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Le drame des femmes battues échappe aux clivages culturel, social, économique et salarial. Quels que soient la race ou le groupe ethnique considérés, au sein des religions “chrétiennes” ou dans les autres, partout on trouve des femmes battues. Les agresseurs sont médecins, avocats, hommes d’affaires, juges, policiers ou tout simplement l’homme de la rue. Dans cet univers, le chômeur côtoie le millionnaire.
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Les femmes battues — Un regard dans le secret des foyersRéveillez-vous ! 1988 | 22 novembre
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Les femmes battues — Un regard dans le secret des foyers
IL EST alarmant de constater à quel point le phénomène des femmes battues est devenu courant. Selon la revue Psychology Today, “10 % des femmes seront violemment agressées (coups de poing, coups de pied, morsure, ou pire) par leur mari au cours de leur mariage”. En 1986, la revue Family Relations montrait que l’ampleur du problème était plus grande encore, puisqu’“une femme sur deux sera victime de violence domestique aux États-Unis”. Selon un rapport publié en 1987, au Canada une femme sur dix est victime de mauvais traitements. Dans d’autres pays, les chiffres sont à peu près du même ordre.
Un procureur de New York a décrit l’étendue du problème: “Au sein de la société américaine, la violence faite aux femmes a pris des proportions épidémiques. Le FBI estime que toutes les 18 secondes une femme est frappée par son mari; jusqu’à six millions de femmes seraient battues chaque année.” Il apparaît que, dans ce pays, “la violence conjugale est responsable de plus de blessures entraînant une hospitalisation que tous les viols, agressions et accidents de la circulation réunis”. Quelque 4 000 femmes meurent ainsi chaque année sous les coups.
Si rien ne transpire de ces mauvais traitements, il peut arriver que les proches du mari — ses meilleurs amis, ses collègues de travail, le reste de la famille — ne soupçonnent jamais qu’ils ont affaire à un mari violent. Celui-ci peut fort bien avoir un comportement normal au travail et en société, voire être considéré comme un exemple par son entourage. Nombre d’entre ces maris brutaux fuiraient une bagarre dans un bar, dans la rue ou sur leur lieu de travail. Beaucoup donneraient tout ce qu’ils ont pour aider quelqu’un dans le besoin.
En revanche, quand il s’agit de leur conjoint, ils peuvent entrer dans une rage folle à la moindre contrariété — un repas servi en retard, un plat ou une robe qui n’est pas à leur goût, un désaccord sur le choix d’une émission de télévision. D’une étude réalisée en Grande-Bretagne sur les femmes battues, il ressortait que dans 77 % des cas les sévices n’étaient précédés d’aucune dispute. Des rapports indiquent que, bien souvent, les coups partent pour des motifs aussi “insignifiants qu’un œuf abîmé ou une queue de cheval qui déplaît”.
Un mari violent a reconnu avoir un jour été “contrarié parce que sa femme s’était emmitouflée dans les couvertures”. Il a exprimé cette ‘contrariété’ en la jetant en bas du lit à coups de pied et en lui tapant la tête contre le sol au point de lui provoquer une commotion cérébrale. Une femme, victime de sévices pendant des années, se rappelle: “Au moment du repas, le simple oubli d’un élément sur la table suffisait à provoquer un incident.”
Mariée depuis trois ans et demi, une femme a estimé avoir déjà été battue à 60 reprises. “Il n’aimait pas mes amies, raconte-t-elle. J’ai donc peu à peu cessé de les voir.” Finalement, elle a même arrêté de voir les membres de sa famille, car il ne les aimait pas non plus. “Si j’essayais de leur téléphoner, c’était prétexte à une nouvelle séance de coups.” Une autre femme maltraitée explique: “À la fin, je lui demandais tout ce que je devais faire — par exemple, ce qu’il voulait manger ou comment disposer le mobilier.”
Les études indiquent que ces scènes de violence conjugale se produisent le plus souvent en soirée, pendant la nuit ou durant le week-end. En conséquence, les femmes cruellement battues sont plus susceptibles d’avoir affaire au personnel hospitalier du service des urgences qu’à leur médecin de famille. Les blessures pour lesquelles elles viennent consulter sont souvent des plaies, particulièrement à la tête et à la face. Fréquemment, on observe aussi des lésions internes, comme des commotions cérébrales, des perforations de tympan, des lésions abdominales — notamment si la personne est enceinte. Il n’est pas rare non plus de relever des marques de strangulation, ou des fractures de la mâchoire, des bras, des jambes, des côtes ou des clavicules. D’autres femmes encore doivent être soignées pour des brûlures provoquées par la projection d’un liquide bouillant ou d’un acide.
À propos des maris violents, on a écrit: “Ces individus sont de véritables monstres. Ils enferment leur femme dans la chambre, lui brisent les os, la mutilent. Ils la blessent à coups de couteau, lui font prendre des médicaments dangereux, lui martèlent le visage, l’estomac et la poitrine à coups de poing. Ils lui braquent une arme à feu sur la tempe — et la tuent.” Des journaux ont fait état de maris qui ont arraché des fils électriques de la voiture pour empêcher leur femme de s’enfuir, qui l’ont enchaînée à son lit, ou qui ont menacé de la tuer, elle et les enfants, si elle essayait de partir. La liste de ces méfaits pourrait encore s’allonger.
À la violence physique viennent fréquemment s’ajouter les menaces et les accusations, les injures, la dépression, les cauchemars et les insomnies.
Quel genre d’homme peut bien infliger de si cruels traitements à son conjoint — une femme que, souvent, il affirme aimer et dont il dit ne pas pouvoir se passer? Voyez, en lisant l’article suivant, le portrait que l’on peut en tracer.
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Les maris violents — Leur comportementRéveillez-vous ! 1988 | 22 novembre
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Les maris violents — Leur comportement
LES spécialistes sont unanimes à dire qu’il existe un portrait type du mari violent. Les médecins, les avocats, les policiers, les hommes de loi et les travailleurs sociaux — que leur activité professionnelle met quotidiennement en contact avec la violence familiale — sont d’accord sur ce point. Un juriste a déclaré: “Le narcissisme est le trait dominant. Il existe une similitude frappante entre le mari violent et le jeune enfant. Toutes les femmes que j’ai rencontrées ont fait mention de crises de colère. Ce genre d’homme ne peut appréhender le monde qu’à travers la façon dont il satisfait ses besoins.” Ce juriste parle d’individu “psychopathe”, c’est-à-dire incapable de considérer les conséquences de ses actes.
Selon une revue, “il est intéressant de remarquer que les auteurs de sévices ont généralement une piètre opinion d’eux-mêmes, un sentiment qu’ils s’efforcent précisément d’engendrer chez leur victime”. Un journal déclare de son côté que “la possessivité et la jalousie, ainsi que l’insuffisance sexuelle et le manque de respect de soi, sont des traits caractéristiques des maris violents”. Un psychiatre réputé rejoint cette opinion et dit, quant à lui: “Le médiocre recourt aux coups pour essayer de prouver sa masculinité.”
Il apparaît que le mari brutal utilise la violence pour maintenir sa femme sous sa coupe et lui montrer sa force. L’un d’eux a d’ailleurs déclaré: “Si on cesse de les battre, elles nous échappent. Et ça, c’est inconcevable, intolérable.”
Souvent, ce genre d’homme se montre démesurément possessif et jaloux sans raison. Il s’imaginera que sa femme entretient une liaison avec le facteur, le laitier, un ami intime de la famille ou quiconque peut l’approcher. Bien qu’il se conduise mal envers elle, la faisant souffrir physiquement, il redoute au plus haut point de la perdre. Si sa femme parle de le quitter, il peut, en retour, la menacer de la tuer puis de se suicider.
C’est souvent lorsque la femme se retrouve enceinte que la jalousie apparaît dans toute sa laideur. Le mari craint de voir sa femme se détourner de lui pour accorder toute son attention au bébé. De nombreuses femmes battues ont effectivement signalé que c’est à l’époque de leur première grossesse que sont apparus chez leur mari les premiers signes de brutalité sous la forme de violents coups de poing dans le ventre. Selon un juriste, “son narcissisme peut finalement l’amener à essayer de provoquer la mort de l’enfant”.
L’engrenage de la violence
Comme l’ont confirmé nombre de femmes battues, l’engrenage de la violence est un autre facteur commun aux maris irascibles. Au départ, les agressions peuvent se limiter à des injures. Le mari menace d’enlever les enfants, disant à sa femme qu’elle ne les reverra plus jamais. Sentant le danger, celle-ci se rend alors responsable de tout, prenant à sa charge le comportement grossier de son conjoint. Désormais, il la tient; il étend son autorité sur elle. Pourtant, il ressent le besoin d’accroître encore sa domination. Cette première phase peut survenir à n’importe quel moment du mariage, parfois au bout de quelques semaines seulement.
La deuxième phase débute lorsqu’il laisse libre cours à la violence. Il se met alors à frapper sa femme à coups de pied et de poing, à la mordre, à lui tirer les cheveux, à la traîner par terre ou à se montrer brutal dans les rapports sexuels. Pour la première fois, elle réalise que le problème ne vient pas d’elle. Elle se dit alors qu’il faut peut-être imputer ce comportement à des facteurs extérieurs, comme la tension sur le lieu de travail ou l’incompatibilité avec des collègues.
Elle trouve d’ailleurs consolation en constatant les remords qui habitent son mari immédiatement après cette explosion de violence. Lui entre maintenant dans la troisième phase du processus. Il la couvre de cadeaux, la supplie de lui pardonner et lui promet de ne plus jamais recommencer.
Pourtant, il recommencera encore et encore. Mais désormais, il n’a plus de remords. Distribuer des coups est devenu une habitude. Il continue à menacer sa femme de la tuer si elle parle de le quitter. Il exerce maintenant sur elle une domination absolue. Rappelez-vous les paroles prononcées par ce mari violent: “Si on arrête de les battre, elles nous échappent. Et ça, c’est inconcevable.”
Un autre trait commun
Invariablement, les maris violents imputent à leur femme la responsabilité de la correction qu’ils lui infligent. Le responsable d’un organisme d’aide aux femmes battues déclare à ce sujet: “Ils disent à leur femme: ‘Si je te bats, c’est parce que tu n’as pas fait ça correctement.’ Ou encore: ‘Je ne t’aurais pas battue si le dîner avait été prêt à l’heure.’ Elle est toujours dans son tort. Et des années de matraquage mental de ce genre l’amènent d’ailleurs à en être persuadée.”
Une femme s’est vu expliquer par son mari que c’est elle qui provoquait sa colère en ne faisant pas convenablement certaines choses. “Plus il était violent et plus il se cherchait des excuses, raconte-t-elle. Il me disait sans cesse: ‘Regarde ce que tu me fais faire. Pourquoi m’obliges-tu à en arriver là?’”
Un homme qui brutalisait autrefois sa femme, et dont le père avait le même travers, a déclaré: “Mon père ne pouvait pas admettre qu’il avait tort. Il ne demandait jamais pardon ni n’assumait la responsabilité de ses actes. Il faisait toujours porter la faute à sa victime.” Lui-même avoue: “Je rendais ma femme responsable des mauvais traitements que je lui faisais subir.” “Pendant quinze ans, dit un autre, j’ai battu ma femme parce qu’elle était Témoin de Jéhovah. Tout était prétexte à lui faire des reproches. Je ne me rendais pas compte à quel point mon attitude était mauvaise, jusqu’à ce que je commence à étudier la Bible. C’est maintenant une tache dans ma vie. J’ai beau essayer de l’oublier, je n’y arrive pas.”
Rencontrer un père et un fils qui sont tous deux des maris violents n’a rien d’extraordinaire. En réalité, cette situation cadre même tout à fait avec le portrait du mari brutal. Le fils en question a reconnu que la violence conjugale s’était transmise de père en fils dans sa famille depuis 150 ans. Selon l’Association américaine contre la violence au foyer, “parmi les enfants témoins de la violence domestique, 60 % des garçons deviennent des maris brutaux et 50 % des filles, des victimes”.
Un journaliste a écrit: “Même s’ils ne sont pas battus ni ne présentent apparemment de séquelles, ces enfants ont appris quelque chose qu’ils n’oublieront vraisemblablement jamais: la violence est un moyen acceptable de résoudre les difficultés et de décharger sa tension nerveuse.”
Au dire des responsables de refuges pour femmes battues, les garçons qui ont été témoins des brutalités infligées à leur mère se montrent souvent violents à leur égard ou menacent de tuer leurs sœurs. “Ce ne sont pas des gamineries, précise l’un de ces responsables; ils parlent sérieusement.” Ayant vu leurs parents recourir à la violence lorsqu’ils étaient en colère, ils ne savent que les imiter.
Une chanson enfantine dit que les petites filles sont faites de “sucre, de sel et de tout ce qui est bon”. Ces petites filles grandissent pour devenir des mères et des femmes, dont les maris affirment ne pas pouvoir se passer. Sans conteste, la justice condamne donc la violence faite aux femmes. Mais quelle justice — celle des hommes ou celle de Dieu?
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Plus jamais de femmes battues — Quand?Réveillez-vous ! 1988 | 22 novembre
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Plus jamais de femmes battues — Quand?
À QUAND l’Histoire fait-elle remonter le calvaire des femmes battues? Si l’on en croit certains, la plus ancienne loi écrite connue, vieille de presque 4 500 ans, autorisait déjà les maris à battre leur femme.
Vers 1700 avant notre ère, Hammourabi, roi païen de Babylone, promulgua le célèbre code d’Hammourabi, qui renfermait près de 300 arrêts régissant la vie de ses sujets. Le code stipulait que la femme devait être entièrement soumise à son mari, lequel était en droit de la punir pour toute faute.
En avançant dans le temps, sous l’Empire romain, le code romain du pater familias déclarait: “Celui qui surprend sa femme en situation d’adultère peut impunément la mettre à mort sans jugement, mais si c’est lui qui commet l’adultère ou agit avec indécence, sa femme ne doit pas se permettre de lui infliger la moindre punition, ce à quoi la loi ne l’autorise d’ailleurs pas.”
Un ouvrage du XVe siècle de notre ère consacré au mariage conseillait aux maris dont la femme avait commis une faute de “commencer par la terroriser” puis de “prendre un bâton et de lui administrer une bonne correction”.
Au XIXe siècle, en Angleterre, le corps législatif s’efforça d’adoucir les souffrances des femmes en légiférant sur la grosseur du bâton. Cette loi, connue sous le nom de “loi du pouce”, autorisait un mari à battre sa femme avec un bâton “dont la grosseur n’excédait pas celle de son pouce”.
De nos jours, bien que les maris qui battent leur femme ne soient plus protégés par la loi dans de nombreux pays, cette tradition persiste en maints endroits du globe. Selon un reportage de la chaîne de télévision américaine CBS, les femmes au Brésil sont l’objet d’une véritable vénération, mais, paradoxalement, elles sont en même temps humiliées, violées, frappées et tuées sans le moindre scrupule. On retrouve cet état d’esprit à tous les niveaux de la société, y compris devant les tribunaux, où un meurtrier peut fort bien être remis en liberté s’il a tué pour “défendre son honneur”, particulièrement si la victime était sa femme. D’après un journaliste, “nombre des assassins ne sont pas des primitifs arriérés, mais des hommes instruits, exerçant une profession libérale”.
La loi divine et la pensée chrétienne
La loi divine établit clairement que le mari doit ‘continuer à aimer sa femme, tout comme le Christ a aimé la congrégation’. Elle dit aussi: “Les maris doivent aimer leurs femmes, comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même, car jamais personne n’a haï sa propre chair; au contraire, il la nourrit et l’entoure de soins.” (Éphésiens 5:25, 28, 29). Ce commandement annule toutes les lois humaines, passées et présentes.
À l’évidence, aucun mari chrétien ne pourrait prétendre aimer sa femme s’il la battait. Le mari violent se tire-t-il les cheveux ou se donne-t-il des coups de poing au visage et sur tout le corps sous prétexte qu’il s’aime? Proclame-t-il ouvertement autour de lui — aux membres de sa famille, à ses amis ou à d’autres chrétiens — qu’il aime tellement sa femme qu’il la frappe de temps à autre? Ou bien plutôt la menace-t-il, afin qu’elle ne parle à personne de ce qu’elle subit? Ne fait-il pas également jurer aux enfants de ne pas dévoiler sa brutalité? À moins que ces derniers en aient honte? Ses actes ne contredisent-ils pas ses affirmations selon lesquelles il aime sincèrement sa femme? Si l’amour mutuel est normal, la violence conjugale, elle, ne l’est pas.
Finalement, si un chrétien battait sa femme, n’annulerait-il pas aux yeux de Dieu tout le bénéfice de ses œuvres chrétiennes? Rappelez-vous que celui “qui frappe” ne remplit pas les conditions requises pour recevoir des privilèges dans la congrégation chrétienne (1 Timothée 3:3; 1 Corinthiens 13:1-3; Éphésiens 5:28). D’autres rapports établissent qu’il est courant, dans ce système, que des maris soient battus par leurs femmes. Bien entendu, ces dernières sont également concernées par les points examinés ci-dessus.
Il est essentiel que maris et femmes manifestent dès maintenant dans leur vie le fruit de l’esprit — “l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la foi, la douceur, la maîtrise de soi”. (Galates 5:22, 23.) Si nous parvenons à produire ces fruits dès à présent, nous serons de ceux qui pourront vivre éternellement dans la paix et l’amour, sur la terre alors transformée en Paradis.
[Illustration, page 8]
Le mari chrétien ‘aime sa femme comme son propre corps’; il ne la bat donc pas.
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