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    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • Deux Témoins de Jéhovah prêchent sur un marché en Indonésie

      Indonésie

      VOICI l’histoire passionnante de chrétiens humbles qui ont courageusement tenu bon à travers les bouleversements politiques, les conflits religieux et 25 ans d’interdiction à l’instigation du clergé. Fais la connaissance d’un frère dont le nom était sur la liste noire des communistes, et d’un ancien chef de gang qui est aujourd’hui un chrétien mûr. Lis le récit touchant de deux jeunes sourdes qui se sont liées d’amitié, puis ont découvert qu’elles étaient sœurs. Et apprends comment les serviteurs de Jéhovah arrivent à diffuser la bonne nouvelle parmi la plus forte population musulmane du monde.

  • Données générales
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      Données générales

      Géographie À cheval sur l’équateur entre l’Australie et l’Asie continentale, l’Indonésie est le plus vaste archipel du monde. Ses plus de 17 500 îles sont en majorité constituées de montagnes déchiquetées et d’épaisses forêts tropicales. Elle est aussi la région volcanique la plus active de la planète, avec une centaine de volcans en activité.

      Une femme indonésienne porte une coiffe locale

      Population Quatrième pays le plus peuplé du monde (derrière la Chine, l’Inde et les États-Unis), l’Indonésie compte plus de 300 ethnies. Les Javanais et les Soundanais composent plus de la moitié de la population.

      Religion Environ 90 % des Indonésiens sont musulmans. Les autres sont pour la plupart hindouistes, bouddhistes ou chrétiens. Beaucoup suivent également les coutumes indigènes traditionnelles.

      Langues Plus de 700 langues sont parlées dans l’archipel. La langue véhiculaire nationale est l’indonésien, dérivé du malais. En outre, la plupart des gens parlent chez eux une langue régionale.

      Brochettes sur un gril

      Sources de revenus Nombre d’Indonésiens sont de petits exploitants agricoles ou des commerçants. Le pays possède d’importantes réserves de minerais, de bois, de pétrole et de gaz naturel. C’est aussi un grand producteur de caoutchouc et d’huile de palme.

      Alimentation L’aliment de base est le riz. Les spécialités locales sont entre autres le nasi goréng (riz et œufs frits accompagnés de légumes), le satay (brochettes de viande au barbecue) et le gado-gado (salade avec une sauce aux arachides).

      Climat Chaud et humide. Les vents de mousson produisent deux saisons : la saison humide et la saison sèche. Les tempêtes sont fréquentes.

      SUPERFICIE (km2)

      1 910 931

      POPULATION

      256 000 000

      PROCLAMATEURS (2015)

      26 246

      HABITANTS POUR 1 PROCLAMATEUR

      9 754

      ASSISTANCE AU MÉMORIAL (2015)

      55 864

      Carte de l’Indonésie
  • Le commerce des épices
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • Épices indonésiennes

      INDONÉSIE

      Le commerce des épices

      AU XVIe SIÈCLE, le commerce des épices alimentait l’économie mondiale, comme celui du pétrole aujourd’hui. Des épices telles que la muscade ou le girofle se vendaient à prix d’or en Europe. Celles-ci provenaient des célèbres Îles aux épices (aujourd’hui les provinces des Moluques et des Moluques du Nord, en Indonésie).

      Les explorateurs Christophe Colomb, Vasco de Gama, Fernand de Magellan, Samuel de Champlain et Henry Hudson ont tous cherché à rejoindre les Îles aux épices. Cette quête des épices indonésiennes a permis aux humains d’acquérir leur première compréhension détaillée de la géographie de la planète.

  • « C’est là que je veux commencer ! »
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • Des Témoins de Jéhovah de Semarang (Java), vers 1937

      Des Témoins de Semarang (Java), vers 1937.

      INDONÉSIE

      « C’est là que je veux commencer ! »

      Dans son bureau, Alexander MacGillivray, serviteur de la filiale d’Australie, fait les cent pas, plongé dans ses pensées. Voilà plusieurs jours qu’il se débat contre un problème, et il a enfin trouvé une solution. À présent, il doit parler à Frank Rice.

      Un graphique montrant le nombre de proclamateurs et de pionniers en Indonésie de 1931 à 1950

      Frank, un intrépide colporteur (pionnier) de 28 ans, est arrivé à la filiale il y a quelques semaines. Il a connu la vérité à l’adolescence et a entrepris le service de colporteur peu après. Pendant plus de dix ans, il a prêché dans une bonne partie de l’Australie, voyageant à cheval, à vélo, à moto ou en camionnette aménagée. Après un bref séjour au Béthel, il est maintenant prêt à s’attaquer à son nouveau territoire.

      Frère MacGillivray convoque alors Frank dans son bureau et lui indique sur une carte des îles situées au nord de l’Australie. « Frank, que dirais-​tu d’inaugurer l’œuvre là-bas ? Il n’y a aucun frère dans toutes ces îles ! »

      Le regard de Frank est attiré par un chapelet d’îles qui scintillent comme des perles dans l’océan Indien : les Indes orientalesa (aujourd’hui Indonésie). Sur ces îles vivent des millions de gens qui n’ont pas encore entendu la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Désignant la capitale, Batavia (aujourd’hui Jakarta), Frank s’exclame : « C’est là que je veux commencer ! »

      Prédication à Java

      En 1931, Frank Rice est arrivé à Jakarta, une grande ville animée de l’île de Java. Il a loué une chambre près du centre-ville et l’a remplie de cartons de publications bibliques, à la grande surprise de sa propriétaire.

      Frank Rice et Clem Deschamp à Jakarta

      Frank Rice et Clem Deschamp à Jakarta.

      « Au début, je me sentais plutôt perdu et j’avais le mal du pays, a confié Frank. Les gens déambulaient dans des tenues de toile blanche et coiffés de casques coloniaux, alors que moi, j’étouffais dans mes vêtements épais. Je ne parlais pas un mot de néerlandais ni d’indonésien. Après avoir demandé à Jéhovah de me guider, je me suis dit qu’il devait y avoir des anglophones dans le quartier d’affaires. C’est là que j’ai commencé à prêcher. Ce territoire allait se révéler très productif ! »

      La plupart des Jakartanais parlant le néerlandais, Frank a étudié assidûment pour en acquérir les bases et a vite commencé à prêcher de maison en maison. Il s’est aussi mis à l’indonésien, qu’il a appris petit à petit. « Le problème, c’est que je n’avais aucune publication dans cette langue. Jéhovah m’a alors guidé vers un professeur indonésien qui s’est intéressé à la vérité et a accepté de traduire la brochure Où sont les morts ? D’autres brochures ont suivi et, bientôt, de nombreuses personnes parlant l’indonésien se sont intéressées à la vérité. »

      En novembre 1931, deux autres pionniers australiens sont arrivés à Jakarta : Clem Deschamp, 25 ans, et Bill Hunter, 19 ans. Clem et Bill avaient amené avec eux une maison de pionniers sur roues : une camionnette aménagée — l’une des premières en Indonésie. Après avoir acquis des rudiments de néerlandais, ils ont entamé une tournée de prédication dans les grandes villes de Java.

      Charles Harris se tenant près de son vélo et de son camping-car

      Pour prêcher, Charles Harris se déplaçait à vélo et en camping-car.

      Charles Harris, autre pionnier australien intrépide, a suivi les traces de Clem et Bill. À partir de 1935, il a parcouru presque tout Java en camping-car et à vélo, diffusant des publications en cinq langues : en anglais, en arabe, en chinois, en indonésien et en néerlandais. Certaines années, il a laissé quelque 17 000 ouvrages.

      La quantité de publications diffusées par Charles en a interpelé plus d’un. Un fonctionnaire de Jakarta a demandé à Clem Deschamp : « Vous avez combien de personnes qui travaillent là-bas, à Java-Est ?

      — Une seule, a répondu frère Deschamp.

      — Vous ne pensez tout de même pas que je vais vous croire ? a aboyé le fonctionnaire. Ils doivent être toute une armée, à en juger par le nombre de publications qui sont distribuées partout ! »

      Constamment sur la route, les premiers pionniers cherchaient à toucher le plus de monde possible. « Nous avons parcouru l’île de bout en bout, parlant rarement deux fois à la même personne », a relaté Bill Hunter. Ils ont semé quantité de graines spirituelles qui ont par la suite produit une abondante récolte (Eccl. 11:6 ; 1 Cor. 3:6).

      La bonne nouvelle atteint Sumatra

      Vers 1936, les pionniers de Java ont réfléchi à la façon d’étendre la prédication à l’île de Sumatra, la sixième du monde par la taille. Cette île accidentée située à cheval sur l’équateur compte de grandes villes, des plantations, de vastes marais et d’immenses forêts tropicales.

      Ayant décidé d’y envoyer Frank Rice, les pionniers ont réuni leurs maigres fonds pour payer son voyage. Peu après, Frank arrivait à Medan (Sumatra-Nord), avec deux sacs de prédication, 40 cartons de publications et un peu d’argent en poche. En homme de foi, il s’est immédiatement attelé à la tâche, confiant que Jéhovah lui fournirait le nécessaire pour effectuer sa mission (Mat. 6:33).

      Durant sa dernière semaine de prédication à Medan, Frank a rencontré un aimable Hollandais qui l’a invité à entrer pour prendre un café. Frank lui a fait savoir qu’il lui fallait un véhicule pour prêcher dans toute l’île. Montrant du doigt une voiture en panne dans son jardin, l’homme a dit : « Si vous arrivez à la réparer, elle est à vous pour 100 florinsb.

      — Je n’ai pas 100 florins, a répondu Frank. »

      L’homme l’a regardé droit dans les yeux : « Vous voulez vraiment prêcher dans tout Sumatra ?

      — Oui.

      — Alors dans ce cas, si vous réparez la voiture, je vous la laisse. Vous me paierez plus tard si vous pouvez. »

      Frank s’est mis au travail, et peu après, le moteur tournait de nouveau. Il a écrit par la suite : « Avec une voiture pleine de publications, un réservoir plein d’essence et un cœur plein de foi, j’ai pris la route pour prêcher aux habitants de Sumatra. »

      Henry Cockman avec Jean et Clem Deschamp à Sumatra (1940)

      Henry Cockman avec Jean et Clem Deschamp, à Sumatra, 1940.

      Un an plus tard, après avoir sillonné l’île de long en large, Frank est retourné à Jakarta. Il y a vendu la voiture pour 100 florins et envoyé l’argent au Hollandais de Medan.

      Quelques semaines après, Frank a reçu une lettre d’Australie l’affectant à un nouveau territoire. Il a aussitôt fait ses bagages et est parti lancer l’œuvre en Indochine (aujourd’hui le Cambodge, le Laos et le Vietnam).

      a Aussi appelées par le passé Indes néerlandaises. Il y a 300 ans, les Hollandais y ont établi un empire colonial grâce au commerce lucratif des épices. Tout au long de ce récit, nous utiliserons les noms de lieux actuels.

      b L’équivalent d’environ 1 000 euros aujourd’hui.

  • Les premières méthodes de prédication
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • Le Lightbearer, un deux-mâts de 16 mètres

      INDONÉSIE

      Les premières méthodes de prédication

      Les émissions radiodiffusées

      Une antenne radio

      EN 1933, les frères ont fait diffuser des discours enregistrés de frère Rutherford, en anglais, par une station de radio de Jakarta. D’autres discours étaient lus en néerlandais sur les ondes par un ami de la vérité. Ces émissions ont suscité un grand intérêt dans le territoire et ont permis aux frères et sœurs de laisser davantage de publications.

      Quand la radio a diffusé le puissant discours de frère Rutherford intitulé « Les effets de l’année sainte sur la paix et la prospérité », c’en était trop pour le clergé catholiquea. Par agents interposés, il a fait accuser frère De Schumaker, qui avait fourni l’enregistrement, de « diffamation », de « moquerie » et d’« animosité ». Malgré une défense énergique contre ses chefs d’accusation, frère De Schumaker a été condamné à une amende de 25 florinsb, en plus des frais de justice. Trois grands journaux ont couvert le procès, ce qui a en fait permis de donner un grand témoignage.

      Le Lightbearer

      Le 15 juillet 1935, le Lightbearer (Porteur de lumière), un deux-mâts de 16 mètres de la Watch Tower Society, est arrivé à Jakarta après 6 mois de voyage en mer depuis Sydney (Australie). À son bord, sept pionniers zélés, décidés à répandre la bonne nouvelle en Indonésie, à Singapour et en Malaisie.

      Pendant plus de deux ans, les pionniers du Lightbearer se sont arrêtés dans des ports, petits ou grands, de toute l’Indonésie, et ont distribué quantité de publications. Dans chaque petit port où le bateau accostait, a expliqué Jean Deschamp, « l’équipage mettait en route le phonographe et diffusait l’un des discours de Joseph Rutherford, alors président de la Watch Tower Society. Imaginez la surprise des Malais habitant des villages isolés en voyant un grand voilier arriver dans leur port et en entendant s’élever une voix si puissante. Une soucoupe volante aurait difficilement éveillé un plus grand intérêt ».

      Furieux à cause de la prédication hardie des frères, le clergé a finalement fait pression sur les autorités pour qu’elles interdisent l’accès du Lightbearer à de nombreux ports indonésiens. En décembre 1937, le voilier est rentré en Australie, avec à son actif une remarquable œuvre missionnaire en Indonésie.

      L’équipage du Lightbearer

      L’équipage du Lightbearer.

      a Le discours de frère Rutherford dénonçait la corruption spirituelle, politique et commerciale de l’Église catholique.

      b L’équivalent d’environ 270 euros aujourd’hui.

  • Le Bibelkring
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      Le Bibelkring

      À LA fin des années 1930, un mouvement religieux appelé Bibelkring (« cercle biblique » en néerlandais) est né autour du lac Toba (Sumatra-Nord). Il s’est formé après que plusieurs enseignants ont accepté les publications d’un pionnier, probablement Eric Ewins, qui était passé dans la région en 1936. Ce qu’ils ont lu les a incités à quitter l’Église protestante batak pour créer des groupes d’étude biblique dans des foyers. Ces groupes se sont accrus et multipliés jusqu’à totaliser des centaines de membresa.

      Dame Simbolon, un ancien membre du Bibelkring

      Dame Simbolon, ancien membre du Bibelkring, est aujourd’hui une sœur.

      Se basant sur les publications laissées par le pionnier, les premiers membres du Bibelkring ont découvert plusieurs vérités bibliques. « Ils refusaient de saluer le drapeau et rejetaient les célébrations de Noël et des anniversaires de naissance. Certains même prêchaient de porte en porte », a raconté Dame Simbolon, ancien membre qui a accepté la vérité en 1972. Mais sans le soutien de l’organisation de Dieu, le mouvement a vite succombé à des raisonnements humains. « Les femmes n’avaient pas le droit de se maquiller, ni de porter des bijoux, des vêtements modernes et même des chaussures », explique Limeria Nadapdap, ancien membre elle aussi, aujourd’hui notre sœur spirituelle. « Il était également interdit aux membres d’avoir une carte d’identité, ce qui a provoqué la colère du gouvernement. »

      Le Bibelkring s’est finalement divisé en plusieurs groupes dissidents et a peu à peu décliné. Plus tard, quand des pionniers sont retournés dans la région du lac Toba, beaucoup de ses anciens membres ont accepté la vérité.

      a Certaines sources estiment qu’à son apogée le Bibelkring comptait des milliers de membres.

  • Java-Ouest porte du fruit
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      Java-Ouest porte du fruit

      Theodorus Ratu

      Theodorus Ratu

      En 1933, Frank Rice a demandé à Theodorus (Theo) Ratu, originaire de Sulawesi-Nord, de l’aider à s’occuper du dépôt de publications de Jakarta. « Je me suis intéressé de près à la noble œuvre du Royaume et j’ai commencé à prêcher avec frère Rice, a raconté Theo. Plus tard, j’ai accompagné Bill Hunter dans une tournée de prédication à Java, puis l’équipage du Lightbearer pour une traversée vers Sumatra. » Theo a été le premier Indonésien à accepter la vérité ; il a été pionnier des dizaines d’années à Java, à Sulawesi-Nord et à Sumatra.

      L’année suivante, Bill Hunter a laissé un exemplaire de la brochure Où sont les morts ? à Felix Tan, un étudiant vivant à Jakarta. Quand Felix est retourné dans sa famille à Bandung (Java-Ouest), il a montré la brochure à Dodo, son jeune frère. Ils ont tous deux été étonnés d’apprendre que le premier homme, Adam, n’avait pas une âme immortelle, mais qu’il était une âme (Gen. 2:7, note). Leur appétit spirituel aiguisé, Felix et Dodo ont fouillé les librairies d’occasion de Bandung pour obtenir davantage de publications de la Watch Tower Society. Ils ont aussi parlé à leur famille de ce qu’ils avaient appris. Après avoir dévoré tous les ouvrages qu’ils avaient pu trouver, ils ont écrit au dépôt de publications de Jakarta. À leur grande surprise, ils ont reçu la visite encourageante de Frank Rice, qui leur apportait de nouveaux ouvrages.

      La famille Tan

      La famille Tan.

      Peu après le retour de frère Rice à Jakarta, Clem et Jean Deschamp, alors jeunes mariés, ont passé 15 jours à Bandung. « Frère Deschamp a demandé à notre famille si nous voulions être baptisés, a raconté Felix. Quatre d’entre nous — Dodo, ma petite sœur Josephine (Pin Nio), ma mère (Kang Nio) et moi — avons voué nos vies à Jéhovaha. » Après leur baptême, la famille Tan a accompagné Clem et Jean dans une campagne de prédication de neuf jours. Clem leur a montré comment prêcher à l’aide d’une carte de témoignage sur laquelle figurait un message biblique simple en trois langues. Le petit groupe de Bandung est vite devenu une congrégation, la deuxième en Indonésie.

      Le chapeau du pape

      La prédication gagnant du terrain, le clergé de la chrétienté est sorti de sa somnolence. Ses agents et lui ont écrit des articles de presse attaquant les croyances et les activités des Témoins. Ces articles ont incité le ministère des Affaires religieuses à convoquer Frank Rice pour un interrogatoire. Satisfait des réponses de frère Rice, le ministère a laissé la prédication se poursuivre sans encombreb.

      Au début des années 1930, la plupart des fonctionnaires coloniaux étaient tolérants ou indifférents vis-à-vis de la prédication. Mais avec la montée en puissance de l’Allemagne nazie en Europe, certains ont changé de point de vue, surtout les catholiques fervents. Clem Deschamp s’est souvenu : « Un douanier catholique a confisqué une cargaison de nos livres sous prétexte qu’ils présentaient le nazisme sous un mauvais jour. Quand je suis allé me plaindre à la douane, le fonctionnaire hostile était en vacances. Son remplaçant, un homme aimable qui n’était pas catholique, a rapidement débloqué les livres en disant : “Prenez tout ce que vous pouvez tant que le titulaire est absent !” »

      « Une autre fois, a expliqué Jean Deschamp, des fonctionnaires ont insisté pour que nous retirions deux images du livre Ennemis. Ils protestaient contre les caricatures d’un serpent entortillé (Satan) et d’une prostituée ivre (la fausse religion) portant tous deux le chapeau papal (la mitre)c. Mais nous étions résolus à diffuser ce livre. Trois d’entre nous se sont donc assis sur le quai dans une chaleur étouffante et ont passé en revue des milliers d’exemplaires pour noircir les images du chapeau du pape ! »

      Caricatures du serpent et de la prostituée, portant tous deux le chapeau papal

      Les deux images du livre Ennemis censurées par les autorités.

      Alors que la guerre se profilait en Europe, nos publications ont courageusement continué de dénoncer l’hypocrisie de la chrétienté et son ingérence dans la politique. En réponse, le clergé a augmenté sa pression sur les autorités pour qu’elles restreignent notre œuvre ; plusieurs de nos publications ont alors été interdites.

      Mais les frères étant bien décidés à poursuivre l’œuvre, ils ont mis à profit une presse qu’ils avaient reçue d’Australie (Actes 4:20). Jean Deschamp a décrit une de leur stratégie : « Quand nous imprimions une nouvelle brochure ou revue, nous devions en soumettre un exemplaire à l’approbation des autorités. Nous imprimions la publication et la diffusions dans les congrégations en début de semaine. Puis, en fin de semaine, nous en apportions un exemplaire au bureau du ministre de la Justice. Lorsque la publication était refusée, nous hochions tristement la tête, puis rentrions en vitesse imprimer la publication suivante. »

      Les frères et sœurs qui diffusaient les publications interdites jouaient souvent au chat et à la souris avec la police. Par exemple, un jour qu’il prêchait à Kediri (Java-Est), Charles Harris a involontairement rendu visite à l’inspecteur de la police locale.

      « Je vous ai cherché toute la journée, a dit l’inspecteur. Attendez que je prenne ma liste de vos publications interdites. »

      « Pendant que l’inspecteur fouillait chez lui, a raconté Charles, j’ai fourré les publications interdites dans des poches dissimulées de mon manteau. Quand il est revenu, je lui ai donné 15 brochures autorisées, qu’il a payées à contrecœur. J’ai ensuite diffusé les publications interdites plus loin dans la rue. »

      Impression en danger

      Quand l’Europe a sombré dans la Seconde Guerre mondiale, les envois de publications des Pays-Bas vers l’Indonésie ont fini par cesser. Mais ayant vu les difficultés venir, les frères avaient eu la prudence de faire imprimer les revues par une entreprise de Jakarta. Le premier numéro en indonésien de Consolation (aujourd’hui Réveillez-vous !) est sorti en janvier 1939, et celui de La Tour de Garde peu après. Les frères ont ensuite acheté une petite presse pour imprimer les revues eux-​mêmes. En 1940, ils ont reçu d’Australie une presse à plat plus grande qui leur a permis d’imprimer des brochures et des revues en indonésien et en néerlandais, couvrant les dépenses avec leurs propres fonds.

      Une presse est déchargée d’un camion à Jakarta, en Indonésie

      Arrivée de la première presse au dépôt de Jakarta.

      Finalement, le 28 juillet 1941, les autorités ont interdit toutes les publications de la Watch Tower Society. Jean Deschamp a raconté : « Un matin, alors que j’étais au bureau en train de taper à la machine, les portes se sont ouvertes brusquement. Sont alors entrés trois policiers et un haut fonctionnaire néerlandais en grand apparat : médailles, gants blancs, épée de cérémonie et chapeau à plumes. Nous n’étions pas surpris : trois jours plus tôt, nous avions appris de source officieuse que nos publications étaient sur le point d’être interdites. Le fonctionnaire arrogant a lu une longue proclamation, puis a demandé qu’on le conduise à l’imprimerie pour mettre la presse sous scellés. Mon mari lui a répondu qu’il arrivait trop tard, car elle avait été vendue la veille ! »

      La Bible, elle, n’a pas été interdite. Les frères ont donc continué à prêcher de maison en maison, en utilisant seulement la Bible. Ils donnaient aussi des cours bibliques. Mais le spectre de la guerre planant sur l’Asie, les pionniers étrangers ont reçu l’instruction de rentrer en Australie.

      a Par la suite, le père et les trois jeunes frères de Felix sont à leur tour devenus Témoins. Sa sœur Josephine a épousé André Elias ; tous deux ont fait l’École biblique de Guiléad. La biographie de sœur Elias a été publiée dans Réveillez-vous ! de septembre 2009.

      b Après la Seconde Guerre mondiale, Frank est rentré en Australie et y a élevé ses enfants. Il a achevé sa vie terrestre en 1986.

      c Les images se basaient sur Révélation 12:9 et 17:3-6.

  • Sous le joug japonais
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      Sous le joug japonais

      Au début de 1942, la puissante armée japonaise a déferlé sur l’Indonésie, l’enserrant comme un étau. Beaucoup de frères ont été condamnés à des travaux forcés : construire des routes ou nettoyer des fossés. D’autres ont été incarcérés dans des camps de prisonniers sordides et torturés pour leur refus de soutenir la guerre. Au moins trois y ont perdu la vie.

      Johanna Harp, ses deux filles et une amie de la famille

      Johanna Harp, ses deux filles et Beth Godenze, une amie de la famille (au centre).

      Johanna Harp, une sœur néerlandaise qui habitait un village isolé dans les montagnes de Java-Est, a pu échapper aux camps durant les deux premières années de la guerre. Ses trois enfants adolescents et elle ont profité de leur liberté pour traduire le livre Salut et des numéros de La Tour de Garde de l’anglais en néerlandaisa. Les publications traduites étaient ensuite recopiées et transmises clandestinement aux frères dans tout Java.

      Les quelques Témoins encore libres se réunissaient en petits groupes et prêchaient prudemment. « Je guettais la moindre occasion de parler informellement de la vérité, a raconté plus tard Josephine Elias (anciennement Tan). Quand je rendais visite aux personnes intéressées, j’emportais un échiquier pour qu’on croie que je venais jouer aux échecs. » Felix Tan prêchait avec sa femme, Bola, de porte en porte en faisant semblant de vendre du savon : « Nous étions souvent suivis par des espions de la Kempeïtaï, la redoutable police militaire japonaise. Pour ne pas éveiller de soupçons, nous allions chez nos étudiants à différentes heures. Six d’entre eux ont très bien progressé et se sont fait baptiser pendant la guerre. »

      Dissidence à Jakarta

      Alors que les frères s’adaptaient aux conditions difficiles dues à la guerre, ils n’ont pas tardé à subir une autre épreuve pénible. Les autorités japonaises ont ordonné à tous les étrangers (y compris les Sino-Indonésiens) de se faire enregistrer et d’avoir sur eux une carte d’identité contenant un serment d’allégeance à l’Empire japonais. De nombreux frères se sont demandé s’ils devaient se faire enregistrer et signer la carte d’identité ou bien refuser.

      Josephine Elias et son frère, Felix

      Josephine Elias et son frère, Felix.

      Felix Tan a expliqué : « Les frères de Jakarta ont incité ceux de Sukabumi, dont nous faisions partie, à refuser de signer la carte d’identité. Mais nous avons demandé aux autorités si nous pouvions changer la formulation “les soussignés ont fait allégeance à” en “les soussignés n’entraveront pas” l’armée japonaise. Étonnamment, elles ont accepté ; nous nous sommes donc procuré des cartes. Quand les frères de Jakarta l’ont appris, ils nous ont qualifiés d’apostats et ont coupé les ponts avec nous. »

      Malheureusement, la plupart de ces frères intransigeants ont été arrêtés et ont renié la vérité. Un frère qui avait refusé le compromis s’est retrouvé en prison avec André Elias. « J’ai raisonné avec lui sur la question de l’enregistrement et je l’ai aidé à avoir un point de vue plus équilibré, a relaté André. Il m’a humblement demandé pardon d’avoir rompu les liens avec nous. Nous avons ensuite passé des moments formidables à nous encourager, mais hélas ! il est mort à cause des conditions d’emprisonnement. »

      Liberté !

      En 1945, quand la guerre a cessé, les frères et sœurs étaient très enthousiastes à l’idée de poursuivre la prédication. Un frère qui avait été incarcéré et torturé a écrit à la filiale d’Australie : « Après quatre longues années épuisantes, me revoilà, intègre et avec le même état d’esprit. Durant toutes mes épreuves, je n’ai jamais oublié les frères. Voudriez-​vous m’envoyer quelques livres ? »

      Les publications tant attendues sont bientôt arrivées dans le pays, d’abord au compte-gouttes, puis en plus grande quantité. À Jakarta, un groupe de dix proclamateurs s’est remis à traduire les publications en indonésien.

      Le 17 août 1945, les chefs du mouvement indépendantiste indonésien ont proclamé le pays république autonome, déclenchant quatre années de révolution contre le régime colonial néerlandais. Le chaos qui en a résulté a fait des dizaines de milliers de morts et plus de sept millions de déplacés.

      Durant toute la révolution, les frères ont continué de prêcher de maison en maison. « Des nationalistes ont essayé de nous forcer à pousser leur cri de guerre “Liberté !”, a raconté Josephine Elias. Mais nous leur disions que nous étions neutres dans ces questions politiques. » En 1949, les Néerlandais ont cédé la souveraineté qu’ils exerçaient depuis longtemps sur leur colonie à la République des États-Unis d’Indonésie (aujourd’hui la République d’Indonésie)b.

      En 1950, les frères indonésiens avaient enduré près de dix années de guerre. Mais une œuvre colossale les attendait. Comment allaient-​ils communiquer la bonne nouvelle aux millions d’habitants de l’archipel ? Humainement, la tâche semblait impossible ! Pourtant, ils sont allés de l’avant avec foi, certains que Jéhovah allait « envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Mat. 9:38). Et c’est ce qu’il a fait.

      a Après la guerre, la plus jeune fille de sœur Harp, Hermine (Mimi), a suivi les cours de l’École de Guiléad, puis est retournée en Indonésie comme missionnaire.

      b Les Néerlandais ont continué d’administrer la Papouasie occidentale (à l’époque Nouvelle-Guinée occidentale) jusqu’en 1962.

  • L’arrivée de guiléadites
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • La congrégation de Surabaya, 1954

      La congrégation de Surabaya, 1954.

      INDONÉSIE

      L’arrivée de guiléadites

      En juillet 1951, la petite congrégation de Jakarta s’est réunie pour accueillir Peter Vanderhaegen, le premier missionnaire guiléadite à entrer en Indonésie. À la fin de l’année, 13 autres missionnaires étaient arrivés d’Allemagne, d’Australie et des Pays-Bas, ce qui a presque doublé le nombre des proclamateurs dans le pays.

      Un graphique montrant le nombre de proclamateurs et de pionniers en Indonésie entre 1951 et 1976

      « Je m’étais imaginée prêcher de maison en maison en communiquant par gestes, s’est rappelé Fredrika Renskers, une missionnaire néerlandaise. Mais il y avait tellement de gens parlant néerlandais qu’au début, j’ai prêché surtout dans cette langue. » Ronald Jacka, qui venait d’Australie, a relaté : « Certains d’entre nous se servaient d’une carte de témoignage sur laquelle était imprimé un court sermon en indonésien. Je regardais la carte avant de frapper à chaque porte et j’essayais de réciter le texte par cœur. »

      Grâce à l’élan donné par les missionnaires, le nombre des proclamateurs est passé de 34 à 91 en seulement un an. Le 1er septembre 1951, une filiale de la Watch Tower Society a été ouverte à Jakarta-Centre, chez André Elias. Ronald Jacka a été nommé serviteur de filiale.

      D’autres régions s’ouvrent

      En novembre 1951, Peter Vanderhaegen a été affecté à Manado (Sulawesi-Nord), où Theo Ratu et sa femme avaient formé un petit groupe. La plupart des habitants se disaient chrétiens et montraient un grand respect pour la Parole de Dieu. Beaucoup invitaient les Témoins à entrer et leur demandaient d’expliquer les enseignements bibliques. Il n’était pas rare que les proclamateurs s’adressent à un groupe de dix personnes. Un quart d’heure plus tard, le groupe en comptait une cinquantaine. Et dans l’heure, la discussion pouvait se poursuivre dans le jardin avec 200 personnes.

      Au début de 1952, Albert et Jean Maltby ont ouvert une maison de missionnaires à Surabaya (Java-Est), la deuxième plus grande ville d’Indonésie. Six sœurs missionnaires les ont rejoints : Gertrud Ott, Fredrika Renskers, Susie et Marian Stoove, Eveline Platte et Mimi Harp. « La majorité des gens, des musulmans modérés, étaient très amicaux, raconte Fredrika Renskers. Beaucoup n’attendaient que la vérité ; c’était donc facile de commencer des cours bibliques. En trois ans, la congrégation de Surabaya comptait 75 proclamateurs. »

      Maison de missionnaires à Jakarta

      Des missionnaires à Jakarta.

      Vers la même époque, Azis, un musulman de Padang (Sumatra-Ouest), a écrit à la filiale pour demander une aide spirituelle. Il avait étudié avec des pionniers australiens dans les années 1930, mais avait perdu tout contact avec eux au cours de l’occupation japonaise. Puis il était tombé sur une brochure des Témoins de Jéhovah. « Quand j’ai vu l’adresse de Jakarta sur la brochure, ça m’a redonné espoir ! » s’est-​il exclamé. La filiale a aussitôt envoyé à Padang Frans van Vliet, surveillant de circonscription. Frans a appris qu’Azis avait parlé de la vérité à son voisin Nazar Ris, un fonctionnaire spirituellement affamé. Les deux hommes et leurs familles ont accepté la vérité. Azis est devenu ancien. Nazar Ris a été nommé pionnier spécial et beaucoup de ses enfants sont aujourd’hui des Témoins zélés.

      Frans van Vliet et sa soeur Nel

      Frans van Vliet et sa petite soeur, Nel.

      Peu après, Frans van Vliet a rendu visite à un frère néerlandais inactif qui travaillait à la reconstruction d’une raffinerie de pétrole endommagée par la guerre, à Balikpapan (Kalimantan-Est). Il l’a emmené en prédication et l’a encouragé à enseigner la Bible à plusieurs personnes intéressées. Avant de rentrer aux Pays-Bas, le frère avait formé un petit groupe à Balikpapan.

      Plus tard, Titi Koetin, une sœur nouvellement baptisée, a déménagé pour Banjermassin (Kalimantan-Sud). Elle a prêché aux membres de sa famille, issus de la communauté dayak, et en a aidé plus d’un à connaître la vérité. Parmi ces nouveaux, certains sont retournés dans leurs villages reculés de Kalimantan et ont formé des groupes qui sont aujourd’hui de solides congrégations.

      Production de publications en indonésien

      La prédication s’étendant rapidement, les frères avaient besoin de davantage de publications en indonésien. En 1951, le livre « Que Dieu soit reconnu pour vrai ! » a été traduit dans cette langue, mais les autorités ayant révisé l’orthographe indonésienne, la filiale a dû revoir la traduction du livrea. Quand il est finalement sorti, il a suscité un grand intérêt parmi la population locale.

      En 1953, la filiale a réimprimé La Tour de Garde en indonésien pour la première fois depuis 12 ans, à 250 exemplaires pour le premier numéro. Au début, ses 12 pages ronéotypées ne contenaient que les articles d’étude. Trois ans plus tard, elle passait à 16 pages, et une société commerciale la tirait à 10 000 exemplaires par mois.

      En 1957 a été lancée l’édition mensuelle de Réveillez-vous ! en indonésien. Son tirage a vite atteint 10 000 exemplaires. En raison d’une pénurie nationale de papier d’impression, les frères ont eu besoin d’une autorisation pour s’en procurer. Le fonctionnaire qui s’est occupé de leur demande leur a dit : « Je considère la Menara Pengawal (La Tour de Garde) comme l’une des meilleures revues du pays. Je suis ravi de vous aider à obtenir cette autorisation pour votre nouvelle revue. »

      a Depuis 1945, il y a eu deux révisions majeures de l’orthographe indonésienne, essentiellement pour remplacer l’orthographe néerlandaise.

  • L’œuvre progresse vers l’est
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      L’œuvre progresse vers l’est

      En 1953, Peter Vanderhaegen a été nommé surveillant de circonscription. Son territoire était toute l’Indonésie : il s’étendait sur 5 100 kilomètres d’est en ouest et sur 1 800 kilomètres du nord au sud. En parcourant ce vaste territoire, il a vécu bien des aventures palpitantes.

      Peter Vanderhaegen

      Peter Vanderhaegen.

      En 1954, frère Vanderhaegen s’est rendu dans l’est de l’Indonésie. Cette région d’une grande diversité religieuse comprend plusieurs îles : Bali, qui a une forte population hindouiste ; Lombok et Sumbawa, où vivent principalement des musulmans ; Florès, majoritairement catholique ; et enfin Sumba, Alor et Timor, peuplées surtout de protestants. Voyageant sur un bateau de fortune, frère Vanderhaegen a donné un bref témoignage sur plusieurs îles avant d’arriver à Kupang, une ville de Timor : « J’ai prêché à Timor pendant deux semaines. Malgré des pluies torrentielles, j’ai diffusé toutes mes publications, abonné 34 personnes à nos revues et commencé plusieurs cours bibliques. » Des pionniers spéciaux ont entretenu l’intérêt manifesté et ont formé une congrégation à Kupang. De là, la bonne nouvelle s’est étendue aux îles voisines : Roti, Alor, Sumba et Florès.

      À Kupang, quand les pasteurs ont vu que leurs ouailles écoutaient les Témoins de Jéhovah, la colère les a envahis. Un pasteur influent a ordonné à Thomas Tubulau, un vieux ferblantier manchot, d’arrêter d’étudier avec les Témoins, ajoutant que s’il continuait de parler aux autres de ce qu’il apprenait, le sang coulerait. Thomas a courageusement répondu : « Un chrétien ne dirait jamais ce que vous venez de dire. Vous ne me reverrez plus dans votre église. » Thomas est devenu un fervent proclamateur du Royaume, et sa fille pionnière spéciale.

      Cependant, les pasteurs de Timor étaient résolus à éradiquer les Témoins de Jéhovah. En 1961, ils ont réussi à faire interdire la prédication de maison en maison en faisant pression sur le ministère des Affaires religieuses et les autorités militaires locales. Les frères ont donc simplement adapté leurs méthodes de témoignage : ils prêchaient sur les marchés et près des puits ; sur les plages, aux pêcheurs rapportant leurs prises ; et dans les cimetières, aux familles qui entretenaient les tombes de leurs proches. Au bout d’un mois, les autorités militaires sont revenues sur leur décision et ont annoncé à la radio que la liberté de religion était garantie à Timor. Quand le ministère des Affaires religieuses a maintenu que la prédication de porte en porte était interdite, les frères lui ont demandé de mettre sa décision par écrit. Le ministère a refusé. Les frères ont alors repris leur activité de maison en maison sans difficulté.

      En arrivant en Papouasie en 1962, les missionnaires Piet et Nell de Jager ainsi que Hans et Susie van Vuure ont subi eux aussi l’hostilité de l’Église. Trois ecclésiastiques influents se sont opposés à eux et leur ont ordonné de prêcher ailleurs. Du haut de la chaire, par voie d’imprimés et à la radio, les chefs religieux accusaient faussement les Témoins de Jéhovah de susciter de l’agitation contre le gouvernement. De plus, ils amadouaient, menaçaient ou achetaient tout paroissien qui commençait à étudier avec les missionnaires. Enfin, ils exerçaient des pressions sur les chefs de village pour qu’ils fassent obstacle à la prédication.

      Ces tentatives ont eu l’effet inverse : Un chef a invité les missionnaires à s’exprimer devant son village. « Après que le chef a rassemblé les villageois, Piet et moi avons prononcé deux brefs discours expliquant notre œuvre, s’est rappelé Hans. Ensuite, nos femmes ont montré par une mise en scène que nous allions frapper à leurs portes, accepter leur invitation à entrer et leur communiquer un court message biblique. Le chef et les villageois ont bien réagi et nous ont laissés prêcher librement. »

      Ces incidents et d’autres suivaient toujours le même scénario. Alors que l’opposition à la prédication venait rarement des musulmans, elle était invariablement le fait de la chrétienté. Et c’est encore vrai aujourd’hui.

      « Traînés devant des gouverneurs en témoignage »

      Jésus a dit à ses disciples : « Vous serez traînés devant des gouverneurs et des rois à cause de moi, en témoignage pour eux et pour les nations » (Mat. 10:18). En Indonésie, ces paroles se sont vérifiées maintes fois.

      En 1960, un éminent théologien néerlandais de Jakarta a publié un livre qui taxait les Témoins de Jéhovah de faux chrétiens. Cet ouvrage a incité de nombreux ecclésiastiques à s’élever contre les frères. Par exemple, le clergé d’une certaine ville a écrit au ministère des Affaires religieuses en accusant les Témoins de « désorienter les membres de leur Église ». Invités par les autorités à répondre aux accusations, les frères ont présenté les faits et donné un bon témoignage. Un fonctionnaire croyant a conseillé à son collègue : « Laisse les Témoins de Jéhovah tranquilles. Ils réveillent les protestants endormis. »

      En Indonésie, déchargement de cartons de livres Paradis (1963)

      Déchargement de cartons de livres Paradis, 1963.

      En 1964, en Papouasie, un groupe de pasteurs a sollicité la commission parlementaire des Affaires religieuses et sociales pour faire interdire l’œuvre des Témoins de Jéhovah. La filiale a alors demandé à présenter sa défense devant la commission. Tagor Hutasoit a raconté : « Pendant près d’une heure, nous avons clairement expliqué en quoi consiste notre œuvre d’enseignement biblique. Un politicien protestant a accusé les Témoins de causer des troubles religieux en Papouasie. En revanche, la plupart des membres musulmans de la commission ont été bienveillants. Ils nous ont dit : “La Constitution garantit la liberté de religion, vous avez donc le droit de prêcher.” » Après l’audience, un haut fonctionnaire du gouvernement papou a déclaré : « Le nouveau gouvernement [...] confirme la liberté de religion et cela s’applique aussi aux nouvelles confessions. »

  • L’arrivée d’autres missionnaires
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      L’arrivée d’autres missionnaires

      Le 9 juillet 1964, le ministère de la Justice a officiellement enregistré l’Association des Étudiants de la Bible, entité juridique utilisée par les Témoins de Jéhovah. Mais pour que les frères bénéficient d’une pleine liberté de culte, il leur fallait être inscrits au ministère des Affaires religieuses. Celui-ci a consulté la Direction générale de la communauté chrétienne, composée de protestants intransigeants qui s’opposaient farouchement aux Témoins de Jéhovah.

      Un jour, un frère a rencontré un haut fonctionnaire qui collaborait étroitement avec le ministre des Affaires religieuses. Les deux hommes ont découvert qu’ils venaient du même village ; ils ont alors eu une discussion animée dans leur dialecte. Après que le frère lui a parlé des problèmes auxquels les Témoins se heurtaient avec la Direction générale de la communauté chrétienne, le fonctionnaire a fait en sorte que trois frères rencontrent personnellement le ministre, un musulman sympathique et compréhensif. Le 11 mai 1968, le ministre a émis un décret qui reconnaissait les Témoins de Jéhovah comme une religion et confirmait leur droit d’effectuer leur œuvre en Indonésie.

      De plus, le haut fonctionnaire a proposé d’intervenir directement pour que les Témoins étrangers obtiennent des visas de missionnaires sans passer par la Direction générale de la communauté chrétienne. Grâce à cet homme impartial, au cours des quelques années qui ont suivi, 64 missionnaires ont pu entrer dans le pays.

      En 1968, environ 300 missionnaires et pionniers spéciaux ainsi que plus de 1 200 proclamateurs prêchaient la bonne nouvelle aux quatre coins de l’Indonésie. Les missionnaires ont apporté une formation précieuse aux frères locaux, ce qui a accéléré leurs progrès spirituels. Les nuages sombres de la persécution s’amoncelant, cette formation est arrivée à point nommé.

      Un « cadeau de Noël » pour le clergé

      En 1974, la Direction générale de la communauté chrétienne a repris sa campagne visant à interdire les Témoins de Jéhovah. Son directeur général a écrit à chaque bureau régional du ministère des Affaires religieuses en prétendant que les Témoins de Jéhovah n’étaient pas reconnus légalement. Il a fortement conseillé aux fonctionnaires d’agir contre les Témoins chaque fois qu’ils leur causeraient des « difficultés », une invitation à peine déguisée à les persécuter. Peu de fonctionnaires ont suivi cette directive, mais certains en ont profité pour interdire les réunions et la prédication de maison en maison.

      Un journal annonce l’interdiction des Témoins de Jéhovah en Indonésie (décembre 1976)

      Le 24 décembre 1976, un journal annonce l’interdiction des Témoins de Jéhovah.

      À la même période, le Conseil œcuménique des Églises (COE) projetait de tenir une assemblée mondiale à Jakarta, initiative que les musulmans locaux considéraient comme une provocation et une offense. En raison des tensions religieuses croissantes, le COE a annulé l’assemblée. Toutefois, le prosélytisme chrétien était devenu un sujet brûlant, ce qui inquiétait beaucoup de politiciens. Évidemment, le clergé a essayé d’incriminer les Témoins de Jéhovah en se plaignant haut et fort de leur activité de prédication. En conséquence, davantage de fonctionnaires ont vu les Témoins sous un jour négatif.

      En décembre 1975, dans un climat religieux toujours plus tendu, l’Indonésie a envahi le Timor oriental, une ancienne colonie portugaise. Sept mois plus tard, le Timor oriental a été annexé, ce qui a attisé la ferveur patriotique dans tout le pays. Les frères sont restés politiquement neutres : ils ont refusé d’effectuer le service militaire ou de saluer le drapeau, position qui a provoqué la fureur des officiers supérieurs (Mat. 4:10 ; Jean 18:36). Sonnant le glas des Témoins, le clergé a demandé à grands cris au gouvernement d’agir contre eux. Finalement, à la mi-​décembre 1976, il a reçu son « cadeau de Noël » : le gouvernement a annoncé l’interdiction des Témoins de Jéhovah.

  • Une assemblée mémorable
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    • INDONÉSIE

      Une assemblée mémorable

      DU 15 AU 18 août 1963, des centaines de proclamateurs issus des quatre coins du pays ainsi que 122 délégués étrangers ont convergé vers Bandung (Java-Ouest). Ils se rendaient à l’assemblée internationale « La bonne nouvelle éternelle », la première de ce genre en Indonésie.

      Pour préparer l’évènement, les frères ont dû surmonter de nombreux obstacles. Les célébrations de la fête nationale les ont obligés à changer trois fois de lieu d’assemblée. L’inflation croissante ayant poussé les autorités à augmenter le tarif des transports de 400 pour cent, certains frères et sœurs ont dû adapter leur mode de transport. L’un d’eux a fait six jours de marche pour arriver à l’assemblée. Soixante-dix Témoins venus de Sulawesi ont voyagé cinq jours sur des ponts de bateau bondés pour assister à l’évènement.

      À l’assemblée, les frères et sœurs indonésiens ont eu la joie de rencontrer leurs compagnons d’autres pays, notamment deux membres du Collège central : Frederick Franz et Grant Suiter. « Les frères ont l’air tellement heureux ici, a observé un délégué. Ils rient et sourient tout le temps. »

      Plus de 750 personnes ont assisté à l’assemblée et 34 se sont fait baptiser. « Ce rassemblement historique a incité nombre d’amis de la vérité à prendre position pour elle, a déclaré Ronald Jacka. Et il a stimulé l’enthousiasme des frères locaux pour l’œuvre de Dieu. »

      Ronald Jacka et un interprète lors de l’assemblée « La bonne nouvelle éternelle » (1963)

      Ronald Jacka (à droite) donnant un discours à l’assemblée de 1963 « La bonne nouvelle éternelle », et son interprète.

  • Déterminés à aller de l’avant
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • Lors d’une assemblée tenue en Indonésie pendant l’interdiction, une partie des assistants suit le programme depuis un bateau

      Lors d’une assemblée tenue pendant l’interdiction, une partie des assistants suit le programme depuis un bateau.

      INDONÉSIE

      Déterminés à aller de l’avant

      Quand les frères de la filiale ont appris que l’œuvre avait été interdite, ils sont passés à l’action. « Nous avons réparti les dossiers confidentiels, les stocks de publications et les fonds de la filiale dans différents lieux sûrs de Jakarta, raconte Ronald Jacka. Nous avons ensuite transféré la filiale dans un endroit secret, puis nous avons discrètement vendu nos précédentes installations. »

      Graphique montrant le nombre de proclamateurs et de pionniers en Indonésie entre 1977 et 2001

      La plupart des frères locaux sont restés actifs et sereins. Avant l’interdiction, ils avaient enduré de grandes épreuves et avaient continué de mettre leur confiance en Jéhovah. Mais certains frères ont été pris au dépourvu. Quelques anciens ont cédé à la peur et ont signé une déclaration par laquelle ils s’engageaient à ne plus prêcher. D’autres ont révélé le nom de certains de leurs compagnons chrétiens. La filiale a donc envoyé des frères mûrs pour fortifier les congrégations et aider ceux qui avaient transigé avec leur foi. De plus, John Booth, membre du Collège central, s’est rendu en Indonésie et a adressé aux frères de précieux conseils paternels.

      Il était évident que Jéhovah, le Grand Berger, fortifiait et consolait ses serviteurs (Ézék. 34:15). Les anciens ont apporté un meilleur encadrement spirituel, et les proclamateurs ont trouvé des moyens de prêcher en toute discrétion (Mat. 10:16). De nombreux frères achetaient des exemplaires d’une Bible moderne et abordable produite par la Société biblique indonésienne. Ils les proposaient dans les foyers et glissaient avec tact le message du Royaume quand c’était possible. D’autres retiraient la page des éditeurs de nos publications et les remettaient aux personnes intéressées. Beaucoup de pionniers ont continué de prêcher de porte en porte en se faisant passer pour des vendeurs, comme l’avaient fait leurs prédécesseurs pendant l’occupation japonaise.

      Margarete et Norbert Häusler

      Margarete et Norbert Häusler.

      Puis, en 1977, le ministère des Affaires religieuses a encore frappé : il a refusé de renouveler les visas des missionnaires Témoins de Jéhovah. La plupart d’entre eux ont été réaffectés dans d’autres paysa. Norbert Häusler, qui a été missionnaire avec sa femme, Margarete, à Manado (Sulawesi-Nord), se souvient : « Des centaines de frères et sœurs sont venus à l’aéroport pour nous dire au revoir. Avant de monter dans l’avion, nous nous sommes arrêtés pour nous retourner. Une multitude de mains s’agitaient et un cri unanime a retenti sur le tarmac : “Merci. Merci d’être venus.” Une fois dans l’avion, nous avons fondu en larmes. »

      Déchaînement de violence à Sumba

      La nouvelle de l’interdiction s’étant répandue dans tout l’archipel, la Communion des Églises d’Indonésie a fortement encouragé ses membres à dénoncer aux autorités toute activité des Témoins. En conséquence, une vague d’arrestations et d’interrogatoires a déferlé sur de nombreuses îles.

      À Waingapu, sur l’île de Sumba, le commandant du district a convoqué 23 frères au camp militaire local et a exigé qu’ils signent un document dans lequel ils déclaraient renoncer à leur foi. Les frères ayant refusé, il leur a ordonné de revenir au camp le lendemain, ce qui représentait un trajet aller-retour de 14 kilomètres à pied.

      Quand les frères se sont présentés devant le commandant tôt le matin suivant, on les a appelés un par un pour leur ordonner de signer le document. Chaque fois qu’un frère refusait, les soldats le battaient avec des branches pleines d’épines. Ils se déchaînaient sur les frères, frappant certains jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance. Pendant ce temps, les autres frères attendaient leur tour. Finalement, Mone Kele, un jeune frère, s’est avancé et a écrit quelque chose sur le document ; les frères étaient consternés. C’est alors que le commandant est devenu fou furieux. Mone avait écrit : « J’ai l’intention de rester Témoin de Jéhovah pour toujours ! » Il a été sévèrement battu et a fini à l’hôpital, mais sa relation avec Jéhovah est restée intacte.

      Pendant 11 jours, le commandant a essayé de briser l’intégrité des frères. Il les obligeait à rester debout toute la journée sous un soleil brûlant. Il les forçait à marcher à quatre pattes sur plusieurs kilomètres et à courir sur de longues distances avec de lourdes charges. Pointant une baïonnette contre leur gorge, il exigeait qu’ils saluent le drapeau, ce que les frères refusaient là encore. Il ordonnait alors qu’on les batte davantage.

      Chaque matin, les frères se rendaient au camp d’un pas lourd, se demandant quels nouveaux supplices les attendaient. En chemin, ils priaient ensemble et s’encourageaient à rester fidèles. Et chaque soir, ils se traînaient péniblement jusque chez eux, meurtris et ensanglantés, mais heureux d’avoir été fidèles à Jéhovah.

      Ayant eu connaissance de ces mauvais traitements, les frères de la filiale ont immédiatement télégraphié des messages de protestation au commandant de Waingapu, aux commandants de Timor et de Bali, au commandant en chef de Jakarta et aux autorités gouvernementales concernées. Gêné que les horreurs qu’il commettait soient connues dans toute l’Indonésie, le commandant de Waingapu a arrêté de persécuter les frères.

      « Les Témoins de Jéhovah, c’est comme les clous »

      Dans les années qui ont suivi, quantité de Témoins aux quatre coins de l’Indonésie ont été arrêtés, interrogés et brutalisés. « Dans une région, beaucoup de frères qui avaient reçu des coups avaient perdu leurs dents de devant, se rappelle Bill Perrie, un missionnaire. Quand ils rencontraient un frère qui les avait encore, ils lui demandaient en plaisantant : “Tu es nouveau ou tu as transigé ?” Malgré les épreuves, ceux qui avaient été persécutés n’ont jamais perdu leur joie et leur enthousiasme à servir Jéhovah. »

      « Mon séjour en prison m’a appris à m’appuyer davantage sur Jéhovah ; il m’a rendu plus fort spirituellement. »

      Sur une période de 13 ans, 93 Témoins ont été condamnés à des peines de prison allant de deux mois à quatre ans. Ces mauvais traitements n’ont fait que renforcer leur détermination à rester fidèles à Jéhovah. Après avoir purgé une peine de huit ans, Musa Rade a rendu visite aux frères de sa région pour les encourager à continuer de prêcher. Il leur disait : « Mon séjour en prison m’a appris à m’appuyer davantage sur Jéhovah ; il m’a rendu plus fort spirituellement. » Pas étonnant que des observateurs aient déclaré : « Les Témoins de Jéhovah, c’est comme les clous : plus on leur tape dessus, plus ils tiennent bon. »

      Des proclamateurs partent prêcher en bateau à Ambon (dans les Moluques)

      Des proclamateurs partent prêcher à Ambon (dans les Moluques).

      a Peter Vanderhaegen et Len Davis, missionnaires de longue date, avaient passé l’âge de la retraite, et Marian Tambunan (anciennement Stoove) s’était mariée avec un Indonésien ; ils ont donc été autorisés à rester dans le pays. Tous trois ont continué d’être spirituellement actifs et ont eu un ministère productif durant toute l’interdiction.

  • Ils n’ont pas abandonné leur assemblée
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • En Indonésie, les frères profitent d’une cérémonie de mariage pour tenir une assemblée

      Les frères profitaient de cérémonies de mariage pour tenir des assemblées.

      INDONÉSIE

      Ils n’ont pas abandonné leur assemblée

      Pendant l’interdiction, la plupart des congrégations ont continué de se réunir dans des foyers. Toutefois, pour ne pas attirer l’attention, dans beaucoup d’entre elles on ne chantait pas les cantiques. Les autorités ont fait irruption dans certains lieux de réunion, mais généralement les frères gardaient leur sang-froid.

      Les frères profitaient souvent de réunions de famille ou de cérémonies de mariage pour tenir des assemblées. « En général, les couples faisaient enregistrer leur mariage et obtenaient auprès de la police l’autorisation d’organiser une grande réception, a expliqué Tagor Hutasoit. Au cours de celle-ci, les mariés étaient assis sur l’estrade pendant que les frères présentaient une série de discours bibliques. »

      Lors d’une assemblée, un policier s’est approché de Tagor en privé et lui a demandé : « La plupart des mariages ne durent que deux ou trois heures. Pourquoi les vôtres durent du matin au soir ?

      — Certains fiancés rencontrent de nombreuses difficultés et ils ont besoin de recevoir plus de conseils de la Parole de Dieu.

      — C’est logique », a reconnu le policier.

      En 1983, profitant d’une occasion où plusieurs mariages étaient célébrés le même jour, les frères ont présenté une partie de l’assemblée de district « Unis grâce au Royaume » dans un grand stade de Jakarta. On a enregistré un maximum de presque 4 000 assistants, et 125 personnes se sont fait baptiser avant le programme, en privé. Par la suite, lorsque l’interdiction s’est assouplie, les frères ont tenu des assemblées encore plus grandes, l’une d’elles ayant réuni plus de 15 000 personnes.

      Construction d’un Béthel durant l’interdiction

      Au cours des années 1980 et 1990, la filiale a adressé de nombreuses requêtes au gouvernement pour que l’interdiction soit levée. Des frères d’autres pays ont aussi écrit au gouvernement indonésien et à ses ambassadeurs pour demander pourquoi les Témoins de Jéhovah étaient interdits en Indonésie. Beaucoup de fonctionnaires étaient favorables à la levée de l’interdiction, mais la puissante Direction générale de la communauté chrétienne a fait barrage à de multiples reprises.

      En 1990, les frères ont estimé qu’il serait peut-être possible de construire un nouveau Béthel dans un endroit discret. Cette même année, le Collège central a approuvé l’achat d’une propriété près de Bogor, une petite ville à environ 40 kilomètres au sud de Jakarta. Néanmoins, peu de frères locaux avaient des compétences dans le bâtiment. Comment les nouvelles installations seraient-​elles donc construites ?

      La réponse est venue de la communauté internationale des frères. Le bureau de construction de Brooklyn et le bureau d’ingénierie régional d’Australie ont fourni les plans architecturaux. Et une centaine de volontaires internationaux ont apporté leur savoir-faire pendant les deux ans qu’a duré le chantier.

      Hosea Mansur, un frère indonésien qui a servi d’intermédiaire entre les Témoins et les autorités locales, a raconté : « Quand les fonctionnaires musulmans voyaient mes initiales, H. M., sur mon casque, ils pensaient que la lettre H voulait dire hâjjî, un titre honorifique porté par ceux qui effectuent des pèlerinages à La Mecque. Du coup, ils me traitaient avec beaucoup de respect. Ce simple malentendu nous a permis d’organiser le travail plus facilement. »

      Le Béthel qui a été construit pendant l’interdiction des Témoins de Jéhovah en Indonésie

      Ce Béthel a été construit pendant l’interdiction.

      Le nouveau Béthel a été inauguré le 19 juillet 1996. John Barr, membre du Collège central, a prononcé le discours d’inauguration. Sur les 285 assistants, il y avait 118 béthélites, pionniers spéciaux et missionnaires provenant de différents pays. Il y avait aussi les 59 membres du Béthel d’Indonésie. Au cours des deux jours qui ont suivi l’inauguration, 8 793 personnes ont assisté à l’assemblée de district « Messagers de la paix divine » à Jakarta.

      Jéhovah délivre son peuple

      En 1998, le président Soeharto (Suharto), qui dirigeait l’Indonésie depuis longtemps, a démissionné, laissant ainsi la voie libre à un nouveau gouvernement. Les frères ont alors redoublé d’efforts pour que l’interdiction de l’œuvre soit levée.

      Lors d’un séjour à New York en 2001, le ministre indonésien des Affaires étrangères, M. Djohan Effendi, a visité le Béthel de Brooklyn et a rencontré trois membres du Collège central. Il a été impressionné par ce qu’il a vu et a reconnu que les Témoins de Jéhovah avaient une bonne réputation dans le monde. M. Effendi était favorable à la levée de l’interdiction, mais il a expliqué que la décision finale relevait du ministre de la Justice, M. Marzuki Darusman.

      Le ministre de la Justice était lui aussi favorable à la levée de l’interdiction. Cependant, des membres de son administration opposés à cette idée essayaient constamment de faire traîner les choses dans l’espoir de le voir bientôt remplacé. Finalement, le 1er juin 2001, Tagor Hutasoit a été convoqué dans le bureau du ministre de la Justice. « Dans ce même bureau, 25 ans plus tôt, on m’avait remis un document déclarant que les Témoins de Jéhovah étaient interdits, s’est souvenu Tagor. Mais ce jour-​là, le dernier jour où il exerçait sa fonction, le ministre de la Justice m’a remis un document qui annulait l’interdiction. »

      Le 22 mars 2002, l’organisation des Témoins de Jéhovah a été officiellement enregistrée en Indonésie par le ministère des Affaires religieuses. Le directeur général du ministère a déclaré aux représentants de la filiale : « Ce n’est pas ce certificat d’enregistrement qui vous a accordé la liberté de culte. Cette liberté vient de Dieu. Ce document déclare que votre religion est officiellement reconnue par le gouvernement. Vous avez maintenant les mêmes droits que les autres religions, et le gouvernement est à votre service. »

  • L’amour chrétien en temps de détresse
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • Des bâtiments en ruine après une catastrophe naturelle en Indonésie

      INDONÉSIE

      L’amour chrétien en temps de détresse

      SÉISMES, tsunamis et volcans bouleversent souvent la vie des Indonésiens. Quand ces catastrophes se produisent, les serviteurs de Jéhovah viennent rapidement en aide aux victimes, en particulier à leurs frères dans la foi. En 2005, par exemple, un violent séisme a dévasté Gunungsitoli, la plus grande ville de l’île de Nias (Sumatra-Nord). La filiale ainsi que des congrégations de Sumatra, une île voisine, ont immédiatement envoyé des secours. Le surveillant de circonscription et un représentant de la filiale se sont rendus sur place pour encourager et réconforter les frères. « Autour de nous, les gens étaient paralysés par la peur, raconte Yuniman Harefa, un ancien de Nias. Mais la réaction rapide de l’organisation de Dieu nous a assurés que nous n’étions pas seuls. »

  • L’œuvre s’accélère
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • Des Témoins de Jéhovah prêchent sur un marché de Jakarta

      Témoignage sur un marché de Jakarta.

      INDONÉSIE

      L’œuvre s’accélère

      Quand les Églises de la chrétienté ont appris qu’on avait accordé aux Témoins de Jéhovah la liberté de culte, elles ont fait entendre leur mécontentement. Plus de 700 ecclésiastiques et responsables laïques de sept Églises protestantes ont tenu un séminaire à Jakarta pour inciter le gouvernement à réinterdire l’œuvre. Mais celui-ci est resté sur ses positions.

      Un graphique indiquant le nombre de proclamateurs et de pionniers en Indonésie de 2002 à 2015

      La nouvelle de la fin de l’interdiction s’étant peu à peu répandue dans tout le pays, beaucoup ont écrit à la filiale pour demander des publications ou des cours bibliques. En 2003, plus de 42 000 personnes ont assisté au Mémorial, soit plus du double du nombre des proclamateurs dans le pays. Une assemblée à Jakarta a réuni près de 10 000 assistants, parmi lesquels un haut fonctionnaire du ministère des Affaires religieuses. Il a été impressionné de voir jeunes et vieux suivre dans leur bible les versets cités. Il a assuré aux frères qu’il était résolu à rétablir la vérité sur les Témoins de Jéhovah.

      La levée de l’interdiction a aussi permis aux missionnaires de retourner en Indonésie. Les premiers à être revenus sont Josef et Herawati Neuhardta (des îles Salomon), Esa et Wilhelmina Tarhonen (de Taïwan), Rainer et Felomena Teichmann (de Taïwan), ainsi que Bill et Nena Perrie (du Japon). D’autres missionnaires, récemment formés à Guiléad, les ont suivis ; ils ont été envoyés à Sumatra-Nord, à Kalimantan, à Sulawesi-Nord et dans des endroits reculés du pays.

      Julianus Benig

      « J’ai vraiment pris plaisir à aider les élèves à être de meilleurs enseignants et de meilleurs orateurs » (Julianus Benig).

      En 2005, la filiale a mis en place deux nouvelles écoles théocratiques. Julianus Benig, formateur à l’École de formation ministérielle (aujourd’hui École pour évangélisateurs du Royaume), a déclaré : « J’ai vraiment pris plaisir à aider les élèves à être de meilleurs enseignants et de meilleurs orateurs pour qu’ils deviennent encore plus utiles à l’organisation. » De nombreux diplômés de cette école sont aujourd’hui pionniers spéciaux ou surveillants de circonscription. La plupart des frères qui ont suivi les cours de la première classe de l’École pour les surveillants itinérants (aujourd’hui École des surveillants de circonscription et de leurs femmes) avaient été formés alors que l’œuvre était interdite. Cette nouvelle école les a aidés à s’acquitter de leurs responsabilités après la levée de l’interdiction. Ponco Pracoyo, diplômé de la première classe, a confié : « L’école m’a aidé à être plus compréhensif et plus consciencieux dans mon rôle de surveillant de circonscription. C’était revigorant et stimulant ! »

      Un besoin urgent à combler

      Durant les 25 ans d’interdiction, la plupart des congrégations en Indonésie se réunissaient dans des foyers. Peu d’entre elles avaient les moyens de construire une Salle du Royaume, et il était presque impossible aux frères d’obtenir des permis de construire. Beaucoup de lieux de réunions étaient donc pleins à craquer. Pour répondre à ce besoin urgent, la filiale a mis en place un bureau des Salles du Royaume (appelé aujourd’hui « service pour le développement des constructions locales »).

      Nias, une île de Sumatra-Nord, a été une des premières zones à bénéficier du programme de construction. Haogo’aro Gea, membre de la congrégation de Gunungsitoli depuis de nombreuses années, se souvient : « Quand nous avons appris que nous allions avoir une Salle du Royaume, nous étions fous de joie. La filiale a envoyé sept volontaires pour superviser le projet. La salle a été terminée en 2001. » Faonasökhi Laoli, membre du comité de construction local, raconte : « Avant, nous nous réunissions dans des foyers, et les gens regardaient de haut les Témoins de Jéhovah. Mais dès que la salle a été finie, l’assistance moyenne aux réunions est passée de 20 à 40 personnes. En 12 mois, elle a augmenté de plus de 500 pour cent. Notre lieu de culte est le plus beau de la région, et maintenant, les Témoins de Jéhovah sont respectés. »

      Salle du Royaume à deux niveaux à Bandung (Java-Ouest)

      La Salle du Royaume de Bandung.

      En 2006, à Bandung (Java-Ouest), les frères ont commencé à chercher un endroit pour construire la première Salle du Royaume de la ville. Singap Panjaitan, un ancien qui faisait partie du comité de construction, se rappelle : « Il a fallu 12 mois pour trouver un lieu convenable. Et pour que les autorités nous accordent le permis de construire, au moins 60 voisins non Témoins devaient approuver le projet. Soixante-seize l’ont fait, dont une femme influente qui, au départ, s’opposait à nous. Quand la Salle du Royaume a été terminée, nous avons invité les voisins et le maire de Bandung à une journée portes ouvertes. Ce dernier a déclaré : “Ce lieu de culte propre et bien arrangé est un modèle pour toutes les autres Églises.” » Cette Salle du Royaume à deux niveaux a été inaugurée en 2010.

      Depuis 2001, plus de 100 Salles du Royaume ont été construites en Indonésie, mais le besoin reste énorme.

      a La biographie de Herawati Neuhardt a été publiée dans Réveillez-vous ! de février 2011.

  • Ils proclament fièrement le nom de Jéhovah
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • En Indonésie, un Témoin de Jéhovah prêche à un homme près d’un présentoir mobile

      INDONÉSIE

      Ils proclament fièrement le nom de Jéhovah

      Pendant les nombreuses années qu’a duré l’interdiction, les frères ont sagement suivi ce conseil de Jésus : « Montrez-​vous donc prudents comme des serpents et pourtant innocents comme des colombes » (Mat. 10:16). Mais quand cette période a pris fin, beaucoup ont dû apprendre à prêcher « avec hardiesse » (Actes 4:31).

      Certains frères, par exemple, hésitaient à prêcher de porte en porte ; ils se concentraient sur les nouvelles visites et les cours bibliques. D’autres se retenaient de parler aux musulmans. Beaucoup préféraient se présenter comme chrétiens plutôt que comme Témoins de Jéhovah. Ils se servaient de traductions de la Bible provenant de la chrétienté au lieu de la Traduction du monde nouveaua. D’autres, enfin, hésitaient à proposer nos publications bibliques.

      Certaines de ces habitudes avaient été prises sous l’interdiction. D’autres étaient dues à la culture locale, qui préfère le compromis à la confrontation, la retenue au franc-parler. Qu’est-​ce qui pourrait aider les frères à rectifier leurs façons de faire ?

      Jéhovah a répondu à ce besoin par l’intermédiaire des conseils bienveillants de frères spirituellement mûrs (Éph. 4:11, 12). Par exemple, lors de sa visite en 2010, Stephen Lett, membre du Collège central, a chaleureusement encouragé les frères à défendre le nom de Dieu en utilisant largement la Traduction du monde nouveau dans le ministère. Misja Beerens, un missionnaire, fait ce commentaire : « De nombreux proclamateurs ont été très touchés par le discours de frère Lett. Ils ont compris l’importance de se faire connaître comme Témoins de Jéhovah et de défendre fièrement la Parole de Dieu. »

      Comme les musulmans associent souvent les Témoins de Jéhovah à la chrétienté, l’édition indonésienne du Ministère du Royaume donnait ce conseil utile : « Se présenter comme Témoin de Jéhovah dès le début de la conversation est souvent la meilleure méthode. [...] Nous représentons fièrement Jéhovah et nous voulons faire connaître son nom et son dessein dans le territoire ! » Shinsuke Kawamoto, membre du Béthel d’Indonésie, observe : « Cette méthode directe mais pleine de tact donne de bons résultats. Beaucoup de musulmans s’interrogent au sujet des Témoins de Jéhovah. Ils veulent savoir ce qui nous rend différents. Cette curiosité nous permet de donner un bon témoignage. »

      Les proclamateurs ont aussi été encouragés à diffuser davantage La Tour de Garde et Réveillez-vous ! Lothar Mihank, coordinateur du Comité de la filiale, explique : « Pour nous connaître, les gens ont besoin de lire nos revues. Elles préparent le terrain et permettent aux personnes d’être plus réceptives aux vérités bibliques. Quand nous en faisons une large diffusion, nous donnons à davantage de gens l’occasion de connaître Jéhovah. »

      Le témoignage public : des résultats remarquables

      En 2013, la filiale a lancé deux nouvelles formes de prédication approuvées par le Collège central : le témoignage public spécifique aux grandes villes et le témoignage public organisé dans le cadre de la congrégation. Grâce à ces avancées exaltantes, beaucoup plus d’Indonésiens ont pu entendre parler de la bonne nouvelle.

      La première table d’exposition utilisée dans le cadre du témoignage public spécifique aux grandes villes a été installée dans un grand centre commercial de Jakarta-Ouest. Peu après, les congrégations ont commencé à placer des présentoirs mobiles et des tables d’exposition dans leur territoire. En un an, plus de 400 présentoirs mobiles et tables d’exposition ont été installés dans des villes de toute l’Indonésie. Avec quels résultats ?

      Yusak Uniplaita, un ancien de Jakarta, rapporte : « Avant de commencer le témoignage public, notre congrégation commandait 1 200 revues par mois. Six mois plus tard, la commande était passée à 6 000, et aujourd’hui nous en commandons 8 000. Nous diffusons aussi beaucoup de livres et de brochures. » À Medan (Sumatra-Nord), un petit groupe de pionniers a installé des présentoirs mobiles à trois endroits. Le premier mois, ils ont offert 115 livres et environ 1 800 revues. Deux mois plus tard, une soixantaine de pionniers, répartis sur sept sites, avaient remis plus de 1 200 livres et 12 400 revues. Jesse Clark, un missionnaire, déclare : « Ces nouvelles formes de prédication stimulent les frères et révèlent le potentiel spirituel qu’il y a en Indonésie. Le témoignage public n’est pas près de s’arrêter ! »

      Des publications dans la langue du cœur

      L’Indonésie se trouve dans une des régions du monde possédant la plus grande diversité linguistiqueb. Même si la plupart de ses habitants parlent l’indonésien, la langue commune, beaucoup parlent aussi une langue locale, celle de leur cœur.

      À Sumatra-Nord, une équipe de traduction en batak toba

      À Sumatra-Nord, une équipe de traduction en batak toba.

      En 2012, la filiale a décidé d’évaluer les besoins dans ce territoire multilingue. « Nous avons commencé par traduire des publications dans 12 langues locales parlées par 120 millions de personnes, raconte Tom Van Leemputten. Quand nos traducteurs javanais ont vu le premier tract dans leur langue, ils ont pleuré de joie. Ils avaient enfin de la nourriture spirituelle dans leur propre langue ! »

      Pourtant, la plupart des congrégations continuaient à tenir leurs réunions en indonésien, même dans des régions où la majorité des gens parlent une langue locale. Lothar Mihank se souvient : « En 2013, avec ma femme, Carmen, nous avons assisté à une assemblée de deux jours sur l’île de Nias. La plupart des 400 assistants parlaient le nias, mais tous les discours étaient en indonésien. Après avoir consulté les orateurs, nous avons annoncé à l’auditoire que le programme du deuxième jour serait présenté en nias. Le lendemain, plus de 600 personnes se sont entassées dans la salle. » Carmen ajoute : « Il était évident que les assistants étaient plus attentifs aux discours prononcés en nias. Ils étaient ravis d’entendre — et de comprendre pleinement — le message de la Bible dans leur langue. »

      En Indonésie, une personne sourde reçoit le témoignage à l’aide d’une vidéo en langue des signes

      Une personne sourde reçoit une aide spirituelle.

      Même les sourds peuvent désormais « entendre » la vérité dans leur langue. Depuis 2010, l’équipe de traduction en langue des signes indonésienne a produit sept brochures et huit tracts. De plus, la filiale a organisé dans cette langue 24 classes regroupant plus de 750 personnes. Aujourd’hui, 23 congrégations et groupes de langue des signes fournissent aide et réconfort spirituels aux trois millions de sourds vivant en Indonésie.

      À l’heure actuelle, le service de la traduction comprend 37 équipes réparties sur 19 sites dans toute l’Indonésie. En tout, ces équipes comptent 117 traducteurs, auxquels s’ajoutent 50 volontaires apportant une aide pratique.

      a L’édition complète de la Traduction du monde nouveau en indonésien est parue en 1999. Elle est le résultat de sept années de dur travail sous l’interdiction. Quelques années plus tard, l’encyclopédie biblique en deux volumes Étude perspicace des Écritures et le CD-ROM Watchtower Library ont été publiés en indonésien. Un travail de traduction vraiment impressionnant !

      b L’Indonésie compte 707 langues et son voisin à l’est, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, 838.

      LA TRADUCTION EN QUELQUES CHIFFRES

      • L’INDONÉSIEN est la langue commune, parlée par la majorité des gens

      • 707 langues sont parlées en Indonésie

      SERVICE DE LA TRADUCTION :

      • 117 traducteurs répartis en 37 ÉQUIPES

      • Traduction en 24 LANGUES

      • 19 SITES de traduction

      LANGUE DES SIGNES :

      • Depuis 2010, deux équipes ont traduit sept BROCHURES et huit TRACTS

      • 24 CLASSES EN LANGUE DES SIGNES ont regroupé plus de 750 ÉLÈVES

  • Une filiale haut perchée
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      Une filiale haut perchée

      La filiale des Témoins de Jéhovah d’Indonésie, située au 30e étage d’un immeuble de bureaux ultramoderne de 41 étages, à proximité du centre de Jakarta

      Les bureaux au 30e étage.

      En 2008, un maximum de 21 699 proclamateurs a été enregistré en Indonésie. Les bâtiments de la filiale avaient atteint leur capacité maximale. De plus, à cause de l’interdiction, ils avaient été construits dans un endroit isolé. Il fallait vraiment un Béthel plus grand et plus proche de Jakarta.

      Environ deux ans plus tard, les frères ont fait l’acquisition d’un bien très différent de l’ancien Béthel : le 30e étage d’un immeuble de bureaux ultramoderne de 41 étages, à proximité du centre de Jakarta. Les frères ont ensuite acheté 12 étages d’une tour d’habitation voisine permettant d’accueillir au moins 80 béthélites. Ils ont également acquis un bâtiment de quatre étages destiné aux services de l’intendance.

      Une tour d’habitation à Jakarta, dont 12 étages permettent de loger des béthélites

      Les logements des béthélites sont répartis sur 12 étages.

      Une équipe de serviteurs à la construction venant de différents pays a travaillé aux côtés d’entrepreneurs locaux pour réaménager les bureaux et les appartements. « Jéhovah nous a aidés bien des fois à affronter des problèmes qui paraissaient insurmontables, confie Darren Berg, le surveillant de la construction. Par exemple, nous voulions installer un système de traitement des eaux usées utilisant une technologie de pointe. Mais les autorités, qui ne connaissaient pas bien cette technologie, ont refusé de nous donner l’autorisation. Un frère local, ingénieur, a alors présenté l’affaire devant un haut fonctionnaire. Ce dernier a rapidement approuvé notre demande, déclarant qu’il avait totalement confiance dans l’avis du frère. »

      « Nous ne nous cachons plus. Aujourd’hui, les gens remarquent les Témoins de Jéhovah. Ils peuvent constater que nous sommes là pour de bon. »

      Les nouvelles installations ont été inaugurées le 14 février 2015. C’est Anthony Morris, membre du Collège central, qui a prononcé le discours. « Nous sommes maintenant dans un quartier prestigieux, parmi quelques-unes des sociétés les plus importantes du pays, observe Vincent Witanto Ipikkusuma, membre du Comité de la filiale. Nous ne nous cachons plus. Aujourd’hui, les gens remarquent les Témoins de Jéhovah. Ils peuvent constater que nous sommes là pour de bon. »

      Les quatre membres du Comité de la filiale d’Indonésie

      Comité de la filiale, de gauche à droite : Budi Sentosa Lim, Vincent Witanto Ipikkusuma, Lothar Mihank, Hideyuki Motoi.

      « Prêcher ici est un régal ! »

      Ces dernières années, un nombre croissant de Témoins du monde entier sont venus s’installer en Indonésie. Lothar Mihank explique : « Les proclamateurs qui viennent en renfort jouent un rôle important dans des pays comme le nôtre. Ils apportent leur expérience, mais aussi de la maturité et de l’enthousiasme dans leur congrégation. Grâce à eux, la famille internationale des frères prend une plus grande dimension. » Qu’est-​ce qui les a poussés à se déplacer ? Que pensent-​ils de leur nouvelle vie ? Voici quelques commentaires :

      Janine et Dan Moore ; Mandy et Stuart Williams ; Casey et Jason Gibbs ; Mari et Takahiro Akiyama

      « Les renforts »

      1. Janine et Dan Moore

      2. Mandy et Stuart Williams

      3. Casey et Jason Gibbs

      4. Mari (au premier plan à droite) et Takahiro Akiyama (au deuxième plan à droite)

      Jason et Casey Gibbs, un couple des États-Unis, racontent : « En examinant l’Annuaire, nous avons constaté que l’Indonésie est l’un des pays où le nombre d’habitants par proclamateur est le plus élevé. Puis, des amis qui s’étaient déplacés dans une région où il y avait besoin de renfort nous ont dit qu’il y avait un grand potentiel en Indonésie. Nous avons donc appelé la filiale de ce pays, qui nous a recommandé d’aller à Bali. La prédication en anglais commençait tout juste à se développer en Indonésie ; nous pouvions donc être utiles tout de suite. Nous avions prévu d’y rester un an, et finalement nous y sommes déjà depuis trois ans. La plupart des gens que nous rencontrons n’ont jamais entendu parler des Témoins de Jéhovah. Quel plaisir de prêcher ici ! »

      Stuart et Mandy Williams, un couple d’âge moyen venu d’Australie, déclarent : « Nous voulions trouver des gens assoiffés de vérité ; nous nous sommes donc installés en Indonésie. À Malang (Java-Est), nous avons rencontré des centaines d’étudiants anglophones qui ont écouté la bonne nouvelle avec enthousiasme. Et ils ont adoré le site jw.org ! Ici, la prédication est géniale ! »

      Takahiro et Mari Akiyama, qui sont pionniers à Yogyakarta (sur l’île de Java), confient : « Nous nous sentons plus en sécurité ici qu’au Japon. Les gens sont aimables et polis. Beaucoup, surtout les jeunes, s’intéressent aux autres religions. Un jour, à une table d’exposition, nous avons diffusé 2 600 revues en seulement cinq heures. »

      Dan et Janine Moore, un couple proche de la soixantaine, expliquent : « Quand nous allons prêcher, les gens se rassemblent autour de nous. Nous leur sourions, alors ils nous sourient aussi. Ils sont d’abord curieux, puis intéressés, puis carrément captivés. Lorsque nous leur montrons une idée dans la Bible, certains disent : “Est-​ce que je peux prendre des notes ?” Ils s’émerveillent de la sagesse biblique. Nous sommes là depuis un an et nous regrettons de ne pas être venus plus tôt. Nous cherchions un territoire missionnaire, et nous l’avons trouvé ! »

      Misja et Kristina Beerens sont arrivés en 2009 comme missionnaires et ils sont aujourd’hui dans le service de la circonscription. Ils rapportent : « Même sur l’île de Madura, l’une des régions d’Indonésie où l’islam est le plus conservateur, les gens réagissent extrêmement bien à la prédication. Ils s’arrêtent en voiture pour demander les revues. Ils disent : “Je suis musulman, mais j’aime beaucoup ces revues. Est-​ce que je peux en avoir d’autres pour mes amis ?” Prêcher ici est un régal ! »

      Des champs blancs pour la moisson

      En 1931, quand Frank Rice est arrivé à Jakarta, 60 millions de personnes vivaient en Indonésie. Aujourd’hui, l’archipel compte près de 260 millions d’habitants, ce qui en fait le quatrième pays le plus peuplé du monde.

      Les Témoins de Jéhovah aussi ont connu un remarquable accroissement en Indonésie. En 1946, il y avait dix fidèles proclamateurs, qui avaient survécu aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Actuellement, le pays totalise plus de 26 000 proclamateurs, preuve évidente de la bénédiction de Jéhovah ! Et l’assistance au Mémorial en 2015, qui s’est élevée à 55 864 personnes, laisse encore entrevoir de belles perspectives d’accroissement.

      Jésus a déclaré : « Oui, la moisson est grande, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Mat. 9:37, 38). Les serviteurs de Dieu en Indonésie font écho à ces paroles. Ils sont déterminés à tout faire pour louer le grand nom de Jéhovah dans cet État insulaire (Is. 24:15).

      Des Témoins de Jéhovah prêchent à un homme dans la campagne indonésienne
  • Il aimait les richesses spirituelles
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    • INDONÉSIE

      Il aimait les richesses spirituelles

      Thio Seng Bie

      • NAISSANCE 1906

      • BAPTÊME 1937

      • EN BREF Un fidèle ancien qui a subi des violences raciales. Récit de sa fille Thio Sioe Nio.

      Thio Seng Bie

      EN MAI 1963, des émeutes antichinoises ont éclaté dans tout Java-Ouest. La ville la plus touchée a été Sukabumi, où notre famille avait une société de camionnage. Un jour, des centaines de personnes en furie, parmi lesquelles des voisins, ont fait irruption chez nous. Tandis que nous étions blottis les uns contre les autres, terrorisés, elles ont saccagé et pillé nos biens.

      La foule partie, d’autres voisins sont venus nous réconforter. Mon père s’est assis avec eux par terre dans le salon. Là, parmi les débris, il a retrouvé sa grosse bible en soundanais. Il s’en est servi pour leur expliquer que ces troubles avaient été annoncés. Il a ensuite parlé de l’espérance joyeuse du Royaume.

      Mon père n’a jamais cherché à amasser des trésors sur la terre. Il nous disait souvent : « D’abord les choses spirituelles ! » Grâce à son exemple de zèle, ma mère, mes cinq frères et sœurs et moi, mon grand-père de 90 ans et de nombreux autres membres de la famille ainsi que des voisins ont accepté la vérité.

  • Un pionnier intrépide
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    • INDONÉSIE

      Un pionnier intrépide

      André Elias

      • NAISSANCE 1915

      • BAPTÊME 1940

      • EN BREF Pionnier courageux qui, à plusieurs reprises, est resté ferme face aux interrogatoires et aux menaces.

      André Elias

      DURANT la Seconde Guerre mondiale, frère Elias et sa femme, Josephine, ont été convoqués au quartier général de la redoutable Kempeïtaï, la police militaire japonaise, à Sukabumi (Java-Ouest). André a été interrogé le premier. Les questions se sont abattues sur lui comme des coups de marteau : « Qui sont les Témoins de Jéhovah ? Êtes-​vous des opposants au gouvernement japonais ? Es-​tu un espion ? »

      « Nous sommes des serviteurs du Dieu Tout-Puissant et nous n’avons rien fait de mal », a répondu André. Le commandant a empoigné un sabre de samouraï qui était accroché au mur et l’a brandi.

      « Et si je te tuais là maintenant ? » a-​t-​il crié. André a posé la tête sur le bureau et a prié en silence. Après une longue pause, un éclat de rire a retenti. « Tu es courageux ! » a dit le commandant. Puis il a appelé Josephine. Constatant que son témoignage et celui d’André concordaient, il a aboyé : « Vous n’êtes pas des espions. Sortez d’ici ! »

      Quelques mois plus tard, André a été dénoncé par de « faux frères » et emprisonné (2 Cor. 11:26). Pendant plusieurs mois, il a survécu en mangeant des restes qu’il récupérait dans le canal d’évacuation de sa cellule. Mais les gardiens n’ont pas réussi à briser son intégrité. Quand Josephine a pu lui rendre visite, il lui a chuchoté à travers les barreaux : « Ne t’inquiète pas. Qu’ils me tuent ou qu’ils me libèrent, je resterai fidèle à Jéhovah. Ils sortiront peut-être d’ici un cadavre, mais pas un traître. »

      Au bout de six mois de prison, André s’est défendu lui-​même devant la cour suprême de Jakarta, puis a été relâché.

      Trente ans plus tard, quand le gouvernement indonésien a de nouveau interdit les Témoins de Jéhovah, le procureur de Manado (Sulawesi-Nord) a convoqué André dans son bureau : « Savez-​vous que les Témoins de Jéhovah sont interdits ?

      — Oui.

      — Êtes-​vous donc prêt à changer de religion ? »

      André s’est penché en avant et s’est frappé la poitrine. « Vous pouvez m’arracher le cœur, mais vous ne me ferez jamais changer de religion », a-​t-​il dit avec force.

      Le procureur l’a laissé partir et ne lui a plus jamais causé d’ennuis.

      En 2000, André est décédé, à l’âge de 85 ans ; il a été un pionnier zélé pendant environ 60 ans.

  • Une véritable « fille de Sara »
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      Une véritable « fille de Sara »

      Titi Koetin

      • NAISSANCE 1928

      • BAPTÊME 1957

      • EN BREF Avec tact, elle a aidé son mari opposé à accepter la vérité. Récit de son fils, Mario Koetin.

      Titi Koetin

      MA MÈRE était une personne chaleureuse, tournée vers les autres, et elle aimait beaucoup la Bible. Quand elle a rencontré Gertrud Ott, missionnaire à Manado (Sulawesi-Nord), elle a rapidement accepté un cours biblique, puis elle a embrassé la vérité. Mais mon père, Erwin, un banquier éminent qui est plus tard devenu président de la Bourse de Jakarta, s’est fortement opposé à sa nouvelle religion.

      Un jour, il lui a posé un ultimatum.

      « C’est ta religion ou ton mari : tu choisis ! » lui a-​t-​il dit, furieux.

      Ma mère a mûrement réfléchi. Puis elle a répondu avec douceur : « Je veux les deux : mon mari et Jéhovah. »

      Mon père est resté sans voix et sa colère s’est dissipée.

      Avec le temps, il est devenu plus tolérant, parce qu’il aimait beaucoup ma mère et que ses avis pleins de sagesse comptaient énormément pour lui.

      Mais ma mère voulait que son mari s’unisse à elle dans le vrai culte. Après avoir prié avec ferveur à ce sujet, elle s’est souvenue que mon père aimait apprendre des langues. Elle a donc décidé d’afficher des versets en anglais çà et là dans la maison. Elle lui disait : « J’essaie d’améliorer mon anglais. » Comme il appréciait l’art oratoire, elle lui a demandé de l’aider à répéter ses exposés pour l’École du ministère théocratique. Il a accepté. Le sachant hospitalier, elle lui a demandé s’ils pouvaient recevoir le surveillant de circonscription. Il était d’accord. Enfin, connaissant son amour pour sa famille, elle lui a dit avec délicatesse qu’il apprécierait sans doute d’assister aux assemblées avec nous. Ce qu’il a fait.

      Les efforts patients et avisés de ma mère ont peu à peu attendri le cœur de mon père. Plus tard, quand notre famille est allée vivre en Angleterre, il a assisté aux réunions et s’est lié d’amitié avec John Barr, qui est devenu membre du Collège central. La même année, il s’est fait baptiser, à la plus grande joie de ma mère. Par la suite, il n’a jamais cessé de la combler d’amour.

      Femme fidèle, respectueuse et profondément spirituelle, ma mère a marqué tous ceux qui l’ont connue.

      Certains de nos amis comparent ma mère à Lydie, une chrétienne du Ier siècle qui manifestait une hospitalité remarquable (Actes 16:14, 15). Mais je me dis souvent qu’elle ressemblait à Sara, qui se soumettait volontiers à son mari, Abraham (1 Pierre 3:4-6). Ma mère était une femme fidèle, respectueuse et profondément spirituelle qui a marqué tous ceux qui l’ont connue. C’est son exemple qui a amené mon père à la vérité. Pour moi, c’était une véritable « fille de Sara ».

  • J’ai survécu à une insurrection communiste
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      J’ai survécu à une insurrection communiste

      Ronald Jacka

      • NAISSANCE 1928

      • BAPTÊME 1941

      • EN BREF A été serviteur de filiale en Indonésie pendant plus de 25 ans.

      Ronald Jacka

      AU PETIT matin du 1er octobre 1965, des soldats associés au parti communiste indonésien (PKI) ont assassiné six généraux dans une tentative de coup d’État. La réaction du gouvernement a été rapide et sans pitié. Au cours de ce que certains ont qualifié d’« orgie de violence » d’une ampleur nationale, 500 000 prétendus communistes ont été massacrés.

      Plusieurs semaines après le coup d’État manqué, un officier supérieur m’a dit que mon nom figurait en haut de la liste des responsables religieux de notre région que les communistes prévoyaient d’éliminer. Il s’est même proposé de me montrer où ma tombe avait été creusée, mais j’ai poliment refusé. Dans ce climat politique très tendu, je ne voulais pas être vu en sa compagnie et risquer de compromettre ma réputation de chrétien neutre.

  • Pionnier spécial pendant 50 ans
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    • INDONÉSIE

      Pionnier spécial pendant 50 ans

      Alisten Lumare

      • NAISSANCE 1927

      • BAPTÊME 1962

      • EN BREF Ex-inspecteur de police qui a été pionnier spécial pendant plus de 50 ans.

      Alisten Lumare

      EN 1964, j’ai été nommé pionnier spécial à Manokwari (Papouasie occidentale), dans une petite congrégation qui subissait l’opposition acharnée du clergé local. Peu après mon arrivée, un pasteur est entré chez moi en trombe.

      « Je vais démolir cette maison et débarrasser Manokwari des Témoins de Jéhovah », a-​t-​il crié.

      Ayant été formé dans la police, je n’ai pas été intimidé par ses menaces. Je lui ai répondu calmement, et il s’est finalement adouci puis est parti (1 Pierre 3:15).

      À l’époque, il y avait huit proclamateurs à Manokwari. Aujourd’hui, 50 ans après, la région compte sept congrégations. En 2014, plus de 1 200 personnes ont assisté à l’assemblée régionale. Quand je vois ce que Jéhovah a accompli dans cette contrée isolée, je ressens une profonde satisfaction.

  • Un chef de gang devient un citoyen respecté
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    • INDONÉSIE

      Un chef de gang devient un citoyen respecté

      Hisar Sormin

      • NAISSANCE 1911

      • BAPTÊME 1952

      • EN BREF Ancien chef d’un gang criminel, devenu membre du Comité de la filiale.

      Hisar Sormin

      UN JOUR, frère Sormin a été convoqué par le directeur du service des renseignements dans le bureau du ministre de la Justice.

      « Vous êtes indonésien, alors soyez franc avec moi, a dit le directeur. Que font réellement les Témoins de Jéhovah en Indonésie ?

      — Je vais vous raconter mon histoire, a répondu frère Sormin. Autrefois, j’étais chef d’un gang criminel, mais maintenant j’enseigne la Bible aux gens. Voilà ce que font les Témoins de Jéhovah en Indonésie — ils prennent des bons à rien comme moi, et ils en font d’honnêtes citoyens ! »

      Plus tard, le directeur des renseignements a déclaré : « J’entends de nombreuses plaintes sur les Témoins de Jéhovah. Mais je sais que c’est une bonne religion, car ils ont aidé M. Sormin à changer. »

  • Nous avons refusé de transiger avec notre foi
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      Nous avons refusé de transiger avec notre foi

      Daniel Lokollo

      • NAISSANCE 1965

      • BAPTÊME 1986

      • EN BREF Un pionnier spécial qui a tenu ferme sous la persécution.

      Daniel Lokollo

      LE 14 AVRIL 1989, alors que je conduisais une réunion à Maumere, sur l’île de Florès, des agents du gouvernement ont surgi dans la maison et m’ont arrêté, avec trois de mes compagnons.

      En prison, les gardiens ont essayé de nous forcer à saluer le drapeau. Comme nous avons refusé, ils nous ont battus, donné des coups de pied et nous ont fait rester debout cinq jours sous un soleil brûlant. La nuit, épuisés, crasseux et endoloris, nous grelottions sur le sol en ciment de nos minuscules cellules. Le directeur de la prison nous incitait constamment à céder, mais nous lui répondions : « Même si nous devons mourir, nous ne saluerons pas le drapeau. » Comme de nombreux chrétiens avant nous, nous considérions comme un honneur de « souffr[ir] à cause de la justice » (1 Pierre 3:14).

  • « Ceux qui ont obéi ont survécu »
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    • INDONÉSIE

      « Ceux qui ont obéi ont survécu »

      Blasius da Gomes

      • NAISSANCE 1963

      • BAPTÊME 1995

      • EN BREF Un ancien qui a pris soin de la congrégation avec amour pendant un conflit religieux à Ambon, une des îles Moluques.

      Blasius da Gomes

      LE 19 JANVIER 1999, l’hostilité croissante entre musulmans et chrétiens a provoqué des explosions de violence à trois kilomètres de chez moi. La situation était critiquea.

      Après m’être assuré que ma famille était en sécurité, j’ai téléphoné à d’autres proclamateurs pour vérifier qu’ils allaient bien. Je leur ai recommandé de rester calmes et d’éviter les zones dangereuses. Un peu plus tard, les anciens ont rendu visite aux membres de la congrégation pour les affermir spirituellement et les encourager à assister aux réunions, organisées en petits groupes.

      La filiale nous a demandé d’évacuer les proclamateurs vivant dans des zones dangereuses. Nous avons transmis cette instruction à plusieurs familles. Un frère a refusé de partir et a plus tard été tué par une foule armée. Mais ceux qui ont obéi ont survécu.

      a Le conflit a fait rage dans toute la province des Moluques pendant plus de deux ans et a chassé des dizaines de milliers de personnes de chez elles.

  • « Jéhovah a dépassé nos espérances ! »
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • INDONÉSIE

      « Jéhovah a dépassé nos espérances ! »

      Angeragō Hia

      • NAISSANCE 1957

      • BAPTÊME 1997

      • EN BREF Il est revenu dans son village natal au fin fond de l’île de Nias et a participé à la construction d’une Salle du Royaume.

      Angeragō Hia

      EN 2013, notre petite congrégation de Tugala Oyo a appris une excellente nouvelle : nous allions avoir une Salle du Royaume ! Les autorités locales ont accepté le projet et 60 de nos voisins ont signé une pétition en notre faveur. L’un d’eux nous a dit : « Si vous voulez 200 signatures, vous les aurez. »

      Deux volontaires expérimentés sont venus superviser la construction, qui a été achevée en novembre 2014. Nous n’aurions jamais imaginé que notre congrégation se réunirait un jour dans un si bel endroit. Vraiment, Jéhovah a dépassé nos espérances !

      Angeragō Hia avec d’autres volontaires à la construction de Salles du Royaume, à Tugala Oyo (île de Nias)
  • Enfin réunies !
    Annuaire 2016 des Témoins de Jéhovah
    • Linda et Sally Ong

      INDONÉSIE

      Enfin réunies !

      Récit de Linda et Sally Ong

      Linda : Quand j’avais 12 ans, ma mère m’a révélé que j’avais une petite sœur qui avait été adoptée. Je me suis alors demandé si elle aussi était sourde de naissance. Mais hélas ! j’ai grandi sans la connaître.

      Sally : Je n’ai jamais su que j’avais été adoptée. Ma « mère » me battait cruellement et me traitait comme une esclave. J’ai donc grandi dans la tristesse et la solitude, un poids supplémentaire pour quelqu’un qui est sourd de naissance. Puis j’ai rencontré les Témoins de Jéhovah et j’ai commencé à étudier la Bible. Quand ma « mère » l’a su, elle m’a fouettée avec une ceinture et a changé les serrures pour m’empêcher de sortir de la maison. À 20 ans, je me suis enfuie et les Témoins m’ont recueillie. Début 2012, je me suis fait baptiser.

      Linda : À 20 ans, j’ai commencé à étudier avec les Témoins de Jéhovah. Plus tard, je me suis mise à assister aux assemblées régionales à Jakarta, où le programme était interprété pour les sourds. J’y ai rencontré beaucoup d’autres sourds, notamment Sally, une jeune Témoin habitant à Sumatra-Nord. J’avais l’impression de la connaître, mais je ne savais pas pourquoi.

      Sally : Linda et moi, on est devenues amies. Je trouvais qu’on se ressemblait, mais je n’y ai pas fait plus attention que ça.

      Linda : En août 2012, la veille de mon baptême, j’ai ressenti le profond désir de retrouver ma petite sœur. J’ai supplié Jéhovah : « S’il te plaît, aide-​moi à retrouver ma sœur ; j’aimerais lui parler de toi. » Peu de temps après, ma mère a reçu un texto inattendu d’une personne qui avait eu des informations à propos de ma sœur adoptée. Cela a déclenché une suite d’évènements qui m’ont finalement permis de retrouver Sally.

      Sally : Quand Linda m’a expliqué que j’étais la sœur dont elle avait été séparée depuis si longtemps, j’ai rapidement pris l’avion pour Jakarta afin de la rejoindre. Après avoir passé les contrôles de sécurité de l’aéroport, j’ai vu Linda accompagnée de mes vrais parents et de mon autre grande sœur, tous prêts à m’accueillir. Je tremblais d’émotion. Nous nous sommes pris dans les bras et embrassés, et c’est ma mère qui m’a serrée le plus longtemps. Tout le monde pleurait. Quand mes parents, en larmes, m’ont demandé pardon de m’avoir fait adopter, nous avons éclaté en sanglots et nous sommes retombés dans les bras les uns des autres.

      Linda : Comme nous n’avons pas eu la même éducation, chacune a dû apprendre à s’adapter à la personnalité et aux habitudes de l’autre. Mais nous nous aimons beaucoup.

      Sally : Aujourd’hui, Linda et moi, nous vivons ensemble et nous fréquentons la même congrégation en langue des signes, à Jakarta.

      Linda : Sally et moi avons été séparées pendant plus de 20 ans. Nous remercions Jéhovah de nous avoir enfin réunies !

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