-
Page deuxRéveillez-vous ! 1987 | 8 septembre
-
-
Les articles qui suivent s’intéressent surtout à l’Église luthérienne d’Allemagne, mais le lecteur verra sans peine que la description qui en est faite rend compte de l’état du protestantisme dans la majeure partie du monde. Notre intention est d’aider les fidèles de toutes les religions à s’analyser, afin qu’ils donnent un sens à leurs relations avec Dieu.
-
-
Les luthériens allemands: menacés de disparition?Réveillez-vous ! 1987 | 8 septembre
-
-
Les luthériens allemands: menacés de disparition?
De notre correspondant en République fédérale d’Allemagne
“L’ÉGLISE luthérienne n’en a plus pour longtemps.” Ces paroles ont vraisemblablement produit un grand effet sur certaines des personnes qui les ont entendues à la télévision allemande, et ce d’autant plus que l’émission au cours de laquelle elles ont été prononcées avait été tournée près de la région qui a donné naissance à Martin Luther, le fondateur de l’Église luthérienne et le père de la Réformea.
L’Église évangélique luthérienne d’Allemagne compte, il est vrai, quelque 25 millions de membres, ce qui, d’après le dernier recensement officiel, représente environ 45 fois plus de fidèles que l’ensemble des autres Églises protestantes d’Allemagne. Malgré tout, ce qui reste après le bombardement de l’église commémorative édifiée en l’honneur de l’empereur Guillaume Ier, et que l’on peut voir sur la photographie de Berlin-Ouest reproduite en première page de notre périodique, illustre bien la situation: l’Église luthérienne d’Allemagne est en ruine.
En 1961, plus de 50 % des Allemands étaient luthériens. En 1970, la proportion était de 49 %, et de 46 % seulement en 1980. C’est alors que la situation a semblé s’améliorer. Au début de 1981, on a pu lire dans un quotidien allemand: “L’Église luthérienne d’Allemagne est remise des difficultés qu’elle a connues il y a une dizaine d’années. (...) Les fidèles ne quittent plus l’Église (...) dans des proportions aussi inquiétantes qu’alors.”
Toutefois, les chiffres de 1984 montrent que cet optimisme était prématuré. On estime maintenant que l’Église luthérienne va encore perdre 4 500 000 fidèles d’ici à dix ans. On a calculé qu’en 2030, seul un tiers de la population ou peut-être moins serait luthérienne.
Pourquoi quittent-ils l’Église?
Lors de l’émission de télévision dont nous avons parlé plus haut, émission qui a eu lieu en 1986, sept anciens membres de l’Église luthérienne ont énoncé les raisons de leur mécontentement: l’Église s’oppose à la pratique du sport le dimanche, elle finance des mouvements communistes de guérilla, elle prend position sur la politique de défense du gouvernement, elle a démis de leurs fonctions deux pasteurs homosexuels, elle accorde peu d’attention à la protection des animaux. Un autre n’admettait pas que le contribuable soit obligé de financer l’Église. On a également remarqué que deux personnes seulement ont parlé de Dieu. Et pourtant, n’est-ce pas là tout l’objet de la religion?
Plus inquiétante encore que la néanmoins grave désaffection des fidèles est, pour Johannes Hansen, théologien luthérien bien connu, “la condition spirituelle véritablement affligeante des membres de l’Église”. Cette situation explique pourquoi moins de 6 % d’entre eux assistent normalement au culte dominical, la proportion étant moindre encore dans les grandes villes. Un luthérien sur quatre seulement estime qu’aller au temple ou lire la Bible est requis des chrétiens. Pour tout dire, à peu près huit fidèles sur dix affirment qu’il suffit pour être un bon luthérien d’être baptisé, d’avoir fait sa confirmation et de mener une vie convenable en étant digne de confiance. Il n’est donc pas étonnant que le Frankfurter Allgemeine Zeitung ait fait la réflexion suivante: “Le danger qui menace l’Église luthérienne ne tient pas au nombre de ses membres, mais au manque de vigueur spirituelle de ces derniers.”
L’idée que les luthériens se font de leur Église est fonction de ce manque de vigueur spirituelle. Ainsi, ils admirent la richesse de son passé, sont fiers de ses magnifiques édifices et tirent profit des avantages sociaux qu’elle procure. Cependant, pour ce qui est de “trouver Dieu”, nombreux sont ceux qui préfèrent orienter leur recherche vers la nature plutôt que vers l’Église, ce qui a amené un responsable de l’Église à demander un jour d’un ton sarcastique pourquoi ils n’allaient pas au bout de leur raisonnement et ne confiaient pas la célébration de leurs enterrements à l’administration des Forêts plutôt qu’à l’Église.
Il y a quelques années, une revue américaine a fait l’analyse suivante: “Ce qui semble manquer, c’est la passion pour Dieu et pour la vérité divine qui caractérisait les premiers luthériens.” Pourquoi un si grand nombre de luthériens ne considèrent-ils leur Église que comme une institution commode qui pourvoit au baptême des nouveau-nés, à la confirmation des adolescents et au mariage des adultes? Pourquoi cherchent-ils Dieu dans la nature et ne se tournent-ils à nouveau vers l’Église qu’à la fin de leur vie, pour être enterrés “décemment”? Comment expliquer ce manque de vigueur spirituelle?
[Note]
a Pour être plus précis, Luther est né et a passé la plus grande partie de sa vie dans ce qui est aujourd’hui la République démocratique allemande, communément appelée Allemagne de l’Est.
-
-
“Si la trompette fait entendre une sonnerie indistincte...”Réveillez-vous ! 1987 | 8 septembre
-
-
“Si la trompette fait entendre une sonnerie indistincte...”
“SI LA trompette fait entendre une sonnerie indistincte, qui se préparera au combat?” (1 Corinthiens 14:8). Se pourrait-il que l’indifférence dont font preuve les soldats de l’Église que sont les luthériens allemands soit due au fait que cette Église fait entendre une sonnerie indistincte? Voici quelques arguments.
Une crise d’identité
Le diacre luthérien Wolfram Lackner estime qu’au cours des deux siècles passés, les protestants ont peu à peu abandonné leur confession de foi du début. Voilà pourquoi aujourd’hui le protestantisme allemand “connaît une grave crise d’identité”.
Comme le montre William Shirer dans son livre Le Troisième Reich, des origines à la chute, cette crise d’identité est apparue de façon plus caractéristique au cours des années trente. Il écrit: “Les Protestants étaient divisés en Allemagne. (...) Avec l’avènement du national socialisme, de nouvelles divisions se créèrent. (...) Les nazis les plus fanatiques parmi eux organisèrent en 1932 ‘Le Mouvement des Allemands de Foi chrétienne’ (...), [lequel] soutenait ardemment les doctrines raciales nazies et le principe de la suprématie allemande. (...) Il existait un autre groupe minoritaire, opposé à celui des ‘Chrétiens Allemands’ et qui s’appelait ‘l’Église Confessionnelle’. (...) Au milieu, il y avait la majorité des protestants, qui semblaient trop timorés pour rejoindre les rangs d’un des deux groupes combattants et qui finirent, pour la plupart, par atterrir dans les bras de Hitler.”
Il faut dire que certains des enseignements de Luther facilitaient la tâche du dictateur. Sa doctrine des “deux royaumes”, selon laquelle Dieu gouverne le monde par l’intermédiaire tant des forces temporelles que de l’Église, encourage la soumission sans réserve aux autorités civiles. Ainsi, la publication luthérienne Unsere Kirche reconnaît que “la majeure partie du protestantisme allemand (...) célébra avec grand enthousiasme la fin de la République de Weimar et fit bon accueil au nouveau dictateur”. Étant donné l’antisémitisme profond qui animait Luther, il ne fut pas très difficile à l’Église luthérienne d’interdire l’accès du ministère aux personnes qui n’étaient pas de race aryenne.
Toutefois, qu’est devenue l’“Église confessionnelle”? En 1934, elle a adopté la Déclaration de Barmen, qui exprimait son opposition à l’idéologie national-socialiste. Une exposition récemment présentée à Berlin et consacrée au protestantisme pendant le IIIe Reich a montré, malgré tout, qu’un tiers seulement du clergé protestant a soutenu l’“Église confessionnelle”. Et encore, sur ce tiers, tous ne se sont pas activement opposés à Hitler. Il semble cependant que l’action de certains ait fait croire à ce dernier que toute l’Église luthérienne était contre lui. Le livre Der deutsche Widerstand 1933-1945 (La résistance allemande 1933-1945) soutient qu’on a ainsi imputé à cette Église un choix qu’elle n’avait pas fait, celui de s’opposer au régime.
Après la chute de Hitler, l’Église luthérienne était en ruine. Laquelle des factions rivales avait été fidèle à sa véritable identité? Pourquoi sa trompette avait-elle fait entendre une sonnerie aussi indistincte?
Pour éclaircir ces questions, 11 membres influents du clergé protestant, dont Gustav Heinemann, qui devait devenir président de la République fédérale d’Allemagne, se réunirent en octobre 1945 pour rédiger ce qui a été appelé la confession de Stuttgart. Bien que pendant toutes ces années ils se soient opposés au régime nazi, ils ont déclaré: “Nous nous accusons de n’avoir pas fait connaître nos convictions avec plus de courage, de n’avoir pas prié avec plus de foi, de n’avoir pas exprimé notre foi avec plus de joie et de n’avoir pas manifesté notre amour avec plus d’ardeur.” Ils espéraient que cette déclaration serait une sonnerie distincte, qu’elle appellerait les fidèles à l’action et susciterait un nouveau départ.
Trompette religieuse ou politique?
Peut-être parce qu’ils sont gênés du peu de résistance que leur Église a opposée à Hitler, nombre de luthériens allemands sont prompts aujourd’hui à attaquer la politique gouvernementale. Leur clergé, par exemple, a été parmi les premiers animateurs du mouvement antinucléaire européen. En 1984, un groupe de pasteurs luthériens du nord de l’Allemagne a commencé à inciter les jeunes gens en âge d’être mobilisés à refuser d’effectuer le service militaire. Cependant, l’Église a condamné cette initiative, déclarant que c’était là faire preuve d’une “considérable intolérance politique vis-à-vis des chrétiens qui ont une conception différente”. Lors du synode général qu’elle a tenu en 1986, l’Église luthérienne a défendu son droit à débattre de questions politiques, ce qu’elle a d’ailleurs fait. Elle a exprimé sa déception devant l’échec du sommet de Reykjavik entre les super-grands et a longuement délibéré de la politique gouvernementale sur les réfugiés, le chômage et les centrales nucléaires.
Bien sûr, tous n’approuvent pas cet activisme politique. Et, selon le professeur Heiko Oberman, spécialiste de Luther, si ce dernier était encore en vie, il le condamnerait certainement. Quant à Rolf Scheffbuch, diacre luthérien, il déplore que l’authenticité de la foi chrétienne se mesure trop souvent à la position adoptée à l’égard de l’apartheid ou du déploiement des missiles nucléaires.
Il est clair que des divergences politiques divisent l’Église luthérienne et que, comme l’a dit récemment l’évêque Hans-Gernot Jung, la “longue histoire d’amour” qui unissait l’Église et l’État montre aujourd’hui des “signes de fatigue”, elle “prend de l’âge”. C’est ce qui explique la déclaration sévère qu’un important homme politique allemand a faite en 1986: “Lorsqu’une Église parle davantage de la disparition des forêts que de Jésus Christ, c’est qu’elle a perdu de vue sa véritable mission.”
Comme son nom l’indique, le protestantisme a pour origine le désir de protester contre un état de fait. Par conséquent, dès sa fondation, le protestantisme a été enclin à se montrer libéral, ouvert aux idées nouvelles, large d’esprit dans sa façon d’aborder les problèmes et désireux de se conformer aux normes du moment. Rien n’illustre mieux cette tendance que la théologie protestante. Étant donné qu’il n’existe aucune autorité suprême qui, comme le fait le Vatican dans l’Église catholique, statue sur les questions de doctrine, les théologiens protestants ont eu tout loisir de faire entendre leur propre sonnerie de trompette en matière d’interprétation théologique.
Des trompettes théologiques discordantes
Cette situation a produit de bien étranges musiques. Voici, par exemple, ce que l’on a pu lire en 1979 dans la revue Time: “Est-il nécessaire de croire en Dieu pour être pasteur? La réponse, comme c’est si souvent le cas aujourd’hui, est aussi bien négative qu’affirmative. L’Allemagne, en particulier, est depuis de nombreuses années un véritable foyer de doute au sein du protestantisme. Cependant, la semaine dernière, l’Église évangélique luthérienne d’Allemagne de l’Ouest a décidé qu’elle devait fixer une limite (...) et elle a relevé de ses fonctions, pour hérésie, le révérend Paul Schulz. (...) En effet, depuis 1971, celui-ci enseignait que l’existence d’un Dieu personnel est ‘une invention réconfortante des êtres humains’. (...) Que la prière est une simple ‘conversation avec soi-même’. (...) Quant à Jésus, que c’était un homme ordinaire, qui a dit de bonnes choses, et auquel les premiers chrétiens ont donné par la suite le titre glorieux de Fils de Dieu.” Le fait que pendant les auditions Schulz “ait parlé devant une galerie d’étudiants en théologie parfois très complaisants” indique que ses “thèses ne sont ni nouvelles ni même rares”. Le pire est que, malgré ce jugement, “la commission a tenu à préciser qu’elle est toujours favorable à ‘un vaste échantillon’ d’interprétations individuelles”.
À propos de ce vaste échantillon d’interprétations individuelles, un journaliste a écrit que la théologie protestante manquait “de clarté et d’exigence dans l’élaboration de ses concepts et de ses théories”. Il l’a en outre qualifiée de “méli-mélo théologique élémentaire qui est finalement aussi peu fécond que le dogmatisme le plus figé”. Selon un bulletin diffusé parmi les protestants suisses, “la conception chrétienne selon laquelle il faut choisir entre plusieurs thèses” a été “remplacée par la doctrine du ‘tout est bon’”. Il ne faut donc pas s’étonner que les théologiens ne soient pas d’accorda.
La maison de Luther court-elle à sa ruine?
La crise qui frappe l’Église luthérienne est en réalité une crise de la foi. Cependant, la foi peut-elle se développer chez des personnes qui se nourrissent d’un “méli-mélo théologique élémentaire” et que l’on guide dans une direction imprécise où “tout est bon”? Le protestantisme peut-il espérer pousser ses troupes à l’action en faisant entendre une sonnerie aussi indistincte?
Déjà en 1932, Dietrich Bonhoeffer, qui enseignait la théologie, faisait le constat suivant: “Elle [l’Église luthérienne] essaie d’être partout et n’est finalement nulle part.” Est-il trop tard pour que l’Église luthérienne trouve son identité? La plupart de ses responsables reconnaissent que l’on ne pourra pas lui redonner vie par des méthodes courantes. Il faut quelque chose de nouveau et de différent, mais quoi? Un ancien évêque, Hans-Otto Wölber, donne son avis: “L’avenir de l’Église ne dépend pas des méthodes, mais des contenus. (...) C’est le message qui compte. (...) En d’autres termes, c’est par la Bible que nous tenons ou bien que nous tombons.”
Cela est tout à fait vrai.
[Note]
a Karl Barth, l’un des théologiens protestants les plus éminents du XXe siècle, aurait qualifié d’“abominables” certaines théories émises par son confrère Paul Tillich. Il était également en profond désaccord avec le théologien Rudolf Bultmann, lequel a mis en question une compréhension trop littérale de certains récits bibliques.
[Encadré, page 7]
Qui a fait retentir une sonnerie distincte en faveur de la neutralité chrétienne?
“Nous ne savons encore que très peu de choses sur le sort réservé aux objecteurs de conscience [allemands] pendant la Seconde Guerre mondiale. Voici tous les renseignements que nous avons obtenus jusqu’à présent: chez les luthériens, Hermann Stöhr et Martin Gauger ont refusé de se compromettre en effectuant le service militaire (...). On peut citer sept noms de catholiques (...). À la suite d’une réunion tenue le 10 janvier 1938 par des anciens et des ministres appartenant à leur mouvement, les mennonites allemands, traditionnellement pacifistes, ont décidé de ne pas ‘suivre le principe de non-défense’ sous le IIIe Reich. On sait qu’en Allemagne, deux quakers ont refusé d’effectuer le service militaire. (...) On peut nommer sept adventistes du septième jour qui ont refusé de prêter le serment d’allégeance (...) et ont été mis à mort. Ce sont les Témoins de Jéhovah (les Étudiants de la Bible) qui comptent le plus grand nombre de victimes dans leurs rangs. En 1939, environ 20 000 personnes dans l’ensemble du ‘Grand Reich’ appartenaient à cette (...) organisation religieuse. On estime qu’en Allemagne seulement, quelque 6 à 7 000 Témoins de Jéhovah ont refusé d’effectuer le service militaire pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est la raison pour laquelle la Gestapo et les SS ont accordé à cette organisation une attention particulière.” — “Sterben für den Frieden” (Mourir pour la paix), de Eberhard Röhm, publié en 1985.
-
-
L’avenir du protestantisme et le vôtreRéveillez-vous ! 1987 | 8 septembre
-
-
L’avenir du protestantisme et le vôtre
“J’ÉTUDIE la théologie luthérienne depuis maintenant trois ans et demi. Je vais donc bientôt devenir ministre de l’Église.” C’est ainsi que débutait une lettre envoyée en novembre 1986 à un quotidien allemand. Elle se poursuivait en ces termes: “Je voudrais le signaler, notre formation consiste essentiellement à démolir la Bible, de la première à la dernière page. (...) Tout en s’acharnant à détruire sa foi ou le fondement de celle-ci, les Écritures, la plupart des enseignants prêchent à l’étudiant le ‘nouvel évangile’ du socialisme, donnant ainsi à l’Église une substance entièrement nouvelle. Dieu est mort! vive le socialisme! Jésus s’est décomposé dans sa tombe, à chacun de se sauver! Telle est l’essence du sermon que, tous les dimanches, nombre de pasteurs prononcent en chaire. Nous avons un besoin pressant de nouveaux établissements d’enseignement biblique, mais en ce moment l’Église est en train d’en supprimer.”
Lorsqu’on voit que la Bible est traitée avec si peu d’égards, peut-on espérer que l’Église et ses fidèles se remettent un jour de leur désarroi spirituel? Comme l’a fait remarquer avec justesse un traducteur biblique du XVIIIe siècle, “l’état de santé de l’Église est fonction de la façon dont elle traite les Écritures”.
Quelle aide peut apporter un nouveau réformateur?
Georg Huntemann, professeur en théologie, a déclaré: “Dietrich Bonhoeffer est aujourd’hui plus honoré et plus cité que n’importe quel autre théologien du XXe siècle.” Bonhoeffer, membre influent de l’“Église confessante”, a été mis en prison par les nazis en 1943 et exécuté en 1945 pour sa participation présumée à la conjuration visant à assassiner Hitler. D’après Huntemann, Bonhoeffer pourrait bien être le nouveau réformateur dont l’Église luthérienne a besoin. Nous reproduisons ici des extraits de quelques-uns de ses sermons. En lisant ces lignes, demandez-vous: Quels changements cela représenterait pour l’Église luthérienne si elle se conformait à ces paroles? et pour l’Église à laquelle j’appartiens?
“En matière de religion, une chose est essentielle: la vérité.” Cet enseignement est en harmonie avec les paroles de Jésus: “Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en véritéa.” — Jean 4:24; voir 8:32; 14:6; 16:13.
Êtes-vous sûr que tout ce qu’enseigne votre Église est vrai? Enseigne-t-elle que l’homme possède une âme immortelle, c’est-à-dire qui ne peut mourir, ou est-elle en accord avec la Bible, qui affirme: “L’âme qui péchera, celle-là mourra.” (Ézéchiel 18:4, 8). Votre Église enseigne-t-elle que Dieu n’a pas de nom ou qu’il s’appelle Jésus, ou bien est-elle en harmonie avec la Bible, qui dit: “Et qu’ils sachent que toi seul, dont le nom est Jéhovah, tu es le Très-Haut sur toute la terre!” (Psaume 83:18, note en bas de page). Votre Église enseigne-t-elle que tous les bons monteront au ciel lorsque la terre sera détruite par le feu, ou bien déclare-t-elle, comme la Bible: “Les justes posséderont le pays, et ils l’habiteront à perpétuité.” — Psaume 37:29; voir Psaume 104:5.
“Elle [l’Église] doit s’efforcer de veiller à la pureté de son enseignement.” Ce principe est en accord avec les paroles de Jésus: ‘Gardez-vous du levain de la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens.’ — Matthieu 16:12; voir 1 Corinthiens 5:8.
Votre Église est-elle favorable à un “vaste échantillon d’interprétations individuelles” ou suit-elle ce conseil divinement inspiré: “Or je vous exhorte, frères, à avoir l’œil sur ceux qui causent les divisions et les occasions de chute par des choses qui ne sont pas selon la doctrine que vous avez apprise; et éloignez-vous d’eux.” — Romains 16:17; voir 2 Timothée 2:16-18; 2 Jean 9, 10.
“Au Jour du Jugement, Dieu ne nous demandera certainement pas: Avez-vous fêté la Réforme par des manifestations impressionnantes? mais plutôt: Avez-vous écouté ma Parole et l’avez-vous mise en pratique?” Cette déclaration est conforme à ce qu’a dit Jésus: “Mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique.” — Luc 8:21; voir Matthieu 7:21; Jean 15:14.
Votre Église accorde-t-elle davantage d’importance aux rites, aux cérémonies ou aux édifices qu’à l’acquisition de la connaissance exacte de la Parole de Dieu? En opposition avec le conseil de Paul, “n’abandonnant pas le rassemblement de nous-mêmes (...), et cela d’autant plus que vous voyez le jour approcher”, considère-t-elle qu’il suffit d’assister de temps en temps à la célébration de quelque fête religieuse? — Hébreux 10:25.
Votre Église vous encourage-t-elle à lire la Parole de Dieu tous les jours? Vous aide-t-elle individuellement à la comprendre? Vous incite-t-elle à faire ce qu’exige ce livre?
“La religion est un travail. Peut-être le plus difficile, très certainement le plus sacré que l’homme puisse accomplir.” Jésus ne pensait pas autrement lorsqu’il a dit: “Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre.” — Jean 4:34.
Votre Église vous enseigne-t-elle que l’œuvre confiée aux chrétiens par le Créateur consiste aujourd’hui à prêcher “cet évangile du royaume (...) dans la terre habitée tout entière, en témoignage à toutes les nations”? (Matthieu 24:14; voir Matthieu 28:19.) Vous incite-t-elle à faire part du merveilleux message relatif au Royaume “à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous”? — 1 Pierre 3:15.
Au moins dans les cas que nous venons de citer, Bonhoeffer a donné de bons conseils à son Église. “Mais pourquoi l’Église n’a-t-elle tenu aucun compte de ses paroles, ni des avertissements qu’il lui a adressés?” demande Huntemann. Question bien plus importante: pourquoi a-t-elle encore moins tenu compte des paroles pourtant capitales de Christ Jésus?
D’après le théologien Ulrich Betz, la société ouest-allemande pense et agit selon un courant que l’on pourrait qualifier de “postchrétien, pour ne pas dire néo-païen”. Sous ce rapport, au moins pour les 25 millions de membres de cette société dont elle a la charge spirituelle, l’Église luthérienne porte sa part de responsabilité. De même qu’un arbre qui produit des fruits pourris est peu digne de confiance, ainsi est une Église qui engendre des pseudo-chrétiens. Jésus a déclaré: “Un bon arbre ne peut pas produire de mauvais fruits, ni un arbre mauvais produire de bons fruits.” — Matthieu 7:16-18.
Livrez-vous à un honnête examen: Quels fruits votre Église produit-elle? Améliore-t-elle la personnalité de ses membres? Favorise-t-elle la paix et l’unité au sein de la famille, dans le quartier, dans le monde? Est-elle un rempart contre la toxicomanie, l’immoralité sexuelle et le crime? Pouvez-vous affirmer sans hésitation que le monde serait meilleur si tous les humains appartenaient à votre Église?
L’encadré de la page 11 montre pourquoi certains luthériens allemands, après avoir effectué cet examen honnête, sont allés chercher ailleurs la direction spirituelle dont ils avaient besoin.
Que ferez-vous si votre Église ne réagit pas?
Si, après vous être prêté à un examen honnête, vous n’êtes pas satisfait de ce que vous avez vu, ne vous contentez pas de le déplorer. Un journaliste, analysant la pensée de Karl Barth selon laquelle ce sont ses membres qui font une Église, en a logiquement conclu: “Les membres de l’Église (...) sont responsables de ce qu’elle dit et de ce qu’elle fait.” Par conséquent, demandez-vous: Suis-je prêt à porter ma part de responsabilité dans tout ce que mon Église dit et fait? Suis-je fier d’avoir pour frères spirituels tous ses autres membres?
Tout en examinant ces questions, ne perdez pas de vue la portée d’Apocalypse 18:4, 8. Parlant de l’empire universel de la fausse religion, qui s’est attiré la défaveur de Dieu, ces versets donnent l’avertissement suivant: “Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies: car (...) en un seul jour viendront ses plaies, mort, et deuil, et famine, et elle sera brûlée au feu; car le Seigneur Dieu qui l’a jugée est puissant!”
Peut-être pensez-vous sincèrement que votre Église ne fait pas partie de la fausse religion que, conformément à sa parole, Dieu va bientôt détruire, mais en êtes-vous certain? Votre vie en dépend.
La fausse religion n’en a plus pour longtemps, de même ceux qui la soutiennent. La vraie religion existera toujours, ainsi que ceux qui la pratiquent. À vous de faire votre choix en conséquence.
[Note]
a Toutes les citations sont tirées de La Sainte Bible de J. N. Darby.
[Encadré/Illustration, page 9]
Lors de leurs assemblées, par exemple à l’occasion de la représentation d’un drame biblique comme celui que l’on voit ici, les Témoins de Jéhovah bénéficient d’une instruction pratique sur la manière d’appliquer les principes de la Bible dans leur vie de tous les jours. Cette trompette fait entendre une sonnerie distincte, celle de la vérité. Elle n’est altérée par aucun différend politique ou doctrinal, elle fortifie leur espérance, et elle les incite à prendre part à la vie et aux activités du chrétien. Assistez à l’une de ces assemblées, et vous vous rendrez compte!
[Encadré, page 11]
D’anciens luthériens expliquent pourquoi ils sont devenus Témoins de Jéhovah
“La première chose qui m’a frappé chez les Témoins de Jéhovah, c’est la propreté et l’honnêteté que j’ai remarquées lors de leurs assemblées. Je vous encourage à assister à l’une d’entre elles et à constater vous-même l’amour véritable qui règne parmi les Témoins.” — W. R., ancien sacristain.
“J’allais au temple tous les dimanches, mais le sermon, qui durait au plus 20 minutes, répondait rarement aux questions que je me posais, telles que: Quel est le but de la vie? ou qu’y a-t-il après la mort? Les Témoins de Jéhovah quant à eux m’ont répondu en utilisant la Bible; en outre, je pouvais leur parler personnellement. Un office divin doit être davantage qu’une cérémonie à laquelle on se rend au son d’une cloche tous les dimanches matin, puis où on chante des cantiques et on écoute un sermon. Une personne qui cherche sincèrement la vérité ne peut se satisfaire de ces rites, car elle désire faire quelque chose.” — E. B., ancienne catéchiste.
“Lorsque j’étais ancien dans mon Église, je ne traitais jamais de questions bibliques; mon rôle était purement administratif. Ce qui m’a le plus aidé, c’est de connaître le nom de Dieu, Jéhovah, un nom que je n’avais jamais entendu dans mon Église. J’ai été étonné de voir toutes les vérités que la Bible contient.” — E. M., naguère ancien de l’Église luthérienne.
“La première fois que des Témoins de Jéhovah m’ont adressé la parole, la différence [entre eux et nous] m’est apparue clairement. L’idée qu’ils veuillent me parler de la Bible était pour moi tout à fait étrange et nouvelle. Je leur ai d’abord demandé s’ils étaient payés pour accomplir cette œuvre. Ils m’ont répondu que non. Puis je leur ai demandé s’ils avaient fait la guerre. Ils m’ont expliqué que nombre de Témoins avaient été envoyés dans des camps de concentration. Enfin! j’avais trouvé des gens qui étaient prêts à mourir pour leur foi.” — H. M., ancien sacristain.
“Lorsque j’ai demandé au pasteur de m’expliquer pourquoi chaque pasteur a sa propre interprétation de la Bible, il m’a dit: ‘Chaque pasteur est légitimé à représenter Dieu de la façon qui lui permet d’aider le mieux la congrégation.’ Par la suite, j’ai assisté successivement aux réunions de deux congrégations différentes de Témoins de Jéhovah, et j’ai été frappée par la complète harmonie que j’y ai trouvée. Les discours étaient très instructifs et toujours appuyés par des textes bibliques que chacun pouvait lire directement dans sa Bible. Quelle différence avec tous les sermons que j’avais pu entendre jusque-là!” — U. P., ancienne aide sociale et infirmière de sa paroisse.
[Illustration, page 10]
Les assemblées de district encouragent les Témoins de Jéhovah à prêcher le Royaume de Dieu.
-