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  • Pourquoi s’intéresser aux autres religions?
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 1

      Pourquoi s’intéresser aux autres religions?

      1-7. Quelles sont quelques-unes des pratiques religieuses qui ont cours dans le monde?

      QUEL que soit l’endroit où vous vivez, vous l’avez probablement constaté: la religion occupe une place dans la vie de millions de personnes, à commencer par la vôtre peut-être. Dans les pays hindouistes, vous verrez souvent les gens accomplir la pûjâ, une cérémonie au cours de laquelle les dévots présentent à leurs dieux des offrandes de noix de coco, de fleurs, de pommes... Sur le front des croyants, un prêtre apposera la tilaka, une marque faite avec un pigment rouge ou jaune. Chaque année, des millions d’hindous se pressent sur les rives du Gange pour se purifier dans ses eaux.

      2 Dans les pays catholiques, on voit les gens prier dans des églises et des cathédrales, tenant un crucifix ou égrenant un chapelet avec lequel ils comptent les prières qu’ils adressent à Marie. On reconnaît facilement les religieuses et les prêtres à leurs vêtements sombres.

      3 Les pays protestants abritent une multitude de chapelles et de temples. Le dimanche, les paroissiens s’y rassemblent dans leurs plus beaux habits pour chanter des cantiques et entendre des sermons. Les membres du clergé se distinguent souvent par leur costume noir et leur col d’ecclésiastique.

      4 Dans les pays musulmans, cinq fois par jour vous entendrez le muezzin qui, du haut d’un minaret, appelle les fidèles à la ṣalāt, la prière rituelle. Pour les musulmans, l’islām a pour livre sacré le Qurʼān; ils croient que l’ange Gabriel le transmit au prophète Muḥammad de la part de Dieu au VIIe siècle de notre ère.

      5 Dans de nombreux pays bouddhistes, les moines que l’on croise dans la rue sont généralement vêtus d’une robe safran, noire ou rouge; on les tient pour des modèles de piété. Les vieux temples, exhibant leurs bouddhas sereins, attestent l’ancienneté de la foi bouddhique.

      6 Surtout pratiqué au Japon, le shintō, avec ses autels domestiques et ses offrandes aux ancêtres, est intimement associé à la vie quotidienne. Les Japonais n’hésitent pas à prier pour les choses les plus terre à terre, avant de passer un examen scolaire par exemple.

      7 Une autre activité religieuse connue dans le monde entier est la diffusion de Bibles et de publications bibliques dans les rues ou de maison en maison. Ceux qui s’y emploient proposent les périodiques La Tour de Garde et Réveillez-vous!, grâce auxquels la plupart des gens les identifient à des Témoins de Jéhovah.

      8. Que révèle l’histoire de la pratique religieuse?

      8 Qu’indiquent ces manifestations si diverses de ferveur religieuse que l’on observe partout dans le monde? Ceci: Depuis des milliers d’années, l’homme a des aspirations et des besoins spirituels. La vie humaine est parsemée de difficultés et de soucis, traversée de doutes et d’interrogations, sans compter l’énigme qu’est la mort. Exprimant sa sensibilité religieuse de nombreuses et diverses façons, l’homme a cherché refuge et soulagement auprès de Dieu ou de divinités. La religion tente également d’apporter une réponse à ces grandes questions: Pourquoi sommes-​nous sur la terre? Quel sens faut-​il donner à la vie? Quel est l’avenir de l’humanité?

      9. En quel sens la plupart des gens manifestent-​ils dans leur vie une forme ou une autre de dévotion?

      9 À l’opposé, on trouve des millions de gens athées qui ne professent aucune religion ni ne croient en un dieu quelconque. Les agnostiques, eux, pensent que Dieu est inconnu et vraisemblablement inconnaissable. Pourtant, cela ne signifie nullement que ces personnes n’obéissent à aucun principe, à aucune morale, pas plus d’ailleurs que l’appartenance à une religion ne garantit le respect de valeurs morales. Du reste, si l’on définit la religion comme “une discipline, une loi, un joug, un indissoluble engagement”, force est d’admettre que la majorité des gens, athées et agnostiques y compris, manifestent dans leur vie une forme ou une autre de dévotion. — Le Robert, dictionnaire de la langue française.

      10. La religion exerce-​t-​elle une influence dans le monde aujourd’hui? Expliquez.

      10 Qu’on le veuille ou non, dans un monde que les moyens de transport et de communication rendent chaque jour plus petit et où tant de religions cœxistent, il est inévitable que certaines croyances prennent une dimension internationale. Le scandale qui a entouré en 1989 la publication des Versets sataniques par celui qu’on a qualifié de ‘musulman apostat’ montre à l’évidence qu’un émoi religieux peut gagner la planète entière. Des chefs religieux musulmans ont exigé que ce livre soit interdit et même que son auteur soit mis à mort. Pourquoi les controverses religieuses suscitent-​elles des réactions aussi vives?

      11. Pourquoi n’est-​il pas déplacé de se pencher sur les croyances d’autrui?

      11 Il nous faut, pour le savoir, nous familiariser avec l’histoire des religions. Dans son livre Les religions dans le monde — de l’Antiquité à nos jours (angl.), Geoffrey Parrinder tient ces propos: “Ce n’est pas trahir sa foi que de se livrer à l’étude des religions. C’est au contraire l’élargir en découvrant comment d’autres ont cherché la vérité et en quoi cette quête les a enrichis.” La connaissance engendre la compréhension, et la compréhension amène à tolérer ceux qui pensent autrement que nous.

      À quoi bon chercher?

      12. Par quels facteurs la religion de quelqu’un est-​elle généralement déterminée?

      12 Avez-​vous jamais dit ou pensé: ‘J’ai ma religion. C’est une question personnelle dont je ne discute pas.’ Nos conceptions religieuses, c’est indéniable, nous sont très personnelles, car dès le berceau nos parents et nos proches ont implanté dans notre esprit leurs orientations morales ou religieuses. En conséquence, nous adoptons d’ordinaire les mêmes valeurs religieuses que nos parents et nos grands-parents. L’appartenance à une religion relève presque des traditions familiales. Qu’en résulte-​t-​il? Dans bien des cas, notre religion a été choisie par d’autres, en fonction de l’époque et de l’endroit où nous sommes nés. Pour reprendre les termes de l’historien Arnold Toynbee, l’adhésion d’un individu à une foi particulière est souvent déterminée “par l’accident géographique de la localisation de son lieu de naissance”.

      13, 14. Pourquoi n’est-​il pas raisonnable de croire que la religion qu’on reçoit à la naissance est nécessairement celle que Dieu approuve?

      13 Faut-​il en conclure que la religion imposée à la naissance correspond forcément à la vérité, à toute la vérité? Si vous étiez né en Italie ou en Amérique du Sud, vous n’auriez probablement pas eu d’autre choix que celui d’être élevé dans la religion catholique. Si vous aviez vu le jour en Inde, il y a de fortes chances que vous soyez devenu hindouiste, ou peut-être sikh si vous étiez natif du Pendjab. Si vos parents étaient pakistanais, vous seriez sans doute musulman. Si enfin vous étiez venu au monde dans un pays socialiste ces dernières décennies, vous auriez vraisemblablement reçu une éducation athée. — Galates 1:13, 14; Actes 23:6.

      14 En ce cas, la religion qu’on reçoit à la naissance est-​elle nécessairement la bonne, celle que Dieu approuve? Si l’on avait admis cette hypothèse tout au long des milliers d’années écoulées, une large fraction de l’humanité pratiquerait encore le chamanisme primitif ou d’anciens cultes de la fertilité. Ce principe aurait prévalu: ‘Ce qui était assez bon pour mes ancêtres l’est également pour moi.’

      15, 16. Quels avantages y a-​t-​il à examiner d’autres religions?

      15 Au cours des six derniers millénaires, l’expression religieuse a pris des formes très diverses. L’exploration du contenu et de l’origine des croyances d’autres peuples offre donc une occasion d’élargir ses connaissances et d’ouvrir son esprit. Cet examen peut également nous donner une vision plus nette et plus souriante de l’avenir.

      16 Aujourd’hui, dans de nombreux pays, l’immigration et les mouvements de population amènent des gens de religions différentes à vivre côte à côte. Celui qui comprend les conceptions religieuses d’autrui est mieux à même de communiquer avec des personnes de toutes confessions et d’avoir avec elles des échanges constructifs. Cette compréhension contribue aussi à désamorcer les haines qui rongent un monde aligné sur des frontières religieuses. On a beau désapprouver totalement telle ou telle croyance, rien cependant n’autorise à haïr quelqu’un simplement parce qu’il voit les choses sous un jour différent. — 1 Pierre 3:15; 1 Jean 4:20, 21; Révélation 2:6.

      17. Pourquoi ne devrions-​nous pas haïr ceux qui n’ont pas les mêmes croyances que nous?

      17 La loi des Juifs de l’Antiquité stipulait: “Ne hais point ton frère en ton cœur: reprends ton prochain, et tu n’assumeras pas de péché à cause de lui. Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-​même: je suis l’Éternel [Jéhovah].” (Lévitique 19:17, 18, Rabbinat français). De son côté, le fondateur du christianisme déclara: “Mais je vous le dis, à vous qui écoutez: Continuez d’aimer vos ennemis, de faire du bien à ceux qui vous haïssent, (...) et votre récompense sera grande, et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et les méchants.” (Luc 6:27, 35). Sous le titre “L’Examinée”, le Qurʼān émet un principe similaire (Sourate 60:7, RB): “Peut-être Allah établira-​t-​Il de l’amitié entre vous et ceux [des Infidèles] que vous traitez en ennemis. Allah est omnipotent. Allah est absoluteur et miséricordieux.”

      18. En quel sens toutes les croyances ne se valent-​elles pas?

      18 Si la tolérance et la compréhension mutuelle s’imposent, n’en concluons pas toutefois que toutes les croyances se valent. Notez ces propos de l’historien Geoffrey Parrinder: “On entend parfois dire que les religions tendent toutes vers le même but, qu’elles sont autant de routes menant à la vérité, ou encore que leurs doctrines sont identiques (...). Pourtant, les anciens Aztèques, qui offraient au soleil le cœur encore palpitant de leurs victimes, n’avaient certainement pas une religion aussi bonne que celle du paisible Bouddha.” Du reste, n’est-​ce pas à Dieu de définir ce qui est acceptable ou non en matière de culte? — Michée 6:8.

      Sur quels critères juger une religion?

      19. Quelle influence une religion devrait-​elle avoir sur la conduite du croyant?

      19 La plupart des religions reposent sur un ensemble de croyances ou de dogmes qui, souvent, forment une théologie très complexe, inaccessible au laïc moyen. Dans tous les cas, on peut néanmoins établir un rapport de cause à effet entre les enseignements d’une religion et l’influence qu’ils devraient avoir sur la personnalité et la conduite du croyant. Ainsi, le comportement de quelqu’un renvoie en principe un reflet plus ou moins nuancé de ses conceptions religieuses. Quelle influence votre religion a-​t-​elle sur vous? Vous rend-​elle plus aimable, plus généreux? Vous incite-​t-​elle à être plus honnête, plus humble, plus tolérant, plus compatissant? Ces questions ne sont pas hors de propos. Jésus Christ, un grand enseignant religieux, a en effet déclaré: “Tout bon arbre produit de beaux fruits, mais tout arbre pourri produit des fruits sans valeur; un bon arbre ne peut porter des fruits sans valeur, pas plus qu’un arbre pourri ne peut produire de beaux fruits. Tout arbre qui ne produit pas de beaux fruits est coupé et jeté au feu. Ainsi donc, c’est à leurs fruits que vous reconnaîtrez ces hommes-​là.” — Matthieu 7:17-20.

      20. Le rôle qu’a joué la religion au cours de l’Histoire soulève quelles questions?

      20 L’histoire de l’humanité nous conduit inévitablement à nous interroger sur le rôle qu’a joué la religion dans les nombreuses guerres qui ont déchiré les hommes et causé d’indicibles souffrances. Pourquoi tant de gens ont-​ils tué ou ont-​ils été tués sous le couvert de la religion? Les Croisades, l’Inquisition, les conflits du Moyen-Orient et d’Irlande du Nord, la lutte sanglante entre l’Iran et l’Iraq (1980-​1988), les affrontements entre hindous et sikhs en Inde — tous ces événements amènent les gens réfléchis à mettre en question la morale et les croyances religieuses. — Voir l’encadré ci-dessous.

      21. Citez quelques-uns des fruits produits par la chrétienté.

      21 Sous ce rapport, la chrétienté a fait preuve d’une hypocrisie notoire. Au cours des deux guerres mondiales, sur l’ordre de chefs politiques “chrétiens”, des catholiques ont tué d’autres catholiques, et des protestants d’autres protestants. Or, la Bible établit un contraste on ne peut plus net entre les œuvres de la chair et le fruit de l’esprit. Elle décrit les premières en ces termes: “Ce sont la fornication, l’impureté, l’inconduite, l’idolâtrie, la pratique du spiritisme, les inimitiés, la querelle, la jalousie, les accès de colère, les disputes, les divisions, les sectes, les envies, les beuveries, les orgies et autres choses semblables. Et à ce propos je vous préviens, comme je vous ai déjà prévenus: ceux qui pratiquent de telles choses n’hériteront pas du royaume de Dieu.” C’est là pourtant ce que de prétendus chrétiens pratiquent depuis des siècles, et souvent sous l’œil complaisant du clergé. — Galates 5:19-21.

      22, 23. Par contre, quel fruit la vraie religion devrait-​elle produire?

      22 Par contre, la Bible définit l’excellent fruit de l’esprit par ces mots: “C’est l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la foi, la douceur, la maîtrise de soi. Contre de telles choses il n’y a pas de loi.” Toutes les religions devraient produire ce fruit paisible. En est-​il ainsi? La vôtre le produit-​elle? — Galates 5:22, 23.

      23 Le présent ouvrage, qui montre comment l’homme a recherché Dieu au travers des religions, devrait répondre à certaines de nos interrogations. Mais sur quels critères faut-​il juger une religion et, surtout, sur les critères de qui?

      ‘Ma religion me suffit’

      24, 25. Quel défi touchant la religion chacun doit-​il relever?

      24 Beaucoup de gens coupent court à toute discussion sur des questions religieuses en disant: ‘Ma religion me suffit. Je ne fais de mal à personne et je rends service quand je le peux.’ Est-​ce pousser assez loin le raisonnement? En matière de religion, peut-​on s’en remettre à nos seuls critères personnels?

      25 Si, comme l’affirme un dictionnaire, la religion est “l’expression d’une croyance respectueuse de l’homme en un pouvoir supérieur considéré comme le créateur et le maître de l’univers”, la vraie question devrait être: Ma religion est-​elle bonne aux yeux de celui qui est le créateur et le maître de l’univers? Selon cette même définition, le Créateur serait en droit de déterminer la conduite, le culte et les enseignements qui sont acceptables et ceux qui ne le sont pas. Pour ce faire, il devrait révéler sa volonté aux humains et permettre à chacun de s’y référer facilement. Il faudrait de surcroît que ces révélations divines demeurent harmonieuses et conséquentes, même si elles étaient dispensées à plusieurs siècles d’intervalle. Chaque humain a donc un défi à relever: se livrer à une recherche personnelle pour découvrir ce qui plaît à Dieu.

      26. Quel livre sacré doit servir d’étalon pour déterminer le culte que Dieu agrée? Pourquoi?

      26 La Bible compte parmi les livres les plus anciens qui revendiquent l’inspiration divine. C’est également l’ouvrage qui a été le plus diffusé et le plus traduit au cours de l’Histoire. Il y a près de deux mille ans, un de ses rédacteurs déclara: “Ne vous modelez plus sur ce système de choses-​ci, mais transformez-​vous en renouvelant votre esprit, afin de constater par vous-​mêmes quelle est la bonne, l’agréable et la parfaite volonté de Dieu.” (Romains 12:2). Sur quelle base peut-​on définir quelle est la volonté de Dieu? Le même rédacteur écrivit plus loin: “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour reprendre, pour remettre les choses en ordre, pour discipliner dans la justice, pour que l’homme de Dieu soit tout à fait qualifié, parfaitement équipé pour toute œuvre bonne.” Étant inspirée de Dieu, la Bible sert donc d’étalon pour définir avec certitude le culte que Dieu agrée. — 2 Timothée 3:16, 17.

      27. a) Sur quels écrits sacrés différentes religions s’appuient-​elles? b) De quelle valeur sont leurs enseignements par rapport à ceux de la Bible?

      27 La Bible, dans sa partie la plus ancienne, est antérieure à tous les autres écrits religieux. La Torah, ou cinq premiers livres de la Bible, renferme la Loi consignée par Moïse sous l’inspiration divine. Elle remonte aux XVe et XVIe siècles avant notre ère. À titre de comparaison, le Rig-Veda (un recueil d’hymnes hindous) fut achevé vers 900 avant notre ère et, du reste, ne se présente pas comme un écrit inspiré. “Les Trois corbeilles” du canon bouddhique datent du Ve siècle avant notre ère. Le Qurʼān, que Dieu aurait transmis aux hommes par l’intermédiaire de l’ange Gabriel, fut rédigé au VIIe siècle de notre ère. Le Livre de Mormon, censément remis à Joseph Smith aux États-Unis par un ange du nom de Moroni, date, lui, du XIXe siècle. Si, comme on le fait valoir, certains de ces ouvrages sont effectivement le fruit de l’inspiration divine, leurs doctrines ne doivent pas contredire les enseignements de la Bible, qui contient quant à elle les écrits initialement inspirés par Dieu. Ces ouvrages doivent par ailleurs répondre à certaines des questions qui déconcertent le plus les humains.

      Des questions qui méritent une réponse

      28. Énoncez quelques questions qui méritent une réponse.

      28 1) La Bible enseigne-​t-​elle ce qui est cru et enseigné dans la plupart des religions, par exemple que l’homme possède une âme immortelle qui, à la mort, s’en va dans un autre monde — dans “l’au-delà”, au ciel, en enfer, au purgatoire — ou bien se réincarne sur la terre?

      2) La Bible dit-​elle que le Souverain de l’univers n’a pas de nom? Le présente-​t-​elle comme le Dieu unique, comme un Dieu en trois personnes, ou comme une multitude de dieux?

      3) D’après la Bible, quel était le dessein de Dieu à l’origine, lorsqu’il mit l’homme sur la terre?

      4) La Bible annonce-​t-​elle que la terre sera détruite un jour, ou parle-​t-​elle simplement de la fin, ou conclusion, du présent monde corrompu?

      5) Comment trouver la véritable paix intérieure et obtenir le salut?

      29. a) Quel principe devrait-​on adopter dans notre recherche de la vérité? b) Quelles réponses la Bible fournit-​elle à nos questions?

      29 Certes, chaque religion apporte ses réponses; toutefois, si nous sommes en quête de la “religion pure”, il nous faudra tôt ou tard nous rallier aux conclusions auxquelles Dieu désire nous amener (Jacques 1:27; Os; Sg). Pourquoi cela? Parce que nous nous en tiendrons au principe suivant: “Que Dieu soit reconnu véridique, tout homme fût-​il reconnu menteur, comme c’est écrit: ‘Afin que tu apparaisses juste dans tes paroles et que tu sois victorieux lorsqu’on te juge.’” — Romains 3:4a.

      30. Quelles questions seront notamment abordées dans le chapitre suivant?

      30 Maintenant que nous avons de bonnes raisons d’examiner les religions du monde, penchons-​nous sur les débuts de la quête spirituelle de l’humanité. Que sait-​on sur la façon dont la religion est apparue? Quel genre de culte pratiquaient les peuples anciens, supposés primitifs?

  • La religion: D’où vient-elle?
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 2

      La religion: D’où vient-​elle?

      1, 2. Qu’a-​t-​on observé quant à l’ancienneté et à la diversité des religions?

      SI L’ON en croit les archéologues et les anthropologues, l’histoire de la religion a commencé avec celle de l’homme. On décèle une forme ou une autre de culte même dans les civilisations les plus rudimentaires, celles que l’on dit “primitives”. D’après la Nouvelle Encyclopédie britannique (angl.), “en quelque lieu ou époque que ce soit, les ethnologues n’ont encore découvert aucun peuple totalement dénué de sens religieux”.

      2 Outre son ancienneté, la religion se caractérise aussi par sa remarquable variété. Des chasseurs de têtes de la jungle bornéenne aux Esquimaux de l’Arctique, en passant par les nomades du Sahara et les habitants des grandes métropoles, il n’est pas de peuple ou de nation qui n’adore un ou plusieurs dieux et ne pratique un culte spécifique. Le phénomène religieux présente une diversité stupéfiante.

      3. Quelles questions touchant les religions pratiquées dans le monde méritent réflexion?

      3 Plusieurs questions nous viennent tout naturellement à l’esprit: D’où ces nombreuses religions tirent-​elles leur origine? Ces cultes, qui à la fois divergent et se ressemblent, ont-​ils pris corps séparément, ou à partir d’une même source? Au fond, demandera-​t-​on peut-être, pourquoi la religion existe-​t-​elle? Comment est-​elle apparue? Pour tous ceux qui désirent connaître la vérité sur les religions et sur les croyances religieuses, ces questions sont du plus haut intérêt.

      Les origines

      4. Que savons-​nous des fondateurs de nombreuses religions?

      4 Lorsqu’on évoque l’origine des religions, les gens pensent tout de suite, selon leur confession, à Muḥammad, au Bouddha, à Confucius ou encore à Jésus. À chaque mouvement religieux, on peut presque toujours associer un personnage central censé avoir fondé ‘la vraie religion’: un réformateur iconoclaste, un philosophe moraliste ou encore un héros populaire et philanthrope. Beaucoup de ces hommes ont laissé derrière eux un enseignement oral ou des écrits qui portaient en germe une religion nouvelle. Avec le temps, leurs propos, leurs faits et gestes ont été remodelés, enjolivés et revêtus d’une aura mystique. Certains de ces chefs spirituels ont même été divinisés.

      5, 6. Comment bon nombre de religions ont-​elles vu le jour?

      5 Bien qu’ils soient regardés comme les fondateurs des grandes religions que nous connaissons, notons toutefois que ces hommes n’ont pas, à proprement parler, inventé la religion. Le plus souvent, et même si la plupart d’entre eux revendiquaient l’inspiration divine, ils tiraient leurs enseignements de concepts religieux qui existaient déjà. D’autres ont simplement modifié ou réformé des systèmes religieux devenus déficients dans un domaine ou dans un autre.

      6 Illustrons cela. Selon les sources disponibles, le Bouddha fut d’abord un prince. Ébranlé en découvrant autour de lui les souffrances et les conditions de vie déplorables qui régnaient dans la société hindouiste, il se mit à chercher un remède aux vicissitudes de la vie. Le bouddhisme fut l’aboutissement de sa quête. Muḥammad, lui, était fort troublé par l’idolâtrie et la conduite immorale qui entachaient les pratiques religieuses de son temps. Il affirma avoir reçu des révélations spéciales de la part de Dieu. Ces révélations formèrent le Qurʼān et furent le point de départ d’un nouveau mouvement religieux: l’islām. Quant au protestantisme, il est sorti du catholicisme à la suite de la Réforme qui commença au début du XVIe siècle, lorsque Martin Luther s’insurgea contre la vente d’indulgences par l’Église.

      7. Quelles questions touchant la religion restent à élucider?

      7 On connaît donc fort bien tout ce qui touche aux religions pratiquées de nos jours: leur origine, leur développement, leurs fondateurs, leurs écrits sacrés, etc. Est-​on aussi bien renseigné sur les religions qui les ont précédées? Et sur celles qui existaient encore avant? Si nous remontons assez loin dans le passé, nous finirons tôt ou tard par nous demander: d’où vient la religion? Pour le savoir, il nous faut à l’évidence porter nos regards au delà de l’horizon religieux de nos contemporains.

      Des théories en quantité

      8. Comment les gens ont-​ils considéré la religion pendant des siècles?

      8 L’étude de l’origine et du développement des religions est relativement récente. Dans les siècles passés, les gens adoptaient d’ordinaire les traditions religieuses de l’endroit où ils naissaient et qu’on leur enseignait dès l’enfance. La majorité d’entre eux se contentaient des explications transmises par leurs parents et leurs grands-parents, qui passaient à leurs yeux pour détenir la vraie religion. On avait peu de raisons de remettre en cause quoi que ce soit, ni de chercher à savoir quand, comment ou pourquoi la religion avait vu le jour. Ne disposant d’ailleurs que de moyens de communication et de déplacement très limités, bien des gens ne soupçonnaient même pas l’existence de systèmes religieux autres que le leur.

      9. Depuis le XIXe siècle, de quelles façons a-​t-​on cherché à savoir comment et pourquoi la religion avait fait son apparition?

      9 Les choses prirent toutefois une nouvelle tournure au XIXe siècle. Le succès que remporta la théorie de l’évolution dans les milieux intellectuels et l’avènement de la recherche scientifique incitèrent beaucoup de gens à mettre en question les systèmes établis, y compris la religion. Comprenant que les cultes en place n’offraient pas le meilleur champ d’investigation, certains chercheurs se mirent à étudier les vestiges de civilisations anciennes ou les sociétés primitives qui existaient encore dans les endroits les plus reculés de la planète. Ils les passèrent au crible de la psychologie, de la sociologie, de l’anthropologie, etc., espérant découvrir pourquoi et comment la religion était apparue.

      10. À quoi la recherche des origines de la religion a-​t-​elle abouti?

      10 À quoi ces recherches ont-​elles abouti? Aussi nombreuses, semble-​t-​il, que les chercheurs eux-​mêmes, quantité de théories contradictoires virent soudain le jour, rivalisant d’audace et d’originalité. Certains travaux firent date, tandis que d’autres tombèrent dans l’oubli. Un aperçu de ces recherches enrichira nos connaissances et nous aidera à mieux comprendre le comportement religieux de nos semblables.

      11. En quoi consiste la théorie de l’animisme?

      11 L’anthropologue anglais Edward Tylor (1832-​1917) proposa la théorie dite de l’animisme. D’après Tylor, l’expérience des rêves, des visions, des hallucinations et le constat de l’inactivité des cadavres amenèrent les peuples primitifs à croire qu’une âme (latin anima) habitait le corps. Selon cette théorie, puisque l’on rêve souvent des êtres chers que l’on a perdus, c’est que l’âme survit, qu’elle quitte le corps et s’en va résider dans les arbres, les rochers, les rivières, etc. Par la suite, on en vint à diviniser et à rendre un culte aux morts et aux objets censés abriter une âme. Voilà comment, si l’on en croit Tylor, la religion serait née.

      12. Expliquez ce qu’est la théorie du préanimisme.

      12 Robert Marett (1866-​1943), autre anthropologue anglais, affina la théorie de Tylor en avançant le concept de préanimisme. Après avoir étudié les croyances des Mélanésiens des îles du Pacifique et celles des indigènes d’Afrique et d’Amérique, Marett parvint à la conclusion que la notion d’âme individuelle était étrangère aux peuples primitifs. Ces gens, pensait-​il, croyaient plutôt qu’une force impersonnelle et surnaturelle animait toute chose. À son sens, l’effroi inspiré par cette croyance fut la première forme d’expérience religieuse. Pour Marett, la religion fut essentiellement une réaction viscérale de l’homme face à l’inconnu. Il se plaisait à dire que la religion “se dansait plus qu’elle ne se pensait”.

      13. Quelle théorie James Frazer avança-​t-​il pour expliquer l’apparition de la religion?

      13 En 1890, James Frazer (1854-​1941), un Écossais spécialiste des folklores anciens, publia Le rameau d’or, ouvrage de poids dans lequel il avança que la religion tirait son origine de la magie. D’après Frazer, les hommes se sont d’abord efforcés d’avoir prise sur leur propre vie et sur le monde extérieur en simulant ce qu’ils observaient dans la nature. Ils s’imaginaient par exemple attirer la pluie en répandant de l’eau sur le sol tout en battant du tambour pour imiter le tonnerre, ou encore pensaient nuire à un ennemi en enfonçant des épingles dans une figurine. Ils se mirent à recourir aux rites, aux sortilèges et aux objets magiques en toutes sortes de circonstances. Devant l’inefficacité de ces pratiques, l’homme a ensuite cherché, non plus à dominer les forces surnaturelles, mais à se les concilier en les implorant. Les rites et les incantations se muèrent en sacrifices et en prières: la religion était née. Pour citer Frazer, la religion a ‘sens de propitiation ou de conciliation des puissances supérieures’.

      14. Pour Sigmund Freud, d’où venait la religion?

      14 Il n’est pas jusqu’au célèbre psychanalyste autrichien Sigmund Freud (1856-​1939) qui, dans son livre Totem et Tabou, ne se pencha lui aussi sur l’origine de la religion. Fidèle à ses conceptions, il fit dériver les premières formes de religion de ce qu’il appela une névrose dans le rapport au père. Il partit de l’hypothèse que dans la société primitive, comme chez les bœufs et les chevaux sauvages, c’est le père qui dominait le clan. Les fils, qui à la fois haïssaient et admiraient le père, se rebellèrent un jour contre lui et le tuèrent. Voulant s’approprier ses pouvoirs, ‘ces primitifs cannibales dévorèrent leur victime’. Par la suite, pris de remords, ils inventèrent les rites et les rituels afin d’expier leur meurtre. Selon la thèse freudienne, la représentation du père devint Dieu, rites et rituels constituèrent la première forme de religion, et l’acte de dévoration du père assassiné trouva son prolongement dans la pratique de la communion, qu’observent de nombreuses religions.

      15. Que sont devenues la plupart des théories traitant de l’origine des religions?

      15 Bien d’autres théories sur l’origine de la religion pourraient figurer ici. La plupart, cependant, sont tombées dans l’oubli et, pour tout dire, aucune d’elles ne s’est vraiment imposée par sa vraisemblance ou sa solidité. Pourquoi? La raison est simple: l’Histoire n’a jamais fourni aucune preuve de leur véracité. Ces théories n’ont été que des constructions intellectuelles, des conjectures éphémères bien vite balayées par les dernières innovations en date.

      De mauvaises bases

      16. Pourquoi, malgré des années de recherche, n’a-​t-​on pu expliquer comment la religion est apparue?

      16 Après des années de recherches laborieuses, et de l’avis de beaucoup, il est très peu probable qu’une découverte décisive vienne un jour éclairer les origines de la religion. C’est que, d’une part, les ossements et autres vestiges ne nous disent rien sur la façon dont les hommes de l’Antiquité raisonnaient, sur les craintes qui les habitaient ni sur ce qui les poussait à adorer. Tous les enseignements tirés de ces objets ne sont, au mieux, que de savantes suppositions. D’autre part, les pratiques religieuses qui ont cours aujourd’hui chez les peuplades dites primitives — les aborigènes d’Australie par exemple — ne permettent pas forcément d’extrapoler ce que pensaient ou faisaient les peuples du passé. Nul ne sait avec certitude si les cultures de ces peuples ont changé au fil des siècles ni, le cas échéant, en quoi consistaient ces changements.

      17. a) Que savent aujourd’hui les historiens de la religion? b) Quel semble être le principal souci de ceux qui se livrent à l’étude des religions?

      17 Relevant toutes ces incertitudes, l’ouvrage Les religions dans le monde — de l’Antiquité à nos jours (angl.), dresse ce constat: “Les historiens de la religion savent aujourd’hui qu’il est impossible de remonter aux origines de la religion.” Sur la démarche de ces historiens, on lit cependant: “Dans le passé, bien trop de théoriciens ne se sont pas tant appliqués à décrire ou à expliquer le phénomène religieux qu’à essayer de s’en débarrasser. Si, pensaient-​ils, on parvenait à prouver que les premières formes de religion reposent sur des illusions, on ébranlerait du même coup les religions plus élaborées qui leur ont succédé.”

      18. a) Pourquoi les chercheurs n’ont-​ils pas réussi à expliquer l’origine des religions? b) Quelles étaient, semble-​t-​il, les véritables intentions des “scientifiques” qui se sont penchés sur la religion?

      18 Voilà précisément pourquoi n’ont pas tenu les explications avancées par les différents “scientifiques” qui se sont penchés sur l’origine de la religion. La logique veut que l’on ne tire de conclusion exacte qu’à partir de prémisses exactes. Celui qui part sur de mauvaises bases a peu de chances d’aboutir à une conclusion valable. Les “scientifiques” n’ayant jamais pu expliquer le phénomène religieux de façon satisfaisante, on est en droit de s’interroger sur la valeur de leurs prémisses. Cherchant à tout prix une ‘explication’ conforme à leurs conceptions toutes faites, c’est de Dieu qu’ils ont essayé de ‘se débarrasser’.

      19. Quel principe fondamental faut-​il respecter pour que des recherches scientifiques aboutissent? Donnez un exemple.

      19 On pourrait rapprocher cette tentative des multiples hypothèses émises par les astronomes avant le XVIe siècle pour expliquer le mouvement des planètes. Si les théories foisonnaient, aucune à vrai dire ne donnait pleine satisfaction. Pourquoi? Parce qu’elles partaient toutes du principe que la terre était le centre de l’univers et que c’étaient les étoiles et les planètes qui gravitaient autour d’elle. L’astronomie ne fit des progrès sensibles qu’à partir du moment où les scientifiques — et l’Église catholique — se montrèrent disposés à accepter l’idée que la terre n’était pas le centre de l’univers, mais qu’elle tournait autour du soleil, le cœur du système solaire. Voyant que les nombreuses thèses en présence ne rendaient pas compte des faits observés, des chercheurs ouverts aux idées neuves ont préféré revoir leurs hypothèses de travail plutôt que d’élaborer de nouvelles théories. C’est cette démarche-​là qui les mena à la solution.

      20. a) Sur quelles prémisses erronées la recherche “scientifique” des origines de la religion s’appuyait-​elle? b) À quel besoin fondamental Voltaire fit-​il allusion?

      20 Ce principe vaut également pour l’étude des origines de la religion. Gagnés à l’athéisme ou à la théorie couramment admise de l’évolution, beaucoup de gens tiennent pour acquis que Dieu n’existe pas. Partant, ils estiment qu’il ne faut pas chercher la raison d’être de la religion ailleurs qu’en l’homme lui-​même — dans ses pensées et ses besoins, dans ses peurs et ses “névroses”. Reprenant à leur compte les propos de Voltaire qui déclara un jour: “Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer”, ils soutiennent que Dieu est une invention humaine. — Voir l’encadré de la page 28.

      21. L’insuffisance des nombreuses théories sur l’origine de la religion nous amène à quelle conclusion logique?

      21 Puisque les nombreuses théories émises jusqu’à ce jour n’ont fourni aucune réponse probante, ne serait-​il pas judicieux de reprendre les recherches à la base? Ne serait-​il pas plus logique de déplacer le champ d’investigation, plutôt que de s’obstiner dans une voie sans issue? Un esprit ouvert admettra volontiers que cette démarche serait à la fois conforme à la raison et à l’esprit scientifique. Au demeurant, nous disposons d’un exemple qui illustre bien le caractère logique de ce procédé.

      Une longue quête

      22. Comment les nombreuses théories des Athéniens au sujet de leurs dieux influencèrent-​elles leur culte?

      22 Au Ier siècle de notre ère, Athènes était un centre culturel brillant. Il se trouvait toutefois parmi les Athéniens diverses écoles de pensée. Les épicuriens et les stoïciens, par exemple, concevaient chacun les dieux à leur façon, ce qui favorisa l’adoration de multiples divinités et l’apparition de nombreux cultes. La ville d’Athènes finit par abriter quantité de temples et d’idoles. — Actes 17:16.

      23. Quelle conception totalement nouvelle l’apôtre Paul exposa-​t-​il aux Athéniens à propos de Dieu?

      23 Vers l’an 50 de notre ère, l’apôtre chrétien Paul se rendit à Athènes et exposa aux Athéniens une conception des choses complètement différente. Il leur dit: “Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, étant, — Il l’est, Celui-là, — Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits à la main, et il n’est pas non plus servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, parce que c’est lui qui donne à toutes les personnes la vie et le souffle et toutes choses.” — Actes 17:24, 25.

      24. En réalité, qu’enseignait Paul aux Athéniens sur le vrai culte?

      24 En d’autres termes, Paul expliquait aux Athéniens que le vrai Dieu, celui “qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont”, n’est pas le produit de l’imagination humaine, et qu’il ne peut non plus être servi au moyen d’un culte inventé par l’homme. La vraie religion ne se réduit pas à une tentative unilatérale de l’homme destinée à combler un vide psychologique ou à conjurer certaines frayeurs. Au contraire, puisque le vrai Dieu est aussi le Créateur, celui qui a implanté en l’homme la faculté de penser et de raisonner, la logique voudrait qu’il ait donné aux humains les moyens de nouer des relations satisfaisantes avec lui. C’est précisément ce à quoi il a veillé, ainsi que Paul l’explique: “D’un seul homme il a fait toutes les nations d’hommes pour habiter sur toute la surface de la terre, (...) pour qu’ils cherchent Dieu, si toutefois ils le cherchent à tâtons et le trouvent vraiment, quoiqu’en réalité il ne soit pas loin de chacun de nous.” — Actes 17:26, 27.

      25. Expliquez l’argument clé de Paul concernant l’origine de l’humanité.

      25 Remarquez le point clé de l’argumentation de Paul: “D’un seul homme [Dieu] a fait toutes les nations d’hommes.” Malgré la diversité des nations, réparties sur la terre entière, les scientifiques savent aujourd’hui que les hommes appartiennent tous à une seule et même famille. Cette notion est lourde d’implications, car l’appartenance à l’espèce humaine signifie bien plus qu’une parenté biologique et génétique. Elle touche d’autres domaines encore.

      26. Qu’a-​t-​on appris sur les langues, qui appuie l’argument clé avancé par Paul?

      26 Voici par exemple ce qu’on lit dans l’ouvrage Histoire des cultes dans le monde (angl.) à propos du langage humain. “Ceux qui se sont livrés à l’étude comparée des langues du monde ont tiré la conclusion que voici: toutes les langues peuvent être regroupées par familles linguistiques, auxquelles on s’accorde à attribuer la même origine.” Autrement dit, les langues ne sont pas apparues séparément, contrairement à ce que voudraient faire croire les évolutionnistes lorsqu’ils postulent qu’en Afrique, en Europe ou en Asie les hommes des cavernes ont progressivement abandonné leurs grognements pour se doter d’un langage propre. Les faits démontrent qu’il n’en a pas été ainsi, mais que les langues ont à l’évidence “la même origine”.

      27. Pourquoi est-​il logique de penser que la notion d’Être divin et les croyances de l’homme ont toutes une même origine?

      27 Si cela est vrai du langage, un trait si particulier à l’espèce humaine, ne pourrait-​on pas logiquement en conclure que la notion d’Être divin et les croyances de l’homme ont, elles aussi, une même origine? Au reste, la religion n’est-​elle pas liée à la pensée, et la pensée à la faculté de parler? N’en déduisons pas que toutes les religions sont issues d’une religion unique, mais plutôt qu’on devrait retrouver l’origine de leurs croyances dans un même fonds d’idées religieuses. Peut-​on le vérifier? Et à supposer que les religions humaines se soient effectivement développées à partir d’une même source, quelle est cette source? Comment la connaître?

      Semblables malgré leurs différences

      28. Comment déterminer si les religions pratiquées dans le monde ont ou non une origine commune?

      28 Nous répondrons à ces questions en suivant la méthode qui a permis aux linguistes de remonter aux sources du langage. En rapprochant les langues pour repérer leurs similitudes, l’étymologiste est en mesure de retrouver leur origine. Pareillement, si nous mettons les religions en parallèle pour examiner leurs doctrines, leurs légendes, leurs rites, leurs célébrations, leurs institutions, etc., nous saurons s’il y a entre elles un fil conducteur, et, le cas échéant, nous verrons où ce fil nous conduit.

      29. À quoi peut-​on attribuer bon nombre des différences qui existent entre les religions?

      29 À première vue, les nombreuses religions qui existent aujourd’hui semblent présenter des divergences marquées. Néanmoins, si l’on élague leur part de fioritures et d’ajouts, et que l’on gomme les particularités dues au climat, à la langue, au pays d’origine, et d’autres facteurs encore, il est frappant de constater à quel point la plupart des cultes se ressemblent.

      30. Quels points communs remarquez-​vous entre le catholicisme et le bouddhisme?

      30 En voici un exemple. Bien des gens ne sauraient imaginer deux religions plus éloignées que le catholicisme occidental et le bouddhisme pratiqué en Orient. Mais que remarque-​t-​on lorsqu’on fait abstraction des disparités linguistiques et culturelles qui les opposent? Si l’on est objectif, il faudra admettre que le catholicisme et le bouddhisme ont de nombreux points en commun. L’un et l’autre fourmillent de rites et de célébrations, recourent aux cierges, à l’encens, à l’eau bénite, au chapelet, à des images de saints, à des livres de prières, et même au signe de croix. Ces religions, qui toutes deux entretiennent des monastères où vivent des moines et des religieuses, se rapprochent encore par le célibat de leurs prêtres, les vêtements spéciaux, les jours de fête, et par diverses prescriptions alimentaires. Cette énumération est loin d’être exhaustive, mais elle illustre bien notre propos. Elle soulève une question de fond: Pourquoi deux religions qui d’emblée semblent si différentes ont-​elles tant de points communs?

      31. Quels points communs remarquez-​vous entre les autres religions?

      31 Cette comparaison, fort instructive dans le cas du catholicisme et du bouddhisme, est tout aussi révélatrice quand on l’étend à d’autres religions. On se rend compte alors que certaines croyances et certains enseignements sont presque universels. La plupart d’entre nous sommes familiarisés avec des doctrines telles que l’immortalité de l’âme humaine, la vie au ciel promise à tous les bons, les tourments éternels réservés aux méchants dans un monde souterrain, le purgatoire, un dieu composé de trois personnes ou d’une multitude de dieux, une déesse mère de dieu ou reine du ciel. En outre, quantité de légendes et de mythes sont tout aussi répandus: l’homme perdant la faveur divine en voulant illicitement atteindre l’immortalité, la nécessité d’offrir des sacrifices pour expier les péchés, la quête d’un arbre de vie ou d’une fontaine de Jouvence, la présence parmi les humains de dieux ou de demi-dieux qui engendrèrent des descendants suprahumains, et la venue d’un déluge catastrophique qui fit périr le plus clair de l’humanitéa.

      32, 33. a) Que peut-​on conclure au vu des similitudes frappantes qui rapprochent les religions du monde? b) Quelle question se pose?

      32 Quelle conclusion tirer de tout ce qui précède? Les peuples qui croyaient à ces mythes et à ces légendes vivaient éloignés les uns des autres. Ils possédaient une culture et des traditions spécifiques. Leurs us et coutumes n’étaient aucunement apparentés. Et pourtant, dès qu’on se place sur le plan religieux, on s’aperçoit que leurs croyances convergeaient. Même si certains groupes ne partageaient pas la totalité des croyances mentionnées plus haut, tous en revanche croyaient au moins à quelques-unes d’entre elles. Une question s’impose: pourquoi ces ressemblances? Tout semble indiquer qu’il existait un fonds de croyances dans lequel toutes les religions auraient, à des degrés divers, puisé leurs doctrines de base. Le temps faisant son œuvre, ces doctrines ont été enjolivées, modifiées, et de nouveaux enseignements ont vu le jour. Nul ne peut néanmoins nier l’existence d’une trame générale.

      33 En toute logique, les similitudes décelables entre les croyances fondamentales des nombreuses religions du monde sont une preuve éloquente qu’elles ne sont pas apparues indépendamment, mais qu’au contraire, il y a bien longtemps, elles ont emprunté leurs conceptions à une même source. Mais laquelle?

      Un âge d’or antique

      34. Quelle légende concernant les premiers temps de l’humanité figure souvent dans le patrimoine des religions?

      34 Au nombre des légendes qui figurent souvent dans le patrimoine des religions, il en est une qui dépeint les premiers temps de l’humanité comme un âge d’or. L’homme vivait dans l’innocence, heureux et en paix, il était proche de Dieu et ne connaissait ni la maladie ni les affres de la mort. À quelques variantes près, cette idée d’un antique paradis idéal revient fréquemment dans les récits légendaires et dans les textes sacrés.

      35. Décrivez les croyances du zoroastrisme relatives à un âge d’or originel.

      35 L’Avesta, le livre sacré du zoroastrisme, religion de la Perse antique, parle du “beau Yima, le bon pasteur”, comme du premier mortel avec qui conversa Ahura Mazda (le créateur). Ahura Mazda chargea Yima d’“entretenir [ses] créatures, de les gouverner, de veiller sur elles”. Pour ce faire, Yima devait construire “un Var”, ou refuge souterrain, destiné à recevoir toutes les créatures vivantes. Il n’y avait là “ni arrogance, ni bassesse, ni stupidité, ni violence, ni pauvreté, ni tromperie, ni homme chétif ou difforme, ni homme de taille anormale ou aux dents mal faites. Ceux qui y vivaient ne présentaient aucun des signes dont le démon marque le corps des mortels. Ils résidaient parmi des arbres parfumés et des colonnes d’or; ils étaient les plus grands, les meilleurs, les plus beaux qui soient sur cette terre, c’était une race d’hommes grands et beaux”.

      36. En quels termes le poète grec Hésiode dépeignait-​il un “âge d’or”?

      36 Dans l’Antiquité grecque, Les Travaux et les Jours d’Hésiode décrivait, sous la forme d’un poème, les cinq âges de l’humanité. Durant le premier, “l’âge d’or”, les hommes jouissaient d’une félicité complète. On y lit ceci:

      “D’or fut la première race d’hommes périssables que créèrent les Immortels (...).

      Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis,

      à l’écart et à l’abri des peines et des misères:

      la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas;

      mais, bras et jarret toujours jeunes,

      ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux.”

      Selon la mythologie grecque, cet âge d’or légendaire prit fin lorsqu’Épiméthée épousa la belle Pandore, que Zeus, le dieu de l’Olympe, lui avait envoyée en présent. Un jour, Pandore souleva le couvercle du grand vase qu’elle portait, quand soudain les malheurs, les plaies et les maladies qu’il renfermait se répandirent sur l’humanité, qui ne devait jamais plus s’en affranchir.

      37. Décrivez l’ancienne légende chinoise qui fait état d’un “paradis” au commencement de l’histoire humaine.

      37 Les anciennes légendes de la Chine font elles aussi état d’un âge d’or, aux jours de Huangdi, l’empereur Jaune, qui aurait régné cent ans au XXVIe siècle avant notre ère. Il aurait inventé tout ce qui a trait à la civilisation — les vêtements et l’habitation, les moyens de transport, les armes et la guerre, l’administration des terres, l’artisanat, l’élevage des vers à soie, la musique, le langage, les mathématiques, le calendrier, etc. Sous son règne, dit-​on, “il n’y avait en Chine ni voleurs ni querelles; les hommes étaient humbles et vivaient paisiblement. Favorisées par des pluies et un climat propices, les récoltes étaient abondantes année après année. Plus étonnant encore, les bêtes sauvages ne tuaient pas, et les rapaces étaient inoffensifs. En un mot, l’histoire de la Chine commença dans un paradis”. Aujourd’hui encore, les Chinois disent descendre de l’empereur Jaune.

      38. À quelle conclusion nous amènent tous les récits légendaires comparables qui traitent des débuts de l’humanité?

      38 Les religions de nombreux autres peuples — Égyptiens, Tibétains, Péruviens, Mexicains, pour ne citer qu’eux — comportent des récits légendaires comparables, qui décrivent les premiers hommes vivant dans la perfection et la félicité. Est-​ce un pur effet du hasard si tous ces peuples partageaient les mêmes conceptions sur leur origine, alors que de longues distances les séparaient et que leurs cultures, leurs langues et leurs coutumes différaient totalement? Est-​ce fortuitement qu’ils ont tous choisi d’expliquer leurs origines de la même façon? Cela n’est ni très logique ni très probable. À toutes ces légendes doivent plutôt se trouver mêlées quelques vérités universelles touchant l’origine de l’homme et de la religion.

      39. À quelle reconstitution parvient-​on en rapprochant les nombreuses légendes qui se rapportent aux débuts de l’humanité?

      39 Il est effectivement possible de dégager une vaste zone commune entre les récits légendaires qui se rapportent aux origines de l’humanité. Si on les met en parallèle, une vision plus nette se dessine: Dieu crée le premier homme et la première femme, qu’il place dans un paradis. Comblés et heureux au départ, ils ne tardent pas à se rebeller et perdent ce paradis idéal pour ne plus connaître que dur labeur et souffrance. Par la suite, les humains deviennent si mauvais que Dieu décide de les punir en faisant venir sur eux un déluge, qui les détruit tous à l’exception d’une famille. Cette famille s’agrandissant, une partie de ses membres se liguent contre Dieu pour construire une tour gigantesque. Dieu ruine leur projet en confondant leur langage et en les dispersant jusqu’aux extrémités de la terre.

      40. Expliquez quels rapports existent entre la Bible et les légendes relatives à l’origine des religions.

      40 Cette reconstitution n’est-​elle que le fruit d’un exercice intellectuel? Nullement. Il s’agit là d’un résumé des 11 premiers chapitres du livre biblique de la Genèse 1-11. Nous ne traiterons pas ici de l’authenticité de la Bible; nous nous contenterons de noter que le récit biblique de l’histoire originelle de l’homme entre dans la structure de nombreuses légendesb. Ce récit révèle qu’en se dispersant sur toute la terre à partir de la Mésopotamie, les humains emportèrent avec eux leurs souvenirs, leurs habitudes et leurs idées. Au fil du temps, ces éléments furent mis en forme, modifiés, et finirent par constituer la trame de toutes les religions de la terre. Autrement dit, pour reprendre l’analogie citée plus haut, le récit de la Genèse constituerait le fonds original, parfaitement limpide, duquel ont été tirés les principaux concepts sur les débuts de l’humanité et d’où sont sorties les diverses religions pratiquées dans le monde. Malgré l’ajout de doctrines et d’usages spécifiques, cette parenté ne fait aucun doute.

      41. Qu’êtes-​vous invité à noter en examinant les chapitres suivants de ce livre?

      41 Dans les prochains chapitres de ce livre, nous examinerons plus en détail comment certaines religions ont vu le jour et se sont développées. Vous prendrez intérêt à noter ce qui les différencie, mais également ce qui les rapproche. Vous serez en mesure de les situer dans l’histoire de l’homme en général et dans celle des religions en particulier. Vous découvrirez quels liens les livres ou les écrits sacrés ont entre eux, quelles conceptions religieuses ont influencé les hommes qui ont fondé ou dirigé une religion, quelle influence ces religions ont exercée sur le comportement des humains et sur le cours de l’Histoire. En étudiant sous ces différents aspects la longue recherche qu’ont menée les hommes pour trouver Dieu, vous serez mieux à même de discerner le vrai du faux en matière de culte et de doctrines.

      [Notes]

      a Vous trouverez une comparaison détaillée des diverses légendes diluviennes recensées chez différents peuples dans l’ouvrage intitulé La perspicacité grâce aux Écritures, publié en anglais par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., 1988, volume 1, pages 328, 610 et 611.

      b Vous trouverez de plus amples détails sur cette question dans le livre intitulé La Bible: Parole de Dieu ou des hommes?, publié par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., 1989.

      [Entrefilet, page 23]

      L’avènement de la recherche scientifique et la théorie de l’évolution ont amené beaucoup de gens à mettre la religion en question.

      [Entrefilet, page 34]

      Tout semble indiquer qu’il existait un fonds de croyances dans lequel toutes les religions auraient puisé leurs doctrines de base.

      [Encadré, page 28]

      Le sens religieux de l’homme: Comment l’expliquer?

      ▪ Dans son livre Les religions de l’humanité (angl.), John Noss fait cette remarque: “Chacune à leur manière, les religions enseignent que l’homme ne se suffit pas, et ne peut se suffire, à lui-​même. Un lien vital le relie, l’assujettit aux forces qui, à l’extérieur de lui, animent la Nature et la Société. Plus ou moins consciemment, il sait qu’il n’est pas une force autonome capable d’exister indépendamment du monde.”

      Dans la même veine, le livre Les religions dans le monde — de l’Antiquité à nos jours ajoute: “L’étude de la religion fait apparaître un de ses traits essentiels: le désir intense d’attacher une valeur à l’existence, de croire que la vie n’est pas un phénomène fortuit, vide de sens. La recherche du sens de la vie amène à croire en une puissance supérieure et, finalement, en un esprit universel ou suprahumain qui entend préserver les valeurs suprêmes de la vie humaine.”

      La religion répond par conséquent à un besoin fondamental de l’homme, comparable au besoin de se nourrir. S’il est possible d’apaiser sa faim en avalant n’importe quel aliment n’importe quand, nous savons qu’à la longue notre santé en pâtira. Pour rester en bonne condition physique, il nous faut absorber une nourriture saine et nutritive. De même, seule une nourriture spirituelle saine nous gardera en bonne santé spirituelle. C’est pourquoi la Bible déclare: “L’homme ne vit pas seulement de pain, mais (...) de toute déclaration de la bouche de Jéhovah.” — Deutéronome 8:3.

      [Carte, page 39]

      (Voir la publication)

      En se dispersant sur toute la terre à partir de la Mésopotamie, les humains emportèrent avec eux leurs croyances et leurs souvenirs.

      BABYLONE

      LYDIE

      SYRIE

      ÉGYPTE

      ASSYRIE

      MÉDIE

      ÉLAM

      PERSE

      [Illustrations, page 21]

      Le Bouddha, Confucius, Luther et d’autres ont modifié des systèmes religieux qui existaient déjà; ils n’ont pas inventé la religion.

      [Illustration, page 25]

      Pour le psychanalyste autrichien Sigmund Freud, la religion découle de la crainte de l’image paternelle.

      [Illustration, page 27]

      Les théories qui faisaient de la terre le centre de l’univers conduisirent à des conclusions erronées sur le mouvement des planètes.

      [Illustrations, page 33]

      Bouddhisme et catholicisme: pourquoi ont-​ils tant de points en commun?

      Bouddhisme: déesse chinoise de la Miséricorde avec son enfant.

      Catholicisme: la Vierge et l’enfant Jésus.

      Bouddhiste tibétain utilisant le moulin à prières et le chapelet.

      Femme catholique priant à l’aide d’un chapelet.

      [Illustration, page 36]

      Les légendes chinoises parlent d’un âge d’or dans les temps mythiques, sous le règne de Huangdi (l’empereur Jaune).

  • Mythologie: Des traits communs
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 3

      Mythologie: Des traits communs

      1-3. a) Pourquoi devrions-​nous nous intéresser aux mythes? b) Qu’allons-​nous examiner dans ce chapitre?

      POURQUOI s’intéresser aux mythes? Faut-​il y voir autre chose que des récits très anciens forgés de toutes pièces? Nombre de mythes, il est vrai, sont purement imaginaires. D’autres, par contre, procèdent de faits réels, témoin, dans le monde entier, les mythes et les légendes qui s’inspirent du déluge universel rapporté dans la Bible.

      2 Les mythes sont dignes d’intérêt: ils sont à la base de croyances et de rites qui se sont perpétués jusqu’à nos jours. Par exemple, la croyance à l’immortalité de l’âme se retrouve dans les mythes assyro-babyloniens, puis égyptiens, grecs et romains, et jusque dans la chrétienté, où elle a pris valeur de dogme. Les mythes attestent que les hommes de l’Antiquité se tournaient vers les dieux et cherchaient à donner un sens à leur vie. Dans ce chapitre, nous examinerons brièvement quelques-uns des thèmes mythiques que se partagent les principales cultures du monde. Ce faisant, nous remarquerons que la création, le déluge, les faux dieux et les demi-dieux, l’immortalité de l’âme et le culte du soleil reviennent régulièrement parmi les traits communs du catalogue mythologique. Quelle en est la raison?

      3 Le mythe a très souvent pris naissance à partir d’un fait historique, d’un personnage ou d’un événement dont certaines caractéristiques ont été exagérées ou déformées avec le temps. L’un de ces faits historiques est consigné dans la Bible. Il s’agit du récit de la créationa.

      La création: le réel et l’imaginaire

      4, 5. Citez quelques croyances de la mythologie grecque.

      4 Si les récits mythiques de la création abondent, pas un cependant n’approche la simplicité et la cohérence du récit biblique (Genèse, chapitres 1 et 2). La mythologie grecque, par exemple, a des accents pour le moins barbares. Le premier Grec à mettre systématiquement ces récits par écrit fut Hésiode. Au VIIIe siècle avant notre ère, il composa la Théogonie, dans laquelle il expose la naissance des dieux et l’origine de l’univers en commençant par Gaea ou Gaia (la Terre), qui donne le jour à Ouranos (le Ciel). Dans L’histoire du monde classique (Oxford; angl.), Jasper Griffin restitue en ces termes la suite du récit:

      5 “Hésiode raconte la succession des dieux du ciel, histoire que connaissait déjà Homère. Ouranos était à l’origine le dieu suprême, mais il faisait disparaître ses enfants. Gaia incita donc son fils Cronos à châtrer son père. Par la suite, Cronos dévora à son tour ses enfants, jusqu’à ce que Rhéa, sa femme, lui donne à manger une pierre à la place de Zeus. Le jeune Zeus fut élevé en Crète; il contraignit son père à dégorger ses frères; avec leur aide et celle d’autres alliés, il triompha de Cronos et des Titans, qu’il précipita dans le Tartare.”

      6. D’après Jasper Griffin, quelle est l’origine probable de la plus grande partie de la mythologie grecque?

      6 D’où les Grecs tenaient-​ils ce mythe curieux? Griffin poursuit: “Il semble que les sources les plus lointaines se trouvent à Sumer. La succession des dieux, la castration, l’ingestion, la pierre, tous ces thèmes sont attestés, sous différentes formes, dans les récits orientaux. Leur ressemblance avec les écrits d’Hésiode n’a rien d’une coïncidence.” C’est donc dans l’antique Mésopotamie et à Babylone qu’il nous faut chercher l’origine de quantité de mythes qui se sont infiltrés dans d’autres cultures.

      7. a) Pourquoi est-​il malaisé de reconstituer les mythes de la Chine antique? b) Selon un mythe chinois, comment la terre et l’homme ont-​ils été créés? (Voir Genèse 1:27; 2:7.)

      7 Il est malaisé de reconstituer la mythologie des anciennes religions populaires de la Chine, car bon nombre d’écrits furent détruits entre 213 et 191 avant notre èreb. Certains mythes ont toutefois été préservés, tel celui qui dépeint la formation de la terre. Anthony Christie, professeur d’art oriental, écrit: “Le chaos primitif est présenté comme semblable à un œuf de poule. Il n’y avait encore ni ciel ni terre. De cet œuf naquit Pangu; les parties lourdes formèrent la terre et les parties légères le ciel. Pangu est représenté sous la forme d’un nain vêtu d’une peau d’ours ou d’un pagne de feuilles. Pendant 18 000 ans, la distance qui sépare le ciel de la terre s’accrût chaque jour de 10 pieds. Simultanément, le corps de Pangu grandissait pour combler le vide. Après sa mort, des parties de son corps se changèrent en divers éléments naturels. (...) Les puces qui rampaient sur lui devinrent les hommes.”

      8. D’après la mythologie inca, comment les différentes langues sont-​elles apparues?

      8 En Amérique du Sud, une légende inca raconte qu’un créateur mythique attribua une langue à chaque peuple. “Il donna à chaque nation la langue qu’elle devait parler (...). Il communiqua à chacun l’être et l’âme, à l’homme comme à la femme, et ordonna à chaque nation de disparaître sous la terre. C’est par ce chemin que chaque nation se rendit dans la région qui lui avait été assignée.” (Fables et rites des Incas [angl.] de Cristóbal de Molina de Cuzco, cité dans Mythologie d’Amérique du Sud [angl.]). Il semble que les faits rapportés dans le récit biblique à propos de la confusion des langues à Babel soient à l’origine de ce mythe inca (Genèse 11:1-9). Mais penchons-​nous à présent sur le déluge relaté dans la Bible en Genèse 7:17-24.

      Le déluge: mythe ou réalité?

      9. a) Que dit la Bible des conditions qui régnaient sur la terre avant le déluge? b) Que devaient faire Noé et sa famille pour survivre au déluge?

      9 Faisant un saut de quelque 4 500 ans dans le passé, la Bible nous conduit aux environs de l’an 2500 avant notre ère. Elle nous apprend que des fils spirituels de Dieu, entrés en rébellion, ont revêtu la forme humaine afin de “prendre pour eux des femmes”. Ces unions contre nature ont donné naissance à des Néphilim, des êtres violents qui furent “les hommes forts du temps jadis, les hommes de renom”. Leur mépris de la loi avait à ce point gagné le monde antédiluvien que Jéhovah fit cette déclaration: “‘Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j’ai créés (...), car je regrette de les avoir faits.’ Mais Noé trouva faveur aux yeux de Jéhovah.” La suite du récit décrit les dispositions particulières que Noé devait prendre pour assurer sa survie, celle de sa famille et d’un certain nombre d’espèces animales lorsque le déluge se produirait. — Genèse 6:1-8, Gn 6:13 à 8:22; 1 Pierre 3:19, 20; 2 Pierre 2:4; Jude 6.

      10. Pourquoi ne faut-​il pas considérer le récit biblique du déluge comme un mythe?

      10 Dans l’esprit des critiques modernes, le récit des événements antédiluviens rapporté dans la Genèse est un mythe patent. Pourtant, des hommes fidèles, tels Ésaïe, Ézéchiel, Jésus Christ, les apôtres Pierre et Paul, tenaient l’histoire de Noé pour authentique. Disons aussi, à l’appui de sa véracité, que ce récit trouve un écho dans un nombre considérable de mythologies du monde entier, dans l’antique épopée de Gilgamesh notamment, comme dans des légendes chinoises, aztèques, inca et maya. Sans perdre de vue la narration biblique, arrêtons-​nous maintenant sur la mythologie assyro-babylonienne et sur sa version du délugec. — Ésaïe 54:9; Ézéchiel 14:20; Matthieu 24:37; Hébreux 11:7.

      Le déluge et l’homme-dieu Gilgamesh

      11. Comment l’épopée de Gilgamesh nous est-​elle parvenue?

      11 Transportons-​nous quatre millénaires en arrière. Nous voilà en présence d’une célèbre légende akkadienne: l’épopée de Gilgamesh. Nous la connaissons principalement grâce à un texte cunéiforme provenant de la bibliothèque d’Assourbanipal, qui régna de 668 à 627 avant notre ère dans l’antique ville de Ninive.

      12. Qui était Gilgamesh, et qu’est-​ce qui le rendait impopulaire? (Voir Genèse 6:1, 2.)

      12 Cette épopée raconte les exploits de Gilgamesh, être aux deux tiers divin et un tiers humain. Une des versions de l’épopée se lit ainsi: “À Ourouk il bâtit des murs, un grand rempart et Eanna, le temple béni, pour Anou le dieu du firmament et pour Ishtar la déesse de l’amour et de la guerre.” (Voir la liste des dieux et des déesses assyro-babyloniens à l’encadré de la page 45.) Mais Gilgamesh n’est pas précisément le genre de créature que l’on souhaite avoir pour voisin. Les habitants d’Ourouk se plaignent de lui aux dieux: “Son désir ne laisse pas une vierge à son amoureux, ni la fille du guerrier, ni la femme du noble.”

      13. a) Que firent les dieux, et qu’entreprit Gilgamesh? b) Qui était Outa-Napishtim?

      13 Quelle réponse les dieux font-​ils aux plaintes des Ouroukiens? La déesse Arourou crée Enkidou pour qu’il soit le rival humain de Gilgamesh. Or, loin de se combattre, les deux personnages se lient d’amitié. Quand, dans la suite de l’épopée, Enkidou meurt, Gilgamesh s’écrie, bouleversé: “Quand je serai mort ne vais-​je pas moi aussi devenir comme Enkidou. Le chagrin et la tristesse ont envahi mes entrailles; me voici par peur de la mort errant dans les prairies.” Voulant découvrir le secret de l’immortalité, il part à la recherche de Outa-Napishtim, le survivant du déluge qui partage l’immortalité avec les dieux.

      14. a) Quelles instructions Outa-Napishtim reçut-​il? (Voir Genèse 6:13-16.) b) Comment le voyage épique de Gilgamesh s’est-​il terminé?

      14 Gilgamesh arrive enfin en présence de Outa-Napishtim, qui lui raconte l’histoire du déluge. Dans la tablette XI de l’épopée, celle du déluge, Outa-Napishtim détaille les instructions qu’il a reçues avant le déluge: “Détruis ta maison et construis un bateau, abandonne tes biens et cherche la vie (...). Rassemble à l’intérieur du bateau la semence de tous les êtres vivants.” Tout ceci ne ressemble-​t-​il pas, sous certains aspects, à ce qu’on lit dans la Bible à propos de Noé et du déluge? Outa-Napishtim n’est pas en mesure, hélas! d’octroyer l’immortalité à Gilgamesh qui, déçu, rentre à Ourouk. Le récit s’achève avec sa mort. L’épopée de Gilgamesh chante surtout la tristesse et le sentiment de frustration qui accompagnent la mort et l’au-delà. Ces peuples de l’Antiquité n’avaient pas trouvé le Dieu de vérité et d’espérance. Toutefois, il existe un lien très net entre cette épopée et la description simple que fait la Bible du monde antédiluvien. Examinons à présent le récit du déluge tel qu’il apparaît dans d’autres légendes.

      Le déluge dans d’autres cultures

      15. En quoi le récit sumérien du déluge nous intéresse-​t-​il?

      15 Un mythe sumérien, plus ancien encore que l’épopée de Gilgamesh, met en scène “Ziousoudra, la réplique du Noé biblique, dépeint comme un roi pieux, craignant les dieux et guettant sans cesse une révélation divine par le rêve ou par la conjuration”. (Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Testament.) Selon l’ouvrage cité, ce mythe est, “de tous les écrits sumériens mis au jour jusqu’alors, celui qui offre le parallèle le plus rigoureux et le plus frappant avec le récit biblique”. Les civilisations babylonienne et assyrienne portent l’empreinte de Sumer, qui les a précédées.

      16. D’où les légendes chinoises relatives au déluge tirent-​elles peut-être leur origine?

      16 Le livre La Chine — Une histoire de l’art (angl.) raconte qu’un des dirigeants de la Chine antique, Yu, fut “le vainqueur des Grandes eaux. Yu fit s’écouler les eaux du déluge dans les fleuves et dans les mers, ce qui permit à son peuple de revenir sur ses terres”. Le mythologue Joseph Campbell parle en ces termes de la “Période des Dix Rois” de la Chine antique: “À cette ère importante qui s’acheva par un déluge, la mythologie primitive de l’époque Zhou rattache dix empereurs. Il semble donc que nous ayons affaire à une adaptation locale de l’ancienne liste des rois de Sumer.” Campbell poursuit en citant d’autres particularités des légendes chinoises qui paraissent “accréditer la thèse d’une origine mésopotamienne”. Voilà qui nous ramène à l’idée que bien des mythes ont une origine commune. L’histoire du déluge est également attestée sur le continent américain, notamment au Mexique des XVe et XVIe siècles, à l’époque des Aztèques.

      17. Quelles légendes diluviennes avaient cours chez les Aztèques?

      17 Selon la mythologie aztèque, quatre mondes se sont succédé. Durant le premier, la terre était habitée par des géants (une autre réminiscence des Néphilim, les géants dont parle la Bible en Genèse 6:4). Les légendes aztèques faisaient état d’un déluge primordial au cours duquel “les eaux d’en haut se mêlèrent à celles d’en bas; elles firent disparaître l’horizon et engloutirent tout dans un océan cosmique intemporel”. Le dieu Tlaloc, qui régnait sur la pluie et sur l’eau, ne donnait pas pour autant la pluie à bon compte. Il l’accordait en effet “en échange du sang des victimes qu’on lui sacrifiait, dont les larmes simuleraient et, par là même, stimuleraient la chute de la pluie”. (Encyclopédie illustrée de la mythologie [angl.].) D’après une autre légende, le quatrième monde était gouverné par Chalchiuhtlicue, la déesse de l’eau, dont l’univers fut englouti par une inondation. Les hommes en réchappèrent en se transformant en poissons!

      18. Quels récits dominent la mythologie de l’Amérique du Sud? (Voir Genèse 6:7, 8; 2 Pierre 2:5.)

      18 Les Incas entretenaient eux aussi des légendes du déluge. L’écrivain britannique Harold Osborne explique: “Les récits d’un déluge sont peut-être la caractéristique la plus constante des mythes de l’Amérique du Sud (...). Les mythes diluviens sont très répandus, tant parmi les peuples des régions montagneuses que chez les tribus des plaines tropicales. Le déluge est généralement associé à la création et à une épiphanie [manifestation] du dieu-créateur. (...) Il est quelquefois considéré comme un châtiment divin, destiné à effacer un monde d’humains et à préparer la venue d’une nouvelle race.”

      19. Décrivez la légende maya concernant le déluge.

      19 Pareillement, les Mayas du Mexique et d’Amérique centrale avaient leur version d’un déluge prenant la forme d’une inondation universelle appelée Haiyococab, terme qui signifie “eau sur la terre”. Selon l’évêque catholique Las Casas, les Indiens guatémaltèques “lui donnaient le nom de Butic, mot qui désigne de nombreuses eaux associées au jugement dernier. Ils croyaient en effet à l’imminence d’un nouveau Butic, qui serait un jugement accompagné d’un déluge non plus d’eau, mais de feu”. Il existe certes bien d’autres légendes diluviennes dans le monde. Celles que nous venons de citer suffisent néanmoins à leur attribuer pour même origine l’événement historique relaté dans la Genèse.

      L’immortalité de l’âme: Une croyance omniprésente

      20. Comment les Assyro-Babyloniens envisageaient-​ils la vie après la mort?

      20 Toutefois, les mythes ne s’inspirent pas tous d’un fait réel ni de la Bible. Dans leur recherche de Dieu, les humains se sont raccrochés à tout ce qu’ils ont pu trouver. Ils se sont laissé abuser par une illusion, celle de l’immortalité. Comme nous le verrons tout au long de ce livre, la croyance à l’immortalité de l’âme et à ses variantes a traversé plusieurs millénaires avant de nous être léguée. Dans l’Antiquité, les peuples de culture assyro-babylonienne croyaient à une vie après la mort. L’ouvrage Mythologie générale, publié chez Larousse, fournit ces précisions: “Sous la terre, par delà l’abîme de l’Apsou [empli d’eau douce et encerclant la terre], se trouve la demeure infernale, où descendent les hommes après leur mort. C’est ‘la terre sans retour’ (...). Dans cette région, où règne une obscurité éternelle, les edimmou — c’est le nom que portent les âmes des morts —, ‘vêtus, comme l’oiseau, d’un vêtement d’ailes’, sont confondus pêle-mêle.” La légende plaçait ce monde souterrain sous l’autorité de la déesse Ereshkigal, “princesse de la grande terre”.

      21. D’après les Égyptiens, que devenaient les morts?

      21 Les Égyptiens croyaient eux aussi à l’immortalité de l’âme. Avant d’accéder à un lieu de repos et de bonheur, l’âme devait être mise en balance avec Maât, déesse de la Vérité et de la Justice, symbolisée par une plume, image de la vérité. La pesée s’effectuait avec le concours d’Anubis, le dieu à tête de chacal, ou d’Horus, le dieu Faucon. Si Osiris rendait un arrêt favorable, l’âme s’en allait goûter la félicité auprès des dieux. (Voir l’illustration de la page 50.) Ici, comme en maints autres endroits, la religion, la vie et les actions des hommes ont été façonnées par un même concept babylonien, l’immortalité de l’âme.

      22. Comment les Chinois considéraient-​ils les morts, et que faisaient-​ils pour eux?

      22 Dans la Chine antique, la mythologie avait entre autres thèmes la survie après la mort et l’obligation de veiller au bonheur de ses ancêtres. On voyait en eux “des esprits doués de vie et de puissance, tous très soucieux du bien-être de leurs descendants, mais susceptibles de s’irriter et de punir ceux qui viendraient à leur déplaire”. On devait assurer aux défunts tout ce qui pourrait leur être utile, y compris des serviteurs qui les accompagneraient dans la mort. C’est ainsi que “certains rois Shang (...) furent inhumés avec un groupe de cent à trois cents personnes, immolées pour les servir dans l’autre monde. (Sous ce rapport, la Chine ne diffère guère de l’Égypte, de l’Afrique, du Japon et d’autres pays où l’on pratiquait également ce genre de sacrifice.)” (Les religions de l’homme [angl.], John Noss). Dans les cas précités, ces sacrifices humains furent inspirés par la croyance à l’immortalité de l’âme. — Comparer avec Ecclésiaste 9:5, 10; Ésaïe 38:18, 19.

      23. a) Dans la mythologie grecque, qui était Hadès, et que désignait-​il aussi? b) Qu’est-​ce que l’Hadès dont parle la Bible?

      23 Les Grecs, qui s’étaient forgé de nombreuses divinités mythologiques, s’intéressaient eux aussi aux morts et à leur sort. Si l’on en croit les mythes, l’Empire des ténèbres avait pour maître le fils de Cronos, qui était aussi le frère des dieux Zeus et Poséidon. Son empire fut baptisé de son nom, Hadès. Comment les âmes des défunts parvenaient-​elles dans l’Hadèsd?

      24. a) Selon la mythologie grecque, que se passait-​il dans le monde souterrain? b) Quelle similitude existe entre l’épopée de Gilgamesh et la mythologie grecque?

      24 L’écrivain Ellen Switzer précise: “Le monde souterrain était peuplé de créatures terrifiantes. Là, Charon dirigeait la barque qui transportait ceux qui venaient de mourir du pays des vivants au monde souterrain. Comme Charon faisait payer la traversée [du fleuve Styx], les Grecs plaçaient souvent une pièce de monnaie sous la langue des cadavres qu’ils enterraient pour qu’ils aient de quoi acquitter le prix de leur passage. Les âmes des morts qui n’étaient pas en mesure de payer étaient retenues du mauvais côté du fleuve, dans une sorte de no man’s land, d’où elles pouvaient revenir hanter les vivantse.”

      25. Qui se laissa gagner par le concept grec de l’âme?

      25 La notion d’âme telle que la concevait la mythologie grecque gagna du terrain à Rome, et les philosophes grecs comme Platon (vers 427-347 av. n. è.) exercèrent un fort ascendant sur les premiers penseurs chrétiens apostats qui, sans que rien dans la Bible ne les y autorisât, firent de l’immortalité de l’âme une de leurs doctrines.

      26, 27. Comment les Aztèques, les Incas et les Mayas voyaient-​ils la mort?

      26 Les Aztèques, les Incas et les Mayas croyaient eux aussi à l’immortalité de l’âme. La mort leur était tout aussi mystérieuse qu’à d’autres civilisations, et pour s’y résoudre ils s’entouraient de cérémonies et de croyances. Dans son livre, l’archéologue et historien Victor von Hagen explique: “En réalité, les morts étaient toujours vivants: ils étaient simplement entrés dans une nouvelle phase; ils étaient invisibles, impalpables, invulnérables. Les morts (...) étaient devenus les membres invisibles du clan.” — The Ancient Sun Kingdoms of the Americas. — Comparer avec Juges 16:30; Ézéchiel 18:4, 20.

      27 Le même ouvrage déclare que “l’Indien [inca] croyait à l’immortalité; il pensait au fond que personne ne mourait, (...) que le cadavre reprenait vie et se chargeait de pouvoirs occultes”. Les Mayas croyaient également à l’existence de l’âme, à 13 cieux et à 9 enfers. Ainsi, en quelque lieu que ce soit, les hommes se sont appliqués à nier la mort, et l’immortalité de l’âme leur a fourni une béquille toute trouvée. — Ésaïe 38:18; Actes 3:23.

      28. Citez quelques croyances qui ont cours en Afrique.

      28 La mythologie africaine fait elle aussi allusion à la survie de l’âme. De nombreux Africains vivent dans la crainte des âmes des morts. La Mythologie générale précise: “À cette croyance est liée celle de l’existence persistante de l’âme après la mort. Les magiciens commandent aussi aux âmes à l’aide de leurs pouvoirs. Souvent les âmes des morts émigrent dans les corps de certains animaux ou se réincarnent même dans des plantes.” C’est pourquoi les Zoulous évitent d’exterminer certaines espèces de serpents qu’ils croient être l’esprit d’un de leurs parents.

      29. À quelles légendes certaines tribus du sud de l’Afrique adhèrent-​elles? (Voir Genèse 2:15-17; 3:1-5.)

      29 Dans le Sud-Est africain, les Masaïs croient en un créateur nommé ‘Ng ai. Auprès de chaque Masaï, ‘Ng ai place un ange gardien qui, à l’heure de la mort, emporte l’âme dans l’autre monde. La Mythologie générale relate une légende zouloue sur la mort, dans laquelle le premier homme, Ouncoulouncoulou, joue le rôle de l’Être suprême. Un jour, Ouncoulouncoulou envoya le caméléon dire aux humains: “Que les hommes ne meurent pas!” Le caméléon se mit en route, mais flâna en chemin. Ouncoulouncoulou envoya donc un lézard qu’il chargea d’un message très différent: “Que les hommes meurent!” Le lézard arriva le premier et, “depuis lors, aucun homme n’a échappé à la mort”. À peu de choses près, cette légende se retrouve chez les Bechouana, les Bassoutos et les Baronga.

      30. Qu’apprendrons-​nous encore dans ce livre à propos de l’âme?

      30 Plus nous avancerons dans notre examen de la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver Dieu, plus nous mesurerons l’influence considérable que le mythe de l’immortalité de l’âme a exercée et exerce toujours sur les humains.

      Culte du soleil et sacrifices humains

      31. a) Que croyaient les Égyptiens à propos de Rê, le dieu du soleil? b) En quoi cela contraste-​t-​il avec ce que dit la Bible? (Psaume 19:4-6.)

      31 La mythologie égyptienne embrasse un large panthéon de dieux et de déesses. Comme dans maintes sociétés antiques, les Égyptiens recherchaient Dieu, mais ils étaient enclins à adorer ce grâce à quoi leur vie matérielle se perpétuait, le soleil. Sous le nom de Rê (Amôn-Rê), ils vénéraient le souverain maître du ciel qui, chaque jour, parcourait le ciel de l’orient à l’occident dans sa barque et qui, la nuit venue, naviguait entre les écueils du monde inférieur.

      32. Décrivez le déroulement d’une fête célébrée en l’honneur de Xiutecuhtli (Huehueteotl), le dieu du feu.

      32 Les sacrifices humains étaient un trait commun du culte solaire au sein des religions aztèque, inca et maya. Les Aztèques observaient un cycle régulier de fêtes religieuses, accompagnées de sacrifices humains offerts à leurs différentes divinités, et tout particulièrement dans le cadre du culte de Tezcatlipoca, le dieu du soleil. Pareillement, lors de la fête célébrée en l’honneur de Xiutecuhtli (Huehueteotl), le dieu du feu, “les prisonniers de guerre dansaient aux côtés de leurs vainqueurs, après quoi (...) on les entraînait à la hâte vers un foyer incandescent et on les précipitait dans les braises. On les en retirait encore vivants pour leur arracher le cœur qui battait toujours afin de l’offrir aux dieux”. — The Ancient Sun Kingdoms of the Americas.

      33. a) Quels éléments la religion inca comportait-​elle? b) Que dit la Bible à propos des sacrifices humains? (Voir 2 Rois 23:5, 11; Jérémie 32:35; Ézéchiel 8:16.)

      33 Plus au sud, la religion des Incas possédait son propre appareil de sacrifices et de mythes. Dans leur culte, les Incas de l’Antiquité immolaient des enfants et des animaux à Inti, le Soleil, et à Viracocha, le créateur.

      Dieux et déesses mythiques

      34. De qui la principale triade égyptienne était-​elle composée, et quelles fonctions revenaient à ses membres?

      34 La principale triade égyptienne se compose d’Isis, symbole divin de la Mère, d’Osiris, son frère et époux, et d’Horus, leur fils, traditionnellement représenté sous la forme d’un faucon. Les statues égyptiennes montrent quelquefois Isis allaitant son enfant, dans une pose qui n’est pas sans rappeler le thème de la Vierge à l’Enfant, que l’on retrouve plus de deux mille ans plus tard dans les sculptures et les peintures de la chrétienté. C’est comme dieu des morts qu’Osiris, l’époux d’Isis, devint populaire, car il promettait aux âmes des défunts une félicité éternelle dans l’autre monde.

      35. Qui était Hathor, et à quelle période de l’année la célébrait-​on principalement?

      35 Hathor était la déesse égyptienne de l’amour, de la joie, de la musique et de la danse. Elle devint la reine des morts, tenant l’échelle qui leur permettait de monter aux cieux. Ainsi que l’explique la Mythologie générale, on donnait en son honneur de grandes fêtes, “surtout au nouvel an, anniversaire de sa naissance. Avant l’aurore, les prêtresses montaient sur les terrasses l’image de la déesse pour l’exposer aux rayons du soleil levant; des réjouissances suivaient, prétexte à un véritable carnaval, et la journée se terminait dans les chants et dans l’ivresse”. Aujourd’hui, des milliers d’années plus tard, les fêtes du nouvel an sont-​elles si différentes?

      36. a) Dans quel contexte religieux la nation d’Israël se trouvait-​elle au XVIe siècle avant notre ère? b) Quelle signification particulière revêtirent les dix plaies?

      36 Le panthéon égyptien comptait un grand nombre de dieux et de déesses zoomorphes, tels que le taureau Apis, le bélier Bendedet, la grenouille Heqet, la vache Hathor et le crocodile Sobek (Romains 1:21-23). C’est dans ce contexte religieux que les Israélites se trouvèrent en esclavage au XVIe siècle avant notre ère. Pour les délivrer du joug d’un pharaon obstiné, Jéhovah, le Dieu d’Israël, dut faire venir dix plaies sur l’Égypte (Exode 7:14 à 12:36). Ces plaies infligèrent aux dieux mythiques de l’Égypte une humiliation en règle. — Voir l’encadré de la page 62.

      37. a) Quel genre de dieux les Romains adoraient-​ils? b) Quel effet la conduite des dieux avait-​elle sur leurs adorateurs? c) Qu’est-​il arrivé à Paul et à Barnabas dans la ville de Lystres?

      37 Tournons-​nous à présent vers les dieux de l’antiquité grecque et romaine. Rome emprunta à la Grèce bon nombre de ses divinités, dont elle adopta aussi bien les vertus que les vices. (Voir les encadrés des pages 43 et 66.) Vénus et Flore, par exemple, étaient des prostituées éhontées; Bacchus était un ivrogne et un viveur; Mercure un voleur de grand chemin; Apollon un séducteur. On raconte que Jupiter, le père des dieux, eut des relations adultères ou incestueuses avec pas moins de 59 femmes! (Remarquable réminiscence des anges rebelles qui cohabitèrent avec des femmes avant le déluge!) Les fidèles imitent volontiers la conduite des dieux qu’ils adorent. Que des empereurs romains comme Tibère, Néron et Caligula aient vécu dans la dépravation, pratiquant l’adultère, la fornication et le meurtre, ne saurait donc surprendre.

      38. a) Quel genre de cultes pratiquait-​on à Rome? b) Quelle place la religion occupait-​elle dans la vie du soldat romain?

      38 Les Romains incorporèrent dans leur culte les dieux de diverses civilisations. Ils embrassèrent par exemple avec enthousiasme le culte de Mithra, dieu perse de la lumière dont ils firent leur dieu solaire (voir l’encadré des pages 60 et 61), et celui d’Atargatis (Ishtar), la Déesse Syrienne. Ils convertirent Artémis, la déesse chasseresse des Grecs, en Diane, et se firent des variantes de l’Isis égyptienne. Rome adopta également les trois déesses celtiques de la fécondité. — Actes 19:23-28.

      39. a) Qui dirigeait la prêtrise romaine? b) Décrivez une des cérémonies religieuses en vigueur à Rome.

      39 Le culte public, qui se pratiquait dans des centaines de sanctuaires et de temples, était réglé par une foule de prêtres, tous “placés sous l’autorité du grand pontife [Pontifex Maximus], chef de la religion officielle”. (Atlas du monde romain.) Selon le même ouvrage, une des cérémonies romaines avait pour nom le taurobole: “On égorgeait un taureau au-dessus d’une fosse où se tenait le fidèle; le sang devait lui rendre sa pureté originelle.”

      Le christianisme: Mythes et légendes?

      40. Que pensent nombre d’érudits des événements survenus dans les débuts du christianisme?

      40 À en croire certains critiques modernes, le christianisme n’est pas, lui non plus, exempt de mythes et de légendes. Est-​ce vrai? Pour nombre d’érudits, la naissance virginale de Jésus, ses miracles et sa résurrection ne sont que des mythes. Quelques-uns avancent même que Jésus n’a jamais existé, mais que sa légende trouve ses racines dans une mythologie bien plus ancienne et dans le culte du soleil. Joseph Campbell, un mythologue, écrit: “Plusieurs spécialistes ont donc postulé que ni Jean [le baptiseur] ni Jésus n’ont réellement existé, mais qu’ils dérivent d’un dieu aquatique et d’un dieu solaire.” N’oublions pas toutefois que cette thèse émane principalement de personnes athées qui nient systématiquement l’existence de Dieu.

      41, 42. Quels faits viennent confirmer l’historicité du christianisme primitif?

      41 Ce scepticisme fait pourtant bon marché des réalités historiques. Notons ce qu’écrivit l’historien juif Flavius Josèphe (vers 37-100 de n. è.): “Il y avait des Juifs pour penser que, si l’armée d’Hérode avait péri, c’était par la volonté divine et en juste vengeance de Jean surnommé Baptiste. En effet, Hérode l’avait fait tuer, quoique ce fût un homme de bien.” — Marc 1:14; 6:14-29.

      42 Le même historien certifie également l’historicité de Jésus Christ lorsqu’il parle d’un certain “Jésus, homme sage, si toutefois il faut l’appeler un homme”. Il ajoute: “Pilate [l’a] condamné (...). Et le groupe appelé d’après lui celui des Chrétiens n’a pas encore disparuf.” — Voir Marc 15:1-5, 22-26; Actes 11:26.

      43. Quelle raison Pierre avait-​il de croire au Christ?

      43 Voilà pourquoi l’apôtre Pierre, qui fut témoin oculaire de la transfiguration de Jésus, écrivit avec une pleine conviction: “Non, ce n’est pas en suivant des fables [grec muthos] ingénieusement imaginées que nous vous avons fait connaître la puissance et la présence de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour être devenus témoins oculaires de sa magnificence. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, quand des paroles comme celles-ci furent portées jusqu’à lui par la gloire magnifique: ‘Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé, que moi j’ai agréé.’ Oui, ces paroles, nous les avons entendues qui étaient portées depuis le ciel, alors que nous étions avec lui sur la sainte montagne.” — 2 Pierre 1:16-18g.

      44. Quel principe biblique devrait l’emporter lorsqu’une opinion humaine s’oppose à la Parole de Dieu?

      44 Lorsque l’opinion d’“experts” s’oppose à la Parole de Dieu, nous nous devons d’appliquer le principe posé plus haut, savoir: “Alors de quoi s’agit-​il? Si quelques-uns n’ont pas fait montre de foi, leur manque de foi va-​t-​il rendre inopérante la fidélité de Dieu? Que ce ne soit jamais le cas! Mais que Dieu soit reconnu véridique, tout homme fût-​il reconnu menteur, comme c’est écrit: ‘Afin que tu apparaisses juste dans tes paroles et que tu sois victorieux lorsqu’on te juge.’” — Romains 3:3, 4.

      Des traits communs

      45. Citez quelques-uns des traits communs aux mythologies du monde entier.

      45 Ce rapide survol de quelques-unes des mythologies du monde entier a mis en lumière certains caractères communs, dont beaucoup trouvent leur source à Babylone, en Mésopotamie, berceau de la plupart des religions. Ces traits communs sont perceptibles dans les faits relatifs à la création, dans l’évocation d’un temps où la terre était peuplée de demi-dieux et de géants, dans la venue d’un déluge qui détruisit les méchants, ou encore dans des notions religieuses de fond, telles que le culte du soleil et l’immortalité de l’âme.

      46, 47. a) Quelle explication biblique rend compte de l’origine des différentes mythologies et de leurs traits communs? b) Quelles autres facettes des cultes anciens allons-​nous examiner à présent?

      46 Si l’on s’en réfère à la Bible, ces traits communs s’expliquent par le fait qu’après le déluge, et sur l’ordre de Dieu, les humains se sont dispersés à partir de Babel en Mésopotamie, voilà plus de 4 200 ans. Bien qu’ils se soient séparés en familles et en tribus de langues différentes, ils ont emporté avec eux une même culture historique de base et les mêmes croyances fondamentales (Genèse 11:1-9). Au fil des siècles, chaque groupe culturel a déformé ou enjolivé ce patrimoine, donnant ainsi naissance à bien des fables, des légendes et des mythes qui sont parvenus jusqu’à nous. Mais ces mythes, qui ont rompu avec les vérités bibliques, n’ont pas rapproché les hommes du vrai Dieu.

      47 Toutefois, le sens religieux des humains s’est exprimé de maintes autres façons: spiritisme, chamanisme, magie, culte des ancêtres, pour ne citer que celles-là. Ces pratiques nous éclairent-​elles sur la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver Dieu?

      [Notes]

      a Vous trouverez de plus amples détails sur la création dans le livre intitulé La vie: comment est-​elle apparue? Évolution ou création?, publié par la Watchtower Bible and Tract Society.

      b Nous parlerons de la mythologie chinoise plus récente, qui s’est modelée sous la triple influence du bouddhisme, du taoïsme et du confucianisme, dans les chapitres 6 et 7.

      c Les preuves de l’historicité du déluge sont examinées en détail dans l’ouvrage intitulé La perspicacité grâce aux Écritures (angl.) volume 1, pages 327, 328, 609-612, publié par la Société Watchtower.

      d Le terme “Hadès” apparaît dix fois dans les Écritures grecques chrétiennes où il désigne, non pas un personnage mythologique, mais la tombe où vont tous les hommes. Il correspond à l’hébreu sheʼôl. — Comparer Psaume 16:10 avec Actes 2:27, Traduction interlinéaire du Royaume (angl.). — Voir La perspicacité grâce aux Écritures, volume 1, pages 1015, 1016, publié par la Société Watchtower.

      e Il est à noter que Outa-Napishtim, un des héros de l’épopée de Gilgamesh, avait aussi un passeur, Our-Shanabi, qui fit traverser à Gilgamesh les eaux de la Mort pour rencontrer le survivant du déluge.

      f Antiquités judaïques, traduction de G. Mathieu & L. Herrmann, pp. 145, 146, tome quatrième.

      g Vous trouverez de plus amples renseignements sur le christianisme au chapitre 10.

      [Encadré, page 43]

      Divinités grecques et romaines

      Nombre de dieux et de déesses de la mythologie grecque occupaient une fonction comparable dans le panthéon romain. En voici une liste abrégée.

      Grèce Rome Fonction

      Aphrodite Vénus Déesse de l’amour

      Apollon Apollon Dieu de la lumière, de la

      médecine et de la poésie

      Arès Mars Dieu de la guerre

      Artémis Diane Déesse de la chasse et de

      l’enfantement

      Asclépios Esculape Dieu de la santé

      Athéna Minerve Déesse des arts, de la

      guerre et de la sagesse

      Cronos Saturne Pour les Grecs, chef des Titans

      et père de Zeus. Dans la mythologie

      romaine, il est aussi une divinité

      agricole

      Déméter Cérès Déesse de la terre féconde et

      cultivée

      Dionysos Bacchus Dieu du vin, de la fertilité

      et du délire orgiaque

      Éros Cupidon Dieu de l’amour

      Gæa Tellus Symbole de la terre, mère et

      épouse d’Ouranos

      Héphaïstos Vulcain Forgeron des dieux; dieu

      du feu et des forges

      Héra Junon Protectrice du mariage et

      des femmes. Pour les Grecs, sœur

      et femme de Zeus; dans la

      mythologie romaine, femme

      de Jupiter

      Hermès Mercure Messager des dieux; dieu du

      commerce et de la science;

      protecteur des voyageurs, des

      voleurs et des vagabonds

      Hestia Vesta Déesse du feu domestique

      Hypnos Somnus Dieu du sommeil

      Ouranos Uranus Fils et époux de Gæa et père

      des Titans

      Pluton, Hadès Pluton Souverain des Enfers

      Poséidon Neptune Dieu de la mer. Dans la

      mythologie grecque, il est aussi

      le dieu des tremblements de

      terre et des chevaux

      Rhéa Ops Sœur et épouse de Cronos

      Zeus Jupiter Roi des dieux

      D’après la Mythologie générale (Larousse)

      [Encadré, page 45]

      Dieux et déesses assyro-babyloniens

      Anou: le dieu suprême, qui règne sur les espaces célestes; père d’Ishtar.

      Ashour: figure guerrière, dieu national des Assyriens; également dieu de la fertilité.

      Ea: dieu de l’élément liquide. Père de Mardouk. Avertit Outa-Napishtim de la venue du déluge.

      Enlil (Bêl): seigneur de l’atmosphère; la mythologie grecque lui donna Zeus pour pendant. Les Babyloniens l’assimilèrent à Mardouk (Bêl).

      Ishtar: personnification divine de la planète Vénus; la prostitution sacrée faisait partie de son culte. Elle fut Astarté en Phénicie, Atargatis en Syrie, Ashtoreth dans la Bible (1 Rois 11:5, 33), Aphrodite en Grèce, Vénus à Rome.

      Mardouk: occupe la première place parmi les dieux babyloniens; “absorbe tous les autres dieux et se substitue à eux dans leurs attributions diverses”. Les Israélites le connaissaient sous le nom de Mérodac.

      Shamash: dieu solaire de la lumière et de la justice. Précurseur de l’Apollon des Grecs.

      Sîn: dieu Lune, membre de la triade où figuraient aussi Shamash (le soleil) et Ishtar (la planète Vénus).

      Tammouz (Doumouzi): dieu des moissons. Amant d’Ishtar.

      (D’après la Mythologie générale [Larousse])

      [Encadré/Illustrations, pages 60, 61]

      Le soldat romain et ses dieux

      Rome était réputée pour la discipline de ses armées. La cohésion de l’empire reposait sur le moral et l’efficacité de ses légions. La religion avait-​elle également un rôle à jouer? Tout à fait; et il est heureux que les Romains aient laissé derrière eux quantité de vestiges: voies, forteresses, aqueducs, amphithéâtres, temples. Au nord de l’Angleterre, par exemple, le Northumberland est parcouru par le célèbre mur d’Hadrien, construit vers l’an 122 de notre ère. Que nous ont appris les fouilles sur la vie des garnisons romaines et sur la place qu’y occupait la religion?

      À proximité des ruines d’un fort romain mis au jour sur le mur d’Hadrien se trouve le musée de Housesteads. On y trouve ce panneau explicatif: “La vie religieuse du soldat romain revêtait trois facettes. En premier (...) venait le culte des empereurs déifiés et des divinités protectrices de Rome, telles que Jupiter, Victoria et Mars. Tous les ans, sur la place d’armes de chaque fort, on consacrait un autel à Jupiter. On s’attendait à ce que tous les soldats commémorent la naissance, l’accession au trône et les victoires des empereurs déifiés.” Ces usages ne diffèrent guère de ceux des armées modernes, où le culte fait intervenir aumôniers, autels et drapeaux.

      Quelle activité religieuse venait ensuite dans la vie d’un soldat romain? Le culte des dieux protecteurs et de l’esprit qui gardait chacune des unités; “à quoi s’ajoutaient les divinités qu’il avait rapportées de son pays natal”.

      “En dernier lieu figuraient les cultes personnels. Aussi longtemps qu’un soldat remplissait ses obligations vis-à-vis des cultes officiels, il était libre d’adorer les dieux de son choix.” Cet apparent contexte de liberté de culte souffrait néanmoins “quelques exceptions, au nombre desquelles le druidisme, dont les pratiques étaient jugées inhumaines, et notamment le christianisme, qu’on soupçonnait de déloyauté envers l’État”. — Voir Luc 20:21-25; 23:1, 2; Actes 10:1, 2, 22.

      À Carrawburgh, en 1949, on a également découvert un sanctuaire de Mithra, dans une tourbière jouxtant le mur d’Hadrien. (Voir la photographie.) Les archéologues situent sa construction aux alentours de l’an 205 de notre ère. On y a retrouvé la représentation d’un dieu solaire, des autels et une inscription en latin portant entre autres ces mots: “À Mithra, le dieu invincible.”

      [Encadré, page 62]

      Les dieux d’Égypte face aux dix plaies

      En envoyant les dix plaies, Jéhovah exécuta son jugement sur les dieux impuissants de l’Égypte. — Exode 7:14 à 12:32.

      Plaie Description

      1 Le Nil et les autres eaux changés en sang. Humiliation du

      dieu du Nil, Hâpi.

      2 Grenouilles. Heqet, la déesse grenouille, fut

      incapable d’y faire obstacle.

      3 Poussière changée en moustiques. Thot, le maître des

      arts magiques, ne put aider les magiciens d’Égypte.

      4 Les taons envahissent toute l’Égypte à l’exception du

      pays de Goschen où résidaient les Israélites. Pas un dieu

      ne fut en mesure de s’y opposer — ni Thot, le maître des

      arts magiques, ni même Ptah, le créateur de l’univers.

      5 Peste sur le bétail. Ni la déesse Hathor, représentée sous

      la forme d’une vache, son animal sacré, ni le taureau

      Apis ne purent la détourner.

      6 Furoncles. Thot, Isis et Ptah, divinités de la guérison,

      n’apportèrent aucun soulagement.

      7 Tonnerre et grêle. Dévoilèrent l’impuissance de Reshpou,

      le maître de la foudre, et de Thot, dieu de la pluie et

      du tonnerre.

      8 Sauterelles. Coup porté à Min, dieu de la reproduction

      et protecteur des récoltes.

      9 Trois jours de ténèbres. Déshonneur pour Rê, dieu du

      soleil par excellence, et pour Horus, autre dieu solaire.

      10 Mort des premiers-nés, y compris du fils aîné de Pharaon

      que l’on considérait comme un dieu incarné. Rê (Amôn-Rê),

      dieu du soleil, figuré parfois par un bélier, fut

      incapable de la conjurer.

      [Encadré, page 66]

      Mythologie et christianisme

      Lorsque le christianisme fit son apparition, il y a près de 2 000 ans, le culte des dieux mythiques de la Grèce et de Rome était très en faveur. En Asie Mineure, ces divinités étaient encore adorées sous leur nom grec. C’est pourquoi, après que les apôtres Paul et Barnabas eurent opéré une guérison, les habitants de Lystres (aujourd’hui en Turquie) les qualifièrent de “dieux” et les appelèrent respectivement Hermès et Zeus, et non pas — d’après l’appellation latine — Mercure et Jupiter. Selon le récit, “le prêtre de Zeus, dont le temple était devant la ville, amena aux portes des taureaux et des guirlandes et voulait offrir des sacrifices avec les foules”. (Actes 14:8-18.) Paul et Barnabas eurent beaucoup de peine à persuader la foule de ne pas leur offrir des sacrifices. Voilà qui montre à quel point les peuples du passé prenaient à cœur leur mythologie.

      [Illustration, page 42]

      Le mont Olympe, en Grèce, demeure supposée des dieux.

      [Illustration, page 47]

      Tablette d’argile en cunéiforme reproduisant une partie de l’épopée de Gilgamesh.

      [Illustration, page 50]

      Anubis, le dieu à tête de chacal, place dans le plateau gauche de la balance le cœur du défunt représentant son âme et dans l’autre Maât, la déesse de la Vérité et de la Justice, symbolisée par une plume; Thot inscrit le résultat de la pesée sur sa tablette avant de le communiquer à Osiris.

      [Illustrations, page 55]

      Chalchiuhtlicue, déesse aztèque de l’eau douce; récipient en forme de chouette comportant une cavité destinée à recevoir, croit-​on, le cœur des victimes immolées.

      [Illustration, page 57]

      La triade égyptienne: de gauche à droite, Horus, Osiris et Isis.

      [Illustrations, page 58]

      Machu Picchu, au Pérou, où les Incas adoraient le soleil.

      L’Intihuatana, en médaillon, poteau où l’on “enchaînait” le soleil, peut-être dans le cadre du culte solaire pratiqué à Machu Picchu.

      [Illustrations, page 63]

      Représentations d’Horus, le faucon, d’Apis, le taureau, et de Heqet, la grenouille. Les dieux égyptiens furent incapables de conjurer les plaies envoyées par Jéhovah en empêchant par exemple l’eau du Nil de se changer en sang.

      [Illustrations, page 64]

      Divinités grecques: de gauche à droite, Aphrodite; Zeus portant Ganymède, l’échanson des dieux; Artémis.

  • À la recherche de l’inconnu par la magie et le spiritisme
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 4

      À la recherche de l’inconnu par la magie et le spiritisme

      1. Quels propos Paul adressa-​t-​il à des Athéniens rassemblés sur l’Aréopage? Pourquoi?

      “HOMMES d’Athènes, je vois qu’en toutes choses vous êtes, semble-​t-​il, plus que les autres, voués à la crainte des divinités.” (Actes 17:22). C’est en ces termes que l’apôtre chrétien Paul s’adressa à des gens rassemblés sur l’Aréopage, ou colline de Mars, dans l’antique cité d’Athènes. Pourquoi cette remarque? Peu auparavant, Paul s’était aperçu que “la ville était pleine d’idoles”. (Actes 17:16.) Mais qu’avait-​il observé au juste?

      2. Comment les Athéniens montraient-​ils leur crainte des divinités?

      2 Sans nul doute, cette ville cosmopolite offrit aux regards de Paul une pléiade de dieux grecs et romains dont le culte, à l’évidence, se mêlait étroitement à la vie des gens. Parce qu’ils ne voulaient pas risquer d’offenser une divinité influente ou redoutable en négligeant de la vénérer, les Athéniens avaient même pris soin d’introduire dans leurs dévotions le culte d’un “Dieu inconnu”. (Actes 17:23.) Leur crainte des divinités était donc bien réelle.

      3. La crainte des divinités est-​elle l’apanage des Athéniens?

      3 La crainte des divinités, notamment de dieux inconnus, n’est assurément pas l’apanage des Athéniens du Ier siècle. Des millénaires durant, ce sentiment de crainte a pesé sur la majeure partie de l’humanité. En maints endroits du monde, presque tous les aspects de la vie humaine sont associés de près ou de loin à des divinités ou à des esprits. Comme l’a montré le chapitre précédent, les mythologies d’Égypte, de Grèce, de Rome, de Chine et d’autres pays de l’Antiquité étaient intimement liées à la croyance aux dieux et aux esprits, croyance qui jouait un rôle considérable dans la vie des individus et des peuples. Au Moyen Âge, des histoires d’alchimistes, de magiciens et de sorciers circulaient d’un bout à l’autre de la chrétienté. Sous ce rapport d’ailleurs, les choses n’ont guère changé.

      Rites et superstitions aujourd’hui

      4. Citez quelques coutumes populaires qui semblent avoir un lien avec des divinités ou des esprits.

      4 Consciemment ou non, les gens accomplissent de nombreuses actions qui s’inspirent de pratiques et de croyances superstitieuses dont certaines ont un lien avec des divinités ou avec des esprits. Saviez-​vous, par exemple, que la célébration des anniversaires de naissance est issue de l’astrologie, qui attache une grande importance à la date exacte où l’on vient au monde? Et le gâteau d’anniversaire? Il semble qu’il ait un rapport avec la déesse grecque Artémis, dont on fêtait l’anniversaire avec des gâteaux au miel en forme de lune surmontés de bougies. Saviez-​vous encore que le port de vêtements noirs lors d’un enterrement était à l’origine une ruse destinée à ne pas attirer l’attention des esprits mauvais censés rôder en cette occasion? En Afrique noire, des gens se peignent en blanc; dans d’autres pays, ceux qui portent le deuil se vêtent de couleurs inhabituelles pour que les esprits ne les reconnaissent pas.

      5. Quelles superstitions courantes connaissez-​vous?

      5 Outre ces coutumes populaires, les gens du monde entier ont leurs superstitions et leurs craintes. Pour les Occidentaux, briser un miroir, croiser un chat noir ou passer sous une échelle sont autant de mauvais présages, au même titre que la date du vendredi 13, ou du mardi 13 selon l’endroit. En Orient, les Japonais ferment leur kimono en rabattant le pan de gauche sur celui de droite, alors que l’on fait l’inverse dans le cas des morts. On construit sa maison en veillant à ce qu’aucune porte ni aucune fenêtre ne soit orientée au nord-est, afin que les démons, supposés venir de cette direction, n’en trouvent pas l’entrée. Aux Philippines, avant d’enterrer un mort, on lui retire ses chaussures et on les dépose à côté de ses jambes, pour que “saint” Pierre lui fasse bon accueil. Les personnes âgées conseillent aux enfants de bien se tenir, car, leur disent-​elles, “saint” Michel, dont le visage se dessine sur la lune, les observe et écrit tout ce qu’ils font.

      6. Quelle influence le spiritisme exerce-​t-​il sur les gens à notre époque?

      6 La croyance aux esprits et aux divinités ne s’exprime pas seulement au travers de coutumes et de superstitions d’apparence anodine. Dans les tribus primitives comme dans les sociétés modernes, les hommes recourent à divers procédés pour conjurer, ou du moins apaiser, les esprits qu’ils redoutent, et pour s’attirer les faveurs d’esprits bienveillants. Peut-être penserons-​nous ici aux peuplades de jungles ou de montagnes reculées, qui font appel aux médiums, aux médecins sorciers ou aux chamanes (prêtres-magiciens) en cas de maladie ou de difficulté. Toutefois, dans les villes, petites ou grandes, on consulte aussi des astrologues, des parapsychologues, des diseurs de bonne aventure et des devins pour connaître l’avenir ou avant de prendre une décision importante. Certaines personnes, même si elles disent appartenir à une religion, s’adonnent à ces pratiques avec enthousiasme. Beaucoup d’autres ont fait du spiritisme, de la magie noire et des sciences occultes une religion à part entière.

      7. Quelles questions méritent d’être examinées?

      7 D’où ces pratiques et ces superstitions tirent-​elles leur origine? Sont-​elles simplement des façons différentes de s’approcher de Dieu? Surtout, que procurent-​elles à ceux qui les observent? Pour le savoir, portons nos regards sur l’histoire de l’homme et intéressons-​nous aux premières formes de culte.

      À la recherche de l’inconnu

      8. Sous quel aspect unique l’homme se distingue-​t-​il des créatures inférieures?

      8 Contrairement aux allégations des évolutionnistes, l’homme possède un sens spirituel qui le distingue des créatures inférieures. Il a un appétit inné de découvrir ce qu’il ne connaît pas. Il s’interroge sans cesse: Quel est le sens de la vie? Que se passe-​t-​il après la mort? Quelle place l’homme occupe-​t-​il dans le monde matériel? Et dans l’univers? Il est également habité par le désir de nouer des liens avec quelque chose de plus grand ou de plus puissant que lui, quelque chose qui l’aiderait à maîtriser un tant soit peu son environnement et à diriger sa vie. — Psaume 8:3, 4; Ecclésiaste 3:11; Actes 17:26-28.

      9. Comment un auteur a-​t-​il défini la spiritualité?

      9 Dans son livre Dieu était déjà là, Ivar Lissner s’exprime ainsi: “Avec une énergie stupéfiante, [l’homme] s’est, à toutes les époques, efforcé de se hausser au-dessus de sa condition. Ses tentatives n’ont jamais eu pour unique objectif la satisfaction des seuls besoins matériels. Il chercha, tâtonna, s’efforça d’atteindre l’inaccessible. Or, cette exigence particulière à l’homme [sa spiritualité], cette force mystérieuse qui le pousse procèdent de l’esprit et de l’intelligence perpétuellement en quête d’un idéal qu’elle ne conçoit qu’imparfaitement et qui a pour nom Dieu.”

      10. Qu’est-​ce qui montre que l’homme éprouve naturellement le besoin de rechercher Dieu?

      10 Bien entendu, ceux qui ne croient pas en Dieu ont une vision des choses très différente. D’ordinaire, ils associent les inclinations dont nous venons de parler à des besoins humains, psychologiques par exemple, comme l’a montré le chapitre 2. Pourtant, les faits ne nous enseignent-​ils pas que, face à un danger ou dans une situation désespérée, la plupart des gens ont pour premier mouvement d’en appeler à Dieu ou d’invoquer une puissance supérieure? Cela n’est pas moins vrai aujourd’hui que par le passé. Lissner poursuit: “Les ethnographes qui ont étudié les peuples primitifs archaïques ont tous été frappés par la connaissance qu’ils avaient de la divinité, du souvenir qu’ils conservaient d’un dieu suprême.”

      11. À quoi ont abouti les efforts de l’homme pour accéder à l’inconnu? (Voir Romains 1:19-23.)

      11 Quant à savoir comment les humains ont essayé de satisfaire ce désir inné d’accéder à l’inconnu, c’est là une tout autre question. Les chasseurs nomades et les gardiens de troupeaux craignaient les bêtes sauvages. Les cultivateurs, eux, se montraient particulièrement attentifs aux conditions climatiques et aux saisons. Les comportements différaient sensiblement selon que l’on habitait dans la jungle, dans un désert ou dans la montagne. Pour apaiser ces craintes diverses et répondre à ces besoins multiples, les hommes ont élaboré un nombre stupéfiant de pratiques religieuses destinées à invoquer les divinités bienveillantes et à neutraliser celles qui leur inspiraient de la terreur.

      12. Quels traits communs les pratiques religieuses des peuples du monde entier présentent-​elles?

      12 Malgré leur extrême variété, ces pratiques présentent un certain nombre de traits communs. Citons la vénération craintive d’esprits et de puissances surnaturelles, la magie, la divination par les signes et les présages, par l’astrologie et par diverses autres techniques. Partout, à toutes les époques et jusqu’à nos jours, ces pratiques ont joué un rôle essentiel dans la formation de la pensée religieuse. C’est ce que nous allons examiner à présent.

      Esprits et puissances surnaturelles

      13. Qu’est-​ce qui a pu laisser perplexes les peuples du passé?

      13 Aux temps les plus reculés de l’Histoire, la vie humaine semblait peuplée de mystères, de phénomènes inexplicables et déconcertants. Pourquoi une personne pleine de vigueur tombait-​elle malade du jour au lendemain? Pourquoi le ciel refusait-​il la pluie à la saison habituelle? Pourquoi un arbre mort en apparence reverdissait-​il et débordait-​il de vie à une certaine période de l’année? Mystère aussi pour un homme que son ombre, le battement de son cœur ou sa respiration.

      14, 15. Faute de directives et d’explications, à quoi l’homme a-​t-​il probablement attribué ce qu’il ne savait expliquer? (Voir 1 Samuel 28:3-7.)

      14 Mû par des dispositions spirituelles innées, l’homme allait tout naturellement attribuer ces phénomènes et ces événements mystérieux à quelque puissance surnaturelle. Cependant, faute de directives et d’explications exactes, l’être humain vit rapidement son univers se peupler d’âmes, d’esprits, de revenants et de démons. Ainsi, les Algonquins, tribu indienne de l’Amérique du Nord, désignent l’âme d’une personne par le terme otahchuk, qui signifie “son ombre”; en Asie du Sud-Est, les Malais croient qu’à la mort l’âme d’un homme s’échappe par ses narines. La croyance aux esprits et à la survie des âmes, de même que les diverses tentatives pour entrer en communication avec l’autre monde, ont aujourd’hui un caractère à peu près universel.

      15 Sur un même plan, d’autres éléments de notre milieu naturel — le soleil, la lune, les étoiles, les océans, les rivières, les montagnes — semblaient doués de vie et influencer directement les activités humaines. Ces éléments paraissant exister dans leur sphère propre, on en a fait des divinités et des esprits parfois bienveillants et secourables, parfois méchants et dangereux. Avec le temps, presque toutes les religions firent la part belle au culte de ces éléments tirés de la création.

      16. Quelles formes le culte des esprits, des divinités et des objets sacrés a-​t-​il prises?

      16 Des croyances de ce genre sont attestées dans presque toutes les civilisations de l’Antiquité. Les Babyloniens et les Égyptiens adoraient des divinités solaires et lunaires ainsi que des constellations, auxquelles venaient s’ajouter des animaux et des bêtes sauvages. Les hindous sont connus pour leur panthéon pléthorique, qui compte des millions de dieux. De tout temps, les Chinois ont révéré leurs montagnes sacrées et leurs divinités fluviales; ils expriment aussi leur piété filiale en rendant un culte à leurs ancêtres. Les anciens druides des îles Britanniques considéraient le chêne comme un arbre sacré et attachaient un prix particulier au gui de chêne. À leur tour, les Grecs et les Romains allongèrent cette liste; la croyance aux esprits, aux divinités, aux âmes, aux démons et à une multitude d’objets sacrés s’enracina très profondément.

      17. Quelle forme le culte des choses créées revêt-​il de nos jours encore?

      17 S’il est aujourd’hui des gens pour taxer toutes ces croyances de superstitions, notons néanmoins que ces notions entrent toujours dans les pratiques religieuses de nombreux peuples. On tient encore pour sacrés certains rochers à la forme insolite, de vieux arbres, des montagnes, des rivières et mille autres choses qu’on élève en objets de dévotion et auprès desquels on construit des autels, des sanctuaires ou des temples. Ainsi, un hindou n’a pas de plus cher désir que de se baigner une fois dans sa vie dans le Gange, le fleuve sacré, et d’y faire disperser ses cendres après sa mort. Pour les bouddhistes, c’est vivre un moment inoubliable que d’aller adorer au sanctuaire de Bodhgayâ, en Inde, là où le Bouddha aurait connu l’Éveil au pied de l’arbre Bô. Des catholiques se rendent à genoux à la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe, au Mexique, ou bien, dans l’espoir d’une guérison, se baignent dans l’eau “miraculeuse” du sanctuaire de Lourdes. De nos jours encore, on vénère bien davantage les choses qui ont été créées que Celui qui les a créées. — Romains 1:25.

      La magie fait son apparition

      18. À quoi la croyance aux esprits et aux divinités a-​t-​elle abouti?

      18 Une fois admise la croyance qui faisait du monde inanimé le domaine d’esprits bienfaisants ou maléfiques, on n’était plus loin de franchir une autre étape: se mettre en contact avec le monde spirituel pour obtenir aide et bienfaits de la part des bons esprits et pour apaiser les mauvais. C’est ainsi que la magie fit son apparition et qu’elle se développa presque partout dans le monde, jusqu’à notre époque. — Genèse 41:8; Exode 7:11, 12; Deutéronome 18:9-11, 14; Ésaïe 47:12-15; Actes 8:5, 9-13; 13:6-11; 19:18, 19.

      19. a) Qu’est-​ce que la magie? b) Pourquoi beaucoup de gens y croient-​ils?

      19 Au sens premier, la magie se définit comme l’art de manipuler ou de capter des forces naturelles ou surnaturelles pour les mettre au service de l’homme. Ignorant les causes de nombreux phénomènes de la vie courante, les membres des sociétés primitives en vinrent à penser qu’ils pourraient obtenir certains effets en répétant des mots magiques ou en accomplissant certains rites. Et les quelques succès qu’ils obtinrent donnèrent du crédit aux procédés magiques. On rapporta, par exemple, que les médecins sorciers de l’archipel de Mentawei, à l’ouest de Sumatra — qui étaient avant tout des magiciens —, savaient étonnamment bien soigner la diarrhée. Le traitement magique consistait à faire allonger le patient sur le ventre au bord d’une falaise et à lui prescrire de lécher le sol de temps en temps. Qu’est-​ce qui faisait le succès de cette thérapeutique? Au sommet des falaises, le sol contenait du kaolin, une argile blanche qu’on utilise couramment aujourd’hui comme antidiarrhéique.

      20. Comment la magie en vint-​elle à régenter la vie des humains?

      20 Des performances de ce genre firent vite oublier tous les revers et assurèrent la renommée de ces praticiens qui, rapidement, acquirent un grand prestige mêlé de crainte au sein de la communauté dont ils devinrent les prêtres, les chefs, les chamanes, les sorciers ou les médiums. Les gens venaient leur soumettre ce qui les préoccupait: une maladie à soigner ou à prévenir, un objet à retrouver, un voleur à confondre, une influence néfaste à détourner ou une vengeance à assouvir. Avec le temps apparut un large éventail de pratiques et de rites superstitieux qui prenaient en charge l’ensemble de ces situations ainsi que d’autres événements de la vie courante, tels que la naissance, la majorité, les fiançailles, le mariage, la mort et les funérailles. Le pouvoir magique, auréolé de mystère, régenta bientôt tous les aspects de la vie des hommes.

      Danses de la pluie et sortilèges

      21, 22. Qu’entend-​on par “magie imitative”? Donnez des exemples.

      21 Bien que les rites magiques varient considérablement d’un peuple à l’autre, les notions sur lesquelles ils se fondent présentent une similitude frappante. D’abord, une idée de base: le semblable appelle le semblable; on peut obtenir le résultat désiré par l’imitation, ce qu’on a parfois appelé magie imitative. En Amérique du Nord, par exemple, lorsque les récoltes se mouraient faute de pluie, les Indiens Omahas dansaient autour d’un récipient rempli d’eau. L’un d’eux buvait un peu de cette eau et la recrachait en l’air pour imiter le brouillard ou une fine pluie. Ou encore, pour s’assurer qu’il ne rentrera pas bredouille de la chasse à l’ours, un chasseur imitait un ours blessé en se roulant sur le sol.

      22 D’autres peuples possédaient des rituels plus élaborés, assortis de chants et d’offrandes. Les Chinois fabriquaient un immense dragon de papier ou de bois qui représentait le dieu de la pluie, et le menaient en procession; ou bien ils plaçaient l’idole à l’extérieur du temple, au soleil, pour que, sentant elle-​même la chaleur, elle daigne envoyer la pluie. Les Ngonis d’Afrique orientale se rendent dans le temple de la Pluie et versent de la bière dans un pot enfoui dans le sol. On prononce ensuite cette prière: “Maître chauta, votre cœur s’est endurci à notre égard, que voulez-​vous que nous fassions? Nous allons périr. Donnez des pluies à vos enfants, voici la bière que nous vous donnons.” Les assistants se partagent alors le reste de la bière. Puis on chante et on danse en agitant des branches que l’on trempe dans l’eau.

      23. Comment la sorcellerie et les sortilèges ont-​ils fait leur apparition? (Voir Lévitique 19:31; 20:6, 27; Deutéronome 18:10-13.)

      23 La magie repose également sur une autre notion: les objets qui ont appartenu à une personne continuent d’agir sur elle, même après qu’elle s’en est séparée. De là est née l’idée de jeter un sort à quelqu’un en se servant d’un objet qui lui a appartenu. Dans l’Angleterre des XVIe et XVIIe siècles, comme dans le reste de l’Europe, on croyait toujours que des magiciens ou des sorcières avaient le pouvoir de causer du tort de cette manière. Les techniques magiques pouvaient prendre diverses formes, telles que modeler une figurine en cire de la personne à laquelle on voulait nuire et y planter des aiguilles, écrire son nom sur un bout de papier et le brûler, enterrer un de ses vêtements, ou encore se livrer à des manipulations sur ses cheveux, ses rognures d’ongles, sa sueur et même sur ses excréments. Des agissements de ce genre étaient courants, car en 1542, en 1563 et en 1604, le Parlement anglais promulgua des Actes par lesquels il déclarait la sorcellerie passible de mort. Sous une forme ou sous une autre, et aussi loin que l’on remonte, la grande majorité des peuples de la terre ont pratiqué ce type de magie.

      En quête de signes et de présages

      24. a) Qu’est-​ce que la divination? b) Comment les Babyloniens la pratiquaient-​ils?

      24 Bien souvent, on recourt à la magie pour essayer de découvrir, au moyen de signes et de présages, des informations secrètes ou ce que réserve l’avenir. Cet art, dans lequel les Babyloniens étaient passés maîtres, a pour nom la divination. Selon l’ouvrage Magie, surnaturalisme et religion (angl.), les Babyloniens “excellaient dans l’art de prédire l’avenir en observant le foie ou les intestins d’animaux sacrifiés, le feu et la fumée, l’éclat de pierres précieuses; ils déduisaient les événements futurs du murmure des sources et de la forme des plantes. (...) Les phénomènes atmosphériques, pluie, nuages, vent, éclairs, étaient perçus comme de sinistres présages; les fissures d’un meuble ou d’une boiserie auguraient de ce qui allait arriver. (...) Les mouches et autres insectes, de même que les chiens, véhiculaient des messages occultes”.

      25. De quelles pratiques divinatoires de la Babylone antique Ézéchiel et Daniel ont-​ils parlé?

      25 Dans la Bible, le livre d’Ézéchiel raconte que lors d’une de ses campagnes militaires “le roi de Babylone s’est arrêté au carrefour, à la tête des deux chemins, pour recourir à la divination. Il a secoué les flèches. Il a interrogé au moyen des téraphim; il a examiné le foie”. (Ézéchiel 21:21.) Des incantateurs, des sorciers et des prêtres-magiciens étaient officiellement attachés à la cour du roi de Babylone. — Daniel 2:1-3, 27, 28.

      26. Quelle forme de divination était prisée des Grecs?

      26 En Orient, comme en Occident, on a également donné dans diverses formes de divination. Les Grecs venaient consulter leurs oracles à propos des grands événements politiques et sur des questions privées, telles que le mariage, les voyages ou les enfants. L’oracle le plus célèbre se trouvait à Delphes. Ses réponses, censées émaner du dieu Apollon, étaient données par une prêtresse, la Pythie, sous la forme de sons inarticulés que les prêtres interprétaient et transformaient en vers ambigus. Un exemple type fut cette réponse que reçut Crésus, roi de Lydie: “Si Crésus franchit l’Halys, il détruira un grand empire.” Mais en fait d’empire, ce fut le sien qui fut détruit. Crésus fut en effet vaincu par Cyrus le Perse lorsqu’il franchit l’Halys pour envahir la Cappadoce.

      27. Quelle place la divination occupait-​elle chez les Romains?

      27 En Occident, l’art de la divination atteignit des sommets chez les Romains qui, dans presque tout ce qu’ils entreprenaient, s’inquiétaient des augures et des présages. Quel que soit leur niveau social, les Romains croyaient aux vertus de l’astrologie, de la sorcellerie, des talismans, de la bonne aventure et de bien d’autres procédés divinatoires. Selon Edward Gibbon, spécialiste d’histoire romaine, “les différents cultes admis dans l’empire étaient considérés par le peuple comme également vrais”. Cicéron, homme politique et orateur célèbre, était expert à rechercher des présages dans le vol des oiseaux. D’après Pétrone, historien latin, à en juger par la multitude des religions et des cultes pratiqués dans certaines villes romaines, il devait s’y trouver plus de dieux que d’habitants.

      28. Comment les Chinois de l’Antiquité pratiquaient-​ils la divination?

      28 En Chine, on a exhumé plus de 100 000 os et écailles oraculaires datant du deuxième millénaire avant notre ère (dynastie Shang). Les prêtres Shang s’en servaient pour interroger les dieux à tout propos, du temps qu’il ferait au mouvement des troupes. La question posée était tout d’abord inscrite sur l’os, en caractères archaïques. Puis l’os était chauffé et l’on examinait ses craquelures. On inscrivait ensuite les réponses sur le même os. Certains épigraphistes sont d’avis que l’écriture chinoise s’est développée à partir de ces caractères archaïques.

      29. Quel principe divinatoire est exposé dans le Yi jing?

      29 Le traité de divination de la Chine antique que l’on connaît le mieux a pour nom le Yi jing (Livre [ou Canon] des mutations). Il aurait été rédigé par les deux premiers empereurs de la dynastie Zhou, Wen Wang et Zhou Gong, au XIIe siècle avant notre ère. Cet ouvrage explique de façon détaillée l’interaction de deux forces contraires appelées yin/yang (obscurité-​lumière, négatif-​positif, femelle-​mâle, lune-​soleil, terre-​ciel, etc.) qu’aujourd’hui encore de nombreux Chinois assimilent aux principes qui dirigent la vie humaine. Selon le Yi jing, toutes choses dans l’univers sont en perpétuelle mutation, rien n’est permanent. Pour mener à bien une tâche, quelle qu’elle soit, il faut s’informer de tous les changements en cours, puis agir en harmonie avec le déroulement des choses. On pose donc des questions, on jette les sorts, puis on consulte le Yi jing. Depuis des siècles en Chine, ce manuel sert de support à toutes sortes de techniques divinatoires, à la géomancie notamment.

      De l’astronomie à l’astrologie

      30. Décrivez les débuts de l’astronomie.

      30 Depuis fort longtemps, l’agencement du soleil, de la lune, des étoiles et des planètes fascine les humains. On a découvert en Mésopotamie des listes de constellations qui datent de 1800 avant notre ère. Grâce à des outils de ce genre, les Babyloniens surent prévoir de nombreux événements astronomiques, tels que les éclipses de lune, les levers et couchers des constellations et certains mouvements planétaires. Les Égyptiens, les Assyriens, les Chinois, les Indiens, les Grecs, les Romains et d’autres peuples de l’Antiquité scrutèrent eux aussi le ciel et consignèrent avec soin le fruit de leurs observations. Ces relevés leur servirent à établir des calendriers qui réglaient le rythme des activités annuelles.

      31. Comment l’astronomie engendra-​t-​elle l’astrologie?

      31 Partant de ces observations astronomiques, on s’aperçut que certains événements terrestres semblaient correspondre à des phénomènes célestes. Le cycle des saisons, par exemple, était étroitement associé au mouvement du soleil, les marées descendaient et montaient en phase avec la lune, et la crue annuelle du Nil était invariablement précédée de l’apparition de Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel. On en a conclu tout naturellement que les corps célestes jouaient un rôle déterminant dans la venue de tel ou tel événement terrestre. Les Égyptiens, d’ailleurs, appelaient Sirius “Celle qui ramène le Nil”. Que les étoiles puissent agir sur le cours des événements, voilà qui bien vite donna l’idée d’utiliser ces astres pour prédire l’avenir. Ainsi, l’astronomie engendra l’astrologie. Rois et empereurs ne tardèrent pas à entretenir à leur cour des astrologues chargés d’interroger les étoiles sur les questions d’intérêt national. De son côté, l’homme du commun scrutait lui aussi les astres pour tenter de percer les mystères de son avenir.

      32. Quelles pratiques astrologiques avaient cours à Babylone?

      32 L’histoire de l’astrologie nous ramène, une fois encore, à Babylone. Dans l’esprit des Babyloniens, si les dieux avaient pour demeure terrestre les temples, ils avaient aussi une demeure céleste, les étoiles. Cette conception les amena à regrouper les étoiles par constellations et à voir dans les phénomènes célestes inhabituels — éclipses, apparition d’étoiles particulièrement lumineuses ou de comètes — des signes annonciateurs d’une guerre ou d’un malheur. Parmi les objets mis au jour en Mésopotamie se trouvaient des centaines de tablettes astrologiques rédigées à l’intention des rois. On y lisait par exemple qu’une prochaine éclipse de lune présageait la défaite d’un ennemi ou que l’apparition de telle planète dans une constellation donnée amènerait un “grand courroux” sur la terre.

      33. Que déclara Ésaïe au sujet des Babyloniens “contemplateurs des étoiles”?

      33 La déclaration caustique du prophète Ésaïe annonçant la destruction de Babylone illustre à quel point les Babyloniens se fiaient à cet art divinatoire. Nous lisons: “Reste donc avec tes sortilèges et avec l’abondance de tes sorcelleries, dans lesquels tu as peiné depuis ta jeunesse (...). Qu’ils se lèvent donc et qu’ils te sauvent, les adorateurs des cieux, les contemplateurs des étoiles, ceux qui, aux nouvelles lunes, divulguent la connaissance au sujet des choses qui viendront sur toi!” — Ésaïe 47:12, 13.

      34. Qu’étaient les “mages” qui rendirent visite à l’enfant Jésus?

      34 De Babylone, l’astrologie gagna l’Égypte, l’Assyrie, la Perse, la Grèce, Rome et l’Arabie. En Orient, les peuples de l’Inde et de la Chine disposaient également de systèmes astrologiques très élaborés. Les “mages” qui, selon l’évangéliste Matthieu, rendirent visite à l’enfant Jésus étaient en réalité “des astrologues venus des régions de l’orient”. (Matthieu 2:1, 2.) Des biblistes pensent que ces astrologues appartenaient peut-être à l’école chaldéenne et médo-perse de Parthie, une ancienne province perse qui devint par la suite l’Empire parthe.

      35. Comment l’astrologie a-​t-​elle évolué depuis l’époque des Grecs?

      35 Ce sont toutefois les Grecs qui donnèrent à l’astrologie sa forme actuelle. Au IIe siècle de notre ère, Claude Ptolémée, astronome grec vivant à Alexandrie, en Égypte, compila toutes les données astrologiques disponibles à son époque sous la forme de quatre livres, le Tetrabiblos. Texte de base de l’astrologie jusqu’à notre époque, cet ouvrage fut à l’origine de l’astrologie dite généthliaque, qui consiste à prédire l’avenir d’un individu en se fondant sur la carte du ciel de naissance, ou horoscope, qui indique la position qu’occupaient le soleil, la lune et diverses planètes au sein des constellations à l’heure et au lieu de la naissance.

      36. Quels faits attestent que l’astrologie a acquis de la respectabilité?

      36 Au XIVe et au XVe siècle, l’astrologie s’était largement implantée en Occident. Discipline universitaire, elle faisait appel à des rudiments de langues et de mathématiques. Les astrologues étaient considérés comme des savants. L’œuvre de Shakespeare fourmille d’allusions à l’influence des astres sur la vie humaine. Chaque cour royale, de même qu’un grand nombre d’aristocrates, entretenait des astrologues que l’on consultait à loisir. On formait rarement un projet quelconque — guerre, construction, transaction ou voyage — sans avoir au préalable scruté les étoiles. L’astrologie avait acquis sa respectabilité.

      37. Quel effet les progrès de la science ont-​ils eu sur l’astrologie?

      37 Largement dépouillée de son aura scientifique par les progrès de la science et les travaux d’astronomes tels que Copernic et Galilée, l’astrologie a cependant survécu jusqu’à ce jour. (Voir l’encadré de la page 85.) Dans les pays de haute technologie comme dans les villages reculés des pays en développement, cet art mystérieux inventé par les Babyloniens, développé par les Grecs puis répandu par les Arabes, exerce aujourd’hui encore sa fascination tant sur l’homme de la rue que sur les chefs d’État.

      L’avenir lu sur le visage et dans la main

      38. Quelle est l’origine des techniques divinatoires qui se fondent sur l’analyse de la main et du visage?

      38 Ceux que les signes et les présages célestes laissent perplexes disposent de méthodes divinatoires plus immédiates et plus faciles à mettre en œuvre. Le Zohar, ou Sefer ha-Zohar (hébreu, Livre de la Splendeur), ouvrage mystique juif du XIIIe siècle, expliquait: “Sur le firmament qui entoure l’univers, les étoiles et les planètes offrent à la vue une multitude de figures. Elles révèlent des choses cachées et de profonds mystères. À l’égal, la peau qui enveloppe l’être humain offre des formes et des traits qui sont les étoiles de notre corps.” Cette philosophie fut à l’origine de nouveaux procédés divinatoires consistant à recueillir des indices prophétiques par l’examen du visage ou de la main. Il n’en reste pas moins que ces pratiques, toujours très courantes en Orient et en Occident, dérivent en droite ligne de l’astrologie et de la magie.

      39. Qu’est-​ce que la physiognomonie, et comment s’en est-​on servi?

      39 La physiognomonie a pour objet de prédire l’avenir d’un individu en examinant les traits de son visage, la forme de ses yeux, de son nez, de ses dents et de ses oreilles. En 1531, un certain Jean d’Indagine publia à Strasbourg une physiognomonie qui exposait, sur des gravures très expressives, des visages présentant différentes formes d’yeux, de nez, d’oreilles, etc., assorties des interprétations de l’auteur. Notons au passage que Jean d’Indagine s’appuyait sur cette déclaration de Jésus, consignée en Matthieu 6:22: “Si donc ton œil est simple, tout ton corps sera lumineux”, pour affirmer que de grands yeux brillants et ronds témoignent de l’intégrité et de la bonne santé de leur possesseur, tandis que de petits yeux caves trahissent l’envie, la méchanceté, la méfiance. Cela n’empêcha pas Bartolommeo Cocle de soutenir, dans son Compendium de physiognomonie (un ouvrage de la même veine paru en 1533), que les yeux grands et ronds dénotaient l’inconstance et la paresse.

      40. a) Qu’est-​ce que la chiromancie? b) Quel appui lui a-​t-​on cherché dans la Bible?

      40 Si l’on en croit les devins, juste après la tête, la main est la partie du corps qui reflète le mieux les fluides célestes. Il n’est dès lors pas surprenant que la lecture des lignes de la main, ou chiromancie, soit fréquemment employée pour déterminer le caractère et le destin d’une personne. Cherchant l’aval de la Bible, les chiromanciens médiévaux mirent en avant certains passages des Écritures, tels que ceux-ci: “Sur la main de tout homme il met un sceau, pour que tous les mortels reconnaissent son œuvre”, et: “Une longue vie est dans sa main droite, dans sa main gauche, richesses et gloire.” (Job 37:7, Osty; Proverbes 3:16, Pirot-Clamer). On s’est aussi intéressé aux bosses, ou monts, de la main, censées représenter les planètes et receler à ce titre des renseignements sur l’individu et sur son avenir.

      41. De quelles manières les Orientaux pratiquent-​ils la divination?

      41 En Orient, la lecture de l’avenir dans les traits du visage ou dans les lignes de la main est extrêmement populaire. Aux devins et aux conseillers professionnels, il faut ajouter une foule d’amateurs, séduits par une multitude de livres et d’écrits de tous niveaux destinés au grand public. Si la chiromancie est souvent un jeu, beaucoup de gens la prennent cependant au sérieux. Il est d’ailleurs rare qu’ils s’en tiennent à une seule forme de divination. Dans les moments difficiles ou à la veille de décisions importantes, ils se rendent au temple — bouddhique, taoïste, shintō ou autre — pour prendre l’avis des dieux. Ils passent ensuite chez l’astrologue pour interroger les étoiles, puis chez le diseur de bonne aventure pour se faire lire les lignes de la main ou les traits du visage. Après quoi ils rentrent chez eux et consultent leurs ancêtres. Ils espèrent ainsi trouver, soit ici, soit là, une réponse qui leur semble convenir à la situation.

      Un divertissement anodin?

      42. À quoi le désir naturel de connaître l’avenir a-​t-​il conduit l’homme?

      42 Il est naturel que tout un chacun cherche à savoir ce que l’avenir lui réserve. Universel aussi est le désir de préserver son bonheur et d’écarter le malheur. C’est du reste la raison pour laquelle les humains ont, de tout temps, recherché la direction des esprits et des divinités. Ce faisant, ils se sont engagés dans le spiritisme, la magie, l’astrologie et dans d’autres pratiques superstitieuses. Jadis, pour se protéger, les hommes portaient des amulettes et des talismans, et, pour se faire guérir, s’adressaient à des chamanes ou à des sorciers. À notre époque, on arbore encore des médailles de “saint” Christophe ou des porte-bonheur; on participe à des séances de spiritisme, on se sert de oui-ja, de boules de cristal, d’horoscopes et de tarots. Pour ce qui est du spiritisme et de la superstition, les humains ne semblent guère avoir changé.

      43. a) Quelle idée beaucoup de gens se font-​ils du spiritisme, de la magie et de la divination? b) Que nous faut-​il savoir sur les pratiques superstitieuses?

      43 Dans l’esprit de bien des gens, il est clair que ces pratiques ne reposent sur rien et qu’elles relèvent exclusivement de la superstition; ils diront peut-être qu’ils les considèrent comme un simple divertissement. D’autres soutiennent même que la magie et la divination sont bénéfiques, qu’elles donnent de l’assurance à ceux que les difficultés de la vie intimident. Mais ne s’agit-​il vraiment que d’un divertissement anodin, d’un coup de pouce psychologique? Quelle est la véritable origine des formes de spiritisme et de magie mentionnées dans ce chapitre, sans compter celles dont nous n’avons pas parlé?

      44. Fondamentalement, sur quoi repose l’ensemble de ces pratiques?

      44 En examinant le spiritisme, la magie et la divination sous divers angles, nous n’avons pas manqué de constater qu’ils ont un rapport étroit avec la croyance à la survie des âmes et aux esprits, bons ou mauvais. Cette croyance aux esprits, à la magie et à la divination se fonde par conséquent sur une forme de polythéisme lui-​même enraciné dans la doctrine de l’immortalité de l’âme. Peut-​on valablement édifier ses conceptions religieuses sur une telle base? En matière de culte, pareil fondement vous semble-​t-​il satisfaisant?

      45. À quelle question les chrétiens du Ier siècle ont-​ils dû répondre relativement aux offrandes de nourriture faites aux idoles?

      45 Les chrétiens du Ier siècle ont dû répondre à ces mêmes questions, car ils vivaient parmi les Grecs et les Romains, peuples qui observaient des rites superstitieux et qui adoraient quantité de dieux et de divinités. Une des pratiques en vigueur consistait à offrir de la nourriture à une idole, puis à en consommer une partie. Quelqu’un qui aimait le vrai Dieu et qui désirait lui plaire pouvait-​il prendre part à ce genre de rites? Voyons comment l’apôtre Paul répondit à cette question.

      46. Que croyaient Paul et les premiers chrétiens à propos de Dieu?

      46 “Donc, pour ce qui est de manger des aliments offerts aux idoles, nous savons qu’une idole n’est rien dans le monde et qu’il n’y a pas d’autre Dieu, hormis un seul. Car, bien qu’il y ait ceux qu’on appelle ‘dieux’, soit au ciel, soit sur la terre, tout comme il y a beaucoup de ‘dieux’ et beaucoup de ‘seigneurs’, cependant pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui sont toutes choses, et nous pour lui.” (1 Corinthiens 8:4-6). Pour Paul et pour les chrétiens du Ier siècle, la vraie religion n’avait rien de commun avec le culte de plusieurs dieux, ou polythéisme. Elle requérait au contraire que l’on s’attache à “un seul Dieu, le Père”, dont la Bible révèle le nom en ces mots: “Pour qu’on sache que toi, dont le nom est Jéhovah, tu es, toi seul, le Très-Haut sur toute la terre.” — Psaume 83:18.

      47. Comment Paul a-​t-​il dévoilé la véritable identité de ‘ceux qu’on appelle dieux et seigneurs, soit au ciel, soit sur la terre’?

      47 Si Paul a déclaré qu’“une idole n’est rien”, il n’a toutefois pas nié l’existence des “dieux” et des “seigneurs” que les hommes invoquent au moyen de la magie, de la divination et des sacrifices. Pourquoi? L’apôtre en a donné la raison un peu plus loin dans sa lettre: “Mais je dis que les choses que sacrifient les nations, elles les sacrifient à des démons et non à Dieu.” (1 Corinthiens 10:20). En rendant un culte à leurs dieux et à leurs seigneurs, les nations adoraient en réalité les démons, des créatures angéliques, ou spirituelles, qui se sont rebellés contre le vrai Dieu et ralliés à leur chef, Satan le Diable. — 2 Pierre 2:4; Jude 6; Révélation 12:7-9.

      48. Quels dangers l’occultisme présente-​t-​il de nos jours encore, et comment peut-​on s’en protéger?

      48 Il n’est pas rare que des gens prennent en pitié les peuples réputés primitifs, autrefois esclaves de leurs superstitions et de leurs craintes. Ils disent éprouver de la répugnance pour les sacrifices sanglants et les rites cruels, à juste titre d’ailleurs. Il n’empêche que le vaudou, le satanisme et même les sacrifices humains sont toujours d’actualité. Ces pratiques, extrêmes peut-être, montrent cependant que l’intérêt pour l’occultisme ne se dément pas. “Divertissement anodin”, ou objet de curiosité au départ, ses effets sont souvent tragiques, et parfois mortels. Il est certainement sage de prendre en compte cet avertissement biblique: “Gardez votre équilibre, soyez vigilants. Votre adversaire, le Diable, comme un lion rugissant, circule cherchant à dévorer quelqu’un.” — 1 Pierre 5:8; Ésaïe 8:19, 20.

      49. Qu’allons-​nous examiner dans les chapitres suivants?

      49 Après nous être arrêtés sur les origines de la religion, sur l’exubérance des mythologies antiques et sur les diverses formes de spiritisme, de magie et de superstition, nous allons à présent tourner notre attention vers les grandes religions du monde: l’hindouisme, le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme, le shintō, le judaïsme, les Églises de la chrétienté et l’islam. Comment sont-​elles apparues? Quels sont leurs enseignements? Quelle influence exercent-​elles sur leurs membres? Ces différentes questions, et d’autres encore, feront l’objet des chapitres suivants.

      [Entrefilet, page 76]

      La magie semble parfois efficace.

      [Encadré, page 85]

      L’astrologie: une science?

      L’astrologie affirme que le soleil, les étoiles, la lune et les autres planètes influent sur le cours des événements terrestres et que la position de ces astres au moment de la naissance a une incidence sur la vie de tout un chacun. Toutefois, les découvertes scientifiques lui opposent quelques obstacles de taille...

      ▪ Les travaux astronomiques de Copernic, de Galilée et de Kepler, par exemple, ont apporté la preuve que la terre n’est pas le centre de l’univers. D’autre part, on sait aujourd’hui que, bien souvent, les étoiles qui semblent appartenir à une constellation donnée ne sont pas toutes rattachées au même groupe stellaire. Certaines d’entre elles se trouvent parfois aux confins de l’espace, alors que d’autres sont relativement proches de nous. Les propriétés zodiacales attribuées à chaque constellation sont donc purement fictives.

      ▪ Les planètes Uranus, Neptune et Pluton étaient inconnues des premiers astrologues, car elles n’ont été découvertes qu’après l’invention du télescope. Dès lors, comment leur “influence” pouvait-​elle être prise en compte dans les thèmes astraux établis des siècles auparavant? Comment, de surcroît, telle planète pourrait-​elle être “faste” ou telle autre “néfaste”, alors qu’au plan scientifique ces corps célestes ne sont rien d’autre que des masses de matériaux rocheux et de gaz se déplaçant à grande vitesse dans l’espace?

      ▪ Grâce à la génétique, on sait maintenant que les bases de notre personnalité sont jetées, non pas à la naissance, mais lors de la conception, quand l’un des millions de spermatozoïdes du père féconde l’ovule de la mère. C’est pourtant la date de naissance que l’on retient pour établir l’horoscope. Ce décalage d’environ neuf mois devrait, en termes astrologiques, déterminer une tout autre personnalité.

      ▪ Dans son déplacement apparent parmi les constellations, le soleil a aujourd’hui à peu près un mois de retard sur son cycle d’il y a 2 000 ans, quand furent établies les cartes et les tables astrologiques. Ainsi, d’après ces cartes, un individu né fin juin, début juillet, se trouve placé sous le signe du Cancer (caractère hypersensible, morose, timide). En réalité, le soleil traverse à ce moment-​là la constellation des Gémeaux, censée produire des gens communicatifs, spirituels et bavards.

      Il est donc clair que l’astrologie ne relève ni de la science ni de la raison.

      [Illustrations, page 71]

      Un miroir brisé, un chat noir et certains chiffres font l’objet de superstitions. En chinois et en japonais, “quatre” se prononce de la même manière que “mort”.

      [Illustrations, page 74]

      À gauche, la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe, au Mexique, où des catholiques viennent prier dans l’espoir d’une guérison miraculeuse.

      À droite, Stonehenge, en Angleterre, où, dit-​on, les druides rendaient autrefois un culte au soleil.

      [Illustration, page 80]

      Certains consultent des chamanes et des sorciers.

      [Illustrations, page 81]

      D’autres participent à des séances de spiritisme, se servent de oui-ja, de boules de cristal et de tarots, ou se font dire la bonne aventure.

      [Illustrations, page 82]

      La divination orientale, par des inscriptions tracées sur des écailles de tortue et par le symbole du yin/yang, remonte à un passé lointain.

      [Illustrations, page 87]

      Quantité de gens lisent leur horoscope; ils pensent que la position du soleil, de la lune, des étoiles et des planètes au moment de leur naissance a une incidence sur leur vie.

      [Illustrations, page 90]

      Le dévot secoue la boîte pour en faire sortir un bâtonnet; il obtiendra un message assorti d’une interprétation.

  • L’hindouisme: À la recherche de la Délivrance
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 5

      L’hindouisme: À la recherche de la Délivrance

      “Dans la société hindoue, il est de coutume, sitôt levé, d’aller se baigner à la rivière, ou de prendre un bain chez soi s’il n’y a pas de cours d’eau à proximité. C’est là, pense-​t-​on, un moyen de se purifier. Après quoi, toujours à jeun, on se rend au temple pour faire des offrandes de fleurs et de nourriture au dieu de la localité; des fidèles lavent l’idole et l’enduisent de poudre rouge et jaune.

      “Presque toutes les maisons ont un coin de mur, parfois même une pièce entière, réservé au culte de la divinité que s’est choisie la famille. Dans certains endroits, on rend un culte fervent à Ganesha, le dieu à tête d’éléphant. On s’adresse tout particulièrement à lui pour faire réussir une entreprise, car il a, croit-​on, le pouvoir d’enlever les obstacles. Ailleurs, on accordera peut-être la préférence à Krishna, à Râma, à Shiva, à Durgâ ou à d’autres divinités encore.” — Tara C., Katmandou, Népal.

      1. a) Décrivez quelques coutumes hindoues. b) Dans quel domaine les conceptions occidentales et hindoues diffèrent-​elles notamment?

      QU’EST-​CE au juste que l’hindouisme? Correspond-​il au cliché qu’on reprend en Occident: vénération d’animaux et bains dans le Gange, sur fond de système de castes? Ou est-​il plus que cela? En vérité, l’hindouisme recouvre bien davantage; c’est une autre conception de la vie, totalement étrangère aux valeurs occidentales. En général, les Occidentaux considèrent la vie comme une suite chronologique d’événements qui s’inscrivent dans l’Histoire. Pour les hindous, la vie obéit à un cycle perpétuel dans lequel l’histoire humaine n’a que peu d’importance.

      2, 3. a) Pourquoi l’hindouisme est-​il difficile à appréhender? b) Comment un écrivain indien situe-​t-​il l’hindouisme par rapport au polythéisme?

      2 Religion sans credo fixe, sans clergé hiérarchisé ni autorité suprême, l’hindouisme ne se laisse pas facilement appréhender, malgré la présence en son sein de svâmi (enseignants) et de guru (ou gourous; maîtres spirituels). Un livre d’histoire le définit à grands traits comme “l’ensemble des croyances et des institutions qui se sont développées depuis la composition du Veda, ses textes anciens (et les plus saints), jusqu’à nos jours”. Un autre ouvrage déclare: “Nous pourrions envisager l’hindouisme comme l’attachement et la dévotion aux dieux Vishnu ou Çiva [Shiva], à la déesse Shakti, ou encore à leurs incarnations, à leurs manifestations, à leurs épouses ou à leur progéniture.” Cette définition englobe par conséquent le culte de Râma et de Krishna (deux incarnations de Vishnu), celui de Durgâ, de Skanda et de Ganesha (respectivement l’épouse et les fils de Shiva). Pourtant, en dépit des 330 millions de dieux qu’on lui prête, l’hindouisme ne serait pas une religion polythéiste. Pourquoi?

      3 A. Parthasarathy, écrivain indien, avance cette explication: “Les hindous ne sont pas polythéistes. L’hindouisme ne parle que d’un seul Dieu (...). Les dieux et les déesses du panthéon hindou servent uniquement à figurer les pouvoirs et les fonctions du seul Dieu suprême de l’univers sensible.”

      4. Que recouvre le terme “hindouisme”?

      4 Les hindous appellent souvent leur religion sanātana-dharma, la loi ou l’ordre éternel. Le terme “hindouismea” est une dénomination des plus floues. Il recouvre une multitude de religions et de sectes (saṃpradāya) qui, au fil des millénaires, sont apparues et se sont multipliées dans le cadre complexe de la mythologie hindoue primitive. Cette mythologie est si difficile à démêler que la Mythologie générale, publiée chez Larousse, tient sur elle ces propos: “La mythologie indienne est une jungle inextricable d’exubérantes frondaisons. Lorsqu’on s’y trouve engagé, on perd la clarté du jour et toute netteté d’orientation.” Ce chapitre abordera néanmoins quelques-uns des traits caractéristiques et des enseignements de l’hindouisme.

      Aux sources de l’hindouisme

      5. Quelle place l’hindouisme occupe-​t-​il dans le monde?

      5 Moins répandu que d’autres grandes religions, l’hindouisme comptait cependant près de 700 millions d’adeptes en 1990, soit approximativement 1 humain sur 8 (13 % de la population mondiale). Comme presque tous vivent en Inde, on peut naturellement se demander pour quelle raison et de quelle façon l’hindouisme s’est particulièrement fixé dans ce pays.

      6, 7. a) Selon certains historiens, comment l’hindouisme est-​il apparu en Inde? b) Quelle version l’hindouisme donne-​t-​il du déluge? c) D’après l’archéologue John Marshall, quel genre de religion pratiquait-​on dans la vallée de l’Indus avant l’arrivée des Aryens?

      6 Si l’on en croit certains historiens, les bases de l’hindouisme auraient été jetées voilà plus de 3 500 ans, lorsque des Aryens de race blanche venus du nord-ouest migrèrent dans la vallée de l’Indus, qui s’étend en gros sur les territoires actuels du Pakistan et de l’Inde. De là, ils progressèrent vers le bassin du Gange et à travers l’Inde. Des experts sont d’avis que ces émigrants tiraient leurs conceptions religieuses d’un ancien fonds de croyances iraniennes et babyloniennes. On retrouve d’ailleurs dans l’hindouisme un thème commun à bien d’autres cultures: la légende d’un déluge. — Voir l’encadré de la page 120.

      7 Mais à quoi ressemblait la religion qui se pratiquait dans la vallée de l’Indus avant l’arrivée des Aryens? L’archéologue Sir John Marshall parle de “‘la Grande Déesse-mère’, dont les figurines présentent parfois une femme enceinte, mais le plus souvent une femme nue portant des colliers serrés autour du cou et une coiffure (...). Vient ensuite le ‘Dieu Mâle’, ‘dans lequel on reconnaît immédiatement un prototype du Shiva historique’, en position assise, les plantes des pieds jointes (une posture de yoga), ithyphallique (ce qui n’est pas sans évoquer le culte du liṅga [phallus]), et entouré d’animaux (ce qui vaut à Çiva l’épithète de ‘Seigneur des bêtes sauvages’). Les phallus et les vulves de pierre foisonnent, (...) signalant le culte du liṅga et de la yoni attribués à Çiva et à son épouse”. (Les religions dans le monde — de l’Antiquité à nos jours [angl.].) Aujourd’hui encore, on vénère Shiva comme le dieu de la fertilité, le dieu du phallus (linga). Il a pour monture le taureau Nandi.

      8, 9. a) Comment un exégète hindou réfute-​t-​il la théorie de Marshall? b) Quels arguments a-​t-​on échangés à propos d’objets vénérés par les hindous et par les “chrétiens”? c) Sur quoi reposent les textes sacrés de l’hindouisme?

      8 L’exégète hindou Swami Sankarananda ne partage pas l’interprétation de Sir John Marshall. Il affirme au contraire que ces pierres que l’on vénérait, certaines sous le nom de Śiva-liṅga, symbolisaient à l’origine le “feu du ciel, ou encore le soleil et le feu qu’il dégage, c’est-à-dire ses rayons”. (The Rigvedic Culture of the Pre-Historic Indus.) Il fait valoir qu’“au départ le culte du sexe (...) n’était pas d’essence religieuse, qu’il n’est qu’un sous-produit et une perversion de sa forme première. Ce sont les gens qui ont ramené à leur niveau des concepts trop élevés qu’ils n’étaient pas à même de comprendre”. Il retourne ensuite l’argument contre les Occidentaux qui décrient l’hindouisme, en rappelant que les chrétiens vénèrent la croix, un symbole phallique d’origine païenne, ce qui fait d’eux “les fervents d’un culte du sexe”.

      9 Avec le temps, les croyances, les mythes et les légendes de l’Inde ont été couchés par écrit. Ils forment à présent les textes sacrés de l’hindouisme. En dépit de leur volume considérable, ces écrits ne cherchent pas à présenter la religion hindoue comme un bloc uniforme.

      Les textes sacrés de l’hindouisme

      10. Quels sont quelques-uns des textes les plus anciens de l’hindouisme?

      10 Les textes les plus anciens forment le Veda, un recueil d’hymnes et de prières divisé en quatre parties: le Rig-Veda, le Sāma-Veda, le Yajur-Veda et l’Atharva-Veda. Sa rédaction, qui s’est étalée sur plusieurs siècles, s’est achevée aux alentours de l’an 900 avant notre ère. La littérature védique s’est par la suite enrichie d’autres documents, parmi lesquels les Brâhmana et les Upanishad.

      11. a) En quoi les Brâhmana et les Upanishad diffèrent-​ils? b) Quelles doctrines sont exprimées dans les Upanishad?

      11 Rédigés au plus tôt vers l’an 300 avant notre ère, les Brâhmana s’attachent à définir la bonne façon d’exécuter les rites et les sacrifices domestiques ou publics, dont ils commentent avec minutie la signification profonde. Les Upanishad (littéralement, “assis aux pieds d’un maître”), connus également sous le nom de Vedânta, furent consignés entre 600 et 300 avant notre ère. Ce sont des traités sur ce qui, dans la philosophie hindoue, détermine chaque pensée et chaque action. C’est dans ces écrits que se trouvent exprimées la doctrine du samsâra (transmigration de l’âme) et celle du Karma (croyance selon laquelle la condition présente d’un individu résulte des actions accomplies lors d’une vie antérieure).

      12. Qui était Râma, et où trouve-​t-​on le récit de ses aventures?

      12 Mentionnons aussi un autre groupe de textes, les Purâna, longs récits allégoriques qui décrivent les nombreuses actions légendaires des dieux, des déesses et des héros hindous. Le vaste catalogue sacré hindou renferme aussi des épopées, le Rāmāyaṇa et le Mahābhārata. La première relate l’histoire du “Seigneur Râma, (...) le personnage le plus glorieux de la littérature sacrée”, pour reprendre les propos de A. Parthasarathy. Le Rāmāyaṇa, qui jouit d’une immense popularité auprès des hindous, fut rédigé vers le IVe siècle avant notre ère. Il raconte les aventures du héros Râma (Râmachandra), que les hindous considèrent comme la personnification du fils, du frère et du mari idéal. Il passe pour le septième avatâra (incarnation) de Vishnu, et son nom est souvent utilisé dans les formules de salutation.

      13, 14. a) Comment une source hindoue définit-​elle la Bhagavad-Gītā? b) Que signifient les termes “Shruti” et “Smriti”, et qu’est-​ce que le Manu Smriti?

      13 Selon Bhaktivedanta Swami Prabhupâda, fondateur de l’Association internationale pour la Conscience de Krishna, “la Bhagavad-Gītā [une partie du Mahābhārata] enseigne la moralité la plus haute. (...) La Bhagavad-Gītā constitue donc la voie suprême de religion et de moralité. (...) C’est en elle, en son enseignement ultime, que réside le sommet de la moralité et de la religion: s’abandonner à Kṛṣṇa [Krishna]”. — BG.

      14 La Bhagavad-Gītā (Chant Divin), qui, dit-​on, “renferme la quintessence de la sagesse védique de l’Inde”, a la forme d’“un dialogue entre Śri Kṛṣṇa [Krishna], Maître Souverain, et Arjuna, Son ami et dévot intime, — dialogue par quoi Il instruit ce dernier, en plein champ de bataille, sur la science de la réalisation spirituelle”. La Bhagavad-Gītā ne représente cependant qu’une fraction de la vaste littérature sacrée hindoue. Une partie de ces textes (Veda, Brâhmana et Upanishad) sont dits “Shruti”, “ce qui a été entendu”. On les tient donc pour le produit d’une révélation directe. D’autres ouvrages, tels les épopées et les Purâna, appartiennent à la “Smriti”, “ce qui est retenu par la mémoire”. Ils ont en conséquence été composés par des hommes, à partir toutefois de la révélation. L’un d’eux, le Manu Smriti, jette les bases de la religion et des lois qui régissent la société hindoue, tout en posant le principe du système des castes. Examinons maintenant quelques-unes des croyances auxquelles ces écrits ont donné naissance.

      Enseignements et conduite: ahimsâ et varna

      15. a) Expliquez ce qu’est l’ahimsâ, et dites comment les jaïna la mettent en pratique. b) Comment Gândhî considérait-​il l’ahimsâ? c) En quoi les sikh se distinguent-​ils des hindous et des jaïna?

      15 Dans l’hindouisme, comme dans d’autres religions, la pensée et la conduite du croyant sont en partie modelées par certaines notions-clés. Un aspect essentiel est celui d’ahimsâ (sanskrit ahiṃsā), le concept de non-violence qui valut à Mohandas Gândhî (1869-​1948), le “Mahâtma”, une renommée internationale. (Voir l’encadré de la page 113.) Cette philosophie invite les hindous à ne pas tuer ni rudoyer d’autres créatures. C’est une des raisons qui les incitent à vénérer certains animaux, tels la vache, le serpent et le singe. Les plus fervents partisans de l’ahimsâ et du strict respect de la vie sont les adeptes du jaïnisme (mouvement fondé au VIe siècle avant notre ère). Les jaïna marchent nu-pieds et vont jusqu’à se couvrir la bouche d’un écran pour ne pas risquer d’avaler un insecte. (Voir l’encadré de la page 104 et la photographie ci-dessus.) Les sikh, à l’opposé, sont connus pour leurs traditions guerrières. “Singh”, nom de famille courant dans leur communauté, signifie “lion”. — Voir l’encadré des pages 100 et 101.

      16. a) Comment la plupart des hindous considèrent-​ils le système des castes? b) Qu’a déclaré Gândhî à propos de ce système?

      16 Une des caractéristiques les plus connues de l’hindouisme est son système de castes (varna), une structure qui divise la société en classes rigides. (Voir l’encadré de la page 113.) Un observateur ne manquera pas de s’apercevoir que ce système de stratification sociale, pourtant rejeté par les bouddhistes et les jaïna, cloisonne encore la société hindoue. Comparable à la discrimination raciale qui subsiste aux États-Unis ou ailleurs, le système des castes reste profondément ancré dans la mentalité indienne. On pourrait rapprocher la conscience de classe des hindous à celle qui existe toujours, à un degré moindre, dans la société britannique ou dans d’autres nations (Jacques 2:1-9). En Inde, on naît au sein d’un système de castes rigoureux, auquel il est pratiquement impossible d’échapper. Du reste, l’hindou moyen ne cherche pas à s’y soustraire. Il considère le sort qui lui échoit comme prédéterminé, inéluctable; c’est pour lui le fruit de son Karma, la rétribution des actes qu’il a accomplis lors d’une vie antérieure. Mais comment les castes sont-​elles apparues? Cette question nous oriente, une fois de plus, vers la mythologie hindoue.

      17, 18. D’après la mythologie de l’Inde, quelle est l’origine du système des castes?

      17 D’après la mythologie de l’Inde, il y avait à l’origine quatre grandes castes originelles correspondant aux diverses parties du corps de Purusha, l’“Homme primordial”. Les strophes du Rig-Veda déclarent:

      “Lorsque les Dieux eurent découpé l’Homme, comment en disposèrent-​ils (les parts)?

      Que (devint) sa bouche? que (devinrent) ses bras? comment furent appelés ses cuisses et ses pieds?

      Sa bouche devint le brahmane [membre de la plus haute des castes]; ses deux bras, le noble [râjanya];

      Ses deux cuisses, le producteur [Vaishya]; le serf [Shûdra] quant à lui naquit de ses deux pieds.” — Cosmogonies védiques.

      18 On estime donc que les brahmanes (brâhmana), membres de la caste sacerdotale, la plus élevée de toutes, sont nés de la bouche de Purusha, la partie la plus noble de son corps. Les Kshatriya, ou Râjanya (administrateurs et hommes de guerre), sont issus de ses bras. La classe des marchands et des paysans, les Vaishya (Vaiçya), est sortie de ses cuisses. La caste inférieure, les Shûdra (Sūdra), est une classe d’ouvriers provenant de ses pieds, la partie la plus basse de son corps.

      19. Quelles autres castes ont fait leur apparition?

      19 Au fil des siècles sont même apparues des castes de plus basse condition: les hors-castes et les Intouchables, que Mahâtma Gândhî appela avec plus de bienveillance les Harijân, “peuple du dieu Vishnu”. Même si l’intouchabilité a été abrogée en Inde en 1948, les Intouchables n’en continuent pas moins à mener une existence très rude.

      20. Décrivez d’autres aspects du système des castes.

      20 Le temps passant, les castes se sont diversifiées, au point de devenir presque aussi nombreuses que les métiers qui se pratiquent en Inde. En réalité, cet ancien système de castes, qui assigne à chacun une place dans la hiérarchie sociale, repose également sur des découpes raciales. Il “prend en compte différents types raciaux, des ‘Aryens’ [à la peau claire], aux peuples de souche prédravidienne [plus sombres de peau]”. Le terme “varna”, rendu par caste, signifie “couleur”. “Les trois castes supérieures étaient composées d’Aryens, au teint clair; la quatrième, qui englobait les aborigènes à la peau sombre, n’était pas aryenne.” (Myths and Legends Series — India, Donald Mackenzie). Il est avéré que le système des castes en vigueur en Inde et appuyé par la doctrine du Karma condamne des millions de gens à souffrir perpétuellement de la pauvreté et de l’injustice.

      Le terrible cycle des existences

      21. Selon le Garuḍa-Purāṇa, comment le Karma détermine-​t-​il le destin d’une personne?

      21 L’éthique et le comportement d’un hindou sont intimement liés à une autre croyance fondamentale: la loi du Karma, selon laquelle chaque acte porte des fruits, bons ou mauvais. C’est le Karma qui détermine chacune des renaissances que connaîtra l’âme par le jeu de la transmigration, ou réincarnation. Le Garuḍa-Purāṇa donne ces explications:

      “L’homme crée lui-​même son propre destin, et même dans sa vie fœtale il subit la dynamique des œuvres accomplies au cours de son existence antérieure. Qu’il se terre dans la montagne ou s’assoupisse au cœur de la mer, qu’il soit en sécurité sur les genoux de sa mère ou tenu à bout de bras au-dessus de la tête maternelle, l’homme ne peut échapper à ses actions passées. (...) Quel que soit le moment, ou quelle que soit l’époque, tout ce qui doit lui advenir l’atteindra à coup sûr, exactement à la date prévue.”

      On lit encore:

      “La connaissance acquise durant l’existence précédente, les biens offerts par charité au cours de la vie antérieure et les œuvres accomplies lors d’une incarnation antérieure, tout cela précède l’âme de l’homme dans le lieu où elle se rend.”

      22. a) De quelles façons différentes conçoit-​on la destinée de l’âme après la mort dans l’hindouisme et dans la chrétienté? b) Qu’enseigne la Bible sur l’âme?

      22 Sur quoi s’articule cette croyance? La doctrine du Karma est indissociable de la notion d’âme immortelle, mais elle imprime à cette notion un sens différent de celui que lui prête la chrétienté. Les hindous croient que chaque âme individuelle, jīva ou prānb, connaît de multiples réincarnations et peut-être aussi l’“enfer”. Elle doit donc s’efforcer de s’unir à la “Réalité suprême”, au Brahman, ou Brahm (à ne pas confondre avec le dieu hindou Brahmâ). Dans la chrétienté, en revanche, l’âme peut avoir différentes destinées au gré des convictions de chacun: le ciel, l’enfer, le purgatoire ou les limbes. — Ecclésiaste 9:5, 6, 10; Psaume 146:4.

      23. Comment la croyance au Karma rejaillit-​elle sur la façon dont les hindous considèrent l’existence? (Voir Galates 6:7-10.)

      23 Un des effets de la croyance au Karma se manifeste chez les hindous par une tendance au fatalisme. Ils estiment que le statut social et les conditions d’existence d’un individu sont la juste rétribution d’actes antérieurs toujours mérités, quels qu’ils soient. L’hindou peut s’efforcer d’accumuler du bon Karma et espérer renaître dans un contexte plus supportable. Voilà pourquoi il se résoudra plus facilement à son sort qu’un Occidental. Un hindou voit en cela un principe de causalité lié à son existence précédente, principe qui consisterait à moissonner durant sa vie ce qu’on aurait semé au cours d’une vie antérieure. Ce concept est bien sûr totalement subordonné à la croyance à une âme humaine immortelle et à sa faculté de passer d’une vie à une autre, qu’elle soit humaine, animale ou végétale.

      24. Qu’est-​ce que le moksha, et comment chaque hindou espère-​t-​il le réaliser?

      24 Quel est en définitive le but ultime de la foi hindoue? Réaliser le moksha, la libération ou délivrance du cycle douloureux des renaissances et des existences successives. C’est pour l’“âme”, non pour le corps, échapper à la nécessité de s’incarner à nouveau. “Chaque hindou souhaitant accéder au moksha, c’est-à-dire en finir avec une longue suite d’incarnations, sa mort, a-​t-​on pu lire, est l’événement le plus important de sa vie.” La réalisation du moksha passe par plusieurs voies, ou mârga. (Voir l’encadré de la page 110.) Il est surprenant de constater tout ce que cette doctrine doit à la notion d’immortalité de l’âme enseignée dans la Babylone antique.

      25. En quoi la façon dont les hindous considèrent la vie diffère-​t-​elle des vues exprimées dans la Bible?

      25 Toutefois, selon la Bible, le mépris de la vie matérielle est aux antipodes du dessein que Jéhovah Dieu conçut à l’origine pour l’humanité. Ayant créé le premier homme et la première femme, il leur offrit de goûter sur la terre une vie heureuse et pleine d’agréments. La Bible le relate en ces termes:

      “Et Dieu se mit à créer l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa; il les créa mâle et femelle. En outre, Dieu les bénit et Dieu leur dit: ‘Soyez féconds, et devenez nombreux, et remplissez la terre, et soumettez-​la, et tenez dans la soumission les poissons de la mer, et les créatures volantes des cieux, et toute créature vivante qui se meut sur la terre.’ (...) Après cela, Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici que cela était très bon.” (Genèse 1:27-31).

      La Bible annonce que la terre va prochainement entrer dans une ère de paix et de justice. Chaque famille disposera d’un logement décent et jouira d’une santé parfaite. Les hommes se verront offrir une vie sans fin. — Ésaïe 65:17-25; 2 Pierre 3:13; Révélation 21:1-4.

      26. À quelle question nous faut-​il répondre à présent?

      26 Parlons à présent des dieux auxquels doit plaire un hindou en quête d’un bon Karma.

      Le panthéon hindou

      27, 28. a) De quels dieux la Trimûrti hindoue se compose-​t-​elle? b) Qui sont leurs épouses ou parèdres? c) Citez d’autres dieux et déesses hindous.

      27 Bien que l’hindouisme soit à même de revendiquer des millions de divinités, dans la pratique quelques dieux seulement ont polarisé la vénération des diverses sectes hindouistes. Trois des plus grands dieux de l’Inde cœxistent au sein de la “Trimûrti”, une trinité ou triade de dieux. — L’encadré des pages 116 et 117 dresse une liste d’autres dieux hindous.

      28 Cette triade se compose de Brahmâ le Créateur, de Vishnu le Conservateur et de Shiva le Destructeur. Tous trois ont au moins une épouse ou parèdre. Brahmâ est l’époux de Sarasvatî, la déesse du savoir. Vishnu a pour femme Lakshmî, tandis que Shiva eut pour première épouse Satî, qui se donna la mort. Elle fut la première femme à pratiquer la suttie en s’immolant par le feu. Observant son exemple mythique, des milliers de veuves indiennes se sont volontairement laissées brûler vives sur le bûcher funéraire de leur mari. Cette coutume, qui s’est perpétuée des siècles durant, est aujourd’hui interdite par la loi. Shiva a une autre épouse, qui porte divers noms et titres. Paisible sous la forme de Pârvatî, de Umâ ou encore de Gaurî, la Fauve, elle est aussi une divinité terrible quand elle a pour nom Durgâ ou Kâlî.

      29. Quelle place les hindous accordent-​ils à Brahmâ? (Voir Actes 17:22-31.)

      29 Pour être la figure centrale de la mythologie hindoue, Brahmâ n’occupe pourtant qu’une place minime auprès de la masse des fidèles. Malgré son épithète de Créateur, il ne possède d’ailleurs que très peu de sanctuaires. La mythologie attribue la création de l’univers matériel à une cause, un principe, un Être suprême — Brahman ou Brahm, que l’on symbolise par la syllabe sacrée OM, ou AUM. Les trois membres de la triade hindoue sont vus comme des éléments de cet “Être premier”; tous les autres dieux en sont des manifestations. Quel que soit donc le dieu que l’on place au rang suprême, cette divinité englobe tout. Voilà pourquoi, bien qu’ils vénèrent ouvertement des millions de dieux, la plupart des hindous ne reconnaissent qu’un seul Dieu véritable, susceptible de revêtir des formes multiples, masculines, féminines et même animales. Partant, les indianistes sont prompts à faire valoir le caractère résolument monothéiste de l’hindouisme. L’évolution de la pensée védique a toutefois amené la dissolution de la notion d’Être suprême au profit d’une réalité, d’un principe divin impersonnel.

      30. Décrivez quelques-uns des avatâra de Vishnu?

      30 Vishnu, dieu solaire et cosmique à valeur bienveillante, est la divinité principale des adeptes du vaishnavisme. On le retrouve à travers dix avatâra (incarnations), dont ceux de Râma, de Krishna et du Bouddhac. Une autre manifestation de Vishnu est l’avatâra Nârâyana, que l’on représente “sous la forme d’un homme endormi sur les anneaux du serpent Shesha ou Ananta. Il flotte sur l’océan cosmique en compagnie de son épouse, la déesse Lakshmî, assise à ses pieds. De son nombril sort un lotus duquel surgit le dieu Brahmâ”. — The Encyclopedia of World Faiths.

      31. Quel genre de dieu Shiva est-​il?

      31 Shiva, encore appelé Maheshvara (le Maître Absolu) et Mahâdeva (le Grand Dieu), est la deuxième divinité majeure de l’hindouisme. Son culte a pour nom le shaivisme. On décrit Shiva comme “l’Ascète, le grand yogin, celui qui, assis, le corps couvert de cendres et la chevelure tressée, s’absorbe dans la méditation sur les pentes des Himalaya”. Il est également célèbre “pour son érotisme, tant dans son rôle de dieu de la fertilité qu’en sa qualité de Mahâdeva, le Seigneur de l’univers”. (The Encyclopedia of World Faiths.) On l’adore au travers du linga, un symbole phallique. — Voir les photographies de la page 99.

      32. a) Quels aspects la déesse Kâlî revêt-​elle? b) Comment son culte a-​t-​il fourni la racine d’un mot anglais?

      32 Comme beaucoup d’autres religions, l’hindouisme vénère une Grande Déesse, tantôt aimable, tantôt redoutable. Sous son visage le plus séduisant, c’est Pârvatî, ou encore Umâ. Mais elle prend aussi un aspect terrifiant sous les traits de Durgâ ou de Kâlî, déesse cruelle qui se repaît de sacrifices sanglants. En tant que Divine Mère, Kâlî Mâ (Mère noire de la terre) est la divinité de prédilection des adeptes du shaktisme. Représentée sous la forme d’une femme nue jusqu’aux hanches, elle est parée d’ornements macabres, de serpents et de crânes. Autrefois, certains de ses sectateurs, les Thugs, lui offraient des victimes humaines en les étranglant. De leur nom dérive le mot anglais “thug”, “étrangleur, assassin”.

      Le rôle du Gange dans l’hindouisme

      33. Pourquoi les hindous tiennent-​ils le Gange pour sacré?

      33 Il est impossible de parler du panthéon hindou en passant sous silence le plus sacré des fleuves de l’Inde, le Gange. La mythologie hindoue a souvent un lien direct avec celle que les dévots hindous nomment Gaṅgā Mātā, “notre Mère le Gange”. (Voir la carte de la page 123.) Une prière dite en son honneur lui donne 108 noms différents. Pourquoi les fidèles hindous vénèrent-​ils ce fleuve avec tant de zèle? Parce que non seulement le Gange assure l’essentiel de leur subsistance, mais aussi parce qu’il a des sources mythiques. Les hindous pensent en effet que le Gange coulait autrefois dans les cieux, où il formait la Voie lactée. Comment est-​il devenu un fleuve terrestre?

      34. Selon une légende hindoue, comment le Gange aurait-​il pris naissance?

      34 À quelques variantes près, la plupart des hindous l’expliqueraient ainsi: Mahârâjah Sagara avait 60 000 fils qui furent consumés par le feu de Kapila, une des manifestations de Vishnu. Leur âme fut condamnée à rester en enfer, à moins que la déesse Gangâ n’accepte de descendre des cieux pour les purifier et ôter la malédiction qui pesait sur eux. Bhâgîratha, un petit-fils de Sagara, implora Brahmâ d’envoyer sur la terre la Gangâ céleste. Voici une des versions de ce qui arriva alors: “‘Comment pourrais-​je descendre sur la terre?’ répondit Ganga. ‘Je suis un torrent si puissant que je fracasserais le soubassement de la terre.’ Aussi, [Bhâgîratha], après avoir fait pénitence pendant mille ans, alla-​t-​il trouver le dieu Çiva, le plus grand de tous les ascètes, et le convainquit de se tenir au-dessus de la terre parmi les roches et les glaces de l’Himalaya. Çiva avait les cheveux tressés en chignon et il laissa Ganga descendre des cieux sur sa chevelure qui absorba en douceur le choc impétueux. Ganga alors s’écoula doucement sur la terre et descendit des montagnes et à travers la plaine, apportant l’eau et la vie à la terre desséchée.” — De l’océan jusqu’au ciel, Edmund Hillary.

      35. Comment les adorateurs de Vishnu expliquent-​ils l’origine du Gange?

      35 Les adorateurs de Vishnu proposent une version assez différente des origines du Gange en s’appuyant sur le Viṣṇu-Purāṇa, un texte ancien. Nous lisons:

      “C’est à cet endroit [le saint trône de Vishnu] que prend sa source le Gange qui efface tous les péchés (...). Il jaillit de l’ongle du gros orteil gauche de Vishnu.”

      Ou, comme le dirait en sanskrit un adorateur de Vishnu: “Viṣṇu-pādabja-sambhūta”, c’est-à-dire “né du pied pareil-au-lotus de Vishnu”.

      36. Quelles vertus les hindous prêtent-​ils aux eaux du Gange?

      36 Les hindous prêtent au Gange le pouvoir de libérer, de purifier et de guérir les croyants. Ainsi lit-​on encore dans le Viṣṇu-Purāṇa:

      “Purifiés par un bain dans ses eaux, et l’esprit absorbé en Keshava [Vishnu], les saints obtiennent la Délivrance. Qu’on en entende parler, qu’on le désire, qu’on le voie, qu’on le touche, qu’on s’y baigne ou qu’on le chante, jour après jour le fleuve sacré purifie tous les êtres. Même s’exclamer: ‘Gangâ, Gangâ!’ à mille lieues suffit à racheter les péchés de trois vies antérieures.”

      Le Brahmāṇḍa-Purāṇa ajoute:

      “Un seul bain dévotionnel dans les eaux pures de la Gangâ protège la famille de centaines de milliers de dangers. Les péchés accumulés de génération en génération sont effacés. Il suffit de se plonger dans la Gangâ pour être immédiatement purifié.”

      37, 38. Pourquoi des millions d’hindous se pressent-​ils sur les berges du Gange?

      37 Les hindous se pressent sur les berges du Gange pour accomplir les rites de la pûjâ (service divin): offrandes de fleurs et récitations de prières. Ils reçoivent aussi la tilaka, une marque faite avec une pâte rouge ou jaune qu’un prêtre leur dessine sur le front. Puis les fidèles entrent dans l’eau et se livrent à leurs ablutions. Bien que le fleuve soit très pollué par les égouts, les résidus chimiques et les cadavres qu’on y rejette, nombreux sont-​ils à boire un peu de son eau. L’attrait spirituel du Gange est tel, en effet, que des millions d’hindous aspirent à se baigner, ne serait-​ce qu’une fois, dans leur ‘fleuve sacré’, qu’il soit propre ou non.

      38 Des bûchers funéraires sont installés sur les berges du fleuve. C’est là que l’on vient faire incinérer ses morts, dont les cendres seront ensuite jetées dans l’eau; pratique réputée donner à l’âme un passeport pour la félicité éternelle. Ceux qui n’ont pas les moyens de payer une crémation se contentent de confier au fleuve le corps enveloppé d’un linceul. Le cadavre s’y décomposera ou servira de pâture aux charognards. Une question vient donc s’ajouter à celles que nous avons déjà considérées: Qu’enseigne l’hindouisme sur la vie après la mort?

      L’hindouisme et l’âme

      39, 40. Qu’a dit un commentateur hindou au sujet de l’âme?

      39 La réponse se dégage de cet extrait de la Bhagavad-Gītā:

      “À l’instant de la mort, l’âme prend un nouveau corps, aussi naturellement qu’elle est passée, dans le précédent, de l’enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse.” — Chapitre 2, verset 13.

      40 Un hindou commente ainsi ce verset: “Chaque être est une âme spirituelle, distincte de toute autre. À chaque instant celle-ci change de corps et se manifeste sous la forme d’un enfant, puis d’un adolescent, d’un adulte, d’un vieillard. Mais à travers ces mutations, elle reste identique à elle-​même et ne subit aucun changement. Finalement, à la mort de l’enveloppe charnelle qu’elle habitait, cette âme transmigre dans une autre. Sachant que l’âme est certaine de revêtir un autre corps, matériel ou spirituel, pour une nouvelle vie, Arjuna ne peut avoir aucune raison solide de se lamenter sur [la mort].”

      41. D’après la Bible, que faut-​il distinguer à propos de l’âme?

      41 Cette explication, qui définit “chaque être” comme étant une âme “distincte de toute autre”, s’harmonise avec ce que la Bible déclare en Genèse 2:7, savoir:

      “Alors Jéhovah Dieu forma l’homme de la poussière du sol et souffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint une âme vivante.”

      Ceci posé, il importe de déterminer si l’homme, avec toutes ses fonctions organiques et ses facultés mentales, est en lui-​même une âme, ou bien s’il possède une âme distincte de son corps. Est-​il ou a-​t-​il une âme? La citation qui suit lève toute équivoque quant à la pensée hindoue.

      42. Relativement à l’âme, en quoi l’hindouisme et la Bible diffèrent-​ils?

      42 Le verset 17 du 2e chapitre de la Bhagavad-Gītā stipule:

      “Sache que ne peut être anéanti ce qui pénètre le corps tout entier. Nul ne peut détruire l’âme impérissable.”

      Ce verset fait l’objet du commentaire que voici:

      “Chaque corps est donc l’enveloppe charnelle d’une âme distincte, perceptible à travers la conscience individuelle, sa manifestation extérieure.”

      Alors que dans la Bible l’homme est une âme, dans l’hindouisme, par contre, il possède une âme. La différence est de taille et ne manque pas de se répercuter sur les doctrines qui découlent de l’une ou l’autre de ces conceptions. — Lévitique 24:17, 18.

      43. a) D’où la doctrine de l’immortalité de l’âme tire-​t-​elle son origine? b) Quels en sont les prolongements?

      43 La doctrine de l’immortalité de l’âme provient en dernière analyse d’un fonds très ancien de croyances religieuses, la Babylone antique. Elle suppose logiquement une “vie après la mort”, dont les prolongements fournissent du reste la matière de maints enseignements religieux; citons notamment la réincarnation, le ciel, l’enfer, le purgatoire, les limbes. Dans l’esprit des hindous, le ciel et l’enfer sont des lieux par lesquels transite l’âme en attendant sa réincarnation. Un autre aspect remarquable de l’hindouisme est la façon dont il envisage l’enfer.

      L’enfer vu par les hindous

      44. À quoi savons-​nous que l’hindouisme enseigne la doctrine des tourments dans un enfer?

      44 On lit dans la Bhagavad-Gītā:

      “Pour les hommes dont la famille n’est plus régie par l’ordre, ô Janârdana, il est une demeure assurée en enfer!” — Chant I, 44; collection Points, série Sagesses, Fayard 1972.

      Ce verset est ainsi commenté: “L’homme doit [se] purifier de tous ses actes coupables. S’il y manque, ses actions déméritoires le forceront à renaître sur des planètes infernales, où il mènera une vie des plus misérables.” On notera cependant une légère divergence avec la doctrine des tourments éternels enseignée dans la chrétienté: “Le [châtiment] (...) n’est pas éternel.” Mais quelle idée les hindous se font-​ils de l’enfer?

      45. Comment les tourments de l’enfer hindou ont-​ils été décrits?

      45 Le texte qui suit, extrait du Mārkaṇḍeya Purāṇa, décrit les tribulations d’un pécheur:

      “Les émissaires de Yama [le dieu de la mort] s’empressent de le lier dans d’affreux nœuds coulants et le conduisent vers le sud, tout tremblant sous les coups de bâton. Il pousse des hurlements d’horreur et de désespoir tandis que les émissaires de Yama le traînent sur le sol couvert de Kusha [une plante], d’épines, de fourmilières, de piquants et de pierres, le sol d’où jaillissent des flammes par endroits, rempli de trous, rendu incandescent par la chaleur du soleil, brûlé par ses rayons. Entraîné par les terribles émissaires et dévoré par des centaines de chacals, le pécheur se rend à la demeure de Yama par le chemin de l’épouvante. (...)

      “Quand son corps est brûlé, il ressent d’intolérables brûlures; et quand son corps est battu ou tailladé, il éprouve de violentes douleurs.

      “Par la destruction de son corps, et bien qu’elle en revête un autre, la créature qui a commis des actes nuisibles endure ainsi un supplice sans fin. (...)

      “Puis, pour que ses péchés soient complètement expiés, on emmène le pécheur dans un autre enfer. Après être passé par tous les enfers, il prend la forme d’un animal. S’incarnant ensuite en vers, en insectes, en mouches, en bêtes féroces, en moustiques, en éléphants, en arbres, en chevaux, en vaches et en différentes formes de vies impures et misérables, il revient à l’état humain, renaissant bossu, laid ou nain, ou Chândâla Pukkasa.”

      46, 47. Que dit la Bible sur la condition des morts, et que peut-​on en conclure?

      46 Comparons maintenant ce récit avec ce que dit la Bible à propos des morts:

      “Les vivants, en effet, se rendent compte qu’ils mourront; mais quant aux morts, ils ne se rendent compte de rien du tout, et ils n’ont plus de salaire, car leur souvenir est oublié. De plus, leur amour et leur haine et leur jalousie ont déjà péri, et ils n’ont plus de portion, pour des temps indéfinis, dans tout ce qui doit se faire sous le soleil. Tout ce que ta main trouve à faire, fais-​le avec ta vigueur, car il n’y a ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse dans le Schéol, le lieu où tu vas.” — Ecclésiaste 9:5, 6, 10.

      47 Si, comme l’affirme la Bible, l’homme ne possède pas une âme, mais qu’il est lui-​même une âme, cela revient à dire que l’existence consciente cesse avec la mort et que l’homme n’éprouve plus alors ni félicité ni souffrance. La doctrine confuse de l’“au-delà” perd du même coup toute consistanced.

      Un rival apparaît

      48, 49. a) En guise de révision, rappelez quelques enseignements de l’hindouisme. b) Pourquoi certains penseurs se sont-​ils interrogés sur les vertus de la foi hindoue? c) Quel personnage allait remettre en cause la pensée hindoue?

      48 Cet examen nécessairement rapide de l’hindouisme a révélé une religion d’aspect polythéiste, mais d’essence monothéiste, centrée sur la croyance au Brahman, la cause, le principe, l’Être suprême, symbolisé par la syllabe sacrée OM, ou AUM, et apte à revêtir divers noms et formes. L’hindouisme enseigne aussi la tolérance et encourage à se montrer bon envers les animaux.

      49 Par contre, certaines facettes de l’hindouisme — la loi du Karma et le système injuste des castes, l’idolâtrie et les divergences relevées dans les mythes — ont conduit des penseurs à s’interroger sur les vertus de cette foi. L’un d’eux naquit dans le nord-est de l’Inde vers 560 avant notre ère. Il s’appelait Siddhârtha Gautama. Il fonda une religion qui, à défaut de se développer en Inde, s’épanouit surtout à l’extérieur, comme va le montrer le chapitre suivant. Cette nouvelle religion reçut un nom: le bouddhisme.

      [Notes]

      a L’appellation “hindouisme” a été forgée en Europe.

      b Le mot sanskrit ātma, ou ātman, souvent rendu par “âme”, correspond plus exactement au mot “esprit”. — Voir le Dictionnaire des religions de Paul Poupard (PUF), page 119, et la brochure La victoire sur la mort: est-​elle à votre portée? publiée en 1986 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.

      c Le dixième avatâra, encore à venir, est le Kalki, que l’on dépeint “sous les traits d’un jeune homme éblouissant monté sur un cheval blanc et tenant une épée qui rayonne comme un météore, semant de toutes parts la mort et la destruction”. “Il viendra rétablir la justice sur la terre et restaurer une ère de pureté et d’innocence.” — Les religions de l’Inde (angl.); Dictionnaire d’hindouisme (angl.). — Voir Révélation 19:11-16.

      d La résurrection des morts dont il est question dans la Bible n’est pas apparentée à la doctrine de l’immortalité de l’âme. Voir le chapitre 10.

      [Encadré/Illustrations, page 100, 101]

      Le sikhisme: une réforme religieuse

      Le sikhisme, qui a pour emblème trois épées et un cercle, compte plus de 17 millions de fidèles, qui vivent presque tous au Pendjab. Le temple d’or des sikh se dresse au milieu d’un lac artificiel à Amritsar, la ville sainte du sikhisme. Les hommes se reconnaissent aisément à leurs turbans bleus, blancs ou noirs. Le port de cette coiffe et des cheveux longs est un aspect essentiel de leur foi.

      Sikh est un terme hindi qui signifie “disciple”. Les sikh sont les disciples de Guru Nânak, le fondateur de leur mouvement. Ils observent également les enseignements des dix guru (Nânak et ses neuf successeurs) dont les écrits sont consignés dans le Gurū Granth Sāhib, leurs Écritures sacrées. Le sikhisme vit le jour au début du XVIe siècle, lorsque Guru Nânak entreprit de former une religion d’union en s’inspirant de ce que l’hindouisme et l’islām avaient de meilleur.

      La mission de Nânak tient en une phrase: “Il n’y a qu’un seul Dieu, et Il est notre Père; nous devons donc tous être frères.” De même que les musulmans, les sikh croient en un seul Dieu et proscrivent l’usage d’idoles (Psaume 115:4-9; Matthieu 23:8, 9). Ils adhèrent aux croyances traditionnelles de l’hindouisme: l’immortalité de l’âme, la réincarnation et le Karma. Les sikh pratiquent leur culte dans des lieux appelés gurdwârâ. — Voir Psaume 103:12, 13; Actes 24:15.

      Guru Nânak formulait ainsi l’un de ses grands commandements: “Remémorez-​vous Dieu constamment, répétez Son nom.” Dieu est désigné par l’expression le “Seul Vrai”, mais n’est pas nommé (Psaume 83:16-18). Un autre commandement stipulait: “Partage ce que tu possèdes avec celui qui est moins fortuné que toi.” C’est pourquoi chaque temple sikh dispose d’un langar, “cuisine gratuite”, où n’importe qui peut venir prendre un repas sans rien payer. Il existe même des chambres gratuites où les voyageurs ont la possibilité de passer la nuit. — Jacques 2:14-17.

      Le dernier guru des sikh, Govind Singh (1666-​1708), créa l’ordre du Khâlsâ dont les membres arboraient cinq symboles, dits les “cinq k”: les cheveux non coupés (kes) (symbole de spiritualité) et retenus par un peigne (kaṅghā) (symbole d’ordre et de discipline), une épée (kirpān) (figurant la dignité, le courage et l’abnégation), un bracelet de métal (kaṛā) (représentant l’union avec Dieu) et une culotte courte (kacch) (évoquant la modestie et symbolisant la retenue morale). — Voir Le grand atlas universalis des religions, page 89.

      [Illustration]

      Le temple d’or des sikh à Amritsar, dans le Pendjab (Inde).

      [Illustrations]

      Le turban bleu figure un esprit aussi large que le ciel et qui ne fait aucune place aux préjugés.

      Le turban blanc désigne une personne sainte menant une vie exemplaire.

      Le turban noir rappelle la persécution des sikh par les Britanniques en 1919.

      Les autres couleurs relèvent du goût de chacun.

      [Illustration]

      Au cours d’une cérémonie, un prêtre sikh relate l’histoire des armes sacrées.

      [Encadré/Illustrations, page 104]

      Le jaïnisme, religion du renoncement et de la non-violence

      Le jaïnisme, avec le svastika de l’Inde antique pour emblème, fut fondé au VIe siècle avant notre ère par Nâtaputta Vardhamâna, un riche prince indien, mieux connu sous le nom de Vardhamâna Mahâvîra (titre signifiant “Grand Homme” ou “Grand Héros”). Il entreprit une vie de renoncement et d’ascèse. S’étant mis en quête de la connaissance, il allait nu par les villages et les plaines du centre de l’Inde “pour tenter d’échapper au cycle lugubre naissance-​mort-​renaissance”. (Guide illustré des religions dans le monde.) Il pensait que l’âme n’accède au salut qu’au prix d’un renoncement et d’une maîtrise de soi extrêmes et par une stricte application de l’ahimsâ, la non-violence à l’égard de tout être vivant. Il poussa l’ahimsâ très loin en se munissant d’un balai souple avec lequel il écartait doucement les insectes qui se trouvaient sur son chemin. Son respect pour la vie l’incitait également à veiller à la pureté et à l’intégrité de son âme.

      De nos jours, ses disciples pratiquent toujours le renoncement et le respect de toute créature, dans l’espoir d’améliorer leur Karma. On notera une fois de plus l’influence puissante que la croyance à l’immortalité de l’âme exerce sur les humains.

      La communauté jaïna compte aujourd’hui moins de quatre millions de fidèles, dont la plupart vivent en Inde, dans la région de Bombay et dans la province du Gujarât.

      [Illustration]

      Culte jaïna aux pieds d’une statue de saint Gomateshvara haute de 17 mètres, dans le Karnâtaka (Inde).

      [Encadré/Illustrations, pages 106, 107]

      Quelques termes hindous

      ahimsâ (sanskrit ahiṃsā): non-violence; devoir de ne blesser ni de ne tuer aucun être vivant; doctrine à l’origine du végétarisme des hindous et du respect qu’ils portent aux animaux.

      âshrama: ermitage ou tout autre lieu où enseigne un guru (maître spirituel).

      âtman: esprit; associé à ce qui est impérissable. Souvent traduit à tort par “âme”. Voir jîva.

      avatâra: manifestation ou incarnation d’une divinité hindoue.

      bhakti: dévotion d’un fidèle à une divinité; moyen d’accéder au salut.

      bindi: point carmin que les femmes mariées portent sur le front.

      Brahman: l’Ultime Réalité. Voir page 116.

      brâhmana: prêtre, membre de la plus haute des castes.

      dharma: Ordre général de tout ce qui est et par lequel on juge qu’une action est bonne ou mauvaise.

      ghât: escalier en plate-forme sur les berges d’une rivière.

      guru: enseignant ou maître spirituel.

      Harijân: “peuple de Dieu”; nom bienveillant donné par Mahâtma Gândhî aux membres de la caste des Intouchables.

      japa: culte rendu à la Divinité par la répétition d’un de ses noms; le fidèle pratique cet exercice à l’aide d’un mālā, un chapelet à 108 grains.

      jîva (ou prân, prâni): âme individuelle ou être vivant.

      Karma: principe selon lequel tout acte porte des fruits bons ou mauvais, qui seront rétribués dans une vie future par le jeu de la transmigration de l’âme.

      Kshatriya: dirigeants, administrateurs et hommes de guerre, deuxième caste de la société hindoue.

      mahant: saint homme ou enseignant.

      mahâtma: saint hindou (de mahā, “élevé ou grand”, et âtman, “esprit”).

      mantra: formule sacrée censée posséder un pouvoir magique; c’est aussi la formule que reçoit le nouvel initié à une secte et qui accompagne les prières et les incantations.

      mâyâ: l’univers considéré comme une illusion.

      moksha, ou mukti: délivrance du cycle des réincarnations, qui met fin à la transmigration de l’âme. C’est l’équivalent du Nirvâna, l’union de l’âme individuelle avec le Brahman, la Réalité suprême.

      OM, AUM: mot symbolique représentant le Brahman et utilisé comme objet de méditation; on reconnaît en lui la vibration mystique; il sert aussi de mantra.

      paramâtman: l’Esprit Suprême, l’ātman universel, identique au Brahman.

      pûjâ: culte.

      sâdhu: saint homme hindou; un ascète ou un yogi.

      samsâra: transmigration d’une âme immortelle.

      Shakti: énergie féminine ou épouse d’une divinité; s’applique particulièrement à l’épouse de Shiva.

      shraddhâ: rites importants destinés à honorer les ancêtres et à aider l’âme des défunts à réaliser le moksha.

      Shûdra: ouvriers, la plus basse des quatre castes hindoues.

      svâmi: enseignant ou chef spirituel de haut niveau.

      tilaka: marque apposée sur le front, signifiant que le fidèle se souvient du Seigneur dans toutes ses activités.

      Trimûrti: trinité hindoue formée de Brahmâ, Vishnu et Shiva.

      Upanishad: anciens textes à caractère poétique comptant parmi les écrits sacrés de l’hindouisme; ils sont aussi appelés Vedânta, “Fin du Veda”.

      Vaishya: marchands et paysans; la troisième des castes de la société hindoue.

      Veda: écrits sacrés à forme poétique, les plus anciens textes de la littérature indienne.

      Yoga: de la racine Yuj, “unir”, “relier”; recherche de l’union avec le Principe universel. On le connaît surtout comme une technique de méditation associée à des postures et à des exercices respiratoires. L’hindouisme distingue au moins quatre principales formes de yoga, ou voies. Voir page 110.

      [Illustrations]

      De gauche à droite: mahant hindou; sâdhu debout en méditation; guru au Népal.

      [Encadré, page 110]

      Quatre façons de réaliser le moksha

      L’hindouisme offre au moins quatre façons de réaliser le moksha, la délivrance de l’âme. Ces voies sont aussi appelées yoga ou mârga.

      1. Karma-yoga: “La voie de l’action, ou karma-yoga, discipline de l’action. Karma-mârga désigne avant tout l’accomplissement du dharma qui s’applique aux êtres selon leur condition. Certains devoirs incombent à tous, tels que l’ahimsâ, l’abstention d’alcool et de viande, mais le dharma personnel dépend de la caste et de l’état de vie de chacun.” — Les grandes religions d’Asie (angl.).

      Ce Karma se pratique dans les strictes limites de la caste, dont on préserve la pureté en s’interdisant de se marier ou de manger avec un membre d’un groupe social différent, chaque caste étant déterminée par le Karma accumulé lors d’une existence antérieure. On considère donc l’appartenance à telle ou telle caste non comme une injustice, mais comme le résultat d’une précédente incarnation. La philosophie hindoue ne place pas tous les hommes et toutes les femmes sur le même pied d’égalité; elle tient compte de leur caste, de leur sexe et de leur couleur, les peaux les plus claires étant d’ordinaire l’apanage des castes les plus élevées.

      2. Jñâna-yoga: “La voie de la connaissance, ou jñâna-yoga, discipline de la connaissance. Contrairement à la voie de l’action, karma-mârga, qui impose des devoirs spécifiques à chaque circonstance de la vie, jñâna-mârga fournit des méthodes philosophiques et psychologiques permettant de connaître la nature du Soi et de l’univers. Le mot d’ordre du jñâna-mârga: ne pas agir, être. [C’est nous qui soulignons.] Mieux, cette voie permet à ceux qui s’y adonnent d’atteindre le moksha dès la vie présente.” (Les grandes religions d’Asie). Ce yoga introspectif, qui s’accompagne de privations et se pratique à l’écart du monde, exige maîtrise de soi et reniement.

      3. Bhakti-yoga: “Aspect aujourd’hui le plus populaire de la tradition hindoue. C’est la voie de la dévotion, encore appelée bhakti-mârga. Plus facile et plus spontanée que le karma-mârga, (...) la bhakti est ouverte à tous, hommes et femmes de tous âges et de toutes castes. (...) [Elle] laisse libre cours à l’émotion et aux désirs plutôt que de chercher à les dominer par un yoga d’ascèse (...). [Elle] consiste exclusivement à s’attacher à des êtres divins.” Ajoutons qu’il y a 330 millions de dieux à vénérer. Selon cette doctrine traditionnelle, connaître, c’est aimer. En somme, la bhakti peut se définir comme “l’attachement sentimental au dieu que l’on s’est choisi”. — Les grandes religions d’Asie.

      4. Râja-yoga: Méthode faisant intervenir “des postures spéciales, des techniques respiratoires et la répétition rythmique de formules appropriées”. (Les religions de l’humanité [angl.].) Elle compte huit degrés.

      [Encadré/Illustration, page 113]

      Mahâtma Gândhî et le système des castes

      “La non-violence est mon premier article de foi. C’est aussi le dernier article de mon credo.” — Mahâtma Gândhî, 23 mars 1922.

      Mahâtma Gândhî, qui milita pour l’indépendance de l’Inde (admise par la Grande-Bretagne en 1947) à la tête d’un mouvement non violent, se rendit également célèbre en luttant pour que des millions d’hindous comme lui accèdent à de meilleures conditions de vie. Le professeur indien M. Rege explique: “Il fit de l’ahiṃsā (la non-violence) sa base doctrinale; il voyait en elle un moyen d’assurer à chacun dignité et bien-être. Il déniait toute autorité aux textes hindous qui allaient à l’encontre de l’ahiṃsā. Il s’attaqua avec courage à l’intouchabilité et à la hiérarchisation du système des castes, et il promut l’égalité des sexes dans tous les domaines.”

      Comment Gândhî considérait-​il le sort réservé aux Intouchables? Dans une lettre adressée à Jawâharlâl Nehru le 2 mai 1933, il écrivit: “Le mouvement Harijân a pris trop d’ampleur pour qu’on se contente d’y réfléchir. On ne peut rien imaginer de pire. Pourtant, je ne peux me résoudre à me couper de la religion, ni par conséquent de l’hindouisme, sans lequel la vie me pèserait. À travers l’hindouisme, j’aime le christianisme, j’aime l’islām et bien d’autres religions encore. (...) Mais je ne peux le souffrir quand il s’accompagne de l’intouchabilité.” — The Essential Gandhi.

      [Illustration]

      Mahâtma Gândhî (1869-​1948), illustre leader hindou et défenseur de l’ahimsâ.

      [Encadré/Illustrations, pages 116, 117]

      Quelques dieux et déesses de l’hindouisme

      Aditî: mère des dieux; déesse du ciel. L’Infini (s’écrit alors Aditi).

      Agni: dieu du feu.

      Bouddha: Gautama, fondateur du bouddhisme; les hindous voient en lui une incarnation (avatâra) de Vishnu.

      Brahmâ: le Dieu Créateur, principe de la création de l’univers. Un des dieux de la Trimûrti (triade).

      Brahman, ou Brahm: la réalité suprême et transcendante de l’univers, représenté par la syllabe OM ou AUM (voir son symbole ci-dessus). On l’assimile aussi à l’Ātman. Certains hindous considèrent le Brahman comme un principe divin impersonnel, ou l’Ultime Réalité.

      Durgâ: épouse ou shakti de Shiva; identifiée à Kâlî.

      Ganesha: fils de Shiva, dieu à tête d’éléphant, “Celui qui enlève les obstacles”, dieu de la chance. On le nomme aussi Ganapati et Gajânana.

      Gangâ: une des épouses de Shiva et personnification du Gange.

      Hanumân: dieu singe, fidèle disciple de Râma.

      Himâlaya: “domaine des neiges”, père de Pârvatî.

      Kâlî: parèdre noire de Shiva (sa shakti) et déesse sanguinaire de la destruction. On la représente souvent avec une longue langue rouge qui lui sort de la bouche.

      Krishna: huitième incarnation de Vishnu et divinité espiègle de la Bhagavad-Gītā. Il est l’amant des gopî, ou vachères.

      Lakshmî: déesse de la beauté et de la chance; parèdre de Vishnu.

      Manasâ: divinité des serpents.

      Manu: progéniteur de la race humaine; il fut sauvé du déluge par un grand poisson.

      Mitra: dieu de la lumière. Les Romains le connaissaient sous le nom de Mithra.

      Nandi: le taureau, monture de Shiva.

      Nâtarâja: Shiva dansant au milieu d’un cercle de flammes.

      Pârvatî ou Umâ: parèdre de Shiva. Elle paraît également sous les traits des déesses Durgâ ou Kâlî.

      Prajâpati: Créateur de l’univers, “Seigneur des créatures”, père des dieux, des démons et de toutes les autres créatures. Il recevra par la suite le nom de Brahmâ.

      Purusha: “homme cosmique”, dont le démembrement fut à l’origine des quatre grandes castes.

      Râdhâ: compagne de Krishna.

      Râma, Râmachandra: septième incarnation de Vishnu. L’épopée du Rāmāyaṇa relate l’histoire de Râma et de sa femme Sîtâ.

      Sarasvatî: déesse du savoir et shakti de Brahmâ le Créateur.

      Shashthî: déesse qui protège la femme et l’enfant lors de l’accouchement.

      Shiva: dieu de la fertilité, de la mort et de la destruction; un des membres de la Trimûrti. Il a pour symboles le trident et le phallus.

      Soma: terme qui désigne une divinité et une drogue; l’élixir de longue vie.

      Vishnu: le Conservateur de la vie; le troisième membre de la Trimûrti.

      [Indication d’origine]

      (Sources: Dictionnaire de la civilisation indienne; Dictionnaire de la sagesse orientale.)

      [Illustrations]

      De gauche à droite en tournant: Nâtarâja (Shiva dansant); Sarasvatî; Krishna; Durgâ (Kâlî).

      [Encadré, page 120]

      Une version indienne du déluge

      “À Manu [progéniteur et premier législateur de la race humaine], certain matin, on apporta de l’eau pour qu’il se lave les mains (...). Or, tandis qu’il faisait ses ablutions voici qu’un poisson [Matsya, un avatâra de Vishnu] se trouva dans ses mains!

      “et ce poisson lui dit: ‘garde-​moi avec toi, je te sauverai!’ — ‘et de quoi me sauveras-​tu?’ lui demanda Manu. — ‘Un flot viendra qui emportera toutes créatures ici-bas: c’est de cela que je te sauverai!’ — ‘Te garder!’ reprit Manu ‘mais comment?’”

      Le poisson expliqua à Manu ce qu’il attendait de lui. Après quoi, “il continua d’expliquer à Manu: ‘telle ou telle année, un flot destructeur viendra; construis alors une nef et viens à moi. Lorsque le flot sera là, tu monteras dans ta nef et je te sauverai!’”

      Manu suivit les instructions que le poisson lui avait données. Quand le flot destructeur arriva, le poisson remorqua la nef jusqu’aux “montagnes qui sont dans le Nord. Arrivés là: ‘je t’ai sauvé’, dit le poisson, ‘maintenant, attache ta nef à un arbre, mais tant que tu resteras sur cette montagne prends garde de n’être point coupé de l’eau: au fur et à mesure qu’elle descendra, descends à sa suite.’” — Śatapatha-Brāhmaṇa (traduit du sanskrit par Jean Varenne); voir Genèse 6:9 à 8:22.

      [Carte/Illustrations, page 123]

      (Voir la publication)

      Le Gange parcourt plus de 2 400 kilomètres entre l’Himalaya et Calcutta à l’embouchure du delta du Bangladesh.

      INDE

      Calcutta

      Gange

      [Illustrations]

      Gaṅgā Mātā s’écoule sur la tête de Shiva et descend le long de ses cheveux.

      Dévots hindous rassemblés à un ghât et se baignant dans le Gange à Vârânasî [Bénarès].

      [Illustration, page 96]

      Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, fils de Shiva et de Pârvatî. Divinité de la chance.

      [Illustrations, page 99]

      Linga, symboles phalliques vénérés par les hindous. Shiva (dieu de la fertilité) est ici représenté avec quatre têtes, à l’intérieur d’un linga.

      [Illustration, page 108]

      Nonnes jaïna portant le mukha-vastrika, ou écran, pour éviter de tuer un insecte en l’avalant.

      [Illustration, page 115]

      Le culte du serpent se pratique surtout au Bengale. La divinité des serpents a pour nom Manasâ.

      [Illustration, page 118]

      Vishnu, en compagnie de son épouse Lakshmî, repose sur les anneaux enroulés du serpent Ananta, tandis que s’élève de son nombril un lotus portant le dieu Brahmâ à quatre têtes.

  • Le bouddhisme: À la recherche de l’Illumination, mais sans Dieu
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 6

      Le bouddhisme: À la recherche de l’Illumination, mais sans Dieu

      1. a) Quelle place le bouddhisme a-​t-​il prise dans la société occidentale? b) Comment s’est-​il propagé en Occident?

      PEU connu hors d’Asie au début du XXe siècle, le bouddhisme est aujourd’hui une des grandes religions mondiales. Beaucoup d’Occidentaux sont surpris de le voir s’implanter jusque dans leur voisinage. Sa propagation s’explique en grande partie par la présence de réfugiés un peu partout dans le monde. Des communautés asiatiques assez importantes se sont notamment fixées en Europe de l’Ouest, en Amérique du Nord et en Australie. Et lorsque les immigrants, dont le nombre va croissant, s’installent dans un pays d’adoption, ils apportent leur religion avec eux. C’est ainsi que de plus en plus d’Occidentaux se trouvent pour la première fois au contact du bouddhisme. Ajoutons le laxisme et l’appauvrissement spirituel des Églises traditionnelles, et l’on comprendra pourquoi certains se convertissent à cette “nouvelle” religion. — 2 Timothée 3:1, 5.

      2. Où trouve-​t-​on aujourd’hui des adeptes du bouddhisme?

      2 Selon l’Annuaire 1989 de l’Encyclopédie britannique, le bouddhisme totaliserait quelque 300 millions d’adeptes, dont 200 000 en Europe occidentale, 200 000 en Amérique du Nord, 500 000 en Amérique latine et 300 000 en Union soviétique. La plupart des fidèles, cependant, vivent dans des pays d’Asie, tels que Sri Lanka, Myanmar (la Birmanie), la Thaïlande, le Japon, la Corée et la Chine. Mais, se demandera-​t-​on, qui était le Bouddha? Comment le bouddhisme a-​t-​il pris naissance? Quels sont ses enseignements et ses pratiques?

      Le problème des sources

      3. De quelles sources dispose-​t-​on sur la vie du Bouddha?

      3 “La vie du Bouddha nous apparaît surtout à travers les textes canoniques, dont les plus riches et les plus complets ont été rédigés en pâli, une ancienne langue de l’Inde.” (Les religions dans le monde — de l’Antiquité à nos jours [angl.]). En clair, cela signifie que l’on ne dispose d’aucune source d’époque susceptible de nous renseigner sur Siddhârtha Gautama, le fondateur du bouddhisme, qui vivait dans le nord de l’Inde au VIe siècle avant notre ère. C’est là, bien sûr, une première difficulté. Une autre, plus sérieuse encore, est de savoir à quand remontent les “textes canoniques” et comment ils ont été élaborés.

      4. Comment l’enseignement authentique du Bouddha fut-​il d’abord préservé?

      4 D’après la tradition bouddhique, 500 moines se réunirent en concile peu après la mort de Gautama pour fixer l’enseignement authentique du Maître. Les lettrés bouddhistes et les historiens ne sont pas unanimes à reconnaître l’historicité de ce concile. Retenons toutefois que selon les textes bouddhiques eux-​mêmes, l’enseignement authentique établi à cette occasion ne fut pas couché par écrit, mais confié à la mémoire des disciples. La rédaction des textes sacrés ne devait intervenir que bien plus tard.

      5. À quand remonte la rédaction des textes pâli?

      5 Si l’on se réfère à des chroniques sri-lankaises du IVe et du VIe siècle de notre ère, les premiers “textes canoniques” pâli furent rédigés sous le règne de Vattagâmani Abhaya, au Ier siècle avant notre ère. Les autres récits de la vie du Bouddha n’auraient pas été consignés avant le Ier, voire le Ve siècle de notre ère, soit près d’un millénaire après sa mort.

      6. Quelles critiques formule-​t-​on à propos des “textes canoniques”? (Voir 2 Timothée 3:16, 17.)

      6 Comme le relève un dictionnaire (Abingdon Dictionary of Living Religions), “les ‘biographies’ sont à la fois tardives et criblées de légendes et de mythes; en outre, les textes canoniques les plus anciens cristallisent une longue tradition orale qui, semble-​t-​il, a souffert quelques retouches et de nombreux ajouts”. Un savant a même “soutenu que pas un seul mot des enseignements mis par écrit ne pouvait, avec une certitude totale, être attribué à Gautama”. Ces critiques se justifient-​elles?

      Conception et naissance du Bouddha

      7. Selon des textes bouddhiques, comment la mère du Bouddha conçut-​elle son fils?

      7 Considérons les lignes qui suivent, empruntées aux Jātaka, une partie du canon pâli, et au Buddhacarita, une biographie du Bouddha composée en sanskrit au IIe siècle de notre ère. Voici tout d’abord comment la reine Mahâmâyâ, la mère du Bouddha, aurait conçu son fils pendant la célébration d’une fête estivale, alors qu’elle rêvait.

      “Les quatre souverains divins des points cardinaux l’enlevèrent avec son lit et la portèrent sur l’Himalaya (...). Survinrent les quatre femmes de ces souverains, qui emmenèrent la reine au lac Anavatapta, où ils lui firent prendre un bain, afin de la purifier de toute souillure humaine. (...) Ensuite, on la conduisit vers une montagne d’argent, au milieu de laquelle était une grotte d’or, arrangée comme un palais, et on la déposa sur un lit de repos, dont la tête était tournée vers l’Orient. À ce moment, le Bodhisatva [le futur Bouddha] prit la forme d’un Éléphant Blanc, (...) monta sur la Montagne d’Argent, (...) et après avoir fait trois fois le tour du lit de repos, en prenant la droite, en signe de respect, il ouvrit le flanc droit de la reine, et entra ainsi dans son sein.”

      8. Quelle prédiction fut énoncée quant à l’avenir du Bouddha?

      8 Informé de ce rêve par sa femme, le roi fit venir, pour interpréter le songe, 64 prêtres hindous éminents à qui il offrit de la nourriture et des vêtements. Il obtint cette réponse:

      “Ne soyez pas inquiet, ô Roi; la reine a conçu et mettra au monde un fils (...). S’il vit dans le monde il deviendra un Roi qui sera le maître de la terre; s’il renonce au monde, il deviendra un Bouddha qui écartera, dans l’univers, le voile du péché et de la folie.”

      9. Quels événements extraordinaires auraient suivi la déclaration annonçant ce que serait l’avenir du Bouddha?

      9 Sur ce, 32 signes miraculeux se seraient produits:

      “Les dix mille mondes se mirent soudain à trembler, à frémir et à s’agiter. (...) Le feu des enfers s’éteignit; (...) toutes les créatures guérirent de leurs maladies; (...) les instruments de musique rendirent des sons sans qu’on en jouât; (...) l’eau de la mer devint douce; (...) les dix mille mondes formèrent ensemble des couronnes de fleurs (...) délicieusement belles à voir.”

      10. En quels termes les textes sacrés bouddhiques décrivent-​ils la naissance du Bouddha?

      10 Puis le Bouddha naquit de façon insolite dans un parc planté de sals, le bois de Lumbinî. Parvenue au pied d’un sal gigantesque, la reine voulut saisir l’une des branches; celle-ci se pencha et se présenta à portée de sa main. Alors, s’agrippant à la branche, elle accoucha debout.

      “Il sortit du ventre de sa mère comme un prêcheur de la doctrine descendant du siège de la doctrine, comme un homme qui descend un escalier, étendant ses deux mains et ses deux pieds, pur de toute souillure du sein de sa mère (...).”

      “Aussitôt né, le [futur Bouddha] se dressa sur ses deux pieds et fit sept pas en direction du nord, un grand parasol blanc se tenant au-dessus de lui, et, après s’être tourné successivement vers chacun des autres points cardinaux, il s’écria d’une voix triomphante: ‘Dans le monde, je suis le plus excellent; dans le monde, je suis le meilleur! C’est là ma dernière naissance; il n’y aura plus désormais pour moi de nouvelle existence.’”

      11. À quelle conclusion un certain nombre de spécialistes ont-​ils abouti à propos des biographies du Bouddha contenues dans les textes sacrés?

      11 L’enfance du Bouddha, ses rencontres avec de jeunes admiratrices, ses pérégrinations et presque tous les autres événements de sa vie font également l’objet de récits d’une égale luxuriance. Dès lors, il n’est guère surprenant que la plupart des spécialistes ne prêtent à ces récits qu’une valeur légendaire ou mythique. Un administrateur du British Museum laisse même entendre que cet “amoncellement de légendes et de miracles (...) interdit toute reconstitution de la vie du Bouddha historique”.

      12, 13. a) Quel récit donne-​t-​on traditionnellement de la vie du Bouddha? b) Quelle date retient-​on généralement pour la naissance du Bouddha? (Voir Luc 1:1-4.)

      12 Parallèlement à ces mythes, un récit traditionnel de la vie du Bouddha est aussi très répandu. Dans un ouvrage moderne (Manuel de bouddhisme [angl.]) publié à Colombo (Sri Lanka), on peut en lire cette version simplifiée:

      “En 623 avant notre ère, le jour de la pleine lune du mois de mai, naquit dans la région du Népal un prince indien de la lignée des Shâkya, du nom de Siddhatta Gotamaa. Son père était le roi Suddhodana, et sa mère la reine Mahâmâyâ. Il fut élevé par Mahâpajâpatî Gotamî, car sa mère mourut quelques jours après l’avoir mis au monde.

      “À l’âge de 16 ans, il épousa sa cousine, la belle princesse Yashodharâ.

      “Pendant près de treize ans il goûta aux joies du mariage et vécut dans le luxe de son palais, ignorant tout des vicissitudes de la vie hors des portes du palais.

      “Mais avec le temps, la vérité se fit jour dans son esprit. Durant sa 29e année, qui fut le tournant de sa vie, naquit son fils Râhula. Cette naissance le troubla, car il comprit que tous les hommes sans exception doivent naître, tomber malades et mourir. Se rendant compte que la vie comportait nécessairement des sujets d’affliction, il résolut de trouver le remède aux maux de l’humanité.

      “Renonçant aux agréments de sa vie royale, il quitta nuitamment le palais (...), coupa ses cheveux et prit la robe du renonçant pour s’en aller mener une vie errante, à la recherche de la Vérité.”

      13 Ces quelques données biographiques se démarquent nettement des récits fantastiques contenus dans les “textes canoniques”. Mis à part la date de sa naissance, elles ne sont généralement pas contestées.

      L’Illumination: Comment s’est-​elle produite?

      14. Quel fut le tournant de la vie de Gautama?

      14 Qu’est-​ce qui fut, dans la vie de Gautama, le “tournant” dont nous venons de parler? Apercevant pour la première fois un malade, un vieillard et un mort, il commença à se tourmenter à propos du sens de la vie: les hommes ne naissent-​ils que pour souffrir, vieillir puis mourir? Il aurait ensuite vu un saint homme, qui s’était détaché de ce monde pour se mettre en quête de la vérité. Cette rencontre l’incita à quitter sa famille. Renonçant à ses biens et à son titre princier, il passa six années à chercher en vain la solution auprès de religieux hindous et de gourous. Il s’adonna à la méditation, pratiqua le jeûne et le yoga, poussant très loin le renoncement, mais il ne trouva ni la paix de l’esprit ni l’Illumination.

      15. Comment Gautama aurait-​il finalement atteint l’Illumination?

      15 Il finit par prendre conscience qu’une ascèse excessive était tout aussi vaine que la vie de plaisirs qu’il menait auparavant. Il rejeta donc les modes de vie extrêmes qui avaient été les siens pour emprunter ce qu’il appela la Voie du Milieu. Ayant décrété que la réponse devait venir de sa propre conscience, il s’assit sous un arbre pippal (figuier indien) pour méditer. Résistant aux attaques et aux tentations du démon Mâra, il poursuivit résolument sa méditation pendant quatre semaines (sept semaines selon d’autres sources), jusqu’au moment où il aurait atteint l’Illumination en transcendant la vraie nature de toute chose.

      16. a) Que devint Gautama? b) Quelles opinions différentes ont cours quant à la nature du Bouddha?

      16 C’est ainsi que, conformément à la terminologie bouddhique, Gautama devint le Bouddha, l’Éveillé, ou l’Illuminé. Il avait atteint le Nirvâna, le but ultime, un état de complète sérénité et d’Illumination, le dégagement des désirs et des souffrances. On désigne aussi Gautama par le titre de Shâkyamuni, “le Sage des Shâkya”, et lui-​même se donnait souvent le nom de Tathâgata (celui qui vint [pour enseigner]). Les différentes sectes bouddhiques ne s’accordent pas sur la vraie nature du Bouddha. Pour certains, il n’est qu’un simple humain qui a découvert la voie de l’Illumination et l’a enseignée à ses disciples. D’autres le considèrent comme le dernier d’une série de Bouddha venus dans le monde pour prêcher et raviver le dharma (palî dhamma), doctrine ou voie préconisée par le Bouddha. D’autres encore voient en lui un Bodhisattva, personnage qui, étant parvenu à l’Éveil, aurait différé son entrée dans le Nirvâna afin d’aider les autres à atteindre l’Illumination. Quelque définition qu’on en donne, l’Illumination est un concept fondamental dans tous les courants du bouddhisme.

      Qu’est-​ce que l’Illumination?

      17. a) Où et devant qui le Bouddha prononça-​t-​il son premier sermon? b) Expliquez brièvement ce que sont les Quatre Nobles Vérités.

      17 Ayant atteint l’Illumination et hésité quelque temps, le Bouddha entreprit de prêcher aux hommes la nouvelle doctrine, le dharma. Il donna son premier discours, probablement le plus important, à Bénarès, dans le “Parc des Gazelles”, devant cinq bhikku (disciples ou moines). Il leur enseigna que le candidat au salut devait emprunter la Voie du Milieu en se gardant autant des plaisirs sensuels que des mortifications. Il lui faudrait aussi discerner et observer les Quatre Nobles Vérités (voir l’encadré de la page suivante), qui peuvent se résumer ainsi:

      1) Toute existence est douloureuse.

      2) La souffrance provient du désir, de la soif de jouissance.

      3) La suppression du désir met fin à la souffrance.

      4) La suppression du désir s’obtient en suivant le Noble Sentier Octuple, qui régit la conduite, les pensées et les vues de l’individu.

      18. Que disait le Bouddha sur la source de son Illumination? (Voir Job 28:20, 21, 28; Psaume 111:10.)

      18 Ce sermon qui expose la Voie du Milieu et les Quatre Nobles Vérités touche à l’essence même de l’Illumination et passe pour le résumé de l’enseignement du Bouddha. (Comparer avec Matthieu 6:25-34; 1 Timothée 6:17-19; Jacques 4:1-3; 1 Jean 2:15-17.) Gautama ne prétendait pas devoir son sermon à l’inspiration divine, mais il disait de lui-​même: “Le Tathâgata a découvert...” Sur son lit de mort, il aurait fait à ses disciples cette recommandation: “Prenez la vérité comme refuge. Ne cherchez pas de refuge en quelqu’un d’autre que vous-​mêmes.” D’après le Bouddha, l’Illumination ne résulte pas d’une action divine, mais plutôt d’efforts faits individuellement pour posséder la pensée correcte et accomplir de bonnes actions.

      19. Pourquoi le message du Bouddha fut-​il accueilli favorablement à son époque?

      19 On comprend aisément pourquoi cet enseignement fut favorablement accueilli par la société indienne de l’époque. Il censurait en effet les pratiques avides et corrompues des brahmanes, la caste sacerdotale hindoue, et réprouvait l’ascétisme rigoureux des jaïna et d’autres mouvements mystiques. Il éliminait du même coup les sacrifices et les rites, les myriades de dieux et de déesses, ainsi que l’oppressif système des castes qui réglementait strictement l’ensemble de la vie sociale. En un mot, il promettait la Délivrance à quiconque se montrait disposé à suivre la voie tracée par le Bouddha.

      Expansion du bouddhisme

      20. a) Quels sont les “Trois Joyaux” du bouddhisme? b) Quelle ampleur le Bouddha donna-​t-​il à sa prédication?

      20 En acceptant la doctrine du Bouddha, les cinq bhikku formèrent la première Sangha, ou communauté de moines. Ainsi furent réunis les “Trois Joyaux” (Triratna) du bouddhisme: le Bouddha, le Dharma et la Sangha, censés faire avancer les humains sur la voie de l’Illumination. Gautama Bouddha était maintenant prêt à prêcher d’un bout à l’autre de la vallée du Gange. Des gens de tous rangs sociaux et de toutes conditions se déplaçaient pour l’écouter et devenaient ses disciples. À sa mort, survenue dans sa 81e année, il avait acquis renommée et respect. Il aurait eu pour ses disciples ces dernières paroles: “La périssabilité est la loi des choses; ne relâchez pas vos efforts!”

      21. a) Qui contribua à la diffusion du bouddhisme? b) À quoi ses efforts ont-​ils abouti?

      21 Au IIIe siècle avant notre ère, soit 200 ans environ après la mort du Bouddha, apparut le plus ardent propagateur du bouddhisme, l’empereur Ashoka. Ce souverain, qui étendit son règne sur la presque totalité de l’Inde, était troublé par les bouleversements et les carnages qu’entraînaient ses conquêtes. Il se convertit au bouddhisme dont il favorisa officiellement l’expansion, faisant ériger des sanctuaires, convoquant des conciles et invitant son peuple à se conformer aux préceptes du Bouddha. Il envoya également des missionnaires partout en Inde, à Sri Lanka, en Syrie, en Égypte et en Grèce. Ce sont essentiellement les efforts d’Ashoka qui ont transformé le bouddhisme, une secte indienne, en une religion d’ampleur mondiale. Avec juste raison certains voient en lui le second fondateur du bouddhisme.

      22. Comment le bouddhisme gagna-​t-​il toute l’Asie?

      22 De Sri Lanka, le bouddhisme se propagera à l’est, vers Myanmar (la Birmanie), la Thaïlande et d’autres régions d’Indochine. Au nord, il atteindra le Cachemire et l’Asie centrale. De là, dès le Ier siècle de notre ère, des moines bouddhistes franchiront des montagnes et des déserts inhospitaliers pour l’introduire en Chine, d’où il gagnera facilement la Corée et le Japon. La Voie bouddhique se répandra aussi au Tibet, voisin septentrional de l’Inde, où, se mêlant aux croyances locales, elle donnera naissance au lamaïsme, qui dominera la vie religieuse et politique du pays. Au VIe ou au VIIe siècle, le bouddhisme se sera solidement implanté dans toute l’Asie du Sud-Est et l’Extrême-Orient. Mais quelle place occupait-​il en Inde?

      23. Qu’advint-​il du bouddhisme en Inde?

      23 Tandis que le bouddhisme se développait dans d’autres pays, il enregistrait en Inde un déclin régulier. Un fossé se creusa peu à peu entre les laïcs et les moines absorbés par les spéculations philosophiques et métaphysiques. La perte du soutien royal et l’assimilation de croyances et de pratiques hindoues hâtèrent, elles aussi, le recul du bouddhisme en Inde. Les lieux saints du bouddhisme, tels Lumbinî, où naquit Gautama, ou Bodhgayâ, là où il aurait atteint l’“Illumination”, tombèrent en ruines. Au XIIIe siècle, le bouddhisme avait presque disparu de son pays d’origine.

      24, 25. Qu’a encore connu le bouddhisme au cours du XXe siècle?

      24 Au cours du XXe siècle, le bouddhisme a dû affronter un autre revirement de situation. Les bouleversements politiques en Chine, en Mongolie, au Tibet et dans le Sud-Est asiatique l’ont durement frappé. Des milliers de monastères et de temples ont été saccagés, des centaines de milliers de moines et de nonnes chassés, emprisonnés, parfois exécutés. Néanmoins, le bouddhisme demeure vivace dans la pensée et dans les coutumes des habitants de ces pays.

      25 En Europe et en Amérique du Nord, la démarche bouddhique qui consiste à rechercher la “vérité” en soi-​même semble exercer un puissant attrait, et les techniques de méditation qui l’accompagnent offrent un moyen d’échapper à la fébrilité de la vie occidentale. Préfaçant l’ouvrage Bouddhisme vivant (angl.), Tenzin Gyatso, le Dalaï-Lama en exil, écrit à ce sujet: “C’est peut-être aujourd’hui le rôle du bouddhisme de rappeler aux Occidentaux la dimension spirituelle de leur vie.”

      Les diverses voies du bouddhisme

      26. Quelles divisions distingue-​t-​on au sein du bouddhisme?

      26 Le terme “bouddhisme”, que l’on associe généralement à une religion bien définie, recouvre en réalité plusieurs écoles de pensée. Ces écoles interprètent diversement la nature du Bouddha ou ses enseignements et possèdent chacune leurs doctrines, leurs pratiques et leurs écrits. Elles se ramifient à leur tour en une multitude de groupes et de sectes, imprégnés pour la plupart des cultures et des traditions qui les environnent.

      27, 28. Comment décririez-​vous le bouddhisme Theravâda? (Voir Philippiens 2:12; Jean 17:15, 16.)

      27 Le Theravâda (Doctrine des Anciens), encore appelé Hînayâna (Petit Véhicule), école bouddhique florissante à Sri Lanka, à Myanmar (la Birmanie), en Thaïlande, au Cambodge et au Laos, est considéré par certains comme l’école conservatrice. Il met l’accent sur l’acquisition de la sagesse et sur l’obtention du salut par le renoncement au monde et par une vie monacale consacrée à l’étude et à la méditation.

      28 Dans certains pays qui adhèrent au Theravâda, il est courant de croiser des groupes de jeunes hommes vêtus d’une robe safran, le crâne rasé et les pieds nus, portant un bol à aumônes pour recevoir leur nourriture quotidienne des laïcs, qui ont charge de pourvoir à leurs besoins. Les hommes ont également coutume de se retirer dans un monastère au moins une partie de leur vie. Le but de cette vie monastique est de devenir un arhat, quelqu’un qui, en atteignant la perfection spirituelle, se libère du cycle des renaissances qui retient l’être dans les chagrins et la souffrance. Le Bouddha a montré la voie; il incombe à chacun de la suivre.

      29. Quelles sont les caractéristiques du bouddhisme Mahâyâna? (Voir 1 Timothée 2:3, 4; Jean 3:16.)

      29 Le Mahâyâna (Grand Véhicule) est une forme de bouddhisme surtout répandue en Chine, en Corée, au Japon et au Viêt Nam. Elle doit son nom à l’importance qu’elle attache à cette déclaration du Bouddha: “La vérité et la voie du salut s’offrent à tous les hommes, qu’ils vivent dans une caverne, un monastère ou une maison. (...) Cela n’est pas réservé à ceux qui renoncent au monde.” Les doctrines mahâyâniques se fondent sur l’idée que l’amour et la compassion du Bouddha sont tels qu’il ne refuse à personne le salut. Elles enseignent que la Nature-de-Bouddha est présente en chaque être humain et que tout homme est à même de devenir un Bouddha, un “Éveillé”, ou Bodhisattva. L’Illumination ne s’obtient pas ici par une autodiscipline rigoureuse, mais en exerçant la foi dans le Bouddha et en faisant preuve de compassion envers toutes les formes de vie. Le Mahâyâna remporta évidemment un grand succès auprès de la masse des fidèles, sensibles à ses aspects pratiques. Cette attitude libérale favorisa toutefois l’éclosion d’une diversité de mouvements et de cultes.

      30. À quoi aspirent les dévots de l’école bouddhique de la “Terre pure”? (Voir Matthieu 6:7, 8; 1 Rois 18:26, 29.)

      30 Au nombre des sectes mahâyâniques qui se sont développées en Chine et au Japon, citons l’école bouddhique de la Terre pure et celle du Zen. La première est axée sur la foi dans le pouvoir salvateur de Bouddha Amida, qui promit à ses fidèles qu’ils renaîtraient sur la Terre pure, le paradis de l’Ouest. De ce lieu de joie et de délices, peuplé de dieux et d’humains, il serait ensuite facile d’accéder au Nirvâna. En répétant — jusqu’à plusieurs milliers de fois par jour — la prière “Je mets ma confiance en Bouddha Amida”, le dévot se purifie dans l’espoir de parvenir à l’Illumination ou de renaître dans le paradis de l’Ouest.

      31. Quelles sont les particularités du bouddhisme Zen? (Voir Philippiens 4:8.)

      31 Le bouddhisme Zen (l’école Chan en Chine) tire son nom de la pratique de la méditation. Les termes chan (en chinois) et zen (en japonais) répondent en effet au sanskrit dhyāna, que l’on traduit par “méditation”. Cette discipline ne privilégie guère l’étude, les bonnes actions et les rites; on peut atteindre à l’Illumination aussi simplement qu’en méditant sur des questions de nature paradoxale, par exemple: ‘Quel son émet une seule main qui claque?’ ou: ‘Que trouve-​t-​on là où il n’y a rien?’ Le côté mystique du bouddhisme Zen aime à s’exprimer dans les arts raffinés: composition florale, calligraphie, peinture à l’encre, poésie, jardinage, etc., autant de domaines qui ont valu au zen un accueil favorable en Occident. Des centres de méditation zen sont ouverts aujourd’hui dans de nombreux pays occidentaux.

      32. À quelles pratiques le bouddhisme tibétain fait-​il appel?

      32 On trouve en dernier lieu le bouddhisme tibétain, ou lamaïsme. Cette forme de bouddhisme est parfois appelée Mantrayâna (Véhicule du Mantra) parce qu’elle fait largement appel aux mantra, suites de syllabes chargées ou non de sens et inlassablement répétées. Le culte insiste moins sur la sagesse et la compassion que sur les rites, les prières, la magie et le spiritisme. Plusieurs milliers de fois par jour, on répète des prières en s’aidant de chapelets ou de moulins à prières. L’apprentissage des rites complexes ne s’effectue qu’oralement sous la conduite de lamas (supérieurs des monastères) dont les plus connus sont le Dalaï-Lama et le Panchen Lama. À la mort d’un lama, on se met à la recherche d’un enfant en qui le défunt se serait réincarné pour devenir le nouveau chef spirituel. Le titre de lama en est cependant venu à désigner tous les moines, qui, selon une estimation, constituaient à une époque environ un cinquième de la population du Tibet. Les lamas étaient aussi enseignants, médecins, propriétaires fonciers et hommes politiques.

      33. En quoi les divisions du bouddhisme rappellent-​elles celles de la chrétienté? (Voir 1 Corinthiens 1:10.)

      33 Ces grands courants du bouddhisme se subdivisent en de nombreux groupes ou sectes. Certains se rangent derrière un maître particulier, tel Nichiren au Japon, qui enseignait que l’ensemble de la doctrine du Bouddha était contenue dans le Sûtra du Lotus, ou Nun Qinhai à Taiwan, qui fit un grand nombre d’adeptes. Sous cet angle, le bouddhisme ne diffère guère de la chrétienté, ramifiée elle aussi en de multiples Églises et sectes. Il est du reste fréquent que des gens se disent bouddhistes et pratiquent tout à la fois le taoïsme, le shintō, le culte des ancêtres et même certains rites de la chrétientéb. Toutes les sectes bouddhiques prétendent néanmoins que leurs croyances et leurs pratiques s’appuient sur les enseignements du Bouddha.

      Les Trois corbeilles et les autres Écritures bouddhiques

      34. De quoi faut-​il tenir compte quand on examine les enseignements bouddhiques?

      34 Les enseignements attribués au Bouddha se sont transmis oralement et n’ont été fixés par écrit que plusieurs siècles après sa mort. Tout au plus ces textes nous apprennent-​ils ce que les disciples des générations ultérieures pensaient connaître des paroles ou des actes de leur maître. Pour compliquer les choses, à l’époque de leur rédaction, le bouddhisme s’était déjà scindé en diverses écoles. Par voie de conséquence, ces documents présentent le bouddhisme sous des jours très différents.

      35. Quels sont les plus anciens textes sacrés du bouddhisme?

      35 Les écrits bouddhiques les plus anciens datent du Ier siècle avant notre ère. Ils ont été rédigés en pâli, qui serait, pense-​t-​on, apparenté à la langue maternelle du Bouddha. Reconnus comme authentiques par l’école Theravâda, ils sont répartis en 31 livres regroupés en trois recueils ou Tipitaka (sanskrit Tripitaka: “Trois corbeilles” ou “Trois recueils”). Le Vinaya-piṭaka (corbeille de la discipline) traite essentiellement des règles particulières aux moines et aux nonnes. Le Sutta-piṭaka (corbeille des Écritures) contient le texte des sermons, des paraboles et des proverbes prononcés par le Bouddha et par ses principaux disciples. Enfin, l’Abhidhamma-piṭaka (corbeille de la doctrine approfondie) renferme une série de commentaires sur les doctrines bouddhiques.

      36. Par quoi se caractérise la littérature bouddhique du Mahâyâna?

      36 D’autre part, la volumineuse littérature du Mahâyâna se compose surtout de textes sanskrits, chinois et tibétains. À eux seuls, les textes chinois rassemblent plus de 5 000 volumes. Cette classe d’ouvrages aborde quantité de thèmes qui ne figurent pas dans les textes plus anciens. On y trouve un nombre vertigineux de récits relatifs à de multiples Bouddha, qui auraient chacun dirigé une ère bouddhique longue de plusieurs millions d’années. Un dictionnaire a donc pu à juste titre écrire que ces textes “se caractérisent par leur variété, leur imagination débridée, leurs personnages extravagants et leurs répétitions intempestives”.

      37. Les écrits du Mahâyâna soulevèrent quelles difficultés? (Voir Philippiens 2:2, 3.)

      37 Comme on le devine, peu de gens étaient en mesure de comprendre ces traités d’un haut niveau d’abstraction. En conséquence, ces ajouts tardifs entraînèrent le bouddhisme bien loin de la doctrine originelle. Selon le Vinaya-piṭaka, le Bouddha souhaitait que ses idées soient comprises de tous, et pas seulement des gens cultivés. Il veilla d’ailleurs à ce qu’elles soient enseignées dans la langue du commun peuple, et non dans la langue sacrée, mais morte, de l’hindouisme. Aux Theravâdin qui objectent que ces livres ne sont pas canoniques, les tenants du Mahâyâna répondent que Gautama Bouddha a d’abord instruit les gens simples et ignorants, révélant par la suite aux gens instruits et sages les enseignements contenus dans les livres du Mahâyâna.

      Le cycle du Karma et du samsâra

      38. a) Dans quel domaine les enseignements du bouddhisme recoupent-​ils ceux de l’hindouisme? b) Comment le bouddhisme envisage-​t-​il l’âme en théorie et en pratique?

      38 Si le bouddhisme a dans une certaine mesure libéré les gens du joug de l’hindouisme, il n’en repose pas moins sur deux idées-forces héritées de la culture hindoue: le Karma et le samsâra. Le bouddhisme originel se démarque de l’hindouisme en ce qu’il nie l’existence d’une âme immortelle, mais envisage l’homme comme “une combinaison de forces ou d’énergies physiques et mentales”c. Il conserve néanmoins l’idée que tous les humains passent d’une vie à une autre au travers d’innombrables renaissances (samsâra) et qu’ils subissent les conséquences de leurs actes présents et passés (le Karma). Pour aussi séduisante qu’elle paraisse, la voie de l’Illumination et de la délivrance de ce cycle suscite quelques questions: Est-​elle solidement étayée? Quelle preuve a-​t-​on que toutes les souffrances résultent d’actes accomplis au cours d’une existence précédente? Au reste, dispose-​t-​on d’un indice quelconque de la réalité d’une vie antérieure?

      39. En quels termes un texte bouddhique explique-​t-​il la loi du Karma?

      39 On a pu lire ces explications sur la loi du Karma:

      “Le Kamma [équivalent pâli de Karma] est en lui-​même une loi. Mais qui dit loi ne dit pas forcément législateur. Les lois courantes de la nature, la gravitation par exemple, se passent de législateur. La loi du Kamma n’a pas plus qu’elles besoin d’un législateur. Elle opère dans son domaine propre sans l’intervention d’une autorité extérieure et autonome.” — Manuel de bouddhisme (angl.).

      40. a) De quoi les lois de la nature sont-​elles l’indice? b) Que dit la Bible sur l’enchaînement des causes et des effets?

      40 Est-​ce là un raisonnement sans faille? Les lois de la nature se passent-​elles vraiment d’un législateur? Wernher von Braun, spécialiste des fusées, a déclaré un jour: “Les lois de l’univers sont si précises que nous n’avons aucune difficulté à construire un vaisseau spatial pour aller sur la lune et nous pouvons minuter le voyage à la fraction de seconde. Ces lois ont nécessairement été promulguées par quelqu’un.” La Bible, quant à elle, parle aussi de l’enchaînement des causes et des effets. Elle déclare: “On ne se moque pas de Dieu. En effet, quoi que l’homme sème, c’est aussi ce qu’il moissonnera.” (Galates 6:7). Loin d’affirmer que cette loi se passe d’un législateur, elle soutient qu’“on ne se moque pas de Dieu”, faisant savoir par là même que cette loi a été mise en action par Celui qui l’a conçue, Jéhovah.

      41. a) Quelle comparaison peut-​on établir entre la loi du Karma et les lois qu’appliquent les tribunaux? b) Opposez le Karma à la promesse que contient la Bible.

      41 La Bible explique en outre que “le salaire que paie le péché, c’est la mort”, et que “celui qui est mort se trouve quitte de son péché”. Même les tribunaux en conviennent: personne ne doit purger deux fois sa peine pour un délit. Pourquoi faudrait-​il donc qu’un individu qui s’est déjà acquitté de ses fautes en mourant ait à renaître pour subir de nouveau la rétribution de ses actes passés? Ignorant de surcroît pour quelles actions passées il est châtié, comment peut-​il se repentir et s’amender? Peut-​on dans ce cas parler de justice? Quelle place pareil jugement fait-​il à la miséricorde, que l’on tient pour la première qualité du Bouddha? Ayant dit par contre: “Le salaire que paie le péché, c’est la mort”, la Bible ajoute: “Mais le don que donne Dieu, c’est la vie éternelle par Christ Jésus notre Seigneur.” Elle renferme la promesse que Dieu mettra fin à la corruption, au péché et à la mort, et qu’il libérera toute l’humanité pour l’élever à la perfection. — Romains 6:7, 23; 8:21; Ésaïe 25:8.

      42. Quelle explication un exégète bouddhiste donne-​t-​il du cycle des renaissances?

      42 Voici maintenant en quels termes Walpola Rahula, exégète bouddhiste, parle du cycle des renaissances:

      “Un être n’est qu’une combinaison de forces ou d’énergies physiques et mentales. Ce que nous appelons mort, c’est l’arrêt complet du fonctionnement de l’organisme physique. Ces forces, ces énergies prennent-​elles fin absolument avec la cessation du fonctionnement de l’organisme? Le bouddhisme dit: non. La volonté, le désir, la soif d’exister, de continuer, de devenir, est une force formidable qui meut l’ensemble des vies, des existences, le monde entier. C’est la force la plus grande, l’énergie la plus puissante qui soit au monde. Selon le bouddhisme, elle ne cesse pas d’agir avec l’arrêt du fonctionnement de notre corps, qui pour nous est la mort, mais elle continue à se manifester sous une autre forme, produisant une re-existence qu’on appelle renaissance.”

      43. a) Biologiquement, qu’est-​ce qui détermine la configuration génétique d’un individu? b) Quelle “preuve” avance-​t-​on parfois pour appuyer la doctrine des renaissances? c) Cette “preuve” de la renaissance est-​elle en harmonie avec le sens commun?

      43 À la conception, l’être humain reçoit une part égale de ses gènes de l’un et l’autre de ses parents. Il ne peut donc en aucun cas être exactement semblable à celui ou à celle qu’il aurait été lors d’une vie antérieure. Le phénomène des renaissances ne peut en conséquence se prévaloir d’aucune base scientifique. Ceux qui y croient se réfèrent souvent aux propos de personnes qui disent reconnaître des visages, des événements ou des endroits qui leur étaient étrangers. Est-​ce logique? Affirmer que celui qui se souvient de faits survenus jadis a vécu dans le passé, c’est aussi conclure qu’une personne qui prédit l’avenir — et beaucoup s’en disent capables — a forcément vécu dans le futur, ce qui n’est évidemment pas le cas.

      44. Comparez ce que dit la Bible sur l’“esprit” avec la doctrine bouddhique des renaissances.

      44 Plus de 400 ans avant le Bouddha, la Bible parlait d’une force vitale et décrivait ce qui se produit lorsque quelqu’un meurt. Nous y lisons: “Alors la poussière retourne à la terre comme elle était, et l’esprit retourne au vrai Dieu qui l’a donné.” (Ecclésiaste 12:7). Le mot rendu ici par “esprit” vient du terme hébreu rouaḥ qui désigne la force vitale animant toutes les créatures vivantes, les humains comme les animaux (Ecclésiaste 3:18-22). On relève cependant une différence capitale: la rouaḥ est une force impersonnelle qui ne possède pas de volonté propre ni ne conserve la personnalité ou une caractéristique quelconque du défunt. Elle ne transmigre pas non plus dans un autre individu à la mort, mais ‘retourne au vrai Dieu qui l’a donnée’. En d’autres termes, l’espérance de revivre — par une résurrection — dépend entièrement de Dieu. — Jean 5:28, 29; Actes 17:31.

      Le Nirvâna: accéder à l’inaccessible?

      45. En quoi consiste le concept bouddhique du Nirvâna?

      45 Examinons à présent ce qu’a enseigné le Bouddha à propos de l’Illumination et du salut. Dans le bouddhisme, le salut est interprété avant tout comme le dégagement de la loi du Karma et du samsâra, comme l’accession au Nirvâna. Qu’est-​ce donc que le Nirvâna? Les textes bouddhiques affirment qu’on ne peut ni le décrire ni l’expliquer, mais seulement en faire l’expérience. Ce n’est pas un lieu céleste où vont les morts, mais plutôt un état accessible à tous, dès la vie présente. Par lui-​même, le mot “Nirvâna” signifierait “exsufflation, extinction”. On l’a donc défini comme la cessation de toute passion et de tout désir; l’absence de toute sensation, telle que la douleur, la peur, la privation, l’amour ou la haine; un état de paix ininterrompue, de repos, d’immutabilité. Le Nirvâna apparaît essentiellement comme l’abolition de l’existence individuelle.

      46, 47. a) Dans l’enseignement du Bouddha, comment obtient-​on le salut? b) Pourquoi est-​il contraire au sens commun de rechercher le salut là où le bouddhisme espère le trouver?

      46 Dans l’enseignement du Bouddha, l’Illumination et le salut (la perfection du Nirvâna) s’obtiennent non grâce à l’intervention d’un Dieu ou d’une force extérieure, mais par des efforts fournis individuellement pour accomplir de bonnes actions et cultiver la pensée juste. Une question se pose toutefois: Peut-​il sortir quelque chose de parfait de quelque chose d’imparfait? La vie ne nous enseigne-​t-​elle pas, comme le prophète hébreu Jérémie le constata, qu’“à l’homme tiré du sol n’appartient pas sa voie. Il n’appartient pas à l’homme qui marche de diriger son pas”. (Jérémie 10:23.) Si personne n’est en mesure de diriger parfaitement ses actes dans les affaires de la vie courante, est-​il logique d’espérer acquérir le salut éternel par ses seuls efforts? — Psaume 146:3, 4.

      47 À l’image d’un homme pris dans des sables mouvants dont il ne peut se dégager par lui-​même, tous les humains sont pris au piège du péché et de la mort, et pas un d’entre eux n’est en mesure d’en desserrer l’étreinte (Romains 5:12). Malgré cela, le Bouddha a prêché un salut que l’on n’obtient que par ses seuls efforts. Avant de mourir, il exhorta ses disciples par ces mots: “Soyez un refuge pour vous-​mêmes, ne cherchez pas d’autre refuge. Prenez la vérité comme lampe, prenez la vérité comme refuge. Ne cherchez pas de refuge en quelqu’un d’autre que vous-​mêmes.”

      Illumination ou désillusion?

      48. a) Selon un ouvrage, quel effet certaines notions complexes du bouddhisme, telles que le Nirvâna, ont-​elles sur les croyants? b) À quoi a abouti, en certains endroits, le regain d’intérêt que le bouddhisme enregistre depuis quelque temps?

      48 Quel effet la doctrine bouddhique a-​t-​elle sur les croyants? Suscite-​t-​elle une foi et une piété véritables? Le livre Bouddhisme vivant rapporte que dans certains pays bouddhistes même “les moines s’intéressent peu aux subtilités de leur religion. Ils considèrent généralement le Nirvâna comme un objectif à jamais hors d’atteinte et pratiquent rarement la méditation. Hormis une vague étude du Tipitaka, ils s’attachent à favoriser la charité et l’harmonie au sein de la société”. S’exprimant sur le regain d’intérêt qu’enregistre le bouddhisme depuis quelque temps, l’Encyclopédie universelle (japonais) tient ces propos: “Plus l’étude du bouddhisme devient complexe, plus elle s’éloigne de son but premier: guider l’homme. Ainsi considéré, ce retour à une étude rigoureuse du bouddhisme ne traduit pas nécessairement un regain de vitalité. Force est plutôt de constater que lorsqu’une religion devient l’objet d’une métaphysique savante, c’est qu’elle inspire de moins en moins une foi vivante.”

      49. Qu’est devenu le bouddhisme pour beaucoup de gens?

      49 Au centre du bouddhisme, il y a l’idée que l’Illumination et le salut s’acquièrent par la connaissance et l’intelligence. Toutefois, les doctrines compliquées issues des différentes écoles bouddhiques n’ont su engendrer, comme on l’a dit, qu’une espérance “à jamais hors d’atteinte”, hors de la portée des fidèles en général, qui ne voient plus dans leur religion qu’une incitation à faire le bien assortie de quelques rites et préceptes élémentaires. Le bouddhisme n’aborde pas les grandes questions qui préoccupent l’homme: D’où venons-​nous? Pourquoi sommes-​nous sur la terre? Quel sera l’avenir des humains et celui de la planète?

      50. Quelle question se pose au vu des actions menées par des bouddhistes sincères? (Voir Colossiens 2:8.)

      50 Des bouddhistes sincères admettent que les doctrines compliquées et les rites pesants du bouddhisme contemporain ont été une source de confusion et de désillusion. Par leurs actions humanitaires, des mouvements et autres associations d’obédience bouddhique ont soulagé quantité de gens dans un certain nombre de pays. Mais cette religion a-​t-​elle tenu sa promesse, celle de conduire les humains à l’Illumination véritable et à la Délivrance?

      L’Illumination sans Dieu?

      51. a) Que nous apprend une anecdote sur les enseignements du Bouddha? b) Quelle omission importante ses enseignements laissent-​ils apparaître? (Voir 2 Chroniques 16:9; Psaumes 46:1; 145:18.)

      51 Des biographies du Bouddha rapportent qu’il se trouvait un jour dans une forêt. Prenant quelques feuilles dans sa main, il dit aux disciples qui l’accompagnaient: “Ce que je vous ai révélé est comparable à une poignée de feuilles en regard des frondaisons d’une forêt tout entière.” Il s’ensuit donc que le Bouddha n’avait enseigné qu’une fraction de ce qu’il savait. On relève cependant une omission importante: Gautama Bouddha n’a rien dit, ou presque, sur Dieu; il n’a pas non plus prétendu être Dieu. Il aurait affirmé à ses disciples: “S’il existe un Dieu, c’est pure folie de supposer qu’il s’intéresse à mes activités quotidiennes”, et: “Il n’est pas de dieux qui aient le pouvoir ou le désir de venir en aide aux hommes.”

      52. a) Quelle place Dieu occupe-​t-​il dans le bouddhisme? b) De quoi le bouddhisme fait-​il abstraction?

      52 Sous cet angle, le bouddhisme ne représente qu’un apport minime à la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver le vrai Dieu. Une encyclopédie (The Encyclopedia of World Faiths) observe que “le bouddhisme primitif semble ne s’être nullement préoccupé de l’existence de Dieu, et en tout cas n’enseigne ni ne requiert la croyance en Dieu”. Le bouddhisme, qui préconise la recherche individuelle du salut par un retournement de la conscience ou de l’esprit sur lui-​même à la recherche de l’Illumination, se montre en fait agnostique, si ce n’est athée. (Voir l’encadré de la page 145.) Voulant secouer le joug de l’hindouisme, de ses superstitions, de sa mythologie pléthorique, le bouddhisme a versé dans un autre extrême. Il a fait délibérément abstraction du concept fondamental d’un Être suprême, par lequel toutes choses existent et se meuvent. — Actes 17:24, 25.

      53. Que peut-​on dire d’une recherche de l’Illumination menée sans Dieu? (Voir Proverbes 9:10; Jérémie 8:9.)

      53 Ce mode de pensée égocentrique et indépendant a généré un vaste dédale de légendes, de traditions et de doctrines complexes auxquelles se sont mêlées, au fil des siècles, les interprétations de multiples sectes et écoles de pensée. Ce qui, à l’origine, devait fournir une solution simple aux difficultés de la vie, s’est transformé en un système philosophique et religieux incompréhensible pour la grande majorité des gens. Le bouddhiste moyen s’attache surtout à adorer des idoles et des reliques, des dieux et des démons, des esprits et des ancêtres, et à accomplir maints autres rites et pratiques qui n’ont pas grand-chose à voir avec les enseignements de Gautama Bouddha. À l’évidence, il est vain de chercher à atteindre l’Illumination sans Dieu.

      54. De quels autres penseurs orientaux allons-​nous maintenant examiner les enseignements?

      54 Vers l’époque où Gautama Bouddha cherchait la voie de l’Illumination, dans un autre endroit de l’Asie vivaient deux philosophes dont les idées allaient modeler la pensée de millions de gens. Ces deux sages, vénérés par des générations de Chinois et par d’autres peuples encore, avaient pour nom Laozi et Confucius. Qu’ont-​ils enseigné, et quel rôle ont-​ils joué dans la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver Dieu? Ces questions feront l’objet du chapitre suivant.

      [Notes]

      a Forme translittérée du pâli, ou Siddhârtha Gautama en translittération sanskrite. On hésite pour la date de sa naissance entre 560, 563 et 567 avant notre ère. La plupart des spécialistes s’entendent sur la date de 560, ou du moins situent sa naissance au cours du VIe siècle avant notre ère.

      b Nombre de bouddhistes japonais célèbrent Noël avec ostentation.

      c Certaines doctrines bouddhiques, telles que l’anatta (Non-Soi), nient l’existence d’une âme immuable et impérissable. Mais les bouddhistes, notamment en Extrême-Orient, croient aujourd’hui pour la plupart à la transmigration d’une âme immortelle, comme le montrent à l’évidence le culte qu’ils rendent à leurs ancêtres et leur croyance aux tourments de l’enfer.

      [Encadré, page 139]

      Les Quatre Nobles Vérités enseignées par le Bouddha

      Le Bouddha exposa les bases de sa doctrine sous la forme des “Quatre Nobles Vérités”. Nous citons ici le Dhamma-Cakkappavattana-Sutta (Fondation du royaume de la vérité), tel qu’il figure dans L’enseignement du Bouddha de Walpola Rahula.

      ▪ “Voici, ô bhikkhus, la Noble Vérité sur dukkha [douleur]. La naissance est dukkha, la vieillesse est dukkha, la maladie est dukkha, la mort est dukkha, être uni à ce que l’on n’aime pas est dukkha, être séparé de ce que l’on aime est dukkha, ne pas avoir ce que l’on désire est dukkha (...).

      ▪ “Voici, ô bhikkhus, la Noble Vérité sur la cause de dukkha. C’est cette ‘soif’ (désir, tanha) qui produit la re-existence et le re-devenir, qui est liée à une avidité passionnée et qui trouve une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là, c’est-à-dire la soif des plaisirs des sens, la soif de l’existence et du devenir, et la soif de la non-existence (auto-annihilation).

      ▪ “Voici, ô bhikkhus, la Noble Vérité sur la cessation de dukkha. C’est la cessation complète de cette ‘soif’, la délaisser, y renoncer, s’en libérer, s’en détacher.

      ▪ “Voici, ô bhikkhus, la Noble Vérité sur le Sentier qui conduit à la cessation de dukkha. C’est le Noble Sentier Octuple, à savoir: la vue juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, le moyen d’existence juste, l’effort juste, l’attention juste, la concentration juste.”

      [Encadré, page 145]

      Le bouddhisme et Dieu

      “Le bouddhisme enseigne le moyen de cultiver une bonté et une sagesse parfaites sans l’aide d’un Dieu personnel; d’acquérir la connaissance suprême sans ‘révélation’; (...) d’être racheté sans racheteur, de gagner un salut dans lequel chacun est son propre sauveur.” — Le message du bouddhisme (angl.), du Bhikkhu Subhadra, cité dans Qu’est-​ce que le bouddhisme? (angl.).

      Les bouddhistes sont-​ils donc athées? L’ouvrage intitulé Qu’est-​ce que le bouddhisme?, publié par la loge bouddhique de Londres, répond: “Si par athéisme on entend signifier le rejet d’un Dieu personnel, alors nous sommes athées.” On lit encore: “Un esprit évolué accepte tout aussi facilement l’idée d’un univers régi par une Loi éternelle que la notion d’un personnage éloigné qu’il ne verra peut-être jamais, qui demeure il ne sait où, et qui, à un certain moment, a créé à partir de rien un Univers hostile, marqué par l’injustice, par l’inégalité des chances, par des souffrances et par des luttes continuelles.”

      Ainsi, en théorie, le bouddhisme ne prône pas la croyance en Dieu ou en un Créateur. Pourtant, dans presque tous les pays où il se pratique, on trouve des temples bouddhiques et des stûpa; les images et les reliques de différents Bouddha ou Bodhisattva reçoivent des prières, des offrandes et le culte des dévots. Le Bouddha, qui n’a jamais prétendu être Dieu, est néanmoins devenu un dieu au plein sens du terme.

      [Carte, page 142]

      (Voir la publication)

      Au VIIe siècle de notre ère, le bouddhisme avait débordé les frontières de l’Inde pour se répandre dans tout l’est de l’Asie.

      INDE

      Bénarès

      Bodhgayâ

      IIIe SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE SRI LANKA

      Ier SIÈCLE AVANT NOTRE ÈRE CACHEMIRE

      ASIE CENTRALE

      Ier SIÈCLE DE NOTRE ÈRE CHINE

      MYANMAR

      THAÏLANDE

      CAMBODGE

      JAVA

      IVe SIÈCLE DE NOTRE ÈRE CORÉE

      VIe SIÈCLE DE NOTRE ÈRE JAPON

      VIIe SIÈCLE DE NOTRE ÈRE TIBET

      [Illustrations, page 131]

      Le style des temples bouddhiques varie selon les pays.

      Chengde, nord de la Chine

      Kōfu, Japon

      New York, États-Unis

      Chiangmai, Thaïlande

      [Illustration, page 133]

      Relief en pierre, le Rêve de Mâyâ (Gândhâra, Pakistan), représentant le futur Bouddha sous la forme d’un éléphant blanc auréolé, entrant dans le flanc droit de la reine Mâyâ pour la féconder.

      [Illustrations, page 134]

      Moines et fidèles bouddhistes dans un temple à New York.

      [Illustrations, page 141]

      Images du Bouddha exécutant divers gestes symboliques.

      entrée dans le Nirvâna

      enseignement

      méditation

      résistance à la tentation

      [Illustration, page 147]

      Tokyo (Japon): procession commémorant la naissance du Bouddha. L’éléphant blanc au deuxième plan représente le Bouddha.

      [Illustration, page 150]

      Pages du Sûtra du Lotus (Xe siècle), en chinois, décrivant le pouvoir du Bodhisattva Guanyin de sauver du feu et de l’eau. Le Bodhisattva Kshitigarbha, à droite, était populaire en Corée au XIVe siècle.

      [Illustration, page 155]

      Rouleau bouddhique décrivant les tourments de l’“enfer” (Kyōto, Japon).

      [Illustrations, page 157]

      Bouddhistes adorant devant (de gauche à droite en tournant) un linga à Bangkok, Thaïlande; la dent du Bouddha à Kandy, Sri Lanka; des images du Bouddha à Singapour et à New York.

      [Illustrations, page 158]

      Femme bouddhiste en prière devant un autel familial; enfants prenant part au service du temple.

  • Taoïsme et confucianisme: À la recherche de la voie du ciel
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 7

      Taoïsme et confucianisme: À la recherche de la voie du ciel

      Le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme sont les trois grandes religions de la Chine et de l’Extrême-Orient. À la différence du bouddhisme toutefois, les deux premières n’ont pas pris une ampleur mondiale, leur rayonnement restant essentiellement limité à la Chine et aux peuples de culture chinoise. Bien que le nombre de leurs pratiquants n’ait pas été officiellement recensé en Chine, on peut affirmer que, pris ensemble, le taoïsme et le confucianisme ont nourri la vie religieuse d’un homme sur quatre au cours des deux millénaires écoulés.

      1. (Inclure l’introduction.) a) Où le taoïsme et le confucianisme sont-​ils pratiqués, et sur quelle échelle? b) À quelle période devons-​nous remonter pour en examiner les enseignements?

      ‘QUE cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent.’ Prononcée dans un discours en 1956, cette déclaration désormais célèbre de Mao Zedong (Mao Tsé-Toung), alors président de la République populaire de Chine, paraphrasait en réalité l’expression qu’employaient les lettrés chinois pour décrire la période que connut la Chine entre le Ve et le IIIe siècle avant notre ère, à l’époque des “Royaumes combattants”. À cette heure de l’Histoire, la puissante dynastie Zhou (Tcheou) (vers 1122-256 av. n. è.) s’était émiettée en plusieurs États féodaux vaguement apparentés, dont les luttes incessantes faisaient peser un lourd fardeau sur les épaules du peuple.

      2. a) Qu’est-​ce qui suscita l’éclosion des “cent écoles” de pensée? b) Que subsiste-​t-​il de l’action de ces “cent écoles”?

      2 Les troubles et les souffrances qu’elles provoquaient compromirent gravement l’autorité de la classe dirigeante traditionnelle, les gens du commun refusant de se soumettre plus longtemps aux caprices de l’aristocratie et d’en supporter les conséquences sans se plaindre. On assista alors à un foisonnement d’idées et d’aspirations longtemps refrénées qui s’épanouirent telles “cent fleurs”. Différentes écoles de pensée apparurent, dissertant sur l’art de gouverner, les lois, l’ordre social, la conduite et la morale, abordant des sujets aussi variés que l’agriculture, la musique ou la littérature, s’intéressant aux moyens de retrouver des conditions de vie plus sereines. Ces écoles de pensée, que l’on baptisa les “cent écoles”, n’eurent pour la plupart qu’une action éphémère. Deux d’entre elles, néanmoins, acquirent un grand prestige, au point d’influencer la vie des Chinois pendant plus de deux millénaires. On les connaît aujourd’hui sous les noms de taoïsme et de confucianisme.

      Qu’est-​ce que le Dao?

      3. a) Définissez le concept chinois du Dao. b) Quelle cause première les Chinois substituaient-​ils au Créateur? (Voir Hébreux 3:4.)

      3 On ne peut comprendre pourquoi le taoïsme et le confucianisme se sont si profondément et si durablement implantés en Chine, comme d’ailleurs au Japon, en Corée et dans les nations d’alentour, sans avoir quelque lumière sur un concept chinois fondamental, le Dao (Tao). Au sens propre, le terme Dao désigne “une voie, une route, un chemin”. Par extension, il est devenu “une méthode, un principe ou une doctrine”. Les Chinois estimaient que l’harmonie et l’ordre perceptibles dans l’univers étaient des manifestations du Dao, une sorte de volonté divine ou de loi omniprésente régulant l’univers. En d’autres termes, ils ne croyaient pas l’univers régi par un Dieu créateur, mais liaient la cause de toute chose à une providence, à une volonté céleste ou, plus simplement, au ciel lui-​même.

      4. Comment les Chinois transposèrent-​ils la notion de Dao dans la société humaine? (Voir Proverbes 3:5, 6.)

      4 Transposant la notion de Dao à la société humaine, les Chinois pensaient qu’il y a une façon naturelle et correcte de faire chaque chose, que tout ce qui existe, y compris l’être humain, doit occuper la place qui lui échoit et remplir sa fonction propre. Ils croyaient, par exemple, que si le souverain s’acquittait de ses devoirs en gouvernant avec justice et en veillant à accomplir les rites sacrificiels dus au ciel, la nation connaîtrait la paix et prospérerait. De même, si le peuple se montrait disposé à chercher la Voie, ou Dao, et à l’observer, l’harmonie, la paix et l’efficacité s’installeraient partout. Si par contre il la contrariait, ou lui résistait, il n’en résulterait que chaos et désastre.

      5. a) Sous quel angle le taoïsme aborde-​t-​il le Dao? b) Quel aspect du Dao le confucianisme privilégie-​t-​il? c) À quelles questions nous faut-​il répondre?

      5 Cette volonté d’établir l’accord avec le Dao pour ne pas en perturber le flux est un pivot de la philosophie et de la pensée religieuse chinoise. Le taoïsme et le confucianisme sont, pourrait-​on dire, deux modalités d’un même concept. Le taoïsme privilégie le mysticisme et, sous sa forme originelle, préconise le non-agir, le calme, la passivité, la vie solitaire et le retour à la nature. L’idée qui prévaut est que les choses seraient au mieux si les gens s’abstenaient d’agir et s’abandonnaient au mouvement naturel. À l’inverse, le confucianisme privilégie le pragmatisme. Il enseigne que l’ordre social ne règne que lorsque tous les hommes jouent le rôle qui leur revient et s’acquittent de leurs devoirs. À cette fin, le confucianisme codifie l’ensemble des rapports humains et sociaux et propose un schéma de conduite adapté à chaque cas: gouvernant-​gouverné, père-​fils, mari-​femme, etc. Il est temps maintenant de répondre aux questions suivantes: Comment ces deux systèmes sont-​ils venus à l’existence? Quels en sont les fondateurs? Comment pratique-​t-​on ces religions de nos jours? Quel rôle ont-​elles joué dans la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver Dieu?

      Le taoïsme: À l’origine, une philosophie

      6. a) Que sait-​on sur le fondateur du taoïsme? b) Pourquoi l’a-​t-​on appelé Laozi?

      6 Au départ, le taoïsme ressemblait davantage à une philosophie qu’à une religion. Son fondateur, Laozi (Lao-tseu), excédé par l’anarchie et la misère de son temps, chercha le soulagement en se mettant à l’écart de la société et en se rapprochant de la nature. De l’homme, on ne sait que peu de choses; il aurait vécu au VIe siècle avant notre ère, mais rien n’est certain. D’ordinaire, on lui donne le nom de Laozi, qui signifie “ancien maître” ou “le Vieux”, car, à en croire la légende, sa mère l’aurait porté dans son sein si longtemps qu’il avait déjà les cheveux blancs lors de sa naissance.

      7. Qu’apprend-​on sur Laozi dans les “Mémoires historiques”?

      7 La seule biographie officielle de Laozi est contenue dans le Shiji (Cheki, Mémoires historiques) dû à Sima Qian (Sseu-ma Tsʼien), un historien de cour respecté qui vécut au IIe et au Ier siècle avant notre ère. Selon cet ouvrage, Laozi s’appelait en réalité Li Er et il exerçait les fonctions de commis aux archives impériales de Luoyang, dans le centre de la Chine. Sima Qian ajoute ces précisions:

      “Pour avoir longtemps servi à la cour des Tcheou et en avoir constaté la décadence, il aurait abandonné sa charge, serait arrivé à la passe de l’Ouest. Yin Xi, le gardien du poste, lui aurait alors demandé: ‘Puisque vous allez vivre en ermite, veuillez écrire un livre pour mon édification.’ C’est ainsi que Laozi écrivit un ouvrage en deux parties: l’une sur la Voie (Dao), l’autre sur la vertu (De). L’ouvrage compte plus de cinq mille caractères. Sitôt achevée sa tâche, Laozi s’en alla. Nul ne put rien savoir sur sa fin.”

      8. a) Quel livre Laozi aurait-​il rédigé? b) Pourquoi ce livre a-​t-​il donné lieu à plus d’une interprétation?

      8 De nombreux spécialistes doutent de l’authenticité de ce récit. Quoi qu’il en soit, le livre qui vit le jour reçut le nom de Daode jing (Tao Te King; rendu généralement par “Livre de la Voie et de la Vertu”) et il passe pour le pilier du taoïsme. Il est rédigé en vers concis et sibyllins, dont certains ne se composent que de trois ou quatre mots. Le laconisme de la forme et la modification du sens de certains caractères utilisés par Laozi ont donné lieu à plus d’une interprétation.

      Un aperçu du “Daode jing”

      9. Comment Laozi décrivit-​il le Dao dans le Daode jing?

      9 Tout au long du Daode jing, Laozi discourt sur le Dao, la voie suprême de la nature, qu’il transpose à toutes les sphères de l’activité humaine. Pour donner un aperçu du Daode jing, nous nous servirons dans ce chapitre de la traduction récente de Ma Kou, préfacée et adaptée par Marc de Smedt. Au sujet du Dao, nous lisons:

      “Quelque chose de confus et mélangé était là

      Avant la naissance du ciel et de la terre (...)

      Capable d’être la genèse de l’univers

      Son nom reste inconnu

      On l’appelle Tao.” — Chapitre 25.

      “La voie leur donne vie

      La vertu [De] élève

      La matière donne une forme

      L’environnement les conduit à la maturité.

      Ainsi la multiplicité des êtres

      Révère la voie et honore la vertu [De].” — Chapitre 51.

      10. a) Quel but le taoïsme se donne-​t-​il? b) Comment le taoïsme applique-​t-​il ce concept au comportement humain?

      10 Que déduire de ces lignes énigmatiques? Ceci: Dans l’esprit des taoïstes, c’est le Dao, mystérieux principe cosmique, qui est à l’origine de l’univers matériel. Le taoïsme se donne ainsi pour but de chercher le Dao en se retirant du monde pour vivre en harmonie avec la nature. Ce concept transparaît également dans la façon dont le taoïsme envisage le comportement des humains. Le Daode jing décrit en ces termes la conduite idéale:

      “Plutôt que tenir et remplir jusqu’à ras bord

      Mieux vaut savoir s’arrêter à temps.

      Marteler et aiguiser sans cesse

      Ne préserve pas la lame.

      Tout l’or et le jade qui remplissent une salle

      Ne peuvent être gardés par personne.

      Qui tire fierté de sa richesse et puissance

      S’attire le malheur.

      L’ouvrage accompli

      Se retirer

      Tel est le sens de la voie.” — Chapitre 9.

      11. Comment pourrait-​on définir l’idéal taoïste?

      11 Ces quelques passages rappellent que le taoïsme était, du moins au départ, une école de philosophie. Devant les injustices, les souffrances, les ravages et les incohérences d’un régime féodal inflexible, les taoïstes pensaient trouver la paix et l’harmonie en revenant aux traditions d’autrefois, quand il n’y avait ni roi ni ministres pour dominer le peuple. À leurs yeux, la vie idéale consistait à vivre paisiblement à la campagne, à l’unisson de la nature. — Proverbes 28:15; 29:2.

      Le deuxième grand Maître du taoïsme

      12. a) Qui était Zhuangzi? b) Quel fut son apport aux enseignements originaux de Laozi?

      12 La pensée philosophique de Laozi fut enrichie par Zhuangzi (Tchouang-tseu), ou “Maître Zhuang” (369-286 av. n. è.), que l’on considéra comme le plus éminent successeur de Laozi. Dans son livre, le Zhuangzi, il ne se contenta pas d’approfondir le concept du Dao; il élargit également la notion du yin/yang tout d’abord exposée dans le Yi jing. (Voir la page 83.) Selon Zhuangzi, rien n’est vraiment permanent ou absolu, toutes choses sont alternativement soumises au jeu de deux forces opposées. Dans le chapitre intitulé “La crue d’automne”, il écrivit:

      “Le Tao n’a ni fin ni commencement. Ce sont tous les êtres qui meurent et qui naissent. (...) La vie des êtres est pareille au galop du cheval. En chacun de ses mouvements, il se modifie, en chacun de ses instants il se déplace. Vous me demandez ce que vous devez faire, ce que vous ne devez pas faire? Eh bien laissez-​vous aller à vos transformations naturelles.”

      13. a) Dans la pensée de Zhuangzi, quel regard le taoïsme porte-​t-​il sur la vie? b) Grâce à quel rêve Zhuangzi est-​il surtout connu?

      13 Fidèle à sa philosophie de l’inaction, le taoïsme juge inopportune toute tentative visant à modifier le cours naturel des choses. Tôt ou tard, tout ce qui existe se transformera en son contraire. La situation présente est-​elle insupportable? elle va s’améliorer bien vite; est-​elle agréable? bientôt elle aussi aura changé. (Comparer avec Ecclésiaste 5:18, 19.) Zhuangzi est surtout connu des gens ordinaires par le récit de son rêve, symbolique de sa philosophie de l’existence:

      “Jadis, Tchouang Tcheou rêva qu’il était un papillon voltigeant et satisfait de son sort et ignorant qu’il était Tcheou lui-​même. Brusquement il s’éveilla et s’aperçut avec étonnement qu’il était Tcheou. Il ne sut plus si c’était Tcheou rêvant qu’il était un papillon, ou un papillon rêvant qu’il était Tcheou.”

      14. Dans quels domaines l’influence du taoïsme se retrouve-​t-​elle?

      14 Cette philosophie a marqué de son empreinte la poésie et la peinture chinoise des générations ultérieures. (Voir la page 171.) Mais le taoïsme n’allait pas rester longtemps une philosophie du non-agir.

      Une philosophie devient religion

      15. a) Fascinés par la nature, à quelle idée les taoïstes parvinrent-​ils? b) De quels passages du Daode jing cette idée s’inspirait-​elle?

      15 Tandis qu’ils s’appliquaient à ne faire qu’un avec la nature, les taoïstes furent fascinés par sa pérennité et par son pouvoir de régénération. L’idée fut émise que celui qui réaliserait l’harmonie avec le Dao, la voie de la nature, serait peut-être en mesure d’en percer les secrets et de s’immuniser contre les maux du corps, les maladies, voire contre la mort. Bien que Laozi n’ait pas directement abordé cette question, elle apparaît en filigrane dans certains passages du Daode jing. On lit par exemple au chapitre 16: “L’éternel coïncide avec le tao. Qui fait un avec la voie du tao, rien ne peut l’atteindre, même la morta.”

      16. Comment, dans ses écrits, Zhuangzi alimenta-​t-​il les croyances taoïstes dans le surnaturel?

      16 Zhuangzi alimenta lui aussi les spéculations sur ce thème. Ainsi, le Zhuangzi restitue un dialogue entre deux personnages mythiques. L’un demande: “Malgré votre grand âge vous avez conservé le teint d’un petit enfant. Pourquoi?” “C’est, répond le deuxième, que j’ai entendu le Tao.” D’un autre philosophe taoïste, Zhuangzi écrivit: “Lie-tseu se déplaçait en chevauchant le vent. Il voyageait de la façon la plus agréable et s’en revenait au bout de quinze jours. Certes, un tel homme est rare parmi ceux qui ont atteint à la félicité.”

      17. À quelles pratiques taoïstes ces spéculations donnèrent-​elles naissance, et quel en fut le résultat? (Voir Romains 6:23; 8:6, 13.)

      17 Des récits de ce genre enflammèrent l’imagination des taoïstes, lesquels s’essayèrent à la méditation, eurent recours à des procédés diététiques et à des exercices respiratoires censés retarder le dépérissement du corps et la mort. Avant longtemps, des légendes se mirent à circuler, parlant d’immortels capables de chevaucher les nuages et d’apparaître puis de disparaître à volonté, vivant un nombre incalculable d’années sur des montagnes sacrées ou des îles lointaines en se nourrissant de rosée ou de fruits merveilleux. L’histoire de la Chine rapporte qu’en 219 avant notre ère Shi Huangdi, l’empereur Qin, envoya une flotte de navires avec à leur bord 3 000 garçons et filles à la recherche de l’île légendaire de Peng Lai, le paradis des Immortels, pour en rapporter la plante d’immortalité. Comme on l’aura deviné, ils ne revinrent point avec l’élixir convoité. Ce sont eux qui, selon la tradition, auraient peuplé les îles qui forment l’archipel du Japon.

      18. a) La fabrication de ‘pilules d’immortalité’ repose sur quel concept taoïste? b) Quelles autres pratiques magiques le taoïsme élabora-​t-​il?

      18 Les pratiques magiques associées au taoïsme prirent un nouvel essor sous la dynastie Han (206 av. n. è. à 220 de n. è.). On dit que l’empereur Wudi, qui par ailleurs fit du confucianisme la doctrine officielle, s’intéressait de près à l’immortalité physique que recherchaient les taoïstes. Il se passionna tout particulièrement pour la fabrication de ‘pilules d’immortalité’ par le moyen de l’alchimie. Dans la pensée taoïste, la vie résulte de la combinaison du yin/yang (aspect féminin-aspect masculin). En faisant fondre du plomb (sombre, yin) et du mercure (brillant, yang), les alchimistes simulaient un processus naturel par lequel ils pensaient obtenir une pilule qui rendrait immortel. Les adeptes du taoïsme élaborèrent aussi des exercices proches du yoga, des techniques respiratoires, des règles diététiques et des pratiques sexuelles supposées renforcer le principe vital et prolonger l’existence. À cette panoplie venait s’ajouter l’usage de talismans qui, croyait-​on, rendaient invisible et invulnérable aux armes, donnaient le pouvoir de marcher sur l’eau ou de se déplacer dans les airs. Pour repousser les esprits mauvais et les animaux sauvages, on fixait aussi sur les bâtiments et au-dessus des portes des sceaux magiques portant généralement le symbole du yin/yang.

      19. Comment le taoïsme se structura-​t-​il?

      19 Au IIe siècle de notre ère, le taoïsme se structura. Un certain Zhang Daoling (Tchang Tao-ling) fonda une société secrète taoïste dans l’ouest de la Chine; il opérait des guérisons miraculeuses et s’adonnait à l’alchimie. Les membres de cette société devaient verser cinq boisseaux de riz en guise de cotisation. De là vient le nom de “taoïsme des Cinq Boisseaux de rizb” (Wudoumi Dao) attribué à l’école qu’il avait créée. Zhang, qui affirmait avoir reçu une révélation de Laozi, devint le premier “Maître céleste”. On dit qu’il réussit à préparer l’élixir de longue vie et que, s’étant rendu sur le Longhushan (la montagne du dragon [et] du tigre) dans la province du Jiangxi, il s’éleva jusqu’au ciel, monté sur un tigre. Zhang Daoling fut à l’origine d’une longue lignée de “Maîtres célestes” taoïstes qui passent pour ses réincarnations.

      Face au bouddhisme

      20. Comment le taoïsme tenta-​t-​il de neutraliser l’influence du bouddhisme?

      20 Au VIIe siècle, sous la dynastie Tang (618-907 de n. è.), le bouddhisme s’immisça dans la vie religieuse de la Chine. Pour le neutraliser, le taoïsme se donna le statut de religion et fit valoir ses racines chinoises. On déifia Laozi et l’on fixa le canon des textes taoïstes. Des temples, des monastères et des couvents furent créés, et l’on fonda des ordres de moines et de nonnes plus ou moins calqués sur le modèle bouddhique. Le taoïsme incorpora à son panthéon quantité de dieux, de déesses, de fées et d’immortels issus du folklore chinois, tels les Huit Immortels (baxian), le Seigneur du Foyer (Zaojun), les dieux protecteurs des villes (chenghuang) et les divinités gardiennes des portes (menshen). Un amalgame se forma à partir d’éléments empruntés au bouddhisme, aux superstitions traditionnelles, au spiritisme et au culte des ancêtres. — 1 Corinthiens 8:5.

      21. Avec le temps, que devint le taoïsme, et comment s’opéra ce changement?

      21 Le temps passant, le taoïsme fit une part de plus en plus large au spiritisme et aux superstitions. Ses adeptes se contentaient alors d’adorer au temple leurs dieux et leurs déesses de prédilection, sollicitant leur protection contre le mal et leur aide pour amasser des biens terrestres. On louait les services de prêtres pour procéder aux funérailles, choisir l’emplacement idéal d’une tombe, d’une maison ou d’un commerce, communiquer avec les défunts, écarter les mauvais esprits et les revenants, célébrer les fêtes et accomplir divers autres rites. L’école de philosophie mystique des premiers jours était donc devenue une religion où se mêlaient esprits immortels, enfers et demi-dieux — autant de croyances erronées puisées dans l’ancien fonds babylonien.

      L’autre grand sage de la Chine

      22. Quelle école de pensée s’imposa en Chine, et quelles questions nous faut-​il examiner?

      22 Nous n’avons parlé jusqu’ici que du taoïsme, de ses débuts, de son développement et de sa dégénérescence. Rappelons toutefois qu’il n’est que l’une des “cent écoles” qui fleurirent en Chine à l’époque des Royaumes combattants. Une autre école qui vint à tenir un rôle de premier plan, pour finalement s’imposer, avait pour nom le confucianisme. Comment se hissa-​t-​elle à cette position? De tous les sages chinois, Confucius est sans doute celui qu’on connaît le mieux hors de Chine; mais qui était-​il réellement, et qu’enseigna-​t-​il?

      23. Quels détails les “Mémoires historiques” fournissent-​elles sur la personne de Confucius?

      23 Pour faire plus ample connaissance avec lui, reportons-​nous de nouveau au Shiji (Mémoires historiques) de Sima Qian. S’il s’est peu étendu sur la vie de Laozi, Sima Qian a donné en revanche une biographie détaillée de Confucius. Voici, sur le personnage, quelques extraits du Shiji traduits par l’écrivain chinois Lin Yutang:

      “Confucius naquit dans le village de Tséou qui faisait partie du comté de Tch’ang ping, dans l’État de Lou [Lu]. [Sa mère] adressa des prières à la colline de Ni-tsiou pour avoir un enfant et elle fut exaucée car elle eut un fils, la 22e année du règne de Shiang, duc de Lou (551 av. J.-C.). Comme il était venu au monde avec une grosse bosse sur la tête, on l’appela Tsiou (colline). Son nom littéraire était Tchongni et son nom de famille K’ongc.”

      24. Quelle fut la jeunesse de Confucius?

      24 Confucius perdit son père peu après sa naissance. Quoique pauvre, sa mère fit en sorte qu’il reçoive une solide instruction. Enfant, Confucius manifesta un vif intérêt pour l’histoire, la poésie et la musique. D’après les Entretiens, un des Quatre Livres du confucianisme, il entreprit l’étude des belles-lettres à l’âge de 15 ans. À 17 ans, on lui confia un modeste travail de fonctionnaire au pays de Lu, sa terre natale.

      25. Comment Confucius réagit-​il à la mort de sa mère? (Voir Ecclésiaste 9:5, 6; Jean 11:33, 35.)

      25 Sa situation financière s’améliora, semble-​t-​il, ce qui lui permit de se marier à l’âge de 19 ans; il eut un fils dans l’année qui suivit. Alors qu’il se trouvait dans sa 25e année, sa mère mourut. Manifestement très affecté, Confucius, qui observait scrupuleusement les traditions des anciens, se retira de la vie publique et garda le deuil pendant 27 mois auprès de sa tombe, offrant aux Chinois une démonstration de la piété filiale classique.

      Confucius l’enseignant

      26. Quelle carrière Confucius entreprit-​il après la mort de sa mère?

      26 Par la suite, Confucius quitta sa famille pour devenir enseignant itinérant. Il enseignait entre autres la musique, la poésie, la littérature, l’instruction civique, la morale et les sciences, ou du moins les éléments qu’on en possédait à l’époque. Sa réputation commençait à se répandre, car, à un certain moment, il aurait regroupé autour de lui jusqu’à 3 000 élèves.

      27. Que sait-​on des procédés pédagogiques employés par Confucius? (Voir Matthieu 6:26, 28; 9:16, 17; Luc 12:54-57; Jean 4:35-38.)

      27 En Orient, on vénère surtout Confucius en sa qualité de maître enseignant. Sur sa tombe, à Qufu (province de Shandong), son épitaphe l’appelle simplement: “Ancien et très saint enseignant.” Un auteur occidental décrit ainsi les procédés pédagogiques de Confucius: “Il se déplaçait à pied ‘d’un lieu à un autre, accompagné par ceux qui s’instruisaient de ses vues’. Lorsque ses pérégrinations l’emmenaient assez loin, il empruntait un char tiré par un bœuf. L’allure paisible de l’animal permettait à ses élèves de le suivre à pied. Tout semble indiquer qu’il puisait la matière de ses entretiens dans les faits qui survenaient en cours de route.” Remarquons au passage qu’indépendamment de Confucius, Jésus utilisa une méthode semblable quelques siècles plus tard.

      28. Selon l’écrivain chinois Lin Yutang, pourquoi Confucius devint-​il un enseignant vénéré?

      28 Si Confucius fut parmi les Orientaux un enseignant vénéré, c’est indubitablement en raison de son érudition, notamment dans les domaines de l’histoire et de la morale. Lin Yutang écrit: “L’attrait qu’exerçait Confucius était sans doute beaucoup moins dû au fait qu’il était l’homme le plus sage de son temps, que parce qu’il en était le plus grand érudit, le seul capable de disserter sur les anciens livres et la sagesse antique.” Voyant dans cet amour de l’instruction la raison vraisemblable du triomphe du confucianisme sur les autres écoles de pensée, Lin Yutang ajoute: “Les maîtres confucianistes avaient quelque chose de précis à enseigner et les élèves quelque chose de précis à apprendre (c’est-à-dire la science historique), tandis que les autres écoles n’avaient rien d’autre à présenter que leurs opinions.”

      “Seul le ciel me connaît”

      29. a) Quelle était la véritable ambition de Confucius? b) Comment essaya-​t-​il de la réaliser, mais quel résultat obtint-​il?

      29 Bien qu’il fût un enseignant réputé, Confucius ne considérait pas l’enseignement comme le but de sa vie. Il pensait que ses principes éthiques et moraux étaient capables de stabiliser le monde troublé dans lequel il vivait, à condition seulement que les dirigeants consentent à les mettre en usage en lui confiant, ainsi qu’à ses élèves, des fonctions gouvernementales. Il quitta donc Lu, son pays natal, accompagné de quelques-uns de ses plus proches disciples, voyageant d’un État à un autre en quête du prince avisé qui adopterait ses vues sur l’art de gouverner et sur l’ordre social. Quel en fut le résultat? Le Shiji répond: “Puis il quitta (le pays de) Lou; il fut chassé (du pays) de Tsʼi; il fut rejeté (des pays) de Song et de Wei; il se trouva en péril entre (les pays) de Tch’en et de Tsʼai.” Après 14 années passées sur les routes, il revint à Lu, certes déçu, mais non brisé.

      30. Quelles œuvres littéraires constituent la base du confucianisme?

      30 Jusqu’à la fin de ses jours, il se consacra à écrire et à enseigner. (Voir l’encadré de la page 177.) Regrettant sans aucun doute d’être méconnu, il eut toutefois ces mots: “Je n’accuse pas le Ciel, je ne blâme pas les hommes. J’étudie ici-bas, et je suis entendu d’en haut. Seul le Ciel me connaît.” Il s’éteignit en 479 avant notre ère, à l’âge de 73 ans.

      Les grands thèmes du confucianisme

      31. Selon l’enseignement de Confucius, comment parviendrait-​on à restaurer l’ordre dans la société?

      31 S’il fut un érudit et un enseignant hors du commun, Confucius ne restreignit nullement son influence aux cercles de lettrés. Outre l’enseignement de règles régissant la conduite et la morale, il avait pour ambition de restaurer l’ordre et la paix au sein d’une société déchirée par de continuelles guerres féodales. Cet objectif, enseignait-​il, serait atteint si tous les hommes, de l’empereur aux gens du peuple, s’enquéraient du rôle qui leur revenait dans la société et s’y conformaient.

      32, 33. a) Qu’est-​ce que le concept confucéen de li? b) D’après Confucius, que résulterait-​il de sa mise en pratique?

      32 Ce principe confucéen a pour nom li, terme qui signifie propriété, courtoisie, ordre des choses, et, par extension, rites, cérémonie, vénération. À la question: “Quel est donc ce fameux ‘li’?”, Confucius répondit un jour:

      “De tous les principes qui guident une nation, ‘li’ est le plus grand. Sans lui, nous ne savons comment adorer convenablement les esprits de l’univers; ni comment établir les devoirs réciproques qui existent entre le roi et ses ministres, le souverain et ses sujets, les aînés et les jeunes; ni comment distinguer les différents degrés de parenté au sein de la famille. C’est pourquoi le sage a tant de considération pour ce principe.”

      33 En conséquence, li est la règle de conduite qui doit guider l’homme de qualité (junzi, parfois traduit par “homme supérieur”) dans tous ses rapports avec autrui. Que chacun s’efforce de l’observer, dit Confucius, et tout sera “réglé dans la famille, dans l’État et dans le monde”. C’est ainsi que l’on réalise le Dao, la voie du ciel. Mais quelles sont les modalités de li? Cette question nous amène à aborder une autre grande idée du confucianisme: la notion de ren (jen), d’humanité ou de bienveillance.

      34. Qu’est-​ce que le concept confucéen de ren, et comment contribuerait-​il à guérir les maux de la société?

      34 Alors que li préconise la maîtrise de soi par le respect de règles extérieures, ren, lui, s’intéresse à la nature humaine, à la personne intérieure. La thèse confucéenne, telle qu’elle fut surtout développée par Mengzi (Mencius), le principal disciple de Confucius, affirme la bonté naturelle de l’homme. C’est donc le perfectionnement individuel, fondé sur l’étude et la connaissance, qui guérira tous les maux de la société. Voici ce qu’on peut lire dans la Grande Étude, au chapitre premier:

      “Les connaissances morales étant parvenues à leur dernier degré de perfection, les intentions sont ensuite rendues pures et sincères; les intentions étant rendues pures et sincères, l’âme se pénètre ensuite de probité et de droiture; l’âme étant pénétrée de probité et de droiture, la personne est ensuite corrigée et améliorée; la personne étant corrigée et améliorée, la famille est ensuite bien dirigée; la famille étant bien dirigée, le royaume est ensuite bien gouverné; le royaume étant bien gouverné, le monde ensuite jouit de la paix et de la bonne harmonie. Depuis l’homme le plus élevé en dignité, jusqu’au plus humble et plus obscur, devoir égal pour tous: corriger et améliorer sa personne; ou le perfectionnement de soi-​même est la base fondamentale de tout progrès et de tout développement moral.”

      35. a) Comment peut-​on résumer les principes de li et de ren? b) Comment ces principes se reflètent-​ils dans les conceptions des Chinois?

      35 En conséquence, selon Confucius, l’observation de li permettrait de se conduire correctement dans n’importe quelle circonstance, tandis que la pratique de ren conduirait à traiter chacun avec bienveillance. La société devrait alors en théorie goûter la paix et l’harmonie. L’idéal confucéen, ayant li et ren pour racines, se résume ainsi:

      “Bonté du père, piété filiale du fils

      Bonnes manières du frère aîné, humilité et respect du plus

      jeune

      Équité du mari, obéissance de la femme

      Compassion des anciens, déférence des plus jeunes

      Bienveillance des dirigeants, loyauté des ministres et des

      sujets.”

      Ces principes nous font mieux comprendre pourquoi la plupart des Chinois, et même d’autres Orientaux, sont si attachés aux liens familiaux, au travail, à l’étude et aux convenances. Pour le meilleur, comme pour le pire, ces notions confucéennes ont, au fil des siècles, profondément façonné la conscience chinoise.

      Promu culte d’État

      36. Comment le confucianisme acquit-​il le statut de culte d’État?

      36 L’avènement du confucianisme marqua la fin de la période des “cent écoles”. Les empereurs de la dynastie Han virent dans le concept confucéen de loyauté envers le souverain un moyen tout trouvé de renforcer le pouvoir impérial. Sous le règne de l’empereur Wudi, déjà mentionné à propos du taoïsme, le confucianisme acquit le statut de culte d’État. Seuls ceux qui étaient versés dans les classiques du confucianisme étaient appelés à des charges officielles, et tous ceux qui briguaient des fonctions au sein du gouvernement devaient se soumettre à des examens nationaux portant sur ces ouvrages. Les rites confucéens devinrent la religion de la maison royale.

      37. a) Comment le confucianisme devint-​il une religion? b) Pourquoi le confucianisme est-​il plus qu’une simple philosophie?

      37 Ce changement contribua largement à rehausser l’image de Confucius au sein de la société chinoise. À l’instigation des empereurs Han, on prit l’habitude d’aller offrir des sacrifices sur sa tombe. Le Maître fut également revêtu de titres honorifiques. Puis, en 630 de notre ère, Taizong, un empereur Tang, décréta qu’un temple d’État devait être érigé dans toutes les provinces et dans tous les cantons de l’empire, et que des sacrifices y seraient régulièrement offerts. Pour simplifier les choses, on éleva Confucius au rang d’un dieu. Dès lors, le confucianisme ne se différencia plus guère du taoïsme et du bouddhisme. — Voir l’encadré de la page 175.

      L’héritage de la sagesse orientale

      38. a) Qu’ont dû affronter le taoïsme et le confucianisme depuis 1911? b) Que peut-​on toujours dire des idées essentielles de ces deux religions?

      38 Après la chute de la dernière dynastie chinoise en 1911, le confucianisme et le taoïsme ont fait l’objet de vives critiques et même de persécutions. Le taoïsme s’est vu reprocher ses pratiques magiques et superstitieuses. On a accusé le confucianisme d’avoir cautionné le régime féodal et emprisonné les esprits dans la servilité, favorisant l’asservissement du peuple en général et celui des femmes en particulier. Toutefois, malgré ces condamnations officielles, les idées essentielles de ces deux religions ont si profondément imprégné l’âme chinoise qu’elles exercent, aujourd’hui encore, un puissant ascendant sur quantité de gens.

      39. Que rapporte un journal à propos des superstitions religieuses en vigueur en Chine?

      39 À titre d’exemple, reportons-​nous à un article intitulé “Rites chinois: Devenus rares à Beijing [Pékin], ils fleurissent dans les régions côtières”, paru en 1987 dans un journal canadien (Globe and Mail). On y apprenait qu’en dépit de 40 années de régime athée, les rites funèbres, les services religieux dans les temples et maintes pratiques superstitieuses n’avaient pas disparu des campagnes chinoises. L’article expliquait: “Il y a dans la plupart des villages un spécialiste du fengshui. C’est souvent un villageois âgé, habile dans l’art de lire la direction des vents (feng) et l’orientation de l’eau (shui) afin de déterminer l’endroit qui sera le plus favorable pour creuser la tombe familiale, construire une maison ou installer les meubles du salon.”

      40. Quelles pratiques religieuses ont cours à Taiwan?

      40 Ailleurs, le taoïsme et le confucianisme ont subsisté partout où la culture chinoise a survécu. À Taiwan, un homme qui affirme descendre de Zhang Daoling occupe les fonctions de “Maître céleste” et ordonne des prêtres taoïstes (Daoshi). Mazu, une déesse populaire à qui l’on donne le titre de “Sainte Mère Céleste”, est vénérée comme la patronne de l’île, des marins et des pêcheurs. Les gens en général s’appliquent de leur côté à faire des offrandes et à sacrifier aux esprits des fleuves, des montagnes et des étoiles; aux divinités tutélaires des métiers; aux dieux de la santé, de la chance et de la richessed.

      41. Sous quelle forme le confucianisme se pratique-​t-​il encore?

      41 Quel est aujourd’hui l’état du confucianisme? Sa pratique s’est vue réduite au statut de patrimoine national. À Qufu, ville natale de Confucius, l’État chinois assure, à l’intention des touristes, la conservation du temple consacré à Confucius et de sa propriété familiale. Selon la revue China Reconstructs, on a monté des représentations destinées à “faire revivre les rites qui accompagnaient le culte de Confucius”. À Singapour, à Taiwan, à Hong-Kong et dans d’autres régions d’Extrême-Orient, on célèbre encore l’anniversaire de Confucius.

      42. Pourquoi le taoïsme et le confucianisme sont-​ils inaptes à conduire les hommes au vrai Dieu?

      42 De l’histoire du confucianisme et du taoïsme, il ressort ceci: Indépendamment de sa logique et de ses bonnes intentions, un système de pensée qui repose sur une sagesse et des raisonnements humains est inapte à conduire les hommes au vrai Dieu. Pourquoi? Parce qu’il néglige un élément fondamental: la volonté et les exigences d’un Dieu personnel. Le confucianisme recherche dans la nature humaine une force qui pousse au bien. Le taoïsme, lui, s’en remet à la nature tout court. L’un et l’autre cependant ne s’adressent pas à la bonne source; leur démarche revient à adorer ce qui a été créé plutôt que le Créateur. — Psaumes 62:9; 146:3, 4; Jérémie 17:5.

      43. Comment les religions traditionnelles ont-​elles défavorisé les Chinois dans leur ensemble dans la recherche du vrai Dieu?

      43 Par ailleurs, le culte traditionnel des ancêtres et des idoles, la vénération du Ciel conçu comme principe gouvernant le cosmos, l’adoration des esprits de la nature et les rites qui s’y rattachent, toutes ces pratiques font à ce point partie de la pensée chinoise qu’on ne songerait pas à mettre en doute leur bien-fondé. Il est d’ailleurs souvent très difficile de parler à un Chinois d’un Dieu ou d’un Créateur personnel, tant ce concept lui est étranger. — Romains 1:20-25.

      44. a) À quelle conclusion les esprits réfléchis aboutissent-​ils en examinant les merveilles de la nature? b) Quelle invitation nous est lancée?

      44 Incontestablement, la nature recèle des merveilles qui témoignent d’une sagesse stupéfiante. Les humains, quant à eux, sont dotés de facultés remarquables que sont la raison et la conscience. Or, comme l’a montré le chapitre 6 consacré au bouddhisme, ces merveilles naturelles ont conduit des esprits réfléchis à conclure qu’il existe forcément un Architecte, un Créateur. (Voir les pages 151 et 152.) S’il en est ainsi, ne serait-​il pas logique de se mettre à sa recherche? Telle est précisément l’invitation qu’il nous lance: “Levez vos yeux en haut et voyez. Qui a créé ces choses? C’est Celui qui fait sortir leur armée d’après le nombre, et qui les appelle toutes par leur nom.” (Ésaïe 40:26). Si nous acceptons cette invitation, non seulement nous parviendrons à connaître le Créateur, Jéhovah Dieu, mais nous saurons également quel avenir il réserve à l’humanité.

      45. Sur quelle autre religion orientale allons-​nous maintenant nous pencher?

      45 Aux religions qui, tels le bouddhisme, le confucianisme et le taoïsme, ont façonné la vie religieuse des peuples de l’Orient, il faut associer un autre culte, typiquement japonais celui-là: le shintō. En quoi se distingue-​t-​il des trois premiers? Comment est-​il apparu? A-​t-​il conduit les hommes au vrai Dieu? Telles sont les questions qui feront l’objet du chapitre suivant.

      [Notes]

      a Lin Yutang donne cette version: “Uni au Tao, il est éternel, et sa vie durant, il est à l’abri du mal.”

      b Un boisseau est une mesure de capacité utilisée pour les matières sèches; il équivaut ici à 88 décilitres.

      c Confucius est une latinisation du chinois Kongfuzi (K’ong-fou-tseu), qui signifie “Maître K’ong”. Elle fut forgée par des Jésuites venus en Chine au XVIe siècle, lorsqu’ils recommandèrent au pape d’ajouter Confucius à la liste des saints de l’Église catholique.

      d Un mouvement taoïste actif à Taiwan, le Tiandao (la voie céleste), affirme être un amalgame de cinq religions mondiales: le taoïsme, le confucianisme, le bouddhisme, le christianisme et l’islām.

      [Encadré, page 162]

      Transcription des termes chinois

      Conformément à l’usage international et à la plupart des ouvrages paraissant en français, les termes chinois utilisés dans ce livre ont été transcrits selon le système pinyin. On a toutefois fait suivre la transcription française EFEO entre parenthèses pour les noms chinois mieux connus sous cette dernière forme, par exemple:

      Beijing (Pékin)

      Dao (Tao)

      Daode jing (Tao Te King)

      Kongfuzi (K’ong-fou-tseu)

      Laozi (Lao-tseu)

      Mao Zedong (Mao Tsé-Toung)

      Sima Qian (Sseu-ma Tsʼien)

      Zhuangzi (Tchouang-tseu)

      [Encadré, page 175]

      Le confucianisme: philosophie ou religion?

      Confucius ayant peu parlé de Dieu, on considère généralement le confucianisme comme une philosophie et non comme une religion. À l’examen toutefois, les maximes et les manières d’agir de Confucius laissent entendre qu’il était animé de sentiments religieux, témoin ces deux constatations: Premièrement, il révérait un pouvoir spirituel suprême, Tian (T’ien) en chinois, c’est-à-dire le Ciel, qui, pensait-​il, était à l’origine de toute vertu et excellence morale, et qui gouvernait la totalité du cosmos. Deuxièmement, il insistait beaucoup sur l’observation scrupuleuse des rites et des cérémonies accompagnant le culte du ciel et celui des esprits des ancêtres.

      Bien que Confucius n’ait jamais voulu donner à ces notions un caractère religieux, ses idées sont, dans l’esprit de générations de Chinois, ce qui correspond le mieux au mot “religion”.

      [Encadré/Illustrations, page 177]

      Les Quatre Livres et les cinq classiques du confucianisme

      Les Quatre Livres

      1. La Grande Étude (Da xue), texte de base entrant dans la formation d’un homme de qualité; le premier qu’étudiaient autrefois les écoliers chinois.

      2. L’Invariable Milieu (Zhong yong), traité sur le développement de la nature humaine par la pratique de la modération.

      3. Les Entretiens (Lun yu), recueil de sentences prononcées par Confucius; elles passent pour la source principale de la pensée confucéenne.

      4. Le Mencius (Mengzi), textes et maximes de Mengzi (Mencius), le plus éminent disciple de Confucius.

      Les cinq classiques

      1. Le Canon des poèmes (Shi jing), recueil de 305 poésies dépeignant la vie quotidienne aux débuts de la dynastie Zhou (1000-​600 av. n. è.).

      2. Le Canon des documents (Shu jing), ouvrage couvrant 17 siècles de l’histoire de la Chine à compter de la dynastie Shang (1766-​1122 av. n. è.).

      3. Le Canon des mutations (Yi jing), livre de divination interprétant les 64 combinaisons possibles de six lignes pleines ou brisées.

      4. Le Mémorial des rites (Li ji), recueil de règles relatives aux cérémonies et aux rites.

      5. Les Annales des printemps et automnes (Chunqiu), chronique du pays de Lu, terre natale de Confucius, pour la période 721-478 av. n. è.

      [Illustrations]

      En haut, les cinq classiques, et à gauche, un extrait de la Grande Étude (un des Quatre Livres), cité à la page 180.

      [Illustration, page 163]

      Le Dao, ‘la Voie de l’homme’.

      [Illustration, page 165]

      Laozi, le fondateur du taoïsme, monté sur un buffle.

      [Illustration, page 166]

      Taiwan: Temple taoïste dédié à Mazu, la “Sainte Mère Céleste”.

      [Illustration, page 171]

      Montagnes dans la brume, eaux tranquilles, arbres courbés et sages solitaires... Ces thèmes populaires de la peinture paysagiste chinoise évoquent l’idéal taoïste: vivre en harmonie avec la nature.

      [Illustrations, page 173]

      À gauche, ancienne sculpture taoïste représentant le dieu de la Longévité en compagnie des Huit Immortels.

      À droite, prêtre taoïste en costume d’apparat célébrant un enterrement.

      [Illustration, page 179]

      Confucius, le grand sage de la Chine, est vénéré comme un enseignant en matière de morale et d’éthique.

      [Illustration, page 181]

      Séoul (Corée): Des cérémonies accompagnées de musique perpétuent les rites confucéens à Sung Kyun Kwan, une école confucianiste fondée au XIVe siècle.

      [Illustrations, page 182]

      Qu’ils soient bouddhistes, taoïstes ou confucianistes, la plupart des Chinois (de gauche à droite) honorent leurs ancêtres à la maison, rendent un culte au dieu de la richesse et offrent des sacrifices au temple les jours de fête.

  • Le shintō: À la recherche de Dieu au Japon
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 8

      Le shintō: À la recherche de Dieu au Japon

      “Mon père était prêtre shintō. On nous apprit en conséquence à déposer chaque matin un bol de riz cuit à la vapeur et un verre d’eau sur le kamidana [autel familial shintō] avant de prendre notre petit déjeuner. Nos dévotions terminées, nous descendions le bol et mangions le riz. J’avais la conviction que ce rite nous vaudrait la protection des dieux.

      “Avant d’acheter une maison, nous avons pris soin de consulter un chamane (un médium) pour nous assurer que notre nouvelle maison était favorablement située par rapport à l’ancienne. Il nous signala que des démons se tenaient à trois de nos portes et nous prescrivit d’observer le rituel de purification préconisé par mon père. Nous avions donc l’habitude de purifier ces endroits avec du sel une fois par mois.” — Mayumi T.

      1. (Inclure l’introduction.) Où le shintō est-​il essentiellement pratiqué, et que font certains de ses fidèles?

      LE SHINTŌ est une religion essentiellement japonaise. Selon le Nihon Shukyo Jiten (Encyclopédie des religions japonaises), “la formation du shintō se confond presque avec la culture ethnique du Japon; cette culture religieuse n’est jamais sortie du cadre social nippon”. Le rayonnement économique et culturel du Japon moderne nous amène cependant à nous intéresser aux facteurs religieux qui ont façonné l’histoire de ce pays et la personnalité de ses habitants.

      2. Quelle place le shintō occupe-​t-​il dans la vie des Japonais?

      2 Le shintō revendique 91 millions de fidèles au Japon, soit environ les trois quarts de la population. Une enquête d’opinion publique a cependant révélé que seulement deux millions de Japonais, soit à peine 3 % de la population adulte, s’en réclamaient effectivement. Toutefois, selon Sugata Masaaki, qui effectue des recherches sur cette religion, “le shintō est si étroitement lié à la vie quotidienne des Japonais que c’est à peine si les gens se rendent compte qu’il existe. Pour les Japonais, c’est moins une religion qu’un élément de leur cadre de vie: ils ne le remarquent pas plus que l’air qu’ils respirent”. Même ceux qui se disent indifférents aux questions religieuses achètent des amulettes shintō pour se prémunir contre les accidents de la circulation, se marient conformément aux traditions shintō ou bien dépensent leur argent lors des fêtes annuelles du shintō.

      Les origines

      3, 4. Dans quelles circonstances la religion du Japon reçut-​elle le nom de shintō?

      3 Le terme “shintō” fut créé au VIe siècle de notre ère pour distinguer le culte indigène national du bouddhisme qui commençait à s’implanter au Japon. “‘La religion nationale du Japon’ (...) est bien sûr antérieure à l’introduction du bouddhisme, précise Sachiya Hiro, spécialiste des religions japonaises, mais elle existait au niveau subconscient, sous la forme de coutumes et d’‘usages’. Avec l’arrivée du bouddhisme, on a pris conscience que ces usages constituaient une religion autochtone, distincte du bouddhisme venu de l’étranger.” Comment cette religion japonaise s’est-​elle développée?

      4 Il est difficile de déterminer avec précision à quel moment est né le shintō primitif, la “religion nationale du Japon”. Après la création des premières rizières, “la riziculture ne pouvait être pratiquée que par des communautés stables et bien organisées, lit-​on dans une encyclopédie (Kodansha Encyclopedia of Japan). C’est alors qu’apparurent les rites agricoles, qui allaient occuper une grande place dans le shintō”. Les peuples anciens se donnèrent quantité de dieux de la nature et se mirent à les vénérer.

      5. a) Comment considère-​t-​on les morts dans le shintō? b) Comparez cette façon de considérer les morts avec ce que dit la Bible.

      5 Outre l’adoration de ces divinités, la crainte des âmes des morts incita ces hommes du passé à inventer des rites destinés à apaiser les défunts. Ces rites donnèrent naissance au culte des ancêtres. Dans les croyances shintō, l’âme conserve la personnalité du défunt, mais elle est souillée par la mort au moment du décès. Lorsque la famille du disparu accomplit les rites du souvenir, l’âme se purifie, perd toute méchanceté pour être dès lors pacifique et bienveillante. Au bout d’un certain temps, l’esprit de l’ancêtre disparu accède à la position de dieu ancestral, c’est-à-dire protecteur. Ainsi, dans le shintō également, l’immortalité de l’âme joue-​t-​elle un rôle fondamental en ce qu’elle conditionne la pensée et les actions des fidèles. — Psaume 146:4; Ecclésiaste 9:5, 6, 10.

      6, 7. a) Quelle idée les fidèles du shintō se faisaient-​ils de leurs dieux? b) Qu’est-​ce qu’un shintai, et quel rôle joue-​t-​il dans le shintō? (Voir Exode 20:4, 5; Lévitique 26:1; 1 Corinthiens 8:5, 6.)

      6 On pensait que l’atmosphère était remplie de divinités de la nature et d’ancêtres divinisés “flottant” dans l’air. Lors des fêtes, on priait les dieux de descendre dans l’endroit qu’on avait sanctifié pour les recevoir. On disait que les dieux venaient résider temporairement dans des shintai, des objets de culte tels qu’un arbre, une pierre, un miroir, une épée. Les rites d’évocation des dieux étaient présidés par des chamanes, ou médiums.

      7 Peu à peu, les sites où les dieux “se posaient” ne furent plus seulement purifiés à l’occasion des fêtes; ils devinrent des lieux de culte permanents. On construisit des sanctuaires aux dieux bienveillants, ceux dont l’action était jugée bénéfique. Au début, les gens ne se faisaient pas d’images de leurs divinités; ils adoraient les shintai, censés abriter les esprits des dieux. C’était parfois une montagne entière, le mont Fuji par exemple, qui servait de shintai. Le Japon finit par compter tellement de dieux que les Japonais créèrent l’expression yaoyorozu-no-kami, qui signifie littéralement “huit millions de dieux” (“kami” se traduisant par “dieux” ou “divinités”). Par cette formule on entend aujourd’hui d’“innombrables dieux”, tant il est vrai que le nombre des divinités shintō ne cesse de croître.

      8. a) Dans la mythologie shintō, comment Amaterasu-ō-mikami fut-​elle formée et contrainte à répandre de la lumière? b) Comment Amaterasu-ō-mikami devint-​elle la divinité nationale, et quel lien avait-​elle avec les empereurs?

      8 Les rites shintō se concentrant autour des sanctuaires, chaque clan s’attacha pieusement une divinité tutélaire. Cependant, lorsque la famille impériale unifia la nation au VIIe siècle de notre ère, elle éleva sa déesse du Soleil Amaterasu-ō-mikami au rang de divinité nationale, faisant d’elle la figure centrale du panthéon shintō. (Voir l’encadré de la page 191.) Avec le temps, on forgea le mythe selon lequel l’empereur était un descendant direct de la déesse du Soleil. À l’appui de cette croyance, deux importants ouvrages shintō, le Kojiki et le Nihonshoki, furent compilés au VIIIe siècle de notre ère. Ces livres — composés de mythes chantant la grandeur de la famille impériale, descendante des dieux — contribuèrent à asseoir la suprématie des empereurs.

      Une religion de fêtes et de rites

      9. a) Pourquoi un spécialiste a-​t-​il parlé des “absences” du shintō? b) Quelle importance le shintō accorde-​t-​il aux doctrines? (Voir Jean 4:22-24.)

      9 Ces deux livres de mythologie shintō ne sont pas tenus pour des écrits inspirés. À noter d’ailleurs qu’on ne reconnaît au shintō ni “bible” ni fondateur. “Il y a dans le shintō toute une série d’‘absences’, explique Shouichi Saeki, un spécialiste du shintō. Outre l’absence de doctrines bien définies et l’absence de théologie, il se caractérise pour ainsi dire par une absence de préceptes. (...) Bien qu’élevé dans une famille traditionnellement attachée au shintō, je ne me rappelle pas avoir reçu une éducation religieuse digne de ce nom.” (C’est nous qui soulignons). Les fidèles du shintō n’accordent guère d’importance aux doctrines et aux préceptes, ni même quelquefois à ce qu’ils vénèrent. “Fréquemment, dit un chercheur, le dieu d’un sanctuaire était remplacé par un autre, et parfois les gens qui l’adoraient et le priaient ne s’en apercevaient pas.”

      10. À quoi les tenants du shintō attachent-​ils la plus grande importance?

      10 Mais alors, demandera-​t-​on, à quoi les tenants du shintō attachent-​ils le plus d’importance? Un ouvrage consacré à la culture japonaise répond: “À l’origine, le shintō considérait comme ‘bonnes’ les actions qui favorisaient l’harmonie et la prospérité d’une petite collectivité, et comme ‘mauvaises’ celles qui y nuisaient.” Vivre en bonne intelligence avec les dieux, avec la nature et avec la communauté passait donc pour la vertu suprême; tout acte qui perturbait l’harmonie paisible du groupe était jugé mauvais, indépendamment de sa valeur morale.

      11. Quel rôle les fêtes jouent-​elles dans le culte shintō et dans la vie quotidienne?

      11 Faute de doctrines ou d’enseignements explicites, le shintō entend encourager l’harmonie au sein de la communauté grâce à des rites et à des fêtes. “L’aspect le plus important du shintō, lit-​on dans l’encyclopédie Nihon Shukyo Jiten, a trait à la célébration des fêtes.” (Voir l’encadré de la page 193). Les fêtes données en l’honneur des dieux ancestraux favorisaient l’esprit de coopération au sein des collectivités rizicoles. Les fêtes principales étaient et sont encore liées à la culture du riz. Au printemps, les villageois prient le “dieu des rizières” de descendre dans leur village et de leur donner une récolte abondante. En automne, ils remercient les dieux pour le riz qu’ils ont récolté. Pendant les fêtes, ils mènent leurs dieux en procession sur un mikoshi, un sanctuaire portatif, et partagent avec eux la bière de riz (saké) et la nourriture.

      12. Quels rites de purification se pratiquent dans la religion shintō, et dans quel but?

      12 Aux yeux d’un fidèle du shintō, la communion avec les dieux n’est possible qu’après s’être purifié de tous ses péchés et autres impuretés morales. Telle est précisément la fonction des rites. Il existe deux façons de purifier un homme ou un objet, le o-haraï et le misogi. Le o-haraï est pratiqué par un prêtre shintō qui brandit au-dessus du fidèle ou de l’objet à purifier une branche de sakaki (un arbuste toujours vert) au bout de laquelle sont suspendues des bandes de papier ou de lin. Le misogi, quant à lui, s’effectue avec de l’eau. Ces rites de purification sont si indispensables au culte shintō qu’une autorité japonaise a pu écrire: “On peut affirmer sans risque d’erreur que, privé de ces rites, le shintō ne saurait demeurer [une religion].”

      Souplesse du shintō

      13, 14. Comment le shintō s’est-​il adapté à d’autres religions?

      13 Les fêtes et les rites n’ont cessé d’accompagner le shintō malgré les transformations qu’il a subies au cours des siècles. Quelles transformations? On a comparé le shintō à une poupée que l’on peut habiller de différentes façons. À l’arrivée du bouddhisme, il a endossé l’enseignement du Bouddha. Quand le peuple a eu besoin de normes morales, il s’est coulé dans le moule confucéen. Le shintō a fait preuve d’une extrême souplesse.

      14 L’histoire du shintō a très tôt été marquée par le syncrétisme, la fusion d’éléments provenant d’autres religions. S’il est vrai que le shintō a emprunté au confucianisme et au taoïsme, connu au Japon comme “la voie du yin et yang”, il a surtout fusionné avec le bouddhisme.

      15, 16. a) Comment des fidèles du shintō ont-​ils réagi face au bouddhisme? b) Comment la fusion du bouddhisme et du shintō s’opéra-​t-​elle?

      15 Par réaction au bouddhisme venu de Chine et de Corée, les Japonais baptisèrent leurs pratiques religieuses traditionnelles du nom de shintō, la “voie des dieux”. Face à cette religion nouvelle, le pays se divisa en deux camps: partisans et adversaires du bouddhisme. Les premiers avaient pour argument: ‘Les nations voisines ont toutes embrassé cette confession; pourquoi pas le Japon?’ À quoi les seconds rétorquaient: ‘Si nous nous mettons à adorer les dieux de nos voisins, nous allons nous attirer la colère de nos dieux.’ Au terme d’un débat qui dura plusieurs décennies, les tenants du bouddhisme l’emportèrent. À la fin du VIe siècle de notre ère, époque de la conversion du prince Shōtoku, le bouddhisme s’était solidement implanté au Japon.

      16 Alors qu’il gagnait les communautés rurales, le bouddhisme se heurta à des divinités shintō régionales profondément enracinées dans la vie sociale. Les deux cultes ne pouvaient cœxister qu’en pactisant. Des moines bouddhistes qui pratiquaient l’ascétisme dans les montagnes contribuèrent à réaliser cette fusion. Les montagnes étant supposées abriter des divinités shintō, les pratiques ascétiques de ces moines donnèrent l’idée d’amalgamer bouddhisme et shintō, et de construire des jinguji, ou “temples-sanctuairesa”. Petit à petit s’opéra la fusion des deux religions sous l’impulsion du bouddhisme et des nouvelles théories religieuses qu’il formulait.

      17. a) Que signifie le terme kami-kaze? b) Quel rapport le concept de kami-kaze a-​t-​il avec la croyance faisant du Japon une nation divine?

      17 Parallèlement naissait une autre croyance qui faisait du Japon une nation divine. Lorsque les Mongols attaquèrent le Japon, au XIIIe siècle, on créa le concept de kami-kaze (littéralement “vents divins”). Par deux fois les Mongols se lancèrent à l’assaut de l’île de Kyū shū avec des forces navales considérables, et par deux fois des tempêtes leur firent échec. Les Japonais attribuèrent ces tempêtes, ou ces vents (kaze), à l’action de leurs divinités shintō (kami), ce qui valut à ces dieux un surcroît de prestige.

      18. Comment le shintō rivalisa-​t-​il avec d’autres religions?

      18 Dépositaires d’une confiance accrue, les dieux shintō passèrent bientôt pour les dieux originels, tandis que les Bouddha (“ceux qui ont reçu l’Illumination”) et les Bodhisattva (Bouddha en puissance qui aident les hommes à atteindre l’Illumination; voir les pages 136 à 138, 145 et 146) n’étaient plus que de simples manifestations de la divinité à un moment donné et dans un lieu précis. La rivalité shintō-bouddhisme amena la formation de diverses écoles shintō. Certaines exaltaient les vertus du bouddhisme, tandis que d’autres magnifiaient le panthéon shintō, et que d’autres encore accommodaient leurs enseignements d’éléments empruntés à une forme tardive de confucianisme.

      Culte de l’empereur et shintō d’État

      19. a) Quel était le but des tenants de la Renaissance du shintō? b) Quel mode de pensée les enseignements de Norinaga Motoori engendrèrent-​ils? c) À quoi Dieu nous invite-​t-​il?

      19 Après bien des années de compromis, les théologiens shintō décrétèrent que leur religion avait été contaminée par la pensée religieuse chinoise et préconisèrent le retour aux anciennes traditions japonaises. Une nouvelle école shintō, connue sous le nom de Renaissance du shintō, fit son apparition. Norinaga Motoori, un lettré du XVIIIe siècle, fut un de ses théologiens les plus éminents. Désireux de remonter aux sources de la culture japonaise, Motoori entreprit l’étude des classiques et plus particulièrement des textes shintō du Kojiki. Il enseignait la suprématie d’Amaterasu-ō-mikami, la déesse du Soleil, et imputait vaguement les phénomènes naturels aux autres dieux. S’il faut en croire Motoori, la providence divine est imprévisible, et c’est être irrévérencieux que d’essayer de la comprendre. Sa pensée pourrait tenir dans cette formule: ne posez aucune question et soumettez-​vous à la providence divine. — Ésaïe 1:18.

      20, 21. a) Quelle méthode un théologien shintō utilisa-​t-​il pour tenter de purifier le shintō de la “contamination” chinoise? b) À quel mouvement la philosophie de Hirata donna-​t-​elle son armature idéologique?

      20 Un de ses disciples, Atsutane Hirata, élargit la thèse de Motoori et tenta de purifier le shintō de toute “contamination” chinoise. Comment s’y prit-​il? Il fusionna tout bonnement le shintō avec la théologie “chrétienne” apostate. Comparant Amenominakanushi-no-kami, un dieu mentionné dans le Kojiki, au Dieu du “christianisme”, il flanquait ce Maître de l’univers de deux divinités subordonnées, le “haut et auguste Kami merveilleux qui produit (Takami-musubi-no-kami) et le divin Kami merveilleux qui produit (Kami-musubi-no-kami), qui semblent figurer les principes mâle et femelle”. (Les religions au Japon, angl.) Il adopta même la croyance au dieu en trois personnes du catholicisme, quoique ce concept ne devînt jamais la clef de voûte du shintō. Avec le temps, cependant, l’amalgame opéré par Hirata entre “christianisme” et shintō fit pénétrer dans la pensée shintō la notion de monothéisme telle qu’on la trouvait dans la chrétienté. — Ésaïe 40:25, 26.

      21 La théologie conçue par Hirata fournit une armature idéologique à “la vénération du souverain”, mouvement qui provoqua la chute de la dictature militaire féodale des shōgun et conduisit à la restauration du pouvoir impérial en 1868. Le gouvernement impérial rétabli, les disciples de Hirata furent nommés fonctionnaires d’une “administration des cultes” et se firent les champions d’un mouvement visant à faire du shintō la religion d’État. Aux termes de la nouvelle constitution, l’empereur passait pour un descendant direct de la déesse du Soleil Amaterasu-ō-mikami et sa personne était jugée “sacrée et inviolable”. C’est ainsi qu’il devint le dieu suprême du shintō d’État. — Psaume 146:3-5.

      L’“Édit sacré” du shintō

      22, 23. a) Quels sont les deux rescrits promulgués par l’empereur? b) Pourquoi les tenait-​on pour sacrés?

      22 Si le shintō pouvait se prévaloir d’un ensemble de prières, de rites et de textes anciens (le Kojiki, le Nihonshoki et le Engishiki), le shintō d’État se devait lui aussi de posséder un livre sacré. En 1882, l’empereur Meiji émit un rescrit impérial intéressant les soldats et les marins. Comme ce document émanait de l’empereur, les Japonais virent en lui un édit sacré qui fit bientôt l’objet de la méditation quotidienne des hommes enrôlés dans l’armée. Une idée s’en dégageait particulièrement: il fallait, avant toute autre dette ou obligation, s’acquitter de ses dettes et de ses obligations envers l’empereur divinisé.

      23 Les textes sacrés du shintō s’enrichirent d’un nouvel élément lorsque l’empereur promulgua, en date du 30 octobre 1890, le rescrit sur l’éducation. “Non seulement [ce texte] définissait les bases du système éducatif, mais il devenait de fait le texte sacré du shintō d’État”, explique Shigeyoshi Murakami, un spécialiste en la matière. Ce rescrit entendait démontrer que l’éducation reposait sur les relations “historiques” qui unissaient les ancêtres mythiques des empereurs à leurs sujets. Mais comment les Japonais reçurent-​ils ces édits?

      24. a) Illustrez la façon dont on considérait les rescrits impériaux. b) Comment le shintō d’État a-​t-​il donné naissance au culte de l’empereur?

      24 “Lorsque j’étais écolière, le sous-directeur apportait respectueusement sur l’estrade une boîte en bois qu’il tenait à hauteur de ses yeux, se souvient Asano Koshino. Le directeur prenait la boîte et en sortait le rouleau sur lequel était consigné le rescrit impérial sur l’éducation. Pendant sa lecture, nous devions garder la tête baissée jusqu’à la formule de conclusion: ‘Le nom de Sa Majesté et Son sceau.’ Ce texte nous a été lu si souvent que nous le connaissions par cœur.” Jusqu’en 1945, par le biais d’un système éducatif axé sur la mythologie, la nation entière fut conditionnée pour se vouer sans réserve à l’empereur. Aux yeux des Japonais, le shintō d’État était la religion suprême. Les 13 sectes parallèles, qui enseignaient d’autres doctrines, reçurent le nom peu flatteur de shintō des sectes.

      La mission religieuse du Japon: Conquérir le monde

      25. Comment les Japonais considéraient-​ils leur empereur?

      25 Le shintō d’État fut également doté de son idole. “Chaque matin, raconte Masato, un Japonais âgé, je frappais dans mes mains en direction du soleil, symbole de la déesse Amaterasu-ō-mikami, puis tourné vers l’est, vers le palais impérial, je rendais un culte à l’empereur.” L’empereur était adoré par ses sujets à la manière d’un dieu. Sa qualité de descendant de la déesse du Soleil lui conférait la suprématie politique et religieuse. Pour reprendre les propos d’un professeur japonais, “l’empereur est dieu fait homme. Il est la manifestation de la Divinité”.

      26. À quelle doctrine le culte de l’empereur donna-​t-​il naissance?

      26 En conséquence de quoi la doctrine se fit jour selon laquelle “le pays du Mikado [l’empereur] se trouve être le centre du monde phénoménal. À partir de là, nous devons étendre ce Grand Esprit dans le monde entier. (...) Étendre le Grand Japon sur la terre et faire accéder le monde entier au pays des Dieux, telles sont les tâches les plus urgentes du moment; encore une fois, c’est là à jamais notre objectif immuable”. (Philosophie politique et shintō moderne [angl.], D. Holtom.) Voilà qui était aux antipodes de la séparation de l’Église et de l’État!

      27. Comment les militaristes se servirent-​ils du culte de l’empereur du Japon?

      27 Dans son livre Les religions de l’humanité (angl.), John Noss écrit: “Les militaires japonais se rallièrent promptement à ces vues. Dans leur philosophie de la guerre, ils reprirent l’idée que la mission sacrée du Japon était la conquête. Leurs propos auguraient bien de ce qu’allait engendrer un nationalisme chargé de toutes les valeurs de la religion.” Quelle tragédie, en effet, attendait les Japonais et d’autres peuples en raison surtout du mythe shintō de la divinité de l’empereur et à cause de l’amalgame de la religion et du nationalisme!

      28. Quelle part le shintō eut-​il dans l’effort de guerre du Japon?

      28 Les Japonais en général n’eurent guère d’autre possibilité que d’adorer l’empereur dans le cadre du shintō d’État et du système impérial. La doctrine enseignée par Norinaga Motoori, ‘ne rien demander et se soumettre à la providence divine’, avait pénétré les esprits et modelé la pensée des Japonais. En 1941, au cours de la Seconde Guerre mondiale, la nation entière fut mobilisée sous la bannière du shintō d’État pour soutenir l’effort de guerre du Japon au nom de l’“homme-dieu vivant”. ‘Le Japon est une nation divine, pensaient alors les Japonais, et les kami-kaze, les vents divins, se mettront à souffler en cas de crise.’ Les soldats et leurs familles priaient leurs dieux protecteurs de leur accorder la victoire.

      29. Qu’est-​ce qui amena beaucoup de Japonais à perdre la foi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale?

      29 La défaite de la nation “divine”, vaincue en 1945 par le souffle des deux bombes atomiques qui détruisirent Hiroshima et la presque totalité de Nagasaki, plongea le shintō dans une crise grave. Du jour au lendemain, Hirohito, le chef divin réputé invincible, ne fut plus qu’un homme, un empereur vaincu. La foi des Japonais volait en éclats. Les kami-kaze avaient trahi la nation. Selon l’encyclopédie Nihon Shukyo Jiten, “une des raisons [de la crise] fut le sentiment d’avoir été trahi. (...) Pire, l’univers du shintō ne put fournir aucune explication religieuse convaincante pour lever les doutes suscités [par la défaite]. Faute d’une réflexion religieuse plus poussée, la majorité des gens tendit à penser: ‘Il n’y a ni dieu ni Bouddha.’”

      La voie de l’harmonie véritable

      30. a) Quelle leçon peut-​on tirer du rôle joué par le shintō au cours de la Seconde Guerre mondiale? b) En matière de culte, pourquoi est-​il capital de faire usage de sa raison?

      30 La voie suivie par le shintō d’État montre à l’évidence que chacun se doit d’analyser les croyances traditionnelles auxquelles il adhère. En optant pour le militarisme, peut-être les fidèles du shintō voulaient-​ils réaliser l’harmonie avec leurs compatriotes. Toujours est-​il que cette démarche fut loin de favoriser l’harmonie, ni dans le monde ni dans les familles auxquelles la guerre arracha des pères et des fils. Avant d’offrir sa vie à quelqu’un, il convient de réfléchir à qui et à quelle cause on va se vouer. Un enseignant chrétien s’adressa en ces termes à des Romains qui s’étaient autrefois voués au culte de l’empereur: “Je vous supplie (...) de présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, un service sacré avec usage de votre raison.” Si les chrétiens de Rome devaient faire usage de leurs facultés de raisonner pour choisir à qui ils se voueraient, il nous est tout aussi indispensable de faire usage de notre raison pour déterminer qui nous adorerons. — Romains 12:1, 2.

      31. a) De quoi nombre de fidèles du shintō se contentaient-​ils? b) Quelles questions faut-​il se poser?

      31 Dans l’esprit des fidèles du shintō en général, l’aspect essentiel de la religion ne consistait pas à identifier avec précision un dieu unique. “Les gens du peuple, explique Hidenori Tsuji, qui enseigne l’histoire religieuse du Japon, ne faisaient aucune distinction entre les dieux et les Bouddha. Il leur importait guère que leurs supplications soient entendues par des dieux ou par des Bouddha, pourvu que les récoltes soient abondantes, les maladies absentes et les familles à l’abri du malheur.” Mais cette conception les a-​t-​elle conduits au vrai Dieu? Leur a-​t-​elle valu ses bénédictions? La réponse de l’Histoire est claire.

      32. De quoi le chapitre suivant traitera-​t-​il?

      32 À la recherche d’un dieu, les fidèles du shintō se sont appuyés sur la mythologie pour poser leur empereur — pourtant simple homme — en dieu, le prétendu descendant de la déesse du Soleil Amaterasu-ō-mikami. Toutefois, plusieurs millénaires avant que le shintō n’apparaisse, le vrai Dieu s’était fait connaître à un homme de foi, un Sémite originaire de Mésopotamie. Le chapitre suivant traitera de cet événement capital et de ses répercussions.

      [Note]

      a Au Japon, on appelle “temples” les lieux de culte bouddhiques, et “sanctuaires” ceux des fidèles du shintō.

      [Encadré, page 191]

      La déesse du Soleil dans les mythes shintō

      D’après un mythe shintō, il y a bien longtemps le dieu Izanagi “se lava l’œil gauche et donna ainsi naissance à la grande déesse Amaterasu, déesse du Soleil”. Un jour Susanoo, dieu de la plaine des mers, fit tellement peur à Amaterasu que la déesse “terrifiée se cacha dans la grotte rocheuse du ciel et avec un rocher barra l’entrée. Le monde fut plongé dans les ténèbres”. Les dieux délibérèrent donc sur les moyens de l’en faire sortir. Ils firent apporter des coqs, dont le chant prédit l’aurore, et fabriquèrent un grand miroir. Sur les branches de l’arbre Sakaki, ils fixèrent des joyaux et différentes étoffes. La déesse Ama no Uzume commença à exécuter une danse en frappant des pieds sur un baquet. Tout en dansant avec frénésie, elle se dépouilla de ses vêtements. Les dieux se mirent à rire. Intriguée par toute cette agitation, Amaterasu regarda au-dehors et se vit dans le miroir. Attirée par sa propre image, elle sortait peu à peu de la grotte lorsque le dieu de la Force la saisit par la main et la fit sortir complètement. “Le monde fut de nouveau illuminé par le rayonnement de la déesse du Soleil.” — Mythologie générale (Larousse). — Voir Genèse 1:3-5, 14-19; Psaumes 74:16, 17; 104:19-23.

      [Encadré, page 193]

      Le shintō — Religion de fêtes

      Au Japon, on célèbre des fêtes, ou matsuri, tout au long de l’année. En voici quelques-unes, parmi les principales:

      ▪ Sho-gatsu, ou Fête du Nouvel An; du 1er au 3 janvier.

      ▪ Setsubun, fête célébrée le 3 février; on jette des fèves à l’intérieur et autour des maisons en criant: “Que les démons sortent, que la chance rentre!”

      ▪ Hina Matsuri, ou Fête des Poupées; destinée aux petites filles, elle a lieu le 3 mars. On compose un étalage chargé de poupées représentant des anciens personnages de la cour impériale.

      ▪ Fête des Garçons, le 5 mai; des Koi-nobori (manches à air en forme de carpe, symbole de la force) sont fixés à des mâts.

      ▪ Tsukimi, contemplation de la pleine lune de la mi-automne; on offre de petits gâteaux ronds à base de riz et les prémices des récoltes.

      ▪ Kanname-sai, l’empereur offre le riz nouveau au mois d’octobre.

      ▪ Niiname-sai, fête célébrée par la famille impériale en novembre, lorsque l’empereur, le grand prêtre du shintō impérial, goûte le riz nouveau.

      ▪ Shichi-go-san, signifiant “sept-cinq-trois”; fête célébrée le 15 novembre par les familles adeptes du shintō. Les chiffres sept, cinq et trois passent pour d’importantes années de transition; les enfants vêtus de kimonos multicolores se rendent au sanctuaire familial.

      ▪ On célèbre aussi de nombreuses fêtes bouddhiques, notamment le 8 avril, la naissance du Bouddha, et, le 15 juillet, l’O-bon, que l’on clôture en envoyant sur un cours d’eau ou sur la mer des lanternes censées “guider les esprits des ancêtres durant leur retour vers l’autre monde”.

      [Illustration, page 188]

      Fidèle du shintō invoquant la bienveillance des dieux.

      [Illustration, page 189]

      Shintō, ‘La voie des dieux’.

      [Illustration, page 190]

      C’est parfois une montagne entière, le mont Fuji par exemple, qui devient un shintai (objet de culte).

      [Illustrations, page 195]

      Pratiquants du shintō portant un mikoshi (sanctuaire portatif) et, ci-dessus, parés de feuilles de roses trémières (aoi) lors de la fête de Aoi à Kyōto.

      [Illustration, page 196]

      Pour purifier et protéger les humains et les objets, on balance au-dessus d’eux une branche d’arbuste toujours vert à laquelle sont suspendues des bandes de papier ou de lin.

      [Illustrations, page 197]

      Pour un Japonais, il n’est pas contradictoire de prier successivement devant un sanctuaire shintō (à gauche) puis devant un autel bouddhique.

      [Illustration, page 198]

      L’empereur Hirohito (sur l’estrade) était adoré comme le descendant de la déesse du Soleil.

      [Illustration, page 203]

      Une jeune femme fixe sur le sanctuaire un ema (une plaque de bois portant une prière) qu’elle a acheté.

  • Le judaïsme: À la recherche de Dieu par l’Écriture et la tradition
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 9

      Le judaïsme: À la recherche de Dieu par l’Écriture et la tradition

      1, 2. a) Quels sont quelques Juifs célèbres qui ont influencé l’histoire et la culture de l’humanité? b) Quelle question certains poseront-​ils peut-être?

      MOÏSE, Jésus, Mahler, Marx, Freud, Einstein... Qu’avaient tous ces hommes en commun? Tous étaient Juifs, et tous ont à leur manière exercé une influence sur l’histoire et sur la culture de l’humanité. Indéniablement, les Juifs se distinguent depuis des milliers d’années. La Bible elle-​même en témoigne.

      2 À la différence d’autres religions et cultures anciennes, le judaïsme a un fondement historique, et non mythologique. Néanmoins, certains poseront peut-être cette question: Les Juifs forment une minorité si infime — ils ne sont que quelque 18 millions sur plus de 5 milliards d’humains — à quoi bon s’intéresser à leur religion?

      Pourquoi s’intéresser au judaïsme

      3, 4. a) De quoi se composent les Écritures hébraïques? b) Quelles sont quelques-unes des raisons pour lesquelles nous devrions examiner la religion juive et ses racines?

      3 L’une des raisons est que la religion juive a une histoire longue de quelque 4 000 ans et que d’autres grandes religions sont plus ou moins redevables à ses Écritures. (Voir l’encadré de la page 220.) Le christianisme, par exemple, fondé par Jésus (hébreu Yéshouaʽ), un Juif du Ier siècle, a ses racines dans les Écritures hébraïques. De même, comme le montre la lecture de n’importe quelle portion du Qurʼān, l’islām également doit beaucoup à ces écrits (Qurʼān, sourate 2:49-57; 32:23, 24). Ainsi, l’examen de la religion juive nous révèle du même coup les origines de centaines d’autres religions et sectes.

      4 Une seconde raison, déterminante, est que la religion juive constitue un jalon essentiel dans la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver le vrai Dieu. D’après les Écritures hébraïques, en effet, Abram, l’ancêtre des Juifs, adorait déjà le vrai Dieu il y a près de 4 000 ansa. Il est donc logique de s’interroger sur la façon dont les Juifs et leur foi sont devenus ce qu’ils sont. — Genèse 17:18.

      Origine des Juifs

      5, 6. Expliquez brièvement l’origine des Juifs et de leur nom.

      5 Sans entrer dans les détails, disons que les Juifs descendent d’une antique branche sémitique de langue hébraïque (Genèse 10:1, 21-32; 1 Chroniques 1:17-28, 34; 2:1, 2). Voilà près de 4 000 ans, leur ancêtre Abram émigra d’Ur des Chaldéens, une métropole prospère de Sumer, pour s’installer au pays de Canaan, au sujet duquel Dieu avait déclaré: “C’est à ta postérité que je destine ce paysb.” (Genèse 11:31 à 12:7). Appelé “Abram l’Hébreu” en Genèse 14:13, son nom fut changé plus tard en “Abraham”. (Genèse 17:4-6.) À partir de lui, les Juifs ont dressé une généalogie qui commence avec son fils Isaac et son petit-fils Jacob, dont le nom fut changé en Israël (Genèse 32:27-29). Israël eut 12 fils, qui fondèrent 12 tribus. L’une d’elles était Juda, d’où dérive le mot “Juif”. — 2 Rois 16:6, MN.

      6 Avec le temps, le mot “Juif” fut utilisé pour désigner tous les Israélites, et plus seulement les descendants de Juda (Esther 3:6; 9:20). Puisque les registres généalogiques juifs furent détruits en 70 de notre ère, quand les Romains rasèrent Jérusalem, aucun Juif ne peut aujourd’hui déterminer avec exactitude de quelle tribu il descend. De toute façon, l’ancienne religion juive a évolué au cours des millénaires. Actuellement, le judaïsme est pratiqué par les millions de Juifs de la République d’Israël et de la Diaspora (dispersion dans le monde). Quel est le fondement de cette religion?

      Moïse, la Loi et une nation

      7. Quel serment Dieu fit-​il à Abraham, et pourquoi?

      7 En 1943 avant notre èrec, Dieu choisit Abram comme serviteur spécial; il lui fit ensuite un serment solennel en raison de sa fidélité, Abram s’étant montré disposé à offrir son fils Isaac en sacrifice, même si ce sacrifice ne fut jamais consommé (Genèse 12:1-3; 22:1-14). Dans son serment, Dieu déclara: “Je jure par moi-​même, a dit l’Éternel [hébreu יהוה, YHWH], que, parce que tu as agi ainsi, parce que tu n’as point épargné ton enfant, ton fils unique, je te comblerai de mes faveurs; je multiplierai ta race comme les étoiles du ciel (...). Et toutes les nations de la terre s’estimeront heureuses par ta postérité, en récompense de ce que tu as obéi à ma voix.” Ce serment fut répété au fils d’Abraham, puis à son petit-fils, puis transmis dans la tribu de Juda et la lignée de David. Le concept strictement monothéiste d’un Dieu personnel traitant directement avec les humains était unique dans le monde antique, et il en vint à constituer la base de la religion juive. — Genèse 22:15-18; 26:3-5; 28:13-15; Psaume 89:4, 5, 29, 30, 36, 37 (Psaume 89:3, 4, 28, 29, 35, 36, MN).

      8. Qui était Moïse, et quel rôle joua-​t-​il en Israël?

      8 Pour réaliser les promesses qu’il avait faites à Abraham, Dieu posa le fondement d’une nation en contractant une alliance spéciale avec les descendants du patriarche. Il institua cette alliance par l’intermédiaire de Moïse, le grand conducteur des Hébreux qui fut le médiateur entre Dieu et Israël. Qui était Moïse, et pourquoi revêt-​il tant d’importance aux yeux des Juifs? Le récit biblique de l’Exode nous apprend qu’il naquit en Égypte (1593 av. n. è.) de parents israélites qui étaient des esclaves en captivité, comme le reste de leur peuple. C’est lui que ‘l’Éternel fit sortir’ pour conduire son peuple vers la liberté, en Canaan, la Terre promise (Deutéronome 6:23; 34:10). Outre ses fonctions de prophète, de juge, de conducteur et d’historien, Moïse assuma en faveur des Israélites le rôle capital de médiateur de l’alliance de la Loi que Dieu conclut avec eux. — Exode 2:1 à 3:22.

      9, 10. a) Qu’était la Loi que Dieu transmit à Israël par l’intermédiaire de Moïse? b) Quels aspects de la vie les Dix Commandements touchaient-​ils? c) Quelles obligations l’alliance de la Loi imposait-​elle à Israël?

      9 La Loi qu’Israël accepta se composait des Dix Paroles ou Commandements et de plus de 600 lois qui formaient un catalogue complet de directives et d’instructions réglant la conduite quotidienne. (Voir l’encadré de la page 211.) Ces lois avaient trait au profane comme au sacré, aux exigences physiques et morales aussi bien qu’au culte rendu à Dieu.

      10 Cette alliance de la Loi ou constitution religieuse donna la forme et le fond de la foi des patriarches. En conséquence, les descendants d’Abraham devinrent une nation vouée au service de Dieu. La religion juive commença à prendre une tournure définitive, et la nation fut organisée pour le culte et le service de son Dieu. En Exode 19:5, 6, Dieu promit aux Israélites: “Si vous êtes dociles à ma voix, si vous gardez mon alliance, (...) vous serez pour moi une dynastie de [prêtres] et une nation sainte.” Les Israélites deviendraient de cette manière un ‘peuple élu’ qui servirait les desseins de Dieu. Cependant, l’accomplissement des promesses liées à l’alliance dépendait d’une condition: “Si vous êtes dociles à ma voix.” Étant vouée à Dieu, la nation avait désormais des obligations envers lui. C’est pourquoi ultérieurement (au VIIIe siècle av. n. è.) Dieu put dire aux Juifs: “Vous, vous êtes mes témoins, dit l’Éternel [hébreu יהוה, YHWH], et le serviteur choisi par moi.” — Isaïe [Ésaïe] 43:10, 12.

      Une nation de prêtres, de prophètes et de rois

      11. Comment la prêtrise et la royauté furent-​elles mises en place?

      11 La nation d’Israël était encore dans le désert, en route pour la Terre promise, qu’une prêtrise fut mise en place dans la lignée d’Aaron, le frère de Moïse. Une grande tente portative (ou tabernacle) devint le centre du culte et des sacrifices des Israélites (Exode, chapitres 26 à 28). La nation d’Israël arriva par la suite en Terre promise, Canaan, et la conquit, conformément à l’ordre de Dieu (Josué 1:2-6). Finalement, une royauté terrestre fut instituée et, en 1077 avant notre ère, David, de la tribu de Juda, monta sur le trône. Sous son règne, la royauté et la prêtrise furent solidement établies dans un nouveau centre national, Jérusalem. — 1 Samuel 8:7.

      12. Quelle promesse Dieu avait-​il faite à David?

      12 Après la mort de David, son fils Salomon bâtit à Jérusalem un temple magnifique, qui remplaça le tabernacle. Dieu ayant conclu avec David une alliance aux termes de laquelle la royauté resterait pour toujours dans sa lignée, on s’attendait à ce qu’un Roi oint, le Messie, naisse un jour parmi les descendants de David. Les prophéties indiquaient que par l’intermédiaire de ce Roi messianique, ou “postérité”, Israël et toutes les nations bénéficieraient d’une domination parfaite (Genèse 22:18). Cet espoir prit racine, et la nature messianique de la religion juive devint évidente. — 2 Samuel 7:8-16; Psaume 72:1-20; Ésaïe 11:1-10; Zacharie 9:9, 10.

      13. De qui Dieu se servait-​il pour corriger les récidives d’Israël? Donnez un exemple.

      13 Toutefois, les Juifs se laissèrent influencer par la fausse religion des Cananéens et d’autres nations qui les entouraient. Cela les amena à rompre leurs relations d’alliance avec Dieu. Dans le but de les corriger et de les ramener dans ses voies, Jéhovah envoya au peuple une succession de prophètes qui lui transmirent ses messages. C’est ainsi que les prophéties devinrent un autre aspect unique de la religion des Juifs, composant même la plus grande partie des Écritures hébraïques, dont 18 des livres portent le nom de prophètes. — Ésaïe 1:4-17.

      14. Quels événements survenus en Israël donnèrent raison aux prophètes?

      14 Les grandes figures parmi ces prophètes furent Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel, qui tous trois avertirent la nation que Jéhovah était sur le point de la punir pour son culte idolâtrique. Le châtiment tomba en 607 avant notre ère, quand à cause de l’apostasie d’Israël Jéhovah permit à Babylone, alors puissance mondiale, de renverser Jérusalem et son temple, et d’emmener la nation en captivité. Les prédictions des prophètes se révélèrent exactes; l’Histoire a retenu l’exil imposé à Israël pendant 70 ans, exil qui dura une bonne partie du VIe siècle avant notre ère. — 2 Chroniques 36:20, 21; Jérémie 25:11, 12; Daniel 9:2.

      15. a) Comment une nouvelle forme de culte prit-​elle racine chez les Juifs? b) Quelles conséquences le culte synagogal eut-​il sur celui célébré à Jérusalem?

      15 En 539, Cyrus le Perse vainquit Babylone, après quoi il permit aux Juifs de retourner dans leur pays et de rebâtir le temple à Jérusalem. Un reste des Juifs s’y rendit, mais la majorité demeura sous l’influence de la société babylonienne. Plus tard, les Juifs subirent l’empreinte de la culture perse. Par la suite, des communautés juives apparurent au Moyen-Orient et autour de la Méditerranée. Dans chaque communauté se profila une nouvelle forme de culte rattachée à la synagogue, lieu où se réunissaient les Juifs de chaque ville. Il va de soi que cette disposition fit perdre de son importance au temple reconstruit à Jérusalem. Dès lors, les Juifs disséminés constituèrent à proprement parler une Diaspora. — Ezra [Esdras] 2:64, 65.

      Le judaïsme s’hellénise

      16, 17. a) Quelle influence nouvelle envahissait le monde méditerranéen au IVe siècle avant notre ère? b) Qui furent les instruments de l’expansion de la culture grecque, et comment? c) Quelle en fut la conséquence sur le judaïsme?

      16 Constamment ballottée au IVe siècle avant notre ère, la communauté juive fut emportée par les flots d’une culture non juive qui déferlaient sur le monde méditerranéen et au-delà. Ces eaux venues de Grèce hellénisèrent le judaïsme.

      17 En 332 avant notre ère, le général grec Alexandre le Grand se rendit maître du Moyen-Orient par une conquête éclair; les Juifs l’accueillirent à bras ouverts quand il se présenta à Jérusalemd. Les successeurs d’Alexandre poursuivirent l’exécution de son projet d’hellénisation en imprégnant systématiquement l’Empire de la langue, de la culture et de la philosophie grecque. Les cultures grecque et juive passèrent en conséquence par un processus de fusion qui devait donner des résultats surprenants.

      18. a) Pourquoi la Septante, traduction en grec des Écritures hébraïques, fut-​elle nécessaire? b) Quel aspect de la culture grecque eut une influence particulière sur les Juifs?

      18 Les Juifs de la Diaspora se mirent à parler le grec au lieu de l’hébreu. C’est pourquoi, vers le début du IIIe siècle avant notre ère, fut entreprise la première traduction en grec des Écritures hébraïques, appelée la Septante. Grâce à elle, de nombreux Gentils se familiarisèrent avec la religion juive et en vinrent à la respecter; certains même s’y convertirente. Les Juifs, de leur côté, devinrent des experts dans la pensée grecque; quelques-uns se firent même philosophes, ce qui était entièrement nouveau pour les Juifs. Philon d’Alexandrie, qui vécut au Ier siècle de notre ère, en est un exemple: il s’efforça d’expliquer le judaïsme dans des termes empruntés à la philosophie grecque, comme si tous deux exprimaient les mêmes vérités ultimes.

      19. En quels termes un auteur juif décrit-​il la période d’échanges entre les cultures grecque et juive?

      19 Résumant cette période d’échanges entre la culture grecque et la culture juive, Max Dimont, un auteur juif, déclare: “Enrichis par la pensée platonicienne, par la logique aristotélicienne et par la science euclidienne, les lettrés juifs étudièrent la Torah avec des armes nouvelles. (...) Ils se mirent à ajouter la logique grecque à la révélation hébraïque.” Les événements qui allaient se produire sous la domination romaine, qui s’étendit à l’Empire grec puis à Jérusalem en 63 avant notre ère, ouvriraient la voie à des changements de plus grande portée encore.

      Le judaïsme sous la domination romaine

      20. Quelle était la situation religieuse des Juifs au Ier siècle de notre ère?

      20 Le judaïsme du Ier siècle de notre ère se trouvait à une étape particulière. Max Dimont affirme qu’il était “pris entre le cerveau de la Grèce et l’épée de Rome”. Les Juifs nourrissaient de grandes espérances, du fait de l’oppression politique et des interprétations des prophéties messianiques, surtout celles de Daniel. Ils étaient divisés en factions. Les Pharisiens mettaient l’accent sur une loi orale (voir l’encadré de la page 221) au détriment des sacrifices offerts au temple. Les Sadducéens insistaient sur l’importance du temple et de la prêtrise. Il y avait encore les Esséniens, les Zélotes et les Hérodiens. Tous avaient des opinions religieuses et philosophiques divergentes. On appelait les chefs juifs rabbins ou rabbis (maîtres, enseignants); en raison de leur connaissance de la Loi, leur prestige augmenta et ils devinrent une nouvelle sorte de chefs spirituels.

      21. Quels événements eurent de lourdes conséquences sur les Juifs des deux premiers siècles de notre ère?

      21 Les divisions internes et externes se perpétuaient dans le judaïsme, particulièrement en Israël. Finalement, une rébellion caractérisée éclata contre Rome, si bien qu’en 70 de notre ère l’armée romaine assiégea Jérusalem, ravagea la ville, brûla son temple jusqu’à ses fondations et dispersa ses habitants. Qui plus est, l’entrée de Jérusalem fut par décret rigoureusement interdite aux Juifs. Sans temple, sans terre, avec un peuple dispersé d’un bout à l’autre de l’Empire romain, le judaïsme ne pourrait survivre qu’à travers un nouveau mode d’expression.

      22. a) Quelle incidence la disparition du temple à Jérusalem eut-​elle sur le judaïsme? b) Comment les Juifs divisent-​ils la Bible? c) Qu’est-​ce que le Talmud, et comment prit-​il forme?

      22 Les Sadducéens ayant disparu à la suite de la destruction du temple, la loi orale dont les Pharisiens s’étaient faits les défenseurs devint le centre d’un nouveau judaïsme: le judaïsme rabbinique. On encouragea davantage l’étude, les prières et les œuvres pieuses qui remplacèrent les sacrifices et les pèlerinages au temple. On pouvait dès lors pratiquer le judaïsme n’importe où, n’importe quand, dans n’importe quel contexte culturel. Les rabbins couchèrent la loi orale par écrit, non sans avoir compilé des commentaires sur elle, puis des commentaires sur les commentaires; l’ensemble devint connu sous le nom de Talmud. — Voir l’encadré des pages 220 et 221.

      23. Sur quoi mit-​on désormais l’accent sous l’influence de la pensée grecque?

      23 Quel fut le résultat de ces diverses influences? Dans son livre intitulé Les Juifs, Dieu et l’histoire, Max Dimont dit que les Pharisiens portaient le flambeau de l’idéologie et de la religion juive, “mais le flambeau lui-​même portait la marque des philosophes grecs”. La majeure partie du Talmud avait beau être d’un légalisme extrême, ses illustrations et ses explications reflétaient nettement l’influence de la philosophie grecque. Il exposait par exemple en termes juifs des concepts religieux grecs, tels que celui de l’immortalité de l’âme. Incontestablement, en cette ère rabbinique nouvelle, la vénération du Talmud — qui était à l’époque un mélange de philosophie légaliste et de philosophie grecque — s’intensifia parmi les Juifs, à tel point qu’au Moyen Âge ils le révéraient davantage que la Bible elle-​même.

      Le judaïsme au Moyen Âge

      24. a) Quelles sont les deux communautés principales qui virent le jour parmi les Juifs au Moyen Âge? b) Quelle influence eurent-​elles sur le judaïsme?

      24 Au Moyen Âge (d’environ 500 à 1500 de n. è.), deux communautés juives distinctes firent leur apparition: les Juifs séfarades, qui prospérèrent sous la domination musulmane en Espagne, et les Juifs ashkénazes en Europe centrale et de l’Est. Les deux communautés produisirent des exégètes rabbiniques dont les écrits et les pensées forment toujours la base de l’interprétation religieuse juive. Il est à noter que nombre des coutumes et des pratiques religieuses du judaïsme actuel virent le jour au Moyen Âge. — Voir l’encadré de la page 231.

      25. Quelle attitude l’Église catholique adopta-​t-​elle envers les Juifs en Europe?

      25 Au XIIe siècle, on commença à expulser les Juifs de plusieurs pays. Abba Eban, écrivain israélien, explique dans Mon peuple: Histoire du peuple juif: “Dans tous les pays (...) soumis à l’influence intransigeante de l’Église, c’était toujours la même histoire: l’avilissement, les tortures, les massacres, l’exil.” En 1492, l’Espagne redevenue catholique ordonna à son tour l’expulsion de tous les Juifs de son territoire. À la fin du XVe siècle, les Juifs avaient donc été chassés de presque tous les pays d’Europe occidentale et s’étaient réfugiés en Europe de l’Est ou dans les pays du pourtour méditerranéen.

      26. a) Qu’est-​ce qui désillusionna les Juifs? b) Quelles branches principales commencèrent à se développer parmi les Juifs?

      26 Au cours des siècles marqués par l’oppression et la persécution des Juifs, de nombreux soi-disant messies se levèrent parmi eux en différents endroits du monde. Tous reçurent un certain crédit, mais leur histoire finit invariablement dans la désillusion. Au XVIIe siècle, de nouvelles initiatives s’avérèrent nécessaires pour revigorer les Juifs et les sortir de cette sombre période. Au milieu du XVIIIe siècle, le peuple juif vit poindre un remède à son désespoir. C’était le hassidisme (voir l’encadré de la page 226), un amalgame de mysticisme et d’extase religieuse exprimés dans la dévotion et les activités de tous les jours. À l’opposé, vers la même époque, le philosophe Moses Mendelssohn, un Juif allemand, proposa une autre solution, la voie de la Haskala, ou Lumière, qui devait conduire à ce qui est historiquement considéré comme le “judaïsme moderne”.

      De la “Lumière” au sionisme

      27. a) Quelle influence Moses Mendelssohn exerça-​t-​il sur le comportement des Juifs? b) Pourquoi de nombreux Juifs rejetèrent-​ils l’espérance en un Messie personnel?

      27 D’après Moses Mendelssohn (1729-​1786), les Juifs seraient acceptés s’ils se dégageaient des restrictions imposées par le Talmud et se conformaient à la culture occidentale. Il fut à son époque l’un des Juifs les plus respectés du monde gentil. Cependant, de violentes explosions d’antisémitisme éclatèrent de nouveau au XIXe siècle, particulièrement en Russie “chrétienne”, ce qui fit perdre leurs illusions aux adeptes de son mouvement et en amena un grand nombre à rechercher un refuge de nature politique. Beaucoup abandonnèrent l’idée d’un Messie qui ramènerait les Juifs en Israël et commencèrent à préparer l’avènement d’un État juif par d’autres moyens. Cela aboutit au sionisme, qui est “la sécularisation du (...) messianisme juif”, comme le définit une autorité.

      28. Quels événements du XXe siècle ont changé le comportement des Juifs?

      28 Le meurtre de quelque six millions de Juifs européens dans l’Holocauste perpétré par les nazis (1935-​1945) donna au sionisme son élan final et lui gagna de grandes sympathies dans le monde entier. Le rêve sioniste devint réalité en 1948 avec la création de l’État d’Israël, ce qui nous conduit maintenant à parler du judaïsme moderne et à soulever la question: Quelles sont les croyances des Juifs aujourd’hui?

      Dieu est Un

      29. a) En termes simples, qu’est-​ce que le judaïsme moderne? b) Comment l’identité juive s’exprime-​t-​elle? c) Quelles sont quelques fêtes et coutumes juives?

      29 En termes concis, le judaïsme est la religion d’un peuple. Autrement dit, un converti se fait membre du peuple juif en même temps que de la religion juive. C’est une religion monothéiste au sens le plus strict du terme; elle soutient que Dieu intervient dans l’histoire de l’homme, surtout en rapport avec les Juifs. Le culte juif comporte plusieurs fêtes annuelles et diverses coutumes. (Voir l’encadré des pages 230 et 231.) Bien qu’il n’existe pas de credo ni de dogmes reconnus par tous les Juifs, la confession de l’unicité de Dieu exprimée dans le Shema, une prière basée sur Deutéronome 6:4, constitue une partie essentielle du culte synagogal: “Entends, ô Israël: le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est un.”

      30. a) Comment les Juifs perçoivent-​ils Dieu? b) Sous quel rapport l’idée que les Juifs se font de Dieu s’oppose-​t-​elle à celle de la chrétienté?

      30 Cette croyance en un seul Dieu fut léguée au christianisme et à l’islām. Voici ce qu’en dit un rabbin du nom de J. Hertz: “Cette déclaration sublime du monothéisme absolu était une déclaration de guerre contre toutes les formes de polythéisme (...). De la même manière, le Shema exclut la Trinité du credo chrétien comme une violation de l’unicité de Dieuf.” Mais intéressons-​nous à présent aux croyances des Juifs relatives à la vie après la mort.

      La mort, l’âme et la résurrection

      31. a) Comment la doctrine de l’immortalité de l’âme s’est-​elle introduite dans l’enseignement juif? b) Quel dilemme l’enseignement de l’immortalité de l’âme posa-​t-​il?

      31 L’une des croyances élémentaires du judaïsme moderne est que l’homme possède une âme immortelle qui survit à la mort de son corps. Cependant, tire-​t-​elle son origine de la Bible? L’Encyclopédie judaïque (angl.) reconnaît franchement: “C’est probablement sous l’influence grecque que la doctrine de l’immortalité de l’âme s’est introduite dans le judaïsme.” Elle provoqua toutefois un dilemme doctrinal, comme l’indique la même source: “Fondamentalement, les deux croyances à la résurrection et à l’immortalité de l’âme sont contradictoires. L’une se rapporte à une résurrection collective à la fin des jours, autrement dit les morts qui dorment dans la terre se lèveront de la tombe, tandis que l’autre se rapporte à la condition de l’âme après la mort du corps.” Comment la théologie juive résolut-​elle ce dilemme? “On affirma qu’à la mort d’un individu son âme continuait de vivre dans un autre monde (cela engendra toutes les croyances relatives au ciel et à l’enfer), alors que son corps demeurait dans la tombe en attendant la résurrection physique de tous les morts sur la terre.”

      32. Que dit la Bible à propos des morts?

      32 Arthur Hertzberg, chargé de cours, écrit: “Pour la Bible [hébraïque] elle-​même, le cadre dans lequel la vie de l’homme se déroule, c’est ce monde-​ci. Il n’y existe de doctrine ni du ciel ni de l’enfer, mais seulement une conception, qui s’affirme de plus en plus, d’une résurrection dernière des morts au terme des jours.” Voilà une explication simple et exacte du concept biblique, selon lequel “les morts ne savent quoi que ce soit; (...) car il n’y aura ni activité, ni projet, ni science, ni sagesse dans le Cheol [la tombe où vont tous les hommes], vers lequel tu te diriges”. — Ecclésiaste 9:5, 10; Daniel 12:1, 2; Ésaïe 26:19.

      33. Comment, au départ, les Juifs voyaient-​ils la doctrine de la résurrection?

      33 D’après l’Encyclopédie judaïque, “durant la période rabbinique, la doctrine de la résurrection des morts est considérée comme l’une des doctrines centrales du judaïsme” et “doit être distinguée de la croyance à (...) l’immortalité de l’âmeg”. Aujourd’hui, par contre, si l’immortalité de l’âme est acceptée par toutes les branches du judaïsme, ce n’est pas le cas de la résurrection des morts.

      34. Par contraste avec le point de vue biblique, comment le Talmud dépeint-​il l’âme? Qu’en disent des écrivains postérieurs?

      34 À l’inverse de la Bible, le Talmud, influencé qu’il était par l’hellénisme, regorge d’explications, d’histoires sur l’immortalité de l’âme, et même de descriptions de l’âme. La littérature mystique juive postérieure, la Kabbale, va même jusqu’à enseigner la réincarnation (transmigration des âmes), qui est dans son essence un enseignement des anciens hindous (voir le chapitre 5). En Israël actuellement, elle est couramment acceptée comme un enseignement juif et joue un rôle important dans les croyances et la littérature hassidiques. Par exemple, dans son livre intitulé Les récits hassidiques, Martin Buber raconte l’histoire d’une âme sortie de l’école d’Élimelekh, un rabbin de Lisensk: “Le Jour du Pardon, lorsque Rabbi Abraham d’Apta donnait lecture du cérémonial accompli par le grand-prêtre dans le Saint des Saints, il ne prononçait jamais les paroles du texte: ‘Et il disait’, mais il les remplaçait par: ‘Et je disais.’ Car il n’avait pas oublié le temps que son âme habitait le corps d’un grand-prêtre à Jérusalem.”

      35. a) Quelle position le judaïsme réformé a-​t-​il adoptée pour ce qui est de l’immortalité de l’âme? b) Qu’enseigne clairement la Bible à propos de l’âme?

      35 Le judaïsme réformé est allé jusqu’à rejeter la croyance à la résurrection. Il a enlevé ce mot des livres de prières de la réforme pour ne reconnaître que la croyance à l’immortalité de l’âme. Combien plus limpide est la pensée biblique, exprimée par exemple en Genèse 2:7: “Le SEIGNEUR Dieu forma l’homme de la poussière du sol et souffla dans ses narines le souffle de vie; et l’homme devint une âme vivante.” (Jewish Publication Society). La combinaison du corps et de l’esprit, ou force de vie, produit “une âme vivanteh”. (Genèse 2:7; 7:22; Psaume 146:4.) Inversement, quand un humain pécheur meurt, l’âme meurt (Ézéchiel 18:4, 20). Ainsi, à sa mort l’homme cesse d’avoir une vie consciente. Sa force de vie retourne à Dieu qui la lui a donnée (Ecclésiaste 3:19; 9:5, 10; 12:7). Le véritable espoir pour les morts, d’après la Bible, réside dans la résurrection — hébreu teḥiyath hamméthim ou “renaissance des morts”.

      36, 37. Que croyaient les fidèles Hébreux des temps bibliques quant à une vie future?

      36 Cette conclusion va peut-être surprendre même de nombreux Juifs, mais c’est en la résurrection que les adorateurs du vrai Dieu ont espéré pendant des milliers d’années. Il y a environ 3 500 ans, Job, fidèle malgré ses souffrances, parla d’une époque à venir où Dieu le relèverait du Schéol, la tombe (Job 14:14, 15). Le prophète Daniel reçut également l’assurance qu’il serait relevé “à la fin des jours”. — Daniel 12:2, 13.

      37 Absolument rien dans l’Écriture ne permet d’affirmer que ces fidèles Hébreux croyaient avoir une âme immortelle qui survivrait dans un au-delà. Sans conteste, ils avaient suffisamment de raisons de croire que le Souverain Seigneur, qui compte et qui dirige les étoiles de l’univers, se souviendrait également d’eux au moment de la résurrection. Ils s’étaient montrés fidèles à lui et à son nom. Lui se montrerait fidèle envers eux. — Psaumes 18:26 (Ps 18:25, MN); Ps 147:4; Ésaïe 25:7, 8; 40:25, 26.

      Le judaïsme et le nom de Dieu

      38. a) Qu’est-​il advenu de l’emploi du nom de Dieu au cours des siècles? b) D’où vient le nom de Dieu?

      38 Le judaïsme enseigne que si le nom de Dieu existe sous forme écrite, il est trop sacré pour être prononcéi. À cause de cet enseignement, sa prononciation correcte s’est perdue au cours des deux derniers millénaires. Pourtant, les Juifs n’ont pas toujours soutenu pareille opinion. Il y a quelque 3 500 ans, Dieu dit à Moïse: “Parle ainsi aux enfants d’Israël: ‘L’Éternel [hébreu יהוה, YHWH], le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, m’envoie vers vous.’ Tel est mon nom à jamais, tel sera mon attribut dans tous les âges.” (Exode 3:15; Psaume 135:13). Quel était ce nom, cet attribut? La note d’une version juive en anglais (Tanakh, A New Translation of the Holy Scriptures) déclare: “Le nom YHWH (lu traditionnellement Adonaï “le SEIGNEUR”) est associé ici à la racine hayah ‘être’.” Nous sommes donc en présence du saint nom de Dieu ou Tétragramme, les quatre consonnes hébraïques YHWH (Yahweh) qui sous leur forme latinisée ont fini au fil des siècles par être connues en français sous le nom JÉHOVAH.

      39. a) Pourquoi le nom divin est-​il important? b) Pourquoi les Juifs cessèrent-​ils de prononcer le nom de Dieu?

      39 Tout au long de l’Histoire, les Juifs ont accordé une grande importance au nom personnel de Dieu, même si aujourd’hui on met beaucoup moins l’accent sur son emploi que par le passé. Dans Le Talmud, A. Cohen déclare: “Une vénération spéciale entourait le ‘nom distinctif’ (chem hamephorach) de l’Être divin qui l’avait révélé à Israël, son tétragramme sacré, JHVH.” On vénérait le nom divin parce qu’il représentait et caractérisait la personne même de Dieu. Après tout, c’est Dieu lui-​même qui a fait connaître son nom et a invité ses adorateurs à l’employer. C’est ce que souligne le fait que le nom divin apparaît 6 828 fois dans la Bible hébraïque. Il n’empêche que les Juifs fervents ont le sentiment qu’il est irrespectueux de prononcer le nom personnel de Dieuj.

      40. Qu’ont déclaré certaines autorités juives à propos de l’usage du nom divin?

      40 À propos de l’ancienne injonction rabbinique (mais non biblique) défendant de prononcer le nom divin, A. Marmorstein, un rabbin, écrit: “Il fut un temps où cette interdiction [d’employer le nom divin] était parfaitement étrangère aux Juifs (...). Ni en Égypte ni à Babylone les Juifs ne connaissaient ou n’observaient de loi interdisant l’emploi du nom de Dieu, le Tétragramme, dans la conversation courante ou dans les salutations. Pourtant, entre le IIIe siècle avant notre ère et le IIIe siècle de notre ère, une telle interdiction existait et était partiellement observée.” (The Old Rabbinic Doctrine of God). Non seulement il était permis d’employer le nom divin dans les périodes antérieures, mais encore, dit Cohen, “il y eut un temps où l’on soutint que même les laïques devaient faire du nom divin un libre usage et s’en servir ouvertement. (...) On a supposé que cette recommandation pouvait provenir du désir de distinguer le Juif du [non-Juif]”.

      41. Selon un rabbin, qu’est-​ce qui aboutit à l’interdiction d’employer le nom de Dieu?

      41 Comment, en ce cas, en vint-​on à condamner l’usage du nom divin? Marmorstein répond: “L’opposition hellénistique [d’influence grecque] à la religion des Juifs, l’apostasie des prêtres et des nobles, introduisirent et établirent la règle interdisant de prononcer le Tétragramme dans le Sanctuaire [le temple à Jérusalem].” Ils mirent un zèle si excessif à éviter de prendre le nom de Dieu en vain qu’ils cessèrent complètement de l’employer oralement et qu’ils obscurcirent l’identification du vrai Dieu. Sous la pression combinée de l’opposition religieuse et de l’apostasie, le nom divin tomba en désuétude parmi les Juifs.

      42. Qu’indique le récit biblique quant à l’usage du nom divin?

      42 Toutefois, Cohen donne cette précision: “À l’époque biblique, l’usage de ce nom dans le langage courant ne semble avoir soulevé aucun scrupule.” Le patriarche Abraham “proclama le nom de l’Éternel [le Tétragramme]”. (Genèse 12:8.) La majorité des rédacteurs de la Bible hébraïque employèrent librement mais respectueusement le nom de Dieu, jusqu’à la rédaction du livre de Malachie au Ve siècle avant notre ère. — Ruth 1:8, 9, 17.

      43. a) Qu’est-​ce qui est absolument évident en ce qui concerne l’usage que les Juifs faisaient du nom divin? b) Quand les Juifs cessèrent d’employer le nom divin, quelle en fut une des conséquences indirectes?

      43 Ainsi, il est absolument évident que les anciens Hébreux utilisaient et prononçaient le nom divin. Marmorstein admet ceci à propos du changement qui intervint ensuite: “Car à cette époque, dans la première moitié du IIIe siècle [av. n. è.], on peut noter dans l’emploi du nom de Dieu un grand changement, qui provoqua de nombreuses mutations dans la tradition théologique et philosophique juive, dont les effets se font sentir jusqu’à ce jour.” Entre autres conséquences de l’abandon du nom divin, le concept d’un Dieu anonyme contribua à la création d’un vide théologique, qui facilita le développement de la doctrine trinitaire de la chrétienték. — Exode 15:1-3.

      44. Quelles furent quelques-unes des autres incidences de la suppression du nom de Dieu?

      44 Le refus d’employer le nom divin rabaisse le culte du vrai Dieu. Un commentateur dit à ce sujet: “Malheureusement, quand on parle de Dieu comme du ‘Seigneur’, l’expression, quoiqu’exacte, est froide et sans relief (...). Il faut se rappeler qu’en traduisant YHWH ou Adonaï par ‘Seigneur’, on introduit dans de nombreux passages de l’Ancien Testament une touche d’abstraction, de formalité et de vague qui est totalement étrangère au texte original.” (The Knowledge of God in Ancient Israel). Il est regrettable de constater l’absence du nom sublime et chargé de sens, Yahweh ou Jéhovah, dans de nombreuses traductions de la Bible, alors qu’il apparaît formellement des milliers de fois dans le texte hébreu original. — Ésaïe 43:10-12.

      Les Juifs attendent-​ils toujours le Messie?

      45. Quelles raisons bibliques a-​t-​on de croire en un Messie?

      45 Les Écritures hébraïques contiennent maintes prophéties qui alimentaient l’espérance messianique des Juifs voilà plus de 2 000 ans. Selon 2 Samuel 7:11-16, le Messie naîtrait dans la lignée de David. Ésaïe 11:1-10 annonçait qu’il apporterait justice et paix à toute l’humanité. Daniel 9:24-27 révélait la chronologie permettant de déterminer quand apparaîtrait le Messie et quand il serait retranché, c’est-à-dire mis à mort.

      46, 47. a) Quelle sorte de Messie les Juifs qui vivaient sous la domination romaine attendaient-​ils? b) Quel changement les aspirations messianiques des Juifs ont-​elles subi?

      46 Comme l’explique l’Encyclopédie judaïque, on fondait de grandes espérances sur le Messie au Ier siècle. On s’attendait à ce qu’il soit “un descendant de David doté de qualités charismatiques, qui, à ce que les Juifs de la période romaine croyaient, serait suscité par Dieu pour briser le joug des païens et pour régner sur un royaume d’Israël restauré”. Mais le Messie militant que les Juifs attendaient ne se présentait pas.

      47 Cependant, comme le fait remarquer la Nouvelle encyclopédie britannique, l’espérance messianique était indispensable pour préserver l’unité des Juifs à travers leurs multiples épreuves: “Dans une très large mesure, le judaïsme doit incontestablement sa survie à sa foi inébranlable dans les promesses et l’avenir messianiques.” Mais avec la montée du judaïsme moderne entre le XVIIIe et le XIXe siècle, de nombreux Juifs cessèrent d’attendre passivement le Messie. Pour finir, l’Holocauste perpétré par les nazis fit perdre à beaucoup leur patience et leur espoir. Ils commencèrent à considérer le message messianique comme un handicap, ce qui les amena à le réinterpréter simplement comme la promesse d’une nouvelle ère de prospérité et de paix. Depuis cette époque, à quelques exceptions près, on peut difficilement dire que l’ensemble des Juifs attendent un Messie personnel.

      48. Quelles questions peut-​on logiquement soulever en rapport avec le judaïsme?

      48 La transformation du judaïsme en une religion non messianique soulève de graves questions. Le judaïsme s’est-​il trompé pendant des milliers d’années en croyant que le Messie serait une personne? Quelle forme de judaïsme peut aider quelqu’un à trouver Dieu? L’ancien judaïsme bardé de philosophie grecque? Ou l’une des formes de judaïsme non messianique qui ont évolué au cours des deux derniers siècles? Ou alors existe-​t-​il un autre sentier encore qui préserve fidèlement, intacte, l’espérance messianique?

      49. Quelle invitation est adressée aux Juifs sincères?

      49 Ces questions posées, nous suggérons aux Juifs sincères de reconsidérer la question du Messie en examinant les affirmations touchant Jésus de Nazareth, non tel que la chrétienté l’a décrit, mais comme les rédacteurs juifs des Écritures grecques le présentent. La différence est considérable. Si les Juifs ont rejeté Jésus, les religions de la chrétienté y sont pour quelque chose, à cause de leur doctrine non biblique de la Trinité, qui est parfaitement inacceptable pour tout Juif qui chérit l’enseignement pur selon lequel “l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un”. (Deutéronome 6:4.) Nous vous invitons donc à lire le chapitre suivant avec un esprit ouvert, afin de découvrir le Jésus des Écritures grecques.

      [Notes]

      a Voir Genèse 5:22-24, Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau, édition anglaise à références de 1984, deuxième note sur le Gn 5 verset 22.

      b Sauf indication, toutes les citations de ce chapitre sont tirées de la Bible du Rabbinat français, traduite sous la direction du Grand-Rabbin Zadoc Kahn.

      c La chronologie proposée ici prend le texte biblique pour autorité. (Voir le livre “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile”, publié par la Watchtower Bible and Tract Society of N.Y., Inc., étude 3, “Comment situer les événements dans le cours du temps”.)

      d L’historien juif du Ier siècle Yoseph ben Mattityahu (Flavius Josèphe) rapporte que lorsqu’Alexandre arriva à Jérusalem, les Juifs lui ouvrirent les portes de la ville et lui montrèrent la prophétie du livre de Daniel écrite plus de 200 ans auparavant, qui décrivait clairement les conquêtes d’Alexandre, le “prince grec”. — Histoire ancienne des Juifs, livre XI, chapitre VIII 4; Daniel 8:5-8, 21.

      e Durant la période des Maccabées (Hasmonéens, de 165 à 63 av. n. è.), des chefs juifs tels que Jean Hyrcan n’hésitèrent pas à convertir par la force des populations entières au judaïsme. Détail intéressant, au début de notre ère, 10 % du monde méditerranéen était juif. Ce chiffre indique clairement l’impact qu’avait eu le prosélytisme juif.

      f Selon la Nouvelle encyclopédie britannique, “le credo trinitaire du christianisme (...) le démarque des deux autres religions monothéistes classiques [le judaïsme et l’islām]”. La Trinité fut élaborée par l’Église alors que “la Bible des chrétiens ne contient concernant Dieu aucune assertion qui soit expressément trinitaire”.

      g Non seulement la résurrection est appuyée par la Bible, mais elle était enseignée comme un article de foi dans la Mishna (Sanhedrin 10:1) et était mentionnée dans le dernier des 13 articles de foi de Maimonide. Jusqu’au XXe siècle, nier la résurrection était considéré comme une hérésie.

      h “La Bible ne dit pas que nous avons une âme. ‘Nefesh’ est la personne elle-​même, son besoin de nourriture, le sang qui coule dans ses veines, son être.” — H. Orlinsky, Hebrew Union College.

      i Voir Exode 6:3 dans la version de Cahen, où la note explicite l’expression “sous mon nom l’Éternel” par “le nom tétragramme”.

      j L’Encyclopédie judaïque dit: “Si l’on évite de prononcer le nom divin YHWH, c’est (...) à cause d’une mauvaise compréhension du troisième commandement (Ex. 20:7; Deut. 5:11), comme s’il signifiait: ‘Tu ne dois pas prendre le nom de YHWH ton Dieu en vain’, alors qu’il veut dire en réalité: ‘Tu ne dois pas faire de faux serments par le nom de YHWH ton Dieu.’”

      k George Howard, professeur de religion et d’hébreu à l’université de Géorgie, déclare: “Avec le temps, on associa de plus en plus ces deux personnages [Dieu et Christ], au point qu’il devint souvent impossible de les distinguer. Il se peut donc que la suppression du Tétragramme ait été pour une bonne part dans le déclenchement des débats christologiques et trinitaires postérieurs qui déchirèrent l’Église des premiers siècles. Quoi qu’il en soit, la suppression du Tétragramme créa probablement un climat théologique différent de celui qui régnait au premier siècle, durant la période du Nouveau Testament.” — Revue d’archéologie biblique (angl.), mars 1978.

      [Entrefilet, page 217]

      Les Juifs séfarades et ashkénazes formèrent deux communautés.

      [Encadré/Illustration, page 211]

      Dix Commandements pour régir le culte et la conduite

      Des millions de gens ont entendu parler des Dix Commandements, mais peu les ont jamais lus. C’est la raison qui nous pousse à les reproduire presque en entier ici.

      ▪ “Tu n’auras point d’autre dieu que moi.

      ▪ “Tu ne te feras point d’idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, tu ne les adoreras point; (...) [À cette date reculée, 1513 avant notre ère, ce commandement condamnant l’idolâtrie était unique en son genre.]

      ▪ “Tu n’invoqueras point le nom de l’Éternel [hébreu: יהוה] ton Dieu à l’appui du mensonge; (...)

      ▪ “Pense au jour du Sabbat pour le sanctifier. (...) l’Éternel a béni le jour du Sabbat et l’a sanctifié.

      ▪ “Honore ton père et ta mère (...).

      ▪ “Ne commets point d’homicide.

      ▪ “Ne commets point d’adultère.

      ▪ “Ne commets point de larcin.

      ▪ “Ne rends point contre ton prochain un faux témoignage.

      ▪ “Ne convoite pas la maison de ton prochain; (...) la femme de ton prochain, son esclave ni sa servante, son bœuf ni son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain.” — Exode 20:3-17.

      Bien que seuls les quatre premiers commandements aient un lien direct avec les croyances et le culte, les autres indiquaient le rapport qui existe entre une conduite droite et de bonnes relations avec le Créateur.

      [Illustration]

      Malgré la loi unique que Dieu lui donna, Israël adopta le culte du veau auquel se livraient ses voisins païens (veau d’or, Byblos).

      [Encadré/Illustrations, pages 220, 221]

      Les écrits sacrés des Hébreux

      Les premiers écrits sacrés des Hébreux sont appelés “Tanak”. Le nom “Tanak” vient des trois divisions de la Bible juive en hébreu: Torah (Loi), Nebiim (Prophètes) et Ketoubim (Écrits); il est formé par les initiales des trois parties. Ces livres furent rédigés en hébreu et en araméen entre le XVIe et le Ve siècle avant notre ère.

      Les Juifs croient que leur rédaction fut plus ou moins inspirée par Dieu. C’est pourquoi ils les classent dans cet ordre d’importance, considérant les derniers comme moins inspirés que les premiers:

      Torah — les cinq livres de Moïse ou Pentateuque (du grec signifiant “cinq rouleaux”), la Loi, comprenant la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Toutefois, le terme “Torah” peut aussi désigner la Bible juive dans son entier aussi bien que la loi orale et le Talmud. (Voir page suivante.)

      Nebiim — les Prophètes, qui vont de Josué aux grands prophètes, Ésaïe, Jérémie et Ézéchiel, et incluent les 12 “petits” prophètes, d’Osée à Malachie.

      Ketoubim — les Écrits, constitués des œuvres poétiques: les Psaumes, les Proverbes, Job, le Cantique des cantiques et les Lamentations. Ils englobent également Ruth, l’Ecclésiaste, Esther, Daniel, Esdras, Néhémie ainsi que le premier et le deuxième livre des Chroniques.

      Le Talmud

      Pour les Gentils, la Bible juive, ou “Tanak”, est le plus important des écrits juifs. Néanmoins, ce n’est pas l’avis des Juifs. Nombre d’entre eux souscriraient à ce commentaire d’Adin Steinsaltz, un rabbin: “Si la Bible est la pierre angulaire du judaïsme, le Talmud en est le pilier central, qui s’élève sur les fondations et soutient tout l’édifice spirituel et intellectuel (...). Aucun ouvrage n’a eu une influence comparable, en théorie et en pratique, sur la vie juive.” (The Essential Talmud). Qu’est-​ce donc que le Talmud?

      Pour les Juifs orthodoxes, Dieu n’a pas seulement donné la loi écrite, ou Torah, à Moïse au mont Sinaï, mais il lui a aussi révélé des explications précises sur la manière d’appliquer cette Loi, lesquelles devaient se transmettre de bouche à oreille. C’est ce qu’on appela la loi orale. Ainsi, le Talmud est le résumé écrit de cette loi orale, augmenté d’explications et de commentaires postérieurs; il fut compilé par des rabbins à partir du IIe siècle de notre ère jusqu’au Moyen Âge.

      On divise généralement le Talmud en deux parties principales:

      La Mishna: Un recueil de commentaires ajoutés à la Loi écrite et basés sur les explications de rabbins appelés Tannaïm (enseignants). Elle fut mise par écrit à la fin du IIe et au début du IIIe siècle de notre ère.

      La Guemara (appelée au départ le Talmud): Un recueil de commentaires sur la Mishna élaborés par des rabbins qui vécurent à une période postérieure (du IIIe au VIe siècle de notre ère).

      Outre ces deux divisions principales, le Talmud peut inclure des commentaires sur la Guemara faits par des rabbins au Moyen Âge. Parmi les plus éminents figuraient les rabbins Rashi (Solomon ben Isaac, 1040-​1105), qui rendit le langage complexe du Talmud largement plus compréhensible, et Ramban (Moses ben Maimon, plus connu sous le nom de Maimonide, 1135-​1204), qui réorganisa le Talmud en une version concise (“Mishné Torah”), le rendant ainsi accessible à tous les Juifs.

      [Illustrations]

      En bas, ancienne Torah provenant de ce qu’on appelle la Tombe d’Esther, en Iran; à droite, hymne de louange hébreu et yiddish basé sur des versets des Écritures.

      [Encadré/Illustrations, pages 226, 227]

      Le judaïsme — Une religion aux voix multiples

      Les diverses branches du judaïsme se distinguent par des différences considérables. Traditionnellement, le judaïsme met en avant la pratique religieuse. Des débats portant plus sur des questions de rites que sur les croyances ont suscité de graves tensions parmi les Juifs et ont provoqué la formation de trois grands courants dans le judaïsme.

      LE JUDAÏSME ORTHODOXE — Non seulement cette branche accepte la Bible hébraïque (“Tanak”) comme Écriture inspirée, mais elle croit aussi que Moïse reçut de Dieu la loi orale au mont Sinaï en même temps que la Loi écrite. Les Juifs orthodoxes observent scrupuleusement les commandements des deux lois. Ils attendent toujours le Messie et croient que celui-ci introduira Israël dans un âge d’or. En raison de divergences d’opinions au sein de la branche orthodoxe, plusieurs factions se sont formées, dont le hassidisme.

      Hassidim (Ḥasidim, signifiant “les pieux”) — Ils passent pour ultraorthodoxes. Leur groupe fut fondé au milieu du XVIIIe siècle, en Europe de l’Est, par Israël ben Éliézer, connu sous le nom de Baal Shem Tov (“Maître du Bon Nom”). Ils suivent un enseignement qui met en valeur la musique et la danse, dont il résulte une joie mystique. Nombre de leurs croyances, y compris la réincarnation, sont fondées sur les livres juifs mystiques appelés Kabbale (Cabale). Ils sont dirigés aujourd’hui par les rebs (“rabbins” en yiddish), ou Zaddikim, que leurs disciples tiennent pour des hommes extrêmement justes ou saints.

      De nos jours, les Hassidim vivent principalement aux États-Unis et en Israël. Ils portent des vêtements particuliers, d’un style qui était courant en Europe de l’Est au XVIIIe et au XIXe siècle, presque entièrement noirs, par lesquels ils sont très remarqués, surtout dans les villes modernes. Ils sont aujourd’hui divisés en sectes regroupées autour de différents rebs éminents. Un groupe très actif est constitué des loubavitch, qui se livrent à un prosélytisme intensif parmi les Juifs. Certains groupes croient que seul le Messie est en droit de faire de nouveau d’Israël la nation des Juifs, si bien qu’ils sont opposés à l’État laïc d’Israël.

      LE JUDAÏSME RÉFORMÉ (également appelé “libéral” et “progressif”) — Parti d’Europe occidentale au début du XIXe siècle, ce mouvement est basé sur les idées de Moses Mendelssohn, un intellectuel juif du XVIIIe siècle qui pensait que les Juifs devaient assimiler la culture occidentale au lieu de se tenir à l’écart des Gentils. Les Juifs de la réforme nient que la Torah soit la vérité révélée par Dieu. Pour eux, les lois juives sur l’alimentation, la pureté et l’habillement sont obsolètes. Ils croient à ce qu’ils appellent “une ère messianique de fraternité universelle”. Ces dernières années, ils sont revenus à un judaïsme plus traditionnel.

      LE JUDAÏSME CONSERVATEUR — Il apparut en Allemagne en 1845 comme une ramification du judaïsme réformé qui, pensait-​on, avait rejeté trop de pratiques juives traditionnelles. Le judaïsme conservateur n’accepte pas que Moïse ait reçu de Dieu la loi orale, mais soutient que les rabbins ont inventé la Torah orale en cherchant à adapter le judaïsme à une nouvelle époque. Les Juifs conservateurs se soumettent à la loi rabbinique et aux préceptes bibliques tant que ceux-ci “tiennent compte des exigences modernes de la vie juive”. (Le livre de la connaissance juive [angl.].) Ils emploient l’hébreu et l’anglais dans leur liturgie et conservent des lois alimentaires strictes (Kashrouth). Les hommes et les femmes ont le droit de s’asseoir ensemble pendant le culte, ce que ne permettent pas les orthodoxes.

      [Illustrations]

      À gauche, des Juifs devant le mur des Lamentations à Jérusalem; ci-dessus, un Juif en prière, avec Jérusalem à l’arrière-plan.

      [Encadré/Illustrations, pages 230, 231]

      Quelques fêtes et coutumes importantes

      La plupart des fêtes juives sont fondées sur la Bible. En général, il s’agit de fêtes saisonnières qui correspondent aux différentes récoltes, ou de fêtes liées à des événements historiques.

      ▪ Shabbat (sabbat) — Le septième jour de la semaine juive (du coucher du soleil le vendredi au coucher du soleil le samedi) est censé sanctifier la semaine. L’observance spéciale de ce jour constitue une partie essentielle du culte. Les Juifs se rendent alors à la synagogue où on lit la Torah et prononce des prières. — Exode 20:8-11.

      ▪ Yom Kippour — Jour du Pardon, fête solennelle caractérisée par des jeûnes et un examen de conscience. Il est le point culminant des Dix Jours de Pénitence qui commencent avec Rosh ha-Shana, le Nouvel An juif, qui tombe en septembre d’après le calendrier profane juif. — Lévitique 16:29-31; 23:26-32.

      ▪ Soukkot (en haut, à droite) — Fête des Cabanes ou Tabernacles, ou de la Récolte. Elle célèbre la récolte et la fin de la majeure partie de l’année agricole. Elle a lieu en octobre. — Lévitique 23:34-43; Nombres 29:12-38; Deutéronome 16:13-15.

      ▪ Hanoukka — Fête de l’Inauguration. Fête populaire observée en décembre et qui commémore la libération des Juifs de la domination syro-grecque par les Maccabées et la nouvelle inauguration du temple à Jérusalem en décembre 165 avant notre ère. Elle se distingue d’ordinaire en ce qu’on fait brûler des bougies pendant huit jours.

      ▪ Pourim — Fête des Sorts. Célébrée fin février ou début mars en souvenir de la délivrance des Juifs en Perse au Ve siècle avant notre ère, alors que Haman avait ourdi un génocide. — Esther 9:20-28.

      ▪ Pessaḥ — Fête de la Pâque. Instituée pour commémorer la délivrance d’Israël de la captivité en Égypte (1513 av. n. è.). Elle est la plus grande et la plus ancienne fête juive. Observée le 14 Nisan (calendrier juif), elle tombe généralement à la fin de mars ou au début d’avril. Chaque famille juive se réunit pour partager le repas pascal, ou Séder. Pendant les sept jours suivants, on ne peut pas consommer de levain. Cette période est appelée la fête des Gâteaux non fermentés (Matsot). — Exode 12:14-20, 24-27.

      Quelques coutumes juives

      ▪ La circoncision — Il s’agit pour les garçons juifs d’une importante cérémonie qui se déroule le huitième jour. On l’appelle souvent l’alliance d’Abraham, car la circoncision était le signe de l’alliance que Dieu avait conclue avec lui. Les hommes qui se convertissent au judaïsme doivent aussi se faire circoncire. — Genèse 17:9-14.

      ▪ Bar-mitsva (en bas) — Autre rite essentiel du judaïsme. Ce terme, qui signifie littéralement “fils du commandement”, “désigne l’accession à la majorité religieuse et légale ainsi que le moment où les garçons atteignent en théorie ce statut, à 13 ans et un jour”. Il n’est devenu une coutume juive qu’au XVe siècle de notre ère. — Encyclopédie judaïque.

      ▪ Mézouza (ci-dessus) — Il est généralement facile de reconnaître un foyer juif à la mézouza, ou étui à rouleau, fixée sur le montant droit de la porte d’entrée. Concrètement, la mézouza est un petit parchemin sur lequel sont inscrites les paroles contenues en Deutéronome 6:4-9 et 11:13-21. On le roule à l’intérieur d’un petit étui qu’on fixe à la porte de chaque pièce d’habitation.

      ▪ Yarmoulka ou kippa (calotte pour les hommes) — D’après l’Encyclopédie judaïque, “les Juifs orthodoxes (...) considèrent le fait de se couvrir la tête, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la synagogue, comme un signe d’allégeance à la tradition juive”. Nulle part la Bible hébraïque n’exige qu’on se couvre la tête pendant le culte; c’est pourquoi le Talmud en parle comme d’une coutume facultative. Les femmes juives hassidiques se couvrent la tête en permanence ou se rasent la tête et portent une perruque.

      [Illustration, page 206]

      Abram (Abraham), l’ancêtre des Juifs, adorait Jéhovah Dieu il y a près de 4 000 ans.

      [Illustration, page 208]

      L’étoile de David, symbole non biblique d’Israël et du judaïsme.

      [Illustration, page 215]

      Scribe juif copiant un texte hébreu.

      [Illustration, page 222]

      Famille juive hassidique célébrant le sabbat.

      [Illustration, page 233]

      Juifs dévots portant des phylactères, ou étuis à rouleaux de prière, au bras et au front.

  • Le christianisme: Jésus était-il le chemin menant à Dieu?
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 10

      Le christianisme: Jésus était-​il le chemin menant à Dieu?

      Jusqu’à présent, nous nous sommes penchés sur les grandes religions qui, à l’exception du judaïsme, sont dans une large mesure fondées sur la mythologie. Nous allons maintenant examiner une autre religion, qui prétend rapprocher les humains de Dieu: le christianisme. Sur quoi le christianisme repose-​t-​il? Sur des mythes, ou sur des faits historiques?

      1. a) Pourquoi l’histoire de la chrétienté amène-​t-​elle certains à s’interroger sérieusement sur le christianisme? b) Quelle distinction faisons-​nous entre chrétienté et christianisme?

      L’HISTOIRE de la chrétientéa n’a pas servi la cause du christianisme; elle est par trop connue pour ses guerres, son Inquisition, ses croisades et son hypocrisie religieuse. Les musulmans pieux notamment allèguent la corruption et la décadence morales de l’Occident “chrétien” pour rejeter le christianisme. Indéniablement, les nations dites chrétiennes ont perdu leur gouvernail moral et ont fait naufrage sur les écueils que sont le manque de foi, l’avidité et la recherche des plaisirs.

      2, 3. a) Qu’est-​ce qui différencie la conduite des premiers chrétiens de celle des membres de la chrétienté aujourd’hui? b) À quelles questions serait-​il bon de répondre?

      2 Les principes qui guidaient les premiers chrétiens n’avaient rien de commun avec les mœurs permissives d’aujourd’hui. C’est ce qu’atteste Élaine Pagels dans son livre Adam, Ève et le serpent; elle y déclare: “Nombre de chrétiens de l’Église primitive étaient fiers de leur continence sexuelle. Ils rejetaient la polygamie, souvent même le divorce, permis par la tradition juive, et répudiaient les pratiques sexuelles extra-conjugales communément admises par les païens, dont la prostitution et l’homosexualité.”

      3 Il convient donc de se demander: L’histoire de la chrétienté et ses mœurs actuelles reflètent-​elles vraiment les enseignements de Jésus Christ? Quelle sorte d’homme était Jésus? A-​t-​il aidé l’humanité à se rapprocher de Dieu? Était-​il le Messie promis des prophéties hébraïques? Ce sont là quelques-unes des questions que nous considérerons dans ce chapitre.

      Jésus était-​il le Messie?

      4. Au cours de notre examen des grandes religions du monde, quelle différence avons-​nous remarquée entre leurs origines et celles du christianisme?

      4 Au travers des chapitres précédents, nous avons constaté que la mythologie joue un rôle prépondérant dans presque toutes les grandes religions du monde. Par contre, quand nous avons exploré les origines du judaïsme dans le dernier chapitre, nous ne sommes pas partis d’un mythe, mais de l’histoire véridique d’Abraham, de ses ancêtres et de ses descendants. De même, le cas du christianisme et de son fondateur, Jésus, nous ramène, non à la mythologie, mais à un personnage historique. — Voir l’encadré de la page 237.

      5. a) Qu’est-​ce qui attestait triplement que Jésus était la “postérité” promise d’Abraham? b) Qui écrivit les Écritures grecques chrétiennes?

      5 Le premier verset des Écritures grecques chrétiennes, plus connues sous le nom de Nouveau Testament (voir l’encadré de la page 241), se lit comme suit: “Livre de l’histoire de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham.” (Matthieu 1:1). Ne s’agit-​il que d’une affirmation gratuite lancée par Matthieu, cet ancien collecteur d’impôts juif qui écrivit une biographie de Jésus, dont il avait été un proche disciple? Certainement pas. En effet, les 15 versets suivants Mt 1:2-16 exposent la lignée complète des descendants d’Abraham jusqu’à Jacob, qui “devint père de Joseph, l’époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, qui est appelé le Christ”. Ainsi, Jésus descendait bien d’Abraham, de Juda et de David, ce qui attestait triplement qu’il était la “postérité” promise en Genèse 3:15, et celle d’Abraham. — Genèse 22:18; 49:10; 1 Chroniques 17:11.

      6, 7. Pourquoi le lieu de naissance de Jésus avait-​il de l’importance?

      6 Un autre élément identifierait la Postérité messianique: son lieu de naissance. Où Jésus est-​il né? Matthieu nous apprend que Jésus est “né à Bethléhem de Judée, aux jours d’Hérode, le roi”. (Matthieu 2:1.) Le récit du médecin Luc confirme ce renseignement lorsqu’il dit à propos du futur père adoptif de Jésus: “Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David qui s’appelle Bethléhem, — parce qu’il faisait partie de la maison et de la famille de David, — pour se faire enregistrer avec Marie qui, comme promis, lui avait été donnée en mariage et qui se trouvait alors enceinte.” — Luc 2:4, 5.

      7 Il importait que Jésus naisse à Bethléhem plutôt qu’à Nazareth ou dans une autre ville, en raison de cette prophétie énoncée au VIIIe siècle avant notre ère par le prophète hébreu Michée: “Et toi, ô Bethléhem Éphrathah, celle qui est trop petite pour se trouver parmi les milliers de Juda, de toi sortira vers moi celui qui doit devenir chef en Israël, dont l’origine est depuis les premiers temps, depuis les jours des temps indéfinis.” (Michée 5:2). Ainsi, le lieu de naissance de Jésus fournissait une indication supplémentaire de sa qualité de Postérité et de Messie promis. — Jean 7:42.

      8. Citez quelques prophéties accomplies par Jésus.

      8 À dire vrai, Jésus a accompli bien d’autres prophéties des Écritures hébraïques, présentant par là toutes les garanties qu’il était le Messie promis. Vous pouvez retrouver quelques-unes de ces prophéties dans la Bible. (Voir l’encadré de la page 245b.) Mais à présent, examinons brièvement le message et le ministère de Jésus.

      Jésus indique le chemin

      9. a) Comment Jésus commença-​t-​il son ministère public? b) D’où tenons-​nous que Dieu approuvait Jésus?

      9 Le récit biblique rapporte que Jésus fut élevé comme tous les jeunes Juifs de son temps; il fréquentait la synagogue de sa ville et le temple de Jérusalem (Luc 2:41-52). Quand il eut 30 ans, il commença son ministère public. En premier lieu, il alla trouver son cousin Jean, qui baptisait les Juifs dans le Jourdain en symbole de repentance. Luc raconte: “Or, quand tout le peuple fut baptisé, Jésus aussi fut baptisé et, comme il priait, le ciel s’ouvrit et l’esprit saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe, et une voix vint du ciel: ‘Tu es mon Fils, le bien-aimé; je t’ai agréé.’” — Luc 3:21-23; Jean 1:32-34.

      10, 11. a) Citez quelques caractéristiques des méthodes de prédication et d’enseignement de Jésus. b) Comment Jésus montra-​t-​il l’importance du nom de son Père?

      10 En temps voulu, Jésus entama son ministère à titre de Fils oint de Dieu. Il parcourut d’un bout à l’autre la Galilée et la Judée, en prêchant le message relatif au Royaume de Dieu et en opérant divers miracles, telles des guérisons. Jamais il n’accepta d’argent en retour; il ne recherchait non plus ni la richesse ni la gloire. Jésus disait au contraire qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. En outre, il enseigna à ses disciples comment prêcher. — Matthieu 8:20; 10:7-13; Actes 20:35.

      11 Si on analyse le message et les méthodes de Jésus, on remarque une nette différence entre lui et de nombreux prédicateurs de la chrétienté. Il ne manipulait pas les foules en jouant sur leurs sentiments ou en les menaçant du feu de l’enfer. Jésus, lui, touchait le cœur et l’esprit de ses auditeurs en faisant simplement appel à la logique et à des paraboles, ou illustrations, qu’il tirait de la vie courante. Son célèbre Sermon sur la montagne constitue un échantillon remarquable de ses enseignements et de ses méthodes. Ce sermon englobe le Notre Père, dans lequel, en mettant à la première place la sanctification du nom de Dieu, Jésus établit clairement quelles sont les priorités d’un chrétien. (Voir l’encadré des pages 258 et 259.) — Matthieu 5:1 à 7:29; 13:3-53; Luc 6:17-49.

      12. a) De quelles manières Jésus faisait-​il montre d’amour dans ses enseignements et dans ses actions? b) Le monde serait-​il différent si l’amour chrétien était vraiment mis en pratique?

      12 Dans ses relations avec ses disciples en particulier et avec les gens en général, Jésus faisait preuve d’amour et de compassion (Marc 6:30-34). Il ne se contentait pas de prêcher le Royaume de Dieu; il donnait lui-​même l’exemple en matière d’amour et d’humilité. C’est pourquoi il put dire à ses disciples dans les dernières heures de sa vie: “Je vous donne un commandement nouveau: que vous vous aimiez les uns les autres, et que, comme je vous ai aimés, vous aussi vous vous aimiez les uns les autres. À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour entre vous.” (Jean 13:34, 35). En somme, l’essence du christianisme réside dans la pratique d’un amour désintéressé basé sur des principes (Matthieu 22:37-40). Concrètement, cela signifie qu’un chrétien devrait aimer ses ennemis, même s’il hait leurs œuvres mauvaises (Luc 6:27-31). Réfléchissez un instant. Comme le monde serait différent si tous les humains manifestaient ce genre d’amour! — Romains 12:17-21; 13:8-10.

      13. En quoi l’enseignement de Jésus différait-​il de celui de Confucius, de Laozi, et du Bouddha?

      13 Cependant, à l’inverse de Confucius et de Laozi par exemple, Jésus enseigna bien davantage qu’une morale ou une philosophie. Il n’affirma pas non plus, comme le Bouddha, qu’on peut se faire l’artisan de son salut en se mettant en quête de la connaissance et de l’Illumination. Il montra que le salut vient de Dieu: “Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque exerce la foi en lui ne soit pas détruit, mais ait la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par son entremise.” — Jean 3:16, 17.

      14. Pourquoi Jésus était-​il fondé à dire: “Je suis le chemin, et la vérité, et la vie”?

      14 En manifestant l’amour de son Père dans ses paroles et dans ses actes, Jésus rapprochait les gens de Dieu. Voilà, entre autres, pourquoi il pouvait déclarer: “Je suis le chemin, et la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. (...) Celui qui m’a vu a vu aussi le Père. Comment se fait-​il que tu dises: ‘Montre-​nous le Père’? Ne crois-​tu pas que je suis en union avec le Père et que le Père est en union avec moi? Les choses que je vous dis, je ne les dis pas de mon propre chef; mais le Père qui demeure en union avec moi fait ses œuvres. (...) Vous avez entendu que je vous ai dit: Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m’en vais vers le Père, car le Père est plus grand que moi.” (Jean 14:6-28). Sans conteste, Jésus était “le chemin, et la vérité, et la vie”, car il ramenait les Juifs au vrai Dieu, Jéhovah, son Père. Avec Jésus, la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver Dieu prenait soudain un nouvel essor grâce à Dieu lui-​même: dans son amour suprême, il avait envoyé Jésus sur la terre afin que, tel un phare de lumière et de vérité, celui-ci guide les hommes vers lui, le Père. — Jean 1:9-14; 6:44; 8:31, 32.

      15. a) Que doit-​on faire pour trouver Dieu? b) Qu’est-​ce qui, sur la terre, atteste l’amour de Dieu?

      15 S’inspirant du ministère et de l’exemple de Jésus, le missionnaire Paul put tenir ce discours aux Grecs d’Athènes: “Et d’un seul homme il [Dieu] a fait toutes les nations d’hommes pour habiter sur toute la surface de la terre, et il a établi par décret les temps assignés et les limites fixées de l’habitation des hommes, pour qu’ils cherchent Dieu, si toutefois ils le cherchent à tâtons et le trouvent vraiment, quoiqu’en réalité il ne soit pas loin de chacun de nous. C’est par lui, en effet, que nous avons la vie, et que nous nous mouvons, et que nous existons.” (Actes 17:26-28). Il est possible de trouver Dieu, pourvu que l’on soit prêt à faire l’effort de le rechercher (Matthieu 7:7, 8). Dieu s’est rendu manifeste et a prouvé son amour en concevant la terre, qui entretient des formes de vie d’une variété qui semble infinie. Il fournit ce qui est nécessaire à tous les hommes, qu’ils soient justes ou injustes. Dieu a encore pourvu les humains de sa Parole écrite, la Bible, et il a envoyé son Fils comme sacrifice rédempteurc. Enfin, Dieu a accordé aux hommes l’aide dont ils ont besoin pour trouver le chemin qui mène à lui. — Matthieu 5:43-45; Actes 14:16, 17; Romains 3:23-26.

      16, 17. Comment les vrais chrétiens doivent-​ils manifester leur amour?

      16 Il va de soi que les chrétiens doivent témoigner leur amour non en paroles seulement, mais surtout en actes. L’apôtre Paul a écrit à ce sujet: “L’amour est longanime et bon. L’amour n’est pas jaloux, il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil, ne se conduit pas avec indécence, ne cherche pas son propre intérêt, ne s’irrite pas. Il ne tient pas compte du mal subi. Il ne se réjouit pas de l’injustice, mais se réjouit avec la vérité. Il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout. L’amour ne passe jamais.” — 1 Corinthiens 13:4-8.

      17 Jésus souligna aussi la nécessité de proclamer le Royaume des cieux, la domination de Dieu sur l’humanité soumise. — Matthieu 10:7; Marc 13:10.

      Les chrétiens: tous des évangélisateurs

      18. a) Que souligna Jésus dans son Sermon sur la montagne? b) Quelle responsabilité incombe à chaque chrétien? c) Comment Jésus prépara-​t-​il ses disciples à leur ministère, et quel message devaient-​ils prêcher?

      18 Dans son Sermon sur la montagne, Jésus mit les foules qui l’écoutaient devant leur responsabilité d’éclairer autrui par leurs paroles et par leurs actions. Il dit: “Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne peut être cachée quand elle est située sur une montagne. On allume une lampe pour la mettre, non pas sous le panier de mesure, mais sur le porte-lampe, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Pareillement, que votre lumière brille devant les hommes, pour qu’ils voient vos belles œuvres et rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux.” (Matthieu 5:14-16). Jésus forma ses disciples de façon qu’ils sachent prêcher et enseigner lorsqu’ils seraient ministres itinérants. Quel serait leur message? Le même que le sien: le Royaume de Dieu, appelé à diriger la terre avec justice. Jésus expliqua un jour: “Je dois annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu à d’autres villes aussi, car c’est pour cela que j’ai été envoyé.” (Luc 4:43; 8:1; 10:1-12). Toujours d’après Jésus, au nombre des éléments du signe qui distinguerait les derniers jours figurerait ‘cette bonne nouvelle du royaume qui serait prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations; et alors viendrait la fin’. — Matthieu 24:3-14.

      19, 20. a) Pourquoi le véritable christianisme est-​il depuis toujours une religion de prédicateurs actifs? b) Quelles questions fondamentales exigent maintenant une réponse?

      19 En l’an 33, avant de monter au ciel, Jésus ressuscité laissa ces instructions à ses disciples: “Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez donc et faites des disciples des gens de toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et de l’esprit saint, leur enseignant à observer toutes les choses que je vous ai commandées. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la conclusion du système de choses.” (Matthieu 28:18-20). C’est une des raisons pour lesquelles le christianisme, depuis ses tout premiers débuts, est une religion au prosélytisme actif. Cela lui a valu haine et jalousie de la part des adeptes des religions dominantes de l’époque, grecque et romaine, lesquelles se fondaient sur la mythologie. La persécution dont Paul fit l’objet à Éphèse en apporte une preuve frappante. — Actes 19:23-41.

      20 D’autres questions se posent maintenant: Le message relatif au Royaume de Dieu prenait-​il les morts en compte? D’après le Christ, quel espoir y avait-​il pour les morts? Proposait-​il à ses disciples de soustraire leur “âme immortelle” à un “enfer de feu”? Qu’en est-​il vraiment? — Matthieu 4:17.

      Un espoir de vie éternelle

      21, 22. a) À quoi Jésus compara-​t-​il la mort de Lazare, et pourquoi? b) Quelle espérance Marthe nourrissait-​elle à propos de son frère décédé?

      21 La meilleure façon de pénétrer l’espérance que Jésus prêchait est peut-être d’examiner ce qu’il dit et fit à la mort de son ami Lazare. Comment Jésus considérait-​il ce décès? Alors qu’il se rendait chez Lazare, Jésus déclara à ses disciples: “Lazare, notre ami, repose, mais je vais là-bas pour le tirer du sommeil.” (Jean 11:11). Jésus comparait la condition de Lazare au sommeil. Quand on dort profondément, on n’est conscient de rien, ce qui s’accorde avec la pensée hébraïque que l’on trouve en Ecclésiaste 9:5: “Les vivants, en effet, se rendent compte qu’ils mourront; mais quant aux morts, ils ne se rendent compte de rien du tout.”

      22 Bien que Lazare fût mort depuis quatre jours, nous notons que Jésus ne laissa nullement entendre que son âme était allée au ciel, en enfer ou au purgatoire. Quand Jésus arriva à Béthanie et que Marthe, la sœur de Lazare, vint à sa rencontre, il lui affirma: “Ton frère ressuscitera.” Que répondit-​elle? Dit-​elle qu’il était déjà au ciel? Sa réponse fut: “Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection au dernier jour.” Voilà qui prouve qu’à l’époque les Juifs espéraient en la résurrection, c’est-à-dire en une nouvelle vie sur la terre. — Jean 11:23, 24, 38, 39.

      23. Quel miracle Jésus accomplit-​il, et quel effet eut-​il sur ceux qui le virent?

      23 Jésus ajouta alors: “Je suis la résurrection et la vie. Celui qui exerce la foi en moi, même s’il meurt, viendra à la vie; quiconque vit et exerce la foi en moi ne mourra jamais. Crois-​tu cela?” (Jean 11:25, 26). Pour appuyer ses dires, Jésus se rendit à la caverne où Lazare était enseveli, puis il le rappela à la vie devant les yeux de ses sœurs, Marie et Marthe, et de leurs voisins. Le récit poursuit: “Beaucoup d’entre les Juifs qui étaient venus près de Marie et qui avaient vu ce qu’il avait fait, eurent alors foi en lui (...). La foule donc qui était avec lui quand il avait appelé Lazare hors du tombeau commémoratif et l’avait relevé d’entre les morts, rendait témoignage.” (Jean 11:45; 12:17). Ils avaient vu le miracle de leurs yeux, si bien qu’ils y croyaient et témoignaient de sa réalité. Les opposants religieux de Jésus devaient pareillement croire à ce qui s’était produit, puisque d’après le récit les prêtres en chef et les Pharisiens complotaient de tuer Jésus, “car cet homme, disaient-​ils, opère beaucoup de signes”. — Jean 11:30-53.

      24. a) Où Lazare est-​il resté pendant quatre jours? b) Que dit la Bible au sujet de l’immortalité?

      24 Où Lazare était-​il allé durant les quatre jours pendant lesquels il était mort? Nulle part. Il était inconscient, endormi dans la tombe dans l’attente de la résurrection. Jésus lui accorda la bénédiction d’être relevé miraculeusement d’entre les morts. Mais si l’on s’en réfère au récit de Jean, Lazare ne fit état d’aucun passage ni au ciel, ni en enfer, ni au purgatoire au cours de ces quatre jours. La raison en est simple: il n’avait pas d’âme immortelle susceptible de se rendre à de tels endroitsd. — Job 36:14; Ézéchiel 18:4.

      25. a) Quand la Bible parle de vie éternelle, de quoi est-​il question? b) De quoi dépend la venue du Royaume promis par Dieu?

      25 En conséquence, quand Jésus parlait de vie éternelle, il songeait soit à la vie que mèneraient au ciel ceux qui, transformés en esprits immortels, régneraient avec lui dans son Royaume, soit à la vie sans fin que connaîtraient des humains sur la terre devenue un paradis, sous la domination de ce Royaumee (Luc 23:43; Jean 17:3). Dieu a promis de procurer de nombreuses bénédictions à la terre en y résidant figurément avec l’humanité obéissante. Seulement, la réalisation de toutes ces paroles dépend évidemment d’une chose: Dieu a-​t-​il réellement envoyé et agréé Jésus? — Luc 22:28-30; Tite 1:1, 2; Révélation 21:1-4.

      L’approbation de Dieu — Une réalité, pas un mythe

      26. Quel événement marquant eut lieu en présence des disciples Pierre, Jacques et Jean?

      26 Comment savons-​nous que Jésus était approuvé par Dieu? D’abord, lors de son baptême, une voix se fit entendre du ciel, disant: “Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé, que j’ai agréé.” (Matthieu 3:17). Plus tard, l’approbation de Jésus fut confirmée devant d’autres témoins. Les disciples Pierre, Jacques et Jean, d’anciens pêcheurs en Galilée, accompagnèrent Jésus sur une haute montagne (probablement le mont Hermon, qui culmine à 2814 mètres). Là, un prodige s’opéra sous leurs yeux: “Et [Jésus] fut transfiguré devant eux, et son visage brilla comme le soleil, et ses vêtements de dessus devinrent éblouissants comme la lumière. Et voilà que leur apparurent Moïse et Élie, qui conversaient avec lui. (...) voici qu’une nuée lumineuse les enveloppa de son ombre, et voici qu’une voix sortit de la nuée, disant: ‘Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé, que j’ai agréé; écoutez-​le.’ En entendant cela, les disciples tombèrent sur leur face et furent pris d’une grande peur.” — Matthieu 17:1-6; Luc 9:28-36.

      27. a) Quel effet la transfiguration produisit-​elle sur les disciples? b) Qu’est-​ce qui nous montre que Jésus n’était pas un mythe?

      27 Cette confirmation audible et visible venant de Dieu fortifia énormément la foi de Pierre, car il écrivit par la suite: “Non, ce n’est pas en suivant des fables [grec muthoïs, mythes] ingénieusement imaginées que nous vous avons fait connaître la puissance et la présence de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour être devenus témoins oculaires de sa magnificence. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, quand des paroles comme celles-ci furent portées jusqu’à lui par la gloire magnifique: ‘Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé, que moi j’ai agréé.’ Oui, ces paroles, nous les avons entendues qui étaient portées depuis le ciel, alors que nous étions avec lui sur la sainte montagne.” (2 Pierre 1:16-18). Pierre, Jacques et Jean, disciples juifs, contemplèrent de leurs yeux le miracle que fut la transfiguration de Jésus, et ils entendirent la voix approbatrice de Dieu provenant du ciel. Leur foi reposait donc sur une réalité qu’ils avaient vue et entendue, et non sur la mythologie ni sur des “fables juives”. (Voir l’encadré de la page 237.) — Matthieu 17:9; Tite 1:13, 14f.

      La mort de Jésus suivie d’un autre miracle

      28. Quelles fausses accusations lança-​t-​on contre Jésus en l’an 33?

      28 En l’an 33 de notre ère, Jésus fut arrêté et jugé par les chefs religieux juifs, qui l’accusaient faussement d’avoir blasphémé en se disant le Fils de Dieu (Matthieu 26:3, 4, 59-67). Comme ces Juifs préféraient apparemment qu’il soit mis à mort par les autorités romaines séculières, ils le livrèrent à Pilate, devant lequel de nouveau ils l’incriminèrent à tort, alléguant cette fois qu’il interdisait de payer les impôts à César et qu’il se prétendait roi. — Marc 12:14-17; Luc 23:1-11; Jean 18:28-31.

      29. Comment Jésus mourut-​il?

      29 Jésus fut renvoyé d’un chef à l’autre, jusqu’à ce que Ponce Pilate, gouverneur romain, devant l’insistance de la foule agitée par des motifs religieux, choisisse la voie de la facilité: il condamna Jésus à mort, en vertu de quoi Jésus endura une mort ignominieuse, sur un poteau, puis son corps fut déposé dans un tombeau. Mais dans les trois jours qui suivirent eut lieu un événement qui métamorphosa les disciples de Jésus; d’inconsolables qu’ils étaient, ils devinrent des croyants joyeux, des évangélisateurs zélés. — Jean 19:16-22; Galates 3:13.

      30. Quelles mesures les chefs religieux prirent-​ils pour empêcher toute mystification?

      30 Les chefs religieux, soupçonnant les disciples de Jésus de vouloir monter une supercherie, allèrent présenter cette requête à Pilate: “‘Seigneur, nous nous sommes rappelés que cet imposteur a dit, quand il vivait encore: “Après trois jours je dois être relevé.” Ordonne donc qu’on s’assure de la tombe jusqu’au troisième jour, pour que ses disciples ne viennent pas le dérober et ne disent pas au peuple: “Il a été relevé d’entre les morts!” et cette dernière imposture sera pire que la première.’ Pilate leur dit: ‘Vous avez une garde. Allez, assurez-​vous-​en, comme vous savez le faire.’ Ils allèrent donc et s’assurèrent de la tombe, en scellant la pierre et en laissant la garde.” (Matthieu 27:62-66). Cela s’avéra-​t-​il vraiment sûr?

      31. Que se passa-​t-​il quand des femmes fidèles se rendirent au tombeau de Jésus?

      31 Le troisième jour après la mort de Jésus, trois femmes vinrent à sa tombe pour enduire son corps d’huile parfumée. Que découvrirent-​elles? “Et de très grand matin, le premier jour de la semaine, elles vinrent au tombeau commémoratif, alors que le soleil s’était levé. Et elles se disaient entre elles: ‘Qui nous roulera la pierre de devant la porte du tombeau commémoratif?’ Or, en regardant, elles s’aperçurent que la pierre avait été roulée, et pourtant elle était fort grande. En entrant dans le tombeau commémoratif, elles virent un jeune homme assis, sur la droite, vêtu d’une longue robe blanche, et elles furent saisies de stupeur. Il leur dit: ‘Ne soyez pas saisies de stupeur. Vous cherchez Jésus le Nazaréen, qui a été attaché sur un poteau. Il a été relevé, il n’est pas ici. Voyez le lieu où on l’avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre: “Il vous précède en Galilée; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit.”’” (Marc 16:1-7; Luc 24:1-12). La garde déléguée spécialement par les chefs religieux n’avait pu empêcher le Père de Jésus de le ressusciter. S’agit-​il d’un mythe ou d’un fait historique?

      32. Pour quelles raisons solides Paul croyait-​il à la résurrection de Jésus?

      32 Quelque 22 ans après, Paul, un ancien persécuteur des chrétiens, expliqua dans l’une de ses lettres ce qui l’avait amené à croire en la résurrection du Christ: “Car je vous ai transmis, avec les premières choses, ce que j’ai reçu moi aussi: que Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures; et qu’il a été enseveli, oui, qu’il a été relevé le troisième jour selon les Écritures; et qu’il est apparu à Céphas, puis aux douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont demeurés en vie jusqu’à présent, mais quelques-uns se sont endormis dans la mort. Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres.” (1 Corinthiens 15:3-7). Il est clair que Paul avait de solides raisons de risquer sa vie pour la cause de Jésus ressuscité; l’une d’elles était l’attestation d’environ 500 témoins oculaires qui avaient vu Jésus ressuscité (Romains 1:1-4)! Paul savait que Jésus avait été ressuscité; il avait d’ailleurs une raison plus puissante encore de l’affirmer, comme il l’écrivit ensuite: “Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton.” — 1 Corinthiens 15:8, 9; Actes 9:1-19.

      33. Pourquoi les premiers chrétiens étaient-​ils prêts à mourir en martyrs pour leur foi?

      33 Les premiers chrétiens étaient prêts à mourir en martyrs dans les arènes romaines. Pourquoi? Parce qu’ils savaient que leur foi était fondée sur des réalités historiques, non sur des mythes. Jésus était bel et bien le Christ ou Messie promis dans les prophéties; il avait été envoyé sur la terre par Dieu; il avait été agréé par son Père; il était mort sur un poteau en Fils intègre; et il avait été ressuscité d’entre les morts. — 1 Pierre 1:3, 4.

      34. Selon l’apôtre Paul, pourquoi la résurrection est-​elle essentielle à la foi chrétienne?

      34 Nous vous recommandons de lire tout le chapitre 15 de la première lettre de Paul aux Corinthiens 1Co 15; vous comprendrez ce que Paul croyait relativement à la résurrection et pourquoi celle-ci est essentielle à la foi chrétienne. Le message de l’apôtre se résume en ces mots: “Mais maintenant Christ a été relevé d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis dans la mort. En effet, puisque la mort est venue par un homme [Adam], c’est aussi par un homme que vient la résurrection des morts. Car, de même qu’en Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront rendus à la vie.” — 1 Corinthiens 15:20-22.

      35. De quelles bénédictions Dieu a-​t-​il promis de combler la terre et l’humanité (Ésaïe 65:17-25)?

      35 La résurrection de Jésus Christ a donc un but, qui est de procurer finalement des bienfaits à l’humanité tout entièreg. Elle permit aussi à Jésus de réaliser le reste des prophéties messianiques. Il doit bientôt étendre sa juste domination, qu’il exerce depuis les cieux invisibles, à la terre purifiée. Alors existeront ce que la Bible appelle “un nouveau ciel et une nouvelle terre” dans lesquels Dieu “essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus; ni deuil, ni cri, ni douleur ne seront plus. Les choses anciennes ont disparu”. — Révélation 21:1-4.

      Apostasie et persécution sont annoncées

      36. Qu’arriva-​t-​il à la Pentecôte de l’an 33, et quelles conséquences cela eut-​il?

      36 Peu après la mort et la résurrection de Jésus se produisit un autre miracle qui prodigua aux premiers chrétiens force et impulsion dans la prédication. Le jour de la Pentecôte de l’an 33, du ciel Dieu répandit son esprit saint ou force agissante sur quelque 120 disciples réunis à Jérusalem. Quel effet cela eut-​il? “Et ils virent apparaître des langues, comme de feu; elles se distribuaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux, et tous se trouvèrent remplis d’esprit saint et commencèrent à parler en d’autres langues, selon que l’esprit leur donnait de s’exprimer.” (Actes 2:3, 4). Les Juifs de langue étrangère qui se trouvaient à Jérusalem à ce moment-​là furent stupéfaits d’entendre ces Juifs de Galilée, censément ignorants, parler dans leurs langues. Beaucoup se mirent à croire. Le message chrétien se répandit ensuite comme une traînée de poudre lorsque ces nouveaux croyants juifs retournèrent dans leurs pays d’origine. — Actes 2:5-21.

      37. Quelle fut la réaction de certains dirigeants romains face à la nouvelle religion que constituait le christianisme?

      37 Mais de sombres nuages s’amoncelèrent bientôt. Les Romains se mirent à redouter cette religion nouvelle et apparemment athée, puisque dépourvue d’idoles. L’empereur Néron fut l’initiateur d’une persécution sauvage des chrétiens qui se poursuivit tout au long des trois premiers siècles de notre èreh. De nombreux chrétiens furent condamnés à mourir dans les amphithéâtres pour satisfaire la soif de sang d’empereurs et de foules sadiques qui se massaient là à seule fin de regarder des prisonniers jetés aux bêtes sauvages.

      38. Quel état de choses prédit jetterait le trouble dans la congrégation chrétienne primitive?

      38 Un autre facteur, que les apôtres avaient prédit, jeta le trouble dans la congrégation chrétienne à ses débuts. Pierre écrivit: “Mais il y eut aussi de faux prophètes parmi le peuple, comme il y aura de même parmi vous de faux enseignants. Ceux-ci introduiront discrètement des sectes destructrices et iront jusqu’à renier le propriétaire qui les a achetés, amenant sur eux une prompte destruction.” (2 Pierre 2:1-3). Il annonçait l’apostasie, l’abandon du vrai culte, un compromis avec les courants religieux du monde romain qu’imprégnaient la philosophie et la pensée grecques! Comment l’apostasie apparut-​elle? Le prochain chapitre répondra à cette question ainsi qu’à d’autres qui lui sont liées. — Actes 20:30; 2 Timothée 2:16-18; 2 Thessaloniciens 2:3.

      [Notes]

      a Par “chrétienté”, nous entendons le domaine religieux assujetti aux religions qui se veulent chrétiennes. Le “christianisme” désigne le mode d’adoration et le moyen d’accès auprès de Dieu que Jésus Christ a enseignés.

      b Voir aussi l’Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, publié par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., pages 1007 à 1010, à l’entrée “Messie”.

      c L’enseignement biblique de la rançon et son importance seront expliqués au chapitre 15.

      d L’expression “âme immortelle” ne figure dans aucun verset de la Bible. Le mot grec traduit par “immortel” et “immortalité” n’apparaît que trois fois; il s’applique à un nouveau corps spirituel qu’on revêt ou acquiert, non à quelque chose d’inhérent à l’homme. Il est employé à propos de Christ et des chrétiens oints de l’esprit, qui deviennent rois à ses côtés dans son Royaume céleste. — 1 Corinthiens 15:53, 54; 1 Timothée 6:16; Romains 8:17; Éphésiens 3:6; Révélation 7:4; 14:1-5.

      e Vous trouverez un examen détaillé de ce qu’est la domination du Royaume au chapitre 15.

      f Dans cette vision, “Moïse” et “Élie” symbolisaient la Loi et les Prophètes, qui furent accomplis par Jésus. Vous trouverez une explication plus complète de la transfiguration dans l’Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, pages 1477 et 1478.

      g Vous trouverez de plus amples renseignements sur la résurrection de Jésus dans le livre La Bible: Parole de Dieu ou des hommes?, publié en 1989 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., pages 78 à 86.

      h Suétone, biographe romain (vers 69-140 de n. è.), rapporta que sous le règne de Néron “on frappa de supplices les chrétiens, espèce d’hommes adonnés à une superstition nouvelle et nuisible”.

      [Encadré/Illustration, page 237]

      Jésus était-​il un mythe?

      “L’histoire de la vie du fondateur du christianisme est-​elle un produit du chagrin, de l’imagination et de l’espérance des hommes, un mythe comparable aux légendes de Krichna, d’Osiris, d’Attis, d’Adonis, de Dionysos et de Mithra?”, telle est la question soulevée par l’historien Will Durant. Il répond qu’au Ier siècle la négation de l’existence de Christ “paraît ne s’être jamais produite de la part même des païens les plus opposés au christianisme naissant ou de ses adversaires juifs”. — Histoire de la Civilisation: Partie III — César et le Christ.

      L’historien romain Suétone (vers 69-140 de n. è.) déclara à propos de l’empereur Claude dans Vies des 12 Césars: “Il expulsa de Rome des Juifs qui provoquaient perpétuellement des troubles, à l’instigation de Chrestos [Christ].” Cela eut lieu vers l’an 52 (voir Actes 18:1, 2). Remarquez que Suétone ne remettait nullement en cause l’existence de Christ. Sûrs de leur fait et malgré des persécutions qui mettaient leur vie en péril, les premiers chrétiens proclamaient leur foi des plus activement. Il est très improbable qu’ils auraient risqué leur vie pour un mythe. La mort et la résurrection de Jésus avaient eu lieu de leur vivant, et certains d’entre eux en avaient même été les témoins oculaires.

      L’historien Will Durant tire cette conclusion: “Qu’une poignée de gens très simples aient imaginé, au cours d’une seule génération, une personnalité si puissante et si attirante, une éthique si élevée, la vision d’une fraternité humaine si riche en inspirations, serait un miracle plus incroyable qu’aucun de ceux que racontent les évangiles.”

      [Illustration]

      Jésus prêcha et accomplit des miracles dans cette région de la Palestine antique, la Galilée.

      [Encadré/Illustration, page 241]

      Qui a écrit la Bible?

      La Bible des chrétiens se compose de 39 livres pour ce qui est des Écritures hébraïques (voir encadré page 220), que beaucoup appellent Ancien Testament, et de 27 livres pour ce qui est des Écritures grecques chrétiennes, souvent désignées par l’expression Nouveau Testamenti. La Bible est donc une bibliothèque miniature renfermant 66 livres qu’une quarantaine d’hommes écrivirent sur une période de 1 600 ans (de 1513 av. n. è. à 98 de n. è.).

      Les Écritures grecques comptent quatre Évangiles, ou récits rapportant la vie de Jésus et parlant de la bonne nouvelle qu’il prêcha. Deux d’entre eux furent rédigés par des disciples proches de Christ: Matthieu, un collecteur d’impôts, et Jean, un pêcheur. Les deux autres le furent par des croyants du Ier siècle: Marc, et le médecin Luc (Colossiens 4:14). Les Évangiles sont suivis des Actes des Apôtres, écrits par Luc, qui retracent l’activité missionnaire des premiers chrétiens. Ensuite figurent 14 lettres envoyées par l’apôtre Paul à divers chrétiens et congrégations, puis des lettres émanant de Jacques, de Pierre, de Jean et de Jude. Le dernier livre est la Révélation, ou Apocalypse, rédigée par Jean.

      Que tant de personnes, issues de milieux différents, ayant vécu à des époques différentes et baigné dans des cultures différentes, aient produit un livre aussi harmonieux prouve avec force que la Bible n’est pas simplement le fruit de l’intelligence humaine, mais qu’elle fut inspirée par Dieu. Du reste, ne déclare-​t-​elle pas elle-​même: “Toute Écriture est inspirée de Dieu [littéralement “soufflée par Dieu”] et utile pour enseigner.” C’est donc sous l’influence de l’esprit saint, ou force agissante de Dieu, que les Écritures furent rédigées. — 2 Timothée 3:16, 17, Int.

      [Illustration]

      Cette inscription romaine incomplète contenant le nom de Ponce Pilate en latin (deuxième ligne, “IVS PILATVS”) confirme qu’il fut un personnage influent en Palestine, comme le dit la Bible.

      [Note de l’encadré]

      i Les Bibles catholiques comprennent quelques livres supplémentaires, les apocryphes, que ni les Juifs ni les protestants ne considèrent comme canoniques.

      [Encadré, page 245]

      Le Messie dans les prophéties bibliques

      Prophétie Événement Accomplissement

      Gen. 49:10 Né dans la tribu Mat. 1:2-16;

      de Juda Luc 3:23-33

      Ps. 132:11; Dans la famille Mat. 1:1, 6-16;

      És. 9:7 de David, Mt 9:27;

      fils de Jessé Actes 13:22, 23

      Michée 5:2 Né à Bethléhem Luc 2:4-11; Jean 7:42

      És. 7:14 Né d’une vierge Mat. 1:18-23;

      Luc 1:30-35

      Osée 11:1 Appelé d’Égypte Mat. 2:15

      És. 61:1, 2 Chargé d’une mission Luc 4:18-21

      És. 53:4 Porteur de nos Mat. 8:16, 17

      maladies

      Ps. 69:9 Zélé pour la Mat. 21:12, 13;

      maison de Jéhovah Jean 2:13-17

      És. 53:1 Pas cru Jean 12:37, 38;

      Rom. 10:11, 16

      Zach. 9:9; Acclamé en roi Mat. 21:1-9;

      Ps. 118:26 et venant au nom Marc 11:7-11

      de Jéhovah

      És. 28:16; Rejeté, mais devenu Mat. 21:42, 45, 46;

      Ps. 118:22, 23 la maîtresse pierre Actes 3:14; 4:11;

      de l’angle 1 Pierre 2:7

      Ps. 41:9; Trahi par un apôtre Mat. 26:47-50;

      Ps 109:8 Jean 13:18, 26-30

      Zach. 11:12 Trahi pour 30 pièces Mat. 26:15; 27:3-10;

      d’argent Marc 14:10, 11

      És. 53:8 Jugé et condamné Mat. 26:57-68;

      Mt 27:1, 2, 11-26

      És. 53:7 Silencieux devant Mat. 27:12-14;

      ses accusateurs Marc 14:61; 15:4, 5

      Ps. 69:4 Haï sans raison Luc 23:13-25;

      Jean 15:24, 25

      És. 50:6; On le frappa, Mat. 26:67; 27:26, 30;

      Michée 5:1 on lui cracha dessus Jean 19:3

      Ps. 22:18 Sorts jetés pour Mat. 27:35;

      distribuer ses Jean 19:23, 24

      vêtements

      És. 53:12 Compté parmi Mat. 26:55, 56;

      les pécheurs Mt 27:38; Luc 22:37

      Ps. 69:21 Reçut du vinaigre Mat. 27:34, 48;

      et du fiel Marc 15:23, 36

      Ps. 22:1 Abandonné par Dieu Mat. 27:46; Marc 15:34

      Ps. 34:20; Aucun os brisé Jean 19:33, 36

      Ex. 12:46

      És. 53:5; Transpercé Mat. 27:49;

      Zach. 12:10 Jean 19:34, 37;

      Rév. 1:7

      És. 53:5, 8, Mort sacrificielle Mat. 20:28; Jean 1:29;

      És 53:11, 12 pour effacer les Rom. 3:24; 4:25

      péchés

      És. 53:9 Enterré avec les Mat. 27:57-60;

      riches Jean 19:38-42

      Jonas 1:17; Dans la tombe trois Mat. 12:39, 40;

      Yon 2:10 jours, puis Mt 16:21; 17:23;

      ressuscité Mt 27:64

      [Encadré/Illustration, pages 258, 259]

      Jésus et le nom de Dieu

      Quand il enseigna à ses disciples de quelle manière prier, Jésus dit: “Vous devez donc prier ainsi: ‘Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié! Que ton royaume vienne! Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la terre!’” — Matthieu 6:9, 10.

      Jésus savait que le nom de son Père est d’une importance capitale, et il le mettait en évidence. Il déclara à l’adresse de ses ennemis religieux: “Je suis venu au nom de mon Père, mais vous ne me recevez pas; si un autre arrivait en son propre nom, vous le recevriez. (...) Je vous l’ai dit, mais vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père, ce sont elles qui rendent témoignage de moi.” — Jean 5:43; 10:25; Marc 12:29, 30.

      Dans une prière à son Père, Jésus s’exclama: “‘Père, glorifie ton nom.’ Une voix vint donc du ciel: ‘Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore.’”

      Par la suite, Jésus prononça cette autre prière: “J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés, et ils ont observé ta parole. (...) Et je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en union avec eux.” — Jean 12:28; 17:6, 26.

      Jésus étant Juif, le nom de son Père, Jéhovah, ou Yahweh, lui était forcément familier, car il connaissait ces versets: “‘Vous êtes mes témoins’, telle est la déclaration de Jéhovah, ‘oui, mon serviteur que j’ai choisi, afin que vous sachiez et ayez foi en moi, et que vous compreniez que je suis le Même. Avant moi aucun Dieu ne fut formé, et après moi il continua de n’y en avoir aucun. (...) Vous êtes donc mes témoins’, telle est la déclaration de Jéhovah, ‘et je suis Dieu.’” — Ésaïe 43:10, 12.

      Il s’ensuit que Jéhovah choisit les Juifs, en tant que peuple, pour être ses témoins. Comme Jésus était Juif, lui aussi était un témoin de Jéhovah. — Révélation 3:14.

      Il semble qu’au Ier siècle la plupart des Juifs ne prononçaient plus le nom révélé de Dieu. Néanmoins, des manuscrits prouvent que les premiers chrétiens, qui se servaient de la Septante, la traduction grecque des Écritures hébraïques, voyaient le Tétragramme hébreu reproduit dans le texte grec. George Howard, professeur de religion et d’hébreu, déclare: “Comme la Septante utilisée et citée par l’Église du Nouveau Testament contenait le nom divin sous sa forme hébraïque, les rédacteurs du Nouveau Testament ont sans doute conservé le Tétragramme dans leurs citations. Mais quand la forme hébraïque du nom divin a été [par la suite] abandonnée en faveur de divers termes suppléants, il a aussi disparu des passages du Nouveau Testament qui citaient la Septante.”

      Le professeur Howard en déduit que les chrétiens du Ier siècle devaient clairement comprendre des textes comme Matthieu 22:44, dans lequel Jésus citait les Écritures hébraïques à ses ennemis. Howard dit: “L’Église du Ier siècle lisait probablement: ‘YHWH a dit à mon Seigneur’” au lieu de la version postérieure: “‘Le Seigneur a dit à mon Seigneur’, (...) qui est aussi ambiguë qu’imprécise.” — Psaume 110:1.

      Jésus employait le nom divin; on en a la preuve en ce que des Juifs, des siècles après sa mort, l’accusèrent d’avoir accompli des miracles “seulement parce qu’il s’était rendu maître du nom ‘secret’ de Dieu”. — Le livre de la connaissance juive (angl.).

      Il est certain que Jésus connaissait le nom unique de Dieu. Il l’utilisait sûrement malgré la tradition juive en vigueur à l’époque. Il ne permit pas à des traditions humaines de prendre le pas sur la loi de Dieu. — Marc 7:9-13; Jean 1:1-3, 18; Colossiens 1:15, 16.

      [Illustration]

      Fragment de papyrus (Ier siècle av. n. è.) montrant le nom de Dieu en hébreu dans la Septante grecque.

      [Illustrations, page 238]

      Jésus se servit de nombreuses illustrations pour enseigner: il parla entre autres de semailles, de moisson, de pêche, d’une perle, de troupeaux et d’une vigne (Matthieu 13:3-47; 25:32).

      [Illustration, page 243]

      Grâce à la puissance de Dieu, Jésus accomplit de nombreux miracles; un jour, il calma une tempête.

      [Illustration, page 246]

      Le Tétragramme, ou quatre consonnes YHWH (Jéhovah).

      [Illustration, page 251]

      Le récit de la résurrection de Lazare ne mentionne nullement ni même ne laisse entendre que celui-ci avait une âme immortelle.

      [Illustration, page 253]

      Pierre, Jacques et Jean savaient que l’approbation de Jésus par Dieu ne relevait pas d’un mythe; ils en avaient vu et entendu la preuve lors de la transfiguration.

  • L’apostasie: Une barrière sur le chemin menant à Dieu
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 11

      L’apostasie: Une barrière sur le chemin menant à Dieu

      1, 2. a) Pourquoi les 400 premières années de l’histoire de la chrétienté sont-​elles importantes? b) Quelle vérité Jésus énonça-​t-​il à propos du choix qui s’offre à nous?

      LES 400 premières années de l’histoire de la chrétienté sont de toute première importance. Pourquoi? Pour la même raison que les premières années de la vie d’un enfant sont très importantes; ce sont des années de formation qui posent le fondement de sa personnalité future. Que révèlent donc les premiers siècles de la chrétienté?

      2 Avant de répondre à cette question, rappelons-​nous une vérité énoncée par Jésus Christ: “Entrez par la porte étroite; car large et spacieuse est la route qui mène à la destruction, et nombreux sont ceux qui entrent par elle; mais étroite est la porte et resserrée la route qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui la trouvent.” La route de l’opportunisme est large; celle des principes justes est étroite. — Matthieu 7:13, 14.

      3. Quelle était l’alternative dans les débuts du christianisme?

      3 Dans les débuts du christianisme, deux chemins s’ouvraient à ceux qui embrassaient cette religion impopulaire: soit adhérer aux enseignements et aux principes du Christ et des Écritures, lesquels ne souffrent aucun compromis; soit emprunter le chemin large et facile du compromis avec le monde de l’époque. Comme nous allons le voir, l’histoire des quatre premiers siècles de notre ère révèle quel chemin la majorité finit par choisir.

      L’attrait de la philosophie

      4. D’après l’historien Durant, quelle influence la Rome païenne eut-​elle sur l’Église primitive?

      4 L’historien Will Durant explique: “Elle [la synthèse chrétienne] ne se réduisit pas, en effet, aux emprunts de l’Église à d’autres coutumes et formes religieuses courantes dans la Rome [païenne] antérieure au christianisme; l’étole et d’autres vêtements de prêtres païens, l’usage de l’encens et de l’eau sacrée (bénite) pour les purifications, les cierges et la lumière perpétuellement allumée devant l’autel, l’adoration des saints, l’architecture de la basilique, le droit romain à la base du droit canon, le titre de pontifex maximus pour le souverain pontife, et, au IVe siècle, la langue latine (...). De bonne heure, les évêques, plutôt que les préfets romains, seront les dispensateurs de l’ordre et les agents du pouvoir dans les cités; les métropolitains ou archevêques supporteront, s’ils ne les supplantent, les gouverneurs provinciaux, et le synode des évêques succédera à l’assemblée provinciale. L’Église chrétienne suivit les traces de l’État romain.” — Histoire de la Civilisation: Partie III — César et le Christ.

      5. En quoi les compromis de l’Église avec le monde romain païen tranchent-​ils avec les écrits chrétiens?

      5 Cette propension aux compromis avec le monde romain contraste très vivement avec les enseignements du Christ et des apôtres. (Voir l’encadré de la page 262.) L’apôtre Pierre donna ce conseil: “Bien-aimés, (...) je réveille, par un rappel, votre faculté de réfléchir lucidement, pour que vous vous souveniez des paroles énoncées à l’avance par les saints prophètes et du commandement du Seigneur et Sauveur, transmis par vos apôtres. Vous donc, bien-aimés, possédant cette connaissance anticipée, soyez sur vos gardes, de peur que vous ne vous laissiez entraîner avec eux par l’erreur des gens qui bravent la loi et que vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté.” Quant à Paul, il fit cette exhortation sans équivoque: “Ne formez pas avec les incroyants un attelage mal assorti. En effet, quels rapports y a-​t-​il entre la justice et le mépris de la loi? Ou quelle association y a-​t-​il entre la lumière et les ténèbres? (...) ‘“C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et séparez-​vous”, dit Jéhovah, “et ne touchez plus à la chose impure”’; ‘“et je vous accueillerai.”’” — 2 Pierre 3:1, 2, 17; 2 Corinthiens 6:14-17; Révélation 18:2-5.

      6, 7. a) Quelle influence la philosophie grecque exerça-​t-​elle sur les “pères” de l’Église primitive? b) Dans quels enseignements l’influence grecque était-​elle particulièrement perceptible? c) Quel avertissement Paul lança-​t-​il à propos de la philosophie?

      6 Malgré ces mises en garde précises, les chrétiens apostats du IIe siècle adoptèrent l’apparat de la religion romaine païenne. Ils s’écartèrent de la pureté de leurs origines bibliques pour se revêtir du vêtement et des titres qu’arboraient les païens romains, et pour s’imprégner de philosophie grecque. Le professeur Wolfson, de l’Université Harvard, explique dans Le creuset du christianisme (angl.) qu’au IIe siècle un flot de “Gentils ayant reçu une formation philosophique” se convertit au christianisme. Ces admirateurs de la sagesse des Grecs pensaient qu’il existait des points communs entre la philosophie grecque et les enseignements des Écritures. Wolfson poursuit: “Quelquefois, chacun à sa manière, ils ont énoncé l’idée que la philosophie est un don spécial de Dieu aux Grecs au moyen de la raison humaine, au même titre qu’il gratifia les Juifs de l’Écriture au moyen de la révélation directe.” Et ce professeur d’ajouter: “Les Pères de l’Église (...) entreprirent de montrer systématiquement que derrière le langage simple dans lequel l’Écriture se plaît à s’exprimer se cachent les enseignements des philosophes exposés dans les termes techniques obscurs qu’ils inventaient dans leur Académie, leur Lycée et leur Portique [des centres de discussion philosophique].”

      7 Une telle attitude laissait la porte ouverte à l’infiltration de la philosophie et de la terminologie grecque dans les enseignements de la chrétienté, particulièrement la doctrine de la Trinité et la croyance à une âme immortelle. Wolfson déclare à ce propos: “Les Pères [de l’Église] se mirent à rechercher dans la terminologie philosophique deux termes techniques adaptés, l’un pour désigner la réalité selon laquelle chaque membre de la Trinité est une personne distincte, l’autre pour signifier leur unité commune sous-jacente.” Ils durent cependant admettre que “la conception d’un Dieu trine est un mystère que la raison humaine est incapable de résoudre”. À l’opposé, Paul avait clairement perçu le danger d’une telle contamination et d’une telle ‘perversion de la bonne nouvelle’ quand il écrivit aux chrétiens galates et colossiens: “Prenez garde qu’il ne se trouve quelqu’un qui vous emporte comme une proie au moyen de la philosophie [grec philosophias] et de vaines tromperies, selon la tradition des hommes, selon les choses élémentaires du monde, et non selon Christ.” — Galates 1:7-9; Colossiens 2:8; 1 Corinthiens 1:22, 23.

      La résurrection rendue nulle

      8. Avec quelle énigme l’homme s’est-​il toujours débattu, et comment la plupart des religions se sont-​elles efforcées de la résoudre?

      8 Comme nous l’avons constaté tout au long de ce livre, l’homme s’est toujours débattu avec l’énigme que pose la brièveté de son existence, qui prend fin avec la mort. Un écrivain allemand, Gerhard Herm, a déclaré dans son livre intitulé Les Celtes — Le peuple qui est sorti des ténèbres (all.): “Entre autres, la religion s’efforce aussi de faire accepter aux croyants l’idée qu’ils doivent mourir. Elle peut y parvenir en leur promettant une vie meilleure outre-tombe, une renaissance, ou les deux.” Presque toutes les religions tournent autour de la croyance selon laquelle l’âme humaine est immortelle et se rend dans un autre monde ou transmigre dans une autre créature à la mort.

      9. À quelle conclusion le philosophe espagnol Miguel de Unamuno est-​il parvenu quant à savoir si Jésus croyait à la résurrection?

      9 Aujourd’hui, la plupart des religions de la chrétienté partagent cette croyance. Miguel de Unamuno, un éminent philosophe espagnol du XXe siècle, a écrit à propos de Jésus: “Peut-être croyait-​il à la résurrection de la chair [comme celle de Lazare (voir les pages 249 à 252)] à la façon judaïque, non à l’immortalité de l’âme à la façon platonicienne [grecque] (...). On en peut trouver des preuves dans n’importe quel livre d’exégèse honnête.” Il conclut: “L’immortalité de l’âme (...) est un dogme philosophique païen.” (L’agonie du christianisme). Ce “dogme philosophique païen” s’infiltra dans l’enseignement de la chrétienté, alors que manifestement le Christ n’y souscrivait nullement. — Matthieu 10:28; Jean 5:28, 29; 11:23, 24.

      10. Quelles furent quelques-unes des conséquences de la croyance à l’immortalité de l’âme?

      10 La subtile influence de la philosophie grecque constitua un facteur déterminant de l’expansion de l’apostasie qui suivit la mort des apôtres. Dans le droit fil de l’enseignement grec de l’immortalité de l’âme, il fallut trouver à cette dernière diverses destinations: le ciel, l’enfer de feu, le purgatoire, le paradis, les limbesa. La classe sacerdotale, qui jonglait avec de tels enseignements, n’eut alors aucun mal à tenir ses ouailles dans la soumission, dans la crainte de l’au-delà, ni à leur extorquer toutes sortes de dons. Ceci nous amène à soulever une autre question: Comment la chrétienté s’est-​elle dotée d’une classe sacerdotale distincte? — Jean 8:44; 1 Timothée 4:1, 2.

      Formation du clergé

      11, 12. a) Dans quoi l’apostasie transparut-​elle encore? b) Quel rôle les apôtres et les anciens de Jérusalem jouaient-​ils?

      11 L’apostasie transparut dans un autre changement: le ministère confié à tous les chrétiens, selon ce que Jésus et les apôtres avaient enseigné, devint l’apanage de la prêtrise hiérarchisée qui se mettait en place dans la chrétienté (Matthieu 5:14-16; Romains 10:13-15; 1 Pierre 3:15). Au Ier siècle, après la mort de Jésus, c’étaient ses apôtres ainsi que d’autres chrétiens, les anciens de Jérusalem ayant les qualités spirituelles requises, qui conseillaient et dirigeaient la congrégation chrétienne. Aucun d’eux ne s’élevait au-dessus des autres. — Galates 2:9.

      12 En 49 de notre ère, ils durent se réunir à Jérusalem pour régler des questions qui touchaient l’ensemble des chrétiens. Le récit biblique rapporte qu’après avoir discuté franchement, “les apôtres et les anciens [présbutéroï], ainsi que toute la congrégation, jugèrent bon d’envoyer à Antioche, avec Paul et Barnabas, des hommes choisis parmi eux, (...) et ils écrivirent ceci par leur main: ‘Les apôtres et les anciens, vos frères, à ceux des frères d’Antioche, de Syrie et de Cilicie qui viennent des nations, salut!’” De toute évidence, les apôtres et les anciens formaient un instrument chargé de diriger et d’administrer les congrégations chrétiennes disséminées. — Actes 15:22, 23.

      13. a) Quelle disposition était prise pour assurer la surveillance directe de chacune des congrégations chrétiennes au Ier siècle? b) Quelles étaient les conditions requises des anciens dans les congrégations?

      13 Si au départ du christianisme il était prévu qu’un collège central résidant à Jérusalem dirige la totalité des croyants, comment ces derniers étaient-​ils dirigés dans chaque congrégation? Une lettre de Paul à Timothée atteste que les congrégations étaient pourvues de surveillants (grec épiskopoï, qui a donné le mot “épiscopal”), qui étaient des anciens (présbutéroï) au sens spirituel, des hommes que leur conduite et leur spiritualité rendaient aptes à enseigner leurs compagnons chrétiens (1 Timothée 3:1-7; 5:17). Au Ier siècle, ces hommes ne composaient pas un clergé séparé des laïcs. Ils ne portaient pas de vêtements distinctifs. C’était leur spiritualité qui les distinguait. En fait, chaque congrégation comprenait un collège d’anciens (surveillants); elle ne subissait pas la domination monarchique d’un seul homme. — Actes 20:17; Philippiens 1:1.

      14. a) Comment les surveillants chrétiens finirent-​ils par céder la place aux évêques de la chrétienté? b) Qui brigua la primauté parmi les évêques?

      14 Ce n’est qu’avec le temps que le mot épiskoposb (surveillant, intendant) fut converti en “évêque”, au sens de prêtre ayant juridiction sur les autres membres du clergé dans son diocèse. Bernardino Llorca, un jésuite espagnol, explique: “Au début, on ne faisait pas assez la distinction entre les évêques et les presbytres; on ne s’attachait qu’à la signification des termes: évêque est l’équivalent d’intendant; presbytre est l’équivalent d’ancien. (...) Mais petit à petit, la distinction se précisa. Le nom d’évêque en vint à désigner les intendants les plus importants, revêtus de l’autorité sacerdotale suprême, dotés de la faculté d’imposer les mains et de conférer la prêtrise.” (Historia de la Iglesia Católica). En fait, l’épiscopat devint une sorte de système monarchique, surtout à partir du début du IVe siècle. Une hiérarchie ou corps dirigeant d’ecclésiastiques fut instituée, et pour finir l’évêque de Rome, qui se prétendait le successeur de Pierre, fut reconnu par beaucoup comme évêque suprême et pape.

      15. Quel gouffre sépare le mode de direction des premiers chrétiens de celui de la chrétienté?

      15 Aujourd’hui, dans les différentes Églises de la chrétienté, les évêques sont nantis de prestige et de pouvoir, ils sont généralement bien rémunérés et font souvent partie de l’élite dirigeante de leur nation. Mais un monde sépare leur position élevée et altière de la simplicité avec laquelle les congrégations chrétiennes primitives étaient organisées sous la direction du Christ puis des anciens, ou surveillants. Que dire du gouffre qui démarque Pierre de ses soi-disant successeurs, qui depuis longtemps règnent dans le cadre somptueux du Vatican? — Luc 9:58; 1 Pierre 5:1-3.

      Pouvoir et prestige du pape

      16, 17. a) Comment savons-​nous que la première congrégation de Rome n’était pas dirigée par un évêque ou un pape? b) Comment en vint-​on à employer le titre “pape”?

      16 Au nombre des premières congrégations, qui acceptaient la direction des apôtres et des anciens de Jérusalem, figurait celle de Rome. La vérité chrétienne avait probablement gagné cette ville peu après la Pentecôte de l’an 33 (Actes 2:10). Comme n’importe quelle autre congrégation chrétienne de l’époque, celle de Rome avait des anciens, organisés en un collège de surveillants au sein duquel aucun membre ne détenait la primauté. Il est indubitable qu’aucun des premiers surveillants de la congrégation de Rome n’était considéré par ses contemporains comme un évêque ou comme un pape, car l’épiscopat monarchique n’existait pas encore. Il est difficile de déterminer quel fut le point de départ exact de l’épiscopat monarchique, ou d’un seul homme, mais les faits indiquent qu’il commença à voir le jour au IIe siècle. — Romains 16:3-16; Philippiens 1:1.

      17 Le titre “pape” (du grec papas, père) ne fut pas employé pendant les deux premiers siècles de notre ère. Michael Walsh, un ancien jésuite, déclare: “Il semble qu’il fallut attendre le IIIe siècle pour qu’un évêque de Rome soit appelé ‘pape’; ce titre fut conféré au pape Calliste (...). À la fin du Ve siècle, le titre ‘pape’ désignait d’ordinaire l’évêque de Rome et personne d’autre. Toutefois, c’est seulement au XIe siècle qu’un pape put exiger que ce titre ne s’applique qu’à lui seul.” — Histoire illustrée des papes (angl.).

      18. a) Qui fut l’un des premiers évêques de Rome à imposer son autorité? b) Sur quoi repose la prétention papale à la primauté? c) Comment faut-​il comprendre Matthieu 16:18, 19?

      18 L’un des premiers évêques de Rome à imposer son autorité fut Léon Ier (pape de 440 à 461 de n. è.). Michael Walsh poursuit: “Léon s’appropria le titre autrefois païen de pontifex maximus, que s’attribuent encore les papes aujourd’hui et que portèrent les empereurs romains jusque vers la fin du IVe siècle.” Léon Ier se justifiait en s’appuyant sur l’interprétation catholique des paroles de Jésus contenues en Matthieu 16:18, 19. (Voir l’encadré de la page 268.) Il “déclara que puisque saint Pierre était le premier parmi les apôtres, l’Église de saint Pierre devait se voir accorder la primauté parmi les Églises”. (Les religions de l’humanité [angl.].) Par cette manœuvre, Léon Ier établissait clairement que si l’empereur détenait le pouvoir temporel à Constantinople, en Orient, pour sa part, il exerçait le pouvoir spirituel depuis Rome, en Occident. La réalité de ce pouvoir fut ensuite démontrée quand le pape Léon III couronna Charlemagne empereur du Saint Empire romain en l’an 800.

      19, 20. a) Comment considère-​t-​on le pape à notre époque? b) Quels sont quelques-uns des titres officiels que porte le pape? c) Quel contraste la conduite des papes offre-​t-​elle avec celle de Pierre?

      19 Depuis 1929, les gouvernements considèrent le pape de Rome comme le dirigeant d’un État souverain distinct, la cité du Vatican. C’est pourquoi l’Église catholique romaine est la seule organisation religieuse habilitée à envoyer des représentants diplomatiques, les nonces, auprès des différents gouvernements du monde (Jean 18:36). On décerne au pape de nombreux titres, tels Vicaire de Jésus Christ, Successeur du Prince des Apôtres, Pontife suprême de l’Église universelle, Patriarche d’Occident, Primat d’Italie, Souverain de l’État de la Cité du Vatican. On le déplace en grande pompe, et on lui assigne les mêmes honneurs qu’à un chef d’État. Par contraste, remarquez quelle fut la réaction de Pierre, censément le premier pape et évêque de Rome, quand le centurion romain Corneille tomba à ses pieds pour lui rendre hommage: “Pierre le releva en disant: ‘Lève-​toi; moi aussi, je ne suis qu’un homme.’” — Actes 10:25, 26; Matthieu 23:8-12.

      20 La question est à présent de savoir comment l’Église apostate des premiers siècles acquit autant de pouvoir et de prestige. Comment la simplicité, l’humilité du Christ et des premiers chrétiens cédèrent-​elles la place à l’orgueil et au faste de la chrétienté?

      Le fondement de la chrétienté

      21, 22. Quel changement notable est censé s’être produit dans la vie de Constantin, et comment l’exploita-​t-​il?

      21 La nouvelle religion apparue dans l’Empire romain connut un tournant décisif en 313 de notre ère: cette année-​là eut lieu la prétendue conversion de l’empereur Constantin au “christianisme”. Comment en était-​il venu à se convertir? En 306, Constantin avait succédé à son père; il finit par diriger l’Empire romain aux côtés de Licinius. Il était influencé par la dévotion de sa mère pour le christianisme et par sa propre croyance en la protection divine. Avant d’aller livrer une bataille près de Rome, au pont Milvius, en 312, il prétendit avoir reçu en rêve la consigne de peindre le monogramme “chrétien” — les lettres grecques khi et rhô, les deux premières du nom Christ en grec — sur les boucliers de ses soldatsc. Protégées par ce ‘talisman sacré’, les forces de Constantin vainquirent son ennemi, Maxence.

      22 Peu après avoir gagné cette bataille, Constantin prétendit être devenu croyant, mais il attendit d’être à l’article de la mort pour se faire baptiser, quelque 24 ans plus tard. Il gagna encore le soutien des “chrétiens” de son empire de par “son adoption du Khi-Rhô [[Graphisme — Caractères grecs] deux lettres grecques] comme emblème (...). Le Khi-Rhô avait néanmoins déjà été utilisé en ligature [assemblage de lettres] tant dans des contextes païens que chrétiens”. — Le creuset du christianisme, édité par Arnold Toynbee.

      23. a) Selon un commentateur, quand la chrétienté vit-​elle le jour? b) Pourquoi peut-​on affirmer que le Christ n’a pas fondé la chrétienté?

      23 Ainsi, le fondement de la chrétienté était posé. À ce sujet, Malcolm Muggeridge, auteur britannique, a écrit dans son livre La fin de la chrétienté (angl.): “La chrétienté vit le jour avec l’empereur Constantin.” Il précisait toutefois sa pensée par ce commentaire perspicace: “On pourrait même dire que Christ a personnellement aboli la chrétienté avant qu’elle ne voie le jour lorsqu’il déclara que son royaume ne faisait pas partie de ce monde; c’était l’une de ses déclarations les plus lourdes de conséquences et les plus importantes.” On pourrait ajouter: et l’une des plus universellement méconnues par les chefs religieux et politiques de la chrétienté. — Jean 18:36.

      24. Quel changement la “conversion” de Constantin provoqua-​t-​elle dans l’Église?

      24 Avec le soutien de Constantin, la religion de la chrétienté devint la religion officielle de l’État romain. Élaine Pagels, professeur de religion, explique: “Les évêques chrétiens, autrefois susceptibles d’être arrêtés, torturés puis exécutés, étaient maintenant exemptés d’impôt, recevaient des dons du trésor impérial, et possédaient prestige et même influence à la cour; leurs églises acquéraient de nouvelles richesses, du pouvoir et imposaient le respect.” Ils étaient devenus les amis de l’empereur, les amis du monde romain. — Jacques 4:4.

      Constantin, l’hérésie et l’orthodoxie

      25. a) Quel débat théologique faisait rage à l’époque de Constantin? b) Avant le IVe siècle, comment concevait-​on les relations qui unissent le Christ à son Père?

      25 Pourquoi la “conversion” de Constantin fut-​elle déterminante? Parce qu’il était empereur, et qu’en tant que tel il exerça une puissante emprise dans les affaires de l’Église “chrétienne”, divisée sur sa doctrine. Or, Constantin voulait unifier son empire. À l’époque, les évêques de langue grecque et ceux de langue latine étaient déchirés par un débat sur “la relation entre la ‘Parole’ ou ‘Fils’ de ‘Dieu’ qui avait été incarné en Jésus, et ‘Dieu’ lui-​même, dorénavant appelé ‘le Père’ — son nom, Yahweh, ayant été généralement oublié”. (The Columbia History of the World.) Certains penchaient pour le point de vue que corroborait la Bible, c’est-à-dire que le Christ, le Logos, avait été créé et était par conséquent subordonné au Père (Matthieu 24:36; Jean 14:28; 1 Corinthiens 15:25-28). Parmi ceux-là figurait Arius, un prêtre d’Alexandrie, en Égypte. Un professeur de théologie, R. Hanson, déclare: “Avant que n’éclate la controverse arienne [au IVe siècle], on ne trouve aucun théologien, ni dans l’Église d’Orient ni dans l’Église d’Occident, qui ne tienne pas d’une façon ou d’une autre le Fils pour subordonné au Père.” — La recherche de la doctrine chrétienne sur Dieu (angl.).

      26. Où en était l’enseignement de la Trinité au début du IVe  siècle?

      26 Pour d’autres, la subordination du Christ à Dieu était une hérésie; ils préféraient adorer Jésus comme “Dieu incarné”. Pourtant, le professeur Hanson affirme que la période en question (le IVe siècle) “n’était pas l’histoire de la défense d’une orthodoxie [trinitaire] acceptée et établie contre les assauts d’une hérésie notoire [l’arianisme]. À l’égard du sujet discuté au départ, il n’existait jusqu’alors aucune doctrine orthodoxe”. Il poursuit: “Tous les partis étaient persuadés que l’autorité de l’Écriture prêchait en leur faveur. Chacun reprochait aux autres de ne se conformer ni à l’orthodoxie, ni à la tradition, ni à l’Écriture.” Cette question théologique divisait profondément les rangs du clergé. — Jean 20:17.

      27. a) Que fit Constantin dans l’intention de clore le débat sur la nature de Jésus? b) Le concile de Nicée était-​il vraiment représentatif de l’Église? c) Le Credo de Nicée mit-​il un terme à la controverse portant sur la doctrine de la Trinité qui prenait forme?

      27 Comme Constantin désirait unifier son empire, en 325 il convoqua ses évêques en concile à Nicée, située dans la partie orientale de son domaine et au sud du Bosphore par rapport à la nouvelle ville de Constantinople. On y parlait le grec. Entre 250 et 318 évêques s’y seraient rendus, soit une minorité seulement, et la plupart venaient des régions où l’on parlait le grec. Même le pape Sylvestre Ier était absentd. Au prix d’âpres débats, ce concile, qui n’était somme toute pas vraiment représentatif, fixa le Credo de Nicée qui inclinait nettement vers la pensée trinitaire. Cependant, il ne régla pas la controverse doctrinale. Il n’éclaircit pas le rôle de l’esprit saint de Dieu dans la théologie trinitaire. Le débat se poursuivit des décennies durant, et il fallut pour obtenir l’adhésion de tous recourir à d’autres conciles, à l’autorité de différents empereurs et au bannissement. C’était une victoire pour la théologie, mais une défaite pour ceux qui s’en tenaient aux Écritures. — Romains 3:3, 4.

      28. a) Quels furent quelques-uns des corollaires de la doctrine de la Trinité? b) Pourquoi rien dans la Bible n’autorise-​t-​il à vénérer Marie comme la “Mère de Dieu”?

      28 Les siècles passant, l’une des conséquences de l’enseignement de la Trinité fut que l’image exacte du seul vrai Dieu Jéhovah se perdit dans le dédale de la théologie Christ-Dieu de la chrétientée. Un autre corollaire de cette théologie fut que si Jésus était vraiment Dieu incarné, la mère de Jésus, Marie, devenait logiquement la “Mère de Dieu”. Avec le temps, cette conclusion amena les “chrétiens” à pratiquer différentes formes de vénération mariale, en dépit de l’absence de tout texte attribuant quelque rôle important à Marie, sinon celui de l’humble mère biologique de Jésusf (Luc 1:26-38, 46-56). Au cours des siècles, l’Église catholique romaine affina et enjoliva son enseignement faisant de Marie la Mère de Dieu, à tel point que nombre de catholiques vénèrent aujourd’hui Marie avec bien plus de ferveur qu’ils n’adorent Dieu.

      Les schismes de la chrétienté

      29. Contre quoi Paul mit-​il les chrétiens en garde?

      29 Une autre caractéristique de l’apostasie est qu’elle engendre la division. L’apôtre Paul avait prophétisé: “Je sais qu’après mon départ il s’introduira parmi vous des loups tyranniques qui ne traiteront pas le troupeau avec tendresse, et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui proféreront des choses tortueuses, afin d’entraîner les disciples à leur suite.” Paul avait donné aux Corinthiens des conseils précis à cet égard: “Or je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus Christ, à parler tous en parfait accord, et à ce qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous, mais que vous soyez étroitement unis dans le même esprit et dans la même pensée.” Malgré l’exhortation de Paul, l’apostasie et les divisions ne tardèrent pas à prendre racine. — Actes 20:29, 30; 1 Corinthiens 1:10.

      30. Quelle situation se développa rapidement dans l’Église primitive?

      30 Quelques décennies après la mort des apôtres, des schismes s’étaient déjà déclarés parmi les chrétiens. Will Durant explique: “Celse [un opposant au christianisme du IIe siècle] lui-​même avait remarqué, sarcastique, que les chrétiens étaient ‘partagés en maintes factions, chaque individu désirant avoir son propre parti’. Vers 187, Irénée faisait une liste de vingt variétés de christianisme; vers 384, Épiphane en comptera quatre-vingts.” — Histoire de la Civilisation: Partie III — César et le Christ.

      31. Qu’est-​ce qui provoqua une division radicale dans l’Église catholique?

      31 Constantin favorisa la partie orientale et grecque de son empire en faisant bâtir une nouvelle capitale immense sur un site qui fait aujourd’hui partie de la Turquie. Il l’appela Constantinople (l’actuelle Istanbul). La conséquence en fut qu’au fil des siècles l’Église catholique se divisa radicalement tant en fonction de la langue que de la géographie, la Rome latine d’Occident s’opposant à la Constantinople d’expression grecque en Orient.

      32, 33. a) Quels autres facteurs de division déchirèrent la chrétienté? b) Que dit la Bible à propos de l’usage des images dans le culte?

      32 La chrétienté était toujours secouée par des débats sur différents aspects de la Trinité, qui n’était pas encore définitivement établie. On tint un autre concile en 451 à Chalcédoine pour définir le caractère des “natures” du Christ. L’Occident accepta le credo rédigé par ce concile, mais les Églises d’Orient le rejetèrent, ce qui provoqua la formation de l’Église copte en Égypte et en Abyssinie, et des Églises “jacobites” de Syrie et d’Arménie. En outre, l’unité de l’Église catholique était constamment menacée par des divisions portant sur d’abstruses questions théologiques, qui avaient surtout rapport à la définition de la doctrine de la Trinité.

      33 Une autre cause de division fut la vénération des images. Au VIIIe siècle, les évêques d’Orient s’insurgèrent contre cette forme d’idolâtrie; ils entrèrent alors dans ce qu’on dénomme leur période iconoclaste, ou de destruction des images. Avec le temps, ils retournèrent à l’usage des icônes. — Exode 20:4-6; Ésaïe 44:14-18.

      34. a) Qu’est-​ce qui provoqua un désaccord majeur dans l’Église catholique? b) Comment ce désaccord se termina-​t-​il?

      34 Une nouvelle grande épreuve survint quand l’Église d’Occident ajouta le mot latin filioque (“et du Fils”) au Credo de Nicée pour indiquer que le Saint-Esprit procédait à la fois du Père et du Fils. Finalement, cette addition datant du VIe siècle aboutit à un désaccord quand “en 876 un synode [d’évêques] réuni à Constantinople condamna le pape d’une part en raison de ses activités politiques, d’autre part parce qu’il ne corrigeait pas la clause du filioque, qui constituait une hérésie. Cette action était un aspect du rejet total par l’Orient de la prétention du pape à la juridiction universelle sur l’Église”. (Les religions de l’humanité.) En 1054, le représentant du pape excommunia le patriarche de Constantinople, qui riposta en maudissant le pape. Cette scission fut à l’origine de la formation des Églises orthodoxes d’Orient — grecque, russe, roumaine, polonaise, bulgare, serbe, et d’autres Églises autocéphales.

      35. Qui étaient les Vaudois, et en quoi leurs croyances différaient-​elles de celles de l’Église catholique?

      35 Un autre mouvement commença à son tour à perturber l’Église. Au XIIe siècle, Pierre Waldo, originaire de Lyon, “recruta quelques érudits pour lui traduire la Bible en langue d’oc [un dialecte du sud de la France]. Il étudia cette traduction avec soin et en conclut que les chrétiens devraient vivre comme les apôtres, sans propriété individuelle”. (L’Âge de la Foi, Will Durant.) Il fonda un mouvement de prédicateurs qui devinrent connus sous le nom de Vaudois. Ceux-ci rejetaient la prêtrise catholique, les indulgences, le purgatoire, la transsubstantiation et d’autres pratiques et croyances catholiques. Ils se répandirent dans d’autres pays. Le concile de Toulouse tenta d’enrayer leur expansion en 1229 en interdisant la possession de livres des Écritures. Seuls les livres de liturgie étaient autorisés, et seulement en latin, une langue morte. Mais la division et la persécution religieuse n’en demeurèrent pas là.

      Persécution des Albigeois

      36, 37. a) Qui étaient les Albigeois, et à quoi croyaient-​ils? b) Quelle répression les Albigeois subirent-​ils?

      36 Un autre mouvement prit naissance au XIIe siècle dans le sud de la France: celui des Albigeois (aussi appelés cathares), ainsi nommés d’après la ville d’Albi, où ce mouvement comptait de nombreux adeptes. Ils avaient leur propre clergé célibataire, qui entendait être salué révérencieusement. Ils croyaient que Jésus avait parlé par figure quand, lors de son dernier souper, il avait dit du pain: “Ceci est mon corps.” (Matthieu 26:26, Ce). Ils rejetaient les doctrines de la Trinité, de la naissance virginale de Jésus, de l’enfer de feu et du purgatoire. Ils critiquaient donc activement les enseignements de Rome. C’est pourquoi le pape Innocent III donna des instructions pour qu’on persécute les Albigeois. “S’il est nécessaire, précisa-​t-​il, vous pouvez demander aux princes et au peuple de les exterminer par l’épée.”

      37 On organisa donc une croisade contre les “hérétiques”. À Béziers, les croisés catholiques massacrèrent 20 000 hommes, femmes et enfants. Après que bien du sang eut été versé et que les Albigeois furent vaincus, la paix fut établie en 1229. Le concile de Narbonne “interdit à tout laïc de posséder n’importe quel livre de la Bible”. À l’évidence, les difficultés de l’Église catholique étaient dues à l’existence de traductions de la Bible dans la langue du peuple.

      38. Qu’était l’Inquisition, et comment fonctionnait-​elle?

      38 L’Église prit une autre mesure: elle mit en place l’Inquisition, un tribunal destiné à juguler l’hérésie. Le peuple était déjà pétri d’intolérance; il était superstitieux et prêt à lyncher et à exterminer les “hérétiques”. Les conditions qui régnaient au XIIIe siècle se prêtaient à des abus de pouvoir de la part de l’Église. Néanmoins, “les hérétiques condamnés par l’Église devaient être livrés au ‘bras séculier’ — les autorités locales — et brûlés”. (L’Âge de la Foi.) En laissant aux autorités séculières le soin de procéder aux exécutions, l’Église se donnait l’apparence de ne pas avoir de sang sur les mains. L’Inquisition inaugura une ère de persécution religieuse qui se traduisit par de mauvais traitements, de fausses accusations, des dénonciations anonymes, des meurtres, des vols, la torture et la mort lente de milliers de gens qui osaient croire à autre chose qu’aux enseignements de l’Église. La liberté religieuse était bafouée. Restait-​il un espoir pour les humains qui recherchaient le vrai Dieu? Le chapitre 13 répondra à cette question.

      39. Quel mouvement religieux prit naissance au VIIe siècle, et de quelle façon?

      39 Pendant que la chrétienté essuyait tous ces déboires, au Moyen-Orient un Arabe s’élevait seul contre l’apathie religieuse et l’idolâtrie de son peuple. Il fonda au VIIe siècle un mouvement religieux auquel obéissent et se soumettent aujourd’hui près d’un milliard d’humains. Ce mouvement est l’islām. Le prochain chapitre, consacré à l’histoire de son prophète-fondateur, explique certains de ses enseignements ainsi que leur origine.

      [Notes]

      a Les expressions “âme immortelle”, “enfer de feu”, “purgatoire” et “limbes” ne figurent nulle part dans les textes originaux hébreu et grec de la Bible. Par contre, le mot grec rendu par “résurrection” (anastasis) y apparaît 42 fois.

      b Le mot grec épiskopos signifie littéralement ‘celui qui surveille’. En latin, il est devenu episcopus, après quoi il a donné “évêque” en français.

      c Une légende populaire veut que Constantin ait eu la vision d’une croix, accompagnée de ces paroles en latin: “In hoc signo vinces” (Par ce signe tu vaincras). Certains historiens sont d’avis qu’il lut plus probablement en grec “En toutoï nika” (En cela conquiers). Certains érudits mettent cette légende en doute parce qu’elle contient des anachronismes.

      d Un dictionnaire (The Oxford Dictionary of Popes) dit à propos de Sylvestre Ier: “Bien qu’il fût pape pendant presque vingt-deux ans sous le règne de Constantin le Grand (306-337), une période déterminante pour l’Église, il semble avoir joué un rôle insignifiant dans les grands événements qui se déroulaient. (...) Constantin se confiait certainement à des évêques, qu’il consultait pour mener sa politique ecclésiastique; mais [Sylvestre] n’était pas de leur nombre.”

      e Vous trouverez un examen approfondi du débat portant sur la Trinité dans la brochure de 32 pages intitulée Doit-​on croire à la Trinité?, publiée en 1989 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.

      f Marie est mentionnée par son nom ou en sa qualité de mère de Jésus dans 24 textes des quatre Évangiles et dans un verset des Actes. Elle n’est citée dans aucune lettre apostolique.

      [Encadré, page 262]

      Les premiers chrétiens et la Rome païenne

      “Avec l’émergence du christianisme dans l’Empire romain, les païens convertis durent, eux aussi, envisager de changer de mentalité et de comportement. Leur éducation amenait les païens à considérer le mariage essentiellement comme un arrangement social et économique; les relations homosexuelles faisaient partie intégrante de l’initiation masculine, la prostitution, féminine ou masculine, était banale et légale et le divorce, l’avortement, la contraception et l’infanticide des sujets d’intérêt pratique. Au grand étonnement des familles, ils furent nombreux à embrasser la foi chrétienne, qui s’opposait à ces pratiques.” — Adam, Ève et le serpent, Élaine Pagels.

      [Encadré, page 266]

      Christianisme contre chrétienté

      Porphyre, un philosophe du IIIe siècle originaire de Tyr qui s’opposait au christianisme, posa la question de savoir “si ce n’étaient pas les disciples de Jésus, plutôt que Jésus lui-​même, qui étaient les auteurs de la forme particulière revêtue par la religion chrétienne. Porphyre (et Julien [un empereur romain du IVe siècle opposé au christianisme]) montra, sur la base du Nouveau Testament, que Jésus ne prétendait pas être Dieu et qu’il ne parlait pas de lui dans sa prédication, mais du seul Dieu, le Dieu de tout. Ce sont ses disciples qui abandonnèrent son enseignement et qui inventèrent une nouvelle voie dans laquelle Jésus (et non le seul Dieu) faisait l’objet du culte et de l’adoration. (...) [Porphyre] mit le doigt sur une question embarrassante pour les penseurs chrétiens: la foi chrétienne se base-​t-​elle sur la prédication de Jésus ou sur des idées forgées par ses disciples des générations après sa mort?”. — Les chrétiens comme les Romains les voyaient (angl.).

      [Encadré, page 268]

      Pierre et la papauté

      En Matthieu 16:18, Jésus dit à l’apôtre Pierre: “Et moi je te dis que tu es Pierre [Roc] [grec Pétros] et sur ce roc [grec pétra] je bâtirai mon Église; et les Portes de l’Hadès ne prévaudront pas contre elle.” (Os). Se fondant sur ce texte, l’Église catholique prétend que Jésus bâtit son Église sur Pierre qui, dit-​elle, fut le premier d’une lignée ininterrompue d’évêques de Rome, les successeurs de Pierre.

      Qui était le roc dont Jésus parla en Matthieu 16:18: Pierre ou Jésus lui-​même? Le contexte indique que la discussion engagée avait trait à l’identification de Jésus au “Christ, le Fils du Dieu vivant”, comme le qualifia Pierre lui-​même (Matthieu 16:16, Os). En toute logique, le roc sur lequel serait solidement fondée l’Église serait Jésus, et non Pierre, qui allait renier le Christ à trois reprises. — Matthieu 26:33-35, 69-75.

      Comment savons-​nous que le Christ est la pierre de fondement? Grâce au propre témoignage de Pierre, qui écrivit: “Vous approchant de lui comme d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, il est vrai, mais choisie et précieuse auprès de Dieu (...). En effet on trouve dans l’Écriture: ‘Voici que je pose en Sion une pierre, choisie, une pierre angulaire de fondement, précieuse; et celui qui exerce la foi en elle ne sera absolument pas déçu.’” Paul déclara de son côté: “Et vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Christ Jésus lui-​même étant la pierre angulaire de fondement.” — 1 Pierre 2:4-8; Éphésiens 2:20.

      Aucun indice, ni dans l’Écriture ni dans l’Histoire, ne donne à penser que Pierre détenait la primauté parmi ses compagnons. L’apôtre n’en fait état nulle part dans ses lettres, et les trois autres Évangiles, dont celui de Marc (que celui-ci rédigea apparemment d’après le récit que lui rapporta Pierre), ne mentionnent même pas cette déclaration de Jésus à Pierre. — Luc 22:24-26; Actes 15:6-22; Galates 2:11-14.

      On ne dispose d’aucune preuve absolue que Pierre se soit jamais rendu à Rome (1 Pierre 5:13). Quand Paul vint à Jérusalem, “Jacques, Céphas [Pierre] et Jean, ceux qui semblaient être des colonnes”, lui apportèrent leur soutien. À cette époque, Pierre était donc l’un des piliers de la congrégation, lesquels se trouvaient au moins au nombre de trois. Il n’était nullement un “pape”, et n’avait ni cette réputation ni celle d’être un “évêque” dominant de Jérusalem. — Galates 2:7-9; Actes 28:16, 30, 31.

      [Illustration, page 264]

      Le triangle, symbole du mystère de la Trinité dans la chrétienté.

      [Illustrations, page 269]

      Le Vatican (son drapeau figure ci-dessous) envoie des diplomates auprès de différents gouvernements.

      [Illustrations, page 275]

      Le concile de Nicée posa le fondement de ce qui allait devenir la doctrine de la Trinité.

      [Illustrations, page 277]

      La vénération de Marie avec un enfant, au centre, est le pendant du culte bien plus ancien de déesses païennes: à gauche, Isis et Horus, Égypte; à droite, Mater Matuta, Rome.

      [Illustrations, page 278]

      Églises orthodoxes d’Orient — Sveti Nikolaj (Sofia, Bulgarie) et, au-dessous, Saint-Vladimir (New Jersey, États-Unis).

      [Illustration, page 281]

      Les croisades “chrétiennes” furent organisées non seulement pour libérer Jérusalem de l’islām, mais aussi pour massacrer des “hérétiques”, comme les Vaudois et les Albigeois.

      [Illustrations, page 283]

      Tomás de Torquemada, moine dominicain, dirigea la cruelle Inquisition espagnole, qui arrachait des confessions en recourant à la torture.

  • L’islām: Le chemin menant à Dieu par la soumission
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 12

      L’islām: Le chemin menant à Dieu par la soumission

      [Graphisme — Texte arabe]

      1, 2. a) Quelles sont les premières paroles du Qurʼān? b) Pourquoi ces paroles sont-​elles importantes aux yeux des musulmans? c) En quelle langue le Qurʼān fut-​il écrit à l’origine, et que signifie le mot “Qurʼān”?

      “AU NOM d’Allāh Le Très Miséricordieux, Le Compatissant.” Cette phrase traduit le texte arabe reproduit ci-dessus, qui est tiré du Qurʼān ou Coran. On lit ensuite: “Louange à Allāh, Le Maître des mondes, Le Très Miséricordieux, Le Compatissant, Le Roi du jour du jugement! C’est Toi que nous servons: c’est Toi dont nous implorons le secours! Guide-​nous dans la voie droite, la voie de ceux en qui Tu Te plais, et non de ceux qui sont l’objet de Ta colère et qui sont dans l’erreur.” — Le Coran, sourate 1:1-7, EMa.

      2 Ces paroles forment Al-Fātiḥa (“La Liminaire”), le premier chapitre, ou sourate, du livre sacré des musulmans, le saint Qurʼān, ou Coran. Étant donné que plus du sixième de la population du globe est musulmane et que les musulmans pieux répètent ces versets plusieurs fois dans chacune de leurs cinq prières quotidiennes, ces paroles doivent être parmi les plus récitées sur la terre.

      3. Quelle est l’importance de l’islām aujourd’hui?

      3 D’après un ouvrage de référence, on compte plus de 900 millions de musulmans sur la planète, ce qui place l’islām au rang de seconde religion après l’Église catholique par le nombre. Elle est peut-être la grande religion qui se propage le plus vite dans le monde, puisqu’elle gagne particulièrement du terrain en Afrique et en Occident.

      4. a) Que signifie le terme “islām”? b) Que veut dire le mot “musulman”?

      4 Le terme islām est chargé de sens pour un musulman, car il signifie “soumission”, “abandon” à Allāh ou “engagement” envers lui; d’après un historien, “il exprime le sentiment le plus profond de ceux qui ont prêté l’oreille à la prédication de Mohammed”. “Musulman” veut dire ‘celui qui suit l’islām’.

      5. a) Que croient les musulmans à propos de l’islām? b) Quels sont les points communs entre la Bible et le Qurʼān?

      5 Les musulmans croient que leur foi est l’aboutissement des révélations transmises aux fidèles Hébreux et aux chrétiens du passé. Sous certains rapports, toutefois, leurs enseignements diffèrent de ceux de la Bible, même si le Qurʼān cite les Écritures hébraïques et grecquesb. (Voir l’encadré de la page 285.) Pour mieux comprendre la foi musulmane, il nous faut savoir comment, où et quand cette religion prit naissance.

      L’appel de Muḥammad

      6. a) Quel était le centre du culte arabe au temps de Muḥammad? b) Quelle tradition existait relativement à la Kaʽba?

      6 Muḥammadc naquit à La Mecque (arabe Makka), en Arabie saoudite, vers 570 de notre ère. Son père, ʽAbd Allāh, mourut avant sa naissance. Sa mère, Āmina, mourut alors qu’il avait environ six ans. À l’époque, les Arabes rendaient une forme de culte à Allāh; leur centre religieux se situait dans la vallée de La Mecque, sur le site sacré de la Kaʽba, un simple bâtiment cubique où l’on vénérait un météorite noir. Selon la tradition islamique, “la Kaʽba fut construite par Adam suivant un modèle céleste et fut rebâtie après le déluge par Abraham et Ismaël”. (Histoire des Arabes [angl.], Philip Hitti.) Elle devint un sanctuaire dédié à 360 idoles, une pour chaque jour de l’année lunaire.

      7. Quelles pratiques religieuses troublaient Muḥammad?

      7 En grandissant, Muḥammad remit en cause les pratiques religieuses de son temps. John Noss déclare dans son livre Les religions de l’humanité (angl.): “[Muḥammad] était troublé par les heurts incessants qui déchiraient les chefs des Qurayshites [tribu à laquelle appartenait Muḥammad], engagés ouvertement dans des conflits religieux et des querelles d’honneur. Il se désolait encore plus des survivances primitives dans la religion arabe, ainsi que du polythéisme et de l’animisme idolâtriques, de l’immoralité sexuelle qui avait cours lors des réunions et des fêtes religieuses, de l’ivrognerie, du jeu et de la danse, autant de choses qui étaient en vogue, et de ce qu’on enterrait vives les filles nouveau-nées non désirées, pas seulement à La Mecque, mais encore dans toute l’Arabie.” — Sourate 6:137.

      8. Dans quelles circonstances Muḥammad devint-​il prophète?

      8 Muḥammad avait une quarantaine d’années quand il devint prophète. Il avait l’habitude d’aller méditer seul dans une caverne d’une montagne proche, appelée Ghār Ḥirāʼ; il affirma avoir reçu son appel à devenir prophète à l’une de ces occasions. La tradition musulmane rapporte qu’à cet endroit un ange, identifié par la suite à Gabriel, lui ordonna de réciter au nom d’Allāh. Muḥammad ne répondit pas, si bien que l’ange ‘le saisit de force et le serra si fort que la pression devint insupportable’. L’ange répéta alors son ordre. De nouveau, Muḥammad ne broncha pas; alors l’ange ‘l’étouffa’ une nouvelle fois. Il renouvela l’opération à trois reprises avant que Muḥammad ne se mette à réciter ce qu’on allait tenir pour la première d’une série de révélations qui constituent le Qurʼān. Une autre tradition raconte que l’inspiration divine parvint à Muḥammad comme par le tintement d’une cloche. — Le Livre de la Révélation (angl.), Ṣaḥīḥ Al-Bukhārī.

      Révélation du Qurʼān

      9. Quelle fut, dit-​on, la première révélation de Muḥammad? (Voir Révélation 22:18, 19.)

      9 Qu’est-​ce qui passe pour être la première révélation reçue par Muḥammad? Les autorités islamiques s’accordent généralement à affirmer qu’il s’agissait des cinq premiers versets de la sourate 96, intitulée Al-ʽAlaq, “Le caillot de sang”. On y lit:

      “Au nom de Dieu: celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux.

      Lis au Nom de ton Seigneur qui a créé!

      Il a créé l’homme d’un caillot de sang.

      Lis!..

      Car ton Seigneur est le Très-Généreux

      qui a instruit l’homme au moyen du calame,

      et lui a enseigné ce qu’il ignorait.”

      — DM.

      10-12. Comment le Qurʼān fut-​il sauvegardé?

      10 Selon Le Livre de la Révélation, une source arabe, Muḥammad répondit: “Je ne sais pas lire.” Il dut donc apprendre les révélations par cœur pour être en mesure de les répéter et de les réciter. Les Arabes avaient la mémoire exercée, et Muḥammad ne faisait pas exception. Combien de temps lui fallut-​il pour recevoir tout le message du Qurʼān? On pense d’ordinaire que les révélations lui parvinrent sur une période de 20 à 23 ans, d’environ 610 de notre ère jusqu’à sa mort en 632.

      11 Les sources musulmanes expliquent qu’aussitôt après avoir reçu chaque révélation, Muḥammad la récitait à ceux qui se trouvaient à proximité. Ceux-ci l’apprenaient par cœur à leur tour et la récitaient pour s’en souvenir. Comme les Arabes ne connaissaient pas le papier, Muḥammad fit écrire les révélations par des scribes sur les matériaux rudimentaires dont on disposait alors, tels que des omoplates de chameaux, des feuilles de palmier, du bois et du parchemin. Ce n’est cependant qu’après la mort du prophète que les successeurs et compagnons de Muḥammad donnèrent au Qurʼān sa forme actuelle. Cela se produisit sous le règne des trois premiers califes, ou chefs musulmans.

      12 Muhammad Pickthall, un traducteur, écrit: “Toutes les sourates du Qurʼān avaient été couchées par écrit avant la mort du Prophète, et de nombreux musulmans avaient gravé tout le Qurʼān dans leur mémoire. Mais les sourates écrites étaient disséminées parmi le peuple; et lorsqu’au cours d’une bataille (...) un grand nombre de ceux qui connaissaient tout le Qurʼān par cœur furent tués, on rassembla la totalité du Qurʼān et on le mit par écrit.”

      13. a) Citez trois sources de l’enseignement et de la vie islamique. b) Comment certains érudits islamiques considèrent-​ils la traduction du Qurʼān?

      13 La vie islamique est régie par trois autorités: le Qurʼān, le ḥadīth et la sharīʽa. (Voir l’encadré ci-dessous.) Les musulmans croient que le Qurʼān en arabe est la forme la plus pure de la révélation, car, selon eux, c’est dans cette langue que Dieu s’exprima par l’intermédiaire de Gabriel. La sourate 43:3 dit: “Oui, nous en avons fait un Coran arabe! — Peut-être comprendrez-​vous!” (DM). Dès lors, toute traduction est vue comme une édulcoration qui fait perdre au texte une partie de sa pureté. D’ailleurs, certains érudits islamiques refusent de traduire le Qurʼān. À leurs yeux, “traduire, c’est toujours trahir”, si bien que “les musulmans ont de tout temps désapprouvé et parfois interdit toute tentative pour le rendre dans une autre langue”, déclare J. Williams, maître de conférences, spécialiste de l’histoire islamique.

      Expansion de l’islām

      14. Quel événement fut un jalon important au début de l’histoire de l’islām?

      14 Muḥammad rencontra de grands obstacles pour fonder sa nouvelle religion. Il fut rejeté par les habitants de La Mecque, et même par sa propre tribu. Après avoir été persécuté et haï 13 ans durant, il déplaça ses activités au nord, à Yathrib, connue par la suite sous le nom de al-Madīna (Médine), la ville du prophète. Cette émigration, l’hijra, qui eut lieu en 622 de notre ère, fut un jalon important de l’histoire de l’islām; cette date fut par la suite retenue comme point de départ du calendrier islamiqued.

      15. Comment La Mecque devint-​elle le principal lieu de pèlerinage de l’islām?

      15 Finalement, Muḥammad accéda au pouvoir quand il obtint la reddition de La Mecque en janvier de l’an 630 (8 A.H.) et qu’il en devint le chef. Détenant l’autorité temporelle et religieuse, il était à même de débarrasser la Kaʽba des images idolâtriques qu’elle renfermait et d’en faire le pôle d’attraction des pèlerinages à La Mecque, qui se perpétuent à notre époque. — Voir les pages 289 et 303.

      16. Jusqu’où l’islām se propagea-​t-​il?

      16 Quelques décennies après la mort de Muḥammad, survenue en 632, l’islām s’était propagé jusqu’en Afghanistan et même en Tunisie, en Afrique du Nord. Au début du VIIIe siècle, la foi du Qurʼān avait pénétré en Espagne et atteint la frontière française. Le professeur Ninian Smart a déclaré à ce sujet dans son livre Origines de la longue quête (angl.): “Considéré d’un point de vue humain, l’exploit réalisé par un prophète arabe ayant vécu au VIe et au VIIe siècle après Christ est renversant. Cet homme fut à l’origine d’une nouvelle civilisation. Mais il va de soi que pour le musulman cette œuvre était divine et l’exploit accompli par Allāh.”

      Divisions à la mort de Muḥammad

      17. À quelle grande difficulté l’islām fut-​il confronté à la mort de Muḥammad?

      17 La mort du prophète provoqua une crise. Il mourut sans laisser de descendant mâle et sans avoir clairement désigné de successeur. Philip Hitti explique: “Le califat [dignité de calife] est donc la difficulté la plus ancienne que l’islām ait eu à résoudre. Cette question est toujours brûlante. (...) Pour reprendre les paroles de l’historien musulman Al-Shahrastānī [1086-​1153], ‘jamais un débat n’entraîna dans l’islām autant d’effusions de sang que celui portant sur le califat (imāma)’.” Comment résolut-​on le problème en 632? “Abu-Bakr (...) fut désigné (le 8 juin 632) comme successeur de Muḥammad par une sorte d’élection à laquelle participèrent les chefs présents dans la capitale, al-Madīna.” — Histoire des Arabes.

      18, 19. Qu’est-​ce qui divise les musulmans sunnites et shīʽites?

      18 Le successeur du prophète allait être un chef, un khalīfa, ou calife. Cependant, la question de savoir qui étaient les successeurs authentiques de Muḥammad devint une cause de divisions dans les rangs de l’islām. Les musulmans sunnites acceptent le principe d’une charge élective plutôt qu’attribuée en fonction des liens du sang avec le prophète. Ils croient par conséquent que les trois premiers califes, Abū Bakr (le beau-père de Muḥammad), ʽUmar (le conseiller du prophète) et ʽUthmān (le gendre du prophète), étaient les successeurs légitimes de Muḥammad.

      19 Les musulmans shīʽites ne sont pas de cet avis: ils disent que l’autorité véritable se transmet dans la lignée du prophète par son cousin et gendre ʽAlī ibn Abī Ṭālib, le premier imām (chef et successeur), qui épousa Fāṭima, la fille préférée de Muḥammad. De leur mariage naquirent Ḥasan et Ḥusayn, petits-fils de Muḥammad. Les shīʽites prétendent aussi “que dès le départ Allāh et son Prophète avaient clairement désigné ʽAlī comme seul successeur légitime, mais que les trois premiers califes avaient usurpé la charge qui lui revenait de droit”. (Histoire des Arabes.) Évidemment, telle n’est pas l’opinion des musulmans sunnites.

      20. Qu’arriva-​t-​il à ʽAlī, le gendre de Muḥammad?

      20 Qu’arriva-​t-​il à ʽAlī? Lorsqu’il régna en qualité de quatrième calife (656-661), une lutte pour le pouvoir s’engagea entre lui et le gouverneur de Syrie, Muʼāwiya. Ils se livrèrent bataille, mais pour ne pas répandre davantage de sang musulman, ils soumirent leur querelle à un arbitrage. En acceptant cet arbitrage, ʽAlī affaiblit sa cause et s’aliéna nombre de ses disciples, dont les khāridjites (séparatistes), qui devinrent ses ennemis mortels. En 661, ʽAlī fut assassiné par un zélote khāridjite avec un sabre empoisonné. Les deux groupes (les sunnites et les shīʽites) étaient à couteaux tirés. La branche sunnite de l’islām choisit alors un chef d’entre les Omeyyades, de riches chefs de La Mecque qui n’étaient pas de la famille du prophète.

      21. Pour les shīʽites, qui furent les successeurs de Muḥammad?

      21 Pour les shīʽites, Ḥasan, fils premier-né de ʽAlī et petit-fils du prophète, était le véritable successeur de Muḥammad. Toutefois, il abdiqua et fut assassiné. Son frère Ḥusayn devint le nouvel imām, mais lui aussi fut tué, par les troupes omeyyades le 10 octobre 680. Sa mort, ou son martyre, comme le considèrent les shīʽites, a eu un effet considérable sur le shīʽat ʽAlī, le parti de ʽAlī, jusqu’à ce jour. Ils croient que ʽAlī fut le véritable successeur de Muḥammad et le premier “imām protégé par Dieu de l’erreur et du péché”. ʽAlī et ses successeurs furent considérés par les shīʽites comme des enseignants infaillibles dotés du “don divin de l’impeccabilité”. La plus importante branche des shīʽites croit qu’il n’y a eu que 12 vrais imāms, et que le dernier, Muḥammad al-Muntaẓar, disparut (en 878) “dans la grotte de la grande mosquée de Sāmarrā sans laisser de descendance”. De cette manière, “il devint ‘l’imām caché (mustatir)’ ou ‘attendu (muntaẓar)’. (...) En temps voulu, il apparaîtra en qualité de Mahdi (celui que guide Dieu) pour rétablir le véritable islām, conquérir le monde entier et introduire un court millénium avant la fin de toutes choses”. — Histoire des Arabes.

      22. Comment les shīʽites commémorent-​ils le martyre de Ḥusayn?

      22 Chaque année, les shīʽites commémorent le martyre de l’imām Ḥusayn. Ils font des processions au cours desquelles certains s’entaillent la chair avec des couteaux ou des épées et s’infligent d’autres souffrances. Plus récemment, on a davantage parlé des musulmans shīʽites en raison de leur zèle à défendre les causes islamiques. Ils ne représentent pourtant dans le monde que 20 % des musulmans, dont la majorité est sunnite. Mais, à présent, penchons-​nous sur quelques enseignements de l’islām et voyons l’influence qu’exerce la foi islamique sur la vie des musulmans.

      L’Être suprême: Dieu et non Jésus

      23, 24. Comment Muḥammad et les musulmans considéraient-​ils le judaïsme et le christianisme?

      23 Les trois grandes religions monothéistes du monde sont le judaïsme, le christianisme et l’islām. Mais à l’époque où Muḥammad apparut, au début du VIIe siècle, les deux premières religions s’étaient à ses yeux écartées du chemin de la vérité. En fait, selon certains commentateurs islamiques, le Qurʼān sous-entend le rejet des Juifs et des chrétiens quand il déclare: “Non pas le chemin de ceux qui encourent ta colère ni celui des égarés.” (Sourate 1:7, DM). Pourquoi en est-​il ainsi?

      24 Un commentaire coranique déclare: “Les gens du Livre prirent une mauvaise direction: les Juifs en rompant leur alliance et en calomniant Marie et Jésus (...) et les chrétiens en faisant de l’Apôtre Jésus l’égal de Dieu” au moyen de la doctrine de la Trinité. — Sourate 4:153-176, DM.

      25. Quelles déclarations parallèles trouve-​t-​on dans le Qurʼān et dans la Bible?

      25 Le principal enseignement de l’islām, pour simplifier, est ce qu’on appelle la shahāda, ou profession de foi, que chaque musulman connaît par cœur: “La ilāh illa Allāh; Muḥammad rasūl Allāh.” (Il n’y a de Dieu qu’Allāh; Muḥammad est l’envoyé d’Allāh). Elle s’accorde avec cette déclaration coranique: “Votre Dieu est le Dieu unique; il n’y en a point d’autre, il est le clément et le miséricordieux.” (Sourate 2:158, Ka). Cette pensée fut énoncée 2 000 ans plus tôt, lorsque cet appel fut lancé à Israël: “Écoute, ô Israël: Jéhovah, notre Dieu, est un seul Jéhovah.” (Deutéronome 6:4). En Marc 12:29, environ 600 ans avant Muḥammad, Jésus répéta ce commandement, qui est le plus important; nulle part Jésus ne prétendit être Dieu ni être son égal. — Marc 13:32; Jean 14:28; 1 Corinthiens 15:28.

      26. a) Que pensent les musulmans de la Trinité? b) La Trinité est-​elle enseignée dans la Bible?

      26 À propos de l’unicité de Dieu, le Qurʼān déclare: “Croyez donc en Dieu et à ses apôtres, et ne dites point: Il y a Trinité. Cessez de le faire. Ceci vous sera plus avantageux. Car Dieu est unique.” (Sourate 4:169, Ka). Il est néanmoins à noter que le véritable christianisme n’enseigne pas la Trinité. C’est une doctrine d’origine païenne introduite par les apostats de la chrétienté après la mort du Christ et des apôtres. — Voir le chapitre 11e.

      Âme, résurrection, paradis et feu de l’enfer

      27. Que dit le Qurʼān au sujet de l’âme et de la résurrection? (Comparer avec Lévitique 24:17, 18; Ecclésiaste 9:5, 10; Jean 5:28, 29.)

      27 L’islām enseigne que l’homme possède une âme qui va dans un au-delà. Le Qurʼān déclare: “Allah rappelle (...) les âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent point durant leur sommeil. Il retient celles dont Il a décrété la mort.” (Sourate 39:42, RB). Cependant, la sourate 75 est entièrement consacrée à Qiyāmat, “La Résurrection”. (DM.) Elle dit en partie: “Je jure par le Jour de la Résurrection! (...) L’homme pense-​t-​il que nous ne rassemblerons pas ses ossements? (...) Il demande: ‘Quand donc viendra le Jour de la Résurrection?’ (...) Celui [Allāh] qui a fait cela n’aurait-​il pas le pouvoir de rendre la vie aux morts?” — Sourate 75:1, 3, 6, 40, DM.

      28. Que dit le Qurʼān au sujet de l’enfer? (Comparer avec Job 14:13; Jérémie 19:5; 32:35; Actes 2:25-27; Romains 6:7, 23.)

      28 D’après le Qurʼān, les âmes ont différentes destinées, soit un jardin paradisiaque ou le châtiment dans un enfer brûlant. On lit dans le Qurʼān: “Ils demanderont quand sera le jour du jugement, Le jour où ils seront éprouvés par le Feu. (Il leur sera répondu): ‘Goûtez (maintenant) votre épreuve!’” (Sourate 51:12-14, EM). “[Aux Infidèles] un tourment en la Vie Immédiate. Certes, le Tourment de la [Vie] Dernière est plus pénible et ils n’ont point, contre Allah, de protecteur.” (Sourate 13:34, RB). La question est posée: “Et qui te fera connaître ce que c’est? C’est un feu ardent.” (Sourate 101:7, 8, EM). Ce sort funeste est décrit en détail: “Ceux qui auront été incrédules en Nos aya [révélations], Nous leur ferons affronter un Feu [et], chaque fois que leur peau sera desséchée, Nous la leur changerons par une autre, afin qu’ils goûtent le Tourment [en éternité]. Allah est puissant et sage.” (Sourate 4:56, RB). Une autre description précise: “En vérité, l’Enfer est une embuscade: (...) Ils y demeureront longtemps. Ils n’y goûteront ni fraîcheur, ni boisson, si ce n’est de l’eau bouillante et du pus (des réprouvés).” — Sourate 78:21, 23-25, EM.

      29. Opposez les enseignements islamique et biblique touchant l’âme et sa destinée.

      29 Les musulmans croient que l’âme d’un mort va dans le barzakh, ou “barrière”, le lieu ou l’état où sont les hommes après la mort et avant le Jugement (Sourate 23:99, 100, DM, note). L’âme y reste consciente et endure ce qu’on appelle le “châtiment de la tombe” si la personne était méchante, ou jouit de la félicité si elle a été fidèle. Les fidèles doivent quand même subir quelques tourments en raison des péchés, si rares soient-​ils, qu’ils ont commis durant leur vie. Le Jour du Jugement, chacun affronte sa destinée éternelle, ce qui met un terme à cet état intermédiairef.

      30. Qu’est-​ce qui est promis aux justes selon le Qurʼān? (Comparer avec Ésaïe 65:17, 21-25; Luc 23:43; Révélation 21:1-5.)

      30 Par contre, aux justes sont promis des jardins paradisiaques: “Nous introduirons ceux qui croient et qui font le bien dans des Jardins où coulent les ruisseaux. Ils y demeureront, à tout jamais.” (Sourate 4:57, DM). “Ce Jour-​là, la seule occupation des hôtes du Paradis sera de se réjouir. En compagnie de leurs épouses, ils se tiendront sous des ombrages, accoudés sur des lits d’apparat.” (Sourate 36:55, 56, DM). “Nous avons écrit dans les Psaumes, après le Rappel [donné à Moïse]: ‘En vérité, mes serviteurs justes hériteront de la terre.’” La note portant sur ce verset renvoie le lecteur à Psaume 37:29 (voir aussi Psaumes 25:13; 37:11) et aux paroles de Jésus consignées en Matthieu 5:4 [Mt 5:5, MN] (Sourate 21:105, DM). La mention d’épouses nous amène à une autre question.

      Monogamie ou polygamie?

      31. Que dit le Qurʼān au sujet de la polygamie? (Comparer avec 1 Corinthiens 7:2; 1 Timothée 3:2, 12.)

      31 La polygamie est-​elle de règle chez les musulmans? Bien que le Qurʼān l’autorise, nombre de musulmans n’ont qu’une femme. Des batailles meurtrières laissèrent tant de veuves que le Qurʼān permit la polygamie: “Si vous craignez d’être injustes envers les orphelins, n’épousez que peu de femmes, deux, trois ou quatre parmi celles qui vous auront plu. Si vous craignez encore d’être injustes, n’en épousez qu’une seule ou une esclave.” (Sourate 4:3, Ka). Selon une biographie de Muḥammad écrite par Ibn Hishām, le prophète se maria avec Khadīja, une riche veuve de 15 ans plus âgée que lui. Quand elle mourut, il épousa plusieurs femmes. À sa mort, il laissa neuf veuves.

      32. Qu’est-​ce que le mariage qualifié de mutʽa?

      32 Il existe dans l’islām une autre forme de mariage dénommée mutʽa. On la définit comme “un contrat spécial conclu entre un homme et une femme qui se proposent et acceptent de se marier pour une période limitée et moyennant une dot précise, comme dans un contrat de mariage permanent”. (Islamuna, Muṣṭafā al-Rāfiʼī.) Les sunnites l’appellent le mariage pour le plaisir, et les shīʽites le mariage temporaire. Le même ouvrage ajoute: “Les enfants [issus de ces mariages] sont légitimes et ont les mêmes droits que les enfants issus d’un mariage permanent.” Apparemment, cette forme de mariage temporaire eut cours à l’époque de Muḥammad, qui l’a tolérée. Les sunnites affirment qu’elle fut interdite par la suite, tandis que les imāmites, le groupe shīʽite le plus important, croient qu’elle est toujours valide. En fait, beaucoup la pratiquent, surtout quand un homme doit demeurer éloigné de sa femme pendant une longue période.

      L’islām dans la vie quotidienne

      33. Quels sont les piliers de l’islām et de la foi?

      33 L’islām comporte cinq piliers, ou obligations principales, et six croyances fondamentales. (Voir les encadrés des pages 296 et 303.) L’une de ces obligations consiste pour le fidèle à prier cinq fois par jour en direction de La Mecque (ṣalāt). Le jour du sabbat musulman (vendredi), les hommes vont en masse prier à la mosquée lorsqu’ils entendent l’appel que psalmodie le muezzin du haut du minaret. Aujourd’hui, de nombreuses mosquées n’appellent plus les fidèles à la prière de cette façon, mais en passant un enregistrement.

      34. Qu’est-​ce qu’une mosquée, et à quoi sert-​elle?

      34 La mosquée (arabe masjid) est le lieu de culte musulman, qualifié par le roi Fahd Bin Abdul Aziz d’Arabie saoudite de “pierre angulaire de l’appel à Dieu”. Il a défini la mosquée comme “un lieu de prière, d’étude, d’activités juridiques et judiciaires, de consultation, de prédication, d’information, d’enseignement et de préparation. (...) La mosquée est le cœur de la société musulmane”. On trouve de nos jours ces lieux de culte dans le monde entier. L’une des plus célèbres de l’Histoire est la Mezquita (Mosquée) de Cordoue, en Espagne, qui pendant des siècles fut la plus grande du monde. Sa partie centrale est aujourd’hui occupée par une cathédrale catholique.

      Conflit avec la chrétienté divisée

      35. Dans les temps passés, quelles ont été les relations entre l’islām et le catholicisme?

      35 À partir du VIIe siècle, l’islām se répandit à l’ouest en Afrique du Nord, à l’est au Pakistan, en Inde et au Bangladesh, et au sud en Indonésie. (Voir la carte aux pages de garde en début d’ouvrage.) Ce faisant, il entra en conflit avec une Église catholique militante, qui organisa des croisades pour reprendre la Terre sainte aux musulmans. En 1492, la reine Isabelle et le roi Ferdinand d’Espagne achevèrent la reconquête catholique de leur pays. Les musulmans et les Juifs durent se convertir ou quitter le pays. L’Inquisition catholique fit bientôt disparaître la tolérance mutuelle qui avait été de rigueur quand les musulmans dominaient l’Espagne. L’islām survécut toutefois; il s’est même rétabli et grandement propagé au XXe siècle.

      36. Quels événements avaient lieu dans l’Église catholique pendant que l’islām s’étendait?

      36 Pendant que l’islām s’étendait, l’Église catholique traversait une période troublée et essayait de maintenir l’unité en son sein. Mais deux éléments éminemment influents allaient apparaître, qui continueraient d’ébranler l’image monolithique de l’Église. C’étaient l’imprimerie et la traduction de la Bible dans la langue du peuple. Le chapitre suivant racontera comment la chrétienté s’est fractionnée sous l’action conjuguée de ces éléments et d’autres encore.

      [Notes]

      a “Qurʼān” (qui signifie “récitation”) est l’orthographe que privilégient les écrivains musulmans; nous l’utiliserons dans ce chapitre. Il faut savoir que la langue originale du Qurʼān est l’arabe, et qu’aucune traduction française n’est unanimement acceptée. Dans les citations, le premier chiffre représente le chapitre, ou sourate, et le second la référence du verset.

      b Les musulmans croient que la Bible contient des révélations de Dieu, mais que certaines furent falsifiées au cours des siècles.

      c En français, on orthographie le nom du prophète de plusieurs façons (Mohammed, Muḥammad, Mahomet). Bon nombre de sources musulmanes préfèrent Muḥammad, que nous emploierons. Les musulmans turcs préfèrent Muhammed.

      d Ainsi, l’année musulmane est précisée par A.H. (latin “anno hegirae”, année de l’exode), et non par A.D. (“anno Domini”, année du Seigneur) ou de n. è. (de notre ère).

      e Vous trouverez d’autres renseignements sur la Trinité et la Bible dans la brochure Doit-​on croire à la Trinité?, publiée en 1989 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.

      f À propos de l’âme et du feu de l’enfer, consulter ces textes bibliques: Genèse 2:7; Ézéchiel 18:4; Actes 3:23. Voir Comment raisonner à partir des Écritures, pages 27 à 32; 123 à 130, publié en 1986 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.

      [Encadré, page 285]

      Le Qurʼān et la Bible

      “Il a fait descendre sur toi le Livre avec la Vérité; celui-ci déclare véridique ce qui était avant lui. Il avait fait descendre la Tora et l’Évangile — direction, auparavant, pour les hommes — et il avait fait descendre la Loi.” — Sourate 3:3, 4, DM.

      “Presque tous les récits historiques du Coran ont un pendant biblique (...). Figurent en bonne place Adam, Noé, Abraham (mentionné quelque soixante-dix fois dans vingt-cinq sourates différentes et dont le nom constitue le titre de la sourate 14), Ismaël, Lot, Joseph (à qui la sourate 12 est consacrée), Moïse (dont le nom apparaît dans trente-quatre sourates différentes), Saül, David, Salomon, Élie, Job et Jonas (dont la sourate 10 porte le nom). L’histoire de la création et de la chute d’Adam est citée cinq fois, celle du déluge huit fois et celle de Sodome huit fois. En fait, le Coran contient plus de parallèles avec le Pentateuque qu’avec n’importe quelle autre partie de la Bible. (...)

      “Du Nouveau Testament, Zacharie, Jean le Baptiste, Jésus (ʽĪsā) et Marie sont les seuls personnages mis en valeur. (...) Une étude comparée des (...) récits coraniques et bibliques (...) ne révèle aucune dépendance verbale [aucune citation textuelle]g.” — Histoire des Arabes.

      [Note de l’encadré]

      g Voir toutefois page 300, paragraphe 30, la précision concernant la sourate 21:105.

      [Encadré, page 291]

      Les trois sources de l’enseignement et de la vie islamique

      Le saint Qurʼān, qui aurait été révélé à Muḥammad par l’ange Gabriel. La signification et les paroles du Qurʼān en arabe sont considérées comme inspirées.

      Le ḥadīth, ou sunna, “les actes, les déclarations et l’approbation silencieuse (taqrīr) du Prophète (...) fixés au cours du deuxième siècle [A.H.] sous la forme de ḥadīths écrits. Un ḥadīth est donc la mise par écrit d’une action ou de paroles du Prophète”. Il peut aussi désigner les actions ou les paroles de l’un des ‘compagnons de Muḥammad ou de leurs successeurs’. Dans un ḥadīth, seul le sens passe pour inspiré. — Histoire des Arabes.

      La sharīʽa, ou loi canonique, basée sur les principes du Qurʼān, règle la vie entière du musulman, sur les plans religieux, politique et social. “Tous les actes de l’homme sont classés en cinq catégories dans la loi: 1) ceux qui sont regardés comme un devoir absolu (farḍ) [pour lesquels on est récompensé si on les accomplit ou puni si on ne les accomplit pas]; 2) les actes louables ou méritoires (mustaḥabb) [pour lesquels on est récompensé, mais non puni si on ne les accomplit pas]; 3) les actes permis (jāʼiz, mubāḥ), qui sont indifférents selon la loi; 4) les actes blâmables (makrūh), qui sont désapprouvés, mais non passibles de punition; 5) les actes interdits (ḥarām), qui entraînent un châtiment.” — Histoire des Arabes.

      [Encadré, page 296]

      Les six piliers de la foi

      1. Foi en un seul Dieu, Allāh (sourate 23:116, 117).

      2. Foi en les anges (sourate 2:177).

      3. Les livres divins: Tora, Évangile, Psaumes, Rouleaux d’Abraham, Qurʼān.

      4. Foi en plusieurs prophètes, mais un seul message. Adam fut le premier prophète. Il y en eut d’autres, tels Abraham, Moïse, Jésus et “le Sceau des Prophètes”, Muḥammad (sourates 4:136; 33:40).

      5. Le jour dernier: quand tous les morts seront relevés des tombes.

      6. Foi dans le destin, heureux ou malheureux. Rien n’arrive qui n’ait été décrété par Dieu.

      [Encadré, page 303]

      Les cinq piliers de l’islām

      1. Répéter le credo (shahāda): “Il n’y a de Dieu qu’Allah; Muḥammad est l’envoyé d’Allah (sourate 33:40).

      2. La prière (ṣalāt) en direction de La Mecque cinq fois par jour (sourate 2:144).

      3. L’aumône (zakāt), l’obligation de donner un pourcentage de ses revenus et de la valeur de certains biens (sourate 24:56).

      4. Le jeûne (ṣawm), surtout le mois pendant lequel on célèbre le ramaḍān (sourate 2:183-185).

      5. Le pèlerinage (ḥajj). Une fois dans sa vie, tout musulman doit se rendre à La Mecque. Seules la maladie et la pauvreté l’en dispensent (sourate 3:97).

      [Encadré/Illustration, pages 304, 305]

      La foi bahāʼie: Recherche de l’unité mondiale

      1 La foi bahāʼie n’est pas une secte de l’islām, mais une ramification de la religion des babīs, un groupe de Perse (aujourd’hui l’Iran) qui se sépara de la branche shīʽite de l’islām en 1844. Le chef des babīs était Mīrzā ʽAlī Muḥammad de Shīrāz, qui se proclama le Bāb (“la porte”) et l’imām-mahdī (“le chef bien guidé”) issu de la lignée de Muḥammad. Il fut exécuté par les autorités persanes en 1850. En 1863, Mīrzā Ḥoseyn ʽAlī Nūrī, un membre éminent du groupe babī, “déclara qu’il était ‘Celui que Dieu manifestera’, annoncé par le Bāb”. Il prit aussi le nom de Bahāʼuʼllāh (“Gloire de Dieu”) et fonda une nouvelle religion, la foi bahāʼie.

      2 Bahāʼuʼllāh fut banni de Perse et finalement emprisonné à Akko (aujourd’hui Acre, en Israël). C’est là qu’il écrivit sa principale œuvre, al-Kitāb alaqdas (le Livre très saint) et qu’il donna à la foi bahāʼie la forme d’un enseignement complet. À la mort de Bahāʼuʼllāh, la direction de la religion naissante passa à son fils, ʽAbd ulBahāʼ, puis à son petit-fils, Soghi Efendi Rabbānī, et en 1963 à un corps administratif élu, appelé la Maison universelle de Justice.

      3 Les bahāʼis croient que Dieu s’est révélé à l’homme au moyen de “manifestations divines”, comprenant Abraham, Moïse, Krishna, Zoroastre, le Bouddha, Jésus, Muḥammad, le Bāb et Bahāʼuʼllāh. Ils croient que ces messagers furent envoyés pour guider l’humanité au travers d’un processus évolutif dans lequel l’apparition du Bāb donna le départ d’une nouvelle ère. Les bahāʼis affirment qu’à ce jour le message du Bāb est à la fois la révélation divine la plus complète et le principal instrument transmis par Dieu qui rendra l’unité mondiale possible. — I Timothée 2:5, 6.

      4 L’un des préceptes bahāʼis fondamentaux est “que toutes les grandes religions du monde sont d’origine divine, que leurs principes de base sont en complète harmonie”. Elles “diffèrent seulement dans les aspects non essentiels de leurs doctrines”. — 2 Corinthiens 6:14-18; I Jean 5:19, 20.

      5 Les bahāʼis croient à l’unicité de Dieu, à l’immortalité de l’âme et à l’évolution (biologique, spirituelle et sociale) de l’humanité. En revanche, ils rejettent les idées couramment admises sur les anges, la Trinité, l’enseignement hindou de la réincarnation ainsi que la perte de la perfection par l’homme, et donc la rançon fournie par le sang de Jésus Christ. — Romains 5:12; Matthieu 20:28.

      6 La fraternité humaine et l’égalité des sexes sont au nombre des principales croyances bahāʼies. Les bahāʼis sont monogames. Au moins une fois par jour, ils prononcent une des trois prières révélées par Bahāʼuʼllāh. Ils jeûnent du lever au coucher du soleil pendant les 19 jours du mois bahāʼi de ʽAlā, qui tombe en mars. (Le calendrier bahāʼi se compose de 19 mois de 19 jours, auxquels sont ajoutés certains jours intercalaires.)

      7 La foi bahāʼie ne comporte pas de nombreux rites ni n’a de clergé. Quiconque professe croire en Bahāʼuʼllāh et accepte ses enseignements peut devenir un adepte. Les bahāʼis se réunissent pour pratiquer leur culte le premier jour de chaque mois bahāʼi.

      8 Les bahāʼis considèrent qu’ils ont une mission: la conquête spirituelle de la planète. Ils s’efforcent de répandre leur foi par des discussions, par l’exemple, par leur participation aux réalisations de la société et par des campagnes d’information. Ils croient à l’obéissance absolue aux lois du pays dans lequel ils vivent et, bien qu’ils votent, ils ne prennent pas part à la politique. Ils préfèrent effectuer un service non combattant dans l’armée lorsque c’est possible, mais ne sont pas objecteurs de conscience.

      9 En raison de leur activité missionnaire, les bahāʼis ont connu un accroissement rapide ces dernières années. Ils estiment être près de 5 000 000 de croyants dans le monde, quoique les adeptes adultes soient en réalité un peu plus de 2 300 000 actuellement.

      [Questions d’étude]

      1, 2. Quelle est l’origine de la foi bahāʼie?

      3-7. a) Citez quelques croyances bahāʼies. b) En quoi les croyances bahāʼies diffèrent-​elles des enseignements de la Bible?

      8, 9. Quelle est la mission des bahāʼis?

      [Illustration]

      Le sanctuaire bahāʼi au siège mondial à Haïfa, en Israël.

      [Illustrations, page 286]

      Selon la tradition musulmane, Muḥammad monta au ciel depuis ce rocher qui se trouve dans le Dôme du Rocher, à Jérusalem.

      [Illustrations, page 289]

      À la Mecque, les pèlerins musulmans marchent sept fois autour de la Kaʽba, puis touchent ou baisent la Pierre noire (en bas à gauche).

      [Illustration, page 290]

      L’arabe est la langue requise pour lire le Qurʼān.

      [Illustrations, page 298]

      De gauche à droite en tournant: Dôme du Rocher, Jérusalem; mosquées en Iran, en Afrique du Sud et en Turquie.

      [Illustrations, page 303]

      La Mezquita de Cordoue fut autrefois la plus grande mosquée du monde. (Une cathédrale catholique en occupe aujourd’hui le centre.)

  • La Réforme: Un nouveau tournant dans la recherche
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 13

      La Réforme: Un nouveau tournant dans la recherche

      1, 2. a) En quels termes un livre sur la Réforme décrit-​il l’Église catholique romaine du Moyen Âge? b) Quelles questions cela soulève-​t-​il sur la situation de l’Église de Rome?

      LA VÉRITABLE tragédie pour l’Église médiévale, c’est qu’elle n’évolua pas avec son temps. (...) Loin de suivre le progrès, loin de donner une direction spirituelle, elle était rétrograde et décadente, corrompue à tous les niveaux.” Tels sont les termes dans lesquels le livre L’histoire de la Réforme (angl.) décrit la puissante Église catholique romaine, qui domina la plus grande partie de l’Europe du Ve au XVe siècle de notre ère.

      2 Comment, de toute-puissante qu’elle était, l’Église de Rome se retrouva-​t-​elle ‘décadente et corrompue’? Comment la papauté, qui revendiquait la succession apostolique, manqua-​t-​elle à ses devoirs au point de ne pas même fournir de “direction spirituelle”? Et quelle fut la conséquence de ce manquement? Pour connaître la réponse à ces questions, il nous faut examiner brièvement quelle sorte d’Église elle était devenue au juste et quel rôle elle jouait dans la recherche que menaient les hommes pour trouver le vrai Dieu.

      Le déclin de l’Église

      3. a) Quelle était la situation matérielle de l’Église catholique à la fin du XVe siècle? b) Par quels moyens l’Église s’efforça-​t-​elle de conserver sa grandeur?

      3 À la fin du XVe siècle, l’Église de Rome possédait tant de paroisses, de monastères et de couvents d’un bout à l’autre de son domaine qu’elle était le plus grand propriétaire terrien d’Europe. On a dit qu’elle possédait la moitié des terres en France et en Allemagne, et au moins les deux cinquièmes en Suède et en Angleterre. Qu’en résulta-​t-​il? La “splendeur de Rome s’accrut démesurément à la fin du XIVe siècle et au début du XVe, et son importance politique augmenta temporairement, dit le livre Histoire de la civilisation (angl.). Cependant, toute cette grandeur se payait: pour la conserver, la papauté dut trouver de nouvelles sources de revenus. L’historien Will Durant a détaillé les différents moyens qu’elle mit en œuvre:

      “Tout ecclésiastique nommé était requis de remettre à la Curie pontificale — bureaux administratifs de la papauté — la moitié du revenu de sa charge pour la première année (annate), et ensuite chaque année la dixième partie du revenu, ou dîme. Un nouvel archevêque devait payer au pape une somme importante pour le pallium — bande de lainage blanc qui servait de confirmation et d’insigne de son autorité. À la mort de tout cardinal, archevêque, évêque ou abbé, ses possessions personnelles retournaient à la papauté. (...) Toute faveur ou tout jugement obtenu de la Curie correspondait à un don en reconnaissance, et le jugement était parfois dicté par l’importance de ce présent.”

      4. Quel effet les richesses amassées par l’Église eurent-​elles sur la papauté?

      4 Les énormes sommes d’argent qui s’entassaient dans les coffres du pape année après année furent à l’origine de maints abus et d’une grande corruption. Quelqu’un a dit que ‘même un pape ne peut toucher de la poix sans se souiller les doigts’. Or, durant cette période de son histoire, l’Église connut ce qu’un historien a appelé “une succession de papes très mondains: Sixte IV (pape de 1471 à 1484) dépensa une fortune pour construire la Chapelle Sixtine, dont le nom vient du sien, et pour enrichir ses nombreux neveux et nièces; Alexandre VI (pape de 1492 à 1503), le célèbre Rodrigo Borgia, reconnut et favorisa ouvertement ses enfants illégitimes; Jules II (pape de 1503 à 1513), un neveu de Sixte IV, préférait les guerres, la politique et les arts à ses devoirs ecclésiastiques. Érasme, érudit catholique hollandais, était donc pleinement fondé à écrire en 1518: “L’impudicité de la Curie romaine a atteint son point culminant.”

      5. Qu’indiquent les récits de l’époque à propos de la moralité du clergé?

      5 La corruption et l’immoralité n’étaient pas le propre de la papauté. Un dicton disait alors: “Si tu veux la perte de ton fils, fais-​le prêtre.” Les récits de l’époque confirment cet état de choses. Selon Will Durant, en Angleterre, pour ce qui est des “accusations d’incontinences [sexuelles] enregistrées en 1499, (...) les coupables ecclésiastiques se montaient à quelque 23 % du total, bien que le clergé correspondît probablement à moins de 2 % de la population. Certains confesseurs sollicitaient des faveurs de leurs pénitentes. Des milliers de prêtres avaient des concubines; en Allemagne, ils en avaient presque tous”. (Comparer avec 1 Corinthiens 6:9-11; Éphésiens 5:5.) La déchéance morale touchait d’autres domaines encore. Un Espagnol qui vécut à ce moment-​là aurait formulé cette plainte: “Je me rends compte qu’on ne peut guère obtenir quoi que ce soit des ministres du Christ à moins de leur donner de l’argent; au baptême de l’argent (...), au mariage de l’argent, pour une confession de l’argent — non, pas d’extrême-onction [le dernier sacrement] sans argent! Ils ne feront pas sonner de cloches sans argent, pas d’enterrement à l’Église sans argent; à tel point qu’il semblerait que le Paradis soit fermé à ceux qui n’ont pas d’argent.” — Comparer avec 1 Timothée 6:10.

      6. Quelle description Machiavel fit-​il de l’Église catholique (Romains 2:21-24)?

      6 Pour résumer la situation dans laquelle se trouvait l’Église catholique au début du XVIe siècle, nous citerons Machiavel, célèbre philosophe italien de cette période:

      “Si la religion du christianisme avait été conservée selon les ordonnances du fondateur, l’État et les corps de la chrétienté eussent été beaucoup plus unis et heureux qu’ils ne le sont. Il ne peut non plus y avoir une plus grande preuve de sa décadence que le fait que plus les peuples sont près de Rome, capitale de leur religion, et moins ils sont religieux.”

      Premières tentatives de réforme

      7. Quels efforts timides l’Église fit- elle en vue de refréner quelques abus?

      7 Des hommes tels qu’Érasme et Machiavel n’étaient pas les seuls à se rendre compte de la crise que traversait l’Église; l’Église elle-​même en avait conscience. Des conciles furent convoqués pour répondre à quelques plaintes et s’attaquer à quelques abus, mais sans effets durables. Se complaisant dans leur gloire et leur pouvoir personnels, les papes décourageaient toute véritable tentative de réforme.

      8. Que provoqua la négligence prolongée de l’Église?

      8 Si l’Église avait mis plus d’ardeur à faire le ménage en son sein, peut-être la Réforme n’aurait-​elle jamais éclos. Mais faute de mesures, on se mit à réclamer une réforme tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église. Au chapitre 11, nous avons déjà parlé des Vaudois et des Albigeois. Certes, on les avait condamnés pour hérésie, on les avait réprimés sans pitié; malgré tout, ils avaient éveillé chez le peuple un sentiment d’insatisfaction vis-à-vis des abus du clergé catholique, et ils avaient suscité le désir de revenir à la Bible. Nombre des premiers réformateurs reprirent ce genre de thèmes.

      Protestations au sein de l’Église

      9. Qui était John Wycliffe, et contre quoi prêcha-​t-​il?

      9 Souvent appelé “l’étoile de la Réforme”, John Wycliffe (1330?-1384) était prêtre catholique et professeur de théologie à Oxford, en Angleterre. Bien au courant des abus perpétrés dans l’Église, il écrivit et prêcha par exemple contre la corruption dans les ordres monastiques, contre les taxes papales, contre la doctrine de la transsubstantiation (selon laquelle le pain et le vin utilisés lors de la messe se changent littéralement en le corps et le sang de Jésus Christ), contre la confession et l’ingérence de l’Église dans les affaires temporelles.

      10. Comment Wycliffe montra-​t-​il son dévouement à la Bible?

      10 Wycliffe se montra particulièrement virulent quand il s’en prit à la négligence de l’Église à enseigner la Bible. Il déclara un jour: “Plût à Dieu que chaque paroisse de ce pays ait une bonne Bible et de bonnes interprétations de l’évangile, que les prêtres les étudient assidûment, et qu’ils enseignent vraiment l’évangile et les commandements de Dieu au peuple!” À cette fin, Wycliffe entreprit dans les dernières années de sa vie de traduire en anglais la Vulgate, la Bible latine. Aidé de ses associés, notamment de Nicolas de Hereford, il produisit la première Bible complète en langue anglaise. Incontestablement, ce fut là le plus grand apport de Wycliffe à la recherche que menaient les hommes pour trouver Dieu.

      11. a) Que réussirent à faire les disciples de Wycliffe? b) Qu’arriva-​t-​il aux lollards?

      11 Les écrits de Wycliffe ainsi que des parties de la Bible furent propagés dans toute l’Angleterre par un groupe de prédicateurs souvent dénommés les “pauvres prêtres” parce qu’ils allaient pieds nus, vêtus simplement, et ne possédaient aucun bien. On les appelait aussi, par dérision, lollards, mot qui dérive du moyen allemand lollaert, “qui marmonne des prières ou des hymnes”. (Brewer’s Dictionary of Phrase and Fable.) “En quelques années, leur nombre s’accrut considérablement, déclare le livre Les lollards (angl.). On a estimé qu’au moins un quart de la nation penchait réellement pour ces opinions ou les professait.” Il va de soi que tous ces remous n’échappèrent pas à l’Église. Ce n’est que grâce au crédit dont il jouissait dans les milieux dirigeant et scolastique que Wycliffe put mourir en paix, le dernier jour de l’an 1384. Ses disciples eurent moins de chance. Sous le règne d’Henri IV d’Angleterre, ils furent taxés d’hérésie, ce qui valut à nombre d’entre eux d’être emprisonnés, torturés ou brûlés vifs.

      12. Qui était Jan Hus, et contre quoi prêcha-​t-​il?

      12 Un homme fut fortement influencé par John Wycliffe: le Bohémien (Tchèque) Jan Hus (1369?-1415), qui lui aussi était prêtre catholique, et recteur de l’université de Prague. Comme Wycliffe, Hus prêcha contre la corruption de l’Église catholique et souligna l’importance de lire la Bible, ce qui lui attira rapidement les foudres de sa hiérarchie. En 1403, les autorités lui ordonnèrent de cesser de prêcher des idées qui s’opposaient à la papauté, les idées de Wycliffe, dont les livres étaient brûlés en public. Toutefois, Hus continua d’écrire certains des réquisitoires les plus cinglants contre les pratiques de l’Église, notamment la vente des indulgences pontificalesa. Il fut condamné et excommunié en 1410.

      13. a) Qu’était la véritable Église, au dire de Hus? b) Que valut à Hus sa ténacité?

      13 Hus soutenait la Bible sans compromis. “Se rebeller contre un pape dévoyé, c’est obéir à Christ”, écrivit-​il. De plus, il enseignait que la véritable Église, loin de se limiter au pape et au catholicisme établi, “est la totalité des élus et le corps mystique du Christ, dont la tête est le Christ; et l’épouse du Christ, que, dans son immense amour, il racheta avec son propre sang”. (Voir Éphésiens 1:22, 23; 5:25-27.) Pour toutes ces raisons, il comparut au concile de Constance où il fut condamné pour hérésie. Déclarant qu’“il vaut mieux mourir sain que vivre malade”, il refusa de se rétracter et mourut sur le bûcher en 1415. Le même concile ordonna qu’on exhumât les ossements de Wycliffe et qu’on les brûlât, alors qu’il était mort et enterré depuis plus de 30 ans!

      14. a) Qui était Jérôme Savonarole? b) Que tenta-​t-​il de faire, et y parvint-​il?

      14 Un autre des premiers réformateurs fut le moine dominicain Jérôme Savonarole (1452-​1498), du monastère San Marco à Florence, en Italie. Enflammé par l’esprit de la Renaissance italienne, Savonarole dénonça la corruption de l’Église et de l’État. Prétendant se fonder sur l’Écriture, sur des visions et sur des révélations qu’il aurait reçues, il chercha à instaurer un État chrétien, un ordre théocratique. En 1497, le pape l’excommunia. L’année suivante, il fut arrêté, torturé puis pendu. Ses dernières paroles furent: “Mon Seigneur est mort pour mes péchés; ne lui donnerai-​je pas cette pauvre vie avec joie?” Son corps fut brûlé et ses cendres jetées dans l’Arno. Savonarole se qualifia avec juste raison de “précurseur” et de “sacrifice”. Seulement quelques années plus tard, la Réforme éclatait de toutes parts en Europe.

      Une maison divisée

      15. Dans quelle mesure le mouvement réformateur divisa-​t-​il l’Église en Europe occidentale?

      15 Quand la tempête de la Réforme se déchaîna, elle ébranla la maison religieuse de la chrétienté en Europe occidentale. Jusqu’alors sous la domination presque absolue de l’Église catholique romaine, cette maison se divisa. Le sud de l’Europe — l’Italie, l’Espagne, l’Autriche et certaines régions de France — demeura en majorité catholique. Le reste de l’Europe se sépara en trois courants principaux: luthérien en Allemagne et en Scandinavie; calviniste (ou réformé) en Suisse, aux Pays-Bas, en Écosse et dans plusieurs régions de France; et anglican en Angleterre. Au milieu de ces courants apparurent çà et là des groupes plus petits, mais plus radicaux, d’abord les anabaptistes, puis les mennonites, les huttérites et les puritains, qui par la suite emportèrent leurs croyances en Amérique du Nord.

      16. En fin de compte, que devint la chrétienté (Marc 3:25)?

      16 Les années passant, ces principaux courants se fractionnèrent pour former les centaines de confessions qui existent aujourd’hui — presbytérienne, épiscopalienne, méthodiste, baptiste, congrégationaliste, pour n’en citer que quelques-unes. La chrétienté devint vraiment une maison divisée. Mais qu’est-​ce qui suscita toutes ces divisions?

      Luther et ses thèses

      17. À quelle date pourrait-​on situer le début officiel de la Réforme protestante?

      17 Si l’on devait désigner une date ayant marqué le début de la Réforme protestante, ce serait le 31 octobre 1517, jour où le moine augustin Martin Luther (1483-​1546) placarda ses 95 thèses à la porte de l’église du château de Wittenberg, en Saxe, un État allemand. Mais qu’est-​ce qui avait provoqué cet événement révolutionnaire? Qui était Martin Luther? Et contre quoi protestait-​il?

      18. a) Qui était Martin Luther? b) Qu’est-​ce qui décida Luther à afficher ses thèses?

      18 Comme ses prédécesseurs Wycliffe et Hus, Martin Luther était un moine érudit. Il était aussi docteur en théologie et professeur d’études bibliques à l’université de Wittenberg. Luther se tailla une solide réputation de par son intelligence de la Bible. Même s’il avait des idées arrêtées sur la question du salut, ou de la justification, par la foi plutôt que par les œuvres ou par la pénitence, il n’avait nullement l’intention de rompre avec l’Église de Rome. En réalité, il avait affiché ses thèses par réaction à un incident spécifique; il ne s’agissait pas d’une révolte préméditée. Il protestait contre la vente des indulgences.

      19. Quel profit tirait-​on de la vente des indulgences à l’époque de Luther?

      19 À l’époque de Luther, les indulgences pontificales étaient vendues publiquement, non seulement en faveur des vivants, mais encore pour les morts. “À peine dans ce tronc est tombée une obole, du purgatoire une âme au paradis s’envole”, disait un adage. Pour les gens ordinaires, une indulgence devint presque une assurance d’impunité quel que soit le péché, et la repentance en fit les frais. “Partout, écrivit Érasme, on vend la rémission des tourments infligés au purgatoire; non seulement on la vend, mais on oblige ceux qui la refusent à l’accepter.”

      20. a) Pourquoi Johannes Tetzel se rendit-​il à Jüterbog? b) Quelle réaction la vente des indulgences à laquelle se livrait Tetzel provoqua-​t-​elle chez Luther?

      20 En 1517, Johannes Tetzel, frère dominicain, vint vendre des indulgences à Jüterbog, près de Wittenberg. L’argent obtenu devait en partie financer la reconstruction de la basilique Saint-Pierre de Rome; il devait aussi aider Albert de Brandebourg à rembourser l’argent qu’il avait emprunté pour acheter à la curie romaine le poste d’archevêque de Mayence. Tetzel déployant ses talents de marchand, le peuple afflua vers lui. Luther s’en indigna; c’est pourquoi il employa le moyen le plus rapide dont il disposait pour exprimer publiquement son opinion sur cette affaire aberrante: il afficha 95 points de débat sur la porte de l’église.

      21. Quels arguments Luther opposa-​t-​il à la vente des indulgences?

      21 Luther appela ses 95 thèses Controverse destinée à montrer la vertu des indulgences. Il ne visait pas tant à défier l’autorité de l’Église qu’à dénoncer les excès, les exactions qui accompagnaient la vente des indulgences pontificales. Cela ressort des thèses suivantes:

      “5. Le pape ne veut, ni ne peut remettre aucune peine, excepté celles qu’il a imposées (...) de sa propre volonté (...).

      20. Par conséquent, le pape, lorsqu’il parle de rémission plénière de toutes les peines, ne les comprend pas absolument toutes, mais seulement celles qu’il a lui-​même imposées. (...)

      36. N’importe quel chrétien, vraiment repentant, a pleine rémission de la peine et de la faute; elle lui est due même sans lettres d’indulgences.”

      22. a) Qu’est-​ce qui se développait à mesure que le message de Luther se répandait? b) Qu’arriva-​t-​il a Luther en 1520, et quelle en fut l’issue?

      22 Avec la presse à imprimer, qu’on venait de découvrir, ces idées explosives ne mirent pas longtemps à atteindre d’autres parties de l’Allemagne — et Rome. Le débat ébauché sous des allures de querelle académique se mua bientôt en controverse portant sur des questions de foi et sur l’autorité du pape. Au départ, l’Église de Rome engagea un débat avec Luther et lui ordonna de se rétracter. Le refus de Luther amena les pouvoirs ecclésiastique et politique à faire pression sur lui. En 1520, le pape émit une bulle, ou édit, qui interdisait à Luther de prêcher et ordonnait l’autodafé de ses livres. Par défi, Luther brûla la bulle papale en public. Le pape l’excommunia en 1521.

      23. a) Qu’était la diète de Worms? b) En quels termes Luther exposa-​t-​il sa position à Worms, et quelle en fut la conséquence?

      23 Plus tard, la même année, Luther fut cité devant la diète, ou assemblée, à Worms. Il fut jugé par l’empereur du Saint Empire romain, Charles Quint, catholique fervent, ainsi que par les six électeurs des États allemands et par d’autres chefs et dignitaires, religieux et séculiers. Sommé une nouvelle fois de se rétracter, Luther fit cette déclaration célèbre: “À moins d’être convaincu par le témoignage de l’Écriture et par des raisons évidentes (...) je ne puis ni ne veux rien rétracter, car il n’est ni sûr ni salutaire d’agir contre sa conscience. Que Dieu me soit en aide! Amen.” En conséquence de quoi l’empereur le mit au ban de l’empire. Néanmoins, le chef de l’État allemand où il vivait, l’Électeur Frédéric de Saxe, vint à son secours en lui offrant un refuge au château de la Wartburg.

      24. Que fit Luther pendant son séjour au château de la Wartburg?

      24 Ces mesures n’empêchèrent pas les idées de Luther de se répandre. Pendant dix mois, en sécurité à la Wartburg, Luther se consacra à la traduction de la Bible et écrivit beaucoup. Il traduisit les Écritures grecques en allemand à partir du texte grec établi par Érasme. Il s’attaqua ensuite aux Écritures hébraïques. La Bible de Luther s’avéra répondre parfaitement aux besoins du peuple. Selon un rapport, “on en vendit cinq mille exemplaires en deux mois et deux cent mille en douze ans”. On compare souvent l’influence de cette version sur la langue et la culture allemande à celle de la Bible du roi Jacques sur l’anglais.

      25. a) D’où vient le nom de protestant? b) Qu’était la Confession d’Augsbourg?

      25 Dans les années qui suivirent la diète de Worms, le mouvement réformateur gagna tant de faveur auprès du peuple qu’en 1526 l’empereur accorda à chaque État allemand le droit de choisir entre luthéranisme et catholicisme. Cependant, en 1529, il revint sur sa décision; quelques princes allemands protestèrent: c’est ainsi que le nom de protestant fut rattaché au mouvement de la Réforme. L’année suivante, en 1530, à la diète d’Augsbourg, l’empereur tenta de concilier les deux parties. Les luthériens présentèrent leurs croyances dans un document, la Confession d’Augsbourg, rédigée par Philipp Melanchthon, mais basée sur les enseignements de Luther. Le ton de ce document avait beau être conciliateur, l’Église le rejeta, et le fossé qui séparait le protestantisme du catholicisme devint infranchissable. De nombreux États allemands, suivis de près par les États scandinaves, prirent parti pour Luther.

      Réforme ou révolte?

      26. D’après Luther, quelles idées fondamentales séparaient le protestantisme du catholicisme?

      26 Quelles idées fondamentales séparaient les protestants des catholiques? D’après Luther, elles étaient au nombre de trois. D’abord, Luther croyait que le salut provient de la “justification par la foi seule” (latin sola fide)b et non grâce à l’absolution donnée par un prêtre ni par des œuvres de pénitence. Ensuite, il enseignait que le pardon n’est accordé que par la grâce de Dieu (sola gratia) et non de par l’autorité de prêtres ou de papes. Enfin, Luther soutenait que tout point de doctrine doit être appuyé par l’Écriture uniquement (sola scriptura) et non par des papes ou par des conciles.

      27. a) Quels enseignements et pratiques non bibliques des catholiques les protestants conservèrent-​ils? b) Quels changements les protestants exigeaient-​ils?

      27 Cela n’empêcha pas Luther de “conserver des croyances et de la liturgie anciennes, tout ce qu’il put adapter à ses conceptions personnelles du péché et de la justification”, rapporte l’Encyclopédie catholique (angl.). La Confession d’Augsbourg déclare que dans la foi luthérienne “il n’y a rien qui soit contraire aux Écritures ou à l’Église catholique, ou même à l’Église romaine, pour autant que les auteurs connaissent cette Église”. En réalité, la foi luthérienne telle que la présentait la Confession d’Augsbourg reprenait des doctrines contraires aux Écritures, telles que la Trinité, l’immortalité de l’âme et les tourments éternels, ainsi que des pratiques comme le baptême des nouveau-nés et les fêtes de l’Église. D’un autre côté, les luthériens exigeaient certains changements: ils voulaient par exemple que le peuple soit autorisé à recevoir le vin aussi bien que le pain lors de la communion, et qu’on abolisse le célibat des prêtres, les vœux monastiques et la confession obligatoirec.

      28. En quoi la Réforme réussit-​elle, et en quoi échoua-​t-​elle?

      28 D’une façon générale, la Réforme défendue par Luther et ses disciples réussit à les soustraire au joug papal. Néanmoins, Jésus déclara en Jean 4:24: “Dieu est Esprit, et ceux qui l’adorent doivent l’adorer avec l’esprit et la vérité.” On peut affirmer qu’avec Martin Luther la recherche menée par les hommes pour trouver le vrai Dieu ne prit qu’un nouveau tournant; on était encore loin du sentier étroit de la vérité. — Matthieu 7:13, 14; Jean 8:31, 32.

      La réforme de Zwingli en Suisse

      29. a) Qui était Ulrich Zwingli, et contre quoi prêcha-​t-​il? b) En quoi la réforme de Zwingli différait-​elle de celle de Luther?

      29 Pendant que Luther se débattait avec les émissaires du pape et les autorités civiles en Allemagne, Ulrich Zwingli (1484-​1531), prêtre catholique, entamait un mouvement de réforme à Zurich, en Suisse. Comme on parlait allemand dans la région, les gens étaient déjà touchés par les vents de réforme qui soufflaient du nord. Vers 1519, Zwingli se mit à prêcher contre les indulgences, la mariolâtrie, le célibat des prêtres et d’autres doctrines de l’Église catholique. Bien que Zwingli se prétendît indépendant de Luther, il partageait ses idées dans de nombreux domaines et distribuait ses écrits dans tout le pays. À l’opposé toutefois de Luther, qui était plus conservateur, Zwingli prônait l’abolition de tous les vestiges de l’Église catholique: des images, des crucifix, des vêtements sacerdotaux, et même de la musique liturgique.

      30. Quelle question divisait Zwingli et Luther?

      30 Les deux réformateurs étaient cependant divisés par une controverse plus grave, qui portait sur l’Eucharistie ou messe (communion). Luther ne démordait pas d’une interprétation littérale de ces paroles de Jésus: “Ceci est mon corps.” Il croyait que le corps et le sang du Christ étaient miraculeusement présents dans le pain et le vin servis lors de la communion. Zwingli, en revanche, affirmait dans son traité intitulé Sur le souper du Seigneur que la déclaration de Jésus “doit être prise figurément ou métaphoriquement; ‘Ceci est mon corps’ signifie ‘le pain représente mon corps’ ou ‘est une figure de mon corps”’. Cette divergence entraîna les deux réformateurs sur des chemins différents.

      31. À quoi aboutit l’œuvre de Zwingli en Suisse?

      31 Zwingli continua de prêcher ses doctrines réformées à Zurich, où il opéra de nombreux changements. D’autres villes se rallièrent bientôt à lui, mais la plupart des habitants de la campagne, plus attachés à la tradition, se cramponnaient au catholicisme. Le conflit entre les deux factions s’envenima à tel point qu’une guerre civile éclata entre Suisses protestants et catholiques. Zwingli, qui servait dans l’armée comme aumônier, fut tué à la bataille de Kappel, près du lac de Zug, en 1531. Quand la paix fut rétablie, chaque canton se vit octroyer le droit de choisir sa religion, protestante ou catholique.

      Anabaptistes, mennonites et huttérites

      32. Qui étaient les anabaptistes, et qu’est-​ce qui leur valut ce nom?

      32 Certains protestants trouvaient toutefois que les réformateurs n’avaient pas suffisamment rejeté les défauts de l’Église catholique papiste. À leur sens, l’Église chrétienne ne devait se composer que de pratiquants fidèles qui se feraient baptiser, et non de tous les membres d’une communauté ou d’une nation. C’est pourquoi ils rejetaient le baptême des nouveau-nés et exigeaient la séparation de l’Église et de l’État. Comme ils rebaptisaient secrètement leurs compagnons croyants, on leur donna le nom d’anabaptistes (ana voulant dire “de nouveau” en grec). Du fait qu’ils refusaient de porter les armes, de prêter serment ou d’assumer des fonctions publiques, ils étaient considérés comme une menace pour la société, et ils furent persécutés tant par les catholiques que par les protestants.

      33. a) Pourquoi le mouvement anabaptiste fut-​il violemment réprimé? b) Comment l’influence anabaptiste s’étendit-​elle?

      33 Les anabaptistes vécurent d’abord en petits groupes éparpillés en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas. Étant donné qu’ils prêchaient leurs croyances partout où ils allaient, leur nombre augmenta rapidement. En 1534, emportés par leur ferveur religieuse, un groupe d’anabaptistes abandonnèrent leur pacifisme et prirent la ville de Münster. Ils voulaient en faire une Nouvelle Jérusalem organisée en une communauté pratiquant la polygamie, mais leur mouvement fut vite endigué avec une rare violence. Cette tentative porta atteinte à la réputation des anabaptistes, qui furent presque exterminés. En réalité, la majorité des anabaptistes étaient des gens simples et croyants qui s’efforçaient de mener une vie tranquille, à part. Parmi leurs héritiers les mieux organisés, on dénombrait les mennonites, disciples du réformateur néerlandais Menno Simons, et les huttérites, dirigés par le Tyrolien Jakob Hutter. Pour fuir la persécution, certains d’entre eux émigrèrent en Europe de l’Est (en Pologne, en Hongrie et même en Russie), d’autres en Amérique du Nord, où on les retrouva finalement dans les communautés huttérites et amish.

      Apparition du calvinisme

      34. a) Qui était Jean Calvin? b) Quel livre important écrivit-​il?

      34 La Réforme progressa en Suisse sous l’impulsion d’un Français nommé Jean Cauvin ou Jean Calvin (1509-​1564), qui entra en contact avec les enseignements protestants au cours de ses études en France. En 1534, Calvin quitta Paris où sévissaient des persécutions religieuses et s’établit à Bâle, en Suisse. Pour défendre les protestants, il publia l’Institution de la religion chrétienne dans laquelle il résuma les idées des premiers pères de l’Église et des théologiens médiévaux, ainsi que celles de Luther et de Zwingli. On en vint à considérer cet ouvrage comme le fondement doctrinal de toutes les Églises réformées établies par la suite en Europe et en Amérique.

      35. a) Comment Calvin expliquait-​il sa doctrine de la prédestination? b) Comment l’austérité de cette doctrine se reflétait-​elle dans d’autres aspects de l’enseignement de Calvin?

      35 Dans l’Institution, Calvin exposait sa théologie. Pour lui, Dieu est le souverain absolu, dont la volonté détermine et règle toute chose. Par contre, l’homme déchu est pécheur et ne mérite absolument rien. Le salut ne dépend donc pas des belles œuvres de l’homme, mais de Dieu — d’où la doctrine de la prédestination que défendait Calvin, à propos de laquelle il écrivit:

      “Nous disons que le Seigneur a une fois constitué en son conseil éternel et immuable, lesquels il voulait prendre à salut, et lesquels il voulait laisser en ruine. Ceux qu’il appelle à salut, nous disons qu’il les reçoit de sa miséricorde gratuite, sans avoir égard aucun à leur propre dignité. Au contraire que l’entrée de vie est forclose à tous ceux qu’il veut livrer en damnation, et que cela se fait par son jugement occulte et incompréhensible: combien qu’il soit juste et équitable.”

      L’austérité d’un tel enseignement se percevait dans d’autres domaines. Calvin soutenait que les chrétiens doivent mener une vie sainte et vertueuse, s’abstenant non seulement du péché, mais aussi des plaisirs et de la frivolité. En outre, il affirma que l’Église, qui rassemble les élus, doit être exemptée de toute restriction civile, et que c’est uniquement par le moyen de l’Église que l’on peut établir une société véritablement pieuse.

      36. a) Que tentèrent Calvin et Farel à Genève? b) Quel règlement strict instituèrent-​ils? c) Quelle fut l’une des conséquences notoires des mesures extrêmes prises par Calvin, et comment se justifia-​t-​il?

      36 Peu après avoir publié l’Institution, Calvin fut convaincu par Guillaume Farel, un autre réformateur français, de s’installer à Genève. Ensemble ils travaillèrent à mettre en œuvre les principes du calvinisme. Leur but était de transformer Genève en cité de Dieu, une théocratie ou domination divine qui cumulerait les fonctions de l’Église et de l’État. Ils instituèrent un règlement strict, assorti de sanctions, qui régissait tout, depuis l’instruction religieuse et les offices de l’Église jusqu’aux mœurs publiques, en passant par l’hygiène ou la prévention des incendies par exemple. Un texte historique rapporte qu”‘un coiffeur fut emprisonné deux jours pour avoir coiffé une mariée d’une manière jugée inconvenante; la mère et deux amies de l’épousée, qui avaient apporté leur concours, subirent la même peine. Le magistrat punissait aussi ceux qui dansaient ou qui jouaient aux cartes”. Ceux qui ne suivaient pas Calvin en matière de théologie se voyaient infliger de durs traitements. Le plus célèbre d’entre eux fut l’Espagnol Miguel Serveto, ou Michel Servet, qui fut brûlé vif. — Voir l’encadré de la page 322.

      37. Par quel moyen l’influence de Calvin s’étendit-​elle bien au delà des frontières de la Suisse?

      37 Calvin continua d’appliquer sa réforme à Genève jusqu’à sa mort en 1564, et l’Église réformée s’implanta solidement. Les réformateurs protestants qui fuyaient la persécution dans d’autres pays affluèrent à Genève, adoptèrent les idées calvinistes et devinrent les initiateurs des mouvements de réforme dans leurs pays d’origine. Le calvinisme se répandit rapidement en France, où les huguenots (c’est ainsi qu’on appelait les calvinistes français) endurèrent de sévères persécutions de la main des catholiques. Aux Pays-Bas, les calvinistes participèrent à l’établissement de l’Église réformée des Pays-Bas. En Écosse, sous la conduite zélée de l’ancien prêtre catholique John Knox, l’Église presbytérienne d’Écosse fut créée dans la droite ligne du calvinisme. Le calvinisme joua encore un rôle dans la Réforme en Angleterre, d’où les puritains l’emmenèrent en Amérique du Nord. Par conséquent, bien que Luther ait mis en route la Réforme protestante, c’est Calvin qui, de loin, exerça la plus grande influence sur son développement.

      La Réforme en Angleterre

      38. Comment l’œuvre de John Wycliffe engendra-​t-​elle l’esprit protestant en Angleterre?

      38 Totalement en marge des mouvements réformateurs d’Allemagne et de Suisse se situe la Réforme anglaise, dont les racines remontent aux jours de John Wycliffe, qui engendra l’esprit protestant en Angleterre en prêchant contre le clergé et en mettant l’accent sur la Bible. D’autres imitèrent ses efforts pour traduire la Bible en anglais. William Tyndale, qui dut s’enfuir d’Angleterre, publia son Nouveau Testament en 1526. Il fut par la suite trahi à Anvers, attaché à un poteau, étranglé, et son corps fut brûlé. Miles Coverdale acheva la traduction de Tyndale, et une version intégrale de la Bible fut éditée en 1535. Sans aucun doute, la publication de la Bible dans la langue du peuple fut l’événement qui contribua le plus à la naissance de la Réforme en Angleterre.

      39. Quel rôle Henri VIII joua-​t-​il dans la Réforme en Angleterre?

      39 La rupture officielle avec le catholicisme eut lieu lorsque Henri VIII (1491-​1547), à qui le pape avait conféré le titre de Défenseur de la foi, proclama en 1534 l’Acte de suprématie, par lequel il s’érigeait en chef de l’Église d’Angleterre. Henri VIII ferma aussi les monastères et répartit leurs propriétés dans la petite noblesse. En outre, il ordonna qu’on place une Bible en anglais dans chaque Église. Cependant, l’intervention de Henri VIII était plus d’ordre politique que religieux. Il désirait s’affranchir de l’autorité du pape, particulièrement dans ses affaires matrimonialesd. Sur le plan religieux, il demeura catholique sous tous les rapports, sauf de nom.

      40. a) Quels changements eurent lieu dans l’Église d’Angleterre sous le règne d’Élisabeth Ire? b) Quels groupes dissidents finirent par se former en Angleterre, aux Pays-Bas et en Amérique du Nord?

      40 Ce fut sous le long règne (1558-​1603) d’Élisabeth Ire que l’Église d’Angleterre adopta les pratiques protestantes, bien qu’elle gardât dans une large mesure sa structure catholique. On mit un terme à l’allégeance au pape, au célibat des prêtres, à la confession et à d’autres coutumes catholiques, tout en conservant la structure épiscopale de l’Église, c’est-à-dire une hiérarchie comprenant des archevêques et des évêques ainsi que des ordres de moines et de religieusese. Ce conservatisme engendra un grand mécontentement, à la suite duquel divers groupes dissidents se formèrent. Les puritains réclamaient une réforme plus profonde, en vue de purifier leur Église de toutes les pratiques catholiques; les séparatistes et les indépendants affirmaient que les affaires de l’Église devaient être traitées par des anciens (presbytres) locaux. De nombreux dissidents se réfugièrent aux Pays-Bas ou en Amérique du Nord, où ils établirent les Églises congrégationaliste et baptiste. En Angleterre apparurent également la Société des Amis (quakers), fondée par George Fox (1624-​1691), et les méthodistes dirigés par John Wesley (1703-​1791). — Voir le tableau ci-dessous.

      Les conséquences

      41. a) De l’avis de certains spécialistes, quel effet la Réforme a-​t-​elle eu sur l’Histoire? b) Quelles questions faut-​il soulever?

      41 Maintenant que nous avons considéré les trois grands courants de la Réforme — luthérien, calviniste et anglican —, il nous faut nous arrêter et en faire le bilan. Indéniablement, la Réforme a changé le cours de l’Histoire en Occident. “La Réforme a eu pour effet de donner au peuple une soif de liberté et d’une citoyenneté plus élevée et plus pure. Partout où la cause protestante s’est répandue, elle a rendu les masses plus revendicatrices”, a écrit John Hurst dans son livre intitulé Brève histoire de la Réforme (angl.). De nombreux spécialistes pensent que la civilisation occidentale telle que nous la connaissons n’aurait jamais vu le jour sans la Réforme. Quoi qu’il en soit, il nous faut nous demander: Qu’a apporté la Réforme sur le plan religieux? De quel profit a-​t-​elle été dans la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver le vrai Dieu?

      42. a) Quel est sans conteste le plus grand service qu’a rendu la Réforme? b) Quelle question s’impose quant aux véritables résultats de la Reforme?

      42 Sans conteste, son plus grand service, la Réforme l’a rendu en divulguant la Bible dans la langue du peuple, qui pour la première fois disposait de la Parole de Dieu dans son entier et pouvait se nourrir spirituellement en la lisant. Mais il ne suffit évidemment pas de lire la Bible. La Réforme affranchit-​elle le peuple non seulement de l’autorité papale, mais encore des doctrines et des dogmes erronés qui le tenaient captif depuis des siècles? — Jean 8:32.

      43. a) À quels symboles la plupart des Églises protestantes actuelles souscrivent-​elles, et de quelles croyances sont-​ils les fondements? b) Quelle incidence la diversité et le vent de liberté produits par la Réforme ont-​ils eue sur la recherche qu’ont menée les hommes pour trouver Dieu?

      43 Presque toutes les Églises protestantes souscrivent aux mêmes symboles — les symboles de Nicée, d’Athanase et des Apôtres —, sur lesquels reposent certaines des doctrines que le catholicisme enseigne depuis des siècles, comme la Trinité, l’immortalité de l’âme et l’enfer. Ces enseignements contraires aux Écritures ont donné au peuple une image déformée de Dieu et de son dessein. Au lieu d’aider les hommes dans leur recherche du vrai Dieu, les nombreuses sectes et confessions venues à l’existence dans le sillage du vent de liberté soufflé par la Réforme protestante n’ont été bonnes qu’à les diriger dans de multiples directions. Elles sont si différentes et si confuses qu’elles ont conduit maintes personnes à douter de l’existence même de Dieu. Le résultat en fut, au XIXe siècle, une vague d’athéisme et d’agnosticisme. Il en sera question dans le prochain chapitre.

      [Notes]

      a Lettres de pardon des péchés émanant du pape.

      b Luther tenait tant au concept de justification par la foi seule que dans sa traduction de la Bible il ajouta le mot “seule” en Romains 3:28. Il se méfiait aussi du livre de Jacques parce qu’on y lit que la foi sans les œuvres est morte”. (Jacques 2:17, 26.) Il ne comprenait pas que, dans la lettre aux Romains, Paul parlait des œuvres de la Loi juive. — Romains 3:19, 20, 28.

      c Martin Luther s’était marié en 1525 à Katharina von Bora, une ancienne religieuse qui s’était échappée d’un cloître cistercien. Ils eurent six enfants. Luther déclara s’être marié pour trois raisons: pour plaire à son père, pour contrarier le pape et le Diable, et pour sceller son témoignage avant son martyre.

      d Henri VIII eut six femmes. Contre la volonté du pape, il fit annuler son premier mariage et divorça d’une autre femme. Il fit décapiter deux de ses femmes, et deux moururent de mort naturelle.

      e Le mot grec épiskopos est traduit par “évêque” dans plusieurs Bibles françaises.

      [Encadré/Illustrations, page 322]

      “Des erreurs du dogme trinitaire”

      À 20 ans, Michel Servet (1511-​1553), un Espagnol qui avait étudié le droit et la médecine, publia De Trinitatis erroribus (Des erreurs du dogme trinitaire), dans lequel il déclara qu’il ‘n’emploierait pas le mot Trinité, qu’on ne trouve pas dans l’Écriture, et qui semble uniquement perpétuer une erreur philosophique’. Il taxa la Trinité de doctrine “incompréhensible, incompatible avec la nature des choses, et que l’on peut même regarder comme blasphématoire”!

      L’Église catholique condamna Servet pour son franc-parler. Mais ce sont les calvinistes qui le firent arrêter, juger et brûler à petit feu. Calvin se justifia en disant: “Quand les papistes sont si brutaux et si violents pour défendre leurs superstitions qu’ils se déchaînent cruellement pour verser le sang innocent, les magistrats chrétiens n’auraient-​ils pas honte de se montrer moins ardents pour défendre la vérité certaine?” Le fanatisme et la haine de Calvin aveuglèrent son jugement et l’amenèrent à bafouer les principes chrétiens. — Voir Matthieu 5:44.

      [Illustrations]

      Jean Calvin, à gauche, fit brûler Michel Servet, à droite, pour hérésie.

      [Tableau, page 327]

      (Voir la publication)

      Tableau simplifié des principales religions de la chrétienté

      Départ de l’apostasie - IIe siècle

      Église catholique romaine

      IVe siècle (Constantin)

      Ve siècle copte

      jacobite

      1054 de n. è. orthodoxe d’Orient

      russe

      grecque

      roumaine et autres

      XVIe siècle Réforme

      luthérienne

      allemande

      suédoise

      américaine et autres

      anglicane

      épiscopalienne

      méthodiste

      Armée du Salut

      baptiste

      pentecôtiste

      congrégationaliste

      calviniste

      presbytérienne

      Églises réformées

      [Illustrations, page 307]

      Ces estampes du XVIe siècle opposent Christ chassant les changeurs du temple et le pape vendant des indulgences.

      [Illustrations, page 311]

      Jan Hus sur le bûcher.

      John Wycliffe, réformateur et traducteur de la Bible en anglais.

      [Illustrations, page 314]

      Martin Luther, à droite, protesta contre la vente des indulgences par le moine Johannes Tetzel.

  • L’incroyance aujourd’hui: Faut-il poursuivre la recherche?
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 14

      L’incroyance aujourd’hui: Faut-​il poursuivre la recherche?

      “Dieu cesse de faire partie des préoccupations habituelles des hommes. On s’y réfère de moins en moins pour scander les journées ou prendre une décision. (...) Dieu a cédé la place à d’autres valeurs: la rentabilité, l’efficacité. S’il pouvait être perçu autrefois comme donnant sens à toutes les activités humaines, il est aujourd’hui relégué dans les oubliettes de l’histoire. (...) Dieu s’est effacé des consciences.” — Aux sources de l’athéisme contemporain.

      1. (Inclure l’introduction.) a) En quels termes le livre Aux sources de l’athéisme contemporain décrit-​il la croyance en Dieu aujourd’hui? b) En quoi l’incroyance d’aujourd’hui contraste-​t-​elle de façon frappante avec les conditions qui régnaient il n’y a pas si longtemps?

      IL N’Y A pas si longtemps, Dieu occupait une place prépondérante dans la vie des Occidentaux. Pour être accepté dans la société, on devait afficher une certaine foi en Dieu, même si tout le monde ne pratiquait pas avec sincérité ce qu’il prétendait croire. On gardait prudemment pour soi ses doutes et ses incertitudes. Quiconque les aurait exprimés en public aurait choqué, risquant même d’être mis au ban de la société.

      2. a) Pourquoi beaucoup de gens ont-​ils cessé de rechercher Dieu? b) Quelles questions faut-​il poser?

      2 Mais aujourd’hui le vent a tourné. Quiconque a de solides convictions religieuses passe aux yeux de beaucoup pour quelqu’un de borné, de dogmatique, voire de fanatique. Dans de nombreux pays, la majorité des habitants ne se soucient guère de Dieu et de la religion, quand ils ne s’en désintéressent pas complètement. La plupart ont cessé de rechercher Dieu, soit parce qu’ils ne croient pas qu’il existe, soit parce qu’ils en doutent. À telle enseigne que certains ont qualifié notre époque de ‘postchrétienne’. Il est donc nécessaire de poser ces questions: Comment les gens ont-​ils pu à ce point perdre la notion de Dieu? Qu’est-​ce qui a provoqué ce changement? A-​t-​on des raisons valables de poursuivre la recherche de Dieu?

      Contrecoup de la Réforme

      3. Quelle fut l’une des conséquences de la Réforme protestante?

      3 Comme nous l’avons vu au chapitre 13, la Réforme protestante du XVIe siècle transforma le point de vue du peuple sur l’autorité, qu’elle soit religieuse ou autre. Au conformisme et à la soumission se substituèrent la liberté d’expression et la revendication. Même si la généralité des gens ne sortirent pas de la religion traditionnelle, certains prirent des orientations plus radicales: ils remirent en question les dogmes et les enseignements fondamentaux des Églises établies. D’autres encore, conscients que la religion a eu tout au long de l’Histoire une part de responsabilité dans les guerres, les souffrances et les injustices, devinrent sceptiques sur toute forme de religion.

      4. a) Selon les récits contemporains, quelle était l’étendue de l’athéisme en Angleterre et en France au XVIe et au XVIIe siècle? b) Qui la Réforme fit-​elle sortir de l’ombre en voulant mettre un terme à la domination papale?

      4 Déjà en 1572, un rapport intitulé Dissertation sur le présent état de l’Angleterre (angl.) contenait cette remarque: “Le royaume est divisé en trois partis: les papistes, les athées et les protestants. Tous trois sont populaires: le premier et le second parce que, vu leur nombre, on n’ose pas leur déplaire.” Selon une estimation, on comptait 50 000 athées à Paris en 1623, bien qu’on employât ce terme dans un sens assez vague. En tous les cas, il est clair qu’en voulant mettre un terme à la domination du pape, la Réforme avait fait sortir de l’ombre ceux qui contestaient les religions établies. C’est ce que confirment Will et Ariel Durant dans Histoire de la civilisation: Partie VII — Prélude à l’Ère des Lumières: “Les penseurs d’Europe — avant-garde de l’esprit européen — ne discutaient plus de l’autorité du pape; ils débattaient de l’existence de Dieu.”

      L’assaut de la science et de la philosophie

      5. Quelles influences hâtèrent la montée de l’incroyance?

      5 Outre que la chrétienté se fractionnait elle-​même, d’autres influences minaient sa position. La science, la philosophie, le laïcisme et le matérialisme contribuèrent à semer le doute et à encourager le scepticisme sur Dieu et sur la religion.

      6. a) Quel effet le développement de la connaissance scientifique eut-​il sur de nombreux enseignements de l’Église? b) Que firent certains de ceux qui se voulaient à la page?

      6 Le développement de la connaissance scientifique mit en doute nombre des enseignements de l’Église qui reposaient sur une interprétation erronée de certains passages bibliques. Par exemple, les découvertes d’astronomes tels que Copernic ou Galilée réfutaient purement et simplement la doctrine géocentrique de l’Église, qui faisait de la terre le centre de l’univers. De même, quand on comprit les lois naturelles qui régissent le monde physique, on jugea inutile d’attribuer à Dieu ou à la Providence des phénomènes jusqu’alors mystérieux, tels le tonnerre, les éclairs ou l’apparition de certaines étoiles et comètes. On se mit aussi à suspecter les “miracles” et “l’intervention divine” dans les affaires humaines. Tout d’un coup, Dieu et la religion paraissaient périmés à beaucoup; certains de ceux qui se voulaient à la page eurent tôt fait de se détourner de Dieu pour se rallier au culte de la vache sacrée qu’était la science.

      7. a) Qu’est-​ce qui porta incontestablement le coup le plus rude à la religion? b) Comment réagirent les Églises devant le darwinisme?

      7 Sans conteste, c’est la théorie de l’évolution qui porta le coup le plus rude à la religion. En 1859, le naturaliste anglais Charles Darwin (1809-​1882) publia L’origine des espèces, livre dans lequel il récusait carrément l’enseignement biblique qui veut que Dieu ait tout créé. Comment les Églises réagirent-​elles? Au début, le clergé d’Angleterre et d’autres pays s’éleva contre cette théorie. Mais son opposition s’atténua rapidement. On aurait dit que les spéculations de Darwin fournissaient à de nombreux ecclésiastiques le prétexte qu’ils cherchaient pour justifier les doutes qu’ils entretenaient en secret. Ainsi, du vivant de Darwin, “la plupart des ecclésiastiques réfléchis et éloquents étaient parvenus à la conclusion que l’évolution était tout à fait compatible avec une compréhension éclairée des Écritures”, dit l’Encyclopédie de la religion (angl.). Au lieu de défendre la Bible, la chrétienté finit par céder aux pressions de l’opinion scientifique et composa avec les idées en vogue. Ce faisant, elle ne fit que saper la foi en Dieu. — 2 Timothée 4:3, 4.

      8. a) Qu’est-​ce que les critiques de la religion mirent en cause au XIXe siècle? b) Citez quelques théories connues émises par ces critiques. c) Pourquoi beaucoup de gens embrassèrent-​ils rapidement les idées antireligieuses?

      8 À mesure que s’écoulait le XIXe siècle, les critiques s’attaquèrent plus audacieusement à la religion. Non contents de dévoiler les erreurs des Églises, ils mirent la religion en cause jusque dans ses fondements. Ils soulevèrent des questions du genre: Qu’est-​ce que Dieu? Pourquoi en a-​t-​on besoin? Quelle incidence la croyance en Dieu a-​t-​elle eue sur la société? Des hommes comme Ludwig Feuerbach, Karl Marx, Sigmund Freud et Friedrich Nietzsche présentèrent leurs arguments en termes philosophiques, psychologiques et sociologiques. On entendit des théories comme ‘Dieu n’est qu’un produit de l’imagination’, ‘la religion est l’opium du peuple’, ‘Dieu est mort’. Elles paraissaient tellement plus neuves, tellement plus attrayantes que les dogmes et les traditions ternes et inintelligibles des Églises! Il semblait que beaucoup de gens avaient enfin trouvé le moyen d’exprimer clairement les doutes qu’ils entretenaient depuis longtemps au fond de leur esprit. Ils embrassèrent spontanément ces idées comme s’il s’était agi d’un nouvel évangile.

      Le grand compromis

      9. a) Qu’ont fait les Églises devant l’assaut de la science et de la philosophie? b) Qu’ont provoqué les compromis consentis par les Églises?

      9 Qu’ont fait les Églises assaillies et passées au crible de la science et de la philosophie? Loin de prendre position en faveur des enseignements de la Bible, elles ont succombé aux pressions, elles ont fait des compromis sur des articles de foi aussi fondamentaux que la création et l’authenticité de la Bible. Quelles en ont été les conséquences? La crédibilité des Églises de la chrétienté a baissé peu à peu, et la foi de nombreuses personnes a été ébranlée. En ne se défendant pas, les Églises ont laissé la porte grande ouverte aux masses qui n’avaient plus qu’à les quitter. Bien des gens en sont venus à regarder la religion comme une simple relique sociologique, tout juste bonne à marquer les grands moments de la vie: la naissance, le mariage et la mort. En somme, beaucoup ont abandonné la recherche du vrai Dieu.

      10. Quelles questions capitales faut-​il considérer?

      10 Tous ces éléments considérés, il est logique de se demander: La science et la philosophie ont-​elles réellement signé l’arrêt de mort de la croyance en Dieu? L’échec des Églises invalide-​t-​il la Bible, qu’elles prétendent enseigner? Faut-​il vraiment continuer à rechercher Dieu? Répondons brièvement à ces questions.

      Raisons de croire en Dieu

      11. a) Quels sont les deux livres qui constituent depuis longtemps le fondement de la croyance en Dieu? b) Quelle incidence ces livres ont-​ils eue sur les humains?

      11 Quelqu’un a dit que deux livres démontrent l’existence de Dieu: le “livre” de la création, c’est-à-dire la nature qui nous entoure, et la Bible. Ils ont constitué à eux deux le fondement de la croyance de millions d’humains par le passé comme à notre époque. L’un de ces humains, un roi qui vécut au XIe siècle avant notre ère, impressionné par les cieux étoilés, s’exclama en termes poétiques: “Les cieux proclament la gloire de Dieu; et l’étendue annonce l’œuvre de ses mains.” (Psaume 19:1). Au XXe siècle, devant la vision spectaculaire qu’il avait de la terre depuis son engin spatial en orbite autour de la lune, un astronaute ne put s’empêcher de réciter ces paroles: “Au commencement Dieu créa les cieux et la terre.” — Genèse 1:1.

      12. De quelles attaques le livre de la création et la Bible sont-​ils l’objet?

      12 Cependant, ces deux livres sont l’objet d’attaques de la part des athées. Selon eux, en explorant le monde qui nous entoure, la science a prouvé que la vie est apparue non grâce à une création intelligente, mais par un hasard aveugle et par le processus fortuit de l’évolution. Ils prétendent qu’il n’y eut pas de Créateur et qu’il est superflu de se demander si Dieu existe. De plus, nombre d’entre eux sont persuadés que la Bible est périmée, illogique, et partant qu’on ne peut y croire. À leurs yeux, il ne subsiste plus aucune raison de croire à l’existence de Dieu. Leur raisonnement tient-​il? Qu’indiquent les faits?

      Hasard ou dessein?

      13. Qu’est-​ce qui aurait dû se produire pour que la vie apparaisse par hasard?

      13 S’il n’y a pas eu de Créateur, la vie est forcément apparue spontanément, par hasard. Pour cela, il aurait fallu que d’une façon ou d’une autre les éléments chimiques adéquats soient réunis dans les bonnes proportions, à la bonne température, sous la pression voulue et moyennant d’autres facteurs essentiels, et il aurait fallu que ces conditions soient maintenues le temps nécessaire. Par ailleurs, pour que la vie apparaisse et subsiste sur la terre, il aurait fallu que ce concours de circonstances se répète des milliers de fois. Mais quelles étaient les chances que cela se produise ne serait-​ce qu’une seule fois?

      14. a) Quelle est la probabilité de la formation fortuite d’une simple molécule protéique? b) Au vu des calculs mathématiques, la vie a-​t-​elle pu naître par hasard?

      14 Les évolutionnistes admettent que la probabilité pour que les bons atomes et les molécules appropriées s’agencent et forment une simple molécule protéique est de 1 contre 10⁠113 (1 suivi de 113 zéros). Or, selon les estimations des savants, ce nombre dépasse le nombre total des atomes de tout l’univers! Et les mathématiciens considèrent comme impossible un événement qui a moins d’une chance sur 10⁠50 de se produire. Mais il faut bien davantage qu’une simple molécule protéique pour que la vie existe. Rien que pour maintenir une cellule en activité, il faut quelque 2 000 protéines différentes, et les chances de les obtenir toutes par hasard sont de 1 sur 10⁠40 000! “À moins que, par ses préjugés nés de ses croyances sociales ou de sa formation scientifique, dit l’astronome Fred Hoyle, on soit persuadé que la vie est née [spontanément] sur la terre, ce simple calcul écarte complètement cette idée.”

      15. a) Qu’ont découvert les scientifiques en étudiant le monde physique? b) Qu’a dit un professeur de physique à propos des lois de la nature?

      15 D’autre part, en étudiant le monde physique, des infimes particules subatomiques aux gigantesques galaxies, les scientifiques ont découvert que tous les phénomènes naturels connus obéissent à certaines lois fondamentales. Autrement dit, ils ont constaté que dans l’univers tout se déroule avec ordre et logique. Ils ont réussi à ramasser cette logique et cet ordre en formules mathématiques. “Rares sont les scientifiques que n’impressionnent pas la simplicité et l’élégance de ces lois, qui dépassent presque l’entendement”, écrit Paul Davies, professeur de physique, dans la revue New Scientist.

      16. a) Quelles sont quelques constantes fondamentales qu’on trouve dans les lois de la nature? b) Qu’arriverait-​il si les valeurs de ces constantes étaient un tant soit peu changées? c) Qu’en a conclu un professeur de physique quant à l’univers et à notre existence?

      16 Toutefois, ce qui est très intrigant dans ces lois, c’est qu’elles comprennent certains paramètres dont les valeurs doivent être fixées avec précision pour qu’existe l’univers tel que nous le connaissons. Parmi ces constantes fondamentales, citons l’unité de charge électrique portée par un proton, la masse de certaines particules fondamentales et la constante de gravitation universelle découverte par Newton et désignée communément par la lettre G. À ce propos, le professeur Davies précise: “Des variations même infimes des valeurs de certaines d’entre [ces constantes fondamentales] bouleverseraient l’aspect de l’univers. Par exemple, Freeman Dyson a expliqué que si les forces qui lient les nucléons (les protons et les neutrons) étaient seulement de quelques centièmes plus grandes, l’univers serait dépourvu d’hydrogène. Des étoiles comme le soleil n’existeraient pas, pas plus que l’eau. La vie, du moins telle que nous la connaissons, serait impossible. Brandon Carter a montré que de très petits changements de G transformeraient toutes les étoiles en géantes bleues ou en naines rouges, ce qui aurait des conséquences aussi désastreuses sur la vie.” C’est pourquoi Davies tire cette conclusion: “On conçoit en ce cas qu’il n’y ait qu’un seul type d’univers possible. S’il en est ainsi, il est remarquable de penser que notre existence d’êtres conscients est une conséquence inéluctable de la logique.” — C’est nous qui soulignons.

      17. a) Qu’indiquent clairement la conception et le dessein manifestes dans l’univers? b) Comment la Bible le confirme-​t-​elle?

      17 Que déduire de tout ce qui précède? En premier lieu, si l’univers est régi par des lois, un législateur intelligent a forcément formulé ou établi ces lois. Ensuite, puisqu’il apparaît que les lois gouvernant l’univers sont prévues pour que la vie existe et pour que des conditions favorables l’entretiennent, elles répondent manifestement à un dessein. Une conception et un dessein ne sont pas des caractéristiques du hasard aveugle; ce sont précisément les traits d’un Créateur intelligent. La Bible va tout à fait dans ce sens lorsqu’elle déclare: “Ce qu’on peut connaître de Dieu est parmi eux manifeste, parce que Dieu le leur a manifesté. En effet, ses qualités invisibles se voient distinctement depuis la création du monde, car elles sont perçues par l’intelligence grâce aux choses qui ont été faites, oui, sa puissance éternelle et sa divinité.” — Romains 1:19, 20; Ésaïe 45:18; Jérémie 10:12.

      Des preuves abondantes

      18. a) Dans quoi peut-​on encore discerner une conception intelligente et un dessein? b) Quels exemples familiers attestant une conception intelligente pourriez-​vous citer?

      18 Bien entendu, le bel ordonnancement de l’univers n’est pas le seul à témoigner d’une conception et d’un dessein; on les retrouve aussi dans la manière dont les créatures vivantes, simples ou complexes, accomplissent leurs activités quotidiennes, se comportent les unes envers les autres et par rapport à leur environnement. Par exemple, presque tous les organes du corps humain — le cerveau, l’œil, l’oreille, la main — témoignent d’une conception si compliquée que la science moderne est incapable de l’expliquer complètement. Il y a aussi la faune et la flore. La migration annuelle de certains oiseaux qui parcourent des milliers de kilomètres au-dessus des terres et des mers, le processus de la photosynthèse dans les plantes, le développement d’un œuf fécondé en un organisme complexe composé de milliards de cellules différenciées aux fonctions précises — pour ne citer que quelques exemples —, voilà autant de preuves remarquables qui témoignent d’une conception intelligentea.

      19. a) Les explications scientifiques de certains phénomènes prouvent-​elles qu’aucune intelligence ne les a conçus? b) Qu’apprenons-​nous en étudiant le monde qui nous entoure?

      19 D’aucuns rétorquent cependant que la science a réalisé des progrès et a expliqué nombre de ces chefs-d’œuvre. C’est vrai. Dans une certaine mesure, la science a élucidé de nombreux phénomènes autrefois mystérieux. Mais ce n’est pas parce qu’un enfant découvre le fonctionnement d’une montre que cette montre n’a pas été conçue et fabriquée par quelqu’un. Pareillement, ce n’est pas parce que nous comprenons le mécanisme merveilleux de nombreux éléments du monde physique qu’aucune intelligence ne les a conçus. Au contraire, plus nous en apprenons sur le monde qui nous entoure, plus nous accumulons de preuves de l’existence d’un Créateur intelligent, Dieu. Un esprit ouvert se sentira donc poussé à reconnaître avec le psalmiste: “Que tes œuvres sont nombreuses, ô Jéhovah! Toutes, tu les as faites avec sagesse. La terre est pleine de tes productions.” — Psaume 104:24.

      La Bible: peut-​on y croire?

      20. Qu’est-​ce qui montre qu’il ne suffit pas de croire en Dieu pour avoir envie de le rechercher?

      20 Néanmoins, il ne suffit pas de croire que Dieu existe pour avoir envie de le rechercher. Des millions d’humains de nos jours n’ont pas totalement perdu la foi en Dieu, mais cela ne les incite pas pour autant à le rechercher. George Gallup Jr, statisticien américain, fait remarquer qu’“en réalité, sous le rapport de la tricherie, de la fraude fiscale et des larcins, il n’y a pas grande différence entre les gens qui ont une religion et ceux qui n’en ont pas, en grande partie parce que pour beaucoup la religion n’est qu’une façade”. Il ajoute que “bien des gens se fabriquent simplement une religion qui ne les dérange pas, qui leur chatouille les oreilles et qui ne les remet pas nécessairement en question. Quelqu’un a appelé cela la religion à la carte. C’est là le principal défaut du christianisme dans ce pays [les États-Unis] aujourd’hui: on ne croit pas avec conviction”.

      21, 22. a) Qu’est-​ce qui fait de la Bible un livre hors du commun? b) Quelles preuves élémentaires démontrent l’authenticité de la Bible? Expliquez.

      21 Ce “principal défaut” est dû essentiellement au manque de connaissance biblique et de foi en la Bible. Mais quelle raison a-​t-​on de croire à la Bible? D’abord, il est à noter qu’au cours de l’Histoire aucun autre livre n’a sans doute été plus injustement critiqué, attaqué, haï et controversé. Pourtant, la Bible a survécu à toutes les tourmentes, et elle est devenue le livre le plus traduit et le plus diffusé. Cela en soi fait de la Bible un livre hors du commun. Toutefois, on dispose de preuves abondantes et convaincantes établissant que la Bible est un livre inspiré par Dieu et digne d’être cru. — Voir l’encadré des pages 340 et 341.

      22 Même si de nombreuses personnes ont plus ou moins prétendu que la Bible n’est pas scientifique, qu’elle se contredit et qu’elle est périmée, les faits leur donnent tort. Son auteur unique, son exactitude historique et scientifique, et ses prophéties infaillibles nous amènent inévitablement à cette conclusion: la Bible est la Parole inspirée de Dieu. L’apôtre Paul l’affirme quant à lui: “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile.” — 2 Timothée 3:16.

      L’incroyance: un défi à relever

      23. Que peut-​on conclure au sujet de la Bible quand on examine les faits?

      23 Que conclure après avoir considéré les faits que présentent le livre de la création et la Bible? Que ces livres ont tout autant de valeur aujourd’hui que par le passé. Si nous sommes prêts à approfondir la question sans nous laisser influencer par des préjugés, nous nous apercevons que toutes les objections peuvent être surmontées avec logique. Les réponses sont à portée de main, pour peu que nous nous donnions la peine de les chercher. Jésus n’a-​t-​il pas dit: “Continuez à chercher, et vous trouverez.” — Matthieu 7:7; Actes 17:11.

      24. a) Pourquoi beaucoup ont-​ils cessé de rechercher Dieu? b) Où pouvons-​nous puiser du réconfort? c) Que verrons-​nous à la fin de ce livre?

      24 Au fond, la plupart des gens qui ont cessé de rechercher Dieu n’ont pas renoncé parce qu’ils ont pesé personnellement les faits et qu’ils ont mis la Bible en défaut. Non, beaucoup ont renoncé parce que la chrétienté n’a pas présenté le vrai Dieu de la Bible. Un écrivain français, P. Valadier, l’a dit d’ailleurs: “C’est la tradition chrétienne qui a produit l’athéisme comme son fruit; elle a abouti au meurtre de Dieu dans la conscience des hommes, puisqu’elle leur présente un Dieu devenu incroyable.” Quoi qu’il en soit, nous pouvons puiser du réconfort dans ces paroles de l’apôtre Paul: “Alors de quoi s’agit-​il? Si quelques-uns n’ont pas fait montre de foi, leur manque de foi va-​t-​il rendre inopérante la fidélité de Dieu? Que ce ne soit jamais le cas! Mais que Dieu soit reconnu véridique, tout homme fût-​il reconnu menteur.” (Romains 3:3, 4). Effectivement, nous avons toutes les raisons du monde de continuer à rechercher le vrai Dieu. Dans les derniers chapitres de ce livre, nous verrons comment cette recherche a été menée à son terme, et quel sera l’avenir de l’humanité.

      [Note]

      a Vous trouverez une explication détaillée des preuves de l’existence de Dieu dans le livre La vie: comment est-​elle apparue? Évolution ou création? publié en 1985 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., pages 142 à 178.

      [Encadré, page 340, 341]

      Preuves de l’authenticité de la Bible

      Son auteur unique: De son premier livre, la Genèse, au dernier, la Révélation, la Bible se compose de 66 livres écrits par une quarantaine de personnes issues de milieux différents, ayant reçu une éducation différente et ayant exercé des métiers différents. Sa rédaction s’est échelonnée sur 16 siècles, de 1513 avant notre ère à 98 de notre ère. Pourtant, il en est résulté un livre harmonieux et cohérent, qui développe avec logique un thème dominant: la justification de Dieu et l’accomplissement de son dessein grâce au Royaume messianique. — Voir encadré page 241.

      Son exactitude historique: Les événements rapportés dans la Bible sont en complète harmonie avec les faits historiques établis. Le livre Un juriste examine la Bible (angl.) renferme cette remarque: “Les romans, les légendes et les faux témoignages ont bien soin de situer les événements qu’ils relatent dans des endroits reculés et à des époques indéfinies (...). Par contre, les narrations bibliques nous donnent avec une très grande précision la date et le lieu des événements qu’elles relatent.” (Ézéchiel 1:1-3). Le Nouveau Dictionnaire biblique (angl.) déclare de son côté: “[Le rédacteur des Actes] situe sa narration dans le cadre de l’histoire contemporaine; ses pages sont pleines de références à des magistrats siégeant dans des villes, à des gouverneurs provinciaux et à des rois soumis à l’Empire, ainsi que d’autres détails du même genre. Ces références s’avèrent l’une après l’autre conformes aux lieux et aux époques dont il est question.” — Actes 4:5, 6; 18:12; 23:26.

      Son exactitude scientifique: Dans le livre du Lévitique, les Israélites reçurent des lois sur la quarantaine et l’hygiène, alors que les nations environnantes ignoraient tout de telles mesures. Le cycle de la pluie et de l’évaporation sur les océans, inconnu dans l’Antiquité, est décrit en Ecclésiaste 1:7. Les versets d’Ésaïe 40:22 et de Job 26:7 affirment que la terre est sphérique et suspendue dans l’espace, ce que la science ne confirma qu’au XVIe siècle. Plus de 2 200 ans avant que William Harvey ne publie ses découvertes sur la circulation du sang, Proverbes 4:23 parlait du rôle du cœur humain. Ainsi, bien que la Bible ne soit pas un manuel de science, quand elle aborde des questions scientifiques elle témoigne d’une connaissance profonde et largement en avance sur son temps.

      Ses prophéties infaillibles: La destruction de l’ancienne Tyr, la chute de Babylone, la reconstruction de Jérusalem, l’avènement puis la chute des rois médo-perses et grecs étaient prédits avec tant de détails que les critiques ont prétendu à la légère que ces prophéties avaient été écrites après coup (Ésaïe 13:17-19; 44:27 à 45:1; Ézéchiel 26:3-7; Daniel 8:1-7, 20-22). Des prophéties concernant Jésus et énoncées des siècles avant sa naissance se sont accomplies à la lettre. (Voir encadré page 245.) Quant aux prophéties de Jésus annonçant la destruction de Jérusalem, elles se réalisèrent avec précision (Luc 19:41-44; 21:20, 21). Les prophéties de Jésus et de l’apôtre Paul désignant les derniers jours s’accomplissent à notre époque (Matthieu 24; Marc 13; Luc 21; 2 Timothée 3:1-5). Toutefois, la Bible attribue toutes les prophéties à une seule et même Source, Jéhovah Dieu. — 2 Pierre 1:20, 21.

      [Illustrations, page 333]

      Darwin, Marx, Freud, Nietzsche et d’autres ont émis des théories qui ont sapé la foi en Dieu.

      [Illustrations, page 335]

      Le “livre” de la création et la Bible posent le fondement de la croyance en Dieu.

      [Illustrations, page 338]

      Plus nous connaissons le monde qui nous entoure, plus nous avons de preuves de l’existence d’un Créateur intelligent.

      [Illustration/Schéma, page 337]

      La vie et l’univers n’existeraient pas si certains paramètres inhérents à leur conception subissaient des variations infimes.

      [Schéma]

      (Voir la publication)

      CONSTITUANTS D’UN ATOME D’HYDROGÈNE

      Nuage électronique

      PROTON + Noyau

      ÉLECTRON −

  • Un retour au vrai Dieu
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 15

      Un retour au vrai Dieu

      “Je vous donne un commandement nouveau: que vous vous aimiez les uns les autres, et que, comme je vous ai aimés, vous aussi vous vous aimiez les uns les autres. À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour entre vous.” — Jean 13:34, 35.

      1, 2. Quel effet l’amour devrait-​il avoir parmi les vrais chrétiens?

      PAR ces paroles, Jésus établissait un critère auquel devraient satisfaire ceux qui se prétendraient ses vrais disciples. L’amour chrétien devait transcender toutes les divisions raciales, tribales et nationales. Cela exigerait des vrais chrétiens qu’ils ne fassent “pas partie du monde” au même titre que Jésus ne faisait et ne fait toujours “pas partie du monde”. — Jean 17:14, 16; Romains 12:17-21.

      2 Comment le chrétien montre-​t-​il qu’il ne fait “pas partie du monde”? Quelle doit être, par exemple, son attitude à l’égard des troubles politiques, des révolutions et des guerres de notre époque? L’apôtre chrétien Jean écrivit, en harmonie avec les paroles de Jésus citées plus haut: “Quiconque ne pratique pas la justice n’est pas issu de Dieu, ni celui qui n’aime pas son frère. Car voici le message que vous avez entendu dès le commencement: que nous nous aimions les uns les autres.” Jésus lui-​même expliqua pourquoi ses disciples n’avaient pas combattu pour le délivrer; il dit: “Mon royaume ne fait pas partie de ce monde. Si mon royaume faisait partie de ce monde, mes gens auraient combattu (...). Mais voilà, mon royaume ne vient pas de là.” Même quand la vie de Jésus fut en jeu, ses gens n’essayèrent pas d’empêcher sa mort en recourant à la force, à la manière du monde. — 1 Jean 3:10-12; Jean 18:36.

      3, 4. a) Qu’avait prédit Ésaïe à propos de “la période finale des jours”? b) Quelles questions exigent une réponse?

      3 Plus de 700 ans avant Christ, Ésaïe avait prédit que des gens de toutes les nations s’uniraient dans le vrai culte de Jéhovah et n’apprendraient plus la guerre. Il déclara: “Et il adviendra sans faute, dans la période finale des jours, que la montagne de la maison de Jéhovah se trouvera solidement établie au-dessus du sommet des montagnes, (...) et vers elle devront affluer toutes les nations. Et assurément de nombreux peuples iront et diront: ‘Venez et montons à la montagne de Jéhovah, à la maison du Dieu de Jacob; et il nous instruira de ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers.’ Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole de Jéhovah. Et il rendra sentence au milieu des nations et remettra les choses en ordre concernant de nombreux peuples. Et ils devront forger leurs épées en socs de charrue et leurs lances en cisailles à émonder. Une nation ne lèvera pas l’épée contre une nation, et ils n’apprendront plus la guerrea.” — Ésaïe 2:2-4.

      4 De toutes les religions du monde, laquelle s’est démarquée en remplissant ces conditions? Qui, malgré la prison, les camps de concentration et des condamnations à mort, a refusé d’apprendre la guerre?

      Amour chrétien et neutralité

      5. Comment les Témoins de Jéhovah ont-​ils à titre individuel montré leur neutralité chrétienne, et pourquoi?

      5 Les Témoins de Jéhovah sont mondialement connus pour leur neutralité chrétienne, attitude qu’ils adoptent personnellement et en conscience. Tout au long du XXe siècle, ils ont enduré la prison, les camps de concentration, la torture, la déportation et d’autres persécutions, parce qu’ils refusent de sacrifier l’amour et l’unité qui caractérisent leur congrégation internationale de chrétiens attachés à Dieu. Dans l’Allemagne nazie, entre 1933 et 1945, environ un millier de Témoins moururent et des milliers furent emprisonnés parce qu’ils refusaient de soutenir l’effort de guerre de Hitler. De même, dans l’Espagne fasciste de Franco, des centaines de jeunes Témoins ont été jetés en prison; beaucoup sont restés en moyenne dix années dans des prisons militaires plutôt que d’apprendre la guerre. À ce jour encore, dans plusieurs pays, de nombreux jeunes Témoins de Jéhovah purgent de longues peines de prison en raison de leur neutralité chrétienne. Cependant, les Témoins de Jéhovah ne contrecarrent pas les projets militaires des gouvernements. Dans tous les conflits et les guerres qui ont secoué le XXe siècle, ils sont demeurés strictement neutres par rapport aux affaires politiques. Cette constante de leurs croyances, la neutralité, les identifie aux vrais disciples du Christ et les différencie des religions de la chrétienté. — Jean 17:16; 2 Corinthiens 10:3-5.

      6, 7. Qu’est-​ce que les Témoins de Jéhovah ont compris au sujet du christianisme?

      6 En adhérant à la Bible et en suivant l’exemple du Christ, les Témoins de Jéhovah démontrent qu’ils pratiquent le culte du vrai Dieu, Jéhovah. Ils reconnaissent que l’amour de Dieu transparaît dans la vie et le sacrifice de Jésus. Ils comprennent que le véritable amour chrétien produit une famille internationale et indivisible de frères, qui est au-dessus des dissensions politiques, raciales et nationales. En d’autres termes, le christianisme est plus qu’international, il est supranational; il surpasse les frontières, l’autorité ou les intérêts nationaux. Il tient la race humaine pour une même famille, issue d’un ancêtre commun et ayant un Créateur commun, Jéhovah Dieu. — Actes 17:24-28; Colossiens 3:9-11.

      7 Alors que presque toutes les autres religions ont été impliquées dans des guerres — fratricides et homicides —, les Témoins de Jéhovah ont montré qu’ils prennent à cœur la prophétie d’Ésaïe 2:4, citée plus haut. ‘Mais, demanderez-​vous peut-être, d’où viennent les Témoins de Jéhovah? Comment sont-​ils organisés?’

      Les témoins de Dieu: une longue lignée

      8, 9. Quelle invitation Dieu a-​t-​il lancée à l’humanité?

      8 Il y a plus de 2 700 ans, le prophète Ésaïe lança aussi l’invitation suivante: “Recherchez Jéhovah, pendant qu’on peut le trouver. Appelez vers lui, pendant qu’il est proche. Que le méchant quitte sa voie et l’homme malfaisant ses pensées; et qu’il revienne à Jéhovah, qui aura pitié de lui, et à notre Dieu, car il pardonnera largement!” — Ésaïe 55:6, 7.

      9 Des siècles plus tard, l’apôtre chrétien Paul expliqua aux Grecs d’Athènes qui étaient “voués à la crainte des divinités [mythologiques]”: “D’un seul homme [Dieu] a fait toutes les nations d’hommes pour habiter sur toute la surface de la terre, et il a établi par décret les temps assignés et les limites fixées de l’habitation des hommes, pour qu’ils cherchent Dieu, si toutefois ils le cherchent à tâtons et le trouvent vraiment, quoiqu’en réalité il ne soit pas loin de chacun de nous.” — Actes 17:22-28.

      10. Comment savons-​nous que Dieu n’était pas loin d’Adam, d’Ève et de leurs enfants?

      10 Dieu n’était certainement pas loin d’Adam et d’Ève, ses créatures humaines. Il leur parlait, leur communiquait ses commandements et leur exprimait ses souhaits. En outre, Dieu ne se cacha pas à leurs fils, Caïn et Abel. Il conseilla Caïn, qui était rongé par la haine et qui enviait son frère dont le sacrifice avait été agréé par Dieu. Néanmoins, au lieu de changer sa façon d’adorer, Caïn fit montre de jalousie, d’intolérance religieuse, et il assassina son frère. — Genèse 2:15-17; 3:8-24; 4:1-16.

      11. a) Que signifie le mot “martyr”? b) Comment Abel devint-​il le premier martyr?

      11 Abel, par sa fidélité à Dieu jusqu’à la mort, devint le premier martyrb. Il fut également le premier témoin de Jéhovah et le précurseur d’une longue lignée de témoins fidèles qui se sont succédé tout au long de l’Histoire. C’est pourquoi Paul put déclarer: “Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice de plus grande valeur que celui de Caïn et, grâce à elle, il reçut le témoignage qu’il était juste, Dieu rendant témoignage à propos de ses dons; et grâce à elle, bien que mort, il parle encore.” — Hébreux 11:4.

      12. Citez d’autres exemples de témoins de Jéhovah fidèles.

      12 Toujours dans la lettre aux Hébreux, Paul dresse une longue liste d’hommes et de femmes fidèles, tels Noé, Abraham, Sara et Moïse, qui, de par leur intégrité, formèrent une “grande nuée de témoins [grec marturôn]” et furent des exemples ainsi qu’un encouragement pour d’autres humains qui désiraient connaître et servir le vrai Dieu. Ces hommes comme ces femmes entretenaient des relations avec Jéhovah Dieu. Ils l’avaient recherché et ils l’avaient trouvé. — Hébreux 11:1 à 12:1.

      13. a) Pourquoi Jésus est-​il une manifestation remarquable de l’amour de Dieu? b) Sous quel rapport Jésus est-​il particulièrement un exemple pour ses disciples?

      13 L’un de ces témoins se distingua parmi les autres; dans le livre de la Révélation, il est appelé “Jésus Christ, ‘le Témoin fidèle’”. Jésus est encore une preuve évidente de l’amour de Dieu, comme Jean l’a écrit: “Nous avons vu et attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. Quiconque confesse que Jésus Christ est le Fils de Dieu, Dieu demeure en union avec lui et lui en union avec Dieu. Et nous, nous avons appris à connaître et nous avons cru l’amour que Dieu a dans notre cas.” Né Juif, Jésus fut un véritable témoin; il mourut en martyr, par fidélité à son Père, Jéhovah. Pareillement, les authentiques disciples du Christ seraient à toutes les époques ses témoins et ceux du vrai Dieu, Jéhovah. — Révélation 1:5; 3:14; 1 Jean 4:14-16; Ésaïe 43:10-12; Matthieu 28:19, 20; Actes 1:8.

      14. Quelle question appelle maintenant une réponse?

      14 La prophétie d’Ésaïe précisait qu’un retour au vrai Dieu, Jéhovah, s’opérerait; ce serait une caractéristique de “la période finale des jours”, que d’autres passages de la Bible appellent “les derniers joursc”. Eu égard à la diversité des religions et à la confusion qui règne en leur sein, et que nous avons décrites dans ce livre, une question se pose: Qui, en ces derniers jours que nous traversons, a réellement recherché le vrai Dieu pour le servir “avec l’esprit et la vérité”? Pour répondre, nous devons d’abord nous attarder sur des événements qui se sont déroulés au XIXe siècle. — Ésaïe 2:2-4; 2 Timothée 3:1-5; Jean 4:23, 24.

      Un jeune homme à la recherche de Dieu

      15. a) Qui était Charles Taze Russell? b) De quoi doutait-​il notamment?

      15 En 1870, un jeune homme plein de zèle, Charles Taze Russell (1852-​1916), commença à se poser de nombreuses questions à propos des enseignements traditionnels de la chrétienté. Durant sa jeunesse, il travailla au magasin de confection de son père à Allegheny, une ville industrielle et animée (aujourd’hui un quartier de Pittsburgh), en Pennsylvanie, aux États-Unis. Il connaissait les religions presbytérienne et congrégationaliste. Cependant, des enseignements comme la prédestination et les tourments éternels dans le feu de l’enfer le troublaient. Quelles raisons avait-​il de douter de ces doctrines, fondamentales dans certaines religions de la chrétienté? Il écrivit: “Un Dieu qui créerait par sa puissance des êtres humains en les prédestinant aux supplices éternels ne serait ni sage, ni juste, ni bienveillant. Sa morale serait inférieure à celle de bien des hommes.” — Jérémie 7:31; 19:5; 32:35; 1 Jean 4:8, 9.

      16, 17. a) À quels enseignements le groupe d’étude biblique de Russell s’intéressa-​t-​il particulièrement? b) Quel grave désaccord survint, et que répondit Russell?

      16 Russell n’avait pas encore 20 ans qu’il organisa une étude hebdomadaire de la Bible avec d’autres jeunes hommes. Ils se mirent à analyser ce qu’enseignait la Bible sur différents sujets, notamment l’immortalité de l’âme, le sacrifice rédempteur du Christ et sa seconde venue. En 1877, à 25 ans, Russell vendit sa part de l’entreprise florissante de son père pour entamer une carrière de prédicateur à plein temps.

      17 En 1878, un grave désaccord opposa Russell à l’un de ses collaborateurs, qui avait rejeté l’enseignement selon lequel la mort du Christ pouvait faire propitiation pour les pécheurs. Russell lui objecta ces arguments: “Le Christ nous a apporté différents bienfaits par sa mort et sa résurrection. Il fut notre substitut dans la mort; il mourut en juste pour les injustes — tous étaient injustes. Jésus Christ par la grâce de Dieu goûta la mort pour tous les hommes. (...) Il devint l’auteur du salut éternel en faveur de tous ceux qui lui obéissent.” Il poursuivit: “Racheter signifie récupérer par achat. Qu’est-​ce que le Christ récupéra par achat pour tous les hommes? La vie. Nous l’avons perdue à cause de la désobéissance du premier Adam. Le second Adam [le Christ] la récupéra par achat avec sa propre vie.” — Marc 10:45; Romains 5:7, 8; 1 Jean 2:2; 4:9, 10.

      18. a) Que se passa-​t-​il à la suite du désaccord sur la rançon? b) Quel modèle les Étudiants de la Bible suivaient-​ils pour ce qui était des offrandes?

      18 Défenseur ardent et irréductible de la doctrine de la rançon, Russell rompit tout lien avec cet ancien collaborateur. En juillet 1879, il commença à publier le Phare de la Tour de Sion, Messager de la présence de Christ, connu mondialement aujourd’hui sous le titre La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah. En 1881, il s’associa à d’autres chrétiens voués à Dieu et fonda une association biblique à but non lucratif. C’était la Zion’s Watch Tower Tract Society, aujourd’hui la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, qui est l’instrument juridique dont se servent les Témoins de Jéhovah. Dès les tout premiers débuts, Russell insista pour qu’on ne fasse pas de collectes aux réunions des congrégations et qu’on ne sollicite pas d’offrandes dans les publications de la Société Watch Tower. Les gens qui se joignirent à Russell pour étudier la Bible en profondeur furent simplement appelés les Étudiants de la Bible.

      Retour à la vérité biblique

      19. Quels enseignements de la chrétienté les Étudiants de la Bible répudièrent-​ils?

      19 L’étude de la Bible amena Russell et ses associés à répudier des enseignements de la chrétienté, tels que la mystérieuse “Très-Sainte Trinité”, l’âme immortelle inhérente à l’homme et les tourments éternels dans le feu de l’enfer. Ils contestèrent aussi la nécessité d’un clergé séparé des laïcs et formé dans des séminaires. Ils voulaient revenir au christianisme originel, caractérisé par l’humilité, au sein duquel des anciens ayant les qualités spirituelles requises dirigeaient les congrégations sans espérer ni salaire ni rémunération. — 1 Timothée 3:1-7; Tite 1:5-9.

      20. Que découvrirent ces Étudiants de la Bible à propos de la parousia du Christ et de 1914?

      20 Dans le cadre de leur examen de la Parole de Dieu, ces Étudiants de la Bible s’intéressèrent de près aux prophéties des Écritures grecques chrétiennes qui se rapportent à “la fin du monde” et à la “venue” du Christ (Matthieu 24:3, Os). En se penchant sur le texte grec, ils découvrirent que la “venue” du Christ était en réalité une “parousia” ou présence invisible. C’est pourquoi le Christ avait informé ses disciples des preuves qui témoigneraient de sa présence invisible au temps de la fin, et non d’une future venue visible. Ne s’arrêtant pas là, les Étudiants de la Bible désiraient ardemment comprendre la chronologie biblique relative à la présence du Christ. Russell et ses associés ne saisirent pas tous les détails, mais ils comprirent que 1914 serait une date cruciale de l’histoire humaine. — Matthieu 24:3-22; Luc 21:7-33, Int.

      21. De quelle responsabilité Russell et ses compagnons croyants se sentaient-​ils investis?

      21 Russell savait qu’il fallait accomplir une grande œuvre de prédication. Il percevait la portée de ces paroles de Jésus consignées par Matthieu: “Et cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations; et alors viendra la fin.” (Matthieu 24:14; Marc 13:10). La prédication de ces Étudiants de la Bible avant 1914 avait un caractère urgent. Ils pensaient que leur activité prendrait fin cette année-​là, et donc qu’ils devaient faire tous leurs efforts pour aider autrui à connaître “cette bonne nouvelle du royaume”. Les sermons bibliques de Russell furent publiés dans des milliers de journaux du monde entier.

      Épreuves et changements

      22-24. a) Quelle fut la réaction de la plupart des Étudiants de la Bible à la mort de Russell? b) Qui succéda à Russell à la présidence de la Société Watch Tower?

      22 En 1916, à 64 ans, Charles Taze Russell mourut subitement au cours d’une tournée de prédication aux États-Unis. Qu’allait-​il advenir des Étudiants de la Bible? Disparaîtraient-​ils, comme s’ils n’étaient que les disciples d’un homme? Comment affronteraient-​ils les épreuves suscitées par la Première Guerre mondiale (1914-​1918), ce carnage dans lequel les États-Unis étaient sur le point d’être entraînés?

      23 Les propos de William Van Amburgh, un administrateur de la Société Watch Tower, donnent une bonne idée de la réaction qu’eurent la plupart des Étudiants de la Bible: “Cette œuvre mondiale n’est pas l’œuvre d’un seul homme. Elle est bien trop vaste. C’est l’œuvre de Dieu et elle ne change pas. Dieu a employé de nombreux serviteurs dans le passé, et sans doute fera-​t-​il appel à bien d’autres dans l’avenir. Nous ne nous sommes pas consacrés à un homme, ni à l’œuvre d’un homme, mais à l’accomplissement de la volonté de Dieu, telle qu’il nous la révèle par sa Parole et sa providence. Dieu est toujours à la barre.” — 1 Corinthiens 3:3-9.

      24 En janvier 1917, Joseph Rutherford, homme de loi et étudiant sincère de la Bible, fut élu second président de la Société Watch Tower. Il était dynamique et ne se laissait pas intimider. Il savait que le Royaume de Dieu devait être prêché. — Marc 13:10.

      Un zèle renouvelé et un nouveau nom

      25. Comment les Étudiants de la Bible relevèrent-​ils le défi posé par la situation qui régnait après la Première Guerre mondiale?

      25 La Société Watch Tower organisa des assemblées aux États-Unis en 1919 et en 1922. Après la persécution qui avait sévi dans le pays pendant la Première Guerre mondiale, ces rassemblements étaient presque une nouvelle Pentecôte pour les quelques milliers d’Étudiants de la Bible de l’époque (Actes 2:1-4). Au lieu de céder à la crainte de l’homme, ils répondirent avec plus d’ardeur encore à l’appel biblique leur enjoignant d’aller prêcher aux nations. En 1919, la Société Watch Tower édita en plus de La Tour de Garde un périodique qu’elle intitula L’Âge d’Or; il est aujourd’hui connu dans le monde entier sous le titre Réveillez-vous! Il a été un instrument efficace pour réveiller les gens quant à la signification de l’époque que nous vivons et pour les inciter à mettre leur confiance dans les promesses d’un monde nouveau et paisible qu’a énoncées le Créateur.

      26. a) Sur quelle responsabilité les Étudiants de la Bible mirent-​ils de plus en plus l’accent? b) Qu’est-​ce que les Étudiants de la Bible discernèrent plus nettement dans les Écritures?

      26 Pendant les années 20 et 30, les Étudiants de la Bible mirent de plus en plus l’accent sur la méthode qu’utilisaient les premiers chrétiens pour prêcher: ils allaient de maison en maison (Actes 20:20). Chaque croyant avait la responsabilité de donner le témoignage concernant la domination du Royaume du Christ au plus grand nombre de personnes. En étudiant la Bible, ils discernèrent nettement que l’humanité se trouve face à une question capitale, celle de la souveraineté universelle, et que Jéhovah Dieu la trancherait en écrasant Satan et en faisant cesser les œuvres par lesquelles il saccage la terre (Romains 16:20; Révélation 11:17, 18). Le contexte de cette question laissait apparaître que le salut de l’homme était secondaire par rapport à la justification de Dieu, le Souverain légitime. C’est pourquoi il faudrait sur la terre de fidèles témoins disposés à proclamer les desseins et la suprématie de Dieu. Comment ce besoin allait-​il être comblé? — Job 1:6-12; Jean 8:44; 1 Jean 5:19, 20.

      27. a) Quel événement très important eut lieu en 1931? b) Quelles sont quelques-unes des croyances qui distinguent les Témoins?

      27 En juillet 1931, les Étudiants de la Bible tinrent une assemblée à Columbus, aux États-Unis, au cours de laquelle les milliers d’assistants adoptèrent une résolution: ils prirent joyeusement ‘le nom que le Seigneur Dieu leur avait donné de sa propre bouche et par lequel ils désiraient être connus et appelés, c’est-à-dire le nom de “témoins de Jéhovah”’. Depuis cette date, les Témoins de Jéhovah se sont fait connaître dans le monde entier non seulement par leurs croyances, mais aussi par leur prédication zélée de maison en maison et dans les rues. (Voir les pages 356 et 357.) — Ésaïe 43:10-12; Matthieu 28:19, 20; Actes 1:8.

      28. En 1935, que comprirent plus clairement les Témoins quant à la domination du Royaume?

      28 En 1935, les Témoins eurent une intelligence plus claire de ce qu’étaient la classe du Royaume céleste, qui régnera avec le Christ, et les sujets terrestres de ce Royaume. Ils savaient déjà que le nombre des chrétiens oints de l’esprit appelés à régner avec le Christ depuis les cieux se limiterait à 144 000. Quelle espérance aurait donc le reste de l’humanité? Un gouvernement a besoin de sujets pour justifier son existence. Ce gouvernement céleste, le Royaume, aurait aussi des millions de sujets obéissants sur la terre. Il s’agirait de la “grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toutes nations et tribus et peuples et langues”, qui crie: “Le salut, nous le devons à notre Dieu [Jéhovah] qui est assis sur le trône, et à l’Agneau [Jésus Christ].” — Révélation 7:4, 9, 10; 14:1-3; Romains 8:16, 17.

      29. Quel défi les Témoins perçurent-​ils et relevèrent-​ils?

      29 En comprenant ce qu’était la grande foule, les Témoins de Jéhovah s’aperçurent qu’ils avaient un défi démesuré à relever: trouver et enseigner les millions d’humains qui recherchaient le vrai Dieu et qui composeraient cette “grande foule”. Cette tâche ne s’effectuerait qu’au prix d’une campagne internationale d’enseignement. Elle nécessiterait la formation d’orateurs et de ministres. Il faudrait des écoles. Le troisième président de la Société Watch Tower prit conscience de tout cela.

      On recherche dans le monde entier les hommes en quête de Dieu

      30. Quels événements des années 30 et 40 éprouvèrent les Témoins?

      30 En 1931, on ne comptait même pas 50 000 Témoins répartis dans moins de 50 pays. Les événements des années 30 et 40 ne furent pas pour faciliter la prédication qu’ils effectuaient, puisque c’est alors qu’apparurent le fascisme et le nazisme, et qu’éclata la Seconde Guerre mondiale. En 1942, Joseph Rutherford mourut. La Société Watch Tower allait avoir besoin d’une direction vigoureuse pour continuer de stimuler la prédication des Témoins de Jéhovah.

      31. Qu’est-​ce qui fut inauguré en 1943, ce qui permit d’étendre la prédication de la bonne nouvelle?

      31 En 1942, à 36 ans, Nathan Knorr fut choisi comme troisième président de la Société Watch Tower. C’était un organisateur énergique, pleinement conscient qu’il fallait promouvoir la prédication de la bonne nouvelle dans le monde entier aussi vite que possible, même si les nations étaient toujours aux prises dans la Seconde Guerre mondiale. Il mit donc immédiatement à exécution le projet d’une école de missionnaires, qu’on appela Galaad, l’École biblique de la Société Watchtowerd. Les cent premiers étudiants, tous ministres à plein temps, s’inscrivirent en janvier 1943. Pendant presque six mois, ils étudièrent intensivement la Bible et d’autres sujets liés au ministère chrétien avant de rejoindre leur affectation, principalement dans des pays étrangers. Jusqu’en 1990, 89 classes ont reçu leur diplôme, et des milliers de ministres sortis de Galaad sont allés servir par toute la terre.

      32. Quel accroissement les Témoins de Jéhovah ont-​ils connu depuis 1943?

      32 En 1943, il n’y avait que 126 329 Témoins qui prêchaient dans 54 pays. Malgré l’opposition acharnée qu’ils avaient rencontrée de la part du nazisme, du fascisme, du communisme, de l’Action catholique et de prétendues démocraties au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Témoins de Jéhovah avaient atteint un maximum de plus de 176 000 proclamateurs du Royaume en 1946. Quarante-quatre ans plus tard, ils sont près de quatre millions à s’activer dans plus de 200 pays, îles et territoires. Sans l’ombre d’un doute, ils se sont fait connaître dans le monde entier en s’identifiant clairement par leur nom et par leurs actions. Mais d’autres facteurs ont contribué dans une grande part à leur efficacité. — Zacharie 4:6.

      Une organisation qui enseigne la Bible

      33. Pourquoi les Témoins de Jéhovah ont-​ils des Salles du Royaume?

      33 Les Témoins de Jéhovah, répartis en plus de 60 000 congrégations dans le monde, tiennent chaque semaine dans leurs Salles du Royaume des réunions où ils étudient la Bible. Au cours de ces réunions, ils n’accomplissent pas de rites ni ne jouent sur les sentiments, mais ils acquièrent la connaissance exacte de Dieu, de sa Parole et de ses desseins. Ainsi, les Témoins de Jéhovah se réunissent trois fois par semaine dans le but de mieux comprendre la Bible et d’apprendre à prêcher et à enseigner son message. — Romains 12:1, 2; Philippiens 1:9-11; Hébreux 10:24, 25.

      34. Quel est le but de l’École du ministère théocratique?

      34 Au nombre des réunions qui ont lieu en semaine figure l’École du ministère théocratique, à laquelle les membres de la congrégation peuvent s’inscrire. Cette école, que préside un ancien, un chrétien qualifié, a pour but d’apprendre aux hommes, aux femmes et aux enfants l’art d’enseigner et de s’exprimer conformément aux principes bibliques. L’apôtre Paul déclara: “Que votre parole soit toujours exprimée avec charme et assaisonnée de sel, pour savoir comment vous devez répondre à chacun!” Lors de leurs réunions chrétiennes, les Témoins apprennent également à exposer le message du Royaume “avec douceur et un profond respect”. — Colossiens 4:6; 1 Pierre 3:15.

      35. Quelles autres réunions les Témoins tiennent-​ils, et quels bienfaits apportent-​elles?

      35 Un autre jour de la semaine, les Témoins se retrouvent pour écouter un discours biblique de 45 minutes; après quoi la congrégation examine pendant une heure, au moyen de questions et de réponses, un thème biblique concernant l’enseignement ou la conduite des chrétiens. Les membres de la congrégation y participent librement. Chaque année, les Témoins assistent également à trois rassemblements plus importants, des assemblées qui durent de un à quatre jours, auxquelles se rendent généralement des milliers d’assistants pour écouter des discours bibliques. Grâce à ces réunions et à d’autres, toutes gratuites, chaque Témoin approfondit sa connaissance des promesses de Dieu relatives à la terre et à l’humanité; il reçoit un excellent enseignement en matière de morale chrétienne. Chacun se rapproche du vrai Dieu, Jéhovah, en suivant les enseignements et l’exemple de Jésus Christ. — Jean 6:44, 65; 17:3; 1 Pierre 1:15, 16.

      Comment les Témoins sont-​ils organisés?

      36. a) Les Témoins ont-​ils un clergé rémunéré? b) Qui, dans ce cas, encadre la congrégation?

      36 En toute logique, si les Témoins de Jéhovah tiennent des réunions et sont organisés pour prêcher, ils doivent avoir quelqu’un à leur tête. Ils n’ont toutefois pas de clergé rémunéré ni de chef charismatique qu’ils aduleraient (Matthieu 23:10). Jésus a dit: “Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.” (Matthieu 10:8; Actes 8:18-21). Dans chaque congrégation, il y a des anciens et des serviteurs ministériels ayant les qualités spirituelles requises, dont beaucoup occupent un emploi profane et ont une famille à charge; ces hommes s’offrent volontairement pour enseigner et diriger la congrégation. Cela correspond précisément au modèle laissé par les chrétiens du Ier siècle. — Actes 20:17; Philippiens 1:1; 1 Timothée 3:1-10, 12, 13.

      37. Comment les anciens et les serviteurs ministériels sont-​ils nommés?

      37 Comment ces anciens et ces serviteurs ministériels sont-​ils nommés à ces fonctions? Ils le sont sous la direction d’un collège central composé d’anciens, oints de l’esprit et originaires de différents pays; ce collège fonctionne de la même façon que celui des apôtres et des anciens à Jérusalem, qui était à la tête de la congrégation chrétienne primitive. Comme nous l’avons vu au chapitre 11, aucun apôtre n’avait la primauté sur les autres. Les décisions étaient prises collégialement et respectées par les congrégations disséminées dans tout le monde romain antique. — Actes 15:4-6, 22, 23, 30, 31.

      38. Comment le Collège central fonctionne-​t-​il?

      38 Aujourd’hui, le Collège central des Témoins de Jéhovah procède de la même façon. Il se réunit chaque semaine à son siège mondial, à Brooklyn (New York), puis envoie de là des instructions aux Comités de filiale du monde entier qui dirigent les activités ministérielles dans chaque pays. En suivant l’exemple des premiers chrétiens, les Témoins de Jéhovah ont réussi à prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu pour ainsi dire partout sur la terre. Cette œuvre se poursuit à l’échelle mondiale. — Matthieu 10:23; 1 Corinthiens 15:58.

      Une grande foule afflue vers le vrai Dieu

      39. a) Pourquoi les Témoins adoptent-​ils une position neutre dans les affaires politiques? b) Les Témoins ont-​ils prospéré sous l’interdiction?

      39 Au cours du XXe siècle, le nombre des Témoins de Jéhovah a augmenté dans le monde entier, même dans des pays où ils sont interdits ou proscrits. Ces interdictions ont été essentiellement imposées par des régimes qui ne comprenaient pas la position neutre des Témoins de Jéhovah par rapport à la politique et au nationalisme du monde. (Voir l’encadré de la page 347.) Cela n’a pas empêché dans ces pays des dizaines de milliers de gens de reconnaître dans le Royaume de Dieu le seul espoir de paix et de sécurité véritables pour l’humanité. Dans la majorité des pays, un témoignage immense a été donné, au point que maintenant on compte des millions de Témoins actifs dans le monde entier. — Voir le tableau de la page 361.

      40, 41. a) Qu’attendent à présent les Témoins de Jéhovah? b) À quelle question faut-​il encore répondre?

      40 Soutenus par leur amour chrétien et par leur espérance d’‘un nouveau ciel et d’une nouvelle terre’, les Témoins de Jéhovah attendent pour l’avenir proche des événements qui vont secouer le monde et mettre un terme à toute l’injustice et à toute la corruption qui affligent l’humanité. C’est pourquoi ils continueront de rendre visite à leurs semblables, s’efforçant sincèrement de rapprocher les personnes au cœur droit du vrai Dieu, Jéhovah. — Révélation 21:1-4; Marc 13:10; Romains 10:11-15.

      41 Mais, selon les prophéties de la Bible, qu’est-​ce qui attend l’humanité, la religion et notre planète polluée? Le dernier chapitre répondra à cette question capitale. — Ésaïe 65:17-25; 2 Pierre 3:11-14.

      [Notes]

      a Ces deux dernières phrases figurent sur le “Mur d’Ésaïe” devant les bâtiments des Nations unies ainsi que sur une statue érigée dans les jardins de cette organisation; la raison en est que l’un des objectifs des Nations unies est d’accomplir ces paroles.

      b Le mot grec martur, d’où vient le mot français “martyr” (“qui porte témoignage par sa mort”, An Expository Dictionary of New Testament Words, W. Vine), signifie en réalité “témoin” (“qui déclare, ou peut déclarer ce qu’il a lui-​même vu ou entendu, ou qui sait par tout autre moyen”, A Greek-​English Lexicon of the New Testament, J. Thayer).

      c Vous trouverez un examen détaillé des “derniers jours” dans le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis, publié en 1982 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., chapitre 18.

      d Galaad, qui vient de Galʽédh en hébreu, signifie “monceau-témoin”. Voir aussi l’Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, pages 565 et 569. — Genèse 31:47-49.

      [Encadré, page 347]

      La neutralité chrétienne dans la Rome païenne

      Conformément aux principes d’amour et de paix enseignés par Jésus, et s’appuyant sur leur étude de la Parole de Dieu, les premiers chrétiens ne participaient pas aux guerres ni ne s’entraînaient en vue d’y prendre part. Jésus avait dit: “Mon royaume ne fait pas partie de ce monde. Si mon royaume faisait partie de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais voilà, mon royaume ne vient pas de là.” — Jean 18:36.

      Beaucoup plus tard, en 295 de notre ère, Maximilien de Théveste, fils d’un vétéran de l’armée romaine, fut enrôlé pour le service militaire. Quand le proconsul lui demanda son nom, il répondit: “Pourquoi veux-​tu savoir mon nom? Je suis objecteur de conscience au service militaire: je suis chrétien. (...) Je ne peux servir; je ne peux pécher contre ma conscience.” Le proconsul l’avertit qu’il perdrait la vie s’il n’obéissait pas. “Je ne veux pas servir. Tu peux me couper la tête, mais je ne servirai pas dans les armées du monde, je veux uniquement servir mon Dieu.” — La religion vue par un historien, Arnold Toynbee.

      À notre époque, les Témoins de Jéhovah du monde entier, après avoir étudié personnellement la Bible, ont écouté la voix de leur conscience en adoptant une position identique. Il est des pays où certains d’entre eux l’ont payé de leur vie; dans l’Allemagne nazie notamment, beaucoup furent fusillés, pendus ou décapités pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais leur unité mondiale, fondée sur l’amour chrétien, n’a jamais été brisée. Personne, au cours d’une guerre, n’est jamais mort des mains d’un chrétien Témoin de Jéhovah. L’Histoire aurait vraiment été différente si tous les prétendus chrétiens avaient aussi appliqué la règle de l’amour énoncée par le Christ. — Romains 13:8-10; 1 Pierre 5:8, 9.

      [Encadré/Illustrations, pages 356, 357]

      Les croyances des Témoins de Jéhovah

      Question: Qu’est-​ce qu’une âme?

      Réponse: Dans la Bible, l’âme (hébreu nèphèsh; grec psukhê) est soit une personne, soit un animal, soit la vie qui anime l’un ou l’autre.

      “Puis Dieu dit: ‘Que la terre produise des âmes vivantes selon leurs espèces: animal domestique, et animal qui se meut, et bête sauvage de la terre selon son espèce!’ Alors Jéhovah Dieu forma l’homme de la poussière du sol et souffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint une âme vivante.” — Genèse 1:24; 2:7.

      Les animaux et l’homme SONT des âmes vivantes. L’âme n’est pas quelque chose qui vit indépendamment du corps. Elle peut mourir et meurt effectivement. “Voici, toutes les âmes — elles m’appartiennent. Comme l’âme du père, ainsi, pareillement, l’âme du fils — elles m’appartiennent. L’âme qui pèche — elle, elle mourra.” — Ézéchiel 18:4.

      Question: Dieu est-​il une Trinité?

      Réponse: Les Témoins de Jéhovah croient que Jéhovah est le Souverain Seigneur de l’univers et qu’il n’a pas d’égal. “Écoute, ô Israël: Jéhovah, notre Dieu, est un seul Jéhovah.” (Deutéronome 6:4). Jésus Christ, la Parole, était une créature spirituelle; il est venu sur la terre par obéissance à son Père. Il est soumis à Jéhovah. “Mais quand toutes choses lui auront été soumises [au Christ], alors le Fils aussi se soumettra lui-​même à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout pour tous.” — 1 Corinthiens 15:28; voir aussi Matthieu 24:36; Marc 12:29; Jean 1:1-3, 14-18; Colossiens 1:15-20.

      L’esprit saint est la force agissante de Dieu, son énergie en action, et non une personne. — Actes 2:1-4, 17, 18.

      Question: Les Témoins de Jéhovah adorent-​ils ou vénèrent-​ils des idoles?

      Réponse: Les Témoins de Jéhovah ne pratiquent aucune forme d’idolâtrie, que ce soit envers des idoles, des personnes ou des organisations.

      “Nous savons qu’une idole n’est rien dans le monde et qu’il n’y a pas d’autre Dieu, hormis un seul. Car, bien qu’il y ait ceux qu’on appelle ‘dieux’, soit au ciel, soit sur la terre, tout comme il y a beaucoup de ‘dieux’ et beaucoup de ‘seigneurs’, cependant pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui sont toutes choses, et nous pour lui; et il n’y a qu’un seul Seigneur, Jésus Christ, par l’entremise de qui sont toutes choses, et nous par son entremise.” — 1 Corinthiens 8:4-6; voir aussi Psaume 135:15-18.

      Question: Les Témoins de Jéhovah célèbrent-​ils la messe ou communion?

      Réponse: Les Témoins de Jéhovah ne croient pas à la transsubstantiation qu’enseigne l’Église catholique. Ils célèbrent le Repas du Seigneur à la date correspondant au 14 Nisan juif (généralement en mars ou en avril) pour commémorer chaque année la mort de Christ. Lors de cette réunion, ils font passer dans toute la congrégation du pain sans levain et du vin rouge qui symbolisent le corps sans péché de Christ et son sang sacrificiel. Seuls ceux qui ont l’espérance de régner avec Christ dans son Royaume céleste participent à ces emblèmes. — Marc 14:22-26; Luc 22:29; 1 Corinthiens 11:23-26; Révélation 14:1-5e.

      [Illustrations]

      Les Témoins de Jéhovah se réunissent régulièrement dans des Salles du Royaume pour étudier la Bible.

      Salles du Royaume: Ichihara, Japon (page précédente), et Boituva, Brésil.

      [Note de l’encadré]

      e Vous trouverez d’autres renseignements sur ce sujet dans le livre Comment raisonner à partir des Écritures, publié en 1986 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., pages 241 à 249.

      [Tableau, page 361]

      Quelques pays où les Témoins prêchent

      Pays Témoins actifs

      Afrique du Sud 46 000

      Allemagne (RFA) 129 000

      Argentine 79 000

      Australie 51 000

      Brésil 267 000

      Canada 98 000

      Colombie 42 000

      Corée 57 000

      Espagne 78 000

      États-Unis 818 000

      Finlande 17 000

      France 109 000

      Grande-Bretagne 117 000

      Grèce 24 000

      Hongrie 10 000

      Inde 9 000

      Italie 172 000

      Japon 138 000

      Liban 2 500

      Mexique 277 000

      Nigeria 137 000

      Philippines 102 000

      Pologne 91 000

      Porto Rico 24 000

      Portugal 36 000

      Salvador 18 000

      Venezuela 47 000

      Zambie 72 000

      36 sous interdiction 220 000

      Chiffres mondiaux de 1989 60 192 congrégations 3 787 000 Témoins

      [Illustrations, page 346]

      “Nous forgerons nos épées en socs de charrue”, lit-​on sous une statue de l’ONU dédiée à la paix; le “Mur d’Ésaïe” cite le texte biblique.

      [Illustration, page 351]

      Les Témoins de Jéhovah croient que le sacrifice du Christ a été offert pour racheter les péchés de l’humanité.

      [Illustrations, pages 363]

      Salles d’assemblées des Témoins de Jéhovah: vue aérienne de la salle de East Pennines, Angleterre.

      Salle d’assemblées de Fort Lauderdale, Floride (États-Unis); les discours y sont présentés en anglais, en espagnol et en français.

      [Illustrations, page 364]

      Siège mondial de la Société Watch Tower, Brooklyn (New York); bureaux, imprimeries et bâtiments d’habitation.

      [Illustrations, page 365]

      Filiales de la Société Watch Tower (de gauche à droite et de haut en bas): Afrique du Sud, Espagne et Nouvelle-Zélande.

  • Le vrai Dieu et votre avenir
    L’humanité à la recherche de Dieu
    • Chapitre 16

      Le vrai Dieu et votre avenir

      “Dans cet univers mystérieux, il y a une chose dont l’Homme peut être sûr. L’Homme lui-​même n’est certainement pas la plus grande présence de l’Univers. (...) Il y a dans l’Univers une présence spirituellement plus grande que l’Homme. (...) Le but de l’Homme est de chercher la communion avec la présence cachée derrière les phénomènes, et de la rechercher dans le dessein de mettre son moi en harmonie avec cette réalité spirituelle absolue.” — La religion vue par un historien, Arnold Toynbee.

      1. (Inclure l’introduction.) a) Qu’a reconnu l’historien Toynbee à propos de l’homme et de l’univers? b) À qui la Bible identifie-​t-​elle la “réalité spirituelle absolue”?

      DURANT la plus grande partie des six derniers millénaires, les hommes ont recherché, avec plus ou moins d’ardeur, cette “réalité spirituelle absolue”. Chaque grande religion a donné à cette réalité un nom différent. Selon que vous êtes hindou, musulman, bouddhiste, adepte du shintō, confucianiste, taoïste, juif, chrétien ou autre, vous désignez la “réalité spirituelle absolue” par un nom spécifique. La Bible, quant à elle, attribue à cette réalité un nom, un genre et une personnalité: elle l’appelle Jéhovah, le Dieu vivant. Ce Dieu unique s’adressa à Cyrus le Grand, roi de Perse, en ces termes: “Je suis Jéhovah, et il n’y en a pas d’autre. Moi excepté, il n’y a pas de Dieu. (...) Moi, j’ai fait la terre et sur elle j’ai créé l’homme.” — Ésaïe 45:5, 12, 18; Psaume 68:19, 20.

      Jéhovah: Dieu de prophéties dignes de foi

      2. Si nous voulons des renseignements dignes de confiance sur l’avenir, vers qui devons-​nous nous tourner, et pourquoi?

      2 La recherche qu’ont menée les hommes pour trouver Dieu devrait, en fait, aboutir à Jéhovah. Celui-ci s’est révélé être le Dieu des prophéties, capable d’annoncer la fin dès le commencement. Il déclara par la bouche du prophète Ésaïe: “Souvenez-​vous des premières choses d’autrefois, que je suis le Divin et qu’il n’y a pas d’autre Dieu, ni personne qui soit semblable à moi; Celui qui depuis le commencement révèle la conclusion, et depuis le temps jadis les choses qui n’ont pas été faites; Celui qui dit: ‘Mon propre conseil tiendra, et tout ce qui fait mes délices, je le ferai’ (...). Oui, je l’ai prononcé, et je le ferai survenir. Je l’ai formé, et je l’exécuterai.” — Ésaïe 46:9-11; 55:10, 11.

      3. a) Quels événements pouvons-​nous voir à l’avance grâce aux prophéties de la Bible? b) Qu’a fait Satan aux incrédules, et pourquoi?

      3 Avec un Dieu de prophéties aussi digne de foi, nous pouvons savoir ce qui va arriver au système mondial de la religion, qui cause tant de divisions. Nous pouvons également prédire ce qu’il va advenir des puissantes organisations politiques qui semblent présider à la destinée de l’humanité. Bien plus, nous pouvons annoncer quelle fin attend “le dieu de ce système de choses”, Satan, qui “a aveuglé l’esprit des incrédules” en se servant d’une multitude de religions, qui ont éloigné l’humanité du vrai Dieu, Jéhovah. Pourquoi Satan aveugle-​t-​il les hommes? “De peur que ne les éclaire l’éclatante lumière de la glorieuse bonne nouvelle au sujet du Christ, qui est l’image de Dieu.” — 2 Corinthiens 4:3, 4; 1 Jean 5:19.

      4. À quelles questions concernant la terre et l’avenir faut-​il répondre?

      4 Nous pouvons aussi savoir ce qui suivra ces événements prédits. Qu’adviendra-​t-​il de la terre? Sera-​t-​elle polluée? saccagée? déboisée? Ou assistera-​t-​on à une régénération de la planète et de la race humaine? Comme nous allons le voir, la Bible répond à toutes ces questions. Mais penchons-​nous d’abord sur les événements qui surviendront sous peu.

      “Babylone la Grande” identifiée

      5. Quelle vision Jean eut-​il?

      5 Le livre biblique de la Révélation fut révélé à l’apôtre Jean sur l’île de Patmos, en l’an 96 de notre ère. Il dépeint de façon frappante les grands événements qui doivent se produire au temps de la fin, que d’après la Bible l’humanité vit depuis 1914a. Entre autres images symboliques, Jean eut la vision d’une prostituée vulgaire et impudente, appelée “Babylone la Grande, la mère des prostituées et des choses immondes de la terre”. Dans quelle condition se trouvait-​elle? “J’ai vu, rapporta Jean, que la femme était ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus.” — Révélation 17:5, 6.

      6. Pourquoi Babylone la Grande ne représente-​t-​elle pas les éléments politiques qui dirigent le monde?

      6 Qui cette femme représente-​t-​elle? Nous ne sommes pas laissés dans le doute quant à son identité. Nous pouvons la démasquer en procédant par élimination. Dans la même vision, Jean entend un ange dire: “Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur de nombreuses eaux, avec laquelle les rois de la terre ont commis la fornication, tandis que ceux qui habitent la terre ont été enivrés du vin de sa fornication.” Si les rois de la terre, autrement dit les dirigeants, commettent la fornication avec elle, la prostituée ne peut pas représenter les éléments politiques qui dirigent le monde. — Révélation 17:1, 2, 18.

      7. a) Pourquoi Babylone la Grande ne figure-​t-​elle pas les éléments commerciaux? b) Que représente Babylone la Grande?

      7 Le même récit ajoute que “les marchands itinérants de la terre se sont enrichis grâce à la puissance de son luxe scandaleux”. Babylone la Grande ne peut donc figurer les éléments commerciaux ou financiers du monde, les “marchands”. En outre, le texte divinement inspiré déclare: “Les eaux que tu as vues, là où est assise la prostituée, représentent des peuples et des foules et des nations et des langues.” Quel autre élément dominant du système actuel reste-​t-​il, qui corresponde à la description d’une prostituée symbolique commettant la fornication avec les dirigeants politiques, commerçant avec le monde des affaires et glorieusement assise sur des peuples, des foules, des nations et des langues? C’est là le portrait de la fausse religion sous toutes ses facettes! — Révélation 17:15; 18:2, 3.

      8. Quels autres faits confirment l’identification de Babylone la Grande?

      8 Cette identification de Babylone la Grande est confirmée par la condamnation qu’un ange prononce à son sujet, en raison de ses “pratiques spirites, [par lesquelles] toutes les nations ont été égarées”. (Révélation 18:23.) Toutes les formes de spiritisme sont de nature religieuse et inspirées par des démons (Deutéronome 18:10-12). Par conséquent, Babylone la Grande symbolise forcément une entité religieuse. D’après les indications que fournit la Bible, il s’agit de l’empire universel de la fausse religion, fausse religion que Satan inculque aux humains afin de les détourner du vrai Dieu, Jéhovah. — Jean 8:44-47; 2 Corinthiens 11:13-15; Révélation 21:8; 22:15.

      9. Quels traits communs retrouve-​t-​on dans de nombreuses religions?

      9 Comme nous l’avons vu tout au long de ce livre, malgré leur confusion, les religions du monde offrent des traits communs. Nombre d’entre elles plongent leurs racines dans la mythologie. Presque toutes ont en commun la croyance à une âme humaine supposée immortelle qui, à la mort, se rendrait dans un au-delà ou transmigrerait dans une autre créature. Beaucoup croient aussi à un redoutable lieu de tourment et de torture appelé enfer. D’autres s’apparentent par d’anciennes croyances païennes à des triades, des trinités et des déesses-mères. Il est donc des plus approprié de les regrouper toutes sous un symbole aux multiples composantes, la prostituée “Babylone la Grande”. — Révélation 17:5.

      Il est temps de fuir la fausse religion

      10. Quelle fin connaîtra la prostituée religieuse d’après les prophéties?

      10 D’après les prophéties bibliques, quel sera le sort final de cette prostituée qui étend son influence à tout le globe? Dans un langage symbolique, le livre de la Révélation décrit sa destruction par les éléments politiques. Ceux-ci sont symbolisés par “dix cornes” qui donnent leur soutien aux Nations unies, “une bête sauvage de couleur écarlate” qui est l’image du système politique satanique souillé de sang. — Révélation 16:2; 17:3-16b.

      11. a) Pourquoi Dieu condamne-​t-​il la fausse religion? b) Qu’arrivera-​t-​il à Babylone la Grande?

      11 L’empire universel de la fausse religion, forgé par Satan, sera détruit parce que Dieu aura condamné les fausses religions. Elles auront été trouvées coupables de fornication spirituelle en ce qu’elles se seront faites les complices de leurs amants politiques tyranniques et les auront soutenus. Elles ont souillé de sang innocent les pans de leurs vêtements lorsque, par patriotisme, elles ont pris part aux guerres aux côtés de l’élite dirigeante de chaque nation. C’est pourquoi Jéhovah met dans le cœur des éléments politiques de dévaster Babylone la Grande, accomplissant ainsi sa volonté à son encontre. — Révélation 17:16-18.

      12. a) Que devez-​vous faire pour être épargné lors de la destruction de Babylone? b) Par quels enseignements la vraie religion se distingue-​t-​elle?

      12 Puisque tel est l’avenir qui attend les religions du monde, que devez-​vous faire? La réponse est contenue dans ces paroles que Jean entendit du ciel: “Sortez d’elle, mon peuple, si vous ne voulez pas participer avec elle à ses péchés, et si vous ne voulez pas recevoir une part de ses plaies. Car ses péchés se sont amoncelés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses actes d’injustice.” Il est donc temps d’obéir à l’injonction angélique de sortir de l’empire satanique de la fausse religion et de pratiquer le vrai culte de Jéhovah. (Voir l’encadré de la page 377.) — Révélation 17:17; 18:4, 5; voir aussi Jérémie 2:34; 51:12, 13.

      Har-Maguédon est proche

      13. Quels événements doivent bientôt avoir lieu?

      13 La Révélation déclare qu’en un “seul jour, viendront ses plaies: mort, deuil et famine, et elle sera brûlée par le feu, complètement”. Toutes les prophéties de la Bible indiquent que ce “seul jour”, ou courte période d’exécution, est maintenant proche. En fait, la destruction de Babylone la Grande inaugurera une époque de “grande tribulation” qui se terminera par “Har-Maguédon”, “la guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant”. À l’issue de cette guerre ou bataille d’Har-Maguédon, le système politique de Satan sera vaincu et lui-​même sera jeté dans un abîme. Le jour se lèvera alors sur un monde nouveau et juste. — Révélation 16:14-16; 18:7, 8; 21:1-4; Matthieu 24:20-22.

      14, 15. Quelle prophétie biblique semble près de s’accomplir?

      14 Aujourd’hui déjà, une autre prophétie importante de la Bible est près de s’accomplir sous nos yeux. L’apôtre Paul formula cette prédiction qui est également une mise en garde: “Or, quant aux temps et aux époques, frères, vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive quoi que ce soit. Car vous savez fort bien vous-​mêmes que le jour de Jéhovah vient exactement comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront: ‘Paix et sécurité!’, alors une destruction soudaine doit être tout de suite sur eux, comme les affres de l’angoisse sur la femme enceinte; et ils n’échapperont absolument pas.” — 1 Thessaloniciens 5:1-3.

      15 Il semblerait que les nations, auparavant belliqueuses et méfiantes à l’égard l’une de l’autre, se dirigent actuellement avec prudence vers une situation dans laquelle elles seront en mesure de proclamer la paix et la sécurité mondiales. Ainsi avons-​nous une confirmation supplémentaire de la proximité du jour où le jugement de Jéhovah sera exécuté sur la fausse religion, sur les nations et sur leur chef, Satan. — Sophonie 2:3; 3:8, 9; Révélation 20:1-3.

      16. Pourquoi le conseil de Jean est-​il on ne peut plus pertinent aujourd’hui?

      16 Des millions de gens aujourd’hui vivent comme si les biens matériels étaient les seules valeurs durables. Pourtant, tout ce qu’offre l’actuel monde corrompu n’est que superficiel et éphémère. C’est la raison pour laquelle ce conseil de Jean est on ne peut plus pertinent: “N’aimez pas le monde ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui; car tout ce qui est dans le monde, — le désir de la chair, le désir des yeux et l’exhibition de ses ressources, — ne provient pas du Père, mais provient du monde. Et le monde passe et son désir aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours.” Ne préféreriez-​vous pas demeurer pour toujours? — 1 Jean 2:15-17.

      Un monde nouveau est promis

      17. Quel sera l’avenir de ceux qui recherchent le vrai Dieu?

      17 Puisque Dieu va juger le monde par l’intermédiaire de Jésus Christ, que se passera-​t-​il ensuite? Il y a longtemps, dans les Écritures hébraïques, Dieu prédit qu’il réaliserait son dessein originel envers l’humanité sur la terre: il voulait voir une famille humaine obéissante jouir de la vie parfaite sur la terre transformée en paradis. Ce n’est pas parce que Satan a tenté de renverser ce dessein que Dieu a annulé sa promesse. Le roi David écrivit en effet: “Car les malfaiteurs seront retranchés, mais ce sont ceux qui espèrent en Jéhovah qui posséderont la terre. Et un peu de temps encore, et le méchant ne sera plus (...). Les justes posséderont la terre, et sur elle ils résideront pour toujours.” — Psaume 37:9-11, 29; Jean 5:21-30.

      18-20. Quels changements la terre connaîtra-​t-​elle?

      18 Quel sera alors l’état de la terre? Sera-​t-​elle complètement polluée? calcinée? déboisée? Pas du tout. À l’origine, Jéhovah désirait que la terre soit un parc bien entretenu, paradisiaque, où régnerait l’harmonie. De telles conditions existent potentiellement, malgré les ravages que l’homme fait subir à la planète. Mais Jéhovah a promis de “saccager ceux qui saccagent la terre”. Jamais avant le XXe siècle le globe ne s’était trouvé au bord de la ruine. Voilà une raison de plus de croire que Jéhovah est sur le point d’agir en faveur de sa propriété, de protéger sa création. — Révélation 11:18; Genèse 1:27, 28.

      19 Ce changement doit avoir lieu peu après la mise en place par Dieu ‘d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre’. Cela ne signifie pas que le ciel et la planète vont être remplacés, mais qu’une domination nouvelle et spirituelle s’exercera sur la terre restaurée, habitée par une société d’humains régénérés. Dans ce monde nouveau, on n’exploitera pas ses semblables ni ne maltraitera les animaux. Il n’y aura ni violence ni meurtre. Personne ne sera sans abri, ne mourra de faim ni ne sera opprimé. — Révélation 21:1; 2 Pierre 3:13.

      20 La Parole de Dieu déclare: “‘Et assurément ils bâtiront des maisons et les occuperont; et assurément ils planteront des vignes et en mangeront le fruit. Ils ne bâtiront pas pour que quelqu’un d’autre occupe; et ils ne planteront pas pour que quelqu’un d’autre mange. Car les jours de mon peuple seront comme les jours d’un arbre; et mes élus utiliseront jusqu’au bout l’œuvre de leurs mains. (...) Le loup et l’agneau paîtront comme un seul, et le lion mangera de la paille comme le taureau; et quant au serpent, sa nourriture sera la poussière. On ne fera pas de mal et on ne causera aucun ravage dans toute ma montagne sainte’, a dit Jéhovah.” — Ésaïe 65:17-25.

      Le fondement du monde nouveau

      21. Pourquoi le monde nouveau est-​il une certitude?

      21 ‘Comment tout cela sera-​t-​il possible?’ vous demandez-​vous peut-être. C’est que ‘Dieu, qui ne peut mentir, a promis avant des temps de longue durée’ que l’humanité retrouverait les conditions originelles et vivrait éternellement dans la perfection. L’apôtre Pierre parla du fondement de cette espérance dans la première lettre qu’il adressa à ses compagnons chrétiens oints de l’esprit; il écrivit: “Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, car, selon sa grande miséricorde, il nous a donné une nouvelle naissance, pour une espérance vivante, grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, immaculé et inflétrissable.” — Tite 1:1, 2; 1 Pierre 1:3, 4.

      22. Qu’est-​ce qui constitue le fondement de l’espérance en un monde nouveau, et pourquoi?

      22 La résurrection de Jésus Christ est le fondement de cette espérance en un monde nouveau et juste, car c’est lui que Dieu a établi pour gouverner depuis les cieux la terre purifiée. Paul souligna également que la résurrection du Christ était indispensable: “Mais maintenant Christ a été relevé d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis dans la mort. En effet, puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme que vient la résurrection des morts. Car, de même qu’en Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront rendus à la vie.” — 1 Corinthiens 15:20-22.

      23. a) Pourquoi la résurrection du Christ est-​elle indispensable? b) Quel ordre Jésus donna-​t-​il à ses disciples après sa résurrection?

      23 La mort sacrificielle du Christ, qui fournit une rançon correspondante, et sa résurrection ont posé le fondement de l’espérance en “un nouveau ciel”, la domination du Royaume, et en une race humaine transformée, régénérée, une nouvelle société ou “nouvelle terre”. La résurrection du Christ donna également de l’élan à ses fidèles apôtres dans l’œuvre de prédication et d’enseignement. Le récit nous dit: “Or les onze disciples allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus [ressuscité] leur avait donné rendez-vous, et quand ils le virent, ils lui rendirent hommage, mais quelques-uns doutèrent. Et Jésus s’avança et leur parla, disant: ‘Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez donc et faites des disciples des gens de toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et de l’esprit saint, leur enseignant à observer toutes les choses que je vous ai commandées. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la conclusion du système de choses.’” — Matthieu 19:28, 29; 28:16-20; 1 Timothée 2:6.

      24. De quelle autre bénédiction la résurrection de Jésus est-​elle la garantie?

      24 La résurrection de Jésus est encore la garantie d’une autre bénédiction promise à l’humanité: la résurrection des morts. En relevant Lazare d’entre les morts, Jésus donna le gage d’une résurrection à venir, mais sur une plus grande échelle. (Voir les pages 249 et 250.) Jésus avait dit: “Ne soyez pas surpris de ceci, car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux commémoratifs entendront sa voix et sortiront, ceux qui ont fait des choses bonnes, pour une résurrection de vie, ceux qui ont pratiqué des choses mauvaises, pour une résurrection de jugement.” — Jean 5:28, 29; 11:39-44; Actes 17:30, 31.

      25. a) Quel choix s’offrira à tous les habitants du monde nouveau? b) Quelle religion prévaudra dans le monde nouveau?

      25 Quelle joie ce sera d’accueillir les êtres qui nous étaient chers! Chaque génération le fera probablement l’une après l’autre. Dans le monde nouveau, chacun sera en mesure de décider, dans des conditions parfaites, s’il adorera le vrai Dieu, Jéhovah, ou s’il perdra la vie pour s’être opposé à lui. Il n’existera alors qu’une seule religion, une seule forme de culte. Toutes les louanges iront au Créateur plein d’amour, et chaque humain obéissant fera écho à ces paroles du psalmiste: “Je t’exalterai, ô mon Dieu, le Roi, et je bénirai ton nom pour des temps indéfinis, oui, pour toujours. (...) Jéhovah est grand et infiniment digne d’être loué, et sa grandeur est inscrutable.” — Psaume 145:1-3; Révélation 20:7-10.

      26. Pourquoi devriez-​vous examiner la Parole de Dieu, la Bible?

      26 Maintenant que vous avez comparé les grandes religions du monde, nous vous invitons à examiner plus en profondeur la Parole de Dieu, la Bible, sur laquelle sont basées les croyances des Témoins de Jéhovah. Il vous appartient de réunir les preuves qu’on peut trouver le vrai Dieu. Que vous soyez hindou, musulman, bouddhiste, adepte du shintō, confucianiste, taoïste, juif, chrétien ou membre d’une autre religion, il est temps aujourd’hui que vous considériez les relations que vous entretenez avec le vrai Dieu vivant. On a probablement décidé à votre place de votre religion en fonction de votre lieu de naissance, que vous ne pouviez évidemment pas choisir. Assurément, vous ne perdrez rien à approfondir ce que la Bible dit au sujet de Dieu. Ce peut être pour vous une occasion unique d’apprendre vraiment quel est le dessein de Dieu, le Souverain Seigneur, envers la terre et l’humanité qui la peuple. Oui, votre recherche sincère du vrai Dieu peut aboutir si vous étudiez la Bible avec les messagers de Jéhovah, ses Témoins, qui vous ont procuré ce livre.

      27. a) Quelle invitation Jésus vous adresse-​t-​il à vous aussi? b) En harmonie avec le thème de ce livre, à quoi Ésaïe invite-​t-​il tout un chacun?

      27 Ce n’est pas en vain que Jésus a dit: “Continuez à demander, et l’on vous donnera; continuez à chercher, et vous trouverez; continuez à frapper, et l’on vous ouvrira.” Vous pouvez faire partie de ceux qui ont trouvé le vrai Dieu si vous tenez compte de ce message du prophète Ésaïe: “Recherchez Jéhovah, pendant qu’on peut le trouver. Appelez vers lui, pendant qu’il est proche. Que le méchant quitte sa voie et l’homme malfaisant ses pensées; et qu’il revienne à Jéhovah, qui aura pitié de lui, et à notre Dieu, car il pardonnera largement!” — Matthieu 7:7; Ésaïe 55:6, 7.

      28. Qui peut vous aider à trouver le vrai Dieu?

      28 Si vous recherchez le vrai Dieu, n’hésitez pas à contacter les Témoins de Jéhovahc. Sans qu’il vous en coûte rien, ils seront heureux de vous aider à connaître intimement le Père et sa volonté pendant qu’il en est encore temps. — Sophonie 2:3.

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