rapidement retiré les publications du dépôt de la Société pour qu’elles ne soient pas confisquées. Ils ont ensuite cherché un moyen d’en acheminer une bonne partie par voie de terre jusqu’en Chine.

      À l’époque, le gouvernement américain envoyait de grandes quantités de matériel de guerre au gouvernement nationaliste chinois par des camions qui empruntaient la route de la Birmanie. Les Témoins ont tenté de retenir de la place dans un de ces camions, mais ils ont essuyé un refus. Leurs efforts pour se procurer un véhicule à Singapour se sont également soldés par un échec. Toutefois, quand Mick Engel, qui était responsable du dépôt de la Société à Rangoun, s’est adressé à un haut fonctionnaire américain, il a obtenu l’autorisation de transporter les publications dans des camions de l’armée.

      Néanmoins, par la suite, lorsque Fred Paton et Hector Oates sont allés demander à l’officier responsable du convoi à destination de la Chine de réserver de la place dans un camion, il a failli avoir une attaque. “Quoi? a-​t-​il hurlé, est-​ce que vous vous imaginez que je vais vous donner une place précieuse dans mes camions pour vos misérables tracts quand je ne peux même pas loger le matériel militaire et médical dont il y a un besoin urgent et qui est en train de pourrir ici en plein air?” Fred a marqué une pause, a ouvert sa serviette et lui a montré l’autorisation écrite en lui faisant remarquer qu’il serait très grave de sa part de ne pas suivre les directives données par les autorités de Rangoun. Sur ce, non seulement le responsable des convois a assuré le transport de deux tonnes de livres, mais il a mis une camionnette tout équipée, avec chauffeur, à la disposition des frères. Ils se sont dirigés avec leur précieux chargement vers le nord-est, sur la dangereuse route de montagne menant en Chine. Après avoir donné le témoignage à Baoshan, ils se sont rendus sans tarder à Chongqing. Ils ont distribué des milliers de publications traitant du Royaume de Jéhovah durant l’année qu’ils ont passée en Chine. Parmi les personnes à qui ils ont personnellement donné le témoignage figurait Tchang Kaï-chek, le président du gouvernement nationaliste chinois.

      Pendant ce temps, comme les bombardements s’intensifiaient en Birmanie, tous les Témoins sauf trois ont quitté le pays, la plupart pour se réfugier en Inde. Les trois qui sont restés ont dû, par la force des choses, limiter leur activité. Malgré tout, ils ont continué à donner le témoignage de façon informelle, et leurs efforts ont produit du fruit après la guerre.

      En Amérique du Nord aussi, les Témoins de Jéhovah ont rencontré de grands obstacles durant la guerre. La violence de foules déchaînées et l’application de lois locales au mépris de la Constitution ont beaucoup entravé la prédication. Des milliers de Témoins ont été incarcérés à cause de leur neutralité chrétienne. Malgré tout, cela n’a pas diminué leur ministère de maison en maison. De plus, à partir de février 1940, il est devenu courant de les voir dans les quartiers commerçants proposer La Tour de Garde et Consolation (aujourd’hui Réveillez-vous!). Leur zèle s’est même accru. Bien qu’ils aient connu une des plus dures persécutions qui leur aient été infligées dans cette partie du monde, leur nombre a plus que doublé aux États-Unis et au Canada de 1938 à 1945, et ils ont consacré trois fois plus de temps au ministère public.

      Dans de nombreux pays membres du Commonwealth britannique (en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie et dans les îles des Antilles et du Pacifique), les Témoins de Jéhovah ou leurs écrits ont été officiellement interdits. L’un de ces pays a été l’Australie. Un décret officiel publié le 17 janvier 1941 sur l’ordre du gouverneur général stipulait qu’il était désormais illégal pour les Témoins de Jéhovah de se réunir afin de pratiquer leur culte, de distribuer l’une quelconque de leurs publications, ou même d’en posséder. Comme la loi permettait de faire appel de cette décision, une action a été rapidement intentée. Mais c’est plus de deux ans après que le juge Starke, membre de la Haute Cour, a déclaré que les arrêtés sur lesquels reposait cette interdiction étaient “arbitraires, fantasques et tyranniques”. Par la suite, la Haute Cour a décidé la levée de l’interdiction. Mais qu’avaient fait les Témoins de Jéhovah dans l’intervalle?

      À l’exemple des apôtres de Jésus Christ, ils ‘avaient obéi à Dieu comme à un chef plutôt qu’aux hommes’. (Actes 4:19, 20; 5:29.) Ils ont continué à prêcher. Malgré les multiples obstacles, ils ont même organisé une assemblée à Hargrave Park, près de Sydney, du 25 au 29 décembre 1941. Le gouvernement ayant refusé l’accès au chemin de fer à certains, un groupe de Témoins d’Australie occidentale a équipé au gazogène des véhicules et a entamé un voyage de 14 jours à travers le pays, dont une semaine éprouvante pour franchir la redoutable plaine de Nullarbor. Ces Témoins sont arrivés à bon port pour profiter du programme avec six mille autres assistants. L’année suivante, une autre assemblée a été organisée, mais cette fois l’assistance a été divisée en 150 groupes plus petits qui se sont réunis dans sept grandes villes à travers le pays, les orateurs se rendant de l’une à l’autre.

      En 1939, les conditions se détériorant en Europe, certains ministres à plein temps Témoins de Jéhovah se sont portés volontaires pour aller prêcher dans d’autres territoires (voir Matthieu 10:23; Actes 8:4). Trois pionniers allemands ont été envoyés de Suisse à Shanghaï (Chine). Un certain nombre sont partis en Amérique du Sud. Parmi ceux qui ont été nommés au Brésil se trouvaient Otto Estelmann, qui visitait et aidait les congrégations de Tchécoslovaquie, et Erich Kattner, qui avait travaillé au bureau de la Société Watch Tower à Prague. Leur nouveau territoire n’était pas facile. Ils ont constaté que, dans certaines régions rurales, les Témoins se levaient de bonne heure, prêchaient jusqu’à 7 heures, puis tard dans la soirée. Frère Kattner se rappelle que lorsqu’il se déplaçait de lieu en lieu il dormait souvent à la belle étoile, sa sacoche de publications lui servant d’oreiller. — Voir Matthieu 8:20.

      Frères Estelmann et Kattner avaient tous deux été pourchassés par la police secrète nazie en Europe. Avaient-​ils échappé à la persécution en partant au Brésil? Au contraire, au bout d’un an seulement, ils ont été condamnés à une longue période de résidence surveillée et de réclusion à l’instigation d’autorités qui semblaient favorables aux nazis! Là aussi, il était courant que le clergé catholique s’oppose aux Témoins, mais ceux-ci persévéraient dans l’œuvre que Dieu leur avait confiée. Ils ne cessaient d’atteindre des villes du Brésil où le message du Royaume n’avait pas encore été prêché.

      Un examen de la situation mondiale montre que dans la majorité des pays où les Témoins de Jéhovah se trouvaient durant la Seconde Guerre mondiale, les autorités ont interdit leur organisation ou leurs publications. Certes, ils prêchaient dans 117 pays en 1938, mais pendant la guerre (1939-​1945) leur organisation ou leurs écrits ont été interdits, ou leurs ministres expulsés, dans plus d’une soixantaine de ces pays. Même là où leur œuvre n’a pas été interdite, ils ont eu à subir la violence de la foule et de fréquentes arrestations. Mais la prédication de la bonne nouvelle n’a pas cessé pour autant.

      La grande foule commence à se manifester en Amérique latine

      En pleine guerre, en février 1943, la Société Watch Tower a ouvert l’École de Galaad aux États-Unis, dans l’État de New York, pour former des missionnaires appelés à aller prêcher à l’étranger, en prévision de l’œuvre qu’il allait falloir accomplir après le conflit. Avant la fin de cette année-​là, 12 de ces missionnaires avaient déjà commencé à prêcher à Cuba. Ce pays s’est révélé être un territoire très productif.

      Dès 1910, des graines de la vérité biblique avaient été semées à Cuba. Charles Russell y avait prononcé un discours en 1913. Joseph Rutherford avait présenté une allocution radiophonique à La Havane en 1932, allocution qui avait été rediffusée en espagnol. Mais l’accroissement était lent. L’analphabétisme était répandu et les préjugés religieux très puissants. Dans un premier temps, l’intérêt s’est surtout manifesté parmi les anglophones originaires de la Jamaïque et d’autres pays. En 1936, on comptait seulement 40 prédicateurs du Royaume à Cuba. Mais ensuite l’œuvre consistant à planter et à arroser les graines de la vérité du Royaume a commencé à porter davantage de fruit.

      C’est en 1934 que, pour la première fois, des Cubains se sont fait baptiser; d’autres ont suivi leur exemple par la suite. À partir de 1940, des émissions radiophoniques quotidiennes alliées à un témoignage hardi dans les rues se sont ajoutées au ministère de maison en maison dans ce pays. Avant même que des missionnaires formés à Galaad n’arrivent en 1943, 950 personnes avaient accepté la bonne nouvelle et la communiquaient à autrui, bien que de façon irrégulière pour certaines. Pendant les deux années qui ont suivi l’arrivée des missionnaires, le nombre des prédicateurs s’est accru encore plus rapidement. En 1945, il y avait 1 894 Témoins de Jéhovah à Cuba. La plupart d’entre eux appartenaient auparavant à une religion qui enseignait que tous ses fidèles iraient au ciel, et pourtant la grande majorité d’entre eux se réjouissaient maintenant à la perspective de vivre éternellement sur la terre dans un paradis rétabli (Gen. 1:28; 2:15; Ps. 37:9, 29; Rév. 21:3, 4). Seulement 1,4 % d’entre eux se disaient frères du Christ oints de l’esprit.

      Le siège mondial de la Société a apporté de l’aide à l’Amérique latine d’une autre manière encore. Au début de 1944, Nathan Knorr, Frederick Franz, William Van Amburgh et Milton Henschel ont passé dix jours à Cuba pour y affermir les frères. À cette occasion, une assemblée s’est tenue à La Havane, et on a annoncé des dispositions pour assurer une meilleure coordination de l’œuvre de prédication. Ce voyage a également amené frères Knorr et Henschel à se rendre au Costa Rica, au Guatemala et au Mexique pour aider les Témoins de ces pays.

      En 1945 et 1946, Nathan Knorr et Frederick Franz ont effectué des voyages qui leur ont permis de parler et de collaborer avec les Témoins de 24 pays situés entre le Mexique et la pointe sud de l’Amérique du Sud, ainsi qu’aux Antilles. Ils ont passé cinq mois dans cette partie du monde, apportant avec amour aide et direction. Dans certains endroits, ils se sont réunis avec seulement une poignée de personnes bien disposées. Afin que les réunions et la prédication soient régulièrement organisées, ils ont personnellement participé à la formation des premières congrégations de Lima (Pérou) et de Caracas (Venezuela). Partout où des réunions se tenaient déjà, ils y assistaient et, à l’occasion, montraient comment y inclure davantage de conseils pratiques en vue de l’œuvre d’évangélisation.

      Dans la mesure du possible, il était prévu que des discours publics soient prononcés durant ces visites. Les Témoins ont donné une grande publicité à ces discours en portant des pancartes et en distribuant des feuilles d’invitation dans les rues. Grâce à ces efforts, les 394 Témoins du Brésil ont eu la joie de dénombrer 765 assistants à l’assemblée qu’ils ont tenue à São Paulo. Au Chili, où il y avait 83 proclamateurs du Royaume, 340 personnes sont venues écouter le discours qui avait reçu une large publicité. Au Costa Rica, les 253 Témoins ont eu le plaisir d’accueillir 849 personnes en tout à leurs deux assemblées. Ces rassemblements étaient pour eux autant d’occasions de goûter leur chaleureuse fraternité.

      Cependant, l’objectif n’était pas simplement de tenir des assemblées mémorables. Durant ces voyages, les représentants du siège mondial de la Société mettaient l’accent sur l’importance de faire des nouvelles visites chez les personnes bien disposées et d’étudier la Bible avec elles à leur domicile, car, pour qu’elles deviennent de véritables disciples, il fallait qu’elles soient régulièrement instruites de la Parole de Dieu. Il en est résulté un accroissement rapide du nombre des études bibliques à domicile dans cette partie du monde.

      Pendant que frères Knorr et Franz effectuaient ces tournées de service, d’autres missionnaires formés à Galaad rejoignaient leurs territoires. Fin 1944, il s’en trouvait quelques-uns au Costa Rica, au Mexique et à Porto Rico. En 1945, d’autres missionnaires ont contribué à mieux organiser la prédication dans les pays suivants: Barbade, Brésil, Chili, Colombie, Guatemala, Haïti, Honduras britannique (aujourd’hui Bélize), Jamaïque, Nicaragua, Panama, Salvador et Uruguay. Quand les deux premiers missionnaires sont arrivés en République dominicaine en 1945, ils étaient les seuls Témoins dans ce pays. Le ministère de ces missionnaires de la première heure n’a pas tardé à porter du fruit. Trinidad Paniagua a déclaré au sujet des missionnaires envoyés au Guatemala: “C’était exactement ce qu’il nous fallait: des enseignants de la Parole de Dieu qui nous aident à comprendre comment nous y prendre pour accomplir l’œuvre.”

      C’est ainsi que le fondement de l’expansion a été posé dans cette partie du monde. Aux Antilles, il y avait 3 394 proclamateurs du Royaume à la fin de 1945. Il y en avait 3 276 au Mexique, 404 en Amérique centrale et 1 042 en Amérique du Sud. Pour cette partie du monde, ces chiffres représentaient un accroissement de 386 % en sept années très troublées de l’histoire humaine. Mais ce n’était qu’un commencement. Un accroissement d’une ampleur vraiment extraordinaire était encore à venir! En effet, la Bible avait annoncé qu’“une grande foule” d’adorateurs de Jéhovah venant “de toutes nations et tribus et peuples et langues” serait rassemblée avant la grande tribulation. — Rév. 7:9, 10, 14.

      Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, il n’y avait que 72 475 Témoins de Jéhovah dans 115 pays (selon les divisions de la carte politique du monde au début des années 90). Malgré la persécution virulente qu’ils ont subie dans le monde entier, leur nombre avait plus que doublé à la fin de la guerre. Ainsi, le rapport pour 1945 montrait qu’il y avait 156 299 Témoins actifs dans les 107 pays pour lesquels on a pu compiler les rapports. Mais en fait, à cette époque, 163 pays avaient entendu le message du Royaume.

      Le témoignage donné de 1936 à 1945 a été vraiment prodigieux. Durant cette décennie tourmentée, ces Témoins de Jéhovah zélés ont consacré en tout 212 069 285 heures à proclamer à la face du monde que le Royaume est la seule espérance de l’humanité. Ils ont aussi distribué 343 054 579 livres, brochures et périodiques pour aider autrui à discerner le fondement biblique de cette espérance. Pour aider les personnes qui s’intéressaient sincèrement à ce message, en 1945 ils ont dirigé en moyenne 104 814 études bibliques gratuites à domicile.

      [Entrefilet, page 455]

      Bien qu’ils aient dû fuir à cause de la guerre, ils ont continué à prêcher.

      [Encadré/Illustrations, pages 451-453]

      Ils ont refusé de cesser leur prédication, même au prix de leur liberté

      Ce ne sont là que quelques-uns des milliers de Témoins qui ont souffert pour leur foi dans les prisons et les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale.

      1. Adrian Thompson, Nouvelle-Zélande. Incarcéré en 1941 en Australie; sa demande d’exemption du service militaire a été rejetée à l’époque où l’œuvre des Témoins de Jéhovah était interdite en Australie. Après sa libération, en qualité de surveillant itinérant, il a fortifié les congrégations dans leur service public. Missionnaire et premier surveillant itinérant au Japon après la guerre; il a continué de prêcher avec zèle jusqu’à sa mort, en 1976.

      2. Alois Moser, Autriche. Détenu dans sept prisons et camps de concentration. À l’âge de 92 ans, il était toujours actif en 1992.

      3. Franz Wohlfahrt, Autriche. L’exécution de son père et celle de son frère ne l’ont pas fait renoncer. Détenu au camp de Rollwald (Allemagne) pendant cinq ans. En 1992, il prêchait toujours, à l’âge de 70 ans.

      4. Thomas Jones, Canada. Emprisonné en 1944, puis détenu dans deux camps de travail. En 1977, après 34 ans de service à plein temps, il a été nommé membre du Comité de la filiale qui dirige la prédication au Canada.

      5. Maria Hombach, Allemagne. Arrêtée à de multiples reprises; elle est restée au secret pendant trois ans et demi. Elle a risqué sa vie pour transmettre des publications bibliques à d’autres Témoins. En 1992, à 90 ans, elle sert fidèlement comme membre de la famille du Béthel.

      6. Max et Konrad Franke, Allemagne. Père et fils, tous deux incarcérés plusieurs fois et pendant de nombreuses années. (La femme de Konrad, Gertrud, a également été emprisonnée.) Ils sont restés fidèles et zélés dans le service de Jéhovah, et Konrad a joué un grand rôle dans la réorganisation de l’œuvre de prédication des Témoins dans l’Allemagne d’après-guerre.

      7. Pryce Hughes, Angleterre. Condamné à purger deux peines de réclusion à Wormwood Scrubs (Londres); il avait aussi été incarcéré à cause de sa foi durant la Première Guerre mondiale. Il a joué un rôle de premier plan dans l’œuvre de prédication du Royaume jusqu’à sa mort, en 1978.

      8. Adolphe et Emma Arnold, et leur fille Simone, France. Après l’emprisonnement d’Adolphe, Emma et Simone ont continué à prêcher et à distribuer des publications aux autres Témoins. En prison, Emma a été mise au secret parce qu’elle persistait à prêcher aux autres détenues. Simone a été envoyée dans un centre d’éducation surveillée. Tous trois sont demeurés des Témoins zélés.

      9. Ernst et Hildegard Seliger, Allemagne. À eux deux, ils ont passé plus de 40 ans en prison et en camp de concentration pour leur foi. Même derrière les barreaux, ils ont continué à communiquer les vérités bibliques à autrui. Après leur libération, ils ont consacré tout leur temps à la prédication de la bonne nouvelle. Frère Seliger est mort fidèle à Dieu en 1985; sœur Seliger, en 1992.

      10. Carl Johnson, États-Unis. Deux ans après son baptême, il a été emprisonné avec des centaines d’autres Témoins à Ashland (Kentucky). Il a été pionnier et surveillant de circonscription; en 1992, il sert toujours comme ancien et donne l’exemple dans la prédication.

      11. August Peters, Allemagne. Séparé de sa femme et de ses quatre enfants, il a été incarcéré de 1936 à 1937, puis de 1937 à 1945. Après sa libération, au lieu de prêcher moins, il a accru son activité en entreprenant le service à plein temps. En 1992, à 99 ans, il était toujours membre de la famille du Béthel et avait vu le nombre des Témoins de Jéhovah en Allemagne s’élever à 163 095.

      12. Gertrud Ott, Allemagne. Détenue à Lodz (Pologne), puis au camp de concentration d’Auschwitz; ensuite à Gross-Rosen et à Bergen-Belsen (Allemagne). Après la guerre, elle a servi avec zèle comme missionnaire en Indonésie, en Iran et au Luxembourg.

      13. Katsuo Miura, Japon. Sept ans après son arrestation et son incarcération à Hiroshima, la prison dans laquelle il était détenu a été presque entièrement détruite par la bombe atomique qui a ravagé la ville. Les médecins n’ont toutefois trouvé sur lui aucune lésion due aux radiations. Il a consacré les dernières années de sa vie au service de pionnier.

      14. Martin et Gertrud Poetzinger, Allemagne. Quelques mois après leur mariage, ils ont été arrêtés et tenus séparés pendant neuf ans. Martin a été envoyé à Dachau et à Mauthausen; Gertrud, à Ravensbrück. Malgré les sévices qu’ils ont subis, leur foi n’a pas défailli. Après leur libération, ils ont consacré toute leur énergie au service de Jéhovah. Pendant 29 ans, Martin a été surveillant itinérant dans toute l’Allemagne; puis il a été membre du Collège central jusqu’à sa mort, en 1988. En 1992, Gertrud était toujours une évangélisatrice zélée.

      15. Jizo et Matsue Ishii, Japon. Après avoir distribué des publications bibliques pendant une décennie un peu partout au Japon, ils ont été emprisonnés. L’œuvre des Témoins de Jéhovah au Japon a été brisée pendant la guerre, mais après cela frère et sœur Ishii se sont remis à prêcher avec zèle. En 1992, Matsue Ishii avait vu le nombre des Témoins actifs au Japon s’élever à plus de 171 000.

      16. Victor Bruch, Luxembourg. Détenu à Buchenwald, Lublin, Auschwitz et Ravensbrück. À 90 ans, il sert toujours comme ancien dans une congrégation de Témoins de Jéhovah.

      17. Karl Schurstein, Allemagne. Surveillant itinérant avant que Hitler ne vienne au pouvoir. Incarcéré pendant huit ans, puis tué par les SS à Dachau en 1944. Même dans le camp, il a continué à édifier les autres sur le plan spirituel.

      18. Kim Bong-nyu, Corée. Emprisonnée pendant six ans. À 72 ans, elle parle toujours du Royaume de Dieu dans son entourage.

      19. Pamfil Albu, Roumanie. Après avoir été sauvagement maltraité, il a été envoyé dans un camp de travail en Yougoslavie pendant deux ans et demi. Après la guerre, il a été incarcéré deux autres fois, en tout pendant 12 ans. Il n’a pas cessé de parler de ce que Dieu se propose de faire. Avant sa mort, il a aidé des milliers de Roumains à servir Dieu avec l’organisation mondiale des Témoins de Jéhovah.

      20. Wilhelm Scheider, Pologne. Détenu dans les camps de concentration nazis de 1939 à 1945, dans les prisons communistes de 1950 à 1956, et de 1960 à 1964. Jusqu’à sa mort, en 1971, il a résolument consacré ses forces à la proclamation du Royaume de Dieu.

      21. Harald et Elsa Abt, Pologne. Pendant et après la guerre, Harald a passé 14 ans en prison et dans des camps de concentration à cause de sa foi, mais cela ne l’a pas empêché de continuer à prêcher. Elsa a été séparée de sa fillette et a ensuite été détenue dans six camps en Pologne, en Allemagne et en Autriche. Ils ont continué à servir Jéhovah avec zèle, bien que l’organisation des Témoins de Jéhovah ait été interdite pendant 40 ans en Pologne après la guerre.

      22. Adám Szinger, Hongrie. Il est passé six fois en jugement, a été condamné à 23 ans de réclusion, et a passé 8 ans et demi en prison et dans des camps de travail. Après sa libération, il a été surveillant itinérant pendant 30 ans. À 69 ans, il sert toujours fidèlement comme ancien d’une congrégation.

      23. Joseph Dos Santos, Philippines. Il était proclamateur à plein temps du message du Royaume depuis 12 ans quand il a été incarcéré en 1942. Il a relancé l’activité des Témoins de Jéhovah aux Philippines après la guerre et a personnellement persévéré dans le service de pionnier jusqu’à sa mort, en 1983.

      24. Rudolph Sunal, États-Unis. Emprisonné à Mill Point (Virginie occidentale). Après sa libération, il a consacré tout son temps à faire connaître le Royaume de Dieu — comme pionnier, membre de la famille du Béthel et surveillant de circonscription. Il est toujours pionnier en 1992, à 78 ans.

      25. Martin Magyarosi, Roumanie. En prison, de 1942 à 1944, il a continué à diriger la prédication de la bonne nouvelle en Transylvanie. Après sa libération, il a beaucoup voyagé pour encourager les autres Témoins à prêcher, ce qu’il faisait lui-​même avec courage. De nouveau incarcéré en 1950, il est mort en fidèle serviteur de Jéhovah dans un camp de travail en 1953.

      26. Arthur Winkler, Allemagne et Pays-Bas. D’abord envoyé au camp de concentration d’Esterwegen; il a continué à prêcher dans ce camp. Par la suite, aux Pays-Bas, il a été battu par la Gestapo au point d’être méconnaissable. Finalement, il a été envoyé à Sachsenhausen. Il a continué à témoigner avec fidélité et zèle jusqu’à sa mort, en 1972.

      27. Park Ock-hi, Corée. Elle a passé trois ans dans la prison de Sodaemun, à Séoul, où elle a subi des tortures indescriptibles. À 91 ans, en 1992, elle prêche toujours avec zèle comme pionnière spéciale.

      [Carte/Illustration, page 446]

      Alexander MacGillivray, surveillant de la filiale d’Australie, a contribué à mettre sur pied des expéditions de prédication dans un grand nombre de pays et d’îles.

      [Carte]

      (Voir la publication)

      AUSTRALIE

      NOUVELLE-ZÉLANDE

      TAHITI

      TONGA

      FIDJI

      NOUVELLE-GUINÉE

      JAVA

      BORNÉO

      SUMATRA

      BIRMANIE

      HONG-KONG

      MALAISIE

      SIAM

      INDOCHINE

      CHINE

      OCÉAN PACIFIQUE

      Les noms de pays sont ceux qui étaient en usage dans les années 30.

      [Carte/Illustrations, page 460]

      Fin 1945, des missionnaires de l’École de Galaad prêchaient déjà dans 18 pays de cette partie du monde.

      Charles et Lorene Eisenhower

      Cuba

      John et Adda Parker

      Guatemala

      Emil Van Daalen

      Porto Rico

      Olaf Olson

      Colombie

      Don Burt

      Costa Rica

      Gladys Wilson

      Salvador

      Hazel Burford

      Panama

      Louise Stubbs

      Chili

      [Carte]

      (Voir la publication)

      CUBA

      COSTA RICA

      MEXIQUE

      PORTO RICO

      BARBADE

      BÉLIZE

      BRÉSIL

      CHILI

      COLOMBIE

      RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

      SALVADOR

      GUATEMALA

      HAÏTI

      JAMAÏQUE

      NICARAGUA

      PANAMA

      URUGUAY

      BOLIVIE

      [Illustration, page 444]

      Certains colporteurs ont distribué une grande quantité de cartons de publications; dans chaque livre, les gens trouvaient de nombreux sermons bibliques.

      [Illustration, page 445]

      Armando Menazzi (au centre au premier plan) et ses joyeux compagnons de voyage pendant une tournée de prédication dans leur “maison de pionniers roulante”.

      [Illustration, page 445]

      Arthur Willis, Ted Sewell et Bill Newlands — trois prédicateurs qui ont apporté le message du Royaume dans l’intérieur de l’Australie.

      [Illustration, page 447]

      Frank Dewar (ici avec sa femme et leurs deux filles) s’est rendu en Thaïlande comme pionnier isolé en 1936, et il était toujours pionnier spécial en 1992.

      [Illustration, page 447]

      Chomchai Inthaphan a mis à profit ses compétences de traductrice pour communiquer la bonne nouvelle de la Bible aux Thaïlandais.

      [Illustration, page 448]

      En Allemagne, les Témoins de Jéhovah ont largement distribué cette lettre ouverte en 1937, alors que leur culte était officiellement interdit.

      [Illustration, page 449]

      Franz et Hilda Kusserow et leur famille — tous sont restés de fidèles Témoins de Jéhovah, bien qu’à l’exception d’un fils mort accidentellement ils aient tous été jetés dans des camps de concentration, des prisons ou des centres d’éducation surveillée à cause de leur foi.

      [Illustrations, page 450]

      Quelques-uns de ceux qui, en Autriche et en Allemagne, ont risqué leur vie pour reproduire ou distribuer des écrits bibliques, comme celui que l’on voit à l’arrière-plan.

      Therese Schreiber

      Peter Gölles

      Elfriede Löhr

      Albert Wandres

      August Kraft

      Ilse Unterdörfer

      [Illustration, page 454]

      Groupe de Témoins à l’assemblée de Shanghaï (Chine), en 1936; neuf d’entre eux se sont fait baptiser à cette occasion.

      [Illustration, page 456]

      Malgré l’interdiction de leur culte, ces Témoins ont tenu une assemblée à Hargrave Park, près de Sydney (Australie), en 1941.

      [Illustration, page 458]

      Témoins cubains réunis en assemblée à Cienfuegos en 1939.

      [Illustration, page 459]

      Nathan Knorr (à gauche) et Erich Kattner, qui lui servait d’interprète, à l’assemblée de São Paulo en 1945.

  • Partie 4 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
    Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
    • Chapitre 22

      Partie 4 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre

      Alors que la Seconde Guerre mondiale faisait rage, les Témoins de Jéhovah se sont préparés à accomplir une activité accrue dès la fin du conflit. Le compte rendu des pages 462 à 501 donne des détails captivants sur ce qui s’est passé de 1945 à 1975 tandis que le nombre des Témoins augmentait, qu’ils atteignaient beaucoup plus de pays, et qu’ils prêchaient et enseignaient la Parole de Dieu plus à fond que jamais.

      EN 1945, la plupart des îles des Antilles avaient déjà entendu dans une certaine mesure le message du Royaume. Mais le témoignage devait y être donné plus à fond. Les missionnaires formés à l’École de Galaad allaient beaucoup y contribuer.

      Les missionnaires intensifient le témoignage donné aux Antilles

      En 1960, ces missionnaires avaient prêché sur 27 îles ou archipels des Antilles. À leur arrivée, il n’y avait aucune congrégation de Témoins de Jéhovah sur la moitié de ces terres. Ils se sont mis à diriger des études bibliques au domicile des personnes bien disposées, et ils ont organisé des réunions régulières. Là où des congrégations étaient déjà établies, ils ont apporté une formation précieuse aux proclamateurs qui ont ainsi pu améliorer la qualité des réunions et l’efficacité de leur ministère.

      Les Étudiants de la Bible avaient commencé à prêcher à la Trinité avant la Première Guerre mondiale, mais après la venue des missionnaires de Galaad en 1946, l’activité des études bibliques à domicile a reçu une forte impulsion. À la Jamaïque, la bonne nouvelle était prêchée depuis près d’un demi-siècle et les Témoins étaient un millier quand les premiers missionnaires sont arrivés. Toutefois, ils ont apprécié d’être aidés à parler aux gens plus instruits, notamment dans la banlieue de la capitale. Sur l’île d’Aruba, par contre, comme la population anglophone avait déjà souvent reçu le témoignage, les missionnaires ont dirigé leur attention sur les autochtones. Tout le monde devait entendre la bonne nouvelle.

      Pour que les habitants de toutes les îles de cette région du globe puissent entendre parler du Royaume de Dieu, en 1948 la Société Watch Tower a équipé une goélette de 18 mètres, le Sibia, pour en faire une maison de missionnaires. L’équipage a été chargé de diffuser le message du Royaume sur chaque île des Antilles où personne ne prêchait la bonne nouvelle. Cet équipage se composait de Gust Maki, le capitaine, de Stanley Carter, de Ronald Parkin et d’Arthur Worsley. Ils se sont tout d’abord rendus sur les îles isolées de l’archipel des Bahamas, puis ont mis le cap au sud-est tout en parcourant les îles Sous-le-Vent et les îles du Vent. Leur prédication a-​t-​elle produit du fruit? Sur l’île de Saint-Martin, un commerçant leur a dit: “Les gens ne discutaient jamais de la Bible ici, mais depuis que vous êtes arrivés tout le monde en parle.” Par la suite, le Sibia a été remplacé par un bateau plus grand, le Light. On a également modifié la composition de l’équipage. En une dizaine d’années, l’activité spéciale accomplie avec ces bateaux a été menée à bon terme, et des proclamateurs de la bonne nouvelle résidant sur les îles l’ont poursuivie.

      Ils prêchent tout d’abord dans les grandes villes

      Comme aux Antilles, dans de nombreuses régions d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, certains habitants possédaient déjà des publications de la Société Watch Tower avant l’arrivée de missionnaires de l’École de Galaad. Cependant, pour faire connaître la bonne nouvelle à tout le monde et aider les gens sincères à devenir des disciples authentiques, la prédication devait être mieux organisée.

      À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, il y avait quelques centaines de Témoins de Jéhovah en Argentine et au Brésil; trois mille environ au Mexique; quelques congrégations minuscules en Guyane britannique (aujourd’hui la Guyana), au Chili, en Guyane néerlandaise (aujourd’hui le Suriname), au Paraguay et en Uruguay; une poignée de prédicateurs en Colombie, au Guatemala et au Venezuela. Par contre, en Bolivie, en Équateur, au Honduras, au Nicaragua et au Salvador, il a fallu attendre l’arrivée de missionnaires formés à l’École de Galaad pour que l’activité des Témoins de Jéhovah prenne pied.

      Dans un premier temps, les missionnaires ont accordé une attention spéciale aux principales agglomérations. Il est intéressant de noter qu’au Ier siècle, l’apôtre Paul a effectué une bonne partie de sa prédication dans les villes situées sur les grandes routes d’Asie Mineure et de Grèce. Il a passé 18 mois à enseigner la Parole de Dieu à Corinthe, l’une des plus grandes villes de la Grèce antique (Actes 18:1-11). Il a également proclamé le Royaume de Dieu pendant plus de deux ans à Éphèse, carrefour et pôle commercial du monde antique. — Actes 19:8-10; 20:31.

      Pareillement, quand Edward Michalec et Harold Morris, missionnaires diplômés de Galaad, sont arrivés en Bolivie en 1945, ils n’ont pas cherché un endroit où le climat était le plus agréable. Dans un premier temps, ils ont plutôt accordé leur attention à La Paz, la capitale, située dans les Andes à environ 3 700 mètres d’altitude. Il est exténuant pour les nouveaux venus de remonter les rues escarpées à cette altitude; leur cœur bat souvent la chamade. Mais les missionnaires ont trouvé de nombreuses personnes intéressées par le message de la Bible. Il n’était pas rare qu’on leur dise: “Je suis catholique, mais je n’aime pas les prêtres.” Au bout de deux mois seulement, les deux missionnaires dirigeaient 41 études bibliques à domicile.

      Au cours de la décennie suivante, comme d’autres missionnaires arrivaient et que le nombre de Témoins locaux augmentait, il a été possible de prêcher dans d’autres villes boliviennes: Cochabamba, Oruro, Santa Cruz, Sucre, Potosí et Tarija. Par la suite, l’intérêt a été dirigé sur des localités plus petites ainsi que sur les campagnes.

      De même, en Colombie, les missionnaires ont commencé à prêcher de manière organisée dans la capitale, Bogotá, en 1945, et dans la ville côtière de Barranquilla l’année suivante. Après cela, Carthagène, Santa Marta, Cali et Medellín ont progressivement reçu le témoignage. Il était possible de rencontrer davantage de personnes en peu de temps en parcourant d’abord les grandes villes. Puis, avec l’aide de celles qui y découvraient la vérité, le message pouvait être transmis dans les régions avoisinantes.

      Si les habitants d’une ville manifestaient très peu d’intérêt, les missionnaires étaient envoyés ailleurs. Ainsi, en Équateur, au milieu des années 50, alors que Carl Dochow prêchait depuis trois ans à Cuenca, dont les habitants se caractérisaient par leur fanatisme religieux, personne n’avait le courage d’y prendre position pour la vérité. Ce missionnaire a donc été déplacé à Machala, ville peuplée de gens tolérants et ouverts d’esprit. Dix ans plus tard, toutefois, les habitants de Cuenca se sont vu offrir une autre chance. Un état d’esprit différent y régnait, on a surmonté les obstacles, et en 1992 plus de 1 200 habitants étaient devenus Témoins de Jéhovah à Cuenca et dans ses environs, où ils étaient organisés en 25 congrégations.

      Recherche patiente des “brebis”

      Il a fallu beaucoup de patience pour rechercher les authentiques “brebis”. Au Suriname, pour les trouver les Témoins de Jéhovah ont prêché aux Amérindiens, aux Chinois, aux Indonésiens, aux Juifs, aux Libanais, aux descendants des colons néerlandais et aux tribus de Bosnegers, qui vivent dans la jungle et descendent d’esclaves fugitifs. Parmi ces gens, des centaines avaient vraiment faim de vérité. Certains ont dû s’affranchir de l’animisme et du spiritisme. Tel a été le cas de Paitu, un sorcier qui a pris à cœur le message de la Bible: il a jeté au fleuve ses idoles, ses amulettes et ses philtres (voir Deutéronome 7:25; 18:9-14; Actes 19:19, 20). En 1975, il s’est voué à Jéhovah, le vrai Dieu.

      Beaucoup de Péruviens vivent dans de petits villages éparpillés dans les Andes et dans la jungle que traverse le cours supérieur de l’Amazone. Comment allait-​on les atteindre? En 1971, des Témoins sont venus des États-Unis au Pérou pour voir leur fils missionnaire, Joe Leydig. Quand ils ont appris combien étaient nombreux les villages disséminés ici et là dans les vallées, l’intérêt qu’ils portaient à ces gens les a incités à faire quelque chose. Ils ont participé à l’achat d’un petit camping-car, puis de deux autres, ainsi que de motos tout terrain qui serviraient à aller prêcher dans ces régions reculées.

      Malgré les efforts des prédicateurs, dans de nombreux endroits il semblait n’y avoir qu’un très petit nombre de personnes sensibles au message de la Bible. On imagine sans peine les sentiments des six jeunes missionnaires qui ont été envoyés à Barquisimeto (Venezuela) au début des années 50 quand, après avoir prêché diligemment pendant toute une année, ils n’ont observé pour ainsi dire aucun progrès. Certes, les gens étaient assez amicaux, mais la plupart étaient aussi très superstitieux et pensaient que c’était un péché de lire ne serait-​ce qu’un verset de la Bible. Quiconque manifestait de l’intérêt était rapidement dissuadé par sa famille ou ses voisins (Mat. 13:19-21). Cependant, confiants qu’il se trouvait certainement quelques personnes comparables à des brebis à Barquisimeto et que Jéhovah les rassemblerait à son heure, les missionnaires ont continué d’aller de maison en maison. Quelle n’a pas été la joie de Penny Gavette quand, un jour, après l’avoir écoutée une femme aux cheveux gris lui a dit:

      “Madame, depuis mon enfance, j’attends que quelqu’un se présente à ma porte pour m’expliquer les choses que vous venez de me dire. Vous savez, quand j’étais jeune, je faisais le ménage chez le prêtre, et il avait une Bible dans sa bibliothèque. Je savais que nous n’avions pas le droit de la lire, mais j’étais si curieuse de savoir pourquoi qu’un jour où personne n’était là je l’ai emportée chez moi et je l’ai parcourue en cachette. Ce que j’ai lu m’a fait comprendre que l’Église catholique ne nous avait pas enseigné la vérité et n’était donc pas la vraie religion. J’avais peur d’en parler à qui que ce soit, mais j’étais sûre qu’un jour ou l’autre ceux qui enseignent la vraie religion viendraient dans notre ville. Quand les protestants sont arrivés, au début j’ai cru que ce devait être eux, mais je me suis vite aperçue qu’ils enseignaient la plupart des mensonges de l’Église catholique. Par contre, ce que vous venez de me dire correspond à ce que j’ai lu dans la Bible il y a de nombreuses années.” Cette femme a accepté avec empressement d’étudier la Bible et elle est devenue Témoin de Jéhovah. Malgré l’opposition de sa famille, elle a servi Jéhovah fidèlement jusqu’à sa mort.

      Il a fallu déployer beaucoup d’efforts pour rassembler en congrégations de telles personnes comparables à des brebis et pour les former afin qu’elles servent elles aussi Jéhovah. Par exemple, en Argentine, Rosendo Ojeda, de General San Martín, dans la province du Chaco, parcourait régulièrement une soixantaine de kilomètres pour diriger une réunion chez Alejandro Sozoñiuk, une personne bien disposée. Ce voyage, qui lui prenait souvent dix heures, il le faisait en partie à vélo et en partie à pied, parfois avec de l’eau jusqu’aux aisselles. Il a parcouru ce trajet une fois par mois pendant cinq ans, et restait une semaine à chaque fois pour prêcher dans la région. Ses efforts ont-​ils été récompensés? Cela ne fait aucun doute pour lui, car ils ont permis la formation d’une congrégation dont les membres louent Jéhovah avec joie.

      Une instruction en vue de la vie

      Au Mexique, les Témoins de Jéhovah poursuivaient leur œuvre en respectant les lois sur les organisations culturelles dans ce pays. Leur objectif n’était pas simplement de tenir des réunions et d’y prononcer des discours. Ils voulaient qu’à l’exemple des Béréens du temps de l’apôtre Paul les personnes qu’ils enseignaient soient capables de ‘scruter les Écritures pour voir s’il en était bien ainsi’. (Actes 17:11.) Au Mexique, comme dans beaucoup d’autres pays, pour y parvenir, il fallait souvent apporter une aide particulière aux gens qui n’avaient pas été à l’école, mais qui aspiraient à lire eux-​mêmes la Parole inspirée de Dieu.

      Des cours dirigés par les Témoins de Jéhovah au Mexique ont aidé des dizaines de milliers de personnes à apprendre à lire et à écrire. Cette activité est appréciée par le ministère de l’Éducation et, en 1974, un directeur du Bureau général pour la formation des adultes a adressé à La Torre del Vigía de México, association civile utilisée par les Témoins de Jéhovah, une lettre où on pouvait lire ceci: “Je profite de l’occasion pour vous féliciter chaleureusement (...) de la coopération louable que votre association apporte année après année pour le bien de notre peuple.”

      Tout en préparant les gens à vivre éternellement sous la domination du Royaume de Dieu, l’enseignement dispensé par les Témoins améliore également leur vie de famille dès à présent. En 1952, après avoir célébré plusieurs mariages de Témoins de Jéhovah, un juge d’El Salto, dans l’État de Durango, a déclaré: “Nous disons être de bons patriotes et de bons citoyens, mais nous n’arrivons pas à la cheville des Témoins de Jéhovah. Ils sont des exemples pour nous, car ils n’acceptent dans leur organisation personne qui vive maritalement, sans avoir fait légaliser son union. Quant à vous, qui êtes catholiques, vous menez presque tous une vie immorale et vous n’avez pas fait légaliser votre mariage.”

      Ce programme d’enseignement aide également les gens à vivre ensemble en paix, à s’aimer les uns les autres au lieu de se haïr et de s’entre-tuer. Quand un Témoin a commencé à prêcher à Venado, dans l’État de Guanajuato, il s’est aperçu que les gens possédaient tous des fusils et des pistolets. Les querelles entraînaient la disparition de familles entières. Mais l’instruction biblique a entraîné de grands changements. Beaucoup ont vendu leurs armes pour s’acheter des Bibles. Dans la région, plus de 150 personnes sont bientôt devenues Témoins de Jéhovah. Figurément, elles ‘ont forgé leurs épées en socs de charrue’ et se sont mises à favoriser la paix. — Michée 4:3.

      De nombreux Mexicains pieux ont pris à cœur ce que les Témoins de Jéhovah leur ont enseigné à partir de la Parole de Dieu. Ainsi, après la Seconde Guerre mondiale, le nombre des proclamateurs dans ce pays est passé de quelques milliers à 10 000, puis à 20 000, à 40 000, à 80 000 et davantage au fur et à mesure que les Témoins montraient à leurs semblables comment appliquer les conseils de la Parole de Dieu et l’enseigner à autrui.

      Ils se réunissent malgré l’adversité

      Alors que leur nombre augmentait, dans un pays après l’autre les Témoins de Jéhovah ont dû surmonter de grands obstacles pour tenir des assemblées en vue de dispenser l’instruction chrétienne. En Argentine, le gouvernement a interdit l’œuvre en 1950. Cependant, par obéissance à Dieu, ils n’ont pas cessé de prêcher ni de se rassembler. L’organisation des assemblées était nettement plus compliquée, mais elles avaient lieu.

      Par exemple, fin 1953, frères Knorr et Henschel se sont rendus en Argentine pour desservir une série d’assemblées tenues à travers tout le pays. Frère Knorr y est entré par l’ouest, frère Henschel par le sud. Ils ont parlé à des groupes réunis dans des fermes, dans un verger, en pique-nique près d’un torrent de montagne et dans des foyers privés. Ils ont souvent dû parcourir de longues distances pour aller d’un endroit à l’autre. Une fois arrivés à Buenos Aires, ils ont pris l’un après l’autre la parole dans neuf endroits un certain jour, et dans onze foyers le lendemain. À tous les deux, ils s’étaient adressés à 56 groupes, soit à une assistance totale de 2 505 personnes. C’était un programme exténuant, mais ils étaient heureux de servir leurs frères de cette façon.

      En vue de tenir une assemblée en Colombie en 1955, les Témoins ont réservé une salle à Barranquilla. Mais, sous l’influence de l’évêque, le maire et le gouverneur ont fait en sorte que la réservation soit annulée. Bien qu’ils n’en aient été informés que la veille de l’assemblée, les Témoins ont pris des dispositions pour tenir celle-ci dans la propriété de la filiale de la Société. Mais, le premier jour, alors que la session du soir débutait, des policiers armés qui avaient reçu l’ordre de disperser l’assemblée sont arrivés sur les lieux. Les Témoins ont agi avec détermination. Ils ont fait appel auprès du maire le lendemain matin; le secrétaire de ce dernier a présenté des excuses, et près de 1 000 personnes se sont serrées sur le terrain de la Société pour le dernier jour de cette assemblée “Le Royaume triomphant”. Malgré l’opposition, les frères ont ainsi pu être fortifiés par les conseils d’ordre spirituel dont ils avaient besoin.

      Ils servent là où le besoin est particulièrement grand

      La moisson était grande, et il y avait un besoin considérable d’ouvriers en Amérique latine, comme en de nombreux autres lieux. En 1957, lors des assemblées tenues dans le monde entier, les Témoins de Jéhovah mûrs sur le plan spirituel, avec ou sans famille à charge, ont été encouragés à se déplacer dans des régions où le besoin était particulièrement grand en vue de s’y installer et d’y effectuer leur ministère. Le même encouragement a été redonné de diverses façons par la suite. Cette invitation rappelait celle que Dieu a adressée à l’apôtre Paul en lui montrant en vision un homme qui lui faisait cette supplication: “Passe en Macédoine et viens à notre aide.” (Actes 16:9, 10). Quelle réponse les serviteurs de Jéhovah ont-​ils donnée à l’invitation faite à notre époque? Ils se sont offerts volontairement. — Ps. 110:3.

      Quand on a de jeunes enfants, il faut beaucoup de foi pour se déraciner, quitter ses proches, son foyer et son emploi afin de se rendre dans un environnement complètement nouveau. Un tel déplacement oblige parfois à accepter un niveau de vie très différent et, dans certains cas, à apprendre une nouvelle langue. Pourtant, des milliers de Témoins, seuls ou chargés de famille, se sont déplacés pour aider autrui à découvrir les dispositions empreintes d’amour que Jéhovah a prises en vue de la vie éternelle.

      Sans tarder, un certain nombre de Témoins de Jéhovah ont déménagé à la fin des années 50; d’autres l’ont fait dans les années 60; davantage encore dans les années 70. Et ce déplacement de Témoins vers des régions où le besoin est particulièrement grand s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui.

      D’où étaient-​ils originaires? Un grand nombre d’Australie, du Canada, des États-Unis et de Nouvelle-Zélande. Beaucoup d’Allemagne, de France et de Grande-Bretagne. D’autres également d’Autriche, de Belgique, de la République de Corée, du Danemark, d’Espagne, de Finlande, d’Italie, du Japon, de Norvège, de Suède et de Suisse, pour ne citer que ces pays-​là. Au fur et à mesure que le nombre des Témoins de Jéhovah a augmenté en Argentine, au Brésil, au Mexique et dans d’autres pays d’Amérique latine, eux aussi ont fourni des ouvriers désireux de se rendre dans d’autres pays où le besoin est grand. Pareillement, en Afrique, des ouvriers zélés se sont déplacés d’un pays à l’autre pour participer à la diffusion du témoignage.

      Où sont-​ils allés? Dans des pays comme l’Afghanistan, la Malaisie, le Sénégal et sur des îles comme la Réunion et Sainte-Lucie. Un millier de prédicateurs sont allés s’installer en Irlande, où ils sont restés pendant des périodes plus ou moins longues. Un nombre considérable se sont rendus en Islande, malgré ses hivers longs et ténébreux, et certains y sont demeurés, sont devenus des piliers dans les congrégations et ont aidé les nouveaux avec amour. En Amérique centrale et en Amérique du Sud notamment, un grand soutien a été apporté. Plus de 1 000 Témoins se sont déplacés en Colombie, plus de 870 en Équateur et plus de 110 au Salvador.

      Harold et Anne Zimmerman figurent au nombre de ceux qui se sont déplacés. Ils avaient déjà été enseignants-missionnaires en Éthiopie. Pourtant, en 1959, quand ils ont fait leurs derniers préparatifs en vue de se rendre des États-Unis en Colombie pour participer à la proclamation du message du Royaume, ils élevaient quatre enfants, âgés de cinq mois à cinq ans. Harold est parti le premier pour chercher du travail. À son arrivée, les nouvelles locales l’ont préoccupé. Une guerre civile ignorée du reste du monde était en cours, et des massacres se perpétraient à l’intérieur du pays. ‘Est-​ce que je veux vraiment amener ma famille ici pour vivre dans de telles conditions?’ s’est-​il demandé. Il a essayé de se rappeler des exemples ou des principes bibliques susceptibles de le guider. C’est alors qu’il a repensé au récit biblique concernant les espions craintifs qui, à leur retour dans le camp d’Israël, ont fait un rapport défaitiste concernant la Terre promise (Nomb. 13:25 à 14:4, 11). Cette réflexion l’a aidé à prendre une décision; il ne voulait pas leur ressembler. Il s’est rapidement arrangé pour que sa famille le rejoigne. C’est seulement lorsqu’il ne lui restait plus que trois dollars qu’il a trouvé l’emploi dont il avait besoin, mais sa famille a toujours eu les choses indispensables pour vivre. Le temps qu’il a dû consacrer à son travail pour subvenir aux besoins de sa famille a varié au fil des ans, mais il s’est toujours efforcé d’accorder la première place à la cause du Royaume. Quand ils sont arrivés en Colombie, il y avait environ 1 400 Témoins dans ce pays. Quel accroissement prodigieux ils ont vu depuis lors!

      Il n’est pas toujours nécessaire de s’expatrier pour servir là où le besoin est particulièrement grand. Des milliers de Témoins seuls ou avec une famille sont allés s’installer dans d’autres régions de leur propre pays. Au Brésil, une famille de l’État de Bahia s’est installée à Prado, ville où il n’y avait aucun Témoin. Malgré l’opposition du clergé, ils ont vécu et prêché dans cette ville et ses alentours pendant trois ans. Un bâtiment abandonné a été racheté à l’Église et transformé en Salle du Royaume. Peu après, il y avait plus de cent Témoins actifs dans la région. Et ce n’était qu’un début.

      En Amérique latine, un nombre toujours plus grand de personnes éprises de justice acceptaient cette invitation consignée au Psaume 148: ‘Louez Jah! Louez Jéhovah depuis la terre, vous tous, groupements nationaux.’ (Vv. Ps 148:1, 7-11). Ainsi, en 1975, il y avait dans tous les pays d’Amérique latine des personnes qui louaient Jéhovah. Le rapport pour cette année-​là montrait qu’elles étaient 80 481 organisées en 2 998 congrégations à le servir au Mexique. En Amérique centrale, 24 703 prédicateurs constitués en 462 congrégations parlaient de sa royauté. Et en Amérique du Sud, ils étaient 206 457 répartis en 3 620 congrégations à le louer publiquement.

      La bonne nouvelle atteint les îles du Pacifique

      Tandis qu’ils enregistraient un accroissement rapide en Amérique du Sud, les Témoins de Jéhovah dirigeaient aussi leur attention vers les îles du Pacifique. Il en existe des centaines, dispersées entre l’Australie et les Amériques, dont beaucoup émergent tout juste de l’océan. Certaines ne sont peuplées que par quelques familles; d’autres, par des dizaines de milliers de personnes. Au début des années 50, à cause des préjugés des autorités, la Société Watch Tower ne pouvait pas envoyer de missionnaires dans nombre de ces îles. Pourtant, leurs habitants avaient eux aussi besoin d’entendre parler de Jéhovah et de son Royaume, conformément à cette prophétie consignée en Ésaïe 42:10-12: “Chantez à Jéhovah un chant nouveau, sa louange, depuis l’extrémité de la terre, (...) que dans les îles on annonce sa louange!” C’est pourquoi, en 1951, à l’assemblée de Sydney (Australie), les pionniers et les surveillants de circonscription qui étaient prêts à participer à la proclamation du message du Royaume sur les îles ont été invités à se réunir avec frère Knorr. Une trentaine de prédicateurs se sont portés volontaires pour aller prêcher sur ces îles des tropiques.

      Parmi eux se trouvaient Tom et Rowena Kitto, qui se sont vite retrouvés en Papouasie, où il n’y avait aucun Témoin à l’époque. Ils ont commencé à prêcher aux Européens de Port Moresby. Peu après, ils passaient des soirées à Hanuabada, le “Grand Village”, avec un groupe de 30 à 40 Papous affamés de vérité. Par leur intermédiaire, le message a atteint d’autres villages. Sans tarder, les Kerema ont envoyé une délégation pour demander que quelqu’un vienne étudier la Bible avec eux. Puis c’est un chef de Haima qui est arrivé pour faire cette requête: “Venez, s’il vous plaît, enseigner la vérité à mon peuple.” Et c’est ainsi qu’elle s’est répandue dans le pays.

      John et Ellen Hubler, un autre couple, sont allés en Nouvelle-Calédonie pour y inaugurer l’œuvre. À leur arrivée, en 1954, ils n’avaient que des visas de tourisme valables un mois. Mais John a trouvé un emploi, et cela l’a aidé à obtenir une prolongation. Avec le temps, d’autres Témoins — 31 en tout — les ont rejoints. Au début, ils ont accompli leur ministère dans des régions reculées, afin de ne pas trop attirer l’attention. Par la suite, ils ont commencé à prêcher dans la capitale, Nouméa, et une congrégation a vu le jour. Puis, en 1959, un membre de l’Action catholique a été nommé à un poste clé dans l’administration, et plus aucun renouvellement de visa n’a été accordé aux Témoins. Les Hubler ont dû partir. Les publications de la Société Watch Tower ont été interdites. Malgré tout, la bonne nouvelle du Royaume avait pris pied, et le nombre des Témoins a continué d’augmenter.

      À Tahiti, de nombreuses personnes avaient manifesté de l’intérêt pour l’œuvre des Témoins de Jéhovah quand des prédicateurs y étaient passés. Toutefois, en 1957 il n’y avait aucun Témoin sur cette île, leur œuvre y était interdite et les missionnaires de la Société Watch Tower n’y étaient pas acceptés. Cependant, Agnes Schenck, une Tahitienne qui vivait alors aux États-Unis, était devenue Témoin de Jéhovah et lorsqu’elle a appris qu’il y avait besoin de prédicateurs du Royaume à Tahiti, elle, son mari et leur fils ont décidé de s’y rendre. Ils ont pris le bateau en Californie en mai 1958. Peu après, deux autres familles les ont rejoints, quoiqu’elles n’aient pu obtenir que des visas de tourisme de trois mois. L’année suivante, une congrégation a été formée à Papeete, et en 1960 le gouvernement du territoire a reconnu une association locale des Témoins de Jéhovah.

      Deux sœurs missionnaires qui retournaient dans leur territoire se sont arrêtées chez une parente sur l’île de Niue afin d’y faire connaître le message du Royaume. Le mois qu’elles ont passé sur cette île a été très fructueux; elles y ont rencontré de nombreuses personnes bien disposées. Mais quand le bateau qui assurait la liaison entre les îles est arrivé, elles ont dû repartir. Cependant, peu après, Seremaia Raibe, un Fidjien, a obtenu un contrat de travail avec le ministère des Travaux publics à Niue, et il a profité de son temps libre pour prêcher. Malheureusement, à l’instigation du clergé, le permis de séjour de frère Raibe a été annulé au bout de quelques mois, et en septembre 1961 l’Assemblée législative a décidé de ne plus autoriser aucun Témoin de Jéhovah à entrer dans le pays. Malgré tout, la bonne nouvelle a continué d’y être prêchée. Par quel moyen? Les Témoins locaux, bien qu’ils aient appris la vérité depuis peu, ont persévéré dans le service de Jéhovah. De plus, le gouvernement avait déjà accepté d’embaucher William Lovini, un natif du pays, qui vivait en Nouvelle-Zélande. Pourquoi tenait-​il à retourner à Niue? Parce qu’il était devenu Témoin de Jéhovah et voulait servir là où le besoin était grand. En 1964, le nombre des Témoins s’élevait à 34 sur cette île.

      En 1973, David Wolfgramm, un Tongan, sa femme et leurs huit enfants vivaient dans une maison confortable en Nouvelle-Zélande. Mais ils ont abandonné ces conditions agréables et se sont rendus sur l’archipel Tonga pour y promouvoir les intérêts du Royaume. Ils ont contribué à étendre l’œuvre sur ces îles, dont une trentaine sont habitées.

      Il a fallu beaucoup de temps, d’énergie et d’argent pour atteindre les îles. Mais les Témoins de Jéhovah accordent un grand prix à la vie de leurs semblables et ne sont pas chiches de leurs efforts pour les aider à profiter des dispositions que Jéhovah a prises avec amour afin que les humains puissent vivre éternellement dans le monde nouveau.

      Une famille qui a vendu sa ferme en Australie pour aller s’installer sur une île du Pacifique a exprimé ses sentiments en ces termes: “Entendre ces insulaires dire qu’ils en sont venus à connaître Jéhovah et appeler nos enfants leurs enfants parce qu’ils les aiment à cause de la vérité, constater que l’intérêt pour le Royaume s’accroît et que le nombre d’assistants aux réunions augmente, entendre ces gens charmants dire: ‘Mes enfants se marieront seulement dans le Seigneur’, alors qu’ils ont hérité de traditions séculaires et que les mariages se font habituellement à la mode orientale, les voir régulariser leur situation conjugale et dénouer les embrouillaminis familiaux, (...) s’apercevoir qu’ils étudient tout en gardant le bétail sur le bord de la route ou après avoir effectué un travail éreintant dans les rizières, apprendre qu’ils dévoilent la fausseté de l’idolâtrie et parlent de la beauté du nom de Jéhovah à la boutique du village et en d’autres endroits, entendre une mère de famille indienne assez âgée vous appeler frère et sœur et demander à vous accompagner pour parler aux gens du vrai Dieu (...) — tout cela représente une inestimable récompense que nous avons reçue pour avoir répondu à l’appel venu du Pacifique Sud.”

      Ces insulaires du Pacifique n’ont toutefois pas été les seuls à recevoir de l’aide. À partir de 1964, on a invité des pionniers philippins expérimentés à prêter main-forte aux missionnaires zélés qui étaient déjà à l’œuvre en République de Corée, à Hong-Kong, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, à Taïwan, en Thaïlande et au Viêt Nam.

      L’opposition de la famille et de l’entourage

      Quand quelqu’un décide de devenir Témoin de Jéhovah, sa décision n’est pas toujours considérée par sa famille et son entourage comme une simple question de choix personnel. — Mat. 10:34-36; 1 Pierre 4:4.

      La plupart de ceux qui sont devenus Témoins de Jéhovah à Hong-Kong étaient jeunes. Mais ils ont été mis à rude épreuve dans un système où les hautes études et les emplois bien rémunérés sont une priorité. Les parents voient en leurs enfants un investissement qui leur assurera de vieux jours tranquilles. Ainsi, quand les parents d’un jeune homme habitant Kwuntong ont compris que leur fils gagnerait moins d’argent parce qu’il étudiait la Bible, assistait aux réunions et prêchait, ils se sont farouchement opposés à lui. Son père l’a poursuivi avec un couperet; sa mère lui a craché dessus en public. Ils n’ont pour ainsi dire pas cessé de l’insulter pendant des mois. Un jour, il leur a posé cette question: “Ne m’avez-​vous pas élevé par amour?” “Non, pour l’argent!” telle a été leur réponse. Malgré tout, le jeune homme a continué de mettre le culte de Jéhovah à la première place dans sa vie; mais quand il a quitté la maison, il n’a pas pour autant cessé d’aider financièrement ses parents au mieux de ses possibilités, car il savait que cela ne manquerait pas de plaire à Jéhovah. — Mat. 15:3-9; 19:19.

      Dans les sociétés très soudées, les difficultés ne viennent pas uniquement de la famille proche. C’est ce qu’a constaté Fuaiupolu Pele, aux Samoa occidentales. Il était impensable pour les gens qu’un Samoan rejette les coutumes et la religion de ses ancêtres, et Pele savait qu’on lui demanderait des comptes. Il a donc étudié assidûment et prié Jéhovah avec ferveur. Quand il a été convoqué par le grand chef de la famille à une réunion tenue à Faleasiu, il s’est retrouvé en face de six chefs, de trois hommes de loi, de dix pasteurs, de deux enseignants en théologie, du grand chef qui présidait, ainsi que d’hommes et de femmes âgés de la famille. Ils l’ont maudit et dénigré, lui et un autre membre de la famille qui s’intéressait au message des Témoins de Jéhovah. Un débat a suivi; il a duré jusqu’à 4 heures du matin. Certains étaient irrités de voir Pele utiliser la Bible, et ils hurlaient: “Ne t’occupe pas de la Bible! Laisse cette Bible de côté!” Mais, à la fin, le grand chef a dit d’une voix faible: “Tu as gagné, Pele.” Mais celui-ci a répondu: “Veuillez m’excuser, Monsieur, mais je n’ai pas gagné. Cette nuit, vous avez entendu le message du Royaume. J’espère sincèrement que vous lui obéirez.”

      Quand le clergé s’oppose farouchement

      Les missionnaires de la chrétienté étaient arrivés dans les îles du Pacifique dans les années 1800. En de nombreux endroits, cette arrivée s’était faite pacifiquement; ailleurs, ils avaient été soutenus militairement. Dans certaines régions, ils s’étaient partagé les îles entre eux dans le cadre d’un “accord à l’amiable”. Mais il y avait eu aussi des guerres de religion, dans lesquelles catholiques et protestants s’étaient battus pour avoir la mainmise sur des territoires. Ces “bergers” religieux, les ecclésiastiques, cherchaient maintenant par tous les moyens à empêcher les Témoins de Jéhovah de pénétrer dans ce qu’ils considéraient comme leur domaine réservé. Dans certains cas, ils ont incité les autorités à expulser les Témoins de quelques îles. Dans d’autres, ils ont fait eux-​mêmes la loi.

      Sur l’île de Nouvelle-Bretagne, dans le village de Vunabal, plusieurs membres de la tribu Sulka ont manifesté un grand intérêt pour la vérité biblique. Mais un dimanche de 1959, alors que John Davison étudiait la Bible avec eux, une foule de catholiques, sous la direction du catéchiste, a fait irruption dans la maison et a interrompu l’étude en recourant à des violences verbales et physiques. Les faits ont été signalés à la police à Kokopo.

      Au lieu d’abandonner les “brebis”, les Témoins sont revenus la semaine suivante pour continuer à fournir une aide spirituelle aux personnes qui appréciaient la vérité à Vunabal. Le prêtre était là lui aussi, quoique les villageois ne l’aient pas invité, accompagné de plusieurs centaines de catholiques d’une autre tribu. Après avoir été excités par cet ecclésiastique, ceux-ci ont insulté les Témoins, leur ont craché dessus, les ont menacés du poing et ont déchiré les Bibles des villageois sous les yeux du prêtre qui restait les bras croisés et souriait. Les policiers, qui s’efforçaient de rétablir l’ordre, étaient visiblement outrés, et de nombreux villageois ont eu peur également. Mais au moins l’un d’entre eux s’est montré courageux et a pris position pour ce qu’il savait être la vérité. Depuis, des centaines de personnes ont fait de même sur cette île.

      Il ne faut toutefois pas en déduire que tous les enseignants religieux ont conçu de l’inimitié pour les Témoins de Jéhovah. Aux îles Salomon, Shem Irofaʼalu s’est senti redevable envers ceux qui le considéraient comme leur guide religieux. Après avoir lu le livre Du paradis perdu au paradis reconquis, publié par la Société Watch Tower, il a compris qu’on lui avait menti. Lui et les chefs religieux placés sous son autorité ont eu des discussions avec les Témoins, ont posé des questions et ont consulté les versets cités dans la Bible. Ils ont ensuite tous décidé de devenir Témoins de Jéhovah, si bien qu’ils ont transformé les églises de 28 villages en Salles du Royaume.

      Un torrent de vérité inonde l’Afrique

      En particulier, dès le début des années 20, de grands efforts ont été fournis pour que dans toute l’Afrique les gens aient la possibilité de connaître Jéhovah, le vrai Dieu, et de bénéficier ainsi de ses dispositions empreintes d’amour. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y avait des Témoins de Jéhovah actifs dans 14 pays de ce continent. Le message du Royaume en avait atteint 14 autres, mais aucun Témoin n’y remettait de rapport d’activité en 1945. Au cours des 30 années suivantes, jusqu’en 1975, la prédication de la bonne nouvelle s’est étendue à 19 pays supplémentaires. Dans presque tous ces pays, ainsi que sur les îles qui entourent l’Afrique, des congrégations ont commencé à voir le jour — dans certains pays quelques-unes, plus d’un millier en Zambie et près de deux mille au Nigeria. Comment ce résultat a-​t-​il été atteint?

      Le message du Royaume ressemble aux eaux impétueuses d’un torrent. Elles coulent essentiellement dans le lit du cours d’eau, bien qu’une partie puisse déborder sur les rives; et si un obstacle obstrue leur passage, elles en trouvent un autre, ou bien elles s’accumulent jusqu’à déferler par-dessus.

      Selon ses méthodes, la Société Watch Tower a envoyé des ministres à plein temps — pionniers, pionniers spéciaux et missionnaires — dans les pays où la prédication était à ses débuts, voire inexistante. Partout où ils sont allés, ces prédicateurs ont invité les gens à “prendre l’eau de la vie, gratuitement”. (Rév. 22:17.) Par exemple, en Afrique du Nord, quatre pionniers spéciaux français ont lancé cette invitation en Algérie, en 1952. Une diseuse de bonne aventure n’a pas tardé à accepter la vérité; elle a compris qu’il lui fallait abandonner son activité professionnelle pour plaire à Jéhovah, et elle s’est mise à prêcher à ses anciens clients (Deut. 18:10-12). Les pionniers ont utilisé efficacement le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!” pour aider les gens sincères à discerner la différence entre la Sainte Bible et la tradition religieuse. Il s’agissait d’un instrument si puissant pour affranchir les gens des pratiques de la fausse religion qu’un jour un ecclésiastique a brandi ce livre en chaire et a prononcé une malédiction sur lui, sur ceux qui le distribuaient et sur ceux qui le lisaient.

      En 1954, un missionnaire a été expulsé d’Espagne, pays catholique, parce qu’il enseignait la Bible sans avoir reçu l’aval du clergé; l’année suivante, lui et son compagnon de service sont donc partis prêcher au Maroc. Ils n’ont pas tardé à être rejoints par une famille de cinq Témoins de Jéhovah qui avait été expulsée de Tunisie, où de graves troubles s’étaient produits parce qu’un couple juif avait accepté Jésus comme le Messie et s’était rapidement mis à parler à autrui de sa nouvelle foi. Plus au sud, des pionniers ghanéens ont été envoyés au Mali en 1962. Par la suite, on a invité également des pionniers français qui prêchaient en Algérie à apporter leur aide au Mali. Nombre de ceux qui sont devenus Témoins ont à leur tour entrepris le service à plein temps. En 1966, huit pionniers spéciaux du Nigeria se sont rendus au Niger, pays à la population clairsemée qui comprend une partie du Sahara. Le Burundi a aussi eu l’occasion d’entendre le message du Royaume, car deux pionniers spéciaux originaires de Rhodésie du Nord (aujourd’hui la Zambie) y ont été envoyés en 1963, après quoi quatre missionnaires formés à l’École de Galaad les ont rejoints.

      Au début des années 50, il y avait aussi des missionnaires en Éthiopie. Le gouvernement éthiopien exigeait qu’ils ouvrent une mission officielle et donnent des cours, ce qu’ils ont fait. Mais, en plus, ils ont diligemment enseigné la Bible, et des gens n’ont pas tardé à affluer chaque jour à la maison de missionnaires pour demander que quelqu’un les aide à comprendre la Bible. Durant les trois décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, 39 pays du continent africain ont bénéficié de l’aide de missionnaires formés à Galaad.

      Dans le même temps, les eaux de la vérité se déversaient dans les régions desséchées sur le plan spirituel grâce aux Témoins de Jéhovah qui côtoyaient d’autres personnes dans le cadre de leur travail. Ainsi, des Témoins égyptiens qui ont dû se rendre en Libye pour des raisons professionnelles en 1950 ont prêché avec zèle pendant leur temps libre. Cette même année, un Témoin, marchand de laine, a quitté l’Égypte avec sa famille pour s’installer à Khartoum, au Soudan. Il prêchait à ses clients avant de leur parler affaires. L’un des premiers Témoins qui aient prêché au Sénégal (à l’époque une partie de l’Afrique-Occidentale française) y est arrivé en 1951 comme représentant d’une société commerciale. Il était en même temps conscient des responsabilités qui lui incombaient en qualité de Témoin du Très-Haut. En 1959, pour des raisons professionnelles, un Témoin est allé à Fort-Lamy (aujourd’hui Ndjamena), dans ce qui est devenu plus tard le Tchad, et il en a profité pour faire connaître le message du Royaume dans ce pays. Dans les pays limitrophes du Niger se trouvaient des commerçants Témoins de Jéhovah; ainsi, tandis que des pionniers spéciaux se dépensaient au Niger après 1966, ces commerçants prêchaient aux Nigériens avec qui ils étaient en affaires. Par ailleurs, deux sœurs dont les maris sont allés travailler en Mauritanie en 1966 ont saisi l’occasion de prêcher dans ce pays.

      Les gens qui étaient désaltérés par “l’eau de la vie” en faisaient profiter d’autres. Ainsi, en 1947, un homme qui avait assisté à quelques réunions, mais qui n’était pas lui-​même Témoin de Jéhovah, a déménagé du Cameroun en Oubangui-Chari (aujourd’hui la République centrafricaine). Quand il a entendu parler d’un habitant de Bangui qui s’intéressait beaucoup à la Bible, il a aimablement fait en sorte que le bureau suisse de la Société Watch Tower lui envoie un livre. Il s’agissait d’Étienne Nkounkou, qui s’est alors délecté de l’excellente nourriture spirituelle contenue dans cet ouvrage, et chaque semaine il en lisait une partie à un groupe de personnes qui s’intéressaient également à la Bible. Ils ont pris contact avec le siège mondial de la Société et, leur connaissance augmentant, ce groupe d’étude est devenu également un groupe de prédicateurs. Bien que le gouvernement ait, à l’instigation du clergé, interdit les publications de la Société Watch Tower, ces nouveaux Témoins ont continué à prêcher avec la Bible uniquement. Comme les habitants de ce pays aiment discuter de ce livre, lorsque l’interdiction de certaines des publications de la Société a été levée en 1957, les Témoins étaient déjà plus de 500.

      Face aux obstacles

      Quand des obstacles ont entravé le cours de l’eau vivifiante, elle s’est rapidement frayé un autre chemin. En 1949, Ayité Sessi, un pionnier originaire du Dahomey (aujourd’hui le Bénin), prêchait depuis peu au Togo français (aujourd’hui le Togo) lorsque le gouvernement l’a obligé à partir. Mais l’année suivante, Akakpo Agbetor, un ancien boxeur originaire du Togo, y est retourné avec son frère. Comme il s’agissait de son pays natal, il a pu prêcher assez librement, et même tenir des réunions. Bien que les pionniers qui avaient été envoyés sur l’île Fernando Poo (aujourd’hui rattachée à la Guinée équatoriale) vers 1950 aient été expulsés rapidement à cause de l’intolérance religieuse, par la suite d’autres Témoins sont parvenus à obtenir des contrats de travail qui leur ont permis de vivre sur cette île. Et, bien sûr, en obéissance au commandement de Jésus, ils y ont prêché. — Marc 13:10.

      Emmanuel Mama, surveillant de circonscription ghanéen, a été envoyé en Haute-Volta (aujourd’hui le Burkina Faso) pour quelques semaines en 1959 et il lui a été possible de prêcher intensément à Ouagadougou, la capitale. Il n’y avait cependant aucun Témoin dans le pays. Quatre ans plus tard, sept Témoins originaires du Togo, du Dahomey (aujourd’hui le Bénin) et du Congo se sont installés à Ouagadougou et y ont cherché du travail, afin de pouvoir prêcher dans le pays. Quelques mois plus tard, ils ont été rejoints par plusieurs pionniers spéciaux ghanéens. En 1964 cependant, à l’instigation du clergé, alors que les Témoins étaient dans le pays depuis moins d’un an, les autorités les ont arrêtés, détenus pendant 13 jours, puis expulsés du pays. Les efforts de ces Témoins avaient-​ils été vains? Emmanuel Johnson, un habitant du pays, avait appris où trouver la vérité biblique. Il a continué à étudier avec les Témoins de Jéhovah par courrier, et s’est fait baptiser en 1969. Oui, l’œuvre du Royaume avait pris pied dans un pays de plus.

      Quand une demande de visas a été déposée pour que des missionnaires formés à Galaad puissent entrer en Côte d’Ivoire, les autorités françaises ont refusé de les accorder. C’est pourquoi, en 1950, Alfred Shooter, de la Côte de l’Or (aujourd’hui le Ghana), a été envoyé dans la capitale de la Côte d’Ivoire comme pionnier. Lorsqu’il y a été installé, sa femme l’a rejoint, et quelques mois plus tard un couple de missionnaires, Gabriel et Florence Paterson, sont arrivés. Mais des difficultés ont surgi. Leurs publications ont été saisies parce qu’elles n’avaient pas été approuvées par le gouvernement, et ils se sont vu infliger une amende. Toutefois, par la suite, ils ont vu leurs livres sur la place du marché. Ils les ont donc rachetés et en ont fait bon usage.

      Dans le même temps, ces Témoins se sont rendus dans de nombreuses administrations pour essayer d’obtenir des visas permanents. M. Houphouët-Boigny, qui est devenu plus tard président de la Côte d’Ivoire, leur a offert son aide. “La vérité, a-​t-​il observé, ne connaît pas de frontières. Elle ressemble à un torrent; endiguez-​le et il submergera ses digues.” Quand un prêtre catholique et un pasteur méthodiste ont essayé de nuire aux Témoins, Ouezzin Coulibaly, un député, a dit: “Je représente le peuple de ce pays. Nous sommes le peuple et nous aimons les Témoins de Jéhovah. Nous souhaitons donc qu’ils restent dans notre pays.”

      Des disciples clairvoyants

      Lorsqu’il a ordonné de ‘faire des disciples de gens de toutes les nations’, Jésus Christ a également dit qu’il faudrait baptiser ceux qui deviendraient ses disciples — qui croiraient à ses enseignements et les mettraient en pratique (Mat. 28:19, 20). Conformément à ce commandement, des dispositions sont prises pour que les nouveaux disciples puissent se faire baptiser lors des assemblées que les Témoins de Jéhovah tiennent périodiquement. Le nombre des baptisés à chacun de ces rassemblements est parfois relativement réduit. Mais, à une assemblée organisée au Nigeria en 1970, 3 775 nouveaux Témoins ont été immergés dans l’eau. L’objectif, toutefois, n’est pas de baptiser les masses.

      Quand, en 1956, on s’est aperçu que certains se faisaient baptiser en Côte de l’Or alors qu’ils n’avaient pas édifié leur foi sur un bon fondement, on a décidé de s’intéresser de plus près aux candidats au baptême. Les surveillants des congrégations de ce pays ont été chargés de s’entretenir personnellement avec chaque candidat au baptême pour s’assurer qu’il comprenait bien les vérités fondamentales de la Bible, qu’il menait une vie conforme aux normes bibliques et qu’il comprenait clairement les obligations qui sont celles d’un Témoin de Jéhovah voué et baptisé. Par la suite, une disposition semblable a pris effet dans le monde entier. Une liste détaillée des enseignements fondamentaux de la Bible à examiner avec les candidats au baptême est parue en 1967 dans le livre “Ta Parole est une lampe pour mon pied”. Après des années d’expérience, une liste affinée a été publiée en 1983 dans le livre Organisés pour bien remplir notre ministère.

      Ces dispositions prenaient-​elles en compte les besoins des gens qui n’avaient que peu ou pas d’instruction scolaire?

      Lutte contre l’analphabétisme

      En 1957, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture estimait que, dans le monde entier, environ 44 % des personnes de plus de 15 ans ne savaient ni lire ni écrire. Selon un rapport, dans 42 pays d’Afrique, 2 pays des Amériques, 28 pays d’Asie et 4 pays de l’Océanie, 75 % des adultes étaient analphabètes. Pourtant, eux aussi devaient avoir la possibilité d’apprendre les lois divines en vue de se préparer à être des sujets de son Royaume. Beaucoup d’illettrés avaient l’esprit vif et étaient capables de mémoriser la plus grande partie de ce qu’ils entendaient, mais ils n’étaient pas en mesure de lire eux-​mêmes la précieuse Parole de Dieu ni d’utiliser les manuels d’étude biblique.

      Depuis des années, les Témoins apportaient une aide personnelle aux gens qui voulaient apprendre à lire. Toutefois, en 1949 et en 1950, ils ont inauguré dans de nombreux pays d’Afrique des classes de lecture dans chaque congrégation. Ces cours étaient généralement donnés dans les Salles du Royaume, et, dans certains endroits, tout le village y était invité.

      Là où les autorités avaient mis en place un programme d’alphabétisation, les Témoins de Jéhovah ont été heureux de soutenir cette disposition. Mais dans de nombreuses régions, ils ont dû rédiger et utiliser leurs propres manuels d’enseignement. Les cours dirigés par les Témoins de Jéhovah ont aidé des dizaines de milliers de gens, dont des milliers de femmes et de personnes âgées, à apprendre à lire et à écrire. En raison de la conception des cours, non seulement ils ont appris à lire et à écrire, mais dans le même temps ils se sont familiarisés avec les vérités fondamentales de la Sainte Parole de Dieu. Cet enseignement les a formés pour participer à l’œuvre consistant à faire des disciples, œuvre ordonnée par Jésus. Le désir de prendre part efficacement à cette œuvre en a incité beaucoup à faire de vigoureux efforts pour apprendre à lire.

      Au Dahomey (aujourd’hui le Bénin), pays d’Afrique occidentale, un Témoin baptisé depuis peu qui s’était fait éconduire par un homme parce qu’il ne savait pas lire a pris la résolution de surmonter cette difficulté. En plus d’assister aux cours d’alphabétisation, il a beaucoup travaillé personnellement. Six semaines plus tard, il a rendu visite au même homme; celui-ci a été tellement étonné de l’entendre, lui qui était peu auparavant analphabète, lire des passages de la Parole de Dieu qu’il s’est intéressé au message. Certains de ceux qui ont été instruits dans ces classes d’alphabétisation sont même devenus par la suite surveillants itinérants, et ont donc reçu la responsabilité d’enseigner plusieurs congrégations. C’est le cas d’Ezekiel Ovbiagele, au Nigeria.

      Enseignement au moyen de projections de films et de diapositives

      Afin d’aider les personnes qui manifestaient de l’intérêt pour la Bible à discerner l’envergure de l’organisation visible de Jéhovah, un film est sorti en 1954. Ce documentaire intitulé La Société du Monde Nouveau en action a contribué à briser les préjugés dans certaines localités.

      Dans ce qui est aujourd’hui la Zambie, il fallait souvent un groupe électrogène pour projeter le film. Un morceau de tissu blanc tendu entre deux arbres faisait office d’écran. Dans la province de Barotse, après avoir regardé le film avec sa famille royale, le chef suprême a voulu que le public le voie. C’est ainsi que le lendemain soir ce film a été projeté devant 2 500 personnes. Sur une période de plus de 17 ans, l’assistance totale aux projections en Zambie a dépassé le million. Les assistants étaient émerveillés de ce qu’ils voyaient. Non loin de là, au Tanganyika (aujourd’hui une partie de la Tanzanie), des “Ndaka, ndaka” (Merci, merci) fusaient de partout après la projection.

      Après La Société du Monde Nouveau en action, d’autres films sont sortis: Le bonheur de la société du Monde Nouveau, La Proclamation de la ‘bonne nouvelle éternelle’ autour du monde, Dieu ne peut mentir et Héritage. Des séries de diapositives, avec commentaire, ont aussi été produites. Certaines montraient la valeur pratique de la Bible à notre époque, les origines païennes des doctrines et pratiques de la chrétienté, et la signification des conditions mondiales à la lumière des prophéties bibliques; d’autres avaient trait à l’organisation des Témoins de Jéhovah: elles étaient consacrées à la visite de leur siège mondial, aux assemblées exaltantes qu’ils ont tenues dans des pays où leur œuvre était auparavant interdite et à leur histoire moderne. Toutes ces projections ont aidé les gens à comprendre que Jéhovah a bel et bien un peuple sur la terre et que la Bible est Sa Parole inspirée.

      L’identification des véritables “brebis”

      Dans certains pays, des gens qui possédaient simplement quelques publications de la Société Watch Tower se disaient Témoins de Jéhovah ou utilisaient le nom Watch Tower. Mais avaient-​ils rejeté leurs anciennes croyances et changé de mode de vie pour le conformer aux normes de la Bible? Après avoir reçu un enseignement approprié, se révéleraient-​ils être des personnes véritablement comparables à des brebis qui écoutent la voix du Maître, Jésus Christ? — Jean 10:4, 5.

      En 1954, la filiale sud-africaine de la Société Watch Tower a reçu une lettre surprenante d’un groupe d’Africains de Baía dos Tigres, colonie pénitentiaire située dans le sud de l’Angola. Son auteur, João Mancoca, écrivait: “Le groupe des Témoins de Jéhovah d’Angola comprend 1 000 membres. Leur conducteur se nomme Simão Gonçalves Toco.” Qui était ce Toco? Ceux qui le suivaient étaient-​ils vraiment Témoins de Jéhovah?

      Des dispositions ont été prises pour que John Cooke, un missionnaire qui parlait portugais, se rende en Angola. Au terme d’une longue conversation avec un responsable de la colonie, frère Cooke a été autorisé à rencontrer Mancoca. Il a appris que dans les années 40, alors que Toco appartenait à une mission baptiste au Congo belge (aujourd’hui le Zaïre), il était entré en possession de quelques publications de la Société Watch Tower et avait fait part à ses collaborateurs de ce qu’il apprenait. Cependant, des pratiquants du spiritisme avaient alors influencé ce groupe, et avec le temps Toco avait complètement cessé d’utiliser les publications de la Société Watch Tower et la Bible. Il s’était plutôt tourné vers les médiums pour recevoir une direction. Ses disciples avaient été rapatriés en Angola par le gouvernement et s’étaient trouvés dispersés un peu partout dans le pays.

      Mancoca avait été un des compagnons de Toco, mais il avait essayé de persuader les autres de ne plus pratiquer le spiritisme et de respecter la Bible. Cela n’était pas du goût de certains disciples de Toco, et ils avaient lancé de fausses accusations contre lui auprès des autorités portugaises. C’est pourquoi Mancoca et ceux qui partageaient ses vues avaient été déportés dans une colonie pénitentiaire. De là, il avait pris contact avec la Société Watch Tower et avait reçu d’autres publications bibliques. Il était humble, appréciait les choses spirituelles et avait un désir sincère de collaborer étroitement avec l’organisation qui lui avait permis de découvrir la vérité. Après avoir discuté des vérités bibliques pendant de nombreuses heures avec ce groupe, frère Cooke a acquis la conviction que João Mancoca était vraiment l’une des brebis du Seigneur. Cet homme le prouvait dans des circonstances on ne peut plus difficiles depuis de nombreuses années maintenant.

      Frère Cooke a également eu des conversations avec Toco et certains de ceux qui le suivaient. Cependant, à quelques exceptions près, ces hommes ne manifestaient pas les qualités propres aux “brebis”, qualités qui caractérisent les disciples du Christ. Il n’y avait donc pas 1 000 Témoins de Jéhovah en Angola, mais seulement 25 environ.

      À la même époque, au Congo belge (aujourd’hui le Zaïre), il existait une autre confusion d’identités. Il s’y trouvait un mouvement politico-religieux appelé Kitawala, qui se servait aussi parfois du nom Watch Tower. Certains de ses membres avaient chez eux des publications éditées par les Témoins de Jéhovah, publications qu’ils avaient reçues par la poste. Mais les croyances et les pratiques du Kitawala (entre autres, actes racistes, subversion de l’autorité en vue de provoquer un changement politique ou social, et immoralité sexuelle choquante au nom du culte) ne correspondaient en rien à celles des Témoins de Jéhovah. Pourtant, certains rapports écrits cherchaient à établir un lien entre le Kitawala et la Société Watch Tower utilisée par les Témoins de Jéhovah.

      Les Témoins de Jéhovah ont tenté à plusieurs reprises de faire entrer des surveillants compétents dans le pays, mais à chaque fois ils se sont heurtés à un refus des autorités belges. Les groupements catholiques et protestants s’en réjouissaient. À partir de 1949 particulièrement, de cruelles mesures répressives ont été prises à l’encontre des personnes qui s’efforçaient d’étudier la Bible à l’aide des publications de la Société Watch Tower au Congo belge. Cependant, un des fidèles Témoins habitant ce pays a fait cette déclaration judicieuse: “Nous sommes comme un sac de maïs africain. Où qu’ils nous emmènent, la Parole tombera, grain à grain, jusqu’au jour où la pluie arrivera, et ils nous verront pousser partout.” Et c’est ainsi que de 1949 à 1960, malgré les difficultés, le nombre des Témoins de Jéhovah qui remettaient un rapport d’activité est passé de 48 à 1 528.

      Petit à petit, les autorités se sont rendu compte que les Témoins de Jéhovah n’avaient rien à voir avec le Kitawala. Quand les Témoins ont obtenu dans une certaine mesure la liberté de se réunir, des fonctionnaires gouvernementaux ont souvent fait remarquer leur bonne conduite et leur respect de l’ordre. Lorsque des manifestations violentes ont éclaté pour réclamer l’indépendance, il était de notoriété publique que les Témoins de Jéhovah n’y étaient pas mêlés. En 1961, Ernest Heuse fils, un surveillant chrétien expérimenté originaire de Belgique, a finalement pu entrer dans le pays. Des efforts diligents ont permis d’aider progressivement les Témoins à conformer davantage le fonctionnement des congrégations et leur vie personnelle à la Parole de Dieu. Ils avaient beaucoup à apprendre, et il a fallu faire preuve d’une grande patience.

      Dans le but d’asseoir sa position, le Kitawala a envoyé de certaines régions de longues listes de membres qui voulaient être reconnus comme Témoins de Jéhovah. Avec sagesse, frère Heuse a demandé à des Témoins expérimentés de se rendre dans ces régions pour déterminer de quel genre de personnes il s’agissait. Ces frères n’ont pas accepté de s’occuper de groupes importants, mais ont dirigé des études bibliques individuelles.

      Avec le temps, l’identité des authentiques “brebis”, c’est-à-dire des personnes qui considéraient Jésus Christ comme leur Berger, est devenue manifeste. Et il y en avait beaucoup. À leur tour, elles en ont enseigné d’autres. Au fil des ans, la Société Watch Tower a envoyé de l’étranger des dizaines de missionnaires pour qu’ils collaborent avec ces personnes, les aident à acquérir une connaissance plus exacte de la Parole de Dieu et leur donnent la formation voulue. En 1975, il y avait au Zaïre 17 477 Témoins de Jéhovah, organisés en 526 congrégations, qui prêchaient et enseignaient avec zèle la Parole de Dieu à leurs semblables.

      Ils brisent le pouvoir du fétichisme

      À l’ouest du Nigeria se trouve le Bénin (autrefois appelé le Dahomey), dont la population est divisée en 60 groupes ethniques parlant une cinquantaine de langues et dialectes. Dans ce pays, comme dans la majeure partie de l’Afrique, l’animisme est la religion traditionnelle, et il va de pair avec le culte des ancêtres. Cet environnement religieux jette sur l’existence des gens un voile de superstition et de crainte. Beaucoup de prétendus chrétiens aussi pratiquent l’animisme.

      Depuis la fin des années 20 jusque dans les années 40, les Témoins de Jéhovah nigérians ont semé de nombreuses graines de vérité biblique au Dahomey en s’y rendant de temps en temps pour distribuer des publications. Nombre de ces graines avaient simplement besoin d’un peu d’eau pour germer. Elles ont été arrosées en 1948 quand Nouru Akintoundé, un natif du Dahomey qui vivait au Nigeria, est retourné dans son pays comme pionnier. En quatre mois, 300 personnes ont embrassé la vérité et se sont mises à participer à la prédication à ses côtés. Cet accueil dépassait toutes les espérances raisonnables.

      Cette activité n’a pas tardé à provoquer des remous non seulement parmi le clergé de la chrétienté, mais aussi parmi les animistes. À Porto-Novo, quand la secrétaire d’une communauté fétichiste s’est intéressée à la vérité, le féticheur en chef a proclamé qu’elle mourrait dans les sept jours. Mais elle a déclaré sans crainte: “Si c’est le fétiche qui a fait Jéhovah, je mourrai; mais si Jéhovah est le Dieu suprême, alors il vaincra le fétiche.” (Voir Deutéronome 4:35; Jean 17:3). Pour que sa prédiction se réalise, le soir du sixième jour le féticheur s’est livré à toutes sortes de rites spirites, puis a déclaré que cette ancienne secrétaire était morte. Quelle n’a pas été la consternation des fétichistes quand, le lendemain, elle est allée au marché de Cotonou, bien vivante! Plus tard, l’un des Témoins a loué une voiture et a conduit cette personne dans Porto-Novo pour que tous puissent voir de leurs propres yeux qu’elle était en vie. Après cela, de nombreux autres fétichistes ont pris fermement position pour la vérité. — Voir Jérémie 10:5.

      Peu après, les chefs religieux ont réussi à faire interdire les publications de la Société Watch Tower au Dahomey. Mais, en obéissance à Jéhovah Dieu, les Témoins ont continué à prêcher, souvent avec la Bible uniquement. Ils allaient parfois de porte en porte comme des “vendeurs”, en proposant toutes sortes d’articles. Si la conversation s’engageait bien, ils en venaient à parler de la Bible, et il leur arrivait même de sortir une précieuse publication biblique d’une grande poche intérieure de leur vêtement.

      Quand la police leur suscitait beaucoup de difficultés dans les villes, ils prêchaient dans les campagnes (voir Matthieu 10:23). Et lorsqu’ils étaient jetés en prison, ils prêchaient derrière les barreaux. En 1955, les Témoins incarcérés à Abomey ont trouvé au moins 18 personnes qui s’intéressaient à la vérité parmi les détenus et le personnel pénitentiaire.

      Dix ans seulement après que le pionnier mentionné plus haut était retourné au Dahomey, son pays natal, pour y prêcher, 1 426 personnes participaient à la prédication, et ce malgré l’interdiction officielle de leur activité.

      Davantage d’ouvriers prennent part à la moisson

      À l’évidence, beaucoup avaient faim de vérité et cela partout en Afrique. La moisson était grande, mais les ouvriers peu nombreux. Les Témoins ont donc été encouragés de voir le Maître de la moisson, Jéhovah, répondre aux prières qu’ils faisaient pour que davantage d’ouvriers prennent part à la récolte spirituelle. — Mat. 9:37, 38.

      Des pionniers itinérants avaient distribué de nombreuses publications au Kenya dans les années 30, mais l’intérêt suscité n’avait pas vraiment été entretenu. Toutefois, en 1949, Mary Whittington a émigré de Grande-Bretagne avec ses trois jeunes enfants pour vivre à Nairobi avec son mari, qui y travaillait. Sœur Whittington était baptisée depuis à peine un an, mais elle avait l’attitude d’esprit d’un pionnier. Bien qu’elle ne connût aucun Témoin au Kenya, elle s’est mise à aider d’autres personnes à découvrir la vérité dans ce vaste pays. Malgré les obstacles, elle n’a pas baissé les bras. D’autres Témoins aussi — d’Afrique du Sud, d’Australie, du Canada, des États-Unis, de Grande-Bretagne, de Suède et de Zambie — se sont organisés pour venir dans ce pays afin d’y communiquer à autrui l’espérance du Royaume.

      De plus, des couples de missionnaires ont été envoyés pour prendre part à la moisson. Au début, les maris étaient obligés d’avoir un emploi pour rester dans le pays, ce qui limitait leur participation au ministère. Leurs femmes, par contre, étaient libres d’être pionnières. Avec le temps, plus d’une centaine de missionnaires formés à Galaad sont venus au Kenya. Quand l’heure de l’indépendance a approché pour ce pays, et avec elle l’abolition de la ségrégation qu’avaient imposée les autorités coloniales britanniques, les Témoins européens ont appris le swahili et ont rapidement étendu leur activité pour prêcher aux Africains. Le nombre des Témoins s’est accru rapidement dans cette partie du champ immense qu’est le monde.

      En 1972, le Botswana aussi a reçu de l’aide; des Témoins venus d’Afrique du Sud, de Grande-Bretagne et du Kenya sont venus s’installer dans les grandes villes de ce pays pour participer à la moisson spirituelle. Trois ans après, des missionnaires formés à Galaad sont également arrivés. Une grande partie de la population, toutefois, est éparpillée dans la campagne. Afin de toucher ces gens, des Témoins sud-africains ont traversé le désert du Kalahari. Dans ces endroits isolés, ils ont prêché aux anciens des villages, aux instituteurs et souvent à des groupes de 10 ou 20 auditeurs attentifs. Un jour, un vieil homme leur a dit: “Vous avez fait tout ce chemin pour venir nous parler de ces choses? C’est très gentil à vous, très gentil.”

      “Brown la Bible” avait présenté de puissants discours bibliques au Liberia dans les années 20, mais l’opposition était vive dans ce pays. La moisson spirituelle n’y a pas vraiment avancé jusqu’à la venue de missionnaires formés à l’École de Galaad. Harry Behannan, arrivé en 1946, a été le premier d’entre eux. Beaucoup d’autres l’ont rejoint dans les années qui ont suivi. Petit à petit, des Libériens ont participé avec eux à l’œuvre, et en 1975 plus de mille personnes louaient Jéhovah dans ce pays.

      “Brown la Bible” avait prêché davantage encore au Nigeria. Cette nation était divisée en plusieurs royaumes, cités-États et groupes sociaux; ses habitants parlent plus de 250 langues et dialectes. La religion était un facteur de division supplémentaire. Avec peu de tact, certes, mais munis de puissants arguments bibliques, les Témoins de la première heure ont démasqué le clergé et dévoilé ses faux enseignements. Quand leurs publications ont été interdites pendant la Seconde Guerre mondiale, les Témoins ont prêché uniquement avec la Bible, et les gens épris de vérité leur ont prêté une oreille attentive. Ils ont quitté les Églises, puis ont renoncé à la polygamie et se sont débarrassés de leurs gris-gris, autant de choses que les Églises avaient tolérées. En 1950, les Témoins de Jéhovah étaient 8 370 à proclamer le message du Royaume au Nigeria. En 1970, ce nombre avait plus que décuplé.

      En Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe), il a fallu surmonter l’opposition continuelle des autorités pour aider les personnes qui s’intéressaient au message. On a tenté d’obtenir la reconnaissance officielle de l’œuvre dès le milieu des années 20. En 1932, des pionniers sud-africains ont reçu l’ordre de quitter le pays et on leur a dit de façon péremptoire qu’ils ne pouvaient pas faire appel de cette décision. Ils l’ont fait malgré tout. Il a fallu se défendre en justice contre des accusations selon lesquelles les publications de la Société Watch Tower étaient séditieuses. Au début des années 40, des Témoins ont été emprisonnés parce qu’ils distribuaient des publications qui expliquaient la Bible. C’est seulement en 1966 que les Témoins de Jéhovah ont été pleinement reconnus comme une organisation religieuse au Zimbabwe. Pendant plus de 40 ans, la moisson spirituelle s’était effectuée dans des conditions très pénibles, mais au cours de cette période de courageux ouvriers avaient amené plus de 11 000 personnes à devenir des serviteurs de Jéhovah Dieu.

      Ils témoignent devant des gouverneurs et des rois

      Jésus savait que ses disciples rencontreraient de l’opposition dans leur ministère. Il leur a dit qu’ils seraient livrés “aux tribunaux locaux”, et même traînés “devant des gouverneurs et des rois”, et que ce serait “en témoignage pour eux et pour les nations”. (Mat. 10:17, 18.) Les Témoins de Jéhovah ont été traités exactement comme Jésus l’avait prédit, et conformément à ses paroles ils se sont efforcés d’en profiter pour donner le témoignage.

      Des hommes politiques ont permis à la crainte de les retenir de faire du bien aux disciples du Christ (Jean 12:42, 43). C’est ce que Llewelyn Phillips a constaté en 1948 lors d’entretiens privés avec un certain nombre d’hommes politiques au Congo belge, dans l’espoir d’améliorer le sort des Témoins persécutés dans ce pays. Il a expliqué les croyances et les activités des Témoins de Jéhovah à ces hommes. Mais, durant la conversation, le gouverneur général a demandé d’un air songeur: “Et si je vous aide, que va-​t-​il m’arriver?” Il savait que l’Église catholique exerçait une grande influence dans le pays.

      Par contre, le chef suprême de la nation swazi, le roi Sobhuza II, ne se souciait pas trop de ce que pensait le clergé. Il avait souvent discuté avec les Témoins de Jéhovah, possédait nombre de leurs publications et était bien disposé envers eux. Chaque année, le “Vendredi saint”, il invitait les ecclésiastiques africains à son kraal royal. Il les laissait parler, mais faisait également venir un Témoin de Jéhovah pour qu’il s’exprime. En 1956, le Témoin a parlé dans son exposé de la doctrine de l’immortalité de l’âme et des titres honorifiques des chefs religieux. Quand il a eu fini, le chef suprême a demandé aux ecclésiastiques: “Les affirmations des Témoins de Jéhovah sont-​elles vraies ou fausses? Si elles sont fausses, prouvez-​le.” Ils n’ont pas pu les réfuter. Un jour, le chef suprême a même éclaté de rire en voyant la mine consternée des chefs religieux qui écoutaient le Témoin.

      C’était souvent la police que l’on faisait intervenir pour demander aux Témoins de justifier leur activité. Des Témoins de la congrégation de Tanger (Maroc) se rendaient régulièrement à Ceuta, un port appartenant à l’Espagne, mais situé sur la côte marocaine. En 1967, ils ont été arrêtés par la police et ont subi un interrogatoire de deux heures pendant lequel ils ont donné un excellent témoignage. À un certain moment, deux inspecteurs de police leur ont demandé s’ils croyaient en la “Vierge Marie”. Quand les Témoins leur ont répondu que d’après les Évangiles Marie a eu d’autres enfants après la naissance virginale de Jésus, des demi-frères et des demi-sœurs de Jésus, les policiers n’ont pas pu cacher leur surprise et ont dit qu’une telle chose ne pouvait pas être marquée dans la Bible. Quand les prédicateurs leur ont montré le passage de Jean 7:3-5, l’un d’eux l’a lu entièrement, sans un mot; l’autre a donc dit: “Donne-​moi cette Bible. Je vais l’expliquer, moi, ce texte!” Le premier lui a répondu: “Ne te fatigue pas. Ce texte est trop clair.” De nombreuses autres questions ont été examinées dans une atmosphère détendue. Après cet entretien, les autorités se sont rarement interposées lorsque les Témoins ont prêché dans cette région.

      De hauts responsables politiques ont fini par bien connaître les Témoins de Jéhovah et leur ministère. Certains d’entre eux discernent que l’œuvre accomplie par les Témoins est vraiment utile aux gens. Fin 1959, durant les préparatifs de l’indépendance du Nigeria, Nnamdi Azikiwe, le gouverneur général, a demandé que William Brown soit présent en qualité de représentant des Témoins de Jéhovah. Il a déclaré au Conseil des ministres: “Si toutes les dénominations religieuses ressemblaient aux Témoins de Jéhovah, nous ne verrions ni meurtres, ni cambriolages, ni délinquance, ni détenus, ni bombes atomiques. Les portes ne seraient pas fermées à clé du matin au soir.”

      Une moisson spirituelle de grande envergure était en cours en Afrique. En 1975, 312 754 Témoins prêchaient la bonne nouvelle dans 44 pays de ce continent. Dans neuf de ces pays, moins de 50 personnes avaient pris position pour la vérité biblique et participaient à l’œuvre d’évangélisation. Mais la vie de chaque individu est précieuse aux yeux des Témoins. Dans 19 de ces pays, les prédicateurs qui prenaient part au ministère de maison en maison en qualité de Témoins de Jéhovah se comptaient par milliers. Certains pays signalaient un accroissement spectaculaire. En Angola, par exemple, entre 1970 et 1975, le nombre des Témoins était passé de 355 à 3 055. Au Nigeria, en 1975, il y avait 112 164 Témoins de Jéhovah. Et il ne s’agissait pas simplement de personnes qui appréciaient la lecture des publications de la Société Watch Tower ou qui assistaient de temps à autre aux réunions dans une Salle du Royaume. Tous étaient d’actifs prédicateurs du Royaume de Dieu.

      L’Extrême-Orient produit des adorateurs de Jéhovah

      Tout comme cela a été le cas dans de nombreuses autres régions de la terre, aux Philippines l’activité des Témoins de Jéhovah s’est rapidement développée après la Seconde Guerre mondiale. Après sa libération de prison le 13 mars 1945, Joseph Dos Santos est entré en contact au plus vite avec le bureau de la Société Watch Tower à New York. Il a demandé tous les manuels d’étude biblique et toutes les instructions concernant l’organisation de l’œuvre que les frères philippins n’avaient pu obtenir durant les hostilités. Puis il a visité les congrégations pour les unifier et les fortifier. La même année s’est tenue une assemblée pour l’ensemble du pays à Lingayen, dans la province de Pangasinan. Au cours de cette assemblée, on a donné des instructions sur la façon d’enseigner les personnes affamées de vérité au moyen d’études bibliques à domicile. Dans les années qui ont suivi, on s’est efforcé de traduire et de publier davantage d’ouvrages dans les langues vernaculaires: tagalog, iloko et cebuano. Les fondements étaient jetés en vue de l’expansion, qui s’est produite rapidement.

      Dix ans après la guerre, le nombre de Témoins aux Philippines était passé d’environ 2 000 à plus de 24 000. Trente ans après la guerre, ils étaient plus de 78 000 à louer Jéhovah dans ce pays.

      Un des premiers pays d’Extrême-Orient à avoir accueilli des missionnaires formés à Galaad a été la Chine. Harold King et Stanley Jones sont arrivés à Shanghaï en 1947, Lew Ti Himm en 1949. Les trois pionniers allemands qui avaient commencé à prêcher en Chine en 1939 étaient là pour les recevoir. Dans ce pays, les gens étaient en majorité bouddhistes, et les discussions bibliques n’éveillaient pas rapidement d’écho chez eux. On trouvait dans les foyers des sanctuaires et des autels. Des miroirs placés au-dessus des portes étaient censés éloigner les mauvais esprits. L’entrée des maisons était décorée d’affichettes rouges portant des inscriptions souhaitant “bonne chance” et d’effrayantes représentations de dieux bouddhiques. Mais la Chine était à l’époque le théâtre de grands changements. Sous la férule communiste, tout le monde était obligé d’étudier “la pensée de Mao Tsê-tung”. Après le travail, les gens devaient assister à de longues réunions où l’on dissertait sur le communisme. C’est dans ce contexte que nos frères ont continué à prêcher activement la bonne nouvelle du Royaume de Dieu.

      Nombre de personnes désireuses d’étudier avec les Témoins de Jéhovah avaient entendu parler de la Bible par les Églises de la chrétienté. C’était le cas de Nancy Yuen, permanente de l’Église et mère de famille, qui a apprécié les enseignements que les Témoins lui ont fait découvrir dans la Bible. Avant longtemps, elle prêchait avec zèle de maison en maison et dirigeait elle-​même des études bibliques. Les Témoins prêchaient aussi à des personnes qui avaient reçu une éducation chinoise et bouddhique traditionnelle et ne connaissaient pas la Bible auparavant. En 1956, on a atteint un maximum de 57 proclamateurs. Toutefois, la même année, après avoir été arrêtée six fois parce qu’elle prêchait, Nancy Yuen a été emprisonnée. D’autres Témoins ont été appréhendés ou contraints de quitter le pays. Stanley Jones et Harold King ont été placés en détention le 14 octobre 1958. Ils ont été détenus deux ans avant de passer en jugement. Pendant cette période, ils ont subi d’incessants interrogatoires. Lorsqu’ils ont finalement comparu devant le tribunal en 1960, ils ont été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement. L’activité publique des Témoins de Jéhovah en Chine a ainsi reçu un coup d’arrêt en octobre 1958. Mais leur prédication n’a jamais été interrompue totalement. Même dans les prisons et dans les camps de travail, ils trouvaient toujours moyen de rendre témoignage. Un plus grand travail allait-​il s’effectuer à l’avenir dans cet immense pays? La réponse serait apportée en temps voulu.

      Mais que se passait-​il au Japon à l’époque? Avant la Seconde Guerre mondiale, seuls une centaine de Témoins de Jéhovah y prêchaient. Beaucoup ont transigé avec leur foi pendant le conflit quand ils ont subi une répression sévère. Quelques-uns sont restés fidèles, mais la prédication organisée a cessé. Néanmoins, la proclamation du Royaume de Jéhovah a pris un nouveau départ dans cette partie du monde avec l’arrivée à Tokyo de Don Haslett, missionnaire formé à Galaad, en janvier 1949. Mabel, sa femme, a pu le rejoindre deux mois plus tard. De nombreuses personnes de ce territoire avaient faim de vérité. L’empereur avait renoncé à sa prétendue divinité. Le shinto, le bouddhisme, le catholicisme et le kyodan (formé de divers groupes protestants japonais) qui avaient tous soutenu l’effort de guerre du Japon, avaient perdu leur crédit à la suite de la défaite.

      À la fin de 1949, 13 missionnaires formés à l’École de Galaad étaient à l’œuvre au Japon. D’autres les ont rejoints, plus de 160 en tout. Ils disposaient de très peu de publications en japonais. Certains missionnaires venaient d’Hawaii, où ils avaient parlé un japonais archaïque, mais il leur fallait maintenant se mettre au langage moderne. Les autres avaient appris les rudiments de la langue, mais ont dû recourir souvent au dictionnaire anglais-​japonais, jusqu’à ce qu’ils la possèdent mieux. Avant longtemps, les familles Ishii et Miura, qui n’avaient pas renoncé à leur foi durant la guerre, ont renoué avec l’organisation et ont de nouveau pris part au ministère public.

      Progressivement, des maisons de missionnaires ont été ouvertes à Kobe, Nagoya, Osaka, Yokohama, Kyōto et Sendai. De 1949 à 1957, on s’est avant tout efforcé d’organiser l’œuvre du Royaume dans les grandes villes de l’île principale du Japon. Puis les prédicateurs se sont déplacés dans d’autres villes. Le territoire était immense. Il était clair que s’il fallait donner le témoignage à fond à tous les Japonais, il faudrait beaucoup de pionniers. On a mis l’accent sur cette idée, beaucoup se sont portés volontaires, et les efforts unis de ces ministres courageux ont été merveilleusement récompensés! La première décennie a été marquée par une “moisson” de 1 390 adorateurs de Jéhovah. Au milieu des années 70, on comptait 33 480 proclamateurs qui louaient Jéhovah avec zèle dans tout le Japon. Et l’œuvre de rassemblement s’accélérait.

      En 1949, l’année où Don Haslett est arrivé au Japon, l’œuvre du Royaume a aussi reçu une impulsion vigoureuse en République de Corée. La Corée avait été sous la domination du Japon pendant la guerre mondiale, et les Témoins avaient été cruellement persécutés. Après la guerre, un petit groupe se réunissait pour étudier; mais il n’avait aucune nouvelle de l’organisation internationale des Témoins, jusqu’à ce qu’un jour de 1948, Choi Young-won lise un article sur les Témoins de Jéhovah dans un journal de l’armée américaine, Stars and Stripes. L’année suivante, une congrégation composée de 12 proclamateurs a été formée à Séoul. Quelque temps après, la même année, sont arrivés les premiers missionnaires de l’École de Galaad, Don et Earlene Steele. Sept mois plus tard, six autres missionnaires ont suivi.

      Ils enregistraient d’excellents résultats: en moyenne 20 études bibliques chacun, et une assistance aux réunions qui s’élevait parfois à 336 personnes. Puis la guerre de Corée a éclaté. À peine trois mois après l’arrivée du dernier groupe de missionnaires, ils ont tous dû partir au Japon. Don Steele n’a pu revenir à Séoul que plus d’un an après, et Earlene a dû attendre encore un an avant de pouvoir le rejoindre. Dans l’intervalle, les Témoins coréens étaient restés fermes et avaient prêché avec zèle, bien que certains aient perdu leur maison et que beaucoup aient dû fuir. Les hostilités étant maintenant terminées, on s’est attaché à produire davantage de publications en coréen. On a organisé des assemblées, et fait venir d’autres missionnaires pour imprimer de l’élan à l’œuvre. En 1975, il y avait 32 693 Témoins de Jéhovah en République de Corée, presque autant qu’au Japon, et on pouvait s’attendre à un fort accroissement, car ils dirigeaient plus de 32 000 études bibliques.

      Quelle était la situation en Europe?

      En Europe, une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, les Témoins de Jéhovah n’ont pas pour autant été totalement libres d’accomplir leur œuvre d’enseignement biblique sans rencontrer d’opposition. En certains endroits, les autorités les respectaient à cause de la position ferme qu’ils avaient adoptée durant le conflit. Mais ailleurs, les persécutions se sont poursuivies en raison d’un nationalisme exacerbé et de l’animosité religieuse.

      Parmi les Témoins qui servaient en Belgique, certains étaient venus d’Allemagne pour prêcher la bonne nouvelle. Comme ils n’avaient pas voulu soutenir le régime nazi, la Gestapo les avait traqués comme des bêtes. Mais ensuite, des fonctionnaires belges ont accusé quelques-uns de ces mêmes Témoins d’être des nazis, et les ont fait incarcérer ou expulser. Cela n’a pas empêché le nombre des Témoins qui participaient au ministère en Belgique de tripler largement dans les cinq années qui ont suivi la guerre.

      Qui était la plupart du temps l’instigatrice des persécutions? L’Église catholique. Là où elle avait assez d’influence, elle s’efforçait constamment d’enrayer l’œuvre des Témoins de Jéhovah.

      Comme beaucoup d’Occidentaux craignaient le communisme, en 1948, le clergé catholique de Cork, en Irlande, a suscité de l’opposition aux Témoins de Jéhovah en les qualifiant de “diables communistes”. Fred Metcalfe a fait les frais de cette campagne: un jour qu’il prêchait, il a eu affaire à une foule qui l’a frappé à coups de poing et de pied et a éparpillé dans la rue ses publications bibliques. Heureusement, un policier est arrivé et a dispersé la populace. Malgré ces attaques, les Témoins ont persévéré dans leur activité. Tous les Irlandais n’approuvaient pas la violence. Par la suite, même certains de ceux qui s’y étaient livrés l’ont regretté. La plupart des catholiques irlandais n’avaient jamais vu de Bible. Mais, avec patience et bienveillance, les Témoins en ont aidé quelques-uns à se saisir de la vérité qui libère. — Jean 8:32.

      Les Témoins italiens n’étaient qu’une centaine en 1946, mais trois ans plus tard, ils étaient déjà répartis en 64 congrégations, petites certes, mais très actives. Le clergé s’en est inquiété. Incapable de réfuter les vérités bibliques prêchées par les Témoins de Jéhovah, le clergé catholique a talonné les autorités gouvernementales dans le but de se débarrasser d’eux. C’est pourquoi, en 1949, les missionnaires Témoins de Jéhovah ont été expulsés d’Italie.

      Les ecclésiastiques catholiques ont très souvent cherché à interrompre les assemblées des Témoins en Italie ou à empêcher qu’elles se tiennent. À Sulmona, en 1948, ils ont envoyé des perturbateurs pour tenter de mettre fin à une assemblée. En 1950, à Milan, ils ont usé de pressions sur le chef de la police pour faire annuler une assemblée prévue au Teatro dell’Arte. En 1951, de nouveau, ils ont demandé à la police d’annuler l’assemblée de Cerignola. Mais en 1957, quand la police a interdit une assemblée des Témoins à Milan, la presse s’en est offusquée, et des questions ont été soulevées au Parlement. L’hebdomadaire romain Il Mondo du 30 juillet 1957 n’a pas hésité à écrire que cette décision avait été prise “pour satisfaire l’archevêque”, Giovanni Battista Montini, qui est devenu plus tard le pape Paul VI. L’Église catholique était connue pour avoir interdit pendant des siècles la diffusion de la Bible dans les langues communes. En revanche, les Témoins de Jéhovah persistaient à faire voir aux catholiques sincères ce que dit la Bible. Le contraste entre la Bible et le dogme de l’Église était flagrant. Les efforts intenses de l’Église catholique n’ont pas empêché des milliers de personnes de la quitter, et, en 1975, on comptait 51 248 Témoins de Jéhovah en Italie. Tous étaient des évangélisateurs actifs, et leur nombre augmentait rapidement.

      En Espagne, pays catholique, lorsque l’activité organisée des Témoins de Jéhovah a progressivement repris en 1946, le clergé a, comme il fallait s’y attendre, usé de son influence sur les autorités pour tenter de les réduire au silence. Les réunions étaient perturbées. Les missionnaires ont été contraints de quitter le pays. Des Témoins ont été arrêtés pour le seul motif qu’ils possédaient la Bible ou des publications bibliques. Ils étaient souvent détenus jusqu’à trois jours dans des prisons répugnantes de saleté, puis relâchés, avant d’être de nouveau arrêtés, interrogés et emprisonnés. Beaucoup ont été condamnés à des peines d’emprisonnement d’un mois ou plus. Les prêtres ont demandé aux autorités de traquer sans merci quiconque étudierait la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Même quand la loi garantissant la liberté religieuse a été adoptée en 1967, la situation ne s’est améliorée que lentement. Il n’empêche qu’en 1970, lorsque les Témoins de Jéhovah ont finalement obtenu la reconnaissance officielle de leur œuvre en Espagne, ils étaient déjà plus de 11 000. Et cinq ans plus tard, ils étaient plus de 30 000, tous des évangélisateurs actifs.

      Quelle était la situation au Portugal? Ce pays a également expulsé les missionnaires. Poussée par le clergé catholique, la police perquisitionnait au domicile des Témoins de Jéhovah, saisissait leurs publications bibliques, et interrompait leurs réunions. En janvier 1963, à Caldas da Rainha, le commandant de la police de sûreté publique a même publié un arrêté leur interdisant ‘d’exercer leurs activités de lecture de la Bible’. Mais les Témoins n’ont pas cessé de servir Dieu pour autant. Quand l’œuvre a été reconnue officiellement au Portugal en 1974, ils étaient plus de 13 000.

      Dans d’autres pays d’Europe, les autorités ont fait obstacle à la prédication de la bonne nouvelle en assimilant la distribution de publications bibliques à une activité commerciale, tombant sous le coup des lois relatives au commerce. Dans plusieurs cantons suisses, on a appliqué la réglementation sur la mendicité à la distribution de publications en échange de contributions volontaires. Comme les Témoins de Jéhovah poursuivaient leur activité, ils ont connu de multiples arrestations et procès. Néanmoins, quand les affaires ont été portées devant la justice, certaines instances, dont la Haute Cour du canton de Vaud, en 1953, ont estimé que l’activité des Témoins de Jéhovah ne pouvait raisonnablement être assimilée à de la mendicité. Pendant ce temps, au Danemark, certaines autorités cherchaient à restreindre la diffusion des publications en la limitant aux heures légales d’ouverture des magasins. Là aussi, les Témoins ont dû faire valoir leurs droits devant les tribunaux. Malgré les obstacles, les Témoins de Jéhovah ont continué à proclamer que le Royaume de Dieu est le seul espoir de l’humanité.

      En Europe, tout comme dans d’autres parties de la terre, les Témoins de Jéhovah ont rencontré d’autres difficultés, dues cette fois à la neutralité chrétienne. Leur conscience de chrétiens ne leur permettant pas de participer aux conflits du monde, ils ont été emprisonnés dans un pays après l’autre (És. 2:2-4). Cela a empêché de jeunes hommes de prêcher régulièrement de maison en maison. Mais la situation a aussi eu des effets positifs, car un grand témoignage a été donné à des avocats, à des juges, à des officiers et à des gardiens de prison. Même derrière les barreaux, les Témoins ont trouvé moyen de prêcher. Si dans certaines prisons les frères étaient traités durement, ils ont connu un meilleur sort dans d’autres: à la prison de Santa Catalina, à Cadix (Espagne), il leur était possible de consacrer une partie de leur temps à la prédication par courrier. En Suède, on a beaucoup parlé de la façon dont la justice traitait les affaires concernant la neutralité des Témoins de Jéhovah. Ainsi, de diverses façons, il était devenu notoire que Jéhovah a bien des Témoins sur la terre et que ceux-ci adhèrent fermement aux principes bibliques.

      Mais il est une autre chose qui a largement contribué à faire connaître les Témoins, et a communiqué une impulsion supplémentaire à leur œuvre d’évangélisation.

      Les assemblées contribuent au témoignage

      À l’occasion de l’assemblée internationale des Témoins de Jéhovah organisée en France, à Paris, en 1955, les journaux télévisés ont informé toute la nation de l’événement. En 1969, une autre assemblée s’est tenue près de Paris, durant laquelle il a été manifeste que le ministère des Témoins portait du fruit. En cette occasion, 3 619 personnes se sont fait baptiser, soit environ 10 % des assistants. À ce propos, voici ce que l’on pouvait lire dans le quotidien France-Soir du 6 août 1969: “Plus que leurs spectaculaires moyens de diffusion, c’est le prosélytisme des Témoins de Jéhovah qui inquiète les clergés des autres religions; chaque Témoin de Jéhovah se doit en effet de ‘témoigner’ sa foi en faisant du ‘porte-à-porte biblique’.”

      Ce même été de 1969, en l’espace de trois semaines, quatre autres grandes assemblées se sont tenues en Europe: à Londres, à Copenhague, à Rome et à Nuremberg. L’assemblée de Nuremberg a réuni 150 645 personnes venues de 78 pays. Outre les avions et les bateaux, il a fallu environ 20 000 voitures, 250 autobus et 40 trains spéciaux pour les amener sur les lieux de cette assemblée.

      Non seulement ces assemblées ont fortifié et équipé les Témoins de Jéhovah en vue de leur ministère, mais elles ont aussi donné aux gens l’occasion de constater par eux-​mêmes qui sont réellement les Témoins de Jéhovah. En 1965, alors qu’une assemblée internationale était prévue à Dublin (Irlande), de fortes pressions religieuses ont été exercées pour tenter de faire obstacle au projet. Malgré tout, elle s’est déroulée comme prévu, et de nombreux habitants de Dublin ont logé ceux qui y assistaient. Quelles en ont été les répercussions? “On ne nous a pas dit la vérité sur vous”, a fait observer une des logeuses à l’issue de l’assemblée. “Les prêtres nous ont menti, mais maintenant que nous vous connaissons, nous serons toujours heureux de vous accueillir.”

      Quand les gens parlent une autre langue

      Ces dernières décennies, les Témoins de Jéhovah d’Europe ont dû relever un défi, celui de communiquer avec les ressortissants d’autres pays. La quête de travail entraîne d’importants déplacements de population d’un pays à l’autre. Certaines villes d’Europe sont le siège de grandes institutions internationales dont le personnel ne parle pas forcément la langue du pays.

      Bien sûr, dans certains pays, le multilinguisme est une réalité plus que séculaire. L’Inde, par exemple, compte 14 langues principales et peut-être un millier de langues secondaires et de dialectes. Plus de 700 langues seraient parlées en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Mais au Luxembourg, c’est particulièrement dans les années 60 et 70 que les Témoins ont noté qu’ils rencontraient dans leur territoire des ressortissants de plus de 30 pays, suivis avec le temps par au moins 70 autres nationalités. En Suède, un pays où à l’origine presque tout le monde parlait la même langue, on en parle aujourd’hui une centaine. Comment les Témoins de Jéhovah ont-​ils fait face à cette situation?

      En premier lieu, il s’agissait souvent de s’enquérir simplement des origines de l’interlocuteur et d’essayer ensuite de lui procurer quelque publication dans sa langue. Au Danemark, on a produit des cassettes qui permettaient aux Turcs bien disposés d’entendre le message dans leur langue. La Suisse comptait de nombreux travailleurs immigrés italiens et espagnols. Au début, pour les aider, on avait habituellement recours à la méthode illustrée par le fait suivant: Rudolf Wiederkehr a essayé de donner le témoignage à un Italien, mais ils avaient du mal à se comprendre. Que faire? Notre frère a laissé à l’homme une Tour de Garde en italien. Malgré la barrière de la langue, frère Wiederkehr est retourné le voir. Il a commencé une étude biblique avec cet homme, sa femme, et leur fils âgé de 12 ans. Le manuel d’étude de frère Wiederkehr était en allemand, mais pour la famille il en avait apporté des exemplaires en italien. Quand son vocabulaire était insuffisant, il s’expliquait par gestes. Parfois, le garçon, qui apprenait l’allemand à l’école, servait d’interprète. Toute la famille a embrassé la vérité et s’est bientôt mise à la communiquer à autrui.

      Des millions d’Espagnols, de Grecs, d’Italiens, de Portugais, de Turcs et de Yougoslaves se sont installés en Allemagne et dans d’autres pays. Pour les aider sur le plan spirituel, le plus efficace était d’employer leur langue maternelle. Rapidement, des Témoins se sont mis à apprendre les langues de ces travailleurs immigrés. En Allemagne, la filiale a organisé des cours de turc. Dans d’autres pays, les Témoins qui parlaient certaines langues ont été invités à s’installer dans des villes où l’on avait spécialement besoin de leurs services.

      Certains de ces travailleurs venus de l’étranger n’avaient jamais rencontré de Témoins de Jéhovah, et exprimaient un vif intérêt pour les choses spirituelles. Ils étaient heureux que l’on s’efforce de leur venir en aide. On a formé de nombreuses congrégations d’expression étrangère. Par la suite, quelques-uns de ces travailleurs immigrés sont retournés dans leur pays pour déployer leur activité de prédication dans des régions où le message du Royaume de Dieu n’avait pas été très répandu.

      Une moisson abondante malgré les obstacles

      Sur toute la terre, les Témoins de Jéhovah utilisent les mêmes méthodes pour prêcher. En Amérique du Nord, leur intense activité d’évangélisation dure depuis plus d’un siècle. Il n’est donc pas étonnant que cette partie du monde soit le théâtre d’une abondante moisson spirituelle. En 1975, on y dénombrait 624 097 Témoins de Jéhovah actifs, métropole des États-Unis et Canada confondus. Toutefois, la prédication en Amérique du Nord n’a pas été sans susciter d’opposition.

      Bien que le gouvernement canadien ait levé l’interdiction qui pesait sur les Témoins de Jéhovah et leurs associations déclarées en 1945, cette décision n’a pas été suivie d’effets immédiats dans la province de Québec. En septembre 1945, des foules composées de catholiques s’en sont prises aux Témoins de Jéhovah à Châteauguay et à Lachine. Des Témoins ont été arrêtés et accusés de sédition pour avoir distribué des publications condamnant l’Église catholique. D’autres ont été emprisonnés pour avoir diffusé des publications bibliques qui n’avaient pas été approuvées par le chef de police. En 1947, 1 700 affaires impliquant des Témoins étaient instruites par les tribunaux du Québec.

      Alors qu’on instruisait plusieurs affaires qui allaient faire jurisprudence, on a conseillé aux Témoins de prêcher l’Évangile sans publications, à l’aide de la Bible seule, une traduction catholique dans la mesure du possible. Des ministres à plein temps d’autres provinces du Canada se sont portés volontaires pour apprendre le français et s’installer au Québec afin d’y favoriser l’extension du vrai culte.

      De nombreux catholiques sincères invitaient les Témoins à entrer chez eux et leur posaient des questions, tout en précisant souvent: “Je suis catholique et je ne changerai jamais de religion.” Mais des dizaines de milliers ont bel et bien changé de religion après avoir vu par eux-​mêmes ce que dit la Bible, et en raison de leur amour de la vérité et de leur désir de plaire à Dieu.

      De même aux États-Unis, les Témoins de Jéhovah ont dû faire valoir devant les tribunaux leur droit de prêcher en public et de maison en maison. Entre 1937 et 1953, 59 affaires impliquant les Témoins ont été portées jusque devant la Cour suprême, à Washington.

      On s’intéresse aux territoires non attribués

      L’objectif des Témoins de Jéhovah n’est pas simplement de prêcher la bonne nouvelle au petit bonheur, mais de faire connaître le message du Royaume au plus grand nombre. À cette fin, le Collège central des Témoins de Jéhovah a attribué à chaque filiale un territoire composé d’un ou plusieurs pays. Au fur et à mesure que des congrégations sont formées dans les pays confiés à une filiale, elles se voient à leur tour confier la responsabilité de prêcher dans une partie de ces pays. Ces congrégations divisent alors cette région en territoires qui peuvent être confiés à l’un ou à plusieurs des ministres chrétiens qui les composent. Ces derniers s’efforcent de rencontrer régulièrement chaque habitant. Mais qu’en est-​il des régions qui ne sont pas encore attribuées à une congrégation?

      En 1951, on a recensé les comtés des États-Unis pour déterminer où les Témoins de Jéhovah ne passaient pas régulièrement. À l’époque, près de la moitié des comtés n’étaient parcourus qu’en partie, si ce n’est pas du tout. On a fait en sorte que des Témoins aillent prêcher dans ces régions durant les mois d’été ou à d’autres périodes favorables, avec l’objectif d’y former des congrégations. Quand les personnes n’étaient pas chez elles, ils laissaient parfois un feuillet exposant le message, ainsi qu’une publication biblique. Les études bibliques se faisaient par correspondance. Par la suite, on a envoyé des pionniers spéciaux dans ces territoires pour entretenir l’intérêt qui y avait été suscité.

      Cette activité ne s’est pas limitée aux années 50. Partout dans le monde, dans des pays où l’on prêchait dans les grandes villes mais où certains territoires n’étaient pas attribués, on s’est appliqué à rencontrer les personnes qui n’entendaient pas régulièrement le message. En Alaska, dans les années 70, environ 20 % de la population vivait dans des villages difficiles d’accès. C’était en hiver, lorsque les activités de pêche étaient pour ainsi dire interrompues, qu’on y rencontrait le plus de personnes. Mais en cette saison il est risqué de se déplacer en avion, en raison du froid et du blizzard. Pourtant, il fallait offrir aux Esquimaux, aux Indiens et aux Aléoutes la possibilité de découvrir l’espérance de la vie éternelle sous la domination du Royaume de Dieu. Pour les rencontrer, un groupe de 11 Témoins s’est servi de petits avions pour atteindre, sur une période de deux ans, quelque 200 villages dispersés sur plus de 844 000 kilomètres carrés. Cette opération a été entièrement financée par les offrandes volontaires des Témoins de cette région.

      Outre ces expéditions de prédication, on a encouragé les Témoins mûrs à s’installer dans des régions de leur pays où il y avait particulièrement besoin de prédicateurs du Royaume. Des milliers ont répondu à l’appel. Parmi ceux qui l’ont fait aux États-Unis, citons Eugene et Delia Shuster, qui ont quitté l’Illinois en 1958 pour servir à Hope, dans l’Arkansas. Ils y sont restés plus de 30 ans pour rechercher les personnes bien disposées envers la vérité, les organiser en congrégation et les aider à croître vers la maturité chrétienne.

      En réponse aux encouragements d’un surveillant de circonscription, Alexander Green et sa femme ont quitté en 1957 Dayton, dans l’Ohio, pour servir dans le Mississippi. Ils ont d’abord été nommés à Jackson, puis, deux ans plus tard, à Clarksdale. Par la suite, frère Green a servi dans cinq autres localités. Dans toutes se trouvaient de petites congrégations qui avaient besoin de soutien. Frère Green a subvenu à ses besoins en travaillant comme concierge, jardinier, restaurateur de meubles, mécanicien auto, etc. Mais sa principale occupation était la prédication de la bonne nouvelle. Il a encouragé les Témoins des villes où il s’est installé à progresser sur le plan spirituel, avec eux il a rencontré les habitants de leur territoire, et il les a souvent aidés à bâtir une Salle du Royaume avant de repartir.

      En 1967, dans l’ouest des États-Unis, lorsque Gerald Cain est devenu Témoin, les membres de sa famille et lui ont compris que l’œuvre d’évangélisation était prioritaire. Avant même que l’un d’entre eux ne soit baptisé, ils sont partis servir là où il y avait particulièrement besoin de proclamateurs. Pendant quatre ans, ils ont collaboré avec la congrégation de Needles, en Californie, dont le territoire s’étendait sur trois États de l’Ouest américain. Quand, pour des raisons de santé, ils ont dû déménager, de nouveau ils ont élu domicile dans une région où il y avait grand besoin d’aide, et ont aménagé une partie de leur maison en Salle du Royaume. D’autres déménagements ont suivi, mais chaque fois ils ont avant tout regardé où leur contribution à la prédication serait la plus utile.

      Les congrégations étant de plus en plus nombreuses, il était des régions où le manque d’anciens expérimentés se manifestait particulièrement. Pour faire face à ce besoin, des milliers d’anciens ont accepté de se déplacer régulièrement (et à leurs propres frais) dans des congrégations voisines. Ils étaient ainsi amenés à faire chaque semaine la navette trois, quatre ou cinq fois, si ce n’est plus, pour participer aux réunions de ces congrégations et à la prédication, de même que pour ‘faire paître le troupeau’. Cela ne s’est pas fait qu’aux États-Unis, mais aussi en Espagne, au Japon, aux Pays-Bas, au Salvador et dans de nombreux autres pays. Quelques anciens ont déménagé avec leur famille afin d’apporter ainsi leur concours.

      Quels résultats ont été enregistrés? Considérons un pays en particulier. Aux États-Unis, en 1951, quand des dispositions ont été annoncées en vue de la prédication dans les territoires non attribués, il y avait quelque 3 000 congrégations comprenant en moyenne 45 proclamateurs. En 1975, on comptait 7 117 congrégations, et la moyenne de proclamateurs par congrégation était montée à près de 80.

      Le témoignage rendu au nom de Jéhovah et à son Royaume de 1945 à 1975 a atteint une ampleur inégalée jusqu’alors.

      Le nombre des Témoins dans le monde est passé de 156 299 en 1945 à 2 179 256 en 1975. Chacun d’eux participait personnellement à la proclamation publique du Royaume de Dieu.

      En 1975, les Témoins de Jéhovah étaient à l’œuvre dans 212 pays et territoires (selon la carte politique du monde au début des années 90). Aux États-Unis (métropole) et au Canada, ils étaient 624 097 à se dépenser dans le ministère. Venaient s’ajouter à ce chiffre 614 826 proclamateurs en Europe, ex-Union soviétique non comprise. Les 312 754 Témoins d’Afrique faisaient entendre le message biblique sur ce continent. Le Mexique, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud comptaient en tout 311 641 Témoins; l’Asie en comptait 161 598; l’Australie et les nombreuses îles du globe, 131 707.

      Jusqu’en 1975, en l’espace de 30 ans, les Témoins de Jéhovah ont consacré 4 635 265 939 heures à prêcher en public et à enseigner. Ils ont distribué 3 914 971 158 livres, brochures et périodiques pour expliquer aux gens qui s’intéressaient au message comment bénéficier du dessein plein d’amour de Jéhovah. Conformément au commandement de Jésus enjoignant de faire des disciples, ils ont effectué 1 788 147 329 nouvelles visites chez des personnes bien disposées et, en 1975, ils ont dirigé en moyenne 1 411 256 études bibliques gratuites à domicile, avec des personnes en particulier ou avec des familles entières.

      En 1975, la prédication de la bonne nouvelle avait atteint 225 pays et territoires. Des congrégations de Témoins zélés prospéraient notamment dans plus de 80 pays où la bonne nouvelle avait été entendue en 1945, mais où il n’existait pas de congrégations à l’époque. Parmi ces pays figuraient: la République de Corée, avec 470 congrégations; l’Espagne, avec 513; le Zaïre, avec 526; le Japon, avec 787; et l’Italie, avec 1 031.

      Entre 1945 et 1975, l’immense majorité des personnes qui sont devenues Témoins de Jéhovah ne se disaient pas ointes de l’esprit de Dieu en vue de la vie céleste. Au printemps de 1935, le nombre des participants aux emblèmes lors du Repas du Seigneur représentait 93 % des proclamateurs (plus tard, la même année, on a compris que la “grande multitude” de Révélation 7:9 était une classe de personnes qui vivraient éternellement sur la terre). En 1945, le nombre des Témoins qui espéraient vivre sur une terre paradisiaque avait augmenté au point de représenter 86 % des proclamateurs de la bonne nouvelle. En 1975, ceux qui se disaient chrétiens oints de l’esprit représentaient moins de 0,5 % des Témoins de Jéhovah du monde. Bien que dispersés dans quelque 115 pays à l’époque, ces oints ont continué de servir unis comme un seul corps sous l’autorité de Jésus Christ.

      [Entrefilet, page 463]

      ‘Depuis que vous êtes arrivés, tout le monde parle de la Bible.’

      [Entrefilet, page 466]

      “Ce que vous venez de me dire correspond à ce que j’ai lu dans la Bible il y a de nombreuses années.”

      [Entrefilet, page 470]

      Des milliers de Témoins sont allés s’installer dans d’autres régions de leur propre pays où le besoin était particulièrement grand.

      [Entrefilet, page 472]

      “Une inestimable récompense.”

      [Entrefilet, page 475]

      Des Témoins expérimentés ont été envoyés dans les pays où le besoin en prédicateurs était particulièrement grand.

      [Entrefilet, page 486]

      Au Nigeria, munis de puissants arguments bibliques, les Témoins de la première heure ont démasqué le clergé et dévoilé ses faux enseignements.

      [Entrefilet, page 497]

      Quand le vocabulaire était insuffisant, on s’expliquait par gestes.

      [Entrefilet, page 499]

      L’objectif? Faire connaître le message du Royaume au plus grand nombre.

      [Encadré/Illustration, page 489]

      On a déployé de grands efforts pour faire connaître la bonne nouvelle du Royaume de Jéhovah aux habitants de la Chine.

      De Tche-fou, on a envoyé des milliers de lettres, de tracts et de livres entre 1891 et 1900.

      En 1912, Charles Russell a pris la parole à Shanghaï, et s’est rendu dans 15 villes et villages.

      Des colporteurs ont distribué de nombreuses publications au cours de leur activité le long de la côte chinoise et à l’intérieur du pays, de 1912 à 1918.

      Des colporteurs japonais ont prêché ici, en 1930 et 1931.

      Dans les années 30, à la suite d’émissions radiodiffusées en chinois à partir de Shanghaï, de Pékin et de Tientsin, des gens de nombreuses régions de Chine ont écrit pour demander des publications.

      Dans les années 30 et 40, des pionniers originaires d’Australie et d’Europe ont prêché dans les villes suivantes: Shanghaï, Pékin, Tientsin, Qingdao, Beihaï, Tche-fou, Weihaï, Canton, Shantou, Amoy, Foutchéou, Wouhan et Nankin. D’autres sont venus par la route de Birmanie et ont prêché à Baoshan, à Tchoungking et à Tchengtou. Des pionniers chinois ont accompli leur activité au Chansi et à Ningbo.

      [Illustration]

      Des missionnaires de Galaad, comme Stanley Jones (à gauche) et Harold King (à droite), ont prêché ici de 1947 à 1958 aux côtés de Témoins chinois pleins de zèle.

      [Carte]

      CHINE

      [Carte/Illustrations, page 462]

      Le “Sibia” a servi de maison de missionnaires flottante aux Antilles.

      G. Maki

      S. Carter

      R. Parkin

      A. Worsley

      [Carte]

      (Voir la publication)

      BAHAMAS

      ÎLES SOUS-LE-VENT

      ÎLES VIERGES (U.S.A.)

      ÎLES VIERGES(G.-B.)

      ÎLES DU VENT

      [Carte, page 477]

      (Voir la publication)

      En Afrique, les eaux salvatrices de la vérité ont débordé des frontières et se sont répandues dans de nombreuses directions.

      AFRIQUE DU SUD

      GHANA

      KENYA

      MALAWI

      NIGERIA

      SIERRA LEONE

      ZAMBIE

      [Illustrations, page 464]

      Quand ils sont arrivés comme missionnaires en Bolivie, Edward Michalec (à gauche) et Harold Morris (à droite) ont tout d’abord prêché ici, à La Paz.

      [Illustration, page 465]

      Le bateau “El Refugio”, construit par des Témoins du Pérou, a servi à communiquer le message du Royaume sur les rives du cours supérieur de l’Amazone.

      [Illustration, page 467]

      Au Mexique, les cours d’alphabétisation donnés par les Témoins ont permis à des dizaines de milliers de personnes de lire la Parole de Dieu.

      [Illustration, page 468]

      Frère Knorr (au premier plan à droite) a tenu de petites assemblées dans des fermes et dans les montagnes avec les Témoins argentins à l’époque où ils n’étaient pas libres de se réunir plus ouvertement.

      [Illustration, page 469]

      Parmi les milliers de Témoins qui sont partis à l’étranger pour servir là où le besoin était particulièrement grand, certains avaient une famille; c’est le cas de Harold et Anne Zimmerman, photographiés ici avec leurs quatre jeunes enfants (en Colombie).

      [Illustration, page 471]

      En réponse à un appel de volontaires, Tom et Rowena Kitto sont allés en Papouasie pour y enseigner la vérité biblique.

      [Illustration, page 471]

      John et Ellen Hubler, suivis de 31 autres Témoins, se sont rendus en Nouvelle-Calédonie. Quand ils ont dû quitter cette île, une congrégation y avait été solidement établie.

      [Illustration, page 473]

      Dans sa jeunesse, aux Samoa occidentales, Fuaiupolu Pele a été mis à rude épreuve par sa famille et son entourage quand il a décidé de devenir Témoin de Jéhovah.

      [Illustration, page 474]

      Quand Shem Irofaʼalu et ses collaborateurs ont acquis la conviction que l’enseignement des Témoins est réellement véridique, ils ont transformé en Salles du Royaume les églises de 28 villages des îles Salomon.

      [Illustrations, page 476]

      Pour pouvoir prêcher en Éthiopie au début des années 50, les Témoins ont dû ouvrir une mission et donner des cours.

      [Illustration, page 478]

      Alors qu’il était menacé d’expulsion, Gabriel Paterson (ici en photo) a été rassuré en ces termes par une haute personnalité: ‘La vérité ressemble à un torrent; endiguez-​le et il submergera ses digues.’

      [Illustrations, page 479]

      En 1970, à une assemblée tenue au Nigeria, 3 775 nouveaux Témoins ont été baptisés; on a pris des dispositions pour s’assurer que chacun remplissait bien les conditions requises.

      [Illustrations, page 481]

      Des projections de films (en Afrique, et dans le monde entier) ont donné aux gens un aperçu de l’organisation visible de Jéhovah et de son envergure.

      [Illustration, page 482]

      João Mancoca (ici avec sa femme, Mary) a servi fidèlement Jéhovah pendant des dizaines d’années dans des conditions très pénibles.

      [Illustration, page 483]

      En 1961, Ernest Heuse et sa famille ont pu entrer au Zaïre (appelé Congo à l’époque) pour contribuer à l’édification spirituelle des personnes sincèrement désireuses de servir Jéhovah.

      [Illustrations, page 485]

      Alors qu’elle était baptisée depuis un an seulement et qu’elle ne connaissait pas d’autres Témoins au Kenya, Mary Whittington s’est mise à aider autrui à découvrir la vérité.

      [Illustration, page 487]

      Mary Nisbet (au milieu au premier plan), entre ses fils Robert et George, qui ont été pionniers en Afrique orientale dans les années 30, et (à l’arrière-plan) son fils William et sa femme Muriel, qui ont prêché en Afrique orientale de 1956 à 1973.

      [Illustrations, page 488]

      Au cours d’une assemblée tenue aux Philippines en 1945, on a donné des conseils sur la façon d’enseigner par le moyen d’études bibliques à domicile.

      [Illustrations, page 490]

      Don et Mabel Haslett, premiers missionnaires au Japon après la guerre, en train de donner le témoignage dans les rues.

      [Illustration, page 491]

      Lloyd Barry (à droite) a été au Japon pendant 25 ans, d’abord comme missionnaire, puis comme surveillant de la filiale.

      [Illustration, page 491]

      Don et Earlene Steele, premiers d’une longue liste de missionnaires qui ont été envoyés en République de Corée.

      [Illustration, page 492]

      Par le passé, il est arrivé que des foules prennent à partie Fred Metcalfe quand il essayait de prêcher la Bible en Irlande; mais à partir du moment où les Irlandais se sont donné la peine d’écouter, des milliers sont devenus Témoins de Jéhovah.

      [Illustration, page 493]

      Malgré l’opposition du clergé, des milliers de personnes se sont retrouvées lors des assemblées tenues par les Témoins en Italie (Rome, 1969).

      [Illustration, page 494]

      Quand l’œuvre était interdite, les réunions avaient souvent lieu dans la campagne, sous la forme de pique-niques, comme ici au Portugal.

      [Illustrations, page 495]

      Les Témoins emprisonnés à Cadix, en Espagne, ont continué de prêcher par courrier.

      [Illustrations, page 496]

      De grandes assemblées ont donné aux gens l’occasion de constater par eux-​mêmes qui sont réellement les Témoins de Jéhovah.

      Paris, France (1955).

      Nuremberg, Allemagne (1955).

      [Illustrations, page 498]

      Pour permettre à tous les habitants du Luxembourg d’entendre la bonne nouvelle, les Témoins ont dû utiliser des publications dans les langues parlées dans une centaine de pays.

  • Partie 5 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
    Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
    • Chapitre 22

      Partie 5 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre

      En 1975, d’importantes décisions ont été prises concernant la façon dont l’activité des Témoins de Jéhovah serait dirigée depuis le siège mondial. À l’époque, ils ignoraient quels territoires pourraient encore être le théâtre d’une intense activité de témoignage avant la fin du système mondial actuel, quelle ampleur la prédication allait encore prendre dans les pays où ils prêchaient sans entraves depuis de nombreuses années. Mais ils voulaient exploiter au mieux toutes les possibilités qui s’offraient à eux. Les pages 502 à 520 relatent quelques faits illustrant l’extraordinaire expansion de l’œuvre.

      DES changements de taille sont intervenus en Amérique du Sud. Quelques années auparavant, en Équateur, des foules de catholiques s’en prenaient encore aux Témoins de Jéhovah; au Mexique, les prêtres catholiques régnaient en maîtres sur de nombreux villages; en Argentine et au Brésil, les Témoins de Jéhovah étaient hors la loi. Mais les conditions ont grandement évolué. Beaucoup de personnes à qui on avait appris à craindre ou à haïr les Témoins sont maintenant elles-​mêmes Témoins de Jéhovah. D’autres écoutent avec plaisir les Témoins quand ils viennent leur parler du message de paix que contient la Bible. Les Témoins de Jéhovah sont connus et généralement respectés.

      L’importance de leurs rassemblements et la conduite chrétienne des personnes qui y assistaient ont attiré l’attention. En 1985, deux assemblées, tenues simultanément à São Paulo et à Rio de Janeiro, au Brésil, ont réuni en tout 249 351 personnes. Par la suite, 23 autres assemblées, qui ont permis d’accueillir les personnes bien disposées d’autres régions du Brésil, ont réuni au total 389 387 assistants. Lors de cette série d’assemblées, 4 825 personnes ont symbolisé l’offrande de leur personne à Jéhovah en se faisant baptiser dans l’eau, ce qui atteste que les Témoins de Jéhovah du Brésil avaient enseigné la Parole de Dieu d’une excellente manière. Seulement cinq ans plus tard, en 1990, ce sont 110 assemblées qu’il a fallu organiser dans tout le Brésil pour accueillir les 548 517 assistants. Cette année-​là, 13 448 personnes se sont présentées pour l’immersion. Dans tout le pays, des centaines de milliers de personnes, seules ou en famille, recevaient les Témoins de Jéhovah pour qu’ils leur enseignent la Parole de Dieu.

      Que se passait-​il en Argentine? Après des décennies de restrictions officielles, les Témoins de Jéhovah de ce pays ont de nouveau pu se rassembler librement en 1985. Quelle joie pour les 97 167 assistants qui se sont retrouvés lors de leur première série d’assemblées! Sous le titre “Un Royaume en pleine expansion: celui des Témoins de Jéhovah”, le journal local Ahora s’est émerveillé de l’ordre qui régnait parmi les assistants à Buenos Aires, de l’absence de toute discrimination sociale ou raciale, du calme et de l’amour qu’ils manifestaient. L’article tirait cette conclusion: “Que nous partagions ou non leurs idées et leurs doctrines, tous ces gens méritent notre plus grand respect.” Mais de nombreux Argentins sont allés plus loin dans leurs conclusions: ils ont commencé à étudier la Bible en compagnie des Témoins de Jéhovah et ont assisté à leurs réunions dans les Salles du Royaume pour observer comment les Témoins appliquent les principes bibliques dans leur vie. Ces observateurs ont ensuite pris une décision. Dans les sept années qui ont suivi, des dizaines de milliers de personnes ont voué leur vie à Jéhovah, et le nombre des Témoins en Argentine a augmenté de 71 %!

      La bonne nouvelle du Royaume de Dieu a provoqué une réaction plus extraordinaire encore au Mexique. Par le passé, les Témoins de Jéhovah avaient souvent eu maille à partir avec des foules excitées par les prêtres. Mais les Témoins n’ont jamais riposté ou cherché à se venger, et cela a fait grande impression chez les personnes sincères (Rom. 12:17-19). Ces mêmes personnes ont aussi remarqué que les Témoins fondent toutes leurs croyances sur la Bible, la Parole inspirée de Dieu, et non sur des traditions humaines (Mat. 15:7-9; 2 Tim. 3:16, 17). Elles ont constaté que la foi des Témoins les avait vraiment soutenus dans l’adversité. De plus en plus de familles ont accepté l’étude biblique gratuite à domicile que leur proposaient les Témoins de Jéhovah. À tel point qu’en 1992 les études bibliques dirigées au Mexique représentaient 12 % du chiffre mondial. Par ailleurs, un nombre important de ces études regroupent des familles nombreuses. En conséquence, les Témoins de Jéhovah du Mexique, à savoir des chrétiens qui participent à la proclamation du Royaume de Dieu, et pas simplement des personnes qui assistent aux réunions, sont passés de 80 481 en 1975 à 354 023 en 1992!

      En Europe également, des événements extraordinaires ont contribué à la propagation du message du Royaume.

      Des changements stupéfiants en Pologne

      En Pologne, bien que l’œuvre des Témoins de Jéhovah ait été interdite de 1939 à 1945 (sous les dominations nazie et soviétique), puis de nouveau à partir de juillet 1950 (tandis que le pays était sous influence soviétique), les Témoins de Jéhovah n’ont jamais cessé de prêcher. Alors que les prédicateurs du Royaume n’étaient que 1 039 en 1939, en 1950 ils étaient 18 116, et ils ont continué à évangéliser avec zèle, mais aussi avec prudence (Mat. 10:16). Quant aux assemblées, ils les tenaient dans des endroits discrets: en pleine campagne, dans des granges, dans les forêts. Mais, au début de 1982, le gouvernement polonais a permis aux Témoins d’organiser de petites assemblées d’un jour dans des salles louées.

      Puis, en 1985, les Témoins de Jéhovah ont pu louer les plus grands stades de Pologne pour organiser quatre grandes assemblées au cours du mois d’août. Un délégué qui arrivait d’Autriche a été surpris d’entendre à l’aéroport une annonce qui souhaitait la bienvenue aux Témoins de Jéhovah venus en Pologne pour leur assemblée. Devant un tel changement d’attitude de la part du gouvernement, un Témoin polonais déjà âgé qui était là pour accueillir le visiteur n’a pu s’empêcher de pleurer de joie. Ces assemblées ont réuni 94 134 personnes, dont des groupes de délégués venus de 16 pays. Le grand public a-​t-​il été informé de l’événement? Effectivement. Pendant et après ces assemblées, les principaux journaux en ont parlé, la télévision a montré les foules réunies pour l’occasion et la radio nationale a retransmis des extraits de discours. Beaucoup de Polonais ont apprécié ce qu’ils ont vu et entendu.

      On prévoyait des assemblées de plus grande ampleur encore quand, le 12 mai 1989, le gouvernement a reconnu officiellement aux Témoins de Jéhovah le statut d’association religieuse. En l’espace de trois mois, trois assemblées internationales ont été organisées, à Chorzów, à Poznań et à Varsovie, et elles ont rassemblé 166 518 personnes en tout. Fait surprenant, des milliers de Témoins de ce qui était à l’époque l’Union soviétique (URSS) et la Tchécoslovaquie ont obtenu les autorisations nécessaires pour venir y assister. Les Témoins de Jéhovah réussissaient-​ils à faire des disciples dans ces pays où l’athéisme était prôné par l’État depuis des décennies? La réponse a été fournie par les 6 093 assistants, dont beaucoup de jeunes, qui se sont présentés pour se faire baptiser lors de ces assemblées.

      Il était flagrant pour l’opinion que les Témoins sont des gens différents, et cela dans le bon sens du terme. On a pu lire dans la presse des déclarations comme celle-ci: “Ceux qui adorent Jéhovah Dieu — pour reprendre leurs propres termes — font grand cas de leurs rassemblements, qui sont à coup sûr une manifestation de leur unité. (...) Sous le rapport de l’ordre, de la paix et de la propreté, ceux qui assistent à l’assemblée sont des exemples à suivre.” (Życie Warszawy). Certains Polonais ont décidé de faire plus que d’observer simplement les Témoins ainsi rassemblés. Ils ont demandé aux Témoins de Jéhovah d’étudier la Bible avec eux. Ils ont été instruits de la Parole de Dieu, et le nombre des Témoins de Jéhovah en Pologne est passé de 72 887 en 1985 à 107 876 en 1992; et durant cette année-​là, ils ont consacré plus de 16 800 000 heures à faire connaître la merveilleuse espérance qu’offrent les Écritures.

      Toutefois, la Pologne n’était pas le seul pays à connaître des changements remarquables.

      D’autres portes s’ouvrent en Europe de l’Est

      La Hongrie a reconnu officiellement les Témoins de Jéhovah en 1989. Ce qui était à l’époque la République démocratique allemande (RDA) a levé l’interdiction qui pesait sur les Témoins depuis 40 ans en 1990, juste quatre mois après la chute du Mur de Berlin. Le mois suivant, le nouveau gouvernement roumain a officiellement reconnu l’Association chrétienne des Témoins de Jéhovah de Roumanie. En 1991, à Moscou, le ministère de la Justice a enregistré officiellement les statuts de l’“Organisation religieuse des Témoins de Jéhovah d’URSS.” La même année, l’œuvre des Témoins de Jéhovah a été autorisée officiellement en Bulgarie. En 1992, les Témoins de Jéhovah ont obtenu la reconnaissance officielle en Albanie.

      Comment les Témoins de Jéhovah ont-​ils employé la liberté qui leur a été accordée? “Allez-​vous vous lancer dans la politique?” a demandé un journaliste à frère Helmut Martin, coordinateur de l’activité des Témoins de Jéhovah en RDA. Après tout, c’est ce que faisaient de nombreux ecclésiastiques. “Non, a répondu frère Martin. Jésus a confié à ses disciples une mission dans les Écritures, et nous la considérons comme notre tâche principale.” — Mat. 24:14; 28:19, 20.

      Ce n’est toutefois pas à cette époque-​là que les Témoins de Jéhovah ont commencé à assumer cette responsabilité dans cette partie du monde. Pendant de longues années, ils ont été obligés d’accomplir leur activité dans des conditions extrêmement pénibles, mais dans la plupart de ces pays ils étaient organisés en congrégations (qui se réunissaient par petits groupes), et ils donnaient le témoignage. Maintenant, par contre, de nouvelles possibilités s’offraient à eux. Leurs réunions étaient autorisées, et ils pouvaient librement y inviter le public. Ils pouvaient ouvertement prêcher de maison en maison, sans craindre la prison. Ces pays comptent à eux tous une population de plus de 390 000 000 d’habitants; le travail ne manquait donc pas. Conscients que nous vivons les derniers jours du système de choses actuel, les Témoins de Jéhovah ont agi rapidement.

      Avant même que l’œuvre ne soit reconnue officiellement, des membres du Collège central s’étaient rendus dans un bon nombre de ces pays afin de déterminer ce qui pouvait être fait pour aider leurs frères chrétiens. Une fois les interdictions levées, ils sont allés dans d’autres pays encore pour aider les frères à organiser l’œuvre. En l’espace de quelques années, ils ont rencontré personnellement des Témoins en Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en Tchécoslovaquie, en Russie, en Ukraine, en Estonie et en Biélorussie.

      On a organisé des assemblées pour fortifier les Témoins de ces pays et faire connaître plus largement le message du Royaume de Dieu. Moins de cinq mois après que l’interdiction a été levée dans ce qui était alors la RDA, une de ces assemblées s’est tenue au stade olympique de Berlin. Des Témoins de 64 pays, outre l’Allemagne, ont répondu à l’invitation de venir y assister. C’était pour eux un privilège de vivre cet événement joyeux aux côtés de leurs frères et sœurs chrétiens qui étaient restés fidèles à Jéhovah durant des décennies face à une persécution virulente.

      En 1990 et 1991, d’autres assemblées se sont tenues en Europe de l’Est. En 1990, quatre assemblées à caractère local en Hongrie; puis, en 1991, une assemblée internationale au Népstadion de Budapest, avec une assistance de 40 601 personnes venues de 35 pays. En Roumanie, pour la première fois depuis plus de 40 ans, les Témoins de Jéhovah ont pu tenir des assemblées publiques en 1990. Cette année-​là ont eu lieu une série d’assemblées à travers tout le pays, suivies de deux rassemblements plus importants. En 1991, huit autres assemblées, qui ont réuni 34 808 personnes. En 1990, dans ce qui était alors la Yougoslavie, on a organisé une assemblée dans chacune des républiques qui composaient à l’époque le pays. L’année suivante, bien que le pays fût au bord de la guerre civile, 14 684 Témoins de Jéhovah ont assisté à une assemblée internationale à Zagreb, la capitale de la Croatie. Les policiers étaient étonnés à la vue de Croates, de Monténégrins, de Serbes, de Slovènes et d’autres réunis paisiblement pour écouter les discours.

      Dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, on a de même organisé rapidement des assemblées. En 1990, une assemblée à caractère national a réuni 23 876 personnes à Prague. Les gérants du stade ont été si impressionnés qu’ils ont mis à la disposition des Témoins les plus vastes installations disponibles dans le pays pour l’assemblée suivante. Cette dernière, en 1991, a été un événement mémorable pour lequel 74 587 auditeurs enthousiastes ont rempli le stade Strahov de Prague. Les assistants tchèques et slovaques ont été ravis et ont longuement applaudi quand a été annoncée la parution de l’intégralité des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau dans leurs langues respectives, Bible qui leur servirait aussi bien dans leur ministère public que pour l’étude individuelle ou au sein des congrégations.

      Toujours en 1991, pour la première fois de leur histoire, les Témoins de Jéhovah ont pu tenir ouvertement des assemblées dans des villes situées à l’époque en Union soviétique. L’assemblée de Tallinn, en Estonie, a été suivie d’une autre en Sibérie. Quatre assemblées ont eu lieu dans de grandes villes d’Ukraine, et une au Kazakhstan. L’assistance totale s’est élevée à 74 252 personnes. L’activité des Témoins de Jéhovah a porté du fruit dans ces régions, car ils ont fait de nombreux disciples:7 820 assistants se sont présentés pour le baptême. Ils n’avaient pas pris cette décision sous le coup de l’émotion parce que l’assemblée les enthousiasmait. Les candidats au baptême y avaient été préparés avec attention durant des mois, dans certains cas des années.

      D’où venaient tous ces gens? Il était manifeste que l’œuvre des Témoins de Jéhovah ne venait pas tout juste de commencer dans cette région du globe. Dès 1887, des publications de la Société Watch Tower avaient été envoyées par la poste en Russie à une personne qui s’intéressait à la vérité. Le premier président de la Société Watch Tower s’était personnellement rendu à Chisinau (aujourd’hui en Moldavie) en 1891. Des Étudiants de la Bible étaient allés prêcher en Russie dans les années 20; mais ils avaient rencontré une vive opposition du gouvernement, et les rares groupes qui s’intéressaient au message biblique ne comptaient que quelques personnes. Toutefois, la situation a évolué pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Les frontières ont été redessinées et d’importants groupes de population ont changé de nationalité. En conséquence, plus d’un millier de Témoins d’expression ukrainienne qui vivaient dans l’est de la Pologne se sont retrouvés sur le territoire de l’Union soviétique. De même, des Témoins roumains ou tchécoslovaques sont devenus citoyens soviétiques. Par ailleurs, des Russes qui étaient devenus Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration en Allemagne sont retournés dans leur pays et y ont emporté la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. En 1946, l’Union soviétique comptait 4 797 Témoins actifs. Bon nombre d’entre eux ont été déplacés çà et là par le gouvernement au fil des années. Certains ont été confinés dans des camps. Partout où ils passaient, ils donnaient le témoignage. Leur nombre a augmenté. Même avant que le gouvernement ne les reconnaisse officiellement, des groupes de Témoins étaient actifs depuis Lviv, à l’ouest, jusqu’à Vladivostok, à la frontière orientale de l’Union soviétique, au bord de la mer du Japon.

      Beaucoup sont maintenant disposés à écouter

      En 1991, lorsque les Témoins ont tenu leurs assemblées dans ce qui était à l’époque l’URSS, les gens ont eu l’occasion de mieux les connaître. Quelles ont été leurs impressions? À Lviv, en Ukraine, un responsable de la police a dit à un congressiste: “Vous savez remarquablement enseigner le bien. Vous parlez de Dieu et vous ne donnez pas dans la violence. Nous nous sommes demandé pourquoi nous vous avons persécutés par le passé, et nous sommes arrivés à la conclusion que c’est parce que nous n’avions pas écouté votre message et que nous ne savions rien de vous.” Mais à présent, de nombreuses personnes écoutaient, et les Témoins de Jéhovah avaient le désir de les aider.

      Pour poursuivre leur œuvre de façon plus efficace dans ces pays, les Témoins avaient besoin de publications bibliques. On a déployé de grands efforts pour leur en fournir rapidement. À Selters/Taunus, en Allemagne, les Témoins de Jéhovah ont presque doublé la taille de leur imprimerie. Alors que les travaux d’agrandissement n’étaient pas encore achevés, environ deux semaines après la reconnaissance officielle de l’œuvre dans ce qui était alors l’Allemagne de l’Est, l’imprimerie de Selters a envoyé 25 tonnes de publications dans ce pays. Depuis la levée de l’interdiction dans les pays d’Europe de l’Est jusqu’en 1992, ce sont près de 10 000 tonnes de publications en 14 langues qui ont été expédiées dans ces différents pays depuis l’Allemagne, 633 tonnes depuis l’Italie, la Finlande participant également à cet effort.

      Dans certains pays, les Témoins ont été pour ainsi dire coupés de l’organisation pendant de longues années; ils avaient donc aussi besoin de conseils sur la surveillance des congrégations et les questions d’organisation. Pour pallier rapidement ces lacunes, on s’est adressé à des anciens expérimentés en Allemagne, aux États-Unis, au Canada, etc., de préférence des frères parlant la langue de ces pays de l’Est. Étaient-​ils disposés à se déplacer dans un de ces pays d’Europe de l’Est pour y apporter leur aide? Leur réaction a été vraiment remarquable. De plus, là où cela s’avérait pratique, on a également envoyé des anciens qui avaient reçu une formation à l’École de Galaad ou à l’École de formation ministérielle.

      Puis, en 1992, on a tenu une assemblée internationale mémorable à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie. Dans l’auditoire se trouvaient quelque 17 000 délégués venus de 27 pays. Cette assemblée a connu un grand retentissement. Elle a attiré des personnes qui n’avaient jamais entendu parler des Témoins de Jéhovah. L’assistance maximum a été de 46 214 personnes. Des Témoins de toute la Russie étaient présents; il en était venu d’aussi loin que l’île de Sakhaline, dans l’extrémité est du pays, près du Japon. D’importants groupes venaient d’Ukraine, de Moldavie, et d’autres pays qui faisaient auparavant partie de l’URSS. Tous ces Témoins venaient porteurs de bonnes nouvelles. Des rapports ont indiqué que dans des congrégations de villes comme Kiev, Moscou ou Saint-Pétersbourg, l’assistance moyenne aux réunions représentait parfois plus de deux fois le nombre de Témoins. De nombreuses personnes qui voulaient étudier la Bible en compagnie des Témoins de Jéhovah étaient inscrites sur listes d’attente. De Lettonie sont venus quelque 600 délégués, et ils étaient encore plus nombreux à venir d’Estonie. Une congrégation de Saint-Pétersbourg comptait plus d’une centaine de candidats au baptême à cette assemblée. Beaucoup de jeunes gens et de personnes instruites s’intéressent au message. Vraiment, une moisson spirituelle de grande ampleur se déroule actuellement dans ce vaste territoire que le monde a longtemps considéré comme un bastion de l’athéisme.

      Des champs blancs pour la moisson

      D’autres pays ont adopté une nouvelle attitude quant à la liberté religieuse et ont eux aussi levé les restrictions qui frappaient les Témoins de Jéhovah ou ont enfin reconnu légalement leur œuvre. Dans nombre de ces nations, une abondante moisson spirituelle attendait d’être rentrée. La situation correspondait à celle que Jésus a décrite ainsi à ses disciples: “Levez les yeux et voyez les champs: ils sont blancs pour la moisson.” (Jean 4:35). Considérons quelques régions d’Afrique où il en était ainsi.

      Le ministère de maison en maison des Témoins de Jéhovah était interdit en Zambie depuis 1969. Les Témoins ont donc davantage consacré de temps à diriger des études bibliques à domicile avec les personnes bien disposées. D’autres personnes ont cherché à rencontrer les Témoins pour bénéficier elles aussi d’une étude. Progressivement, les restrictions ont été levées, et l’assistance aux réunions a augmenté. En 1992, le Repas du Seigneur a rassemblé 365 828 assistants en Zambie, soit 1 habitant sur 23!

      Au nord de la Zambie, au Zaïre, des milliers de personnes voulaient savoir ce que les Témoins de Jéhovah enseignent sur le mode de vie chrétien et concernant le dessein de Dieu à l’égard des humains. En 1990, quand les Témoins ont pu rouvrir leurs Salles du Royaume, dans certaines régions jusqu’à 500 personnes affluaient lors des réunions. Moins de deux ans après, les 67 917 Témoins du Zaïre dirigeaient 141 859 études bibliques à domicile.

      L’œuvre a été officiellement reconnue dans un nombre étonnant de pays. En 1990, les missionnaires qui avaient été expulsés du Bénin 14 ans auparavant ont été autorisés à y revenir, et la porte restait ouverte pour d’autres. La même année, le ministre de la Justice de la République du Cap-Vert a signé un décret approuvant les statuts de l’Association locale des Témoins de Jéhovah, lui accordant ainsi la reconnaissance officielle. Ensuite, en 1991, les Témoins de Jéhovah ont bénéficié de mesures d’apaisement au Mozambique (où le gouvernement précédent les avait cruellement persécutés), au Ghana (où leur activité était sous restrictions) et en Éthiopie (où ils n’avaient pu prêcher ouvertement ni tenir d’assemblée pendant 34 ans). Avant la fin de l’année, le Niger et le Congo reconnaissaient l’œuvre des Témoins de Jéhovah. Au début de 1992, d’autres pays ont levé les restrictions ou ont reconnu l’œuvre: le Tchad, le Kenya, le Rwanda, le Togo et l’Angola.

      Ces pays représentaient autant de champs prêts pour une moisson spirituelle. En Angola, par exemple, les Témoins ont rapidement enregistré un accroissement de 31 %; par ailleurs, les près de 19 000 prédicateurs du Royaume dirigeaient environ 53 000 études bibliques à domicile. Pour assurer un soutien administratif à ce vaste programme d’enseignement biblique en Angola et au Mozambique (où beaucoup parlent portugais), on a invité des anciens expérimentés du Portugal et du Brésil à s’installer en Afrique pour y accomplir leur ministère. Des missionnaires parlant portugais ont été envoyés en Guinée-Bissao, territoire accessible depuis peu. De même, des Témoins qualifiés de France et d’autres pays ont été invités à soutenir l’œuvre urgente consistant à prêcher et à faire des disciples au Bénin, au Tchad et au Togo, où le français est communément parlé.

      Parmi ces pays qui ont produit une récolte remarquable, certains étaient par le passé des bastions du catholicisme. Cela a été le cas non seulement en Amérique latine, mais aussi en France (où le rapport de 1992 signalait 119 674 évangélisateurs), en Espagne (où ils étaient 92 282), aux Philippines (114 335), en Irlande (avec un accroissement de 8 à 10 % par an) et au Portugal.

      En 1978, à propos de l’assemblée qui a réuni 37 567 personnes à Lisbonne (Portugal), le magazine Opção a écrit: “Quiconque s’est trouvé à Fátima au moment du pèlerinage sait que c’est tout à fait différent. (...) Ici [à l’assemblée des Témoins de Jéhovah], le mysticisme disparaît, cédant la place à une réunion où les croyants discutent dans le calme de leurs problèmes, de leur foi et de leur perspective spirituelle. La façon dont ils se traitent les uns les autres porte l’empreinte de relations pleines de sollicitude.” Dans les décennies qui ont suivi, le nombre des Témoins du Portugal a augmenté de près de 70 %.

      Que se passait-​il en Italie? Des séminaires ont dû fermer leurs portes en raison d’une forte baisse des vocations. De multiples paroisses se retrouvent sans prêtre. De nombreux bâtiments appartenant à l’Église sont maintenant reconvertis en magasins ou en bureaux. Cela n’a pas empêché l’Église de combattre avec virulence les Témoins de Jéhovah. Par le passé, le clergé a talonné les autorités pour qu’elles expulsent les missionnaires et donnent comme consigne à la police d’interrompre les réunions. Dans les années 80, dans certaines régions les prêtres ont fait apposer sur toutes les portes d’entrée (parfois même sur celles de Témoins de Jéhovah) des autocollants portant cette inscription: “Ne sonnez pas. Nous sommes catholiques.” On a pu lire dans les journaux des manchettes telles que “Cri d’alarme de l’Église contre les Témoins de Jéhovah” et “‘Guerre sainte’ contre les Témoins de Jéhovah”.

      Lorsqu’au Ier siècle les prêtres juifs ont essayé de réduire au silence les apôtres, Gamaliel, enseignant de la Loi, fit cette sage observation: “Si ce dessein ou cette œuvre vient des hommes, elle sera renversée; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les renverser.” (Actes 5:38, 39). Quel effet ont eu les intimidations de la prêtrise catholique du XXe siècle? L’activité des 120 Témoins que comptait l’Italie en 1946 n’a pas été renversée. Au contraire, en 1992, 194 013 Témoins actifs étaient associés aux 2 462 congrégations réparties dans tout le pays. Ils ont littéralement rempli l’Italie de leur enseignement biblique. Depuis 1946, ils ont consacré plus de 550 millions d’heures à parler du Royaume de Dieu à leurs compatriotes. Ils ont par la même occasion remis entre les mains du public plusieurs millions d’exemplaires de la Bible elle-​même, ainsi que plus de 400 millions de livres, brochures et périodiques qui expliquent les Écritures. Ils veulent que le peuple italien se voie sans faute offrir la possibilité de prendre position pour Jéhovah avant Harmaguédon. Poursuivant leur activité, ils se souviennent de la déclaration de l’apôtre Paul en 2 Corinthiens 10:4, 5: “Les armes de notre guerre, en effet, ne sont pas charnelles, mais puissantes du fait de Dieu pour renverser des forteresses. Car nous renversons des raisonnements et tout ce qui est altier et se dresse contre la connaissance de Dieu.”

      Les Témoins de Jéhovah ne portent pas exclusivement leur attention sur les anciens bastions du catholicisme. Ils se remémorent ces paroles de Jésus Christ: “Il faut d’abord que la bonne nouvelle soit prêchée dans toutes les nations.” (Marc 13:10). Les Témoins s’y emploient. En 1992, 12 168 d’entre eux s’activaient à parler du Royaume de Dieu en Inde. Ils étaient 71 428 à prêcher en République de Corée. Au Japon, ils étaient 171 438, et leur nombre augmente mois après mois. Ils ont également continué de s’intéresser aux pays où la prédication avait été très limitée, voire inexistante.

      C’est ainsi que dans la fin des années 70, ils ont pu pour la première fois communiquer le message du Royaume aux habitants des îles Marquises et de Kosrae, dans l’océan Pacifique. Ils se sont aussi rendus au Bhoutan, à la frontière sud de la Chine, et aux Comores, au large de la côte orientale de l’Afrique. Dans les années 80, on a signalé pour la première fois que des Témoins de Jéhovah prêchaient dans les îles Wallis et Futuna ainsi que dans les îles Nauru et Rota, toutes situées dans le sud-ouest du Pacifique. Certaines de ces îles sont relativement petites, mais elles sont habitées, et les vies sont précieuses. Les Témoins de Jéhovah font grand cas de la prophétie de Jésus annonçant qu’avant la fin le message du Royaume doit être prêché “par toute la terre habitée”. — Mat. 24:14.

      Rencontrer les gens partout et en toutes circonstances

      La prédication de maison en maison reste la principale méthode employée par les Témoins de Jéhovah pour rencontrer leur prochain, mais ils se rendent compte que même cette recherche méthodique ne permet pas de voir tout le monde. Conscients du caractère vital de leur œuvre, ils s’efforcent de parler aux gens où qu’ils se trouvent. — Voir Jean 4:5-42; Actes 16:13, 14.

      Quand un bateau fait une escale, même brève, dans un port d’Allemagne ou des Pays-Bas, les Témoins de Jéhovah se font un devoir de monter à bord; ils commencent par donner le témoignage au capitaine, puis à l’équipage. Ils emportent des publications en de nombreuses langues. Sur les marchés populaires du Tchad, en Afrique centrale, il est courant de voir 15 à 20 personnes attroupées autour d’un Témoin de Jéhovah qui leur parle de l’espérance du Royaume de Dieu. À Auckland, en Nouvelle-Zélande, les Témoins se relaient par équipes pour parler le samedi matin aux marchands et aux milliers de clients du marché aux puces. Les voyageurs qui passent par les gares routières de Guayaquil, en Équateur, et dont beaucoup viennent des confins du pays, sont abordés par des Témoins qui leur proposent une brochure appropriée ou les périodiques La Atalaya et ¡Despertad! Des Témoins vont voir les employés qui travaillent de nuit dans les supermarchés “non-stop” de New York, pour qu’ils aient eux aussi l’occasion d’entendre la bonne nouvelle.

      Beaucoup de Témoins de Jéhovah profitent de trajets en avion, en train, en bus ou en métro pour faire connaître les précieuses vérités bibliques aux autres voyageurs. Pendant les repas, sur le lieu de travail ou avec leurs camarades, mais aussi quand un représentant vient chez eux, ils saisissent l’occasion de donner le témoignage. Ils savent que nombre de ces personnes sont absentes quand ils passent à leur domicile.

      Tout en donnant le témoignage à autrui, ils n’oublient pas les membres de leur famille et leurs proches. Mais quand Maria Caamano, une Argentine Témoin de Jéhovah, a voulu expliquer à ses proches combien elle avait été touchée par la vérité biblique, ils se sont moqués d’elle ou sont restés indifférents. Elle n’a pas renoncé pour autant et a fait 1 900 kilomètres pour donner le témoignage à d’autres membres de sa famille. Certains ont fait bon accueil à son message. Petit à petit, d’autres ont prêté une oreille attentive. En fin de compte, ce sont à présent plus de 80 adultes et de 40 enfants de son entourage qui ont adhéré aux vérités bibliques et qui les communiquent à autrui.

      Dans le but d’aider ses proches, Michael Regan est retourné dans sa ville natale, Boyle, dans le Comté de Roscommon, en Irlande. Il leur a donné le témoignage à tous. Sa nièce a été impressionnée par le mode de vie heureux et sain des enfants de Michael. Rapidement, elle et son mari ont accepté une étude biblique. Quand ils se sont fait baptiser, le père de cette femme n’a plus voulu les voir. Il s’est adouci avec le temps, et il a accepté quelques publications — dans le but, a-​t-​il dit, de dénoncer l’“hérésie” des Témoins. Mais il a vite compris qu’il lisait la vérité, et il a fini par se faire baptiser. Plus de 20 membres de cette famille assistent maintenant aux réunions de la congrégation, et la plupart sont déjà baptisés.

      Qu’en est-​il de la population carcérale? Les bienfaits du message du Royaume sont-​ils à sa portée? Les Témoins de Jéhovah n’oublient pas les prisonniers. Dans une prison d’Amérique du Nord, les études bibliques avec les détenus ainsi que les réunions régulières organisées par les Témoins de Jéhovah dans l’établissement ont eu de si bons résultats que la direction a permis que s’y tienne une assemblée. Des détenus y ont naturellement assisté, mais aussi des milliers de Témoins venus de l’extérieur. Dans d’autres pays aussi, on déploie de grands efforts pour donner le témoignage aux hommes et aux femmes en prison.

      Les Témoins de Jéhovah ne pensent pas que l’étude de la Bible réformera tous les détenus. Mais ils savent par expérience que certains peuvent changer, et ils veulent leur donner l’occasion de se saisir de l’espérance du Royaume de Dieu.

      Des efforts répétés pour toucher les cœurs

      Toujours et encore, les Témoins de Jéhovah rendent visite à leur prochain. À l’exemple des premiers disciples de Jésus, ils ‘vont continuellement’ trouver les gens dans les territoires qui leur sont confiés et s’efforcent de susciter en eux de l’intérêt pour le Royaume de Dieu (Mat. 10:6, 7). Dans certaines régions, ils ne peuvent rencontrer les habitants qu’une fois par an; ailleurs, quelques mois seulement séparent leurs visites. Au Portugal, dans la région de Lisbonne, où l’on compte 1 Témoin pour 160 habitants, les gens reçoivent la visite des Témoins toutes les semaines ou presque. Au Venezuela, certains territoires de villes sont parcourus plus d’une fois par semaine.

      Les visites répétées des Témoins de Jéhovah n’ont pas pour but d’imposer le message de la Bible. Elles donnent simplement l’occasion aux auditeurs de prendre une décision en connaissance de cause. Aujourd’hui, des personnes diront peut-être que cela ne les intéresse pas; mais un bouleversement dans leur vie ou l’évolution de la situation mondiale peut les rendre plus réceptives à l’avenir. Beaucoup n’ont jamais vraiment entendu ce que les Témoins enseignent, en raison de préjugés ou tout bonnement parce qu’ils sont trop affairés. Mais des visites amicales répétées peuvent éveiller leur curiosité. L’honnêteté et la probité des Témoins de Jéhovah impressionnent souvent leurs voisins ou collègues de travail. Et c’est ainsi qu’avec le temps, certains manifestent assez d’intérêt pour découvrir quelle est vraiment la teneur du message. Une Vénézuélienne qui était dans ce cas et a ensuite accepté volontiers les publications et une étude biblique gratuite a déclaré: “Auparavant, personne ne m’avait jamais expliqué ces choses.”

      Avec gentillesse, les Témoins s’efforcent de toucher le cœur de leurs interlocuteurs. En Guadeloupe, où en 1992 on comptait 1 Témoin pour 57 habitants, les gens disent souvent: “Ça ne m’intéresse pas.” Dans ce cas, Éric Dodote répond: “Je vous comprends, et je me mets à votre place.” Puis il ajoute: “Mais je voudrais vous demander: Aimeriez-​vous vivre dans de meilleures conditions que celles qui existent aujourd’hui?” Après avoir écouté son interlocuteur, il montre à l’aide de la Bible que Dieu établira de telles conditions dans le monde nouveau.

      Des territoires parcourus plus minutieusement encore

      Ces dernières années, il est devenu de plus en plus ardu dans certains pays de rencontrer les gens chez eux. Souvent, les conjoints travaillent tous deux, et le week-end ils sont partis se détendre. Pour s’accommoder de la situation, dans de nombreux pays les Témoins de Jéhovah prêchent de plus en plus en soirée. En Grande-Bretagne, certains Témoins essaient de retrouver les absents entre 18 et 20 heures, tandis que d’autres effectuent ces visites le matin avant 8 heures, afin de voir les habitants avant qu’ils ne partent au travail.

      Même quand les gens sont chez eux, il peut être pratiquement impossible de leur parler sans rendez-vous, parce que la criminalité impose des dispositifs de protection incontournables. À Copacabana (Brésil), des personnes difficiles à rencontrer sont parfois abordées lors de leur promenade matinale le long de la plage par un Témoin zélé qui désire leur montrer comment Dieu va résoudre les problèmes de l’humanité. À Paris, les gens qui rejoignent leur logement en fin d’après-midi rencontrent parfois à l’entrée de leur immeuble deux Témoins amicaux avec qui ils peuvent, s’ils le désirent, discuter quelques minutes de la façon dont Dieu apportera la sécurité véritable. À Honolulu, à New York, et dans de nombreuses autres villes, on s’efforce de joindre par téléphone les occupants des immeubles inaccessibles.

      Les Témoins veillent à rencontrer quelqu’un dans chaque foyer, mais ils n’estiment pas que leur mission s’arrête là. Leur désir est de parler au plus de personnes possible dans chaque foyer. Parfois ils y parviennent en passant à des heures et à des jours différents. À Porto Rico, à une personne qui lui disait que sa démarche la laissait indifférente, une proclamatrice a demandé s’il y avait quelqu’un d’autre dans la maison avec qui elle pourrait discuter. Elle a ainsi pu parler avec le mari, malade depuis 14 ans et le plus souvent alité. Son cœur a été touché par l’espérance que présente la Parole de Dieu. Il a repris goût à la vie, a bientôt pu quitter le lit pour assister aux réunions à la Salle du Royaume et pour partager sa nouvelle foi avec autrui.

      Le témoignage s’intensifie tandis que la fin approche

      Il est un autre facteur qui a contribué à un témoignage plus intensif ces dernières années. Il s’agit de l’extraordinaire accroissement du nombre des Témoins qui sont pionniers. Ce sont des proclamateurs poussés par le profond désir de consacrer un maximum de temps à Dieu, et, par amour pour leur prochain, ils s’organisent pour consacrer 60, 90, 140 heures ou plus au ministère chaque mois. À l’image de l’apôtre Paul alors qu’il prêchait à Corinthe (Grèce), ceux qui entreprennent le service de pionnier sont “extrêmement pris par la parole”; ils cherchent à rendre témoignage au Royaume messianique devant le plus grand nombre possible de personnes. — Actes 18:5.

      En 1975, on dénombrait 130 225 pionniers dans le monde. En 1992, ils étaient 605 610 en moyenne chaque mois (pionniers auxiliaires, permanents et spéciaux confondus). Sur cette période où le nombre des Témoins dans le monde a augmenté de 105 %, celui des ministres qui se sont organisés pour servir à plein temps a augmenté de 365 %! Une des conséquences de ce phénomène est que le nombre d’heures consacrées chaque année au témoignage est passé de quelque 382 millions à plus d’un milliard!

      ‘Le petit est devenu un millier’

      Jésus Christ a chargé ses disciples d’être ses témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre (Actes 1:8). Par le prophète Ésaïe, Jéhovah avait annoncé: “Le petit deviendra un millier, et celui qui est infime une nation forte. Moi, Jéhovah, j’accélérerai cela en son temps.” (És. 60:22). L’histoire des Témoins de Jéhovah montre à l’évidence qu’ils accomplissent l’œuvre que Jésus a annoncée, et ils connaissent le genre de croissance dont Dieu lui-​même a parlé.

      À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on les rencontrait surtout en Amérique du Nord et en Europe; il s’en trouvait en Afrique, mais dans le reste du monde ils étaient disséminés en petits groupes. Ils étaient loin d’avoir fait connaître le message du Royaume dans chaque pays de la terre, et n’avaient pas pu atteindre toutes les régions des pays où ils prêchaient. La situation a toutefois évolué à une rapidité stupéfiante.

      Prenons l’exemple de l’Amérique du Nord, du Canada, au nord, jusqu’au Panama, avec neuf pays situés entre les deux. En 1945, cette vaste étendue comptait 81 410 Témoins. Quatre de ces pays signalaient moins de 20 Témoins chacun, et dans un pays, on n’effectuait pas encore de prédication organisée. Depuis lors, un témoignage puissant et soutenu a été donné dans tous. En 1992, il y avait 1 440 165 Témoins de Jéhovah dans cette partie du globe. Dans la plupart de ces pays, pour chaque Témoin, il y a en moyenne seulement quelques centaines de concitoyens à qui donner le témoignage. Une grande partie de la population reçoit la visite des Témoins à intervalles de quelques mois, beaucoup les voient chaque semaine. Plus de 1 240 000 études bibliques, individuelles ou en groupe, sont dirigées régulièrement avec des personnes bien disposées.

      Que se passe-​t-​il en Europe? Cette partie du globe s’étend de la Scandinavie jusqu’à la Méditerranée. À l’exception de la plupart du territoire de l’ex-Union soviétique, un témoignage intensif avait été donné avant la Seconde Guerre mondiale. Depuis ce conflit, de nouvelles générations ont vu le jour, et il a également fallu leur montrer à l’aide des Écritures que le Royaume de Dieu allait bientôt remplacer tous les gouvernements humains (Dan. 2:44). De quelques milliers de Témoins qui prêchaient pendant la guerre malgré les sévères restrictions, on était passé à 1 176 259 prédicateurs du Royaume en 1992 dans les 47 pays dont les rapports ont été publiés. Ce chiffre comprend les pays qui faisaient auparavant partie de l’URSS, que ce soit en Europe ou en Asie. Cinq pays signalaient plus de 100 000 Témoins zélés: l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Pologne. Et quelle activité tous ces Témoins accomplissaient-​ils? Le rapport pour 1992 montre que durant cette année, ils ont consacré plus de 230 000 000 d’heures à la prédication en public et de maison en maison, et aux études bibliques. Dans cette œuvre d’évangélisation, la petite République de Saint-Marin ou des principautés comme Andorre et le Liechtenstein, ou encore Gibraltar n’ont pas été oubliées. Vraiment, le témoignage a bien été donné selon ce qui avait été prédit.

      L’Afrique a aussi été le théâtre d’une activité de témoignage étendue. Il ressort des rapports qu’en 1945 la bonne nouvelle avait déjà atteint 28 pays de ce continent, mais peu de prédication de porte en porte y avait été effectuée. Depuis lors, toutefois, une grande activité y a été accomplie. En 1992, 545 044 Témoins zélés prêchaient la bonne nouvelle dans 45 pays d’Afrique. On a dénombré 1 834 863 assistants à la commémoration du Repas du Seigneur en 1992. Ainsi, on a constaté un accroissement phénoménal, mais de plus les perspectives d’avenir sont extraordinaires!

      Le rapport de l’Amérique du Sud n’est pas moins remarquable. Bien qu’avant la Seconde Guerre mondiale un seul des 13 pays de ce continent n’avait pas entendu parler du message biblique, il ne s’y trouvait que 29 congrégations, et dans certains, l’œuvre de prédication n’était pas encore organisée. Le plus gros de l’œuvre de prédication restait encore à effectuer. Depuis cette époque, les Témoins ont déployé des efforts intenses. Ceux qui ont été rafraîchis par l’eau de la vie lancent joyeusement cette invitation à autrui: ‘Venez, et prenez l’eau de la vie, gratuitement!’ (Rév. 22:17). En 1992, 683 782 serviteurs de Jéhovah d’Amérique du Sud répartis en 10 399 congrégations étaient heureux de participer avec joie à cette activité. Certains se rendaient dans des régions où le témoignage n’avait pas été donné à fond. D’autres retournaient inlassablement dans les territoires où l’on avait déjà prêché pour encourager les gens à ‘goûter et à voir que Jéhovah est bon’. (Ps. 34:8.) Ils dirigeaient 905 132 études bibliques régulières pour aider les personnes sincères à faire des voies de Jéhovah leur mode de vie.

      Intéressons-​nous aussi à l’Asie et aux nombreux archipels et îles disséminés autour du globe. Quel travail a été accompli dans ces régions? À la fin de la guerre, beaucoup n’avaient été que peu touchées par la proclamation du Royaume. Mais Jésus Christ a annoncé que cette bonne nouvelle du Royaume serait prêchée “par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations”. (Mat. 24:14.) Conformément à ces paroles, dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, la prédication de la bonne nouvelle, qui avait jusque-​là atteint 76 de ces pays, îles et archipels, s’est étendue à 40 autres et s’est intensifiée dans les régions atteintes précédemment. En 1992, ce vaste territoire comptait plus de 627 537 Témoins dévoués qui trouvaient leurs délices à faire connaître ‘les actes de puissance et la gloire de la splendeur de la royauté de Jéhovah’. (Ps. 145:11, 12.) Leur ministère n’était pas aisé. En certains endroits, il leur fallait voyager plusieurs heures en bateau ou en avion pour atteindre les îles éloignées de leur territoire. Mais en 1992, ils ont consacré plus de 200 000 000 d’heures à prêcher et ont dirigé 685 211 études bibliques à domicile.

      La promesse que le ‘petit deviendrait un millier’ s’est assurément accomplie, et même amplement! Dans plus de 50 pays où il ne se trouvait même pas un ‘petit’ (où il n’y avait aucun Témoin de Jéhovah en 1919, où personne n’avait encore prêché), on compte aujourd’hui plus d’un millier d’adorateurs de Jéhovah. Dans certains cas, ce sont même des dizaines de milliers, voire plus d’une centaine de milliers de Témoins de Jéhovah qui proclament avec zèle le Royaume de Dieu! À l’échelle du globe, les Témoins de Jéhovah sont devenus “une nation forte”, plus nombreux en tout que la population d’au moins 80 États souverains du monde.

      Quels résultats dans les ‘autres pays’?

      De tous les pays évoqués plus haut, en 1992, 24 ‘autres pays’ imposaient de sévères restrictions officielles aux Témoins de Jéhovah, et on ne publiait pas de rapport détaillé. Dans certains de ces pays, un grand témoignage est donné. Néanmoins, dans quelques-uns, le nombre des Témoins est relativement faible. Il est encore des personnes qui n’ont pas entendu le message du Royaume. Mais les Témoins de Jéhovah sont persuadés que le témoignage sera donné de façon satisfaisante. Pourquoi?

      Parce que les Écritures montrent que Jésus Christ dirige lui-​même l’œuvre depuis son trône céleste. Sous sa direction, un ‘ange volant au milieu du ciel’ est chargé d’annoncer une bonne nouvelle éternelle et d’inviter “toute nation et tribu et langue et peuple” à ‘craindre Dieu et à lui donner gloire’. (Rév. 14:6, 7.) Aucune puissance au ciel ou sur la terre ne peut empêcher Jéhovah d’attirer à lui ceux qui sont “dans la disposition voulue pour la vie éternelle”. — Actes 13:48; Jean 6:44.

      Aucune région du globe n’est trop isolée pour que le message du Royaume ne l’atteigne. Les amis se rendent visite. Le téléphone et le courrier transmettent les nouvelles. Les personnes qui sont dans les affaires, les ouvriers, les étudiants et les touristes rencontrent des gens d’autres nations. Comme dans le passé, le message capital qui annonce que Jéhovah a donné autorité sur les nations au Roi céleste qu’il a établi continue d’être répandu par ces moyens. Les anges peuvent s’assurer que les personnes qui ont faim et soif de vérité et de justice en soient informées.

      Si le Seigneur veut que la prédication directe du message du Royaume se développe dans certains pays dont les dirigeants l’ont entravée jusqu’à présent, Dieu peut susciter des situations qui amèneront ces gouvernements à changer d’attitude (Prov. 21:1). Dans les pays où des portes s’ouvriront encore, les Témoins de Jéhovah donneront avec joie de leur personne pour aider autant que possible les habitants à découvrir le dessein plein d’amour de Jéhovah. Ils sont déterminés à prêcher sans relâche jusqu’à ce que Jéhovah décrète par l’intermédiaire de Jésus Christ que l’œuvre est accomplie.

      En 1992, les Témoins de Jéhovah prêchaient avec zèle dans 229 pays et territoires. La bonne nouvelle du Royaume de Dieu avait alors atteint, par divers moyens, 235 pays et territoires. Dix de ces pays n’ont été touchés qu’après 1975.

      Dans quelle mesure le témoignage a-​t-​il été donné? Dans les 30 années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, les Témoins de Jéhovah ont consacré 4 635 265 939 heures à prêcher et à faire connaître le nom et le Royaume de Jéhovah. Le nombre de Témoins a continué à augmenter, ainsi que la proportion des serviteurs à plein temps: dans les 15 années suivantes (soit en deux fois moins de temps), ils ont passé 7 858 677 940 heures à prêcher en public et de maison en maison et à diriger des études bibliques à domicile. Et l’œuvre prenait toujours plus d’ampleur, puisqu’en 1990-​1991, ils ont consacré 951 870 021 heures à cette activité, et plus d’un milliard l’année suivante.

      La quantité de publications bibliques distribuées par les Témoins pour faire connaître le Royaume, ainsi que le nombre de langues dans lesquelles elles sont éditées, n’a d’équivalent dans aucune œuvre entreprise par l’homme. Les rapports sont incomplets; mais ceux qui sont disponibles montrent que 10 107 565 269 livres, brochures petit ou grand format et périodiques, ainsi que des milliards de tracts, en 294 langues, ont été remis entre les mains de personnes bien disposées entre 1920 et 1992.

      Au moment où ces lignes sont rédigées, l’œuvre mondiale de témoignage n’est pas encore achevée. Mais l’activité accomplie et les conditions dans lesquelles elle l’a été témoignent de l’action de l’esprit de Dieu.

      [Entrefilet, page 502]

      Les grandes assemblées et la conduite chrétienne des assistants ont attiré l’attention du public.

      [Entrefilet, page 505]

      “Sous le rapport de l’ordre, de la paix et de la propreté, ceux qui assistent à l’assemblée sont des exemples à suivre.”

      [Entrefilet, page 507]

      Des assemblées historiques ont eu lieu dans des régions où les Témoins avaient été frappés d’interdit pendant des dizaines d’années.

      [Entrefilet, page 508]

      Des centaines de tonnes de publications bibliques ont été envoyées dans les pays d’Europe de l’Est.

      [Entrefilet, page 509]

      Des anciens expérimentés se sont portés volontaires pour se rendre dans des pays où il y avait grand besoin d’aide.

      [Entrefilet, page 516]

      Leur désir est de parler au plus de personnes possible dans chaque foyer.

      [Entrefilet, page 518]

      Un accroissement remarquable et des perspectives passionnantes.

      [Graphiques/Illustrations, page 513]

      (Voir la publication)

      Accroissement du nombre des prédicateurs du Royaume en Orient

      Inde

      10 000

      5 000

      1950 1960 1970 1980 1992

      République de Corée

      60 000

      30 000

      1950 1960 1970 1980 1992

      Japon

      150 000

      100 000

      50 000

      1950 1960 1970 1980 1992

      [Illustration, page 503]

      Au Brésil, il a fallu le stade Morumbi de São Paulo (ci-dessous) et le stade Maracanã de Rio de Janeiro en 1985 pour accueillir les foules lors de l’assemblée des Témoins de Jéhovah.

      [Illustrations, page 504]

      Quelques-uns des candidats au baptême à Chorzów (Pologne) en 1989.

      [Illustrations, page 506]

      Quelques assemblées qui ont fait date en 1991

      Prague, Tchécoslovaquie

      Tallinn, Estonie (à droite)

      Zagreb, Croatie (à droite)

      Budapest, Hongrie (ci-dessus)

      Baia Mare, Roumanie (à droite)

      Usolye-Sibirskoye, Russie (ci-dessous)

      Alma-Ata, Kazakhstan (ci-dessus)

      Kiev, Ukraine (à gauche)

      [Illustrations, page 511]

      Assemblée internationale des Témoins de Jéhovah à Saint-Pétersbourg (Russie) en 1992.

      Une ambiance internationale et chaleureuse.

      Ils venaient de Russie...

      de Moldavie...

      d’Ukraine.

      De nombreux jeunes étaient présents.

      Milton Henschel (à gauche) s’entretient du programme avec Stepan Kozhemba (au centre) par l’intermédiaire d’un interprète.

      Des délégués étrangers ont apporté des Bibles en russe pour les Témoins de Russie.

      [Illustration, page 512]

      Dans les années 80, l’Église catholique a déclaré la guerre aux Témoins, comme le montrent ces coupures de journaux italiens.

      [Illustration, page 514]

      Quand des bateaux accostent à Rotterdam (Pays-Bas), des Témoins sont là pour parler du Royaume de Dieu à l’équipage.

      [Illustration, page 515]

      Même dans les territoires souvent parcourus, comme ici en Guadeloupe, les Témoins poursuivent leurs efforts en vue de toucher le cœur de leurs semblables avec la bonne nouvelle.

  • Les missionnaires étendent l’œuvre au monde entier
    Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
    • Chapitre 23

      Les missionnaires étendent l’œuvre au monde entier

      L’ACTIVITÉ zélée de missionnaires disposés à se rendre où que l’on ait besoin d’eux a beaucoup contribué à ce que le Royaume de Dieu soit proclamé dans le monde entier.

      La Watch Tower Bible and Tract Society a envoyé des missionnaires hors de leur pays d’origine bien avant d’ouvrir une école dans ce but. Le premier président de la Société, Charles Russell, était conscient de la nécessité d’inviter des prédicateurs compétents à aller à l’étranger afin d’y inaugurer et d’y organiser la prédication de la bonne nouvelle. Il a donc demandé à des hommes de se rendre dans diverses parties du monde: Adolf Weber en Europe, Evander Coward aux Antilles, Robert Hollister en Orient, et Joseph Booth en Afrique australe. Malheureusement, ce dernier s’est surtout montré désireux de poursuivre ses propres objectifs; c’est pourquoi, en 1910, on a invité William Johnston, qui se trouvait en Écosse, à se rendre au Nyassaland (aujourd’hui le Malawi), où la mauvaise influence de Booth se faisait particulièrement sentir. Par la suite, frère Johnston a été chargé d’ouvrir une filiale de la Société Watch Tower à Durban (Afrique du Sud), puis a été nommé surveillant de filiale en Australie.

      Après la Première Guerre mondiale, Joseph Rutherford a invité davantage de frères encore à partir comme missionnaires; par exemple, Thomas Walder et George Phillips ont quitté la Grande-Bretagne pour l’Afrique du Sud; William Brown, l’île de la Trinité, où il avait été envoyé, pour l’Afrique occidentale; George Young le Canada pour l’Amérique du Sud et l’Europe; Juan Muñiz, lui, s’est rendu en Espagne, puis en Argentine; George Wright et Edwin Skinner en Inde, comme plus tard Claude Goodman, Ron Tippin, et d’autres. Tous ont vraiment fait œuvre de pionniers en se rendant dans des régions où l’on n’avait que peu prêché la bonne nouvelle, voire pas du tout, et en posant un solide fondement en vue de l’accroissement futur de l’organisation.

      L’esprit missionnaire en a incité d’autres également à aller prêcher à l’étranger. Citons Kate Goas et sa fille, Marion, qui se sont dépensées avec zèle pendant des années en Colombie et au Venezuela; Joseph Dos Santos, qui a quitté Hawaii pour entreprendre un voyage qui l’a amené à accomplir son ministère pendant 15 ans aux Philippines; également Frank Rice, qui est parti d’Australie à bord d’un cargo pour inaugurer la prédication de la bonne nouvelle sur l’île de Java (aujourd’hui en Indonésie).

      Cependant, en 1942 la Société a pris des dispositions pour ouvrir une école spécialement destinée à former des hommes et des femmes disposés à partir comme missionnaires quel que soit l’endroit où l’on ait besoin d’eux dans le monde.

      L’École de Galaad

      En pleine guerre mondiale, d’un point de vue humain, il pouvait sembler irréaliste de prendre des dispositions en vue d’étendre la prédication du Royaume à d’autres pays que les États-Unis. Pourtant, en septembre 1942, avec une confiance totale en Jéhovah, les administrateurs de deux des principales associations qu’utilisent les Témoins de Jéhovah ont approuvé la proposition de Nathan Knorr d’ouvrir une école destinée à former des missionnaires et d’autres chrétiens appelés à assurer certaines formes de service. Cette école devait s’appeler Galaad, l’Université biblique de la Société Watchtower. Par la suite, ce nom a été changé en Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower. Les cours seraient gratuits et les étudiants logés et nourris par la Société pendant la durée de leur formation.

      Au nombre de ceux qui ont été invités à préparer les cours se trouvait Albert Schroeder, qui avait déjà acquis une grande expérience comme membre du Bureau du service, au siège mondial de la Société, à Brooklyn, et comme surveillant de filiale en Grande-Bretagne. Son optimisme, son abnégation et l’intérêt sincère qu’il portait aux étudiants l’ont rendu cher à tous ceux qu’il a enseignés les 17 années durant lesquelles il a été secrétaire de cette école et instructeur. En 1974, il est devenu membre du Collège central, et l’année suivante il a été appelé à faire partie du Comité pour l’enseignement, comité qui dépend de ce collège.

      Frère Schroeder et ses collaborateurs (Maxwell Friend, Eduardo Keller et Victor Blackwell) ont préparé un cours de cinq mois consacré à l’étude de la Bible elle-​même et de l’organisation théocratique; ce cours portait aussi sur les doctrines bibliques, l’art oratoire, la prédication, le service missionnaire, l’histoire religieuse, la loi divine, les relations avec les autorités, le droit international, la tenue des dossiers et l’étude d’une langue étrangère. Le programme a subi des modifications au fil des ans, mais l’étude de la Bible elle-​même et l’importance de l’œuvre d’évangélisation sont restées la préoccupation première. Le but de ce cours est d’affermir la foi des étudiants, de les aider à développer les qualités spirituelles nécessaires pour vaincre les difficultés propres au service missionnaire. L’accent est mis sur l’importance de compter entièrement sur Jéhovah et de lui être fidèle (Ps. 146:1-6; Prov. 3:5, 6; Éph. 4:24). Les étudiants ne sont pas instruits pour avoir réponse à tout, mais on leur apprend à faire des recherches et on les aide à comprendre pourquoi les Témoins de Jéhovah croient telle ou telle chose et pourquoi ils tiennent à agir de telle ou telle façon. Ils apprennent à discerner les principes dont il faut tenir compte. C’est ainsi qu’est posé le fondement de leurs progrès futurs.

      Les invitations pour la première classe ont été envoyées le 14 décembre 1942, et c’est en plein hiver que les 100 étudiants la composant sont entrés dans les locaux de l’école, à South Lansing, dans le nord de l’État de New York. Ils étaient pleins de bonne volonté, empressés, mais aussi quelque peu nerveux. Bien que le cours fût leur préoccupation immédiate, ils ne pouvaient s’empêcher de se demander dans quelle partie du monde ils allaient être envoyés après la remise des diplômes.

      Dans un discours qu’il a prononcé devant cette première classe le 1er février 1943, le jour de l’ouverture de l’école, frère Knorr a déclaré: “Vous allez recevoir une formation particulière en vue d’accomplir une œuvre semblable à celle de l’apôtre Paul, de Marc, de Timothée et d’autres évangélisateurs qui ont voyagé dans toutes les parties de l’Empire romain pour proclamer le message du Royaume. Ils devaient puiser de la force dans la Parole de Dieu. Ils devaient bien connaître Ses desseins. En de nombreux endroits, ils ont dû comparaître seuls devant des personnages haut placés et des puissants du monde. Il vous arrivera peut-être la même chose; et Dieu sera votre force dans cette situation.

      “Il y a de nombreux endroits où le témoignage du Royaume n’a pas été beaucoup donné. Les habitants de ces territoires vivent dans les ténèbres où les maintient la fausse religion. Dans certains de ces pays où il n’y a que peu de Témoins, on a remarqué que les personnes bien disposées écoutent attentivement le message et se joindraient à l’organisation du Seigneur si elles étaient convenablement enseignées. S’il y avait plus d’ouvriers dans le champ, il serait à coup sûr possible de toucher des centaines, voire des milliers de ces gens. Mais par la grâce du Seigneur, il y aura davantage d’ouvriers.

      “Cette université NE FERA PAS de vous des ministres ordonnés, car vous êtes déjà des ministres actifs depuis des années (...). Le programme d’étude établi par cette université a uniquement pour but de vous préparer à devenir des ministres plus capables dans les territoires où vous serez envoyés. (...)

      “Votre tâche principale consiste à prêcher l’évangile du Royaume de maison en maison à l’exemple de Jésus et de ses apôtres. Quand vous aurez trouvé une oreille attentive, prenez des dispositions pour faire une nouvelle visite; commencez une étude biblique à domicile et organisez dans la ville un groupe [une congrégation] qui sera composé de ces personnes bien disposées. Non seulement il vous appartient de former un groupe, mais vous devez encore aider ceux qui en sont membres à comprendre la Parole, les affermir, leur parler personnellement de temps à autre, les aider au cours des réunions de service et sur le plan de l’organisation. Quand ils seront forts et pourront se diriger seuls et s’occuper du territoire, vous pourrez alors vous rendre dans une autre ville, afin d’y prêcher le Royaume. De temps en temps, il vous faudra peut-être revenir pour les affermir dans la très sainte foi et pour les redresser sur le plan doctrinal; vous serez donc chargés de veiller sur les ‘autres brebis’ du Seigneur, et de ne pas les abandonner (Jean 10:16). En fait, votre tâche consiste à aider les personnes bien disposées. Vous devrez faire preuve d’initiative, tout en recherchant la direction divinea.”

      Cinq mois plus tard, les étudiants de cette première classe avaient reçu leur formation spéciale. Une fois les visas obtenus et leur voyage organisé, ils ont commencé à se rendre dans neuf pays d’Amérique latine. Trois mois après la remise des diplômes, les premiers missionnaires de Galaad quittaient les États-Unis pour se rendre à Cuba. En 1992, plus de 6 500 étudiants originaires d’au moins 110 pays avaient été formés puis envoyés dans plus de 200 pays et archipels.

      Jusqu’à sa mort, survenue 34 ans après l’inauguration de l’École de Galaad, frère Knorr s’est personnellement beaucoup intéressé à l’activité des missionnaires. Dans toute la mesure du possible, il rendait visite plusieurs fois à chacune des classes en formation, prononçait des discours et emmenait avec lui d’autres membres du siège mondial pour qu’ils s’adressent aux étudiants. Après que les diplômés de Galaad eurent commencé leur service à l’étranger, il a lui-​même rendu visite aux groupes de missionnaires, les a aidés à résoudre les difficultés et leur a prodigué les encouragements voulus. Quand les groupes de missionnaires se sont multipliés, il a pris des dispositions pour que d’autres frères compétents effectuent ce genre de visites, afin que tous les missionnaires, où qu’ils se trouvent, soient régulièrement l’objet d’une attention personnelle.

      Des missionnaires différents

      Les missionnaires de la chrétienté ont ouvert des hôpitaux, des centres de réfugiés et des orphelinats pour combler les besoins matériels des gens. Se présentant comme les défenseurs des pauvres, ils ont également fomenté des révolutions et participé à des guérillas. Par contre, les missionnaires diplômés de l’École de Galaad enseignent aux gens la Bible. Au lieu de construire des églises et d’attendre que les gens viennent à eux, ils vont de maison en maison pour trouver et enseigner ceux qui ont faim et soif de justice.

      S’en tenant strictement à la Parole de Dieu, les missionnaires Témoins de Jéhovah expliquent à autrui pourquoi c’est le Royaume de Dieu qui apportera une solution complète et durable aux difficultés de l’humanité (Mat. 24:14; Luc 4:43). Le contraste entre cette activité et celle des missionnaires de la chrétienté a sauté aux yeux de Peter Vanderhaegen en 1951 quand il s’est rendu en Indonésie, où il avait été nommé. Le seul autre passager du cargo sur lequel il voyageait était un missionnaire baptiste. Frère Vanderhaegen a bien essayé de lui parler de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, mais ce baptiste lui a clairement fait comprendre que ce qui lui tenait à cœur, c’était d’aller à Taïwan soutenir Tchang Kaï-chek dans ses efforts pour reprendre le pouvoir en Chine.

      Malgré tout, beaucoup de personnes en sont venues à apprécier la valeur des déclarations de la Parole de Dieu. À Barranquilla (Colombie), quand Olaf Olson a donné le témoignage à Antonio Carvajalino, qui soutenait activement un certain parti politique, il ne s’est pas rangé de son côté ni n’a défendu une quelconque autre idéologie politique. Non, il lui a proposé, ainsi qu’à ses sœurs, d’étudier gratuitement la Bible en sa compagnie. Antonio n’a pas tardé à comprendre que le Royaume de Dieu est vraiment le seul espoir pour les pauvres, aussi bien en Colombie que dans le reste du monde (Ps. 72:1-4, 12-14; Dan. 2:44). Ses sœurs et lui sont devenus des serviteurs de Dieu zélés.

      Un autre incident qui s’est produit en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe) souligne d’une autre manière que les missionnaires Témoins de Jéhovah n’ont absolument rien à voir avec les religions de la chrétienté. Lorsque Donald Morrison s’est présenté chez l’un des missionnaires établis dans ce pays, cet homme a déploré que les Témoins ne respectent pas les limites fixées. De quelles limites parlait-​il? Eh bien, les religions de la chrétienté avaient divisé le pays en régions dans lesquelles chacune avait une sorte de monopole. Les Témoins de Jéhovah ne pouvaient pas se conformer à un tel accord. Jésus avait dit qu’il fallait prêcher le message du Royaume sur toute la terre habitée. À l’évidence, la chrétienté ne le faisait pas. Par contre, les missionnaires formés à Galaad étaient résolus à le faire à fond, par obéissance au Christ.

      Ces missionnaires étaient envoyés, non pour être servis, mais pour servir. Sous bien des rapports, il était manifeste que c’était bien leur objectif. Certes, il n’est pas mal d’accepter des dons matériels faits spontanément (et non sollicités) par reconnaissance pour l’aide spirituelle. Toutefois, pour toucher le cœur des gens en Alaska, John Errichetti et Hermon Woodard se sont aperçus qu’il était utile de consacrer ne serait-​ce qu’un peu de temps à travailler de leurs mains pour subvenir à leurs besoins, comme l’apôtre Paul l’avait fait (1 Cor. 9:11, 12; 2 Thess. 3:7, 8). Leur activité principale était la prédication de la bonne nouvelle, mais quand on leur offrait l’hospitalité, ils apportaient leur aide en effectuant certaines tâches nécessaires — par exemple, ils ont bitumé le toit de la maison d’un homme qui avait manifestement besoin d’aide. Et quand ils se déplaçaient de lieu en lieu en bateau, ils prêtaient main-forte au déchargement du fret. Les gens se rendaient vite compte que ces missionnaires ne ressemblaient en rien aux ecclésiastiques de la chrétienté.

      Dans certains pays, les missionnaires Témoins de Jéhovah ont dû occuper un emploi pendant quelque temps simplement pour pouvoir s’y établir et y accomplir leur ministère. Ainsi, quand Jesse Cantwell est allé en Colombie, il a enseigné l’anglais à la faculté de médecine d’une université jusqu’à ce que la situation politique change et que les restrictions touchant les activités religieuses soient levées. Il a pu ensuite faire profiter les Témoins de Jéhovah de son expérience en servant à plein temps comme surveillant itinérant.

      Pour se rendre dans de nombreux pays, les missionnaires ont dû dans un premier temps se contenter de visas de tourisme qui ne les autorisaient à y demeurer qu’un ou plusieurs mois. À la fin de cette période, il leur fallait sortir du pays et y entrer de nouveau. Mais ils n’ont pas renoncé, jusqu’à obtenir les documents voulus pour être résidents dans le pays. Ils avaient à cœur d’aider les habitants des pays où ils avaient été envoyés.

      Ces missionnaires ne se croyaient pas supérieurs aux autochtones. Tel était le cas d’un surveillant itinérant, John Cutforth, qui avait été enseignant au Canada. Il rendait visite aux congrégations ainsi qu’à des Témoins isolés en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il s’asseyait par terre avec eux, mangeait avec eux et acceptait de dormir chez eux sur une natte, à même le sol. Il appréciait leur compagnie lorsqu’il prêchait à pied avec eux. Mais son attitude étonnait les gens, car les pasteurs européens des missions de la chrétienté avaient la réputation de se tenir à l’écart des indigènes, de ne fréquenter leurs paroissiens que brièvement à certaines de leurs réunions, et de ne jamais manger avec eux.

      Les gens parmi lesquels les Témoins prêchaient ressentaient l’amour que les missionnaires et l’organisation qui les avait envoyés éprouvaient pour eux. En réponse à un courrier de João Mancoca, un humble Africain détenu dans une colonie pénitentiaire en Afrique-Occidentale portugaise (aujourd’hui l’Angola), la Société Watch Tower a envoyé un missionnaire pour lui fournir de l’aide sur le plan spirituel. Par la suite, repensant à cette visite, Mancoca a déclaré: “Je n’avais plus aucun doute. J’étais persuadé que cette organisation avait le soutien de Dieu. À mon avis, aucune autre Église n’aurait fait cela: envoyer à ses frais un missionnaire dans un pays lointain pour qu’il rende visite à un illustre inconnu pour la simple raison qu’il lui avait adressé un courrier.”

      Conditions de vie et coutumes

      Bien souvent, les missionnaires étaient envoyés dans des pays où le niveau de vie était loin d’être celui de leur pays d’origine. Quand Robert Kirk est arrivé en Birmanie (le Myanmar) début 1947, les cicatrices de la guerre y étaient toujours visibles, et peu de foyers avaient l’électricité. Dans de nombreux pays, les missionnaires ont découvert que la lessive se faisait à la main sur une planche ou sur des pierres au bord d’une rivière, et non à la machine à laver. Mais étant venus pour enseigner aux gens la vérité biblique, ils se sont adaptés aux conditions locales et se sont dépensés dans le ministère.

      Souvent, personne n’était là pour accueillir les missionnaires. C’était à eux de trouver un logement. Quand Charles Eisenhower et 11 autres missionnaires sont arrivés à Cuba en 1943, ils ont dormi à même le sol la première nuit. Le lendemain, ils ont acheté des lits et se sont fabriqué des placards et des meubles de rangement avec des caisses à pommes. Chaque groupe de missionnaires demandait à Jéhovah sa bénédiction pour parvenir à payer le loyer, à s’acheter de la nourriture et à couvrir toutes les autres dépenses indispensables grâce aux contributions reçues en échange de publications et à la modique allocation que la Société Watch Tower accordait aux pionniers spéciaux.

      Ils devaient parfois changer leurs habitudes dans le domaine culinaire. Là où il n’y avait pas de réfrigérateurs, ils devaient faire leur marché tous les jours. Dans de nombreux pays, on cuisinait au charbon ou au bois, et non sur une cuisinière électrique ou à gaz. Ainsi, quand ils sont arrivés au Liberia, George et Willa Mae Watkins ont eu la surprise de constater que leur cuisinière consistait en trois malheureuses pierres servant à soutenir un chaudron.

      Et l’eau? Voici ce que Ruth McKay a dit concernant sa nouvelle habitation en Inde: ‘C’est une maison comme je n’en ai jamais vu. La cuisine est dépourvue d’évier; il y a simplement un robinet dans un coin et un rebord en béton pour empêcher l’eau de se répandre dans la pièce. L’eau étant souvent coupée dans la journée, il faut en avoir une réserve.’

      Certains missionnaires sont tombés malades durant les premiers mois suivant leur arrivée dans le pays, car ils n’étaient pas habitués aux conditions qui y régnaient. Russell Yeatts a eu crise de dysenterie sur crise de dysenterie après son arrivée à Curaçao en 1946. Cependant, un Témoin local avait prononcé une prière si fervente pour remercier Jéhovah de la présence des missionnaires que l’idée de partir ne leur effleurait même pas l’esprit. À leur arrivée en Haute-Volta (aujourd’hui le Burkina Faso), Brian et Elke Wise se sont retrouvés sous un climat délétère et difficile à supporter. Ils ont dû s’habituer à des températures de l’ordre de 43 °C durant la journée. Au cours de leur première année dans ce pays, Elke a été malade pendant plusieurs semaines à cause de la chaleur et du paludisme. L’année suivante, Brian a été alité cinq mois à cause d’une grave hépatite. Mais en peu de temps, ils ont dirigé d’excellentes études bibliques, autant qu’ils pouvaient en diriger — et par la suite plus qu’ils ne le pouvaient. Ce qui les a aidés à persévérer, c’est leur amour pour les autochtones, ainsi que le fait de considérer leur activité comme un privilège et une bonne formation en vue de tout ce que Jéhovah leur réservait pour l’avenir.

      Au fil des ans, davantage de missionnaires ont été accueillis par leurs prédécesseurs ou par des Témoins indigènes. Certains ont été envoyés dans des pays où les grandes villes étaient assez modernes. À partir de 1946, la Société Watch Tower s’est aussi efforcée de fournir à chaque groupe de missionnaires un logement convenable, un minimum de meubles et de quoi s’acheter à manger, les libérant ainsi de ce souci et leur permettant de diriger davantage leur attention sur l’œuvre de prédication.

      Dans bon nombre d’endroits, leur endurance était mise à l’épreuve quand ils devaient se déplacer. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, après la pluie, plus d’une sœur missionnaire s’est retrouvée obligée de transporter ses affaires dans un sac à dos et de marcher dans la brousse sur un sentier si détrempé que ses chaussures restaient parfois collées dans la boue. En Amérique du Sud, plus d’un missionnaire a senti ses cheveux se dresser sur sa tête en voyageant en autocar sur les étroites routes de montagne des Andes. C’est une expérience inoubliable d’être dans un autocar qui roule tout au bord de la route pour croiser un autre véhicule dans un virage sans rambarde et de sentir qu’il commence à pencher vers le précipice!

      Les révolutions semblaient faire partie du paysage politique dans certains pays, mais les missionnaires Témoins de Jéhovah ont gardé présente à l’esprit la déclaration de Jésus selon laquelle ses disciples ne feraient “pas partie du monde”; ils sont donc restés neutres dans ce genre de conflits (Jean 15:19). Ils ont appris à réprimer toute curiosité susceptible de leur faire courir un danger inutile. Souvent, le mieux était tout simplement de rester à l’abri chez soi jusqu’à ce que la situation se calme. Au Viêt Nam, neuf missionnaires habitaient en plein cœur de Saïgon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville) quand la guerre s’est abattue sur cette ville. Ils ont vu les bombes tomber, la ville s’embraser et des milliers de gens fuir pour sauver leur vie. Mais sachant que Jéhovah les avait envoyés là pour communiquer une connaissance vivifiante aux gens affamés de vérité, ils se sont tournés vers lui pour recevoir protection.

      Même lorsque la situation était relativement calme, les missionnaires avaient du mal à accomplir leur ministère dans certains quartiers de villes asiatiques. La simple arrivée d’un étranger dans les ruelles d’un quartier pauvre de Lahore (Pakistan) suffisait à attirer une ribambelle d’enfants en loques de tous âges. Ils suivaient le missionnaire de maison en maison en criant et en se bousculant et s’introduisaient souvent dans les maisons derrière lui. Bientôt, toute la rue connaissait la contribution suggérée pour les périodiques et avait entendu dire que l’étranger ‘faisait des chrétiens’. Dans ces conditions, il lui fallait généralement quitter l’endroit. Son départ était fréquemment accompagné de huées, d’applaudissements et, parfois, d’une pluie de pierres.

      Les coutumes locales obligeaient souvent les missionnaires à changer certaines habitudes. Au Japon, ils ont appris à se déchausser avant d’entrer chez quelqu’un. Ils ont dû aussi s’habituer, dans la mesure du possible, à s’asseoir par terre devant une table basse lors des études de la Bible. Dans certaines régions d’Afrique, ils ont découvert qu’il était insultant de donner quelque chose de la main gauche. Et ils ont constaté que, dans cette partie du monde, il est contraire aux bonnes manières de révéler le but de sa visite avant d’avoir un peu discuté de choses et d’autres — de s’être mutuellement enquis de sa santé, d’avoir indiqué d’où l’on vient, combien d’enfants l’on a, etc. Au Brésil, les missionnaires ont remarqué qu’au lieu de frapper à la porte il fallait généralement frapper dans ses mains devant l’entrée, afin d’appeler l’occupant de la maison.

      Au Liban, les missionnaires ont découvert des coutumes d’une autre sorte. Peu de frères emmenaient leur femme et leurs filles aux réunions. Celles qui y assistaient s’asseyaient toujours au fond, jamais parmi les hommes. Les missionnaires, qui ne connaissaient pas cette coutume, ont jeté le trouble lorsqu’ils ont assisté à leur première réunion. Un couple s’est assis vers l’avant, et les sœurs célibataires là où il y avait une place libre. Mais après la réunion, une discussion des principes chrétiens a permis d’éclaircir la question (voir Deutéronome 31:12; Galates 3:28). La ségrégation a pris fin. Davantage de femmes et de filles de Témoins sont venues aux réunions. Elles ont également prêché de maison en maison avec les sœurs missionnaires.

      Apprendre une langue: un défi

      Les quelques missionnaires arrivés en Martinique en 1949 avaient une connaissance très limitée du français, mais ils savaient que les insulaires avaient besoin d’entendre le message du Royaume. Avec une foi authentique, ils se sont mis à aller de porte en porte, essayant de lire quelques versets de la Bible ou un passage de la publication qu’ils proposaient. Petit à petit, leur français s’est amélioré.

      Certes, les missionnaires désiraient aider les Témoins et les personnes bien disposées de l’endroit où ils étaient envoyés, mais c’était souvent eux qui devaient d’abord être aidés — pour apprendre la langue. Ceux qui ont été envoyés au Togo ont constaté que la grammaire de l’éwé, langue dominante dans ce pays, était tout à fait différente de celle des langues européennes, et que le ton sur lequel un mot est prononcé peut en changer le sens. Ainsi, le mot de deux lettres to, quand on le prononce sur un ton montant, peut signifier oreille, montagne, beau-père ou tribu; sur un ton descendant, il signifie buffle. Les missionnaires qui ont été envoyés au Viêt Nam ont dû apprendre une langue qui emploie six tons différents pour n’importe quel mot, chaque ton conférant à ce terme un sens particulier.

      Edna Waterfall, qui a été envoyée au Pérou, n’est pas prête d’oublier la première personne à qui elle a essayé de prêcher en espagnol. Prise d’une sueur froide, elle a récité tant bien que mal la présentation qu’elle avait apprise, a proposé une publication et a pris rendez-vous pour étudier la Bible avec cette dame âgée. Celle-ci lui a dit alors dans un anglais parfait: “Très bien! tout cela est excellent. J’étudierai avec vous et nous ne parlerons qu’en espagnol pour vous aider à apprendre cette langue.” Interloquée, Edna lui a répondu: “Vous parlez anglais? Et vous m’avez laissée vous expliquer tout cela dans mon espagnol écorché?” “C’était un bon exercice pour vous”, lui a fait remarquer son interlocutrice. Et de fait, c’en était un! Comme Edna s’en est vite rendu compte, il est important de s’exprimer dans une langue pour l’apprendre.

      En Italie, quand George Fredianelli a essayé de parler la langue du pays, il a remarqué que les gens ne comprenaient pas ce qu’il pensait être des expressions italiennes (mais qui, en fait, étaient des mots anglais italianisés). Pour surmonter cette difficulté, il a décidé de rédiger entièrement ses discours, et de les prononcer devant les congrégations à l’aide d’un manuscrit. Mais nombre de ses auditeurs s’endormaient. Il a donc mis de côté ses manuscrits, s’est exprimé librement et a demandé à l’assistance de l’aider quand il n’arrivait pas à finir une phrase. Cela a tenu ses auditeurs éveillés et l’a aidé à progresser.

      Pour que les missionnaires connaissent les premiers rudiments d’une langue qu’ils allaient devoir parler, on a donné aux premières classes de Galaad des cours de langues comme l’espagnol, le français, l’italien, le portugais, le japonais, l’arabe et l’ourdou. Avec le temps, plus de 30 langues ont été enseignées. Mais comme les diplômés d’une classe donnée n’allaient pas tous dans des pays où l’on parlait la même langue, par la suite ces cours de langue ont été remplacés par une période d’étude intensive sous la direction d’un enseignant à leur arrivée dans leur territoire. Pendant le premier mois, les nouveaux venus se plongeaient complètement dans l’étude de la langue 11 heures par jour; le mois suivant, ils passaient la moitié de leur temps à apprendre cette langue chez eux, et l’autre moitié à utiliser en prédication ce qu’ils savaient.

      On s’est toutefois rendu compte que l’emploi effectif de la langue dans la prédication est un facteur majeur de progrès; on a donc apporté une modification: pendant les trois premiers mois suivant leur arrivée, les nouveaux missionnaires qui ne connaissaient pas la langue du pays passeraient quatre heures par jour à l’apprendre avec un enseignant compétent et appliqueraient aussitôt leurs nouvelles connaissances en prêchant le Royaume de Dieu aux gens du territoire.

      De nombreux missionnaires ont travaillé en groupe pour améliorer leur connaissance de la langue. Chaque jour au petit déjeuner, ils discutaient de quelques mots nouveaux, parfois jusqu’à une vingtaine, puis ils s’efforçaient de les utiliser dans le ministère.

      Leur apprentissage de la langue du pays les a beaucoup aidés à gagner la confiance des gens. Les habitants de certains pays ont une certaine méfiance envers les étrangers. Hugh et Carol Cormican, qui ont été missionnaires dans cinq pays d’Afrique avant et depuis leur mariage, sont bien conscients de la méfiance qui existe souvent entre Africains et Européens. Malgré tout, ils déclarent: “Ce sentiment se dissipe rapidement quand on parle la langue locale. De plus, des personnes qui n’ont pas envie d’écouter la bonne nouvelle quand elle leur est présentée par des compatriotes acceptent de nous écouter, de prendre des publications et d’étudier, parce que nous avons fait l’effort de parler avec eux dans leur langue.” Pour parvenir à ce résultat, frère Cormican a appris cinq langues, en plus de l’anglais, et sœur Cormican six.

      Bien sûr, tout ne va pas toujours comme on le voudrait quand on apprend une langue. À Porto Rico, un Témoin qui proposait de faire écouter l’enregistrement d’un sermon biblique à des gens fermait son phonographe et se rendait à la porte suivante quand la personne lui répondait: “¡Cómo no!” Pour lui, cela voulait dire “non”. Il lui a fallu un certain temps pour découvrir qu’en réalité cette expression signifie “Pourquoi pas?” D’un autre côté, les missionnaires ne comprenaient pas toujours leurs interlocuteurs quand ceux-ci disaient que le message ne les intéressait pas, et ils continuaient donc à leur donner le témoignage. Ce genre de quiproquos a valu des bienfaits à quelques personnes sympathiques.

      Il survenait également des situations cocasses. À Singapour, Leslie Franks a appris qu’il devait veiller à ne pas dire “noix de coco” (kelapa) quand il voulait dire “tête” (kepala), ni “herbe” (rumput) quand il voulait dire “cheveu” (rambut). Aux Samoa, à cause d’une erreur de prononciation, un missionnaire a demandé à un autochtone: “Comment va votre barbe?” (cet homme n’en portait d’ailleurs pas), alors qu’il voulait poliment s’enquérir de la femme de cet homme. En Équateur, un conducteur d’autobus ayant démarré un peu sèchement, Zola Hoffman, qui était debout, a perdu l’équilibre et a atterri sur les genoux d’un passager. Embarrassée, elle a essayé de s’excuser, mais ce sont les mots “Con su permiso” (Avec votre permission) qui lui sont venus à l’esprit. Quand, sans sourciller, l’homme lui a répondu: “Je vous en prie, Madame”, il y a eu un éclat de rire général dans l’autobus.

      Malgré tout, les efforts des missionnaires ne tardaient pas à produire du fruit. Lois Dyer, qui est arrivée au Japon en 1950, se rappelle le conseil que lui a donné frère Knorr: “Fais de ton mieux; même si tu commets des erreurs, fais quelque chose!” C’est ce qu’elle a fait, comme beaucoup d’autres. Au cours des 42 années suivantes, les missionnaires envoyés au Japon ont vu le nombre des proclamateurs du Royaume dans ce pays passer de quelques-uns à plus de 170 000, et l’accroissement n’a pas cessé. Quelle récompense pour avoir accepté de relever le défi, après s’être tournés vers Jéhovah pour bénéficier de sa direction!

      Ils inaugurent l’œuvre dans certains territoires, lui font prendre son essor dans d’autres

      Dans quantité de pays et d’archipels, ce sont des missionnaires formés à Galaad qui ont inauguré l’œuvre du Royaume ou qui lui ont donné l’impulsion nécessaire pour se développer là où d’autres avaient déjà prêché un peu. Ils ont été, semble-​t-​il, les premiers Témoins de Jéhovah à annoncer la bonne nouvelle en Somalie, au Soudan, au Laos et dans quantité d’archipels à travers le globe.

      Des prédicateurs avaient déjà quelque peu prêché en Bolivie, en République dominicaine, en Équateur, au Salvador, au Honduras, au Nicaragua, en Éthiopie, en Gambie, au Liberia, au Cambodge, à Hong-Kong, au Japon et au Viêt Nam. Toutefois, aucun Témoin de Jéhovah ne remettait de rapport d’activité dans ces pays quand les premiers missionnaires diplômés de l’École de Galaad sont arrivés. Là où ils l’ont pu, les missionnaires ont entrepris de parcourir le pays de façon systématique, en concentrant d’abord leurs efforts sur les grandes villes. Ils ne se sont pas contentés de distribuer des publications puis de s’en aller, comme les colporteurs du passé. Non, ils sont revenus voir avec patience les personnes qui manifestaient de l’intérêt, ont étudié la Bible avec elles et les ont formées dans le ministère.

      Ailleurs, il n’y avait qu’une dizaine de proclamateurs du Royaume (souvent même moins) avant l’arrivée des missionnaires diplômés de l’École de Galaad. C’était le cas en Colombie, au Guatemala, en Haïti, à Porto Rico, au Venezuela, au Burundi, en Côte d’Ivoire, au Kenya, à l’île Maurice, au Sénégal, au Sud-Ouest Africain (aujourd’hui la Namibie), à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), en Chine, à Singapour et dans de nombreux archipels. Par leur zèle, les missionnaires ont donné l’exemple dans le ministère, ont aidé les Témoins indigènes du pays à devenir plus efficaces, ont organisé des congrégations et ont soutenu leurs frères pour qu’ils se qualifient et donnent l’exemple dans l’activité. Dans de nombreux cas, ils ont aussi inauguré l’œuvre de prédication dans des régions où personne n’avait encore jamais prêché.

      Grâce à leur aide, le nombre des Témoins a commencé à augmenter. La plupart de ces pays comptent maintenant des milliers de Témoins de Jéhovah actifs. Dans certains, ils sont des dizaines de milliers, voire plus de cent mille, à louer Jéhovah.

      Des gens avides de connaissance

      En certains lieux, les missionnaires ont trouvé des gens avides de connaissance. Quand Ted et Doris Klein, diplômés de la première classe de Galaad, sont arrivés aux îles Vierges en 1947, il y avait tant de personnes désireuses d’étudier la Bible qu’il leur arrivait souvent de ne pas terminer leur journée de prédication avant minuit. Quand frère Klein a prononcé son premier discours à Charlotte Amalie, sur la Place du Marché, on a dénombré une assistance d’un millier de personnes.

      Joseph McGrath et Cyril Charles ont été envoyés à Taïwan, dans le territoire de la tribu Amis, en 1949. Ils ont habité dans des maisons au toit de chaume et au sol de terre battue. Mais ils étaient là pour aider les gens. Certains membres de la tribu s’étaient procuré des publications de la Société Watch Tower, avaient beaucoup apprécié leur lecture et parlaient de la bonne nouvelle autour d’eux. Maintenant, les missionnaires étaient là pour les aider à progresser sur le plan spirituel. On leur avait dit que 600 personnes s’intéressaient à la vérité, mais en tout 1 600 personnes ont assisté aux réunions qu’ils ont tenues dans un village après l’autre. Ces gens humbles étaient désireux d’apprendre, mais ils n’avaient pas la connaissance exacte sur de nombreux sujets. Avec patience, les missionnaires ont commencé à les enseigner, en ne traitant qu’un point à la fois. Il leur est souvent arrivé de consacrer huit heures ou plus à l’examen d’un thème par questions et réponses dans chaque village. Ils ont aussi formé les 140 personnes qui ont exprimé le désir de participer à la prédication de maison en maison. Quels moments joyeux pour les missionnaires! Il restait toutefois beaucoup à faire pour consolider ces progrès spirituels.

      Une douzaine d’années plus tard, Harvey et Kathleen Logan, missionnaires formés à Galaad qui prêchaient au Japon, ont été chargés d’apporter une aide supplémentaire aux Témoins appartenant à la tribu Amis. Frère Logan a passé beaucoup de temps à les aider à comprendre les doctrines et les principes bibliques fondamentaux, ainsi que des questions d’organisation. Quant à sœur Logan, tous les jours elle prêchait avec les sœurs Amis, après quoi elle s’efforçait d’étudier les principales vérités bibliques avec elles. Puis, en 1963, dans le cadre d’une assemblée tenue dans le monde entier, la Société Watch Tower a prévu que des délégués originaires de 28 pays se rassemblent avec les Témoins de cette région à Shou Feng. Toutes ces dispositions ont jeté les premières bases de l’accroissement à venir.

      En 1948, deux missionnaires, Harry Arnott et Ian Fergusson, sont arrivés en Rhodésie du Nord (aujourd’hui la Zambie). À l’époque, il y avait déjà 252 congrégations de Témoins africains dans ce pays, mais on allait désormais s’occuper aussi des Européens qui s’y étaient installés pour travailler dans les mines de cuivre. Les résultats ont été très encourageants. On a distribué de nombreuses publications, et les personnes qui ont accepté d’étudier la Bible ont progressé rapidement. Cette année-​là, le nombre des Témoins participant à la prédication s’est accru de 61 %.

      Dans de nombreux endroits, il n’était pas rare que les missionnaires doivent inscrire sur une liste d’attente les gens désireux d’étudier la Bible. Il arrivait que des parents, des voisins et autres amis assistent aussi aux études. Avant même de bénéficier de leur propre étude biblique, certains assistaient régulièrement aux réunions tenues à la Salle du Royaume.

      Dans d’autres pays, par contre, la moisson était minime malgré les efforts soutenus des missionnaires. Dès 1953, la Société Watch Tower a envoyé des missionnaires au Pakistan oriental (aujourd’hui le Bangladesh), où la population, qui dépasse maintenant les 115 000 000 d’âmes, se compose principalement de musulmans et d’hindous. On a fait beaucoup pour aider ces gens. Pourtant, en 1992, il n’y avait que 42 adorateurs de Jéhovah dans ce pays. Toutefois, aux yeux des missionnaires qui prêchent dans de tels pays, les personnes qui embrassent le vrai culte sont toutes particulièrement précieuses, tant elles sont rares.

      Ils aident avec amour les autres Témoins

      L’activité principale des missionnaires consiste à évangéliser, à prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Cependant, tout en participant à cette activité, il leur est également possible d’apporter une grande aide aux Témoins de l’endroit. Les missionnaires les invitent à prêcher avec eux et leur offrent des suggestions sur la manière de faire face aux situations difficiles. En les observant, leurs compagnons ont souvent appris à accomplir leur ministère de façon plus organisée et à enseigner plus efficacement. De leur côté, les missionnaires ont été aidés par ces Témoins à s’adapter aux coutumes du pays.

      À son arrivée au Portugal en 1948, John Cooke a organisé la prédication systématique de maison en maison. Les Témoins portugais étaient pleins de bonne volonté, mais beaucoup avaient besoin d’être formés. Voici ce qu’il a relaté par la suite: “Je n’oublierai jamais l’une des premières fois où j’ai prêché en compagnie des sœurs de la ville d’Almada. En effet, six d’entre elles se sont dirigées vers une seule et même porte. Imaginez-​vous six femmes devant une porte pendant que l’une d’elles prononce un sermon! Mais heureusement, peu à peu les choses ont commencé à prendre tournure et à progresser.”

      Aux îles Sous-le-Vent, l’exemple de courage des missionnaires a incité les Témoins à faire preuve de hardiesse, à ne pas se laisser intimider par ceux qui essayaient d’entraver l’œuvre. La foi dont un missionnaire a fait preuve en Espagne a aidé les Témoins de ce pays à participer au ministère de maison en maison malgré la dictature fasciste soutenue à l’époque par le catholicisme. Les missionnaires qui ont été envoyés au Japon après la Seconde Guerre mondiale ont épuisé des trésors de tact; ils n’ont pas ressassé l’échec essuyé par la religion d’État, l’empereur japonais ayant renoncé à sa divinité, mais ont plutôt apporté des preuves convaincantes de l’existence du Créateur.

      Les Témoins du pays observaient les missionnaires et étaient souvent profondément touchés par des choses dont les missionnaires n’avaient pas toujours conscience sur le moment. À la Trinité, des années plus tard, on parle encore de faits qui ont mis en évidence l’humilité des missionnaires, leur volonté de surmonter les difficultés et leur zèle dans le service de Jéhovah malgré la chaleur. En Corée, les Témoins ont été grandement impressionnés par l’abnégation des missionnaires qui, pendant dix ans, n’ont pas quitté le pays pour rendre visite à leur famille parce que le gouvernement coréen ne laissait revenir les étrangers qu’exceptionnellement, pour des raisons “humanitaires”.

      Pendant et après leur formation à Galaad, la plupart des missionnaires avaient vu de près le fonctionnement du siège mondial de l’organisation visible de Jéhovah. Ils avaient souvent eu l’occasion de discuter avec des membres du Collège central. Par la suite, là où ils étaient envoyés comme missionnaires, ils pouvaient transmettre aux Témoins et aux personnes qui s’intéressaient au message ce qu’ils avaient appris sur l’organisation en la voyant fonctionner et leur dire combien ils l’appréciaient. Souvent, ils insufflaient une profonde reconnaissance pour le fonctionnement théocratique de l’organisation et cela contribuait beaucoup à l’accroissement.

      Dans la plupart des endroits où les missionnaires étaient envoyés, aucune réunion chrétienne n’était encore organisée. Ils prenaient donc les dispositions voulues, dirigeaient les réunions et présentaient la plupart des exposés jusqu’à ce que d’autres soient en mesure de recevoir ces privilèges. Ils formaient constamment leurs frères pour qu’ils puissent endosser des responsabilités (2 Tim. 2:2). Au départ, c’était généralement la maison de missionnaires qui servait de lieu de réunion, puis des Salles du Royaume ont ouvert leurs portes.

      Là où il y avait déjà des congrégations, les missionnaires contribuaient à rendre les réunions plus intéressantes et instructives. Leurs commentaires soigneusement préparés étaient appréciés et servaient bientôt de modèle que les autres assistants essayaient d’imiter. Tirant profit de la formation reçue à Galaad, les frères donnaient un excellent exemple pour ce qui est de s’exprimer et d’enseigner en public, et ils étaient heureux de consacrer du temps à leurs frères pour les aider à progresser dans ce domaine. Dans les pays où les gens étaient par nature insouciants et peu ponctuels, les missionnaires leur ont aussi patiemment fait comprendre l’importance de commencer les réunions à l’heure et ont encouragé chacun à arriver à temps.

      En certains endroits, ils ont découvert des situations qui soulignaient la nécessité d’amener les Témoins à discerner l’importance de respecter les normes de justice de Jéhovah. Au Botswana, par exemple, ils ont remarqué que les sœurs mettaient toujours à leurs bébés des chaînettes ou des bracelets censés les protéger, ne discernant pas pleinement que cette coutume plongeait ses racines dans la superstition et la sorcellerie. Au Portugal, ils ont été confrontés à des situations qui causaient la désunion. Grâce à l’aide qu’ils ont apportée avec patience, amour, et fermeté au besoin, ils ont contribué au rétablissement spirituel de leurs compagnons.

      Les missionnaires à qui ont été confiées des fonctions de surveillance en Finlande ont consacré beaucoup de temps et d’énergie à apprendre à leurs frères comment analyser les problèmes à la lumière des principes bibliques pour parvenir à une conclusion conforme à la pensée de Dieu. En Argentine, ils ont également montré à leurs frères l’intérêt d’avoir un programme, ainsi que la façon et l’importance de tenir les dossiers. En Allemagne, ils ont aidé des frères fidèles, mais qui étaient rigides à certains égards parce qu’ils avaient dû lutter pour survivre dans les camps de concentration, à imiter plus pleinement la douceur avec laquelle Jésus Christ a fait paître le troupeau de Dieu. — Mat. 11:28-30; Actes 20:28.

      Certains missionnaires ont été amenés à rencontrer des représentants du gouvernement, à répondre à leurs questions et à solliciter la reconnaissance officielle de l’œuvre des Témoins de Jéhovah. Par exemple, sur une période de près de quatre années, frère Joly, qui a été envoyé au Cameroun avec sa femme, a essayé à plusieurs reprises d’obtenir la reconnaissance officielle de l’œuvre. Il s’est souvent entretenu avec de hauts responsables français et africains. Finalement, à la suite d’un changement de gouvernement, l’œuvre a été officiellement reconnue. À ce moment-​là, les Témoins prêchaient au Cameroun depuis 27 ans et étaient déjà plus de 6 000.

      Les difficultés du service itinérant

      Certains missionnaires ont été invités à être surveillants itinérants. Il en manquait particulièrement en Australie, où les efforts de certains Témoins avaient été malheureusement détournés de la cause du Royaume vers la poursuite d’objectifs profanes pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec le temps, les choses ont été redressées, et en 1947, lors d’une visite, frère Knorr a souligné l’importance de toujours accorder la priorité à la prédication du Royaume. Par la suite, l’enthousiasme, le bel exemple et les méthodes d’enseignement des diplômés de Galaad qui servaient comme surveillants de circonscription et de district ont contribué à l’édification spirituelle des Témoins australiens.

      Il fallait souvent être prêt à déployer de grands efforts et à braver le danger pour prendre part au service itinérant. Wallace Liverance a constaté que la seule façon d’atteindre une famille de proclamateurs isolés à Volcán (Bolivie) était de parcourir à pied 90 kilomètres sur un terrain rocailleux et aride, sous un soleil de plomb à une altitude d’environ 3 400 mètres, tout en portant sac de couchage, nourriture, eau et publications. Pour visiter certaines congrégations des Philippines, Neal Callaway prenait souvent des autobus de campagne pleins de voyageurs, mais aussi d’animaux et de bagages divers. Richard Cotterill a commencé son activité de surveillant itinérant en Inde à une époque où des milliers de gens étaient tués à cause de la haine religieuse. Un jour qu’il devait rendre visite à des Témoins vivant dans un endroit où avaient lieu des émeutes, l’employé de la gare a essayé de le dissuader d’entreprendre le voyage, qui a d’ailleurs été un cauchemar pour la plupart des passagers. Mais frère Cotterill avait un profond amour pour ses frères, où qu’ils vivent et quelle que soit leur langue. Plaçant sa confiance en Jéhovah, il s’est dit: “Si c’est la volonté de Jéhovah, je m’efforcerai d’aller là-bas.” — Jacq. 4:15.

      Ils encouragent le service à plein temps

      Par leur zèle, les missionnaires ont incité beaucoup de ceux qu’ils ont enseignés à suivre leur exemple en entreprenant le service à plein temps. Au Japon, où 168 missionnaires ont été envoyés, il y avait 75 956 pionniers en 1992; plus de 40 % des proclamateurs japonais étaient dans une forme ou une autre du service à plein temps. En République de Corée, la proportion était du même ordre.

      Beaucoup de ministres à plein temps originaires de pays où la proportion des Témoins par rapport à la population est assez élevée ont été invités à suivre les cours de l’École de Galaad, puis ont été envoyés dans d’autres pays. Un grand nombre de missionnaires sont originaires des États-Unis et du Canada; environ 400 de Grande-Bretagne; plus de 240 d’Allemagne; plus de 150 d’Australie; plus de 100 de Suède, outre les groupes relativement importants provenant du Danemark, de Finlande, d’Hawaii, de Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas, etc. Certains pays qui ont reçu l’aide de missionnaires en ont eux-​mêmes fourni par la suite.

      Ils comblent les besoins au sein d’une organisation en expansion

      Au fur et à mesure que l’organisation a grandi, les missionnaires ont endossé davantage de responsabilités. Un nombre considérable d’entre eux sont anciens ou serviteurs ministériels dans les congrégations qu’ils ont contribué à former. Dans beaucoup de pays, ils ont été les premiers surveillants de circonscription et de district. Quand la Société a jugé utile d’ouvrir de nouvelles filiales, un bon nombre de missionnaires ont été chargés d’assurer leur fonctionnement. Dans certains cas, ceux qui ont acquis une connaissance suffisante de la langue ont été invités à participer à la traduction et à la correction de publications bibliques.

      Mais leur plus grande récompense a été de voir ceux avec qui ils avaient étudié la Parole de Dieu, ou des Témoins qu’ils avaient aidés à progresser sur le plan spirituel, se qualifier pour assumer de telles responsabilités. Ainsi, au Pérou, un couple de missionnaires a eu la joie de voir certains de ceux avec qui ils avaient étudié devenir pionniers spéciaux, contribuer à l’affermissement de nouvelles congrégations et inaugurer de nouveaux territoires. À Sri Lanka, l’un des membres du Comité de la filiale vient d’une famille qui a étudié avec un missionnaire. Beaucoup d’autres missionnaires ont connu les mêmes joies.

      Mais ils ont aussi rencontré de l’opposition.

      Face à l’opposition

      Jésus a prévenu ses disciples qu’ils seraient persécutés, tout comme lui (Jean 15:20). Les missionnaires venant généralement de l’étranger, lorsqu’une persécution virulente se déclenchait dans un pays, cela signifiait souvent leur expulsion.

      En 1967, Sona Haidostian et ses parents ont été arrêtés à Alep, en Syrie. Ils ont été détenus pendant cinq mois, puis expulsés du pays sans leurs biens. Margarita Königer, originaire d’Allemagne, a été envoyée à Madagascar; mais en raison de multiples expulsions, elle a été envoyée au Kenya, au Dahomey (le Bénin), et en Haute-Volta (le Burkina Faso). Domenick Piccone et sa femme, Elsa, ont été expulsés d’Espagne en 1957 parce qu’ils y prêchaient, puis du Portugal en 1962, et du Maroc en 1969. Toutefois, dans chacun de ces pays, tout en essayant de prévenir les arrêts d’expulsion, ils ont fait œuvre utile. Ils ont donné le témoignage aux autorités. Au Maroc, par exemple, ils ont eu la possibilité de prêcher aux responsables de la Sécurité nationale, à un juge de la Cour suprême, au chef de la police de Tanger et aux consuls américains en place à Tanger et à Rabat.

      L’expulsion des missionnaires ne signifiait pas la fin de l’œuvre des Témoins de Jéhovah, comme certains hauts fonctionnaires le pensaient. Les graines de vérité déjà semées ont souvent continué à germer. Ainsi, au Burundi, le gouvernement a expulsé en 1964 quatre missionnaires qui prêchaient depuis seulement quelques mois dans le pays. Cependant, l’un d’eux a gardé contact par courrier avec un homme qui s’intéressait au message. Celui-ci lui a écrit qu’il étudiait la Bible avec 26 personnes. Un Témoin tanzanien qui s’était installé depuis peu au Burundi a également continué de prêcher avec zèle. Petit à petit, le nombre des proclamateurs a augmenté jusqu’à ce qu’ils soient des centaines à communiquer le message du Royaume à d’autres personnes encore.

      Ailleurs, avant de décréter l’expulsion, les autorités ont recouru à des brutalités pour essayer de plier tout le monde à leurs exigences. À Gbarnga (Liberia), en 1963, les soldats ont entouré 400 hommes, femmes et enfants réunis pour une assemblée chrétienne. Ils les ont fait marcher jusqu’à la caserne où ils les ont menacés, battus, et leur ont ordonné à tous — quelles que soient leur nationalité ou leurs croyances religieuses — de saluer le drapeau libérien. Dans le groupe se trouvait Milton Henschel, des États-Unis, ainsi que quelques missionnaires, dont John Charuk, du Canada. L’un des diplômés de Galaad a transigé avec sa conscience, comme il l’avait déjà fait en une autre circonstance (mais en secret), ce qui a sans nul doute contribué à ce que d’autres cèdent également. Il est devenu facile de distinguer ceux qui craignaient vraiment Dieu de ceux qui avaient la crainte de l’homme (Prov. 29:25). Après cela, le gouvernement a ordonné à tous les Témoins missionnaires venus de l’étranger de quitter le pays; cependant, plus tard la même année, un décret présidentiel les a autorisés à y revenir.

      C’était souvent à l’instigation du clergé que les autorités décidaient l’expulsion des missionnaires. Les ecclésiastiques manœuvraient parfois dans l’ombre pour parvenir à leurs fins. À d’autres moments, leurs agissements étaient de notoriété publique. George Koivisto n’oubliera jamais sa première matinée de prédication à Medellín (Colombie). Une foule d’écoliers ont surgi en criant et lui ont jeté des pierres et des morceaux d’argile. Son interlocutrice, qui ne l’avait jamais vu auparavant, l’a vite entraîné à l’intérieur de sa maison et a fermé les volets en bois tout en déplorant la conduite de ces enfants. Quand la police est arrivée, certains ont accusé l’instituteur d’avoir laissé sortir ses élèves de l’école. Mais quelqu’un s’est écrié: “Non, non! C’est le prêtre! Il a dit par les haut-parleurs de laisser sortir les écoliers pour ‘jeter des pierres aux Protestantes’.”

      Il fallait un courage conforme à la volonté de Dieu et de l’amour pour les “brebis” dans de telles situations. Elfriede Löhr et Ilse Unterdörfer ont été envoyées dans la vallée de Gastein, en Autriche. Elles y ont rapidement distribué de nombreuses publications bibliques parmi les personnes affamées sur le plan spirituel. Mais les ecclésiastiques ont décidé de contrer leur activité. Ils ont encouragé les écoliers à crier après les missionnaires dans les rues et à passer en avant d’elles pour dire aux gens de ne pas les écouter. Cela a effrayé la population. Mais grâce à leur amour et à leur persévérance, les missionnaires ont pu commencer quelques bonnes études de la Bible. Le jour où un discours biblique a été prévu, le curé s’est posté d’un air provocant devant le lieu de réunion. Cependant, lorsque les missionnaires sont sorties dans la rue pour accueillir les gens, il a disparu. Il est revenu avec un policier dans l’espoir d’interrompre la réunion. Mais ses efforts ont été vains. Avec le temps, une belle congrégation a vu le jour à cet endroit.

      Dans les villes proches d’Ibarra (Équateur), Unn Raunholm et Julia Parsons ont eu maintes fois affaire à des foules excitées par un prêtre. Comme celui-ci provoquait un tumulte à chaque fois qu’elles arrivaient à San Antonio, ces missionnaires ont décidé de concentrer leurs efforts sur une autre ville, Atuntaqui. Mais un jour, tout affolé, le chef de la police a demandé à sœur Raunholm de quitter la ville au plus vite. “Le prêtre est en train d’organiser une manifestation contre vous, et mes hommes ne sont pas suffisamment nombreux pour vous protéger”, lui a-​t-​il dit. Elle a un souvenir très net de ce qui s’est passé: “La foule était à nos trousses! Le drapeau blanc et jaune du Vatican flottait en avant du groupe tandis que le prêtre criait des slogans, tels que: ‘Vive l’Église catholique!’ ‘À bas les protestants!’ ‘Vive la virginité de Marie!’ ‘Vive la confession!’ La foule répétait mot pour mot chaque slogan après l’ecclésiastique.” Juste à ce moment-​là, deux hommes ont invité les Témoins à se réfugier dans la Maison des syndicats. Les missionnaires y ont donné le témoignage à des curieux qui entraient pour savoir ce qui se passait. Elles ont pu leur laisser toutes les publications dont elles disposaient.

      Des cours conçus pour des besoins particuliers

      Depuis l’époque où les premiers missionnaires sont sortis de l’École de Galaad, l’organisation des Témoins de Jéhovah s’est développée à un rythme prodigieux. En 1943, quand l’école a été inaugurée, il n’y avait que 129 070 Témoins dans 54 pays (mais 103 selon les divisions de la carte politique du monde au début des années 90). En 1992, ils étaient en tout 4 472 787 dans 229 pays et archipels. Au fur et à mesure que cet accroissement s’est produit, les besoins de l’organisation ont changé. Des filiales qui s’occupaient à une certaine époque de moins d’une centaine de Témoins répartis en quelques congrégations dirigent maintenant l’activité de dizaines de milliers de Témoins. D’autre part, nombre de ces filiales ont jugé nécessaire d’imprimer des publications sur place pour équiper ceux qui participent à l’œuvre d’évangélisation.

      Pour faire face aux nouveaux besoins, 18 ans après l’ouverture de l’École de Galaad, les frères qui devaient assumer de lourdes responsabilités dans les filiales de la Société Watch Tower ont reçu une formation de dix mois au siège mondial de la Société. Certains d’entre eux avaient déjà suivi le cours de cinq mois à Galaad; d’autres pas. Tous allaient pouvoir bénéficier d’une formation spécialement adaptée à leur activité. Les discussions sur la façon d’agir en diverses situations et de régler les questions d’organisation suivant les principes bibliques ont eu un effet unificateur. Le programme incluait une analyse verset par verset de toute la Bible. Il comprenait aussi une étude de l’histoire de la religion, un examen détaillé de la façon de diriger une filiale, un Béthel et une imprimerie; des instructions sur la manière d’organiser la prédication, de former des congrégations et d’inaugurer de nouveaux territoires. Ces cours (dont la dernière session a été réduite à huit mois) ont été donnés au siège mondial, à Brooklyn (New York), de 1961 à 1965. La plupart de ceux qui les ont suivis sont retournés dans les pays où ils accomplissaient leur activité; certains ont été envoyés dans d’autres pays où ils allaient être d’un précieux soutien dans l’œuvre.

      Le 1er février 1976, une nouvelle disposition a été mise en place dans les filiales de la Société pour les préparer à l’accroissement auquel on s’attendait en accord avec les prophéties bibliques (És. 60:8, 22). Au lieu d’un seul surveillant de filiale et de son adjoint pour chaque filiale, le Collège central a nommé trois frères qualifiés, ou plus, comme membres d’un Comité de filiale. Dans les grandes filiales, le comité pourrait compter jusqu’à sept membres. Une formation spéciale de cinq semaines dans le cadre de l’École de Galaad, à Brooklyn (New York), a été prévue pour ces frères. Quatorze classes formées de membres des Comités de filiale du monde entier ont reçu cette formation spéciale au siège mondial de fin 1977 à 1980. Cette excellente disposition a permis d’uniformiser et d’affiner les méthodes d’organisation.

      L’École de Galaad continuait de former des ministres à plein temps qui avaient des années d’expérience et qui étaient désireux et en mesure de se rendre à l’étranger; cependant, un plus grand nombre pouvaient être employés. Pour accélérer la formation, on a ouvert des annexes de l’École de Galaad en dehors des États-Unis. Ainsi, les étudiants qui y seraient invités n’auraient pas à apprendre l’anglais pour suivre les cours. En 1980-​1981, l’École culturelle de Galaad au Mexique a formé des étudiants d’expression espagnole qui ont contribué à combler un besoin urgent de ministres qualifiés en Amérique centrale et en Amérique du Sud. En 1981-​1982, en 1984, puis de nouveau en 1992, des classes d’une annexe de l’École de Galaad ont également été instruites en Allemagne. De là, les diplômés ont été envoyés en Afrique, en Amérique du Sud, en Europe de l’Est et dans diverses îles. On a organisé d’autres classes en Inde en 1983.

      Les Témoins autochtones pleins de zèle se joignant aux missionnaires pour étendre le témoignage relatif au Royaume, le nombre des Témoins de Jéhovah s’est rapidement accru, et il en est résulté la formation de nouvelles congrégations. Entre 1980 et 1987, le nombre des congrégations dans le monde a augmenté de 27 %, pour atteindre le chiffre total de 54 911. Dans certains pays, beaucoup assistaient aux réunions et participaient à la prédication, mais la plupart des frères étaient baptisés depuis peu. Il y avait un grand besoin de chrétiens expérimentés pour diriger l’œuvre d’évangélisation. C’est pourquoi, en 1987, dans le cadre du programme d’enseignement de l’École de Galaad, le Collège central a ouvert l’École de formation ministérielle. Le cours de huit semaines comprend une étude approfondie de la Bible, et une attention personnelle est accordée aux progrès spirituels de chaque élève. On y examine les questions d’organisation et les questions judiciaires, ainsi que les responsabilités des anciens et des serviteurs ministériels. Les étudiants reçoivent une formation spéciale dans le domaine de l’art oratoire. Cette école ne perturbe pas les cours normaux de formation des missionnaires, car elle utilise d’autres locaux, dans divers pays. Les diplômés de cette école apportent maintenant une aide fort appréciée en de nombreux endroits du monde.

      La formation étendue fournie par Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower, s’est donc adaptée aux besoins changeants de l’organisation internationale qui s’accroît rapidement.

      “Me voici! Envoie-​moi”

      Les missionnaires manifestent un état d’esprit semblable à celui du prophète Ésaïe qui, lorsque Jéhovah lui a offert la possibilité d’accomplir un service spécial, a déclaré: “Me voici! Envoie-​moi.” (Ésaïe 6:8). Leur bonne volonté a incité des milliers de jeunes hommes et de jeunes femmes à quitter leur cadre de vie habituel et leurs proches pour promouvoir l’œuvre divine où que l’on ait besoin d’eux.

      La situation familiale de nombreux missionnaires a changé avec le temps. Bon nombre de ceux qui ont eu des enfants après être devenus missionnaires ont pu rester dans le pays où ils se trouvaient, y occuper un emploi et collaborer avec les congrégations. Certains, après des années de service, ont dû rentrer dans leur pays d’origine pour s’occuper de leurs parents âgés, ou pour d’autres raisons. Mais à leurs yeux c’était un privilège d’avoir pu effectuer le service missionnaire le plus longtemps possible.

      D’autres ont pu faire du service missionnaire la carrière de leur vie. Pour y parvenir, ils ont dû surmonter des situations éprouvantes. Olaf Olson, qui est missionnaire depuis de nombreuses années en Colombie, a fait cet aveu: “La première année fut la plus pénible.” S’il en a été ainsi, c’est surtout parce qu’il ne pouvait s’exprimer correctement dans sa nouvelle langue. “Si j’avais continué à penser au pays que j’avais quitté, je n’aurais pas été heureux, mais j’avais préparé mon esprit à vivre physiquement et mentalement en Colombie, à faire de mes frères et sœurs dans la vérité des amis, à veiller à ce que ma vie soit entièrement occupée par le ministère. Je me suis bientôt senti chez moi dans le territoire qui m’a été attribué.”

      Ce n’est pas forcément parce qu’ils estimaient avoir un cadre de vie idéal que les missionnaires ont persévéré là où ils ont été envoyés. Norman Barber, qui a servi en Birmanie (le Myanmar) et en Inde de 1947 jusqu’à sa mort, survenue en 1986, a dit un jour: “Quand quelqu’un se réjouit d’être employé par Jéhovah, alors n’importe quel endroit est bon pour lui. (...) Pour parler franchement, le climat tropical n’est pas pour moi le climat idéal. La manière de vivre des gens des tropiques n’est pas non plus le genre de vie que je choisirais. Mais il y a des choses plus importantes que de telles banalités. Aider des gens qui vivent réellement dans l’indigence spirituelle est un privilège si grand que nul ne saurait le décrire.”

      Beaucoup partagent cette opinion, et cet esprit d’abnégation a grandement contribué à l’accomplissement de la prophétie de Jésus selon laquelle la bonne nouvelle du Royaume doit être prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations, avant que vienne la fin. — Mat. 24:14.

      [Note]

      a La Tour de Garde (angl.), 15 février 1943, pp. 60-64.

      [Entrefilet, page 523]

      L’accent est mis sur l’importance de compter entièrement sur Jéhovah et de lui être fidèle.

      [Entrefilet, page 534]

      Un solide sens de l’humour était un atout précieux!

      [Entrefilet, page 539]

      Patience, aide empreinte d’amour, et fermeté au besoin.

      [Entrefilet, page 546]

      “Aider des gens qui vivent réellement dans l’indigence spirituelle est un privilège si grand que nul ne saurait le décrire.”

      [Encadré, page 533]

      Les classes de Galaad

      1943-​1960: École à South Lansing (New York). En 35 classes, 3 639 étudiants originaires de 95 pays ont été diplômés, et la plupart ont été envoyés dans le service missionnaire. Des surveillants de circonscription et de district des États-Unis ont également fait partie de ces classes.

      1961-​1965: École à Brooklyn (New York). En 5 classes, 514 étudiants ont été diplômés; ils ont été envoyés dans des pays où la Société Watch Tower avait des filiales; la plupart se sont vu confier des tâches administratives. Pour 4 de ces classes, les cours ont duré 10 mois; pour une, ils ont duré 8 mois.

      1965-​1988: École à Brooklyn (New York). En 45 classes, qui ont suivi chacune 20 semaines de cours, 2 198 étudiants ont été formés, la plupart pour le service missionnaire.

      1977-​1980: École à Brooklyn (New York). Cours de 5 semaines pour les membres des Comités de filiale. Quatorze classes ont été instruites.

      1980-​1981: École culturelle de Galaad du Mexique; cours de 10 semaines; 3 classes; 72 diplômés d’expression espagnole ont été préparés en vue d’accomplir leur service en Amérique latine.

      1981-​1982, 1984, 1992: Annexe de l’École de Galaad en Allemagne; cours de 10 semaines; 4 classes; 98 étudiants d’expression allemande originaires de différents pays d’Europe.

      1983: Classes en Inde; cours de 10 semaines donnés en anglais; 3 groupes; 70 étudiants.

      1987- : École de formation ministérielle; cours de 8 semaines qui sont donnés en des endroits choisis dans diverses parties du monde. En 1992, des diplômés de cette école accomplissaient déjà leur activité dans plus de 35 pays autres que leur pays d’origine.

      1988- : École à Wallkill (État de New York). Des cours de 20 semaines préparant au service missionnaire y sont actuellement donnés. Il est prévu de transférer cette école au Centre d’enseignement de la Société Watchtower à Patterson (New York), après l’achèvement des travaux.

      [Encadré, page 538]

      Des étudiants venus du monde entier

      Les étudiants qui ont suivi les cours de l’École de Galaad représentent un grand nombre de nationalités et sont venus de plus de 110 pays.

      La première classe internationale a été la sixième, en 1945-​1946.

      On a demandé aux autorités américaines d’autoriser l’admission d’élèves étrangers en leur accordant un visa d’étudiant non immigrant. Cette demande a amené le ministère de l’Éducation des États-Unis à reconnaître que l’École de Galaad dispense une instruction comparable à celle des grandes écoles professionnelles et des établissements d’enseignement. Ainsi, depuis 1953, Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower, figure sur la liste des établissements d’enseignement agréés fournie aux consuls américains du monde entier. Le 30 avril 1954, le nom de cette école a été inclus dans la publication de langue anglaise “Établissements d’enseignement agréés par le ministère de la Justice”.

      [Illustrations, page 522]

      Première classe de l’École de Galaad.

      [Illustration, page 524]

      Albert Schroeder examine les caractéristiques du tabernacle avec des étudiants de Galaad.

      [Illustration, page 525]

      Maxwell Friend donne un cours dans l’amphithéâtre de l’École de Galaad.

      [Illustrations, page 526]

      Les remises des diplômes aux étudiants de Galaad ont été des moments spirituels marquants

      ... lors de grandes assemblées (New York, 1950).

      ... sur le campus de l’école (où l’on voit Nathan Knorr faire un discours devant la bibliothèque de l’école, en 1956).

      [Illustrations, page 527]

      Campus de l’École de Galaad, à South Lansing (New York), dans les années 50.

      [Illustration, page 528]

      Hermon Woodard (à gauche) et John Errichetti (à droite) en prédication en Alaska.

      [Illustration, page 529]

      John Cutforth se servant de supports visuels pour enseigner en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

      [Illustration, page 530]

      Missionnaires en Irlande avec un surveillant de district, en 1950.

      [Illustration, page 530]

      Diplômés en route vers leurs territoires en Extrême-Orient, en 1947.

      [Illustration, page 530]

      Quelques missionnaires et d’autres prédicateurs au Japon, en 1969.

      [Illustrations, page 530]

      Missionnaires au Brésil, en 1956

      ... en Uruguay, en 1954

      ... en Italie, en 1950.

      [Illustration, page 530]

      Les quatre premiers missionnaires formés à Galaad envoyés à la Jamaïque.

      [Illustration, page 530]

      Première maison de missionnaires à Salisbury (aujourd’hui Harare, Zimbabwe), en 1950.

      [Illustration, page 530]

      Malcolm Vigo (Galaad, 1956-​1957) et sa femme Linda Louise; ensemble, ils ont prêché au Malawi, au Kenya et au Nigeria.

      [Illustration, page 530]

      Robert Tracy (à gauche) et Jesse Cantwell (à droite), avec leurs femmes — missionnaires dans le service itinérant en Colombie, en 1960.

      [Illustration, page 532]

      Cours de langue dans une maison de missionnaires en Côte d’Ivoire.

      [Illustration, page 535]

      Ted et Doris Klein, qui ont rencontré de nombreuses personnes désireuses d’entendre la vérité biblique aux îles Vierges américaines en 1947.

      [Illustration, page 536]

      Harvey Logan (devant au centre), avec des Témoins de la tribu Amis devant une Salle du Royaume dans les années 60.

      [Illustration, page 540]

      Victor White, surveillant de district formé à Galaad, donne un discours aux Philippines en 1949.

      [Illustration, page 542]

      Margarita Königer dirige une étude biblique à domicile au Burkina Faso.

      [Illustration, page 543]

      Unn Raunholm, qui est missionnaire depuis 1958, a dû faire face à des foules excitées par un prêtre en Équateur.

      [Illustrations, page 545]

      École de formation ministérielle

      Première classe, Coraopolis (Pennsylvanie, États-Unis), en 1987 (ci-dessus).

      Troisième classe en Grande-Bretagne, à Manchester, en 1991 (à droite).

  • Par la puissance humaine ou par l’esprit de Dieu?
    Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
    • Chapitre 24

      Par la puissance humaine ou par l’esprit de Dieu?

      JÉSUS CHRIST a chargé ses disciples d’une mission qui semblait impossible à remplir. Bien que peu nombreux, ils devaient prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu sur toute la terre habitée (Mat. 24:14; Actes 1:8). Non seulement c’était une tâche colossale, mais elle devait être accomplie en dépit d’obstacles apparemment insurmontables. En effet, comme Jésus le leur a dit sans ambages, ses disciples seraient haïs et persécutés dans toutes les nations. — Mat. 24:9; Jean 15:19, 20.

      Malgré l’opposition qu’ils rencontrent partout, les Témoins de Jéhovah se sont énergiquement appliqués à accomplir l’œuvre annoncée par Jésus. L’ampleur spectaculaire du témoignage déjà donné n’est plus à démontrer. Mais comment cela a-​t-​il été possible? Est-​ce dû à la puissance et à l’ingéniosité humaines, ou bien à l’action de l’esprit de Dieu?

      Le récit biblique relatif au rétablissement du vrai culte à Jérusalem, au VIe siècle avant notre ère, rappelle qu’il ne faut pas sous-estimer le rôle joué par Dieu dans l’accomplissement de sa volonté. Les commentateurs profanes peuvent rechercher d’autres explications à ce qui s’est passé, toutefois, quand il a parlé de la façon dont il réaliserait son dessein, Dieu a poussé le prophète Zacharie à déclarer: “‘Ni par des forces militaires, ni par la puissance, mais par mon esprit’, a dit Jéhovah des armées.” (Zach. 4:6). Les Témoins de Jéhovah n’hésitent pas à dire que c’est ainsi que le message du Royaume est prêché aujourd’hui — ni par la force militaire, ni par l’influence ou le pouvoir d’un éminent groupe d’hommes, mais par l’action de l’esprit de Jéhovah. Est-​ce ce que corroborent les faits?

      “Pas beaucoup de sages selon la chair”

      Lorsqu’il a écrit aux premiers chrétiens de Grèce, l’apôtre Paul a reconnu: “Car vous voyez votre appel, frères: il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair qui ont été appelés, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens de haute naissance; mais Dieu a choisi les choses sottes du monde pour faire honte aux hommes sages; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour faire honte aux choses fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont pas, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.” — 1 Cor. 1:26-29.

      Les apôtres de Jésus eux-​mêmes étaient issus de la classe ouvrière. Quatre d’entre eux étaient pêcheurs de métier. Un autre était collecteur d’impôts, profession que les Juifs méprisaient. Les chefs religieux juifs considéraient les apôtres comme des hommes “non lettrés et des gens ordinaires”, montrant par là que ceux-ci n’avaient pas été instruits dans de grandes écoles (Actes 4:13). Cela ne signifie pas pour autant qu’aucun de ceux qui avaient reçu une plus grande instruction profane ou religieuse n’est devenu chrétien. L’apôtre Paul avait été instruit aux pieds de l’éminent Gamaliel, membre du Sanhédrin (Actes 22:3). Cependant, comme le dit le verset, il n’y en avait “pas beaucoup”.

      D’après l’Histoire, Celse, philosophe romain du IIe siècle de notre ère, tournait en ridicule le fait que ‘des ouvriers, des cordonniers, des cultivateurs, bref, les moins instruits et les plus grossiers, soient prédicateurs de l’Évangile’. (Allgemeine Geschichte der christlichen Religion und Kirche [Histoire générale de la religion chrétienne et de l’Église], Auguste Neander.) Qu’est-​ce qui a encouragé les véritables chrétiens à demeurer des prédicateurs de la bonne nouvelle, en dépit du mépris dont ils étaient l’objet et de la violente persécution qu’ils subissaient sous l’Empire romain? Jésus avait dit que ce serait l’esprit saint de Dieu. — Actes 1:8.

      De même, plus récemment, on a reproché aux Témoins de Jéhovah d’être, pour la plupart, des gens ordinaires dont la position sociale n’en impose à personne. Parmi les premiers serviteurs de Jéhovah des temps modernes à communiquer le message du Royaume, il y eut un cordonnier, au Danemark, ainsi qu’un jardinier, en Suisse et en France. Dans de nombreux pays d’Afrique, le message a été répandu par des ouvriers saisonniers. Ce sont des marins qui l’ont introduit au Brésil. Nombre de Témoins polonais, qui vivaient dans le nord de la France, étaient des mineurs de fond.

      Profondément touchés par ce qu’ils avaient appris sur la Parole de Dieu grâce aux publications de la Société, ils ont voulu démontrer leur amour pour Jéhovah par leur obéissance. Ils ont donc entrepris l’œuvre que, selon la Bible, les véritables chrétiens devaient accomplir. Depuis lors, des millions de gens se sont joints à eux dans cette activité. Tous sont des évangélisateurs.

      Les Témoins de Jéhovah forment la seule organisation religieuse au monde dont tous les membres donnent le témoignage aux non-croyants en s’efforçant de répondre à leurs questions à l’aide de la Bible, et en les incitant à exercer la foi en la Parole de Dieu. D’autres organisations religieuses reconnaissent que c’est là une responsabilité qui incombe à tous les chrétiens. Certaines ont essayé d’encourager leurs adeptes à s’en acquitter. Cependant, seuls les Témoins de Jéhovah le font sans relâche. Qui les dirige, leur donne des conseils, leur accorde son soutien empreint d’amour et leur fait des promesses qui les incitent à accomplir cette tâche que d’autres refusent? Posez-​leur la question. Quel que soit l’endroit où ils vivent, tous vous répondront: “Jéhovah!” À qui le mérite en revient-​il?

      Le rôle joué par les anges a été annoncé

      Lorsqu’il a prédit les événements qui se produiraient pendant la conclusion du système de choses, Jésus a montré que ses disciples, sur la terre, ne seraient pas seuls à participer au rassemblement des amis de la justice. En Matthieu chapitre 13, parlant du rassemblement des derniers humains à avoir part avec lui au Royaume céleste, Jésus a déclaré: “Les moissonneurs, ce sont des anges.” Et quelle étendue aurait le champ dans lequel ils rassembleraient ces “fils du royaume”? “Le champ, c’est le monde”, a expliqué Jésus. Ainsi, ces humains rassemblés viendraient des quatre coins du monde. Cela s’est-​il vraiment réalisé? — Mat. 13:24-30, 36-43.

      Effectivement! Certes, les Étudiants de la Bible n’étaient que quelques milliers lorsque le monde est entré dans ses derniers jours en 1914, mais le message du Royaume qu’ils prêchaient s’est rapidement répandu sur toute la terre. En Orient, dans différents pays d’Europe, d’Afrique et d’Amérique, ainsi que dans les îles, des gens ont saisi l’occasion qui leur était offerte de servir la cause du Royaume de Dieu et se sont rassemblés en une organisation unifiée.

      En Australie occidentale, par exemple, Bert Horton a entendu parler du message du Royaume. La religion, telle qu’il la connaissait, ne l’intéressait pas; il était engagé dans des activités politiques et syndicales. Cependant, quand sa mère lui a donné Le divin Plan des Âges, livre publié par la Société Watch Tower, et qu’il a commencé à le lire ainsi que la Bible, il a compris qu’il avait trouvé la vérité. Spontanément, il en a parlé à ses collègues de travail. Lorsqu’il a réussi à prendre contact avec les Étudiants de la Bible, il s’est joint à eux avec plaisir. Il s’est fait baptiser en 1922, a entrepris le ministère à plein temps et s’est proposé de servir là où l’organisation de Jéhovah le lui demanderait.

      À l’autre bout de la terre, en 1923, William Brown, qui prêchait déjà aux Antilles, s’est rendu en Afrique pour y faire connaître le message du Royaume. Il n’était pas un prédicateur indépendant qui s’acquittait d’une mission à titre personnel. Il collaborait avec le peuple organisé de Jéhovah. Il s’était offert à servir là où il serait utile, et, à la demande du siège mondial de la Société, il a accepté de se rendre en Afrique occidentale. Ceux qui ont personnellement tiré profit de son ministère ont aussi compris l’importance de collaborer étroitement avec l’organisation de Jéhovah.

      La bonne nouvelle du Royaume a également été prêchée en Amérique du Sud. Hermán Seegelken, qui vivait dans la province de Mendoza, en Argentine, était depuis longtemps conscient de l’hypocrisie existante au sein des Églises catholique et protestantes. Cependant, en 1929, il a entendu le message relatif au Royaume, l’a accepté avec enthousiasme et, uni aux serviteurs de Jéhovah du monde entier, a commencé à en faire part à autrui. Des faits semblables se sont produits partout dans le monde. Bien que dispersés sur le plan géographique et poursuivant des voies différentes, des gens “de toute tribu, et langue, et peuple, et nation” ont entendu et se sont offerts à servir Dieu. Ils se sont rassemblés en une organisation unifiée pour accomplir l’œuvre qui, selon ce qu’avait annoncé Jésus, aurait lieu à cette époque (Rév. 5:9, 10). Comment se fait-​il que ce message soit si répandu?

      La Bible dit que les anges de Dieu joueraient un rôle capital dans ce domaine. C’est pourquoi la bonne nouvelle du Royaume se propagerait dans le monde comme une sonnerie de trompette d’une origine suprahumaine. En fait, dès 1935, elle avait pénétré dans 149 pays — au nord, au sud, à l’est et à l’ouest, d’une extrémité de la terre à l’autre.

      Au début, seul un “petit troupeau” a vraiment attaché de la valeur au Royaume de Dieu et a désiré servir sa cause. C’est ce que la Bible avait annoncé. À présent, “une grande foule” toujours plus nombreuse, des millions de personnes issues de toutes nations, se joint à lui. C’est aussi ce que la Parole de Dieu avait prédit (Luc 12:32; Jean 10:16; Rév. 7:9, 10). Les membres de cette grande foule ne professent pas la même religion, tout en permettant aux idées et aux philosophies qui divisent le monde actuel d’être pour eux une cause de désunion. Non, les Témoins de Jéhovah ne se contentent pas de parler du Royaume de Dieu tout en plaçant leur confiance dans les dirigeants humains. Ils obéissent à Dieu comme à un chef, même au prix de leur vie. La Bible montre clairement que le rassemblement des personnes qui ‘craignent Dieu et lui donnent gloire’ devait se faire sous la direction des anges (Rév. 14:6, 7). Les Témoins sont fermement convaincus que cela s’accomplit aujourd’hui.

      À maintes reprises, ils ont eu la preuve qu’ils étaient guidés par les cieux dans l’exercice de leur ministère. Par exemple, un dimanche matin, à Rio de Janeiro (Brésil), un groupe de Témoins s’apprêtait à cesser son activité de prédication de porte en porte, lorsqu’une chrétienne a dit: “Je vais continuer encore un peu. Je ne sais pas pourquoi, mais je tiens à aller à cette maison.” Le Témoin qui dirigeait le groupe lui a suggéré d’y aller un autre jour, mais la proclamatrice a insisté. À la porte, elle a trouvé une femme en larmes qui lui a dit qu’elle venait juste de prier afin de recevoir de l’aide. Cette femme avait déjà reçu la visite des Témoins, mais elle n’avait manifesté aucun intérêt pour le message biblique. C’est la perte soudaine de son mari qui lui avait fait prendre conscience de ses besoins spirituels. Elle avait cherché la Salle du Royaume, mais sans succès. Avec sincérité, elle priait Dieu de l’aider, et voici qu’elle trouvait cette aide à sa porte. Peu de temps après, elle s’est fait baptiser. Elle était sûre que Dieu avait entendu sa prière et accompli ce qu’il fallait pour l’exaucer. — Ps. 65:2.

      Une Allemande Témoin de Jéhovah, qui vivait à New York, avait l’habitude de demander à Dieu sa direction lorsqu’elle participait au ministère. Depuis des semaines, elle cherchait dans la rue une femme qui avait manifesté de l’intérêt pour la Bible, mais dont elle ne connaissait pas l’adresse. Puis un jour, en 1987, au moment où elle commençait son ministère, cette proclamatrice a adressé à Dieu cette prière: “Jéhovah, tu sais où elle est. S’il te plaît, aide-​moi à la trouver.” Quelques minutes plus tard, elle a vu la femme assise dans un restaurant.

      N’était-​ce qu’une coïncidence? La Bible dit que les véritables chrétiens sont les “collaborateurs de Dieu” et que les anges sont envoyés “pour servir ceux qui vont hériter du salut”. (1 Cor. 3:9; Héb. 1:14.) Après que la proclamatrice lui eut expliqué comment elle l’avait retrouvée, la femme a immédiatement accepté son invitation à prendre le temps d’examiner la Bible.

      La bonne nouvelle atteint des ‘territoires inaccessibles’

      Les Témoins de Jéhovah sont déterminés à prêcher le message du Royaume dans tous les pays. Cependant, leurs seuls efforts n’expliquent pas ce qu’ils ont réussi à faire. Ils ont vu le message du Royaume se répandre dans des régions où, dans un premier temps, leurs efforts attentifs avaient été battus en brèche.

      Par exemple, dans les années 20 et 30, des démarches officielles ont été faites à plusieurs reprises auprès des hauts fonctionnaires de ce qui était alors l’Union soviétique, afin d’obtenir l’autorisation d’y expédier des publications bibliques ou de les imprimer sur place. À l’époque, la réponse était toujours négative. Le pays comptait bien quelques Témoins de Jéhovah, mais ils avaient grand besoin d’aide pour s’acquitter de l’œuvre de prédication annoncée par la Parole de Dieu. Quelque chose pouvait-​il être fait?

      À la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Polonais, dont un millier de Témoins de Jéhovah, qui vivaient dans l’est du pays, se sont retrouvés en Union soviétique. Dans le camp de concentration de Ravensbrück, des centaines de jeunes femmes russes ont fait connaissance avec des détenues Témoins de Jéhovah. Certaines se sont vouées à Jéhovah durant cette période et, plus tard, sont retournées dans différentes régions d’Union soviétique. Des centaines d’autres se sont retrouvées dans ce pays parce que les frontières nationales avaient changé pendant la guerre. Ce n’était pas ce que souhaitait le gouvernement soviétique. Le Collège central des Témoins de Jéhovah ne l’avait pas prévu. Cependant, cette situation a permis l’accomplissement de ce que la Parole inspirée de Dieu avait annoncé. À ce sujet, La Tour de Garde a dit: “Ainsi, on voit que dans sa providence le Seigneur peut susciter des témoins dans n’importe quel pays pour tenir bien haut l’étendard de la vérité et faire connaître le nom de Jéhovah.” — 1er février 1946 (en anglais).

      Ce pays n’est pas le seul à avoir dit aux Témoins de Jéhovah: ‘Vous ne pouvez pas venir ici’ ou ‘vous ne pouvez pas prêcher ici’. Cela s’est produit maintes et maintes fois sur toute la terre, dans des dizaines de pays, souvent à la suite des pressions exercées par le clergé sur les fonctionnaires de l’État. Certains de ces pays ont plus tard accordé un statut juridique aux Témoins de Jéhovah. Cependant, avant même qu’ils ne le fassent, des milliers de leurs habitants avaient déjà embrassé le culte de Jéhovah, le Créateur des cieux et de la terre. Comment cela a-​t-​il été possible?

      La Bible explique clairement que les anges jouent un rôle capital en lançant à des gens de toutes nations cet appel urgent: “Craignez Dieu et donnez-​lui gloire, car elle est venue l’heure de son jugement, et adorez Celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les sources d’eaux.” — Rév. 14:6, 7.

      Du succès en dépit d’obstacles apparemment insurmontables

      Dans certains pays, les Témoins de Jéhovah ne se sont pas simplement heurtés à l’interdiction de leur ministère public, mais aussi à des tentatives visant à les éliminer complètement.

      Au cours de la Première Guerre mondiale, le clergé a engagé une action de grande envergure aux États-Unis et au Canada en vue de mettre fin à l’œuvre des Étudiants de la Bible, comme on appelait alors les Témoins de Jéhovah. Ce fait est de notoriété publique. Bien que la liberté de parole et de culte fût accordée par la loi, le clergé a poussé les autorités à interdire les publications des Étudiants de la Bible. Beaucoup ont été arrêtés et détenus sans pouvoir verser de caution; d’autres ont été cruellement battus. Les administrateurs de la Société Watch Tower et leurs proches collaborateurs ont été condamnés à de longues peines de prison à la suite de procès qui, plus tard, se sont révélés entachés d’irrégularités. Dans son livre Preachers Present Arms (Les prédicateurs présentent les armes), Ray Abrams a déclaré: “Quand on analyse toute l’affaire, on arrive à la conclusion que les Églises et le clergé étaient les auteurs du mouvement visant à supprimer les Russellistes.” Cependant, après la guerre, les Étudiants de la Bible ont ressurgi avec plus de force que jamais pour proclamer Jésus Christ, le Roi établi par Jéhovah, et son Royaume. D’où leur venait cette force renouvelée? La Bible avait annoncé cette situation et avait dit qu’elle résulterait de l’action de ‘l’esprit de vie qui vient de Dieu’. — Rév. 11:7-11.

      Après l’accession au pouvoir des nazis en Allemagne, la persécution des Témoins de Jéhovah s’est intensifiée dans les pays qui sont tombés sous leur domination. Les arrestations et les mauvais traitements se sont succédé. L’œuvre des Témoins a été interdite. Finalement, en octobre 1934, les congrégations des Témoins de Jéhovah de toute l’Allemagne ont envoyé au gouvernement des lettres recommandées expliquant clairement qu’ils ne poursuivaient aucun dessein politique, mais qu’ils étaient déterminés à obéir à Dieu comme à un chef. En même temps, des congrégations de Témoins de Jéhovah du monde entier ont envoyé des télégrammes pour soutenir leurs frères chrétiens d’Allemagne.

      Ce jour-​là, le 7 octobre 1934, dans le bureau de Wilhelm Frick, à Berlin, les poings serrés, Hitler a déclaré à propos des Témoins de Jéhovah: “Cette engeance sera exterminée en Allemagne!” Ce n’était pas une menace en l’air. Des arrestations massives ont eu lieu. D’après une note confidentielle de la police secrète de l’État prussien, datée du 24 juin 1936, une “Section spéciale de la Gestapo” a été formée afin de lutter contre les Témoins. Après une préparation intensive, la Gestapo a déclenché sa campagne visant à arrêter tous les Témoins de Jéhovah et tous les gens soupçonnés de l’être. Durant cette offensive, tous les services de police ont été mobilisés, laissant les criminels agir impunément.

      D’après les rapports, quelque 6 262 Témoins allemands ont été arrêtés. Karl Wittig, ancien fonctionnaire de l’État allemand qui a lui-​même été incarcéré dans plusieurs camps de concentration, a écrit plus tard: “Aucune catégorie de détenus n’a été exposée (...) au sadisme de la soldatesque SS comme le furent les Étudiants de la Bible; un sadisme caractérisé par une suite ininterrompue de tortures physiques et morales qu’aucune langue du monde ne saurait décrire.”

      Quel en a été le résultat? Dans un livre publié en 1982, Christine King tire cette conclusion: “Seuls les Témoins [à l’inverse des autres groupes religieux] ont infligé un échec au gouvernement.” Hitler avait juré qu’il les exterminerait, et des centaines ont été tués. Néanmoins, Christine King écrit: “L’œuvre [la prédication du Royaume de Dieu] s’est poursuivie et, en mai 1945, le mouvement des Témoins de Jéhovah existait encore, alors que le national-socialisme n’était plus.” Et de souligner: “Cela sans compromis.” (The Nazi State and the New Religions: Five Case Studies in Non-Conformity [L’État nazi et les nouvelles religions: Étude portant sur cinq cas de non-conformisme]). Pourquoi Hitler, avec son armée bien équipée, sa police extrêmement entraînée et ses nombreux camps d’extermination, n’a-​t-​il pas réussi à mettre à exécution sa menace de détruire ce groupe, relativement petit et inoffensif, de gens que le monde considère comme ordinaires? Pourquoi d’autres nations n’ont-​elles pu mettre un terme à leur activité? Pourquoi l’ensemble des Témoins de Jéhovah en tant que groupe, et pas seulement quelques-uns individuellement, sont-​ils restés inébranlables face à une violente persécution?

      La réponse se trouve dans le sage conseil que Gamaliel, un enseignant de la Loi, a donné aux autres membres du Sanhédrin qui traitaient une affaire semblable concernant les apôtres de Jésus Christ. Il a dit: “Ne vous occupez pas de ces hommes, mais laissez-​les aller (car si ce dessein ou cette œuvre vient des hommes, elle sera renversée; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les renverser); autrement, on vous trouvera peut-être en train de combattre contre Dieu.” — Actes 5:38, 39.

      Ainsi, l’Histoire révèle que l’œuvre apparemment impossible que Jésus a confiée à ses disciples s’accomplit en dépit d’obstacles qui semblaient insurmontables, non par la puissance humaine mais par l’esprit de Dieu. De fait, dans une prière adressée à Dieu, Jésus a dit: “Père, toutes choses te sont possibles.” — Marc 14:36.

  • La prédication en public et de maison en maison
    Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
    • Chapitre 25

      La prédication en public et de maison en maison

      QUAND Jésus Christ a envoyé ses disciples en mission, il leur a donné cette instruction: “Chemin faisant, prêchez en disant: ‘Le royaume des cieux s’est approché.’” (Mat. 10:7). Il a également donné un ordre prophétique pour les vrais chrétiens qui vivraient pendant la conclusion du système de choses quand il a déclaré: “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage.” (Mat. 24:14). Qu’entendait-​il par là?

      Il ne voulait pas dire que ses disciples devraient bâtir des églises, sonner une cloche et attendre qu’une assemblée de fidèles se réunisse une fois par semaine pour les écouter prononcer un sermon. Le verbe grec traduit ici par ‘prêcher’ (kêrussô) a pour sens premier “faire une proclamation en qualité de héraut”. Ce mot ne signifie pas prononcer des sermons devant un petit groupe de disciples, mais plutôt faire une déclaration publique.

      Par son exemple, Jésus a montré comment il fallait prêcher. Il s’est rendu dans des lieux où il pouvait rencontrer du monde. Au Ier siècle, les gens se réunissaient régulièrement dans les synagogues pour écouter la lecture des Écritures. À plusieurs reprises, Jésus a saisi l’occasion de leur prêcher en ces lieux, non pas dans une ville seulement, mais dans les villes et les villages de toute la Galilée et de la Judée (Mat. 4:23; Luc 4:43, 44; Jean 18:20). Les Évangiles rapportent qu’il a prêché plus souvent encore au bord de la mer, à flanc de montagne, sur la route, dans les villages et chez ceux qui le recevaient. Partout où il trouvait des gens, il parlait des dispositions prises par Dieu en faveur de l’humanité (Luc 5:3; 6:17-49; 7:36-50; 9:11, 57-62; 10:38-42; Jean 4:4-26, 39-42). Et quand il a envoyé ses disciples prêcher, il leur a dit d’aller dans les foyers afin de chercher les personnes qui étaient dignes du message et de leur donner le témoignage au sujet du Royaume de Dieu. — Mat. 10:7, 11-13.

      À notre époque, les Témoins de Jéhovah s’efforcent de suivre le modèle laissé par Jésus et ses disciples du Ier siècle.

      L’annonce de la présence du Christ

      Lorsque Charles Russell et ses compagnons ont commencé à discerner l’harmonieux modèle de vérité exposé dans la Parole de Dieu, ils ont été profondément touchés par ce qu’ils apprenaient sur le but et la manière du retour du Christ. Frère Russell a compris, et la nécessité de faire connaître ces choses, et la grande urgence de cette œuvre. C’est pourquoi il s’est organisé pour se déplacer là où il pourrait exprimer ces vérités bibliques devant des groupes d’auditeurs. Il a assisté à des rassemblements religieux en plein air où il a pu prendre la parole, tout comme Jésus avait prêché dans les synagogues. Cependant, il s’est vite rendu compte qu’il était possible de donner un plus grand témoignage d’autres façons encore. Son étude des Écritures lui a fait comprendre que Jésus et ses apôtres avaient accompli la majeure partie de leur prédication en ayant des conversations particulières avec les gens et en allant de maison en maison. Il a aussi discerné l’importance de faire suivre l’entretien par la remise d’un écrit à l’interlocuteur.

      Déjà en 1877, il avait publié la brochure The Object and Manner of Our Lord’s Return (Le but et la manière du retour de notre Seigneur). Deux ans plus tard, il a entrepris de publier régulièrement le périodique Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ. En effet, son objectif était de prêcher des nouvelles capitales concernant la présence du Christ, d’en être le messager.

      Dès 1881, les Étudiants de la Bible ont distribué gratuitement leurs publications près des églises — pas devant l’entrée, mais à proximité, de telle sorte que les gens portés sur les questions religieuses en reçoivent. Beaucoup d’Étudiants de la Bible remettaient ces publications à leurs connaissances ou les expédiaient par la poste. En 1903, La Tour de Garde leur a recommandé de distribuer les tracts à tout le monde, de maison en maison, plutôt que de concentrer leurs efforts sur les gens qui assistaient aux offices. Si tous les Étudiants de la Bible ne l’ont pas fait, beaucoup ont néanmoins suivi cette exhortation avec un zèle véritable. Ainsi, on a signalé que le témoignage a été donné dans presque chaque foyer d’un certain nombre de grandes villes des États-Unis et de leur banlieue, dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres ou plus. Des millions et des millions de tracts ou de brochures ont ainsi été distribués. À l’époque, la plupart des Étudiants de la Bible qui proclamaient la bonne nouvelle le faisaient en participant d’une façon ou d’une autre à la distribution gratuite de tracts et de divers imprimés.

      D’autres Étudiants de la Bible, en nombre plus restreint, étaient des évangélisateurs-colporteurs; ils consacraient une grande partie de leur temps à cette œuvre.

      Des colporteurs zélés donnent l’exemple

      C’est en avril 1881 qu’a été lancé le premier appel invitant des hommes et des femmes voués à Dieu à utiliser une bonne partie de leur temps à ce service. Ils proposaient aux gens, chez eux, dans les commerces et dans les bureaux, un petit livre expliquant les vérités bibliques, ainsi que l’abonnement à La Tour de Garde. Leur objectif était de rechercher les personnes affamées de vérité et de les éclairer. Dans un premier temps, ils essayaient d’en dire juste assez pour stimuler l’intérêt, laissaient dans chaque foyer une série de publications pour que la personne les examine, puis revenaient quelques jours plus tard. Certains leur rendaient les ouvrages; d’autres voulaient les acquérir; quoi qu’il en soit, il était souvent possible de converser. La Tour de Garde définissait ainsi l’objectif de ces évangélisateurs: “Le but n’est pas de vendre des séries de livres ni d’obtenir des abonnements, mais de faire connaître la vérité en amenant les gens à lire.”

      Les colporteurs étaient relativement peu nombreux. Durant les 30 premières années, leur nombre a varié entre une poignée et 600 environ. Ces colporteurs étaient des pionniers au vrai sens du terme; ils ouvraient de nouveaux territoires. Anna Andersen a persévéré dans ce service pendant des dizaines d’années; se déplaçant généralement à bicyclette, elle a annoncé la bonne nouvelle dans presque toutes les villes de Norvège. D’autres colporteurs se sont expatriés et ont été les premiers à proclamer le message dans des pays comme la Finlande, la Barbade, le Salvador, le Guatemala, le Honduras et la Birmanie (le Myanmar). Il en est aussi qui n’étaient pas libres de se déplacer, mais qui ont été des évangélisateurs-colporteurs dans leur région.

      Les colporteurs ont accompli une activité remarquable. En 1898, l’un d’eux, qui prêchait sur la côte ouest des États-Unis, a écrit que durant les 33 mois précédents il avait parcouru presque 13 000 kilomètres en voiture à cheval, donné le témoignage dans 72 villes, eu 18 000 entretiens, laissé 4 500 livres, obtenu 125 abonnements, distribué 40 000 tracts et vu 40 personnes non pas simplement accepter le message, mais aussi commencer à le communiquer à autrui. En Australie, un couple de prédicateurs a réussi en seulement deux ans et demi à remettre 20 000 livres à des personnes bien disposées.

      Était-​il exceptionnel de distribuer beaucoup de publications? Le rapport pour 1909 montre qu’environ 625 colporteurs (leur nombre total à l’époque) ont reçu de la Société cette année-​là 626 981 livres à distribuer (soit une moyenne de plus de mille par colporteur), outre un grand nombre d’imprimés gratuits. Souvent, ils ne pouvaient pas transporter assez de livres de maison en maison; ils prenaient donc des commandes et revenaient les livrer ultérieurement.

      Néanmoins, certains objectaient: “Ce n’est pas cela, prêcher!” Mais en fait, comme frère Russell l’a expliqué, il s’agissait d’une prédication des plus efficaces. Au lieu d’entendre un seul sermon, les gens en recevaient de nombreux sous forme écrite et ils pouvaient ainsi les lire et les relire tout en vérifiant leur contenu dans leur propre exemplaire de la Bible. Il s’agissait d’une méthode d’évangélisation qui prenait en compte le niveau d’instruction qui permettait désormais au public de lire. À ce sujet, voici ce que déclarait le livre La Nouvelle Création: “Le fait que ces [évangélisateurs] travaillent dans des conditions adaptées à notre époque, au lieu de le faire comme on le faisait dans le passé, n’est pas un argument contre ce travail, pas plus que le fait de voyager aujourd’hui par la vapeur ou l’électricité au lieu de voyager à pied ou à cheval. L’évangélisation se fait par la présentation de la Vérité, (...) de la Parole de Dieu.”

      Les Étudiants de la Bible désiraient sincèrement aider leurs semblables, comme en témoigne la minutie avec laquelle ils en sont venus à effectuer leur prédication. La Tour de Garde du 1er mars 1917 (en anglais) décrivait leur activité comme suit: Dans un premier temps, les colporteurs rendaient visite aux habitants d’une certaine région et leur proposaient des tomes des Études des Écritures. Ensuite, des ouvriers pastorauxa rendaient visite aux gens qui avaient décliné leur identité aux colporteurs ou lors de réunions publiques. Ils essayaient de stimuler en eux le désir de lire la publication, encourageaient ceux qui manifestaient de l’intérêt à assister à des discours prévus spécialement, et s’efforçaient d’organiser des classes d’étude béréenne de la Bible. Ensuite, dans la mesure du possible, les colporteurs parcouraient de nouveau la même région; ils étaient suivis par les ouvriers pastoraux qui restaient en relation avec les personnes intéressées par le message. Par la suite, d’autres ouvriers d’ecclésia rendaient visite aux mêmes personnes pour leur remettre de la “littérature gratuite”, comme ils appelaient les tracts et autres écrits qu’ils distribuaient gracieusement. Ainsi, chacun pouvait obtenir au moins un imprimé susceptible de lui donner envie d’en apprendre davantage sur le dessein de Dieu.

      Quand il n’y avait qu’un ou deux colporteurs dans une région où ne se trouvait aucune congrégation, ils entretenaient souvent eux-​mêmes l’intérêt suscité. Ainsi, en 1908, quand Hermann Herkendell et son compagnon sont allés faire œuvre de colporteurs à Bielefeld (Allemagne), ils avaient pour instruction de mettre en relation entre elles les personnes bien disposées de l’endroit et de former une congrégation. Quelques années plus tard, La Tour de Garde a signalé que d’autres colporteurs accordaient une telle attention individuelle aux gens intéressés par le message que, dans toutes les villes où ils passaient, ils laissaient derrière eux une classe d’Étudiants de la Bible.

      En 1921 est paru un ouvrage fort utile pour accomplir cette activité: La Harpe de Dieu. Ce livre spécialement conçu pour les débutants dans l’étude de la Bible a été publié à 5 819 037 exemplaires, en 22 langues. Pour aider ceux qui entraient en possession de cette publication, la Société a préparé un cours par correspondance permettant d’étudier la Bible par sujets. Il consistait en 12 questionnaires, qui étaient expédiés sur une période de 12 semaines. Étaient également prévues des discussions bibliques en groupe sur la base de ce livre au domicile des personnes qui manifestaient de l’intérêt. Généralement, plusieurs Étudiants de la Bible assistaient à ce genre d’étude.

      Les Témoins étaient bien conscients que le champ était immense, mais qu’ils étaient peu nombreux. — Luc 10:2.

      Beaucoup entendent le message alors que les prédicateurs sont peu nombreux

      La Tour de Garde a montré que les authentiques chrétiens oints de l’esprit avaient reçu de Dieu la responsabilité de trouver et d’aider tous les gens qui étaient des chrétiens sincères, pratiquants ou non (És. 61:1, 2). Comment y parviendraient-​ils?

      Les deux Étudiants de la Bible (J. Sunderlin et J. Bender) qui ont été envoyés en Angleterre en 1881 n’auraient pas pu faire grand-chose tout seuls; mais avec l’aide de centaines de jeunes hommes dont on avait loué les services, ils ont fait en sorte que 300 000 exemplaires de Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis) soient rapidement distribués. Adolf Weber, qui est retourné en Suisse au milieu des années 1890 pour y prêcher la bonne nouvelle, devait s’occuper d’un vaste territoire s’étendant sur plusieurs pays. Comment a-​t-​il fait pour le parcourir entièrement? Il a lui-​même voyagé comme colporteur, mais a aussi fait paraître des annonces dans les journaux et pris des dispositions pour que des libraires incluent des publications de la Société Watch Tower dans leurs collections. En 1907, le petit groupe d’Étudiants de la Bible allemands a fait en sorte que 4 850 000 tracts de quatre pages soient expédiés avec des journaux. Peu après la Première Guerre mondiale, un frère letton qui faisait partie des volontaires travaillant au siège mondial de la Société, à New York, a fait insérer à ses frais des annonces dans les journaux de son pays natal. C’est un homme ayant répondu à l’une de ces annonces qui est devenu le premier Étudiant de la Bible en Lettonie. Cependant, l’utilisation de telles méthodes publicitaires ne remplaçait pas le témoignage donné à titre individuel et la recherche de maison en maison de ceux qui étaient dignes du message. Elle servait plutôt à amplifier l’effet de la proclamation.

      Toutefois, on ne faisait pas paraître que des annonces dans les journaux. Durant les années qui ont précédé la Première Guerre mondiale, les sermons de frère Russell ont été publiés régulièrement, sous sa direction, dans la presse. En peu de temps, le nombre des journaux qui les reproduisaient s’est accru de façon spectaculaire: il s’est élevé à plus de 2 000. Ces journaux représentaient en tout 15 000 000 de lecteurs aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie et en Afrique du Sud. Était-​il possible de faire plus? Frère Russell le pensait.

      En janvier 1914, au bout de deux ans de préparatifs, est sorti le “Photo-Drame de la Création”. Il était présenté en quatre parties. Ce spectacle de huit heures consistait en une projection de films et de vues fixes synchronisée avec des commentaires enregistrés. C’était vraiment une production extraordinaire destinée à faire prendre conscience aux spectateurs de la valeur inestimable de la Bible et du dessein divin expliqué dans ses pages. Les séances étaient programmées de telle sorte qu’il pouvait y en avoir dans 80 villes chaque jour. Elles étaient annoncées au moyen des journaux, d’une profusion d’affiches apposées dans les vitrines et aux fenêtres, et d’un grand nombre d’écrits distribués gratuitement dans le but de susciter l’intérêt pour le “Photo-Drame”. Partout où il a été présenté, des foules se sont déplacées pour le voir. En un an, il a été vu par plus de 8 000 000 de personnes aux États-Unis et au Canada, et on signalait qu’il était projeté devant des salles combles en Grande-Bretagne et sur le continent européen, ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande. Par la suite, une version abrégée du “Photo-Drame” (sans les films) a été utilisée dans les petites villes et les régions rurales. Le Drame a continué d’être présenté en diverses langues pendant une vingtaine d’années au moins. Il a suscité un grand intérêt; de nombreuses personnes bien disposées ont laissé leur adresse et ont reçu une visite par la suite.

      Puis, dans les années 20, un autre instrument qui allait permettre de donner une très large diffusion au message du Royaume a vu le jour. Frère Rutherford était convaincu que la main du Seigneur était pour quelque chose dans son apparition. De quoi s’agissait-​il? De la radio. Moins de deux ans après que les premières stations radiophoniques commerciales eurent commencé à émettre régulièrement (en 1920), Joseph Rutherford, le président de la Société Watch Tower, a pris la parole à la radio pour répandre la vérité biblique. C’était là un moyen de toucher simultanément des millions de personnes. Deux ans plus tard, en 1924, la Société disposait de sa propre station de radio, la WBBR, à New York. En 1933, 408 stations, un nombre record, étaient utilisées pour diffuser le message sur tous les continents. Outre les émissions en direct, on diffusait des programmes préenregistrés traitant de quantité de sujets. On donnait une grande publicité à ces émissions en distribuant des annonces imprimées afin que les gens soient informés de leur existence et les écoutent. Elles ont renversé de nombreux préjugés et ont ouvert les yeux des personnes sincères. Beaucoup, par crainte de leurs voisins et du clergé, n’osaient pas assister aux réunions organisées par les Étudiants de la Bible, mais cela ne les empêchait pas d’écouter la radio chez elles. Les émissions radiophoniques ne rendaient pas superflue la prédication de maison en maison; mais elles ont fait pénétrer la vérité biblique en des endroits difficiles d’accès, et elles fournissaient d’excellentes entrées en matière aux Témoins quand ils rendaient personnellement visite aux gens.

      Chacun a la responsabilité de témoigner

      La Tour de Garde soulignait depuis des dizaines d’années que chacun avait la responsabilité de prendre individuellement part à l’œuvre de témoignage. Mais à partir de 1919, ce point a été constamment rappelé dans les publications et aux assemblées. Malgré tout, beaucoup trouvaient difficile d’engager la conversation avec des inconnus à leur porte, et au début seul un nombre limité d’Étudiants de la Bible participaient régulièrement à la prédication de maison en maison.

      Des encouragements chaleureux tirés des Écritures ont été donnés. Dans ses numéros de mars et d’avril 1920 (1er et 15 août 1919 en anglais), La Tour de Garde contenait l’article intitulé “Heureux ceux qui ne craignent pas”. Elle mettait ses lecteurs en garde contre la crainte de l’homme, attirait leur attention sur les 300 courageux soldats de Gédéon qui s’étaient montrés vigilants, prêts à servir de la façon préconisée par le Seigneur, quelle qu’elle soit, et ce alors que tout semblait les désavantager. Elle louait également la confiance totale qu’Élisée avait placée en Jéhovah (Juges 7:1-25; 2 Rois 6:11-19; Prov. 29:25). En 1921, l’article “Ayez bon courage” soulignait que servir du côté du Seigneur contre les forces sataniques des ténèbres en participant à l’œuvre annoncée en Matthieu 24:14 est non seulement un devoir, mais un privilège. Ceux qui, en raison de leur situation, ne pouvaient participer que dans une mesure limitée à cette activité étaient exhortés à ne pas se décourager et, dans le même temps, à ne pas se retenir de faire tout ce qu’ils pouvaient.

      Au moyen d’articles bibliques directs, La Tour de Garde amenait tous ceux qui disaient être des serviteurs de Dieu oints à prendre conscience de leur responsabilité d’être des prédicateurs du Royaume de Dieu. L’édition anglaise du 15 août 1922 contenait un article concis et précis intitulé “Le service est essentiel”. Il y était question du service consistant, comme celui du Christ, à rendre visite à d’autres personnes à leur domicile pour leur parler du Royaume de Dieu. Plus tard au cours de la même année, il a été montré que, pour avoir de la valeur aux yeux de Dieu, ce service doit être motivé par l’amour (1 Jean 5:3). Un article publié dans le numéro d’octobre 1926 déclarait que Dieu ne se laisse pas impressionner par un culte formaliste; ce qu’il demande, c’est qu’on lui obéisse, et notamment qu’on fasse grand cas de tous les moyens qu’il utilise pour accomplir son dessein (1 Sam. 15:22). Environ un an après, à l’examen du sujet “Mission des chrétiens sur la terre”, l’attention des lecteurs a été attirée sur le rôle que Jésus joue en tant que “témoin fidèle et vrai” et sur le fait que l’apôtre Paul a prêché “en public et de maison en maison”. — Rév. 3:14; Actes 20:20.

      Les prédicateurs étaient invités à apprendre par cœur les présentations détaillées suggérées dans le Bulletin, leur feuillet mensuel d’instructions pour le service. Ils étaient encouragés à participer à la prédication régulièrement chaque semaine. Au début, toutefois, ceux qui témoignaient vraiment en allant de maison en maison étaient peu nombreux, et certains de ceux qui ont commencé à le faire n’ont pas persévéré. Aux États-Unis, par exemple, la moyenne hebdomadaire des prédicateurs s’élevait à 2 712 en 1922. Mais en 1924, ce chiffre était tombé à 2 034. En 1926, la moyenne était de 2 261, avec un maximum de 5 937 durant une semaine d’activité spéciale.

      Puis, fin 1926, la Société a commencé à encourager les congrégations à réserver une partie du dimanche pour la prédication en groupe et à présenter ce jour-​là non seulement des tracts, mais aussi des livres d’étude biblique. En 1927, La Tour de Garde a exhorté les membres fidèles des congrégations à retirer la charge d’ancien à tous ceux dont les paroles ou les actions montraient qu’ils n’acceptaient pas la responsabilité de prêcher en public et de maison en maison. Ainsi, les sarments qui ne portaient pas de fruit ont été enlevés, en quelque sorte, et les autres ont été taillés de manière à produire plus de fruit à la louange de Dieu (voir l’illustration de Jésus consignée en Jean 15:1-10). Y a-​t-​il eu effectivement davantage de louanges adressées à Jéhovah en public? En 1928, la moyenne hebdomadaire des prédicateurs s’est accrue de 53 % aux États-Unis.

      Les Témoins ne se contentaient plus de remettre un écrit gratuit et de poursuivre leur chemin. Un plus grand nombre d’entre eux parlaient brièvement aux personnes, s’efforçaient de susciter leur intérêt pour le message de la Bible, puis proposaient des livres.

      Indéniablement, ces premiers Témoins étaient courageux; certes, tous ne faisaient pas preuve de tact, mais ils se démarquaient des autres groupements religieux. Ils ne se bornaient pas à dire que chacun devait témoigner de sa foi. Ils étaient de plus en plus nombreux à le faire.

      Cartes de témoignage et phonographes

      Fin 1933, les Témoins ont inauguré une autre méthode de prédication. En guise d’entrée en matière, ils tendaient aux gens une carte de témoignage sur laquelle était imprimé un bref message qu’ils les invitaient à lire. Cette carte était surtout d’une grande aide pour les nouveaux prédicateurs, qui ne recevaient pas une grande formation à l’époque. Généralement, quand la personne avait lu la carte, ils ne lui adressaient que quelques paroles; certains parlaient davantage, en se servant de la Bible. Cette méthode a continué d’être utilisée pendant une bonne partie des années 40. Elle permettait aux Témoins de parcourir rapidement le territoire, de toucher davantage de gens, de distribuer un grand nombre de précieuses publications bibliques, de donner un témoignage uniforme, et même de présenter le message à des gens dont ils ne parlaient pas la langue. Cette méthode a aussi donné lieu à des situations embarrassantes: il arrivait que les personnes conservent la carte et referment leur porte, ce qui obligeait le Témoin à frapper de nouveau pour la récupérer.

      Les discours bibliques phonographiques ont également joué un grand rôle dans les années 30 et au début des années 40. En 1934, certains Témoins ont commencé à prêcher avec un phonographe portatif. Comme cet appareil était assez lourd, ils le laissaient dans leur voiture ou à un endroit approprié jusqu’à ce qu’ils trouvent des gens désireux d’écouter un discours biblique phonographique. Puis, en 1937, on a commencé à utiliser un phonographe portatif à la porte même des maisons. C’était simple. Après avoir dit qu’il était porteur d’un message biblique important, le Témoin posait l’aiguille sur le disque et attendait pendant que la personne écoutait. Kasper Keim, un pionnier allemand qui prêchait aux Pays-Bas, appréciait au plus haut point son “Aaron”, comme il appelait le phonographe, car il avait du mal à prêcher en néerlandais (voir Exode 4:14-16). C’était parfois par simple curiosité que des familles entières écoutaient les disques.

      En 1940, plus de 40 000 phonographes étaient en service. Cette année-​là, un nouveau modèle vertical conçu et fabriqué par les Témoins est sorti. Il a surtout été utilisé aux Amériques. Il excitait encore plus la curiosité des gens, car on ne voyait pas le disque. Il s’agissait de 78 tours d’une durée de quatre minutes et demie. Les titres étaient courts et précis: “Royaume”, “Prière”, “Le chemin de la vie”, “Trinité”, “Purgatoire”, “Pourquoi le clergé s’oppose à la vérité”. On a enregistré plus de 90 discours différents, et mis en circulation plus d’un million de disques. Ces discours étaient clairs et faciles à suivre. Beaucoup les écoutaient avec respect; quelques-uns se mettaient en colère. Quoi qu’il en soit, un témoignage efficace et harmonieux était donné.

      Proclamation hardie de la bonne nouvelle dans les lieux publics

      Si on laissait surtout “parler” les cartes de témoignage et les phonographes, il fallait néanmoins beaucoup de courage pour être un Témoin à l’époque. La nature même de l’œuvre attirait l’attention du public sur les Témoins.

      Après l’assemblée organisée à Columbus (Ohio) en 1931, les Témoins de Jéhovah ont distribué la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde dans laquelle était repris le texte d’une résolution intitulée “Avertissement de Jéhovah” adressé “Aux gouvernants et aux peuples”. Ils comprenaient qu’en qualité de Témoins pour Jéhovah ils avaient la lourde responsabilité de publier l’avertissement contenu dans sa Parole (Ézéch. 3:17-21). Ils ne se contentaient pas d’envoyer cette brochure par la poste ni de la glisser sous les portes. Non, ils la remettaient aux gens en main propre. Ils ont rendu visite à tous les membres du clergé et, dans la mesure du possible, aux hommes politiques, aux officiers de l’armée et aux directeurs des grandes entreprises. De plus, ils l’ont présentée au public dans la centaine de pays où ils prêchaient de façon organisée à l’époque.

      En 1933, ils ont utilisé de puissants appareils de sonorisation pour faire entendre dans des lieux publics des enregistrements sur disques de discours bibliques très francs. Frère Smets et frère Poelmans ont installé leur équipement sur un tricycle à côté duquel ils se tenaient pendant qu’ils faisaient retentir le message sur les places de marché et près des églises à Liège (Belgique). Ils effectuaient souvent cette activité dix heures par jour. À la Jamaïque, comme les gens se rassemblaient dès qu’ils entendaient de la musique, les frères commençaient par passer un enregistrement musical. Des foules de gens affluaient sur la route pour voir ce qui se passait, et ils trouvaient les Témoins de Jéhovah en train de diffuser le message du Royaume.

      On a installé certains de ces appareils de sonorisation sur des automobiles et des bateaux; les haut-parleurs étaient placés sur le toit pour que le son porte plus loin. En Australie, Bert et Vi Horton se sont servis d’une camionnette surmontée d’un énorme haut-parleur sur lequel étaient inscrits les mots “Kingdom Message” (Message du Royaume). Au cours d’une seule année, ils ont fait retentir dans la plupart des rues de Melbourne les discours démasquant sans ambages la fausse religion et décrivant avec enthousiasme les bienfaits qu’apportera le Royaume de Dieu. Ces années-​là, Claude Goodman était pionnier en Inde. Avec une voiture munie de haut-parleurs, il faisait entendre des discours phonographiques dans les langues du pays, ce qui lui a permis de toucher des foules nombreuses dans les bazars, dans les parcs publics, sur les routes, bref partout où il y avait du monde.

      Au Liban, quand des Témoins arrêtaient leur voiture à haut-parleurs sur une colline et passaient des discours bibliques phonographiques, le son portait loin dans les vallées. Ne voyant pas d’où venait la voix, les gens des villages étaient parfois effrayés, pensant que c’était Dieu qui leur parlait depuis les cieux.

      Les Témoins ont toutefois connu des moments d’angoisse. Un jour, en Syrie, le prêtre d’un village a abandonné son repas sur la table, a saisi sa grosse canne et s’est frayé un chemin à travers la foule rassemblée autour de la voiture à haut-parleurs pour entendre un discours biblique. Brandissant sa canne avec colère et proférant des menaces, il a ordonné: “Arrêtez! je vous ordonne d’arrêter!” Mais les Témoins ont remarqué que tout le monde n’était pas de son avis; certains voulaient écouter le discours. Peu après, quelques hommes se sont saisis du prêtre, l’ont ramené chez lui et l’ont déposé devant son repas qui l’attendait. Malgré l’opposition du clergé, les Témoins ont veillé courageusement à ce que les gens aient la possibilité d’entendre le message.

      À la même époque, les Témoins ont également utilisé dans les quartiers commerçants beaucoup de pancartes qu’ils portaient tout en distribuant des invitations aux discours spéciaux. Ils l’ont fait pour la première fois en 1936, à Glasgow (Écosse). Cette année-​là, ils ont aussi utilisé cette méthode à Londres (Angleterre), puis aux États-Unis. Deux ans après, on a attiré davantage encore l’attention en portant des pancartes fixées à l’extrémité de perches. On pouvait y lire: “La religion est un piège et une escroquerieb” et “Servez Dieu et Christ, le Roi”. À l’occasion d’une assemblée, la colonne de Témoins portant ces pancartes faisait parfois plusieurs kilomètres de long. Lorsqu’ils défilaient en silence l’un derrière l’autre dans des rues très fréquentées, ils produisaient un effet rappelant celui de l’armée de l’Israël antique quand elle faisait le tour de Jéricho avant la chute de la muraille (Josué 6:10, 15-21). Cette méthode hardie de témoignage a été utilisée de Londres (Angleterre) à Manille (Philippines).

      On a inauguré une autre méthode de témoignage public en 1940. En février de cette année-​là, conformément au verset selon lequel ‘la vraie sagesse crie avec force dans la rue’, les Témoins de Jéhovah ont commencé à distribuer La Tour de Garde et Consolation (maintenant Réveillez-vous!) au coin des ruesc (Prov. 1:20). Ils lançaient des slogans attirant l’attention sur les périodiques et sur le message qu’ils contenaient. Dans les villes, grandes et petites, de toutes les parties du monde, il est devenu courant de voir des Témoins de Jéhovah en train de proposer leurs périodiques. Mais il faut du courage pour participer à cette activité, et c’était d’autant plus vrai quand elle a commencé, car à l’époque la persécution faisait rage et le nationalisme était exacerbé par la guerre.

      Quand ils ont été invités à participer à ce témoignage public, les Témoins ont réagi avec foi. Le nombre de ceux qui se sont engagés dans cette œuvre n’a cessé d’augmenter. À leurs yeux, c’était un privilège de démontrer leur fidélité à Jéhovah de cette façon. Mais ils avaient d’autres choses à apprendre.

      Chacun doit être en mesure d’expliquer sa foi

      Un extraordinaire programme d’enseignement a été inauguré en 1942, au siège mondial des Témoins de Jéhovah. L’année suivante, il a débuté dans les congrégations de Témoins disséminées sur toute la terre. Confiants que l’esprit de Dieu était sur eux et qu’Il avait mis sa parole dans leur bouche, ils étaient résolus à prêcher cette parole même si leurs persécuteurs les privaient des publications de la Société Watch Tower, voire de la Bible (És. 59:21). Il y avait déjà des pays, comme le Nigeria, où les Témoins ne disposaient que de la Bible quand ils prêchaient, puisque le gouvernement avait interdit toutes les publications de la Société Watch Tower et avait même confisqué celles que les Témoins possédaient dans leur bibliothèque personnelle.

      C’est le 16 février 1942 que frère Knorr a inauguré un “cours supérieur de ministère théocratique” au Béthel de Brooklyn (New York). Ce cours montrait comment faire des recherches, s’exprimer clairement et correctement, préparer des discours à l’aide d’un plan, présenter des exposés efficaces, développer des idées de façon persuasive et faire preuve de tact. Les frères comme les sœurs étaient les bienvenus à ce cours, mais seuls les hommes étaient invités à s’y inscrire et à prononcer des exposés d’élèves sur lesquels ils seraient conseillés. Les bienfaits de ce cours sont rapidement devenus manifestes non seulement dans la qualité des discours présentés du haut de l’estrade, mais aussi dans l’efficacité accrue des prédicateurs dans l’activité de maison en maison.

      L’année suivante, ce programme de formation a commencé à être appliqué dans les congrégations des Témoins de Jéhovah du monde entier, d’abord en anglais, puis en d’autres langues. Le but déclaré de l’école était d’aider chaque Témoin de Jéhovah à être en mesure d’enseigner autrui quand il prêchait de maison en maison, faisait des nouvelles visites et dirigeait des études bibliques. Il recevrait de l’aide pour devenir un ministre qualifié (2 Tim. 2:2). En 1959, les sœurs aussi se sont vu offrir la possibilité de s’inscrire à cette école et de présenter des exposés dans un cadre rappelant une situation susceptible de se présenter au cours de leur prédication — en s’adressant, non pas à tout l’auditoire, mais à la personne désignée pour remplir le rôle d’interlocutrice. Et ce n’était pas tout.

      Depuis 1926, les représentants itinérants de la Société accompagnaient les Témoins dans leur prédication afin de les aider à améliorer leurs capacités. Toutefois, lors d’une assemblée internationale tenue à New York en 1953, devant les surveillants de circonscription et de district assis face à l’estrade, frère Knorr a déclaré que la tâche principale de tous les serviteurs, ou surveillants, devait être d’aider chaque Témoin à participer régulièrement au ministère de maison en maison. “Tout Témoin, a-​t-​il dit, doit être en mesure de prêcher la bonne nouvelle de maison en maison.” Un programme mondial a été lancé pour parvenir à ce but.

      Pourquoi cette idée a-​t-​elle été accentuée? Considérons par exemple la situation aux États-Unis. À l’époque, 28 % des Témoins limitaient leur activité à distribuer des feuilles d’invitation ou à se tenir dans les rues avec les périodiques. Et plus de 40 % ne participaient à la prédication qu’irrégulièrement, laissant parfois passer des mois sans prêcher. Ils avaient besoin qu’on les aide avec amour en les formant personnellement. On a pris des dispositions pour que tous les Témoins de Jéhovah qui ne prêchaient pas encore de maison en maison puissent recevoir de l’aide pour aborder les gens aux portes, pour leur parler en se servant de la Bible et pour répondre à leurs questions. Ils apprendraient à préparer des sermons bibliques de trois minutes pour les gens pressés, ou d’environ huit minutes pour les autres. L’objectif était d’aider chaque Témoin à devenir un évangélisateur chrétien mûr.

      Les surveillants itinérants n’ont pas été les seuls à dispenser cet enseignement. Les serviteurs, ou surveillants, des congrégations l’ont fait aussi; et au cours des années suivantes, d’autres Témoins expérimentés ont été chargés de former certains de leurs compagnons. Depuis des années, lors de la réunion de service hebdomadaire organisée dans les congrégations, on faisait des démonstrations sur la façon d’accomplir l’œuvre. Mais maintenant, on accordait en plus une importance accrue à la formation personnelle dans la prédication.

      Les résultats ont été remarquables. Le nombre des Témoins participant à l’activité de maison en maison a augmenté, de même que le nombre de ceux qui participaient régulièrement au ministère. En dix ans, le nombre total des Témoins dans le monde s’est accru de 100 %, le nombre des nouvelles visites qu’ils effectuaient pour répondre aux questions bibliques des personnes bien disposées de 126 %, et celui des études bibliques régulières qu’ils dirigeaient au domicile des personnes affamées de vérité biblique de 150 %. Ils se sont vraiment montrés des ministres compétents.

      Étant donné que les Témoins ont divers degrés d’instruction et des origines culturelles variées, et qu’en plus ils sont dispersés en petits groupes sur toute la terre, on comprend aisément pourquoi ils attribuent à Jéhovah Dieu, et non à un homme quel qu’il soit, le mérite de la formation qu’ils ont reçue pour proclamer la bonne nouvelle. — Jean 14:15-17.

      La prédication de maison en maison: une marque distinctive

      À diverses époques, d’autres groupements religieux ont encouragé leurs membres à rendre visite aux gens de leur localité pour leur parler de religion. Quelques-uns ont essayé de le faire. Certains sont même missionnaires pendant quelques années, puis s’arrêtent là. C’est uniquement parmi les Témoins de Jéhovah que pour ainsi dire tous, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, participent au ministère de maison en maison, année après année. Eux seuls s’efforcent vraiment de prêcher le message du Royaume par toute la terre habitée, en obéissance à l’ordre prophétique consigné en Matthieu 24:14.

      Non pas que tous les Témoins de Jéhovah trouvent facile cette activitéd. Au contraire, beaucoup d’entre eux, quand ils ont commencé à étudier la Bible, ont dit: ‘S’il y a une chose que je ne ferai jamais, c’est bien d’aller de maison en maison.’ Pourtant, tous les Témoins de Jéhovah ou presque participent à cette activité s’ils sont physiquement en mesure de le faire. Et beaucoup de ceux qui ne sont pas en possession de tous leurs moyens physiques le font quand même — en fauteuil roulant, avec des cannes, etc. D’autres donnent le témoignage par téléphone ou par courrier, parce qu’ils sont dans l’incapacité totale de sortir de chez eux, sont temporairement confinés à la maison ou veulent toucher des gens qui ne peuvent l’être autrement. Pourquoi une telle détermination?

      Lorsqu’ils apprennent à connaître Jéhovah, leur amour pour lui modifie complètement leur conception de la vie. Ils veulent parler de lui. Les choses prodigieuses qu’il prévoit de faire en faveur de ceux qui l’aiment sont tout simplement trop belles pour qu’ils les gardent pour eux-​mêmes. Et ils sont conscients qu’ils ont devant Dieu la responsabilité d’avertir les gens de la grande tribulation imminente (Mat. 24:21; voir aussi Ézéchiel 3:17-19). Mais pourquoi le faire en allant de maison en maison?

      Ils savent que Jésus a appris à ses disciples à aller chez les gens pour prêcher et enseigner (Mat. 10:11-14). Ils n’ignorent pas qu’après l’effusion de l’esprit saint à la Pentecôte de l’an 33, les apôtres ont continué sans arrêt à annoncer la bonne nouvelle “dans le temple [de Jérusalem] et de maison en maison”. (Actes 5:42.) Tous les Témoins connaissent Actes 20:20, où il est écrit que l’apôtre Paul enseignait “en public et de maison en maison”. Et ils constatent que Jéhovah bénit manifestement cette œuvre à notre époque. Ainsi, comme ils acquièrent de l’expérience dans le ministère de maison en maison, bien souvent cette activité qu’ils ont redoutée jadis leur procure une grande joie.

      De plus, ils l’accomplissent consciencieusement. Ils prennent des notes précises afin de pouvoir revenir chez les personnes qui sont absentes de chez elles. En outre, ils rendent des visites répétées dans chaque foyer.

      Le ministère de maison en maison étant efficace, les opposants ont essayé de le faire cesser dans de nombreux pays. Afin de faire respecter leur droit de prêcher de porte en porte, les Témoins de Jéhovah se sont tournés vers les autorités. Là où cela s’est avéré nécessaire, ils sont allés en justice pour affermir légalement le droit de répandre la bonne nouvelle de cette manière (Phil. 1:7). Et là où des gouvernements répressifs ont persisté à interdire leur activité, les Témoins de Jéhovah l’ont parfois simplement accomplie de façon plus discrète ou, au besoin, ont utilisé d’autres moyens pour communiquer aux gens le message du Royaume.

      Bien qu’ils aient utilisé la radio et la télévision pour diffuser le message du Royaume, les Témoins de Jéhovah savent que le contact personnel rendu possible par des visites de maison en maison est bien plus efficace. Il permet de répondre aux questions de chaque personne et de rechercher celles qui sont dignes d’entendre le message (Mat. 10:11). C’est une des raisons pour lesquelles en 1957 la Société Watch Tower a vendu la station radiophonique WBBR qu’elle possédait à New York.

      Cependant, après avoir personnellement donné le témoignage à quelqu’un, les Témoins de Jéhovah n’ont pas pour autant le sentiment d’avoir accompli leur tâche. Ce n’est là qu’un début.

      ‘Faites des disciples, les enseignant’

      Jésus a ordonné à ses disciples non seulement de prêcher, mais aussi, à son exemple, d’enseigner (Mat. 11:1). Avant son ascension, il leur a donné cette instruction: “Allez donc et faites des disciples des gens de toutes les nations, (...) leur enseignant à observer toutes les choses que je vous ai commandées.” (Mat. 28:19, 20). Enseigner (en grec, didaskô), ce n’est pas simplement prêcher, ou proclamer; c’est instruire, expliquer et donner des preuves.

      Dès avril 1881, La Tour de Garde (en anglais) a donné quelques brèves suggestions sur la manière d’enseigner. Certains des colporteurs de la première heure se faisaient un devoir de revenir voir les gens qui manifestaient de l’intérêt pour les encourager à lire les livres de la Société et à se réunir régulièrement avec d’autres pour étudier la Parole de Dieu. Ils utilisaient souvent à cette fin le livre La Harpe de Dieu (publié en 1921 en anglais). Mais, par la suite, on a fait plus encore pour accorder une attention personnelle aux personnes bien disposées. On s’est servi notamment de discours bibliques phonographiques et de manuels d’étude dans cette activité. Comment en est-​on arrivé là?

      À partir du début de 1933, en plus d’émettre des programmes radiophoniques, la Société a produit des disques qu’on passait au moyen d’un matériel de sonorisation transportable dans des salles de réunion, des parcs, aux entrées des usines, etc. Peu après, lorsqu’ils rencontraient des personnes intéressées par le message au cours de leur prédication de maison en maison, les Témoins ont pris des dispositions pour revenir leur faire écouter certains de ces disques chez elles. Quand le livre Richesses est paru en 1936, on s’en est servi comme base de discussion après l’écoute des disques pour établir des études auxquelles étaient invitées les personnes bien disposées du voisinage. On a mis l’accent sur cette activité en vue d’aider les futurs membres de la “grande multitude” à apprendre la vérité. — Rév. 7:9, Sy.

      Vers la même époque, le clergé catholique s’est fait plus pressant encore auprès des propriétaires et des gérants de stations de radio, ainsi que des services gouvernementaux, pour faire cesser les émissions de la Société Watch Tower. Aux États-Unis, 2 630 000 personnes ont signé une pétition réclamant un débat public entre Joseph Rutherford et un haut dignitaire de l’Église catholique. Aucun ecclésiastique n’a accepté de relever le défi. C’est pourquoi, en 1937, frère Rutherford a enregistré des disques intitulés “Démasqué” et “Religion et christianisme”, qui présentaient les enseignements bibliques fondamentaux, notamment pour réfuter les doctrines catholiques contraires aux Écritures. Le texte de ces discours a été publié dans les brochures Protection et Dévoilées. On a d’ailleurs remis un exemplaire de la brochure Dévoilées à tous les signataires de la pétition afin qu’ils puissent prendre connaissance des vérités bibliques dont le clergé catholique voulait empêcher la diffusion.

      Pour aider les gens à comprendre clairement ces vérités et à examiner leur fondement biblique, la Société a publié la brochure Étude modèle no 1, dont les Témoins se sont servis dans le cadre de réunions organisées pour les personnes qui s’intéressaient au message. Cette brochure contenait des questions et des réponses étayées de versets bibliques. Pour commencer, celui qui dirigeait l’étude faisait passer un ou plusieurs des discours phonographiques mentionnés plus haut afin que chacun puisse entendre l’ensemble des idées présentées. Ensuite débutait une discussion basée sur les matières de la brochure Étude modèle, discussion au cours de laquelle on examinait les versets bibliques. L’Étude modèle no 1 a été suivie par les nos 2 et 3, qui s’accompagnaient d’autres discours phonographiques. Au début, ces études étaient prévues en des lieux pouvant accueillir des groupes de personnes bien disposées, mais les Témoins de Jéhovah n’ont pas tardé à les organiser sur les plans individuel et familial.

      Depuis lors, la Société a publié quantité de livres excellents destinés à être utilisés par les Témoins de Jéhovah lorsqu’ils dirigent des études bibliques à domicile. Ceux qui ont eu le plus fort tirage sont “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”, La vérité qui conduit à la vie éternelle et Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis. Elle a aussi fait paraître des brochures petit format de 32 pages: “Cette bonne nouvelle du Royaume”, La voie de Dieu est une voie d’amour, “Voici, je fais toutes choses nouvelles” et bien d’autres encore. Elles ont été suivies par des brochures grand format comme Vivez éternellement heureux sur la terre! qui présentent de façon très simple et claire les enseignements bibliques fondamentaux.

      L’utilisation de ces instruments, alliée au vaste programme de formation sur le plan des congrégations et sur le plan individuel, a entraîné un accroissement remarquable du nombre des études bibliques à domicile. En 1950, les Témoins de Jéhovah en dirigeaient 234 952 en moyenne, généralement chaque semaine. Si l’étudiant ne progressait pas suffisamment, son étude était interrompue. Nombreux sont ceux qui ont progressé au point de devenir à leur tour des enseignants. Malgré la constante rotation des études, leur nombre n’a cessé d’augmenter, souvent assez rapidement. En 1992, les Témoins dirigeaient 4 278 127 études bibliques à domicile dans le monde.

      Afin d’accomplir cette gigantesque œuvre de prédication et d’enseignement dans les langues parlées sur toute la terre, les Témoins de Jéhovah ont fait une large utilisation d’imprimés. Cela a nécessité un travail d’édition considérable.

      [Notes]

      a L’œuvre pastorale a été mise sur pied en 1915-​1916 dans les quelque 500 congrégations qui avaient élu frère Russell pour être leur pasteur. À ce titre, celui-ci leur avait écrit une lettre définissant cette œuvre, qui au départ était réservée aux sœurs. L’année suivante, les frères aussi ont pu participer à cette activité. Cette œuvre pastorale, effectuée par un groupe de prédicateurs choisis, s’est poursuivie jusqu’en 1921.

      b On entendait par religion tout culte reposant sur des traditions humaines, et non sur la Parole de Dieu, la Bible. Toutefois, en 1950, quand Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau ont été publiées (en anglais), on a compris par les notes sur Actes 26:5, Colossiens 2:18 et Jacques 1:26, 27 que le terme religion pouvait s’appliquer au vrai culte comme au faux. Ce point a été davantage encore élucidé dans La Tour de Garde du 15 mars 1951, page 191 (angl.), et dans le livre La religion a-​t-​elle servi l’humanité?, pages 8 à 10.

      c L’année précédente, à titre expérimental, on avait présenté les périodiques dans les rues en Californie (États-Unis). Déjà en 1926, les Étudiants de la Bible avaient distribué dans les rues un grand nombre de brochures contenant des messages importants. Et bien avant, en 1881, ils avaient distribué des imprimés le dimanche à proximité des églises.

      d La Tour de Garde, 15 août 1981, pp. 12-16.

      [Entrefilet, page 556]

      Partout où il trouvait des gens, Jésus parlait des dispositions prises par Dieu en faveur de l’humanité.

      [Encadré, page 559]

      La prédication de porte en porte: une activité particulièrement bénie

      “Comme lors du premier avènement, c’est la prédication de porte en porte, et non en chaire, qui semble être particulièrement bénie par le Seigneur.” — “La Tour de Garde”, 15 juillet 1892 (en anglais).

      [Encadré, page 570]

      Pourquoi les Témoins reviennent-​ils souvent?

      Expliquant pourquoi les Témoins de Jéhovah font des visites répétées dans chaque foyer, “La Tour de Garde” du 1er février 1963 déclarait ceci: “Les circonstances changent constamment. Aujourd’hui, l’homme n’est pas à la maison, demain, il y sera. Aujourd’hui, il est trop occupé pour écouter, demain, il ne le sera pas. Aujourd’hui, c’est un membre de la famille qui vient ouvrir la porte, demain, ce sera un autre; et les Témoins se préoccupent, non seulement de visiter chaque foyer dans le territoire qui leur est attribué, mais encore cherchent-​ils à atteindre, si possible, chaque personne mûre de chaque foyer. Les familles sont souvent divisées pour ce qui touche à la religion; aussi n’est-​il pas toujours possible à un de leurs membres de parler au nom de tous. De plus, il y a sans cesse des gens qui déménagent et les Témoins ne sont jamais sûrs de la personne qu’ils trouveront à une porte.

      “Il n’y a pas que les circonstances qui changent, mais les gens eux-​mêmes. (...) Pour une simple vétille, un homme a pu être de mauvaise humeur et peu disposé à parler de religion ou de toute autre chose, peu importait la personne qui se présentait à sa porte; aussi ne faut-​il pas en conclure qu’il aura la même attitude mentale une autre fois. Ou bien, le simple fait qu’un homme ne prenait aucun intérêt, le mois dernier, à une discussion religieuse, ne veut pas dire qu’il ne s’y intéressera pas ce mois-​ci. Depuis la dernière visite du Témoin, il a pu faire une pénible expérience ou apprendre de toute autre manière une chose qui l’a rendu humble plutôt qu’enorgueilli, qui lui a donné faim et l’a rendu conscient de son besoin spirituel plutôt que content de soi.

      “De plus, le message des Témoins semble étrange à nombre de personnes qui ne comprennent pas son caractère d’urgence. En l’entendant à maintes reprises, et seulement ainsi, un peu à la fois elles finiront par en saisir toute l’importance.”

      [Encadré/Illustration, page 574]

      “Par tous les moyens possibles”

      “Nous, qui sommes dans l’organisation du Seigneur, nous nous sommes efforcés d’attirer [l’]attention [du monde] vers le message de vie par tous les moyens possibles: des slogans, des pages entières de publicité, la radio, les voitures à haut-parleurs, les phonographes, d’immenses rassemblements, des défilés à pied avec des panneaux publicitaires, et une armée toujours plus grande de prédicateurs qui vont de porte en porte. Grâce à cette activité, il y a eu une séparation parmi les hommes: d’un côté ceux qui soutiennent le Royaume de Dieu établi, de l’autre ceux qui s’y opposent. C’était là ce que Jésus avait annoncé pour ma génération!” — Lignes écrites en 1987 par Melvin Sargent, à l’âge de 91 ans.

      [Illustration]

      Melvin Sargent

      [Graphique, page 574]

      (Voir la publication)

      Accroissement du nombre d’études bibliques à domicile

      4 000 000

      3 000 000

      2 000 000

      1 000 000

      1950 1960 1970 1980 1992

      [Illustrations, page 557]

      Des dizaines de millions de ces tracts ont été diffusés gratuitement près des églises, de maison en maison et par la poste.

      [Illustrations, page 558]

      Des évangélisateurs-colporteurs proposaient des livres expliquant la Bible.

      [Illustration, page 559]

      Anna Andersen a distribué des publications bibliques dans presque toutes les villes de Norvège.

      [Illustrations, page 560]

      Les annonces publiées dans les journaux ont permis de toucher des gens qui ne pouvaient l’être autrement.

      [Illustrations, page 561]

      À une certaine époque, plus de 2 000 journaux reproduisaient les sermons de frère Russell sur quatre continents.

      [Illustrations, page 562]

      Le “Photo-Drame de la Création” a donné un puissant témoignage à des millions de gens dans de nombreux pays.

      [Illustration, page 563]

      Grâce à la radio, Joseph Rutherford a pu donner le témoignage à des millions de foyers du monde entier.

      [Illustration, page 564]

      Groupe de proclamateurs anglais prêts à partir prêcher à bicyclette.

      [Illustration, page 565]

      À partir de 1933, on s’est servi de cartes de témoignage.

      [Illustration, page 566]

      Les discours bibliques phonographiques ont donné un puissant témoignage dans les années 30 et 40.

      [Illustration, page 567]

      On s’est servi de voitures à haut-parleurs, parfois en grand nombre (ici en Australie), pour diffuser la vérité biblique dans les lieux publics.

      [Illustration, page 568]

      Des enseignes lumineuses mises aux fenêtres des habitations de Témoins de Jéhovah donnaient un témoignage jour et nuit.

      [Illustration, page 568]

      Un témoignage courageux a été donné au public (ici en Écosse) à l’aide de pancartes et d’affiches.

      [Illustration, page 569]

      En 1940, on a commencé à proposer “La Tour de Garde” et “Consolation” dans les rues (ici aux États-Unis).

      [Illustration, page 569]

      À partir de 1943, les membres masculins des congrégations ont reçu une formation dans l’art oratoire.

      [Illustrations, page 571]

      Les Témoins étudient la Bible avec les personnes qui le souhaitent, à domicile. Les publications ci-dessous ont été éditées dans ce but (d’abord en anglais, puis en de nombreuses autres langues).

      [Illustrations, pages 572, 573]

      Dans le monde entier, tous les Témoins, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, participent à la prédication de maison en maison.

      Roumanie

      Bolivie

      Zimbabwe

      Hong-Kong

      Belgique

      Uruguay

      Fidji

  • La prédication du Royaume s’étend grâce à l’impression de publications bibliques
    Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
    • Section 5

      La prédication du Royaume s’étend grâce à l’impression de publications bibliques

      Comment allait-​on effectuer la prédication par la terre habitée tout entière? La section qui suit (chapitres 25 à 27) montre comment, dans le monde entier, on s’est servi de l’imprimerie pour éditer des Bibles et des publications bibliques destinées à toucher des gens de toutes nations.

      [Illustrations pleine page, page 554]

Publications françaises (1950-2025)
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