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Page deuxRéveillez-vous ! 1990 | 22 mai
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Armes à feu: l’invasion
Résultat de l’abondance des armes à feu, les fusillades et les massacres se multiplient. Aux États-Unis, un homme armé d’un fusil d’assaut tire une centaine de coups de feu sur un groupe d’enfants d’une école primaire, faisant 5 morts et 29 blessés. En Angleterre, un forcené muni d’un fusil d’assaut AK-47 massacre 16 personnes. Au Canada, un homme, qui hait les femmes, se rend à l’université de Montréal et en abat 14. À San Salvador, des gardes, armés de fusils de chasse, patrouillent dans les allées des supermarchés à l’entrée desquels les clients sont tenus de déposer leurs armes.
Aujourd’hui, de plus en plus de femmes achètent des armes. Elles sont nombreuses à s’inscrire dans les clubs de tir à la carabine et au pistolet où elles s’entraînent à tirer sur des silhouettes grandeur nature, plaçant les balles juste entre les deux yeux. Les pistolets conçus spécialement pour les femmes se vendent bien.
Et n’oublions pas les enfants. Un fait parmi tant d’autres: un garçon de dix ans “a chargé le fusil de chasse de son père et a tiré sur une fillette qui s’était vantée d’être meilleure que lui aux jeux vidéo, la blessant mortellement”.
La course aux armes à feu individuelles est lancée. Où cela nous mènera-t-il? Quand s’arrêtera-t-elle?
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Les armes à feu — Un style de vieRéveillez-vous ! 1990 | 22 mai
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Les armes à feu — Un style de vie
LE CALME est retombé sur la longue rangée de bâtiments rouges qui fourmillent de vie. Le bruit caractéristique des armes automatiques et semi-automatiques ne trouble plus le silence. Les éclairs qui accompagnent les coups de feu ne projettent plus d’ombres sinistres dans la nuit et n’illuminent plus les rues faiblement éclairées. Les vieilles façades en briques sont marquées de profonds impacts de balles, témoins des fusillades passées et présentes.
Les policiers et les médecins légistes connaissent bien ces rues. À la suite de meurtres, de suicides, de fusillades accidentelles et de vols à main armée, on a confisqué suffisamment d’armes pour équiper une petite milice. Les facteurs et les éboueurs refusent d’effectuer leur travail par peur de se retrouver sous un déluge de coups de feu. On garde les enfants à la maison, mais certains ont déjà été tués, pris pour cibles ou victimes de balles perdues qui transpercent les façades et les fenêtres et ricochent sur les murs des pièces.
Si vous habitez une grande ville, la scène décrite précédemment ne vous est pas étrangère, soit parce que vous en avez été témoin, soit parce que vous l’avez vue dans les journaux télévisés. Dans beaucoup de villes, les fusillades sont devenues si fréquentes qu’on n’en parle généralement pas, même dans la presse locale. Souvent, ces faits divers sont banals comparés aux trop nombreux massacres perpétrés quotidiennement dans d’autres villes ou ailleurs dans le monde.
Le carnage qui a eu lieu en Californie, par exemple, a fait parler de lui dans de nombreuses régions du globe: un homme armé d’un fusil d’assaut a tiré une centaine de coups de feu sur un groupe d’enfants d’une école primaire, faisant 5 morts et 29 blessés, avant de se suicider d’un coup de pistolet. En Europe et aux États-Unis, on a aussi appris avec horreur qu’un forcené muni d’un fusil d’assaut AK-47 a massacré 16 personnes en Angleterre. Au Canada, un homme, qui haïssait les femmes, s’est rendu à l’université de Montréal et en a abattu 14. Cependant, à moins d’une hécatombe, on ne parle guère de la plupart des homicides par armes à feu, qu’ils soient ou non volontaires.
La fascination des armes à feu
Les institutions et les dirigeants locaux, régionaux, nationaux et internationaux chargés de faire appliquer la loi sont perplexes devant l’augmentation du nombre des victimes d’armes à feu individuelles et d’armes automatiques et semi-automatiques déjà aux mains de criminels et de déments. Selon une estimation de l’Association internationale des préfets de police, publiée par l’U.S.News & World Report, entre 650 000 et 2 000 000 d’armes automatiques et semi-automatiques “seraient, dans l’ensemble des États-Unis, entre les mains de criminels: une armée de voyous qui, dans une fusillade, a presque toujours l’avantage”.
On estime qu’aux États-Unis près d’un foyer sur deux possède une arme à feu. Bien qu’on ne puisse chiffrer avec précision le nombre d’armes que possèdent les Américains, des estimations récentes indiquent que 70 millions d’entre eux possèdent environ 140 millions de carabines et 60 millions de pistolets. “L’arsenal privé de la nation est suffisant pour fournir une arme à feu à presque chaque homme, femme et enfant du pays”, a déclaré l’U.S.News & World Report. Ne trouvez-vous pas cela effrayant?
En Europe aussi, la population est équipée comme une troupe armée. En Angleterre, on s’efforce de résoudre ce problème alors que de plus en plus d’individus douteux s’arment jusqu’aux dents. En République fédérale d’Allemagne, on estime que le nombre d’armes détenues illégalement est supérieur de 80 % à celui des armes enregistrées. Selon des rapports, elles ont en partie été volées dans des “dépôts d’armes de la police allemande, de la police des frontières, de l’armée allemande ou dans des magasins de l’OTAN”. La Suisse serait le pays où le taux de particuliers possédant une arme à feu est le plus élevé au monde. “Tout bon citoyen suisse peut posséder une arme à feu, et tout homme en âge de faire son service national doit avoir chez lui un fusil d’assaut, dont la puissance est supérieure à celle de l’arme utilisée dans le massacre de Stockton [Californie]”, révélait le New York Times du 4 février 1989.
Quelques jours plus tôt, ce même journal expliquait qu’à San Salvador “il est aussi courant, pour un homme, d’avoir une arme à feu à la ceinture qu’un portefeuille dans la poche. Dans les supermarchés, où des gardes armés de fusils de chasse patrouillent dans les allées, on exige des clients qu’ils déposent leurs armes dans des casiers placés près des portes d’entrée”. Selon la revue Asiaweek de février 1989, le gouvernement philippin “reconnaît qu’il n’y a pas moins de 189 000 armes à feu détenues illégalement dans le pays; cela signifie qu’en ajoutant les 439 000 armes autorisées, la quantité d’armes aux mains des particuliers dépasse de loin celle que possède l’armée régulière — 165 000. De plus, des cargaisons d’armes entrées en fraude sont confisquées chaque semaine à l’aéroport international et sur les quais de Manille”.
Dans un pays paisible comme le Canada, où le Code pénal impose des restrictions sévères à la détention et à l’utilisation d’armes à feu, on assiste à une augmentation constante des délits commis par des individus armés. À la fin de 1986, il y avait au Canada environ 860 000 armes à feu soumises à une autorisation de détention. Ce chiffre n’inclut pas les collections privées d’armes automatiques acquises avant 1978. Un ancien policier canadien a dit: “Je voudrais bien connaître la raison qui pousse les Canadiens à posséder un pistolet, une carabine ou un fusil.”
Récemment, quand le gouvernement américain a temporairement interdit l’importation d’armes semi-automatiques, le résultat a été pour le moins inattendu. Dans tout le pays, des acheteurs se sont rués dans les magasins et ont fait la queue de longues heures pour acheter celles qui étaient encore en vente. “C’est comme la ruée vers l’or”, a dit l’un d’eux, qui attendait pour acheter l’une des dernières armes en stock. Alors qu’on les trouvait à environ 100 dollars avant cette interdiction, elles étaient vendues pendant cette période à plus de 1 000 dollars. “Il s’en vend 30 par jour”, a expliqué l’heureux propriétaire d’un magasin d’armes. “Ils achètent tout, tout ce qu’ils peuvent trouver.” Un autre armurier a dit: “Les conséquences de cette mesure sont qu’il y a maintenant une arme dans chaque foyer.”
En Floride, une loi permet aux possesseurs d’armes à feu de les porter à la ceinture ou sur soi dans les lieux publics. Certains craignent que des fusillades éclatent au coin des rues et que l’on se retrouve au temps du Far West. Un député de l’État de Floride a déclaré: “Le message que nous transmettons est celui-ci: ‘Il nous est désormais impossible d’assurer votre protection; munissez-vous donc d’une arme et faites de votre mieux.’” D’après le chiffre des ventes d’armes, il semble bien que c’est ce que font des milliers de personnes.
Pourquoi cet engouement soudain pour les armes à feu, dont certaines, conçues uniquement pour les champs de bataille, sont si puissantes qu’elles peuvent percer des murs de béton ou tirer à la cadence de 900 coups par minute? Certains spécialistes déclarent que les armes exercent une “fascination sexuelle” particulièrement sur les hommes. “Porter l’arme la plus grosse, la plus menaçante et la plus puissante que l’on puisse trouver est un comportement machiste”, a dit un fonctionnaire. Un journaliste a écrit: “L’arme évoque, en particulier chez les hommes, un souvenir quasi mystique de leur jeunesse.” Certaines banques ont exploité ce sentiment en proposant des armes plutôt que de payer les intérêts sur les dépôts. Des rapports indiquent que cette initiative est devenue extrêmement populaire chez les déposants.
Dans le monde entier la vente d’armes est florissante. Quand s’arrêtera-t-elle? Est-ce quand chaque homme possédera une ou plusieurs armes à feu? Et les armes n’intéressent-elles que les hommes? Considérons quelques faits intéressants dans l’article suivant.
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Les armes à feu — Elles n’intéressent pas que les hommesRéveillez-vous ! 1990 | 22 mai
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Les armes à feu — Elles n’intéressent pas que les hommes
DANS le monde de la publicité, on a utilisé l’image de l’homme viril tenant un fusil à la main pour promouvoir quantité de produits, du tabac aux voitures en passant par les vêtements et les armes à feu, sans parler d’une foule d’autres choses dont la liste n’est limitée que par l’imagination des publicitaires.
Aux États-Unis en particulier, l’homme est présenté systématiquement avec son fusil. Dans les squares, les statues des héros de la conquête du pays portent toujours une arme, soit à la main, soit à la ceinture. Quant aux images représentant l’époque du Far West, même sans légende on les identifie rapidement grâce au revolver à six coups que les hommes portent au ceinturon. On retrouve le mot “armes” dans le titre de nombreux films. Des émissions de télévision et beaucoup de pièces de théâtre à succès se déroulent au rythme rapide des coups de feu, tirés par ‘les bons ou les méchants’, dans tous les lieux et situations imaginables. Quand on veut donner une image virile d’un homme chétif, on lui met entre les mains un pistolet ou un fusil et on montre avec réalisme des morts étendus à ses pieds.
Mais de plus en plus de femmes s’intéressent aux armes à feu. Au cours des vingt dernières années, des séries télévisées ont mis en scène des femmes détectives ou agents secrets, opposées à des individus peu recommandables dans des fusillades d’où elles sortent victorieuses grâce à la précision de leur tir et à la supériorité de leur armement.
Elles sont nombreuses à s’inscrire dans les clubs de tir à la carabine et au pistolet où elles s’entraînent à tirer sur des silhouettes grandeur nature, plaçant les balles juste entre les deux yeux.
Il ne faut donc pas s’étonner d’apprendre que des pistolets conçus spécialement pour les femmes sont déjà sur le marché et se vendent bien. “Mesdames, jamais vous n’utiliseriez un déodorant pour homme, écrit une journaliste, pourquoi donc vous servir d’un pistolet pour homme? Vous voulez une arme légère, dont les contours n’abîmeront pas vos ongles, un revolver raffiné, mais qui a du punch. Alors, vous souhaiterez sans doute un LadySmith, calibre 9,65 (...), d’un bleu brillant ou joliment dépoli, avec un canon de la longueur de votre choix.” Un spécialiste a exprimé comme suit son opinion sur les désirs des femmes en matière d’armes: “Une femme attend d’un revolver qu’il soit beau. Elle souhaite quelque chose d’élégant, qu’elle peut ranger dans son sac à main, mais qui n’abîme pas son poudrier ou son miroir (...). Beaucoup de femmes aiment les choses bien assorties dont les couleurs se marient bien. Elles ne veulent pas d’un objet qui donne une image agressive ou violente (...). Elles achètent une arme pour se protéger, mais, en même temps, elles ne veulent pas qu’elle soit disgracieuse.”
Certains pistolets conçus pour ces femmes raffinées sont des armes à cinq coups, calibre 9,65; ils sont proposés avec des canons de deux longueurs — 5 et 8 centimètres — de façon à s’assortir avec un sac à main. Certains ont une crosse polie, rehaussée de bois de rose, et d’autres s’harmonisent avec des couleurs pastel. “Ils sont très beaux, dit une femme, et je pense, très pratiques.” De plus, on fabrique maintenant des sacs à main dans lesquels un compartiment spécial est aménagé pour les pistolets féminins. “Une femme qui possède un pistolet et qui n’a pas un sac à main adapté s’expose à des ennuis, déclare l’une d’elles. Elle finira par avoir dans le canon des miettes de gâteau, des morceaux de bonbons, ou du tabac si elle fume, ou bien un objet quelconque parmi ceux qui peuvent s’accumuler au fond du sac à main d’une femme.” Certains prévoient qu’un jour il sera aussi courant de voir les femmes se promener avec un pistolet dans leur sac qu’avec un parapluie.
Leur nombre augmente
Un récent sondage a montré qu’aux États-Unis, entre 1983 et 1986, le nombre de femmes qui possèdent une arme “a augmenté d’environ 53 % et dépasse maintenant les 12 millions”. Il indiquait aussi qu’au cours de ces trois années “environ 2 millions de femmes en plus ont envisagé l’achat d’une arme à feu”. Dans des magazines féminins, on attire de façon subtile leur attention sur la nécessité de se protéger, en montrant une femme qui rentre chez elle et voit le carreau de sa porte d’entrée brisé. Vit-elle seule? A-t-elle un pistolet pour se protéger si elle se retrouve face à un intrus? Le numéro d’appel gratuit au bas de la publicité se révèle être celui d’un fabricant d’armes, qui propose une nouvelle collection d’élégantes armes à feu pour les femmes.
“Ces annonces sont comme du sel sur une plaie”, a dit l’une d’elles. La raison en est que de plus en plus de femmes vivent seules ou uniquement avec leurs enfants; elles se sentent particulièrement vulnérables face aux crimes violents, et ont souvent de bonnes raisons pour cela. Dans la plupart des grandes villes les viols sont en augmentation. Des femmes se font voler leur sac, souvent sous la menace d’un couteau. Elles sont agressées dans la rue, dans les parkings, et même en plein jour dans des immeubles à usage de bureaux. Les femmes qui vivent seules, que ce soit dans un appartement, un pavillon ou une résidence, sont cambriolées pendant leur sommeil. “Nous ferions mieux d’apprendre à nous défendre nous-mêmes, dit l’une d’elles; puisque nous participons davantage à la vie de la société de plus en plus violente, nous devrons bientôt nous défendre nous-mêmes.”
“Je rentrais de mon travail à pied, a déclaré une femme lors d’une interview à la télévision, quand un homme m’a empoignée par derrière; il avait un couteau et m’a jetée à terre tout en s’emparant de mon sac. À ce moment précis, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.” À présent, elle a un permis de port d’armes et a pris des leçons de tir dans un club. Que pense-t-elle maintenant? “Je ne me sens plus du tout vulnérable. Je me dis que j’ai une arme et que je sais tirer; c’est formidable, je n’ai plus peur. Avec ce morceau de métal dans les mains, je peux vraiment me protéger.”
Il est manifeste que c’est ce que pensent plus de 12 millions de femmes aux États-Unis, et d’autres — mais qui peut savoir combien? — qui possèdent illégalement une arme. Leur nombre dans le monde entier serait phénoménal. Toutefois, cette conclusion repose-t-elle sur des faits? Avant de sortir pour aller acheter une arme afin de vous défendre, voyez ce que disent les policiers et ce qu’indiquent les statistiques.
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Les armes à feu — Un danger de mortRéveillez-vous ! 1990 | 22 mai
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Les armes à feu — Un danger de mort
“LES gens s’imaginent qu’il suffit de pointer leur pistolet sur quelqu’un pour maîtriser la situation, déclare un haut responsable de la police. Cependant, si les choses ne se passent pas ainsi, ils hésiteront, comme tant de policiers qui ont hésité une fraction de seconde et l’ont payé de leur vie.” Un commissaire bien connu, qui s’occupe de la sécurité publique, a fait cette autre observation: “Beaucoup de gens n’arrivent pas à comprendre que la détention d’une arme à feu les expose à vivre avec le souvenir d’avoir commis un homicide. En réalité, même si ce n’est pas vous qui tirez, mais un criminel qui fait feu sur vous, il est plus dangereux d’avoir une arme que de ne pas en avoir.”
En fin de compte, comme l’a écrit une journaliste dont la famille est dans la police et qui est elle-même une excellente tireuse, “il suffit d’un peu de bon sens pour comprendre que tout ce commerce des armes à feu nous amènera davantage de problèmes qu’il n’en résoudra. Les femmes qui achètent un ‘élégant’ pistolet ont-elles déjà imaginé le spectacle de quelqu’un dont elles viendraient de faire sauter la cervelle? Le résultat n’est pas joli. Ont-elles déjà vu un homme le visage déchiqueté par un coup de feu? (...) Seraient-elles capables de viser le cœur?”
Si vous étiez agressé soudainement, combien de temps vous faudrait-il pour prendre votre arme? Réfléchissez à l’expérience de cette journaliste: “J’ai été attaquée par un toxicomane excité armé d’un couteau de boucher; avant même que j’aie vu ou entendu mon agresseur, la lame était sur ma gorge. Si j’avais pu saisir un pistolet, qui aurait eu le dessus?” Elle poursuit: “Il ne me viendrait même pas à l’idée que posséder un pistolet pourrait me protéger. Ce n’est pas une question de principes, c’est une question de bon sens.”
Considérons maintenant quelques faits dramatiques. “Les rares fois où une fusillade éclate entre un cambrioleur et l’occupant d’une maison, on peut dire qu’en général le premier se montre plus adroit à manier son arme et le second à gagner la morgue”, rapporte le magazine Time du 6 février 1989. Quel que soit l’effet dissuasif d’un pistolet dans la prévention du crime, cet avantage est négligeable comparé aux ravages qu’il provoque. Prenons le cas des suicides. Rien qu’aux États-Unis, sur une période de 12 mois, plus de 18 000 personnes se sont suicidées par balles.
On ne peut déterminer combien de ces suicides sont dus à un coup de tête et n’auraient pas eu lieu si un pistolet ne s’était trouvé à portée de main dans un sac ou dans le tiroir d’une commode. Cependant, la facilité avec laquelle ces personnes pouvaient se procurer une arme ne leur a pas donné suffisamment de temps pour réfléchir lucidement et, peut-être, sauver leur vie. Si on ajoute à ce nombre celui de tous les suicides par balles dans le reste du monde, le total doit vraiment être effrayant.
Le magazine Time du 17 juillet 1989 rapportait qu’au cours de la première semaine de mai 1989, pas moins de 464 personnes ont été tuées par balles rien qu’aux États-Unis. “Cette année, plus de 30 000 autres finiront comme elles”, déclarait-il. Il ajoutait: “En deux ans, il meurt plus d’Américains des suites de blessures par balles que toutes les victimes du SIDA dénombrées à ce jour. De même, les armes à feu tuent davantage d’Américains en deux ans que ne l’a fait toute la guerre du Viêt Nam.”
C’est aux parents qui possèdent des armes d’assumer la responsabilité de l’utilisation qu’en font leurs enfants lorsqu’ils se suicident ou tuent d’autres personnes. On pouvait lire dans un journal: “Selon la police, l’augmentation du nombre des suicides chez les jeunes en 1988 est liée à la facilité avec laquelle ceux-ci peuvent se procurer un pistolet, les parents accumulant des armes chez eux pour se protéger. (...) Si vous avez une arme chez vous, il y a obligatoirement une chance pour qu’un enfant l’ait entre les mains un jour ou l’autre.” “L’année dernière [en 1988], plus de 3 000 enfants en ont tué d’autres”, a-t-on déclaré en juin 1989 dans un journal télévisé américain.
Parents, savez-vous où se trouvent vos armes à feu? Les parents d’un garçon de dix ans le savaient, mais lui aussi. Comme le rapportait le New York Times du 26 août 1989, “il a chargé le fusil de chasse de son père et a tiré sur une fillette qui s’était vantée d’être meilleure que lui aux jeux vidéo, la blessant mortellement”. Savez-vous ce que transporte votre fils ou votre fille à côté des sandwiches ou des gâteaux que vous lui avez donnés (...)? Le croiriez-vous si l’on vous disait qu’il y a peut-être votre pistolet? Imaginez ce qu’ont pensé ces parents à qui un responsable de l’école a appris que leur enfant de 5 ans avait été trouvé en possession d’un pistolet 6,35 chargé, au milieu d’une cafétéria comble où des milliers d’autres écoliers consommaient leurs sandwiches, leur lait et leurs gâteaux.
Plus tard en 1989, un écolier de six ans a été surpris en train de parader avec un pistolet chargé. Au cours du même mois, un élève de 12 ans a été arrêté parce qu’il portait un pistolet chargé à l’école. Tout cela se passait dans la même région. En Floride, une écolière n’a pas eu la chance d’échapper aux conséquences dramatiques de l’insouciance d’une fillette de 11 ans qui avait apporté à l’école un pistolet chargé. Elle a reçu accidentellement une balle dans le dos tandis que celle-ci le montrait à ses camarades.
Un directeur d’école a déclaré: “Nos petits élèves de six ans qui rentrent chez eux sont presque tous au courant qu’il s’y trouve une arme à feu.” Selon un instituteur, “beaucoup d’entre eux savent, pour avoir perdu leur père, un oncle ou un frère, ce qu’il en coûte de se servir d’un pistolet”. Certains établissements scolaires ont même dû installer des détecteurs de métaux pour repérer les pistolets apportés par les plus jeunes, sans parler des élèves plus âgés. N’est-ce pas aux parents de porter la responsabilité des actions de leurs enfants, en particulier ceux qui trouvent acceptable de posséder chez eux des armes que leurs enfants peuvent trouver?
Certains se rassureront peut-être en se disant que leurs armes sont dissimulées de telle sorte que ni leurs enfants ni personne d’autre ne peuvent les trouver. Hélas! la mort d’enfants démontre la fragilité de ce raisonnement. Il faut se rendre à l’évidence: “Une chose est sûre, déclare un responsable de la police: si vous cachez votre pistolet pour que personne, ni vos enfants, ni des visiteurs, ni qui que ce soit, ne se blesse avec, il vous sera alors impossible de l’avoir à portée de la main s’il survient le genre d’urgence pour laquelle vous l’avez acheté.”
Selon les estimations de la police reprises dans la revue Time, même si quelqu’un se sert de son arme chez lui, “il y a six fois plus de chances qu’il tire sur un membre de sa famille ou sur un ami que sur un intrus”. “Une femme ou une mère qui croit entendre un cambrioleur tire en réalité sur son mari ou son fils qui rentrait tard à la maison”, dit un responsable de la sécurité. À la question de savoir comment les gens peuvent protéger leur maison, il a répondu: “Le meilleur moyen de se protéger est peut-être de risquer ses biens plutôt que de risquer sa vie. La majorité des voleurs et des cambrioleurs viennent pour voler, pas pour tuer. La plupart des homicides par armes à feu sont commis avec le pistolet de l’occupant de la maison. Dans tous les cas, si ceux qui vivent en ville veulent mieux se protéger, ils devraient essayer de former des ‘équipes de surveillance’ contre la criminalité.” De plus, que ceux qui possèdent une arme à feu se demandent s’ils sont prêts à tuer quelqu’un dans le seul but de protéger le contenu d’un sac ou d’un portefeuille ou quelques biens dans une maison.
Si vous faites preuve de sagesse, vous ne résisterez pas à quelqu’un qui menace votre vie pour s’emparer de vos biens. Votre vie est de loin plus précieuse.
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Les armes à feu — Elles ne seront plusRéveillez-vous ! 1990 | 22 mai
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Les armes à feu — Elles ne seront plus
DÈS le début de l’histoire humaine, l’homme a eu recours à la violence dans ses rapports avec son prochain. Le meurtre a fait son apparition dans la première famille quand Caïn a tué son frère Abel. Les tueries n’ont pas cessé depuis, dans les familles, dans les tribus et entre les nations. À mesure que les armes devenaient plus puissantes, le nombre des victimes augmentait. Les pierres et les massues ont fait place aux lances et aux flèches, puis aux fusils et aux bombes. Autrefois comptées par centaines, puis par milliers, les victimes tombent aujourd’hui par millions. Et pas seulement en temps de guerre, mais aussi en temps de paix. Pas seulement par la faute des soldats, mais aussi par celle des civils. Pas seulement à cause des adultes, mais aussi à cause des enfants. Cette escalade de la violence prendra-t-elle fin un jour? Si cela dépend des hommes, les perspectives sont bien sombres. — 2 Timothée 3:1-5, 13.
Jésus Christ a annoncé qu’il y aurait un temps où les nations se dresseraient les unes contre les autres dans des guerres terribles qui faucheraient des millions de vies. Des pestes et des tremblements de terre prélèveraient un lourd tribut en vies humaines dans de nombreux endroits. L’homme polluerait la terre à un point tel que sa survie même serait menacée — c’est le cri d’alarme lancé aujourd’hui par beaucoup de scientifiques. Cependant, l’amour de l’argent pousse l’homme à aller toujours plus loin dans ce saccage. Celui-ci ne prendra fin que lorsque Jéhovah Dieu lui-même interviendra “pour saccager ceux qui saccagent la terre”. — Révélation 11:18.
Beaucoup se moquent de ces avertissements, mais ils accomplissent ainsi un autre élément du signe qui devait marquer les derniers jours: “Vous savez d’abord ceci: que dans les derniers jours il viendra des moqueurs avec leur moquerie, marchant selon leurs propres désirs et disant: ‘Où est sa présence promise? Car depuis le jour où nos ancêtres se sont endormis dans la mort, toutes choses demeurent exactement comme dès le commencement de la création.’” — 2 Pierre 3:3, 4.
Toutefois, un rayon de soleil vient percer ce nuage sombre qui plane sur l’humanité. Jésus a annoncé que, pendant sa présence, il y aurait, “sur la terre, l’angoisse des nations, désemparées à cause du mugissement de la mer et de son agitation, tandis que les hommes défailliront de peur et à cause de l’attente des choses venant sur la terre habitée”. Mais il a aussi révélé un aspect positif: “Redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance approche.” — Luc 21:25-28.
Les nations sont dans l’angoisse, les populations sont agitées et, pris individuellement, les hommes sont dans la crainte des choses survenant sur la terre; néanmoins, c’est un temps de délivrance pour ceux qui attendent la venue du Royaume de Dieu et le Règne millénaire de Jésus Christ. Ce sera le temps où Jéhovah Dieu accomplira sa promesse de faire “de nouveaux cieux et une nouvelle terre dans lesquels la justice doit habiter”. — 2 Pierre 3:13.
Les armes auront alors disparu. Il n’y en aura plus besoin pour la guerre. “Il a fait cesser les guerres jusqu’à l’extrémité de la terre. Il brise l’arc et met en pièces la lance; il brûle les chars [chars de guerre, Segond] au feu.” — Psaume 46:9.
Il n’y en aura plus besoin pour se protéger. “Ils seront assis chacun sous sa vigne et sous son figuier, et il n’y aura personne qui les fasse trembler; car la bouche de Jéhovah des armées l’a dit.” — Michée 4:4.
Il n’y aura plus de méchants, mais seulement des hommes droits: “Les hommes droits sont ceux qui résideront sur la terre, et les irréprochables, ceux qui resteront sur elle. Pour ce qui est des méchants, ils seront retranchés de la terre; et quant aux traîtres, ils en seront arrachés.” (Proverbes 2:21, 22). Alors, “les humbles posséderont la terre, et vraiment ils se délecteront de l’abondance de la paix”. — Psaume 37:11.
La violence dégrade la terre sous le regard de Dieu. Aux jours de Noé, “la terre se dégrada sous le regard du vrai Dieu et la terre se remplit de violence”. (Genèse 6:11-13.) C’est pourquoi Jéhovah mit fin au monde d’alors par un déluge universel. Jésus a comparé la fin du monde violent qui existerait durant sa présence à celle qui a eu lieu à l’époque de Noé, en disant: “Comme ils étaient, en effet, en ces jours d’avant le déluge: ils mangeaient et buvaient, les hommes se mariaient et les femmes étaient données en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche; et ils ne s’aperçurent de rien jusqu’à ce que le déluge vînt et les emportât tous, ainsi sera la présence du Fils de l’homme.” — Matthieu 24:38, 39.
Tous ceux qui vivront alors respecteront le principe énoncé en Marc 12:31: “Tu dois aimer ton prochain comme toi-même.” Ils réaliseront les paroles d’Ésaïe 11:9: “On ne fera aucun mal et on ne causera aucun ravage dans toute ma montagne sainte, car la terre sera assurément remplie de la connaissance de Jéhovah comme les eaux couvrent la mer.” Les conditions glorieuses décrites en Révélation 21:1, 4 s’accompliront également dans ce nouveau système juste: “Et j’ai vu un nouveau ciel et une nouvelle terre; car l’ancien ciel et l’ancienne terre avaient disparu, et la mer n’est plus. Et il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus; ni deuil, ni cri, ni douleur ne seront plus. Les choses anciennes ont disparu.” À coup sûr, il n’y aura plus d’humains armés jusqu’aux dents.
Aucun de ces changements importants, qui vaudront des bienfaits à l’humanité, ne surviendra par des révolutions qui éliminent l’opposition à coups de fusil. Ils seront plutôt apportés par Jéhovah Dieu au moyen de son Royaume dont le Roi est Jésus Christ. Ainsi se réaliseront ces paroles d’Ésaïe 9:6, 7: “Un enfant nous est né, un fils nous a été donné; et la domination princière sera sur son épaule. Et on l’appellera du nom de Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de paix. À l’abondance de la domination princière et à la paix il n’y aura pas de fin, sur le trône de David et sur son royaume, pour l’établir solidement et le soutenir au moyen de l’équité et au moyen de la justice, dès maintenant et pour des temps indéfinis. Le zèle même de Jéhovah des armées fera cela.”
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