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Est-il normal de réagir ainsi ?Quand la mort frappe un être aimé...
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Est-il normal de réagir ainsi ?
UN HOMME frappé par le deuil écrit : « Comme j’ai été élevé en Angleterre, on m’a appris à ne pas exprimer mes sentiments en public. Je revois mon père, un ancien militaire, me dire les dents serrées : “Ne pleure pas !”, quand quelque chose me faisait de la peine. Je ne me souviens pas que ma mère nous ait jamais embrassés ou serrés dans ses bras, mes frères et sœurs et moi (nous étions quatre). J’avais 56 ans quand j’ai vu mourir mon père. Ce fut une perte terrible. Pourtant, au début, je n’arrivais pas à pleurer. »
Dans certaines régions du monde, les gens expriment ouvertement leurs sentiments. Qu’ils soient heureux ou tristes, les autres savent ce qu’ils ressentent. Par contre, dans d’autres, notamment dans le nord de l’Europe et en Grande-Bretagne, on apprend aux gens, surtout aux hommes, à cacher leurs sentiments, à réprimer leurs émotions, à rester impassibles et à ne rien laisser paraître de leurs états d’âme. Mais quand on perd un être cher, est-il mal d’exprimer son chagrin ? Qu’en dit la Bible ?
Personnages bibliques qui ont pleuré
La Bible a été rédigée par des Hébreux originaires des régions de la Méditerranée orientale, qui étaient un peuple expansif. Elle contient de nombreux exemples de personnes qui ont exprimé ouvertement leur chagrin. Le roi David a pleuré la perte de son fils Amnôn, qui avait été assassiné. De fait, il « pleura des pleurs très abondants » (2 Samuel 13:28-39). Il a même pleuré à la mort de son fils Absalom, qui l’avait trahi en tentant d’usurper la royauté. Le récit biblique nous dit : « Alors le roi [David] se troubla et monta dans la chambre haute au-dessus de la porte et se mit à pleurer ; et voici ce qu’il disait tout en marchant : “Mon fils Absalom, mon fils, mon fils Absalom ! Ah ! que ne suis-je mort à ta place, Absalom mon fils, mon fils !” » (2 Samuel 18:33). David a pleuré comme tout père normal. Combien de parents ont souhaité être morts à la place de leurs enfants ! Il semble si aberrant qu’un enfant meure avant son père ou sa mère.
Comment Jésus a-t-il réagi à la mort de son ami Lazare ? Il a pleuré en approchant de la tombe de souvenir (Jean 11:30-38). Plus tard, Marie la Magdalène a pleuré près de la tombe de Jésus (Jean 20:11-16). Il est vrai qu’un chrétien qui connaît l’espérance biblique de la résurrection n’est pas inconsolable comme les personnes dont les croyances relatives à la condition des morts ne sont pas fondées sur la Bible. Toutefois, les vrais chrétiens étant des humains aux sentiments normaux, même l’espérance de la résurrection ne les empêche pas d’éprouver du chagrin et de pleurer la disparition d’un être aimé (1 Thessaloniciens 4:13, 14).
Pleurer ou ne pas pleurer
Qu’en est-il de nos réactions aujourd’hui ? Trouvons-nous difficile ou embarrassant de montrer nos sentiments ? Que recommandent les conseillers de notre époque ? Leur point de vue concorde souvent avec la sagesse ancestrale de la Bible. Ils disent que nous devrions exprimer, et non pas refouler, notre chagrin. Cela nous rappelle les hommes fidèles de l’Antiquité, tels Job, David et Jérémie, dont la Bible rapporte les expressions de chagrin. Assurément, ces hommes n’ont pas étouffé leurs sentiments. Par conséquent, ce n’est pas le moment de vous isoler (Proverbes 18:1). Évidemment, les manifestations de chagrin sont différentes selon les cultures. Elles varient également en fonction des croyances religieuses prédominantesa.
Que faire si vous avez envie de pleurer ? Rappelons qu’à la mort de Lazare, Jésus « gémit dans l’esprit et [...] se laissa aller aux larmes » (Jean 11:33, 35). Ainsi il montra qu’il est normal de pleurer la mort d’un être aimé.
Il est normal de s’affliger et de pleurer quand la mort frappe un être aimé.
C’est ce que confirme Anne, une mère qui a perdu sa petite fille, Rachel, de la mort subite du nourrisson. Son mari a raconté : « Ce qui est surprenant, c’est qu’aux obsèques ni Anne ni moi ne pleurions. Tout le monde pleurait sauf nous. » Ce à quoi Anne a répondu : « C’est vrai, mais j’ai versé suffisamment de larmes pour deux. Je crois que j’ai vraiment pris conscience du drame quelques semaines plus tard, une journée où je me suis retrouvée seule à la maison. J’ai sangloté toute la journée. Mais je pense que cela m’a aidée, car je me suis sentie mieux. J’avais besoin de pleurer la disparition de mon bébé. Je suis convaincue qu’il faut laisser pleurer les gens qui ont du chagrin. Bien qu’on soit naturellement enclin à leur dire : “Ne pleure pas”, cela ne les aide pas vraiment. »
Comment certains réagissent
Comment certains ont-ils réagi à la disparition d’un être aimé ? Prenons le cas de Juanita. Elle sait ce que c’est que de perdre un bébé. Elle avait déjà fait cinq fausses couches. À présent, elle était de nouveau enceinte. On comprend donc l’angoisse qui l’a étreinte quand elle a dû être hospitalisée à la suite d’un accident de voiture. Deux semaines plus tard, elle avait ses premières contractions — prématurément. Peu après, Vanessa était née. Elle pesait à peine plus de neuf cents grammes. « J’étais tellement émue, se souvient Juanita. J’avais enfin un enfant ! »
Mais son bonheur fut de courte durée. Quatre jours plus tard, Vanessa est morte. Juanita se souvient : « Je me sentais affreusement vide. On m’avait arraché ma dignité de mère. Il me manquait quelque chose. Une fois rentrée à la maison, ce fut un véritable supplice de retrouver la chambre que nous avions préparée pour elle et de revoir la layette que je lui avais achetée. Pendant les deux mois qui ont suivi, mon esprit est resté fixé sur le jour de sa naissance. Je ne voulais plus voir personne. »
Les sentiments de Juanita paraîtront peut-être excessifs à la plupart des gens. Cependant, les femmes qui ont fait cette pénible expérience reconnaissent qu’elles ont été autant affligées par la perte de leur bébé qu’elles l’auraient été par la mort d’un membre de leur famille ayant vécu plus longtemps. En effet, disent-elles, des parents aiment leur enfant bien avant sa naissance. Des liens particuliers l’unissent à sa mère. De ce fait, quand il meurt, pour la mère c’est une personne à part entière qui s’en va. Et c’est ce que l’entourage doit comprendre.
Colère et sentiment de culpabilité
Une autre mère nous fait part de ses sentiments quand on lui a annoncé que son petit garçon de six ans était mort subitement à cause d’une malformation cardiaque congénitale. « Je suis passée par toute une série de réactions — l’apathie, l’incrédulité, un sentiment de culpabilité et la colère à l’encontre de mon mari et du médecin qui n’avait pas décelé la gravité de l’état de David. »
La colère est une autre manifestation de chagrin. Peut-être s’en prendra-t-on aux médecins et aux infirmières, estimant qu’ils auraient pu faire quelque chose de plus pour sauver la personne décédée. Ou bien aura-t-on du ressentiment à l’égard des amis et des parents qui n’ont, semble-t-il, pas parlé ou agi comme il fallait. Certains s’irritent même contre le défunt en l’accusant d’avoir négligé sa santé. Stella dit : « Je me souviens que j’en ai voulu à mon mari, car je savais que sa mort n’était pas une fatalité. Très malade, il avait passé outre aux mises en garde des médecins. » Et parfois, le survivant rend le défunt responsable des fardeaux que sa mort lui occasionne.
Certains se sentent coupables d’être en colère. Ils s’en veulent d’être irrités. D’autres s’accusent même de la mort de celui qu’ils aimaient. « Il ne serait pas mort, se persuadent-ils, si je l’avais convaincu d’aller chez le médecin plus tôt », « si je lui avais fait consulter un autre spécialiste », ou « si je l’avais encouragé à se préoccuper davantage de sa santé ».
La perte d’un enfant est un terrible traumatisme : la bienveillance et une compassion sincères peuvent aider les parents.
Pour d’autres, ce processus d’autoaccusation va plus loin encore. Ainsi en est-il notamment quand une personne meurt subitement, d’une manière tout à fait inattendue. Alors ses proches commencent à se rappeler les moments où ils se sont disputés avec elle. Ou bien ils ont l’impression de n’avoir pas vraiment fait tout ce qu’ils auraient dû pour le défunt.
Le long cheminement du chagrin éprouvé par de nombreuses mères corrobore les déclarations de nombreux spécialistes qui affirment que la perte d’un enfant laisse un vide permanent chez les parents, particulièrement chez la mère.
Quand on perd un conjoint
La disparition d’un conjoint est un autre traumatisme, surtout quand on a mené ensemble une vie très active. Cela peut représenter la fin de tout un mode de vie : des voyages, une œuvre, des distractions en commun et une dépendance l’un de l’autre.
Eunice raconte ce qui s’est passé lorsque son mari est mort d’une crise cardiaque. « La première semaine, j’étais complètement apathique, c’était comme si toutes mes fonctions s’étaient arrêtées. Je n’avais plus ni goût ni odorat. Pourtant ma raison marchait toute seule. Comme j’étais avec mon mari quand on a essayé de le ranimer par un massage cardiaque et un traitement, je n’ai pas connu le stade du refus de la réalité par où on passe généralement. J’éprouvais néanmoins un terrible sentiment d’impuissance ; c’était comme si je voyais une voiture tomber d’une falaise sans rien pouvoir faire. »
A-t-elle pleuré ? « Bien sûr, surtout en lisant les centaines de cartes de condoléances que j’ai reçues. Toutes m’ont fait pleurer. Cela m’aidait à tenir bon le reste de la journée, dit-elle. Mais c’était terrible quand les uns et les autres me demandaient comment j’allais. Évidemment que j’étais malheureuse ! »
Qu’est-ce qui a aidé Eunice à survivre à son chagrin ? « Sans m’en rendre compte, j’ai décidé de continuer à vivre, dit-elle. Toutefois, ce qui me fait toujours de la peine, c’est de penser que mon mari, qui aimait tant la vie, n’est plus là pour en profiter. »
« Ne laissez pas les autres vous dicter... »
Les auteurs du livre Le disparu : quand et comment lui dire au revoir (angl.) donnent ce conseil : « Ne laissez pas les autres vous dicter ce que vous devriez faire ou ressentir. Le cheminement du chagrin varie d’un individu à l’autre. Les autres peuvent penser — et vous le dire — que vous vous affligez trop ou pas assez. Pardonnez-leur et n’y pensez plus. En vous efforçant de vous couler dans un moule façonné par d’autres ou par la société dans son ensemble, vous retardez votre guérison affective. »
Bien sûr, les gens sont différents et assument leur chagrin différemment. Notre propos n’est pas de montrer qu’une façon de faire est forcément meilleure qu’une autre dans tous les cas. Toutefois, il y a danger quand l’apathie s’installe, quand la personne frappée par le chagrin n’arrive pas à accepter la réalité. Il peut lui falloir l’aide d’amis compatissants. La Bible dit : « Un véritable compagnon aime tout le temps et c’est un frère qui est né pour les jours de détresse. » N’ayez donc pas peur de demander de l’aide, de parler et de pleurer (Proverbes 17:17).
Il est normal d’avoir du chagrin après une disparition, et il n’y a rien de mal à le montrer aux autres. Mais d’autres questions méritent des réponses : « Comment vivre avec mon chagrin ? Qu’est-ce qui peut m’aider à supporter la disparition et le chagrin ? » La partie suivante répondra à ces questions et à d’autres.
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Comment vivre avec mon chagrin ?Quand la mort frappe un être aimé...
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Comment vivre avec mon chagrin ?
« JE ME sentais obligé de contenir mes émotions. » Voilà ce dont Michel se souvient quand il repense à la mort de son père. Pour lui, refouler son chagrin c’était adopter une attitude virile. Pourtant, il a compris par la suite qu’il se trompait. Si bien que, lorsque son ami a perdu son grand-père, Michel a su ce qu’il devait faire. Il dit : « Il y a quelques années, je lui aurais mis la main sur l’épaule et je l’aurais exhorté à “se comporter en homme”. Là, par contre, je lui ai pris le bras et je lui ai dit : “N’aie pas honte de ce que tu ressens. Cela t’aidera à faire face. Si tu veux que je m’en aille, je m’en vais. Si tu veux que je reste, je reste. Mais n’aie surtout pas peur de tes sentiments.” »
Marie-Anne aussi s’est crue obligée de refouler ses émotions après le décès de son mari. « Je tenais tellement à donner le bon exemple, se rappelle-t-elle, que je ne me permettais même pas d’éprouver les sentiments que tout le monde éprouve en pareilles circonstances. Mais, avec le temps, je me suis aperçue qu’il n’était pas bon pour moi de vouloir rester ferme comme le roc à cause des autres. Je me suis donc mise à regarder la situation en face et je me suis dit : “Pleure si tu ressens le besoin de pleurer. N’essaie pas d’être plus forte que tu ne l’es. Crève l’abcès.” »
Ainsi, Michel et Marie-Anne s’accordent à faire cette recommandation : Allez jusqu’au bout de votre peine. Et ils ont raison. Pourquoi ? Parce que pleurer procure un soulagement émotionnel indispensable. En libérant vos émotions, vous apaisez la tension qui vous oppresse. Dans la mesure où vous comprenez la situation et avez des renseignements exacts, l’expression naturelle de vos émotions vous permet de réajuster vos sentiments.
Évidemment, tout le monde n’exprime pas son chagrin de la même manière. De plus, divers facteurs peuvent influer sur la réaction de quelqu’un. Ainsi, celui qui perd subitement un être cher ne réagira généralement pas comme celui qui le voit s’éteindre au terme d’une longue maladie. Mais une chose est certaine : sur les plans physique et affectif, il peut être néfaste de contenir ses émotions. Il est beaucoup plus bénéfique de donner libre cours à son chagrin. Comment ? Les Écritures donnent des conseils pratiques.
Comment extérioriser son chagrin
Le simple fait de parler peut vous soulager. Après la mort de ses dix enfants et d’autres tragédies personnelles, Job, patriarche de l’Antiquité, a dit : « Mon âme éprouve du dégoût pour ma vie. Je veux exhaler [hébreu « libérer »] mon inquiétude pour moi. Je veux parler dans l’amertume de mon âme ! » (Job 1:2, 18, 19 ; 10:1). Job ne pouvait réprimer plus longtemps sa préoccupation. Il avait besoin de la libérer, de « parler ». De même, dans Macbeth, le dramaturge Shakespeare écrivait : « Donnez la parole à la douleur... le désespoir qui ne parle pas murmure au cœur écrasé l’ordre de se briser. »
Dès lors, si vous vous confiez à un « véritable compagnon » susceptible de vous écouter avec patience et compassion, vous trouverez certainement du soulagement (Proverbes 17:17). Il est souvent plus facile de comprendre et de surmonter des sentiments qu’on traduit par des mots. De plus, si votre confident est lui-même passé par cette épreuve, il se peut que vous obteniez des suggestions pratiques qui vous seront utiles. Une mère a expliqué que ce qui l’avait aidée quand son enfant est mort, c’était de parler à une autre femme qui avait vécu le même drame : « Le fait de savoir que quelqu’un d’autre était passé par là, avait gardé sa raison et survivait tout en ayant retrouvé une vie relativement normale m’a beaucoup encouragée. »
Les exemples bibliques montrent que le fait de coucher par écrit vos sentiments peut vous aider à les exprimer.
Que faire si vous avez du mal à exprimer ce que vous ressentez ? Après la mort de Saül et de Yonathân, David a composé un chant de deuil très émouvant dans lequel il a épanché sa douleur. Ce chant de deuil a finalement été inclus dans le Deuxième livre de Samuel (2 Samuel 1:17-27 ; 2 Chroniques 35:25). De même, certains trouvent plus facile de s’exprimer par écrit. Une veuve raconte qu’elle couchait par écrit ses sentiments et se relisait quelques jours plus tard. Cela lui faisait beaucoup de bien.
Que ce soit en paroles ou par écrit, la communication peut vous aider à apaiser votre chagrin. Cela permettra aussi de dissiper les malentendus. Une mère endeuillée raconte : « Mon mari et moi savions que des couples avaient divorcé après la mort d’un enfant, et nous ne voulions pas que cela nous arrive. Par conséquent, chaque fois que nous sentions l’irritation nous gagner et que nous avions tendance à nous rejeter mutuellement la faute, nous abordions ouvertement la question. Je crois qu’en agissant de la sorte nous nous sommes rapprochés l’un de l’autre. » Effectivement, si vous faites ainsi connaître vos sentiments, cela vous aidera sans doute à comprendre que, face à cette perte, les autres souffrent aussi, mais peut-être différemment.
Ce qui peut également faciliter l’épanchement, ce sont les larmes. Il y a « un temps pour pleurer », dit la Bible (Ecclésiaste 3:1, 4). À coup sûr, ce moment est venu quand on perd un être aimé. Les larmes de chagrin semblent jouer un rôle essentiel dans le processus de guérison.
Une jeune femme explique comment une amie intime l’a aidée à supporter la mort de sa mère. Elle nous fait part de ses souvenirs en ces termes : « Mon amie était toujours à mes côtés quand j’avais besoin d’elle. Elle était là pour parler et pour pleurer avec moi. Je pouvais tout lui dire, et cela comptait beaucoup pour moi. Je n’avais pas à me cacher pour pleurer » (voir Romains 12:15). Vous non plus ne devriez pas avoir honte de vos larmes. Comme nous l’avons vu, la Bible parle de nombreux hommes et femmes de foi, y compris Jésus Christ, qui ont ouvertement versé des larmes de chagrin, sans aucune gêne apparente (Genèse 50:3 ; 2 Samuel 1:11, 12 ; Jean 11:33, 35).
Où qu’ils vivent, les gens endeuillés apprécient d’être réconfortés.
Vous vous apercevrez peut-être que, pendant un certain temps, vos émotions seront imprévisibles. Les larmes jaillissent sans prévenir. Une veuve a remarqué que faire les courses dans un supermarché (ce qu’elle avait souvent fait en compagnie de son mari) pouvait l’amener à fondre en larmes, surtout lorsque, par habitude, elle tendait la main vers les aliments préférés de son mari. Soyez patient avec vous-même. Et ne pensez pas que vous devez refouler vos larmes. Souvenez-vous que c’est une manifestation de chagrin normale et indispensable.
Comment vaincre le sentiment de culpabilité
Comme nous l’avons montré dans les parties précédentes, bien des gens se culpabilisent après la perte d’un être aimé. C’est ce qui pourrait expliquer le profond chagrin qu’a éprouvé le fidèle Jacob, quand on lui a fait croire que son fils Joseph avait été tué par « une bête sauvage malfaisante ». C’est Jacob lui-même qui avait envoyé Joseph prendre des nouvelles de ses frères. Sans doute était-il alors accablé par un sentiment de culpabilité et se disait-il : « Pourquoi ai-je envoyé Joseph seul ? Pourquoi l’ai-je envoyé dans une région infestée de bêtes sauvages ? » (Genèse 37:33-35).
Il se peut que vous pensiez avoir contribué par une négligence à la mort d’une personne que vous aimiez. Il n’est pas inutile de savoir que ce sentiment de culpabilité, réel ou imaginaire, est somme toute normal. Là encore, il est préférable de ne pas tout garder pour soi. C’est en parlant à quelqu’un d’autre de votre sentiment de culpabilité que vous trouverez le soulagement dont vous avez besoin.
Cependant, rappelez-vous ceci : malgré toute l’affection que vous éprouvez pour quelqu’un, vous n’avez aucun pouvoir sur sa vie. Vous ne pouvez pas empêcher « temps et événement imprévu » de survenir (Ecclésiaste 9:11). Par ailleurs, il ne fait pas de doute que vos motivations n’étaient pas mauvaises. Par exemple, si vous avez tardé à prendre un rendez-vous chez le médecin pour l’un de vos proches, était-ce exprès pour qu’il tombe malade et meure ? Bien sûr que non. Alors, êtes-vous vraiment responsable de son décès ? Non.
Une mère a appris à lutter contre le sentiment de culpabilité après l’accident de la route dans lequel sa fille a trouvé la mort. Elle explique comment : « Je me sentais coupable de lui avoir demandé de sortir ce jour-là. Mais j’ai fini par me rendre compte que cela ne tenait pas debout. Il n’y avait rien eu de mal à l’envoyer faire des courses avec son père. C’était un terrible accident, voilà tout. »
« Mais il y a tant de choses que j’aurais aimé dire ou faire pour lui ! » protesterez-vous peut-être. Sans doute, mais qui oserait se vanter d’avoir été un père, une mère, une fille ou un fils irréprochable ? La Bible nous rappelle : « Tous, nous trébuchons souvent. Si quelqu’un ne trébuche pas en parole, celui-là est un homme parfait » (Jacques 3:2 ; Romains 5:12). Acceptez donc votre imperfection. Il ne sert plus à rien de ressasser des « si seulement ». Cela ne peut que retarder votre rétablissement.
Si toutefois vous avez des raisons de croire que votre culpabilité est réelle, et non imaginaire, alors prenez en considération un élément prépondérant en la matière : le pardon divin. La Bible nous rassure par ces mots : « Si tu épiais les fautes, ô Yah, ô Jéhovah, qui pourrait tenir ? Car il y a le vrai pardon auprès de toi, afin qu’on te craigne » (Psaume 130:3, 4). Certes, il est impossible de revenir sur le passé pour changer le cours des événements. En revanche, il ne tient qu’à vous d’implorer Dieu pour qu’il vous pardonne les fautes que vous avez commises. Et après ? Eh bien, si le Créateur lui-même vous promet de pardonner vos fautes, ne devriez-vous pas aussi vous pardonner à vous-même ? (Proverbes 28:13 ; 1 Jean 1:9).
Comment maîtriser sa colère
Vous arrive-t-il d’en vouloir aux médecins, aux infirmières ou aux amis du défunt, si ce n’est au défunt lui-même ? Dans ce cas, dites-vous bien qu’il s’agit aussi d’une réaction courante à la disparition d’un être cher. Cette colère n’est peut-être qu’un sentiment qui va de pair avec votre chagrin. Dans ce cas, il est utile de le reconnaître. Un auteur déclare : « C’est uniquement en prenant conscience de votre colère — non pas en essayant de la réprimer, mais en vous bornant à l’admettre — que vous parviendrez à vous affranchir de ses effets destructeurs. »
Il est parfois utile d’exprimer sa colère. Mais comment ? Certainement pas par des accès de fureur incontrôlés. La Bible nous met en garde contre le danger d’une colère prolongée (Proverbes 14:29, 30). Peut-être serez-vous réconforté en en parlant à un ami compréhensif. Certains ont trouvé qu’un exercice physique exigeant un effort vigoureux pouvait être un exutoire à leur colère (voir aussi Éphésiens 4:25, 26).
Il est donc important d’être honnête avec soi-même et d’extérioriser ses sentiments. Toutefois, une précaution s’impose. Il y a une différence entre exprimer ses sentiments et les jeter à la figure des autres. Il n’est nul besoin d’accuser votre entourage d’être la cause de votre colère ou de votre dépit. Efforcez-vous donc d’exprimer vos sentiments, mais sans agressivité (Proverbes 18:21). Il est toutefois une aide plus importante dont vous pouvez bénéficier, une aide que nous allons évoquer maintenant.
L’aide de Dieu
La Bible nous donne cette assurance : « Jéhovah est près de ceux qui ont le cœur brisé ; et il sauve ceux qui ont l’esprit écrasé » (Psaume 34:18). Oui, plus que toute autre chose, ce sont vos relations avec Dieu qui vous donneront la force de supporter la perte d’un être aimé. Comment cela ? Toutes les suggestions pratiques que nous avons énoncées jusqu’ici sont fondées sur la Parole de Dieu, la Bible, ou en harmonie avec elle. L’application de ces principes peut vous aider.
En outre, ne sous-estimez pas la valeur de la prière. La Bible nous adresse cette invitation : « Jette ton fardeau sur Jéhovah lui-même, et lui te soutiendra. Il ne permettra jamais que le juste chancelle » (Psaume 55:22). S’il est bon de se confier à un ami compatissant, il est plus bénéfique encore d’ouvrir son cœur au « Dieu de toute consolation » (2 Corinthiens 1:3).
Ce n’est pas le simple fait de prier qui vous aidera à vous sentir mieux. « [Celui] qui enten[d] la prière » promet d’accorder l’esprit saint à ses serviteurs qui le lui demandent en toute sincérité (Psaume 65:2 ; Luc 11:13). Or cette force agissante qu’est l’esprit saint peut vous donner une « puissance qui passe la normale », celle qui vous aide à tenir jour après jour (2 Corinthiens 4:7). Rappelez-vous qu’il n’est pas de problème trop grave pour que Dieu puisse aider ses serviteurs fidèles à y faire face.
Une femme qui a perdu sa fille se souvient que le pouvoir de la prière les ont aidés, elle et son mari, à supporter cette disparition. « Quand nous étions chez nous le soir et que le chagrin nous accablait trop, nous priions ensemble à voix haute, explique-t-elle. Quand nous devions faire quelque chose sans elle pour la première fois, par exemple, la première réunion de la congrégation ou la première assemblée à laquelle nous avons assisté après sa mort, nous priions pour en avoir la force. Quand nous nous levions le matin et que la réalité nous semblait insupportable, nous priions Jéhovah de nous aider. Pour certaines raisons, j’étais traumatisée à l’idée de pénétrer seule dans la maison. Alors, chaque fois que je rentrais seule chez moi, je priais Jéhovah de m’aider tout particulièrement à garder un certain calme. » Cette femme fidèle croit fermement et à bon droit que ces prières lui ont été d’un grand secours. Vous aussi pouvez obtenir, en réponse à vos prières pressantes, « la paix de Dieu, qui surpasse toute pensée [et qui] gardera vos cœurs et vos facultés mentales » (Philippiens 4:6, 7 ; Romains 12:12).
L’aide de Dieu compte énormément. L’apôtre Paul a dit que Dieu « nous console dans toute notre tribulation, pour que nous puissions consoler ceux qui sont dans toutes sortes de tribulations ». Bien sûr, l’aide de Dieu ne supprime pas la peine, mais elle permet de la supporter plus facilement. Cela ne veut pas dire que vous ne pleurerez plus ou que vous oublierez votre cher disparu. Mais vous pouvez vous en remettre. Et ce faisant, ce que vous traversez vous rendra peut-être plus compréhensif et compatissant à l’égard de ceux qui subissent une perte semblable (2 Corinthiens 1:4).
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