-
Un père et ses fils rebellesLa prophétie d’Isaïe, lumière pour tous les humains I
-
-
Chapitre deux
Un père et ses fils rebelles
1, 2. Expliquez comment Jéhovah en est venu à avoir des fils rebelles.
IL PRIT bien soin d’eux, comme tout père qui aime ses enfants. Pendant des années, il veilla à ce qu’ils soient nourris, habillés, à ce qu’ils aient un toit. Quand c’était nécessaire, il les disciplinait. Mais il ne les punissait jamais trop sévèrement ; il les disciplinait toujours “ dans une juste mesure ”. (Jérémie 30:11.) On peut dès lors imaginer la peine ressentie par ce père plein d’amour, contraint de tenir ces propos : “ J’ai élevé des fils, je les ai fait grandir, mais eux se sont révoltés contre moi. ” — Isaïe 1:2b.
2 Les fils rebelles mentionnés ici sont les habitants de Juda, et le père affligé, c’est Jéhovah Dieu. N’est-ce pas navrant ? Jéhovah a nourri les Judéens et les a élevés au-dessus des autres nations. “ Je t’ai habillée d’un vêtement brodé et chaussée de peau de phoque, je t’ai enveloppée dans du fin lin et couverte d’étoffes précieuses ”, rappelle-t-il par la suite à la nation par l’intermédiaire du prophète Ézékiel (Ézékiel 16:10). Pourtant, la plupart des habitants de Juda ne sont pas reconnaissants de ce que Jéhovah a fait pour eux. Au contraire, ils se rebellent, ils se révoltent.
3. Pourquoi Jéhovah prend-il les cieux et la terre à témoin de la révolte de Juda ?
3 À juste titre, Jéhovah commence les propos qu’il tient au sujet de ses fils rebelles par cette déclaration : “ Entendez, ô cieux, et prête l’oreille, ô terre, car Jéhovah lui-même a parlé. ” (Isaïe 1:2a). Des siècles plus tôt, les cieux et la terre avaient entendu, figurément, les Israélites recevoir des avertissements explicites sur les conséquences de la désobéissance. Moïse avait déclaré : “ Oui je prends aujourd’hui à témoin contre vous les cieux et la terre que vous disparaîtrez bien vite et totalement de dessus le pays vers lequel vous traversez le Jourdain pour en prendre possession. ” (Deutéronome 4:26). À présent, aux jours d’Isaïe, Jéhovah prend les cieux invisibles et la terre visible à témoin de la révolte de Juda.
4. Comment Jéhovah décide-t-il de se présenter à Juda ?
4 La gravité de la situation exige qu’on l’aborde directement. Notons cependant que, même dans ces circonstances graves, Jéhovah se présente à Juda comme un père plein d’amour, et pas simplement comme son propriétaire qui l’a acheté. N’est-ce pas réconfortant ? Oui, Jéhovah invite son peuple à considérer la question du point de vue d’un père qui s’inquiète de ses fils rebelles. Peut-être certains parents judéens sont-ils passés par la même situation pénible et sont-ils sensibles à l’analogie. Quoi qu’il en soit, Jéhovah est sur le point de rendre son verdict concernant Juda.
Les bêtes font mieux
5. À l’inverse d’Israël, de quelle façon le taureau et l’âne manifestent-ils un certain sens de la fidélité ?
5 Jéhovah déclare par l’intermédiaire d’Isaïe : “ Le taureau connaît bien son acheteur, et l’âne la mangeoire de son propriétaire ; Israël, lui, n’a pas connu, mon peuple ne s’est pas montré intelligent. ” (Isaïe 1:3)a. Le taureau et l’âne sont des animaux de trait familiers aux habitants du Proche-Orient. Les Judéens ne pouvaient nier que même ces humbles bêtes ont un certain sens de la fidélité, qu’elles sont tout à fait conscientes d’appartenir à un maître. Sous ce rapport, voyez ce qu’un chercheur dans le domaine biblique a vu de ses yeux à la fin d’une journée dans une ville du Proche-Orient : “ Le troupeau n’était pas plus tôt entré à l’intérieur des murs qu’il a commencé à se disperser. Chaque bœuf connaissait parfaitement son propriétaire et le chemin de sa maison ; pas un seul instant il n’était dérouté par le dédale de ruelles étroites et sinueuses. Quant à l’âne, il s’est rendu tout droit à la porte et est monté à ‘ la crèche de son maître ’. ”
6. En quoi le peuple de Juda ne s’est-il pas montré intelligent ?
6 Étant donné que de telles scènes sont sans aucun doute courantes aux jours d’Isaïe, le sens du message divin est clair : si même une bête reconnaît son maître et sa mangeoire, quelle excuse le peuple de Juda peut-il invoquer pour expliquer son abandon de Jéhovah ? Franchement, il “ ne s’est pas montré intelligent ”. On dirait que ce peuple ne se rend pas compte que sa prospérité, son existence même, dépendent de Jéhovah. Jéhovah est vraiment miséricordieux pour appeler encore les Judéens “ mon peuple ” !
7. Quels sont quelques moyens de nous montrer reconnaissants pour ce que Jéhovah nous donne ?
7 N’ayons jamais l’inintelligence de manquer de reconnaissance pour tout ce que Jéhovah fait en notre faveur. Imitons plutôt le psalmiste David, qui déclara : “ Je veux te louer, ô Jéhovah, de tout mon cœur ; je veux proclamer toutes tes œuvres prodigieuses. ” (Psaume 9:1). Nous y serons encouragés si nous approfondissons sans discontinuer notre connaissance de Jéhovah ; la Bible ne dit-elle pas que “ la connaissance du Très-Saint, voilà ce qu’est l’intelligence ” ? (Proverbes 9:10.) Méditons quotidiennement sur les bénédictions que Jéhovah nous accorde : cela entretiendra notre gratitude et nous ne ferons pas peu de cas de notre Père céleste (Colossiens 3:15). “ Celui qui offre pour son sacrifice l’action de grâces, celui-là me glorifie, dit Jéhovah ; quant à celui qui suit une voie fixée, oui je lui ferai voir le salut de Dieu. ” — Psaume 50:23.
Une insulte choquante au “ Saint d’Israël ”
8. Pourquoi le peuple de Juda mérite-t-il qu’on l’appelle “ la nation pécheresse ” ?
8 Isaïe poursuit son message par des paroles cinglantes à l’adresse de la nation de Juda : “ Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé de fautes, semence qui fait le mal, fils funestes ! Ils ont quitté Jéhovah, ils ont traité sans respect le Saint d’Israël, ils se sont retirés en arrière. ” (Isaïe 1:4). Les actions méchantes peuvent s’accumuler au point de ressembler à un poids écrasant. Aux jours d’Abraham, Jéhovah qualifia les péchés de Sodome et Gomorrhe de ‘ très lourds ’. (Genèse 18:20.) Le peuple de Juda se trouve à présent dans une situation semblable, puisqu’Isaïe dit qu’il est “ chargé de fautes ”. En outre, il taxe les Judéens de “ semence qui fait le mal, fils funestes ”. Sans conteste, ceux-ci sont comparables à des enfants délinquants. Ils “ se sont retirés en arrière ” ou, pour reprendre les termes de la Bible du Semeur, ils ont “ tourné le dos ” à leur Père.
9. Que signifie l’expression “ le Saint d’Israël ” ?
9 En se rebellant, les habitants de Juda trahissent un irrespect inqualifiable envers “ le Saint d’Israël ”. Que signifie cette expression, qui figure 25 fois dans le livre d’Isaïe ? Être saint, c’est être pur. Jéhovah est saint au plus haut degré (Révélation 4:8). Les Israélites se le rappellent chaque fois qu’ils voient les mots gravés sur la plaque brillante en or qui est attachée au turban du grand prêtre : “ La sainteté appartient à Jéhovah. ” (Exode 39:30). Par conséquent, en appelant Jéhovah “ le Saint d’Israël ”, Isaïe souligne la gravité du péché des Judéens. Ces rebelles ne violent-ils pas directement ce commandement donné à leurs ancêtres : “ Vous devez vous sanctifier et vous devez vous montrer saints, car je suis saint. ” — Lévitique 11:44.
10. Que faut-il faire pour ne pas devenir irrespectueux envers “ le Saint d’Israël ” ?
10 De nos jours, les chrétiens doivent à tout prix ne pas devenir comme Juda, irrespectueux envers “ le Saint d’Israël ”. Ils doivent imiter la sainteté de Jéhovah (1 Pierre 1:15, 16). Et il leur faut ‘ haïr ce qui est mauvais ’. (Psaume 97:10.) Des pratiques impures comme l’immoralité sexuelle, l’idolâtrie, le vol et l’ivrognerie pourraient corrompre la congrégation chrétienne. C’est pourquoi ceux qui refusent de les abandonner sont exclus de la congrégation. En dernier ressort, ceux qui vivent dans l’impureté et qui ne se repentent pas ne bénéficieront pas des bénédictions qu’apportera le Royaume de Dieu. Oui, vraiment, toutes ces œuvres méchantes constituent une insulte choquante au “ Saint d’Israël ”. — Romains 1:26, 27 ; 1 Corinthiens 5:6-11 ; 6:9, 10.
Malades de la tête aux pieds
11, 12. a) Décrivez le mauvais état de Juda. b) Pourquoi ne devons-nous pas plaindre Juda ?
11 Isaïe essaie ensuite de raisonner avec les habitants de Juda en attirant leur attention sur leur état de santé. Il déclare : “ Où serez-vous frappés encore, étant donné que vous ajoutez de nouvelles révoltes ? ” En somme, Isaïe leur demande : ‘ N’avez-vous pas assez souffert ? Pourquoi continuer à attirer le mal sur vous en vous rebellant encore ? ’ Isaïe poursuit : “ Toute la tête est dans un état de maladie, et tout le cœur est défaillant. De la plante du pied jusqu’à la tête, rien en lui n’est intact. ” (Isaïe 1:5, 6a). Juda est mal en point, dans un état répugnant, malade spirituellement de la tête aux pieds. Bien sombre diagnostic !
12 Devons-nous plaindre Juda ? Certainement pas. Des siècles plus tôt, la nation d’Israël tout entière a été clairement mise en garde contre la punition que lui vaudrait la désobéissance. Il lui a été spécifié notamment : “ Jéhovah te frappera de furoncles malins sur les deux genoux et sur les deux cuisses, dont tu ne pourras guérir, depuis la plante de ton pied jusqu’au sommet de ta tête. ” (Deutéronome 28:35). Au sens figuré, Juda souffre à présent des conséquences de son obstination. Or, il aurait suffi pour les éviter que ses habitants obéissent à Jéhovah.
13, 14. a) Quels maux a-t-on infligés à Juda ? b) Les souffrances de Juda le font-elles réfléchir à sa rébellion ?
13 Isaïe poursuit la description de l’état pitoyable de Juda : “ Blessures, meurtrissures et plaies fraîches — elles n’ont été ni pressées ni bandées, et on ne les a pas adoucies avec de l’huile. ” (Isaïe 1:6b). Le prophète mentionne ici trois sortes de maux : les blessures (les coupures, faites par exemple avec une épée ou un couteau), les meurtrissures (les contusions dues à des coups) et les plaies fraîches (les ouvertures récentes dans les chairs qui semblent inguérissables). L’image évoquée est celle d’un homme qui a été sévèrement puni de toutes les manières imaginables, dont le corps entier a été maltraité. Juda est vraiment dans un triste état.
14 La condition misérable de Juda l’incite-t-elle à retourner vers Jéhovah ? Non. Juda ressemble au rebelle décrit en Proverbes 29:1 : “ Un homme qui a été repris maintes fois, mais qui durcit son cou, sera brisé soudain, et cela sans guérison. ” Oui, la nation paraît incurable. Comme le dit Isaïe, ses blessures “ n’ont été ni pressées ni bandées, et on ne les a pas adoucies avec de l’huileb ”. Dans un sens, Juda est comparable à une plaie ouverte, qu’on ne bande pas, qui recouvre tout le corps.
15. De quelles manières pouvons-nous nous prémunir contre la maladie spirituelle ?
15 L’histoire de Juda nous enseigne une leçon : nous devons nous méfier de la maladie spirituelle. De même que la maladie physique, elle peut frapper n’importe qui parmi nous. Lequel d’entre nous est immunisé contre les désirs de la chair ? L’avidité et le désir de jouir des plaisirs à outrance peuvent s’enraciner dans notre cœur. C’est pourquoi nous devons prendre l’habitude d’‘ avoir en aversion ce qui est mauvais ’ et de ‘ nous attacher à ce qui est bon ’. (Romains 12:9.) Nous devons également cultiver les fruits de l’esprit de Dieu dans notre vie quotidienne (Galates 5:22, 23). Ce faisant, nous ne connaîtrons pas la même affliction que Juda : nous ne tomberons pas spirituellement malades de la tête aux pieds.
Un pays désolé
16. a) Quelle description Isaïe fait-il de la terre de Juda ? b) Pourquoi certains affirment-ils que ces paroles furent probablement énoncées sous le règne d’Ahaz, mais comment peut-on les comprendre ?
16 Isaïe abandonne maintenant sa comparaison médicale pour passer à la condition de la terre de Juda. Comme s’il contemplait une plaine ravagée par une bataille, il s’exclame : “ Votre pays est une désolation, vos villes sont brûlées par le feu ; votre sol — devant vous des étrangers le dévorent, et la désolation est comme un renversement causé par des étrangers. ” (Isaïe 1:7). Certains biblistes affirment que, même si elles figurent au début du livre d’Isaïe, ces paroles furent probablement énoncées plus tard au cours de la carrière du prophète, peut-être sous le règne du méchant roi Ahaz. Selon eux, le règne d’Ouzziya fut trop prospère pour justifier une description aussi lugubre. Il est vrai qu’on ne peut certifier si le livre d’Isaïe est rédigé dans l’ordre chronologique. Toutefois, les paroles du prophète concernant la désolation sont probablement prophétiques. Lorsqu’il fait la déclaration ci-dessus, il emploie certainement une technique qu’on retrouve ailleurs dans la Bible, qui consiste à décrire un événement futur comme s’il avait déjà eu lieu, ce qui renforce l’assurance qu’une prophétie s’accomplira. — Voir Révélation 11:15.
17. Pourquoi la description prophétique de la désolation ne devrait-elle pas surprendre le peuple de Juda ?
17 En tout état de cause, la description prophétique de la désolation de Juda ne devrait pas surprendre ce peuple obstiné et désobéissant. Des siècles auparavant, Jéhovah l’a averti en ces termes de ce qui arriverait s’il se rebellait : “ Moi, de mon côté, je désolerai le pays, et vos ennemis qui y habitent seront absolument stupéfaits en voyant cela. Et vous, je vous disperserai parmi les nations ; oui, je dégainerai l’épée derrière vous ; votre pays devra devenir une désolation et vos villes deviendront des ruines désolées. ” — Lévitique 26:32, 33 ; 1 Rois 9:6-8.
18-20. Quand les paroles contenues en Isaïe 1:7, 8 s’accomplissent-elles, et en quel sens Jéhovah ‘ laisse-t-il quelques survivants ’ à cette époque ?
18 Les paroles contenues en Isaïe 1:7, 8 s’accomplissent apparemment avec les invasions des Assyriens qui provoquent la destruction d’Israël et, en Juda, une grande destruction et beaucoup de souffrances (2 Rois 17:5, 18 ; 18:11, 13 ; 2 Chroniques 29:8, 9). Cependant, Juda ne disparaît pas complètement. Isaïe déclare : “ La fille de Sion est restée comme une hutte dans une vigne, comme une cabane de guet dans un champ de concombres, comme une ville encerclée. ” — Isaïe 1:8.
19 Au milieu de la dévastation, “ la fille de Sion ”, Jérusalem, restera debout. Mais elle semblera très vulnérable, au même titre qu’une cabane dans une vigne ou que la hutte d’un guetteur dans un champ de concombres. En descendant le Nil au cours d’un voyage, un bibliste du XIXe siècle s’est souvenu des paroles d’Isaïe à la vue de huttes de ce genre ; il a raconté qu’elles n’étaient “ guère plus qu’une barrière contre le vent du nord ”. Quand la moisson était terminée en Juda, on laissait ces huttes se désagréger et tomber. Néanmoins, toute frêle qu’elle paraisse devant l’armée invincible des Assyriens, Jérusalem survivra.
20 Isaïe conclut ainsi sa déclaration prophétique : “ Si Jéhovah des armées lui-même ne nous avait laissé quelques survivants, nous serions devenus comme Sodome, nous aurions ressemblé à Gomorrhe. ” (Isaïe 1:9)c. Jéhovah viendra finalement au secours de Juda contre la puissance assyrienne. À l’inverse de Sodome et Gomorrhe, la nation de Juda ne sera pas éliminée. Elle vivra.
21. Pourquoi Jéhovah ‘ laissa-t-il quelques survivants ’ après que Babylone eut détruit Jérusalem ?
21 Plus d’un siècle après, Juda était de nouveau menacé. Le peuple n’avait pas tiré leçon de la discipline qu’il avait reçue par l’intermédiaire de l’Assyrie. “ Sans cesse ils raillaient les messagers du vrai Dieu, méprisaient ses paroles et se moquaient de ses prophètes. ” En conséquence, ‘ la fureur de Jéhovah monta contre son peuple, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de guérison ’. (2 Chroniques 36:16.) Le monarque babylonien Neboukadnetsar conquit Juda et, cette fois, il ne resta rien qui ressemble à “ une hutte dans une vigne ”. Même Jérusalem fut détruite (2 Chroniques 36:17-21). Néanmoins, Jéhovah ‘ laissa quelques survivants ’. Bien que Juda ait subi 70 ans d’exil, Jéhovah veilla à ce que la nation subsiste, et en particulier la lignée davidique, qui produirait le Messie promis.
22, 23. Pourquoi, au Ier siècle, Jéhovah ‘ laissa-t-il quelques survivants ’ ?
22 Au Ier siècle, Israël, le peuple de l’alliance de Dieu, traversa sa dernière crise. Quand Jésus se présenta comme le Messie promis, la nation le rejeta, si bien que Jéhovah la rejeta à son tour (Matthieu 21:43 ; 23:37-39 ; Jean 1:11). Jéhovah n’aurait-il plus pour autant de nation particulière sur la terre ? Si. L’apôtre Paul montra qu’Isaïe 1:9 avait encore un autre accomplissement. Citant la Septante, il écrivit : “ Comme Isaïe l’avait dit jadis : ‘ Si Jéhovah des armées ne nous avait laissé une semence, nous serions devenus comme Sodome, et nous aurions été rendus semblables à Gomorrhe. ’ ” — Romains 9:29.
23 Cette fois, les survivants furent les chrétiens oints, qui avaient foi en Jésus Christ. Les premiers de ces chrétiens furent des Juifs croyants. Par la suite, des Gentils qui exerçaient la foi s’associèrent à eux. Ensemble, ils composèrent un nouvel Israël, “ l’Israël de Dieu ”. (Galates 6:16 ; Romains 2:29.) Cette “ semence ” survécut à la destruction du système de choses juif en 70 de notre ère. Incontestablement, “ l’Israël de Dieu ” est toujours avec nous aujourd’hui. À lui se sont associés des millions de croyants issus des nations qui forment “ une grande foule que personne ne [peut] compter, de toutes nations et tribus et peuples et langues ”. — Révélation 7:9.
24. À quoi tous les humains devraient-ils s’intéresser s’ils veulent survivre au coup le plus terrible porté à l’humanité ?
24 Bientôt, le monde actuel vivra la bataille d’Har-Maguédôn (Révélation 16:14, 16). Ce sera un coup plus terrible que l’invasion de Juda par les Assyriens ou les Babyloniens, plus terrible même que la dévastation de la Judée par les Romains en 70 ; pourtant, il y aura des survivants (Révélation 7:14). Il est dès lors vital pour tous les humains de réfléchir aux paroles qu’Isaïe adressa à Juda. À l’époque, elles valurent aux fidèles de survivre. Et aujourd’hui, elles peuvent signifier la survie pour les croyants.
[Notes]
a Dans ce contexte, “ Israël ” désigne le royaume de Juda composé de deux tribus.
b Les paroles d’Isaïe correspondent aux pratiques médicales de l’époque. Edward Plumptre, spécialiste de la Bible, fait cette remarque : “ La première méthode qu’on essayait pour faire sortir l’humeur d’une plaie purulente consistait à la ‘ presser ’ ; ensuite, comme dans le cas de Hizqiya (chap. xxxviii. 21), on la ‘ bandait ’ avec un cataplasme, puis on y appliquait une huile ou un onguent fortifiants, probablement, comme en Luc x. 34, de l’huile et du vin, afin de guérir l’ulcère. ”
c On lit dans Commentary on the Old Testament, par C. Keil et F. Delitzsch : “ Le discours du prophète marque ici une pause. Le fait qu’il est divisé à cet endroit en deux parties distinctes est indiqué dans le texte par l’espace laissé entre les vers. 9 et 10. Cette façon de signaler les parties grandes ou petites, soit en laissant des espaces, soit en interrompant la ligne, est antérieure aux points-voyelles et aux accents, et repose sur une tradition qui remonte à la plus haute Antiquité. ”
-
-
“ Remettons les choses en ordre ”La prophétie d’Isaïe, lumière pour tous les humains I
-
-
Chapitre trois
“ Remettons les choses en ordre ”
1, 2. À qui Jéhovah compare-t-il les chefs et le peuple de Jérusalem et de Juda, et pourquoi est-ce pertinent ?
APRÈS avoir entendu les invectives rapportées en Isaïe 1:1-9, les habitants de Jérusalem ont peut-être envie de se justifier. Ils aimeraient certainement invoquer fièrement tous les sacrifices qu’ils offrent à Jéhovah. Mais les versets 10 à 15 révèlent la réponse cinglante de Jéhovah devant un tel état d’esprit. Elle commence ainsi : “ Entendez la parole de Jéhovah, dictateurs de Sodome ! Prêtez l’oreille à la loi de notre Dieu, peuple de Gomorrhe ! ” — Isaïe 1:10.
2 Les habitants de Sodome et Gomorrhe furent détruits non seulement à cause de leurs pratiques sexuelles perverties, mais aussi en raison de leur dureté de cœur et de leur orgueil (Genèse 18:20, 21 ; 19:4, 5, 23-25 ; Ézékiel 16:49, 50). Les auditeurs d’Isaïe doivent être outrés de s’entendre comparer aux habitants de ces villes mauditesa. Mais Jéhovah voit son peuple tel qu’il est, et Isaïe n’atténue pas le message divin pour “ caresser les oreilles ”. — 2 Timothée 4:3.
3. Qu’entend Jéhovah quand il dit qu’il ‘ en a assez ’ des sacrifices du peuple, et pourquoi en est-il ainsi ?
3 Voyez ce que Jéhovah pense du culte formaliste de son peuple : “ ‘ À quoi me sert la multitude de vos sacrifices ? ’ dit Jéhovah. ‘ Oui, j’en ai assez des holocaustes de béliers et de la graisse des animaux bien nourris ; je ne prends pas plaisir au sang des jeunes taureaux, des agneaux et des boucs. ’ ” (Isaïe 1:11). Les habitants du pays ont oublié que Jéhovah n’est pas dépendant de leurs sacrifices (Psaume 50:8-13). Il n’a pas besoin des offrandes des humains, quelles qu’elles soient. Si les habitants de Juda pensent qu’ils font une faveur à Dieu avec leurs sacrifices présentés à contrecœur, ils se trompent. Jéhovah emploie une figure de rhétorique éloquente. L’expression “ j’en ai assez ” peut également se traduire par “ je suis rassasié ” ou “ je suis dégoûté ”. Vous est-il déjà arrivé d’avoir tant mangé que la vue même de la nourriture vous répugnait ? Jéhovah ressentait la même chose devant ces offrandes : elles lui répugnaient.
4. En quels termes Isaïe 1:12 montre-t-il que le peuple fréquente inutilement le temple à Jérusalem ?
4 Jéhovah poursuit : “ Quand sans arrêt vous venez pour voir ma face, qui a réclamé de votre main ceci : piétiner mes cours ? ” (Isaïe 1:12). N’est-ce pas la loi même de Jéhovah qui exige du peuple qu’il ‘ vienne voir sa face ’, c’est-à-dire qu’il se rende au temple à Jérusalem (Exode 34:23, 24) ? Certes, mais les Judéens y viennent par pur formalisme, uniquement parce qu’ils pratiquent machinalement le culte pur ; ils ne sont pas animés de mobiles purs. Pour Jéhovah, leurs nombreuses visites dans ses cours revenaient à simplement les “ piétiner ” ; elles n’apportaient pas plus que s’ils avaient usé le sol.
5. Mentionnez des actes d’adoration accomplis par les Juifs, et expliquez pourquoi ils sont devenus “ un fardeau ” aux yeux de Jéhovah.
5 Il n’est pas étonnant que Jéhovah hausse le ton à présent : “ Cessez d’apporter encore des offrandes de grain sans valeur. L’encens — c’est une chose détestable pour moi. Nouvelle lune, sabbat, convocation d’assemblée... je ne puis endurer le recours aux pouvoirs magiques avec l’assemblée solennelle. Vos nouvelles lunes et vos époques de fêtes, mon âme les hait vraiment. Pour moi elles sont devenues un fardeau ; oui, je me suis fatigué de les supporter. ” (Isaïe 1:13, 14). Les offrandes de grain, l’encens, les sabbats et les assemblées solennelles, tout cela est prévu par la Loi donnée par Dieu à Israël. Quant aux “ nouvelles lunes ”, la Loi dit simplement de les observer, mais des traditions louables se sont peu à peu implantées autour de cette observance (Nombres 10:10 ; 28:11). La nouvelle lune est placée au rang du sabbat mensuel, où le peuple laisse son travail de côté et même se rassemble pour être instruit par les prophètes et les prêtres (2 Rois 4:23 ; Ézékiel 46:3 ; Amos 8:5). Ces observances ne sont pas mauvaises. Le problème réside dans le fait que les Juifs ne les suivent que pour la façade. En outre, ils recourent aux “ pouvoirs magiques ”, des pratiques spirites, en même temps qu’ils observent pour la forme la Loi de Dieub. C’est pourquoi leurs actes d’adoration sont “ un fardeau ” aux yeux de Jéhovah.
6. En quel sens Jéhovah s’est-il “ fatigué ” ?
6 Mais en quel sens Jéhovah se sentait-il “ fatigué ” ? Car il possède une ‘ abondance d’énergie vive [...]. Il ne s’épuise ni ne se lasse ’. (Isaïe 40:26, 28.) Jéhovah utilise une figure de rhétorique évocatrice afin que nous saisissions ses sentiments. Avez-vous déjà porté une charge lourde si longtemps que vous étiez épuisé et que vous n’aviez qu’une envie, la jeter ? Voilà ce que Jéhovah éprouve vis-à-vis des actes d’adoration hypocrites de ses serviteurs.
7. Pourquoi Jéhovah n’écoute-t-il plus les prières de ses serviteurs ?
7 Jéhovah s’arrête maintenant sur l’acte d’adoration le plus intime, le plus personnel qui soit. “ Quand vous étendez vos paumes, je cache mes yeux loin de vous. Quand bien même vous multipliez les prières, je n’écoute pas ; vos mains se sont remplies de meurtres. ” (Isaïe 1:15). Étendre les paumes, tendre les mains les paumes en l’air, est un geste de supplication. Pour Jéhovah, cette posture a perdu tout sens, car son peuple a les mains pleines de meurtres. La violence a envahi le pays. Partout on opprime les faibles. Il est indécent que des gens égoïstes, qui maltraitent les autres, prient Jéhovah et lui demandent de les bénir. Il n’est pas étonnant que Jéhovah dise : “ Je n’écoute pas. ”
8. Quelle faute la chrétienté commet-elle aujourd’hui, et comment certains chrétiens tombent-ils dans le même travers ?
8 De nos jours, la chrétienté n’a pas mieux gagné la faveur de Dieu par la répétition continuelle de vaines prières et par ses autres “ œuvres ”. (Matthieu 7:21-23.) Il est capital que nous ne tombions pas dans le même travers. Il arrive qu’un chrétien se mette à pratiquer un péché grave, puis se convainque qu’en cachant sa mauvaise conduite et en augmentant son activité dans la congrégation chrétienne ses bonnes actions compenseront d’une façon ou d’une autre son péché. Mais les œuvres formalistes ne plaisent pas à Jéhovah. Il n’existe qu’un moyen de soigner la maladie spirituelle ; c’est ce qu’indiquent les versets suivants d’Isaïe.
Le remède à la maladie spirituelle
9, 10. Quelle est l’importance de la pureté dans le culte que nous rendons à Jéhovah ?
9 Jéhovah, le Dieu compatissant, adopte maintenant un ton plus chaleureux, plus suppliant. “ Lavez-vous, purifiez-vous ; ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos manières d’agir ; cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien ; recherchez le droit, redressez l’oppresseur ; rendez jugement pour l’orphelin de père, plaidez la cause de la veuve. ” (Isaïe 1:16, 17). On trouve ici l’énumération de neuf impératifs, neuf commandements. Les quatre premiers sont négatifs, en ce sens qu’ils impliquent l’élimination du péché ; les cinq derniers correspondent à des actions positives, qui amènent à recevoir la bénédiction de Jéhovah.
10 Depuis toujours, il est essentiel dans le culte pur de se laver et d’être propre (Exode 19:10, 11 ; 30:20 ; 2 Corinthiens 7:1). Mais Jéhovah veut que la purification soit profonde, qu’elle pénètre jusqu’au cœur de ses adorateurs. Il tient par-dessus tout à la pureté morale et spirituelle ; c’est d’ailleurs ce à quoi il fait allusion. Les deux premiers commandements du verset 16 ne constituent pas une simple répétition. Un grammairien de l’hébreu explique que le premier, “ lavez-vous ”, se rapporte à un acte initial de purification, tandis que le deuxième, “ purifiez-vous ”, a trait aux efforts que l’on continue de fournir pour conserver sa pureté.
11. Que faut-il faire pour combattre le péché, et que ne faut-il jamais faire ?
11 On ne peut rien cacher à Jéhovah (Job 34:22 ; Proverbes 15:3 ; Hébreux 4:13). Par conséquent, son commandement “ ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos manières d’agir ” ne peut avoir qu’un sens : cessez de pratiquer le mal. Cela implique de ne pas chercher à cacher des péchés graves, car un tel comportement est un péché en soi. Proverbes 28:13 contient en effet cet avertissement : “ Qui couvre ses transgressions ne réussira pas, mais qui les confesse et les quitte, à celui-là il sera fait miséricorde. ”
12. a) Pourquoi est-il important d’‘ apprendre à faire le bien ’ ? b) Comment les anciens en particulier peuvent-ils appliquer les directives “ recherchez le droit ” et “ redressez l’oppresseur ” ?
12 Il y a beaucoup à apprendre des actions positives que Jéhovah commande au verset 17 du chapitre 1. Remarquez qu’il ne dit pas seulement “ faites le bien ”, mais “ apprenez à faire le bien ”. Il faut passer par l’étude individuelle de la Parole de Dieu pour comprendre ce qui est bien aux yeux de Dieu et pour vouloir le faire. Ensuite, Jéhovah ne dit pas simplement “ pratiquez le droit ”, mais “ recherchez le droit ”. Même des anciens expérimentés ont besoin de fouiller la Parole de Dieu pour déterminer quelle est la bonne ligne de conduite dans les affaires compliquées. Ils ont par ailleurs la responsabilité de ‘ redresser l’oppresseur ’, conformément au commandement suivant de Jéhovah. Ces directives sont capitales pour les bergers chrétiens d’aujourd’hui, car ils ont à cœur de protéger le troupeau des “ loups tyranniques ”. — Actes 20:28-30.
13. Comment peut-on aujourd’hui obéir aux commandements touchant l’orphelin de père et la veuve ?
13 Les deux derniers commandements concernent certains des serviteurs de Dieu les plus vulnérables : les orphelins et les veuves. Le monde n’hésite pas à profiter de telles personnes ; il ne doit pas en être de même parmi les serviteurs de Dieu. Les anciens bienveillants ‘ rendent jugement ’ pour les orphelins et les orphelines de père dans la congrégation : ils les aident à obtenir justice et protection dans un monde qui ne pense qu’à abuser de leur situation et à les corrompre. Les anciens ‘ plaident la cause ’ de la veuve ou, selon un autre sens du mot hébreu, “ se bagarrent ” pour ses intérêts. En réalité, tous les chrétiens veulent être un refuge, un réconfort, une protection pour les indigents, parce que ces derniers sont précieux aux yeux de Jéhovah. — Mika 6:8 ; Jacques 1:27.
14. Quel message positif est transmis en Isaïe 1:16, 17 ?
14 Quel message ferme et constructif de la part de Jéhovah dans ces neuf commandements ! Quelquefois, ceux qui commettent des péchés se persuadent qu’il leur est tout bonnement impossible de faire le bien. De telles pensées sont décourageantes. Sans compter qu’elles sont fausses. Jéhovah sait (et il veut que nous le sachions) qu’avec son aide n’importe quel pécheur peut quitter son péché, se retourner et se mettre à faire le bien.
Une invitation compatissante et juste
15. Comment l’expression “ remettons les choses en ordre entre nous ” est-elle souvent comprise, et quel est son sens en réalité ?
15 Le ton de Jéhovah devient à présent encore plus chaleureux et compatissant. “ ‘ Venez donc et remettons les choses en ordre entre nous ’, dit Jéhovah. ‘ Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme de l’étoffe cramoisie, ils deviendront comme de la laine. ’ ” (Isaïe 1:18). L’invitation par laquelle ce magnifique verset commence est souvent mal comprise. On lit par exemple dans la Bible en français courant : “ Nous allons nous expliquer ”, comme si les deux parties devaient faire des concessions pour parvenir à un accord. Il n’en est rien. Jéhovah n’a rien à se reprocher, encore moins dans ses relations avec son peuple rebelle et hypocrite (Deutéronome 32:4, 5). Le verset ne parle pas d’une discussion d’égal à égal entre personnes qui devraient chacune en rabattre ; il parle d’une tribune réunie pour rendre la justice. C’est comme si Jéhovah intentait un procès à Israël.
16, 17. D’où tenons-nous que Jéhovah est prêt à pardonner même de graves péchés ?
16 Évidemment, cette idée pourrait être inquiétante ; mais Jéhovah est le Juge le plus miséricordieux et le plus compatissant qui soit. Sa capacité de pardonner est sans égale (Psaume 86:5). Lui seul est capable de laver les péchés d’Israël qui sont “ comme l’écarlate ”, de les rendre “ blancs comme la neige ”. Aucun effort humain, aucune sorte d’œuvres, de sacrifices ou de prières ne peut enlever la tache laissée par le péché. Seul le pardon de Jéhovah peut l’effacer, et ce pardon, il l’accorde aux conditions qu’il pose, entre autres une repentance sincère.
17 Cette vérité revêt une telle importance que Jéhovah la répète sous une forme poétique : des péchés ‘ cramoisis ’ deviendront comme de la laine neuve, blanche, qui n’a pas été teinte. Jéhovah tient à ce que nous sachions qu’il pardonne vraiment les péchés, même les plus graves, à condition de nous trouver sincèrement repentants. Ceux qui ont du mal à croire que ce soit possible dans leur cas devraient considérer des exemples comme celui de Manassé. Il commit des péchés abominables, et ce pendant des années. Pourtant, il se repentit et fut pardonné (2 Chroniques 33:9-16). Jéhovah veut que nous sachions tous, y compris ceux qui ont commis des péchés graves, qu’il n’est pas trop tard pour ‘ remettre les choses en ordre ’ avec lui.
18. Quel choix Jéhovah donne-t-il à ses serviteurs rebelles ?
18 Jéhovah rappelle à ses serviteurs qu’ils ont un choix à faire. “ Si vous témoignez de la bonne volonté et si vous écoutez, vous mangerez le bon du pays. Mais si vous refusez et si vraiment vous êtes rebelles, par l’épée vous serez dévorés ; car la bouche même de Jéhovah l’a dit. ” (Isaïe 1:19, 20). Jéhovah souligne ici l’importance de l’état d’esprit, et il emploie une autre figure de rhétorique pour que son message soit bien clair. Le choix qui se présente à Juda est le suivant : manger ou être mangé. Si les Juifs se montrent disposés à écouter Jéhovah et à lui obéir, ils mangeront le bon produit du pays. En revanche, s’ils persistent dans leur rébellion, ils seront mangés, par l’épée de leurs ennemis. Il semble presque inimaginable qu’un peuple préfère l’épée de ses ennemis à la miséricorde et à la générosité d’un Dieu qui pardonne. C’est pourtant le choix de Jérusalem, comme l’indiquent les versets suivants d’Isaïe.
Chant funèbre sur la ville bien-aimée
19, 20. a) Comment Jéhovah exprime-t-il le sentiment de trahison qu’il éprouve ? b) En quel sens ‘ la justice logeait-elle à Jérusalem ’ ?
19 Isaïe 1:21-23 dévoile l’étendue de la méchanceté de Jérusalem à l’époque. Isaïe commence là un poème inspiré dont le genre est le chant funèbre, autrement dit la lamentation. “ Ah ! comme elle est devenue une prostituée, la cité fidèle ! Elle était pleine d’équité ; la justice y logeait, mais maintenant, des assassins. ” — Isaïe 1:21.
20 Comme la ville, Jérusalem, est tombée bas ! Elle qui était jadis une épouse fidèle, elle est devenue une prostituée. Quel terme pourrait rendre avec plus de force le sentiment de trahison et de déception que Jéhovah éprouve ? “ La justice y logeait ”, dans cette ville. À quelle époque ? Avant même qu’Israël n’existe, aux jours d’Abraham, cette ville portait le nom de Salem. Elle était dirigée par un homme qui était à la fois roi et prêtre. Son nom, Melkisédec, signifie “ Roi de justice ”, ce qui sans doute lui allait bien (Hébreux 7:2 ; Genèse 14:18-20). Environ 1 000 ans après l’époque de Melkisédec, Jérusalem atteignit son apogée sous les royautés de David et de Salomon. “ La justice y logeait ”, particulièrement quand ses rois donnaient l’exemple au peuple en marchant dans les voies de Jéhovah. Malheureusement, du temps d’Isaïe, ces époques n’étaient plus que de lointains souvenirs.
21, 22. Que représentent les scories et la bière coupée, et pourquoi les chefs de Juda méritent-ils une telle description ?
21 Il semble que les chefs parmi le peuple soient en grande partie responsables de la situation. Isaïe poursuit sa lamentation : “ Ton argent est devenu scories. Ta bière de blé est coupée d’eau. Tes princes sont obstinés et ils partagent avec des voleurs. Chacun d’eux aime le pot-de-vin et court après les cadeaux. Ils ne rendent pas jugement pour l’orphelin de père, et le procès de la veuve ne parvient pas jusqu’à eux. ” (Isaïe 1:22, 23). Deux images frappantes énoncées coup sur coup donnent le ton à la suite qui s’impose. Dans son atelier, le forgeron écume les scories de l’argent en fusion et les jette. Les princes et les juges d’Israël sont comparables aux scories, pas à l’argent. Il faut les éliminer. Ils n’ont pas plus d’utilité que de la bière qu’on a coupée d’eau et qui a perdu sa saveur. Une telle boisson n’est bonne qu’à être versée aux égouts.
22 Le verset 23 révèle pourquoi les chefs méritent une telle description. En mettant le peuple de Dieu à part des autres nations, la Loi mosaïque l’ennoblissait. Elle l’élevait par exemple en exigeant que soient protégés les orphelins et les veuves (Exode 22:22-24). Mais aux jours d’Isaïe, un orphelin de père a peu de chances d’obtenir un jugement favorable. Quant à la veuve, elle ne trouve personne qui accepte ne serait-ce que d’écouter ses doléances, encore moins qui ‘ se bagarre ’ pour ses intérêts. Les juges et les chefs sont décidément trop occupés à rechercher leurs propres intérêts, à quémander des pots-de-vin, à courir après des cadeaux et à s’acoquiner avec des voleurs (sans doute en protégeant les criminels et en laissant souffrir leurs victimes). Le pire, c’est qu’ils sont “ obstinés ”, ils se sont endurcis dans leur mauvaise voie. Quelle situation déplorable !
Jéhovah affinera son peuple
23. Quels sentiments Jéhovah exprime-t-il à l’égard de ses adversaires ?
23 Jéhovah ne tolérera pas indéfiniment de tels abus de pouvoir. Isaïe dit ensuite : “ C’est pourquoi voici ce que déclare le vrai Seigneur, Jéhovah des armées, le Puissant d’Israël : ‘ Ah ah ! je me débarrasserai de mes adversaires, et je veux me venger sur mes ennemis. ’ ” (Isaïe 1:24). Dans ce verset, trois titres sont donnés à Jéhovah ; ils mettent en relief la légitimité de sa domination et l’étendue de son pouvoir. L’exclamation “ Ah ah ! ” indique probablement que la pitié de Jéhovah est maintenant mêlée à de la détermination à écouter sa colère. Il a certainement de bonnes raisons de le faire.
24. Quel affinage Jéhovah prévoit-il pour son peuple ?
24 Les propres serviteurs de Jéhovah se sont faits ses ennemis. Ils méritent pleinement la vengeance divine. Jéhovah se ‘ débarrassera ’ d’eux. Est-ce à dire qu’il éliminera complètement et définitivement le peuple qui porte son nom ? Non, car il déclare ensuite : “ Je veux ramener ma main sur toi, et je fondrai tes scories comme avec de la lessive, et je veux ôter tous tes déchets. ” (Isaïe 1:25). Jéhovah prend à présent pour image l’affinage du métal. Dans l’Antiquité, un affineur prenait souvent de la lessive pour activer la séparation entre les scories et un métal précieux. De la même manière, Jéhovah, qui ne considère pas son peuple comme radicalement méchant, ‘ le châtiera dans une juste mesure ’. Il n’ôtera de lui que les “ déchets ”, les éléments obstinés, indésirables, qui refusent d’apprendre et d’obéirc (Jérémie 46:28). Par ces paroles, Isaïe a le privilège d’écrire l’Histoire à l’avance.
25. a) Comment Jéhovah affina-t-il son peuple en 607 avant notre ère ? b) Quand Jéhovah a-t-il affiné son peuple aux temps modernes ?
25 Jéhovah affina effectivement son peuple : il ôta les scories qu’étaient les chefs corrompus et autres rebelles. En 607 avant notre ère, bien après l’époque d’Isaïe, Jérusalem fut détruite et ses habitants furent emmenés en exil à Babylone pour 70 ans. Sous certains rapports, cet événement trouve un parallèle dans une action menée par Dieu bien plus tard. La prophétie contenue en Malaki 3:1-5, rédigée longtemps après l’Exil, montrait que Dieu accomplirait de nouveau un affinage. Elle annonçait le moment où Jéhovah Dieu viendrait à son temple spirituel accompagné de son “ messager de l’alliance ”, Jésus Christ. Cela s’est de toute évidence produit à la fin de la Première Guerre mondiale. Jéhovah a inspecté tous ceux qui se prétendaient chrétiens et a séparé les vrais des faux. Avec quel résultat ?
26-28. a) Quel a été le premier accomplissement d’Isaïe 1:26 ? b) Comment cette prophétie s’est-elle accomplie à notre époque ? c) Qu’apporte cette prophétie aux anciens aujourd’hui ?
26 Jéhovah répond : “ Je veux ramener des juges pour toi, comme au commencement, et des conseillers pour toi, comme au début. Après cela, on t’appellera Ville de la Justice, Cité Fidèle. Sion sera rachetée par le droit, et ceux des siens qui reviendront le seront par la justice. ” (Isaïe 1:26, 27). La Jérusalem antique connut un premier accomplissement de cette prophétie. Quand les exilés retournèrent dans leur chère ville en 537 avant notre ère, il y eut de nouveau des juges et des conseillers fidèles, comme ceux du passé. Les prophètes Haggaï et Zekaria, le prêtre Yoshoua, le scribe Ezra et le gouverneur Zorobabel guidaient et dirigeaient le reste fidèle, qui était de retour, de façon qu’il marche dans les sentiers de Jéhovah. Toutefois, un accomplissement encore plus important s’est produit au XXe siècle.
27 En 1919, le peuple de Jéhovah est sorti d’une période d’épreuve. Ses membres ont été délivrés de l’asservissement spirituel à Babylone la Grande, l’empire universel de la fausse religion. La distinction entre le fidèle reste oint et le clergé apostat de la chrétienté est devenue évidente. Dieu bénissait de nouveau ses serviteurs : il ‘ ramenait pour eux des juges et des conseillers ’, des hommes fidèles qui leur donnaient des conseils conformes à sa Parole, et non aux traditions des hommes. Aujourd’hui, parmi le “ petit troupeau ” dont le nombre diminue et ses millions de compagnons, les “ autres brebis ”, dont le nombre augmente, on trouve des milliers d’hommes de ce genre. — Luc 12:32 ; Jean 10:16 ; Isaïe 32:1, 2 ; 60:17 ; 61:3, 4.
28 Les anciens n’oublient pas qu’il leur arrive de tenir le rôle de “ juges ” dans la congrégation afin de la garder pure sur les plans moral et spirituel, et de reprendre ceux qui ont commis le mal. Ils se soucient vivement de faire les choses à la manière de Dieu, en imitant son sens de la justice, miséricordieux et équilibré. Mais la plupart du temps, ils tiennent lieu de “ conseillers ”. Ils sont bien entendu loin d’être des princes ou des tyrans, et ils font tout leur possible pour ne jamais donner ne serait-ce que l’impression de ‘ commander en maîtres ceux qui sont l’héritage de Dieu ’. — 1 Pierre 5:3.
29, 30. a) Qu’annonce Jéhovah à ceux qui refusent de profiter de l’affinage ? b) En quel sens les Judéens prennent-ils “ honte ” de leurs arbres et de leurs jardins ?
29 Que dire des “ scories ” mentionnées dans la prophétie d’Isaïe ? Qu’arrive-t-il à ceux qui refusent de bénéficier de l’affinage suscité par Dieu ? Isaïe poursuit : “ L’écroulement des révoltés et celui des pécheurs auront lieu en même temps, et ceux qui quittent Jéhovah disparaîtront. Car ils auront honte des arbres puissants que vous avez désirés, et vous serez confus à cause des jardins que vous avez choisis. ” (Isaïe 1:28, 29). Inévitablement, ceux qui se révoltent contre Jéhovah et qui pèchent contre lui en ne tenant aucun compte des messages d’avertissement de ses prophètes jusqu’au moment où il est trop tard, ceux-là ‘ s’écroulent ’ et ‘ disparaissent ’. Cet écroulement se produit en 607 avant notre ère. Mais que signifie la mention d’arbres et de jardins ?
30 Les Judéens ont un problème chronique d’idolâtrie. Leurs pratiques abjectes ont fréquemment lieu sous des arbres, dans des jardins et dans des bosquets. Par exemple, les adorateurs de Baal et d’Ashtoreth, sa parèdre, croient que durant la saison sèche les deux divinités meurent et sont enterrées. Pour les inciter à se réveiller et à s’unir, ce qui est censé rendre le pays fertile, les idolâtres se rassemblent et se livrent à des actes sexuels pervertis sous des arbres “ sacrés ” dans des bosquets ou des jardins. Quand il pleut sur le pays et qu’il est fertile, les idolâtres l’attribuent aux faux dieux ; et ils sont confortés dans leurs superstitions. Toutefois, lorsque Jéhovah fait venir l’écroulement sur les idolâtres rebelles, aucune idole ne les protège. Les rebelles ont “ honte ” de leurs arbres et de leurs jardins dénués de pouvoir.
31. Au-devant de quoi, qui est pire que la honte, les idolâtres vont-ils ?
31 Néanmoins, les Judéens idolâtres vont au-devant de quelque chose de pire que la honte. Jéhovah transpose l’image : il compare à présent l’idolâtre lui-même à un arbre. “ Car vous deviendrez comme un grand arbre dont le feuillage se flétrit, et comme un jardin qui n’a pas d’eau. ” (Isaïe 1:30). Sous le climat chaud et sec du Proche-Orient, l’image est appropriée. Aucun arbre, aucun jardin ne prospère longtemps sans une réserve d’eau permanente. Une fois sèche, la végétation est particulièrement vulnérable au feu. L’image du verset 31 suit donc tout naturellement.
32. a) Qui est “ l’homme vigoureux ” mentionné au verset 31 ? b) En quel sens deviendra-t-il de “ l’étoupe ”, quelle “ étincelle ” l’allumera, et quels en seront les effets ?
32 “ L’homme vigoureux deviendra de l’étoupe, et le résultat de son activité une étincelle ; oui, tous deux flamberont en même temps, sans personne pour éteindre. ” (Isaïe 1:31). Qui est cet “ homme vigoureux ” ? Le mot hébreu évoque l’idée de force et de richesse. Il désigne probablement l’adorateur de faux dieux prospère et sûr de lui. À l’époque d’Isaïe, les hommes qui rejettent Jéhovah et son culte pur ne manquent pas ; il en va du reste toujours de même aujourd’hui. Et certains semblent même bien s’en porter. Cependant, Jéhovah avertit ces hommes qu’ils deviendront comme de “ l’étoupe ”, des fibres de lin brutes si fragiles et si sèches qu’elles s’effilochent pour ainsi dire rien qu’en sentant le feu (Juges 16:8, 9). Le résultat de l’activité de l’idolâtre, qu’il s’agisse de ses idoles, de sa richesse ou de quoi que ce soit d’autre qu’il adore à la place de Jéhovah, sera comme l’“ étincelle ” qui allume le feu. L’étincelle comme l’étoupe seront consumées, éliminées dans un feu que personne ne pourra éteindre. Aucune puissance dans l’univers n’est capable de contrecarrer les jugements parfaits de Jéhovah.
33. a) En quel sens les avertissements de Dieu concernant le jugement à venir reflètent-ils aussi sa miséricorde ? b) Quelle possibilité Jéhovah offre-t-il actuellement à tous les humains, et en quoi sommes-nous tous concernés ?
33 Ce dernier message est-il compatible avec le message de miséricorde et de pardon du verset 18 ? Absolument ! C’est parce qu’il est miséricordieux que Jéhovah fait écrire ces avertissements et les fait transmettre par ses serviteurs. Car “ il ne veut pas que qui que ce soit périsse, mais il veut que tous parviennent à la repentance ”. (2 Pierre 3:9.) Aujourd’hui, chaque vrai chrétien a le privilège de proclamer les messages d’avertissement de Dieu aux humains, afin que ceux qui se repentent bénéficient de son pardon généreux et vivent éternellement. Quelle bonté de la part de Dieu : il offre aux humains la possibilité de ‘ remettre les choses en ordre ’ avec lui avant qu’il ne soit trop tard !
[Notes]
a D’après la tradition juive antique, le méchant roi Manassé fit exécuter Isaïe en le sciant en deux (voir Hébreux 11:37). Un ouvrage précise que, pour qu’Isaïe soit condamné à mort, un faux prophète porta contre lui l’accusation suivante : “ Il a appelé Jérusalem Sodome, et il a dit que les princes de Juda et de Jérusalem étaient le peuple de Gomorrhe. ”
b Le mot hébreu qui signifie “ pouvoirs magiques ” est également rendu par “ méfait ”, “ choses magiques ” et “ erroné ”. Selon un dictionnaire biblique (Theological Dictionary of the Old Testament), les prophètes hébreux utilisaient ce mot pour dénoncer “ le mal causé par l’abus de pouvoir ”.
c L’expression “ je veux ramener ma main sur toi ” signifie que Jéhovah cessera de soutenir son peuple et le punira.
-