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Partie 1 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terreLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
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Chapitre 22
Partie 1 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
Ici s’ouvre un chapitre en cinq parties qui raconte comment l’activité des Témoins de Jéhovah s’est étendue autour du globe. La première partie, qui va des années 1870 à l’année 1914, occupe les pages 404 à 422. La société humaine ne s’est jamais remise des convulsions provoquées par la Première Guerre mondiale, qui a débuté en 1914. Les Étudiants de la Bible avaient depuis longtemps annoncé que cette année correspondrait à la fin des temps des Gentils.
AVANT de monter au ciel, Jésus Christ a confié à ses apôtres une mission: “Vous serez mes témoins (...) jusque dans la partie la plus lointaine de la terre.” (Actes 1:8). Il avait également annoncé: “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations.” (Mat. 24:14). Cette œuvre n’a pas été achevée au Ier siècle. C’est principalement à notre époque qu’elle s’est accomplie. L’historique de cette activité des années 1870 à nos jours est tout simplement passionnant.
Charles Russell s’est fait connaître du public par ses discours bibliques qui faisaient l’objet de campagnes d’annonce, mais en fait il n’était pas tant attiré par de larges auditoires que par les gens eux-mêmes. C’est ainsi que, peu après avoir lancé La Tour de Garde en 1879, il a entrepris de nombreux voyages pour rencontrer de petits groupes de lecteurs de ce périodique et pour discuter des Écritures avec eux.
Charles Russell pressait ceux qui croyaient aux précieuses promesses de la Parole de Dieu de les faire connaître à autrui. Ceux dont le cœur était profondément touché par ce qu’ils apprenaient s’y sont employés avec un zèle remarquable. Pour faciliter leur tâche, des imprimés étaient mis à leur disposition. Au début de 1881 ont été publiés plusieurs tracts. Leur contenu a ensuite été refondu, avec des renseignements plus détaillés, pour constituer la brochure Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis), dont 1 200 000 exemplaires ont été distribués. Mais comment cette poignée d’Étudiants de la Bible (peut-être une centaine à l’époque) a-t-elle pu en distribuer autant?
On s’intéresse aux pratiquants
Certaines brochures ont été remises à des proches ou à des amis. Des journaux ont accepté d’en envoyer un exemplaire à chacun de leurs abonnés (on a principalement sollicité les hebdomadaires et les mensuels, pour que de nombreux habitants des campagnes reçoivent Nourriture pour les chrétiens réfléchis). Mais la plupart des brochures ont été distribuées quelques dimanches de suite devant des églises aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Les Étudiants de la Bible n’étaient pas assez nombreux pour s’en charger seuls; ils ont donc loué les services d’autres personnes.
Frère Russell a envoyé deux de ses associés, J. Sunderlin et J. Bender, en Grande-Bretagne, pour y diriger la distribution de 300 000 exemplaires de la brochure. Frère Sunderlin s’est rendu à Londres, tandis que frère Bender s’est rendu plus au nord, en Écosse, puis est redescendu par étapes vers le sud. Les frères s’intéressaient surtout aux grandes villes. Ils recherchaient par petites annonces des hommes capables et les chargeaient par contrat de trouver suffisamment d’assistants pour distribuer la quantité de brochures qui leur était allouée. Près de 500 porteurs ont été recrutés sur la seule ville de Londres. En seulement deux dimanches consécutifs, la tâche était accomplie.
La même année, des dispositions ont été prises pour que des Étudiants de la Bible en mesure de consacrer la moitié de leur temps ou plus à l’œuvre du Seigneur soient colporteurs et distribuent des manuels d’étude biblique. Ces précurseurs des pionniers d’aujourd’hui ont assuré à la bonne nouvelle une diffusion extraordinaire.
Au cours de la décennie suivante, frère Russell a préparé un éventail de tracts permettant de diffuser facilement les remarquables vérités bibliques qui avaient déjà été comprises. Il a aussi écrit plusieurs tomes de L’Aurore du Millénium (ouvrage appelé plus tard Études des Écritures). Il a ensuite entrepris des voyages d’évangélisation à l’étranger.
Russell se rend à l’étranger
En 1891, il s’est rendu au Canada, où l’intérêt suscité à partir de 1880 a permis de rassembler 700 personnes à Toronto. Il est également allé en Europe en 1891 pour déterminer ce qui pouvait être fait en vue d’une plus grande diffusion de la vérité dans ces régions. Son voyage l’a conduit en Irlande, en Écosse, en Angleterre, dans de nombreux pays du continent européen, en Russie (dans l’actuelle Moldavie) et au Proche-Orient.
Quelles conclusions a-t-il tirées de ce voyage? Il a écrit: “Il semble n’y avoir aucune opportunité ou facilité pour la vérité en Russie (...) ni le moindre espoir d’une moisson en Italie, en Turquie, en Autriche ou en Allemagne. Mais la Norvège, la Suède, le Danemark, la Suisse et particulièrement l’Angleterre, l’Irlande et l’Écosse sont des champs mûrs qui attendent la moisson. Ces champs semblent crier: ‘Venez nous aider’!” À l’époque, l’Église catholique interdisait toujours de lire la Bible, de nombreux protestants délaissaient leurs temples et beaucoup de gens, déçus par les Églises, rejetaient complètement les Écritures.
Pour aider ces personnes affamées sur le plan spirituel, des efforts intensifs ont été déployés après le voyage de frère Russell en 1891 pour traduire les publications dans les langues parlées en Europe. Pour que les publications soient plus faciles à obtenir en Grande-Bretagne, des dispositions ont aussi été prises pour leur impression et leur stockage à Londres. Le “champ” britannique était effectivement mûr pour la moisson. Vers 1900, on y comptait déjà neuf congrégations et 138 Étudiants de la Bible, dont quelques colporteurs zélés. Quand frère Russell est retourné en Grande-Bretagne en 1903, un millier de personnes se sont réunies à Glasgow pour l’écouter parler des “Espérances et perspectives du Millénium”, 800 se sont rassemblées à Londres, et dans d’autres villes l’assistance a oscillé entre 500 et 600 personnes.
En Italie, par contre, et conformément aux remarques de frère Russell, ce n’est que 17 ans après sa visite que la première congrégation des Étudiants de la Bible a été formée à Pinerolo. Et en Turquie? À la fin des années 1880, Basil Stephanoff avait prêché en Macédoine, dans ce qui était à l’époque la Turquie européenne. Il avait apparemment suscité de l’intérêt, mais de soi-disant frères l’ont accusé faussement et il a été emprisonné. Ce n’est qu’en 1909 qu’un ressortissant grec habitant Smyrne (aujourd’hui Izmir), en Turquie, a indiqué dans une lettre qu’un groupe de cette ville appréciait l’étude des publications de la Watch Tower. Pour ce qui est de l’Autriche, frère Russell est retourné à Vienne en 1911 pour y prononcer un discours, mais la réunion a été interrompue par des manifestants. En Allemagne aussi, l’intérêt ne s’est manifesté que lentement. Les Scandinaves, par contre, semblaient plus conscients de leurs besoins spirituels.
Le message se répand parmi les Scandinaves
De nombreux Suédois vivaient en Amérique. En 1883, on a traduit à leur intention un numéro de La Tour de Garde en suédois. Très vite, des Suédois d’Amérique ont fait parvenir par la poste des exemplaires de ce périodique à leurs amis et à leurs proches en Suède. Aucune publication n’avait encore été imprimée en norvégien. Toutefois, en 1892, l’année suivant le voyage de frère Russell en Europe, Knud Pederson Hammer, Norvégien qui avait connu la vérité en Amérique, est retourné en Norvège pour donner le témoignage à sa famille.
Puis, en 1894, alors que l’on commençait à produire des publications en dano-norvégien, Sophus Winter, Américain d’origine danoise de 25 ans, a été envoyé au Danemark pour les y diffuser. Au printemps de l’année suivante, il avait distribué 500 tomes de L’Aurore du Millénium. Avant longtemps, quelques personnes qui avaient lu ces publications se sont jointes à lui dans l’activité. Malheureusement, il a plus tard perdu conscience de la valeur de son privilège; mais d’autres ont continué à faire briller leur lumière.
Néanmoins, avant d’abandonner son service, Winter a déployé pendant quelque temps l’activité de colporteur en Suède. Peu après, sur l’île de Sturkö, August Lundborg, jeune capitaine de l’Armée du Salut, a vu chez un ami deux tomes de L’Aurore du Millénium. Il les lui a empruntés, les a lus avec empressement, a quitté l’Église et s’est mis à parler de ce qu’il avait appris. Un autre jeune homme, P. Johansson, a eu les yeux dessillés par un tract trouvé sur un banc, dans un jardin public.
Le groupe suédois grossissait; certains se sont alors rendus en Norvège pour y diffuser des publications bibliques. Mais auparavant, des publications, envoyées par des résidents américains, étaient déjà entrées dans le pays. C’est par ce moyen que Rasmus Blindheim en est venu à servir Jéhovah. Entre autres Norvégiens, Theodor Simonsen, pasteur de la Mission libre, a connu la vérité dans les premières années de l’œuvre. Il s’est mis à réfuter l’enseignement de l’enfer de feu dans ses sermons de la Mission libre. Les paroissiens étaient tout excités, tant ces explications leur semblaient merveilleuses, mais quand il est devenu notoire qu’il avait pris connaissance de “L’Aurore du Millénium”, il a été destitué. Il a toutefois continué à parler des bonnes choses qu’il avait apprises. Un jeune homme, Andreas Øiseth, est entré en possession de publications. Lorsqu’il a acquis la certitude d’avoir trouvé la vérité, il a quitté l’exploitation familiale et il est devenu colporteur. Il prêchait avec méthode, n’oubliant aucune localité en montant vers le nord, puis redescendait le long des fjords. En hiver, il transportait nourriture, vêtements et publications sur un traîneau, et des gens hospitaliers lui offraient un toit. En huit ans de voyage, il a prêché la bonne nouvelle dans presque tout le pays.
En 1906, Ebba, la femme d’August Lundborg, s’est rendue de Suède en Finlande pour y accomplir l’activité de colporteur. À peu près à la même époque, des hommes qui revenaient des États-Unis ont apporté dans leurs bagages des publications de la Société Watch Tower et se sont mis à parler de ce qu’ils apprenaient. C’est ainsi que quelques années plus tard Emil Österman, qui n’était pas satisfait de l’enseignement des Églises, a eu entre les mains Le divin Plan des Âges. Il en a parlé à son ami Kaarlo Harteva, qui lui aussi cherchait la vérité. Conscient de la valeur de cet ouvrage, Harteva l’a traduit en finnois et, avec le soutien financier d’Österman, il l’a fait publier. Ils ont alors tous deux entrepris de le diffuser. Animés par un authentique esprit d’évangélisation, ils s’adressaient aux gens dans les lieux publics, se rendaient de maison en maison et prononçaient des discours devant des salles combles. À Helsinki, après avoir dénoncé les fausses doctrines de la chrétienté, frère Harteva a mis au défi les auditeurs de défendre la croyance en l’immortalité de l’âme à l’aide de la Bible. Tous les regards se sont tournés vers un ecclésiastique qui était présent. Personne n’a répondu; pas un n’a su réfuter la déclaration explicite d’Ézéchiel 18:4. Certains ont raconté qu’ils ont eu du mal à dormir cette nuit-là à cause de ce qu’ils avaient entendu.
Un humble jardinier devient évangélisateur en Europe
Entre-temps, Adolf Weber, sur le conseil d’une amie anabaptiste déjà âgée, a quitté la Suisse pour les États-Unis dans l’espoir d’y trouver une meilleure compréhension des Écritures. C’est là qu’il a répondu à une petite annonce et est devenu le jardinier de frère Russell. Grâce au Divin Plan des Âges (déjà traduit en allemand) et aux réunions tenues par frère Russell, Adolf a acquis la connaissance biblique qu’il recherchait, et il s’est fait baptiser en 1890. Les ‘yeux de son cœur ont été éclairés’ et il a pleinement compris quelles perspectives s’offraient à lui (Éph. 1:18). Après avoir donné avec zèle le témoignage pendant quelque temps aux États-Unis, il est retourné dans sa terre natale pour travailler “dans la vigne du Seigneur”. C’est ainsi qu’au milieu des années 1890 il était de retour en Suisse et communiquait la vérité biblique aux personnes réceptives.
Adolf gagnait sa vie en travaillant comme jardinier et forestier, mais ce qui comptait le plus pour lui, c’était l’œuvre d’évangélisation. Il prêchait à ses collègues de travail ainsi qu’aux habitants des villes et villages suisses des environs. Il parlait plusieurs langues et en a profité pour traduire en français des publications de la Société. À l’approche de l’hiver, il remplissait son sac à dos de publications bibliques et partait à pied pour la France, poussant parfois vers le nord jusqu’en Belgique et vers le sud jusqu’en Italie.
Afin de toucher les gens qu’il ne pouvait rencontrer personnellement, il faisait paraître des annonces dans des journaux et des périodiques pour proposer les manuels d’étude biblique disponibles. Élie Thérond, qui habitait le centre de la France, a répondu à une de ces annonces, a reconnu l’accent de la vérité et s’est rapidement mis à propager le message. De même, en Belgique, Jean-Baptiste Tilmant père a lu une annonce en 1901 et a commandé deux tomes de L’Aurore du Millénium. Il a été émerveillé de découvrir la vérité biblique exposée si clairement! Il n’a pas pu s’empêcher d’en parler à ses amis. L’année suivante, un groupe d’étude se réunissait régulièrement chez lui. Peu après, l’activité de ce petit groupe portait du fruit, même dans le nord de la France. Frère Weber a gardé le contact avec ces chrétiens et a rendu périodiquement des visites aux différents groupes qui se formaient pour les édifier sur le plan spirituel et leur donner des instructions sur la façon de communiquer la bonne nouvelle à autrui.
La bonne nouvelle parvient en Allemagne
Quelque temps après la parution de publications en allemand, dans le milieu des années 1880, des Américains d’origine allemande qui appréciaient ces ouvrages ont commencé à en envoyer à leurs proches restés au pays. Une infirmière de l’hôpital de Hambourg a remis des exemplaires de L’Aurore du Millénium à des personnes qu’elle côtoyait dans l’établissement. En 1896, en Suisse, Adolf Weber a fait paraître des annonces dans des journaux publiés en allemand et a envoyé par la poste des tracts en Allemagne. L’année suivante, un dépôt de publications a été ouvert en Allemagne pour faciliter la diffusion de l’édition allemande de La Tour de Garde, mais il n’y avait que peu de résultat. Toutefois, en 1902, Margarethe Demut, qui avait connu la vérité en Suisse, s’est installée à Tailfingen, à l’est de la Forêt-Noire. Sa prédication zélée a permis de jeter les bases d’un des premiers groupes d’Étudiants de la Bible en Allemagne. Samuel Lauper, un autre Suisse, s’est installé dans le Bergisches Land, au nord-est de Cologne, pour y propager la bonne nouvelle. En 1904, des réunions se tenaient dans cette région à Wermelskirchen. À ces réunions assistait un homme de 80 ans, Gottlieb Paas, qui cherchait la vérité. Peu de temps après la mise en place de ces réunions, sur son lit de mort Paas a brandi La Tour de Garde en disant: “Voici la vérité, restez-y attachés.”
Le nombre de personnes qui s’intéressaient aux vérités bibliques augmentait régulièrement. On a alors fait insérer des exemplaires gratuits de La Tour de Garde dans des journaux allemands, malgré le coût élevé de l’opération. Un rapport publié en 1905 indique que plus de 1 500 000 exemplaires de La Tour de Garde avaient été distribués. Cela constituait un véritable tour de force pour ce très petit groupe de chrétiens.
Tous les Étudiants de la Bible n’étaient pas d’avis qu’il suffisait de s’adresser à leur entourage. Dès 1907, frère Erler, un Allemand, a entrepris des voyages en Bohême, dans l’Autriche-Hongrie d’alors (plus tard en Tchécoslovaquie). Il a distribué des publications qui annonçaient Harmaguédon et parlaient des bénédictions que connaîtrait ensuite l’humanité. En 1912, un autre Étudiant de la Bible avait diffusé des publications bibliques dans la région de Memel, aujourd’hui en Lituanie. De nombreuses personnes réagissaient avec enthousiasme au message, et plusieurs groupes assez importants d’Étudiants de la Bible ont rapidement été constitués. Toutefois, quand ces personnes ont appris que les véritables chrétiens doivent aussi être des témoins, leurs rangs se sont clairsemés. Il n’empêche que quelques-uns sont devenus d’authentiques imitateurs de Christ, “le témoin fidèle et vrai”. — Rév. 3:14.
Quand Nikolaus von Tornow, baron allemand qui possédait de grandes propriétés en Russie, est allé en Suisse aux environs de 1907, il s’est vu remettre un des tracts de la Société Watch Tower. Deux années plus tard, il s’est présenté à une réunion de la congrégation de Berlin, en Allemagne, paré de son plus bel habit d’apparat et accompagné de son domestique personnel. Il lui a fallu du temps pour se faire à l’idée que Dieu confie de précieuses vérités à des gens modestes, mais ce qu’il a lu en 1 Corinthiens 1:26-29 l’y a aidé: “Vous voyez votre appel, frères: il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair qui ont été appelés, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens de haute naissance, (...) afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.” Convaincu d’avoir trouvé la vérité, von Tornow a vendu ses propriétés en Russie et a voué sa personne et ses biens à la cause du culte pur.
C’est en 1911 que se sont mariés les Herkendell, deux jeunes Allemands. La jeune mariée a demandé à son père, en quelque sorte comme dot, de l’argent pour financer un voyage de noces inhabituel. Elle projetait avec son mari un voyage très actif qui durerait de longs mois. Durant leur lune de miel, ils ont effectué une tournée de prédication en Russie afin d’y rencontrer les habitants d’expression allemande. Ainsi donc, de diverses manières, des gens de toute condition communiquaient ce qu’ils avaient appris du dessein plein d’amour de Dieu.
Accroissement en Grande-Bretagne
À la suite de la distribution massive de publications qui s’était effectuée en 1881 en Grande-Bretagne, quelques personnes pratiquantes ont compris qu’elles devaient agir conformément à ce qu’elles venaient d’apprendre. Tom Hart, qui habitait le quartier d’Islington, à Londres, a été de ceux qui ont pris au sérieux le conseil biblique repris par La Tour de Garde, “Sortez d’elle, mon peuple”, autrement dit de sortir des Églises de la chrétienté, d’origine babylonienne, et de se conformer à l’enseignement de la Bible (Rév. 18:4). Il s’est retiré de son Église en 1884, et d’autres l’ont imité.
De nombreuses personnes qui se réunissaient avec les groupes d’étude sont devenues des évangélisateurs efficaces. Certains proposaient les publications bibliques dans les parcs londoniens et dans des endroits où les gens venaient se détendre. D’autres concentraient leur activité dans les quartiers d’affaires. Mais la méthode classique consistait à se rendre de maison en maison.
Sarah Ferrie, abonnée à La Tour de Garde, a écrit à frère Russell pour lui signaler qu’elle se portait volontaire avec quelques amis pour se rendre à Glasgow et y distribuer des tracts. Quelle n’a pas été sa surprise de voir un camion déposer devant sa porte 30 000 tracts gratuits à distribuer! Minnie Greenlees, accompagnée par ses trois jeunes fils, se sont mis à l’œuvre: ils ont parcouru la campagne écossaise en carriole pour y distribuer des publications bibliques. Plus tard, Alfred Greenlees et Alexander MacGillivray ont distribué à bicyclette des tracts dans une grande partie de l’Écosse. Cette tâche n’était plus confiée à des distributeurs rémunérés; des bénévoles voués à Dieu s’en chargeaient maintenant.
Leur cœur les poussait
Dans une de ses paraboles, Jésus a dit que les personnes qui ‘entendraient la parole avec un cœur excellent et bon’ porteraient du fruit. Leur profonde reconnaissance pour les dispositions pleines d’amour de Dieu les pousserait à communiquer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu à autrui (Luc 8:8, 11, 15). D’une manière ou d’une autre, elles y parviendraient.
Ainsi, un voyageur argentin a reçu d’un marin italien une partie de la publication Nourriture pour les chrétiens réfléchis. Lors d’une escale au Pérou, ce voyageur a écrit pour en savoir davantage, et comme son intérêt était de plus en plus vif, en 1885 il a de nouveau écrit d’Argentine à l’éditeur de La Tour de Garde pour commander des publications. La même année, un marine anglais, qui était envoyé à Singapour avec son unité, a emporté La Tour de Garde. Ce périodique l’a enchanté et il s’en est servi là-bas à loisir pour faire connaître la pensée des Écritures sur des sujets de conversation courants. En 1910, deux chrétiennes se trouvaient à bord d’un bateau qui a fait escale dans le port de Colombo, à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka). Elles en ont profité pour donner le témoignage à M. Van Twest, officier de la capitainerie. Elles lui ont expliqué en détail les bonnes choses qu’elles avaient apprises dans le livre Le divin Plan des Âges. M. Van Twest est devenu Étudiant de la Bible, et la prédication a commencé à Sri Lanka.
Même ceux qui ne pouvaient voyager s’efforçaient de communiquer les vérités réconfortantes de la Bible à des habitants d’autres pays. Il ressort d’une lettre de remerciement publiée en 1905 qu’un habitant des États-Unis avait envoyé Le divin Plan des Âges à un correspondant de Saint-Thomas, dans ce qui était à l’époque les Antilles danoises. Après l’avoir lu, cet homme s’est agenouillé et a exprimé son profond désir de faire la volonté de Dieu. En 1911, Bellona Ferguson, du Brésil, a déclaré qu’elle était “une preuve vivante, indiscutable, que personne n’est trop éloigné pour être touché” par les eaux de la vérité. Il semble qu’elle recevait depuis 1899 les publications de la Société par la poste. Peu avant la Première Guerre mondiale, un immigrant allemand du Paraguay a trouvé un tract de la Société dans sa boîte aux lettres. Il a commandé d’autres publications et a rapidement voulu couper les ponts avec les Églises de la chrétienté. Personne sur place ne pouvait le baptiser; son beau-frère et lui ont donc décidé de se baptiser l’un l’autre. Ainsi, le témoignage était donné jusque dans les parties les plus lointaines de la terre et portait du fruit.
D’autres Étudiants de la Bible, par contre, se sont sentis poussés à retourner là où eux-mêmes ou leurs parents étaient nés pour entretenir leurs amis et leurs proches du merveilleux dessein de Jéhovah et leur montrer comment en bénéficier. C’est ainsi qu’en 1895 frère Oleszynski est retourné en Pologne porteur de la bonne nouvelle concernant “la rançon, le rétablissement et l’appel d’en haut”; malheureusement, il n’a pas persévéré dans ce service. En 1898, un ancien professeur d’origine hongroise a quitté le Canada pour répandre le message capital de la Bible dans son pays natal. En 1905, un homme qui était devenu Étudiant de la Bible en Amérique est retourné en Grèce pour y donner le témoignage. De même, en 1913, un jeune homme revenant de New York a rapporté les graines de la vérité biblique dans la ville dont était originaire sa famille, Ramallah, non loin de Jérusalem.
Les débuts de l’œuvre aux Antilles
Tandis que le nombre d’évangélisateurs augmentait aux États-Unis, au Canada et en Europe, la vérité biblique commençait aussi à s’implanter au Panama, au Costa Rica, en Guyane néerlandaise (aujourd’hui le Suriname) et en Guyane britannique (aujourd’hui la Guyana). Joseph Brathwaite a reçu de l’aide pour comprendre le dessein divin alors qu’il se trouvait en Guyane britannique. Il est ensuite parti pour la Barbade en 1905 afin d’y enseigner les gens à plein temps. Louis Facey et H. Clarke, qui ont entendu la bonne nouvelle alors qu’ils travaillaient au Costa Rica, sont retournés à la Jamaïque en 1897 pour communiquer leur nouvelle foi à leurs compatriotes. Les Jamaïquains qui ont embrassé la vérité étaient très zélés. En la seule année 1906, le groupe de la Jamaïque a distribué quelque 1 200 000 tracts et autres publications. Un autre émigrant qui avait connu la vérité au Panama a rapporté à la Grenade le message d’espoir de la Bible.
La révolution mexicaine de 1910-1911 a également permis de faire connaître le message du Royaume de Dieu à des personnes affamées de vérité. Beaucoup de Mexicains ont fui vers les États-Unis. Là, certains ont rencontré des Étudiants de la Bible, ont appris que Jéhovah se propose d’offrir aux humains une paix durable, et ont envoyé des publications au Mexique. Ce n’était cependant pas la première fois que le message parvenait dans ce pays. En 1893 déjà, La Tour de Garde avait publié une lettre de F. Stephenson, du Mexique, qui avait lu quelques-unes des publications de la Société Watch Tower et qui en demandait d’autres pour en faire profiter des amis au Mexique et en Europe.
Afin d’étendre la prédication des vérités bibliques à d’autres îles des Antilles et d’organiser régulièrement des réunions d’étude, frère Russell a envoyé en 1911 Evander Coward au Panama, puis dans les îles. Frère Coward était un orateur énergique et original, et il drainait souvent des foules de plusieurs centaines de personnes à l’occasion de ses discours dans lesquels il réfutait les doctrines de l’enfer de feu et de l’immortalité de l’âme humaine, et parlait de l’avenir magnifique de la terre. Pour toucher le plus grand nombre, il se déplaçait d’une ville à l’autre, et d’une île à l’autre: Sainte-Lucie, Dominique, Saint-Christophe, la Barbade, Grenade et la Trinité. Il a aussi pris la parole en public en Guyane britannique. Alors qu’il se trouvait au Panama, il a rencontré William Brown, un jeune frère jamaïquain très zélé, qui a ensuite servi à ses côtés dans plusieurs îles des Antilles. Frère Brown a plus tard participé à l’inauguration de l’œuvre dans d’autres territoires.
En 1913, frère Russell s’est lui-même rendu au Panama, à Cuba et en Jamaïque et y a prononcé des discours publics. À Kingston, en Jamaïque, l’un d’eux a été suivi par une foule rassemblée dans deux salles, mais il restait encore 2 000 personnes qui ne pouvaient entrer. La presse a fait remarquer que l’orateur n’avait pas parlé d’argent et que l’on n’avait pas fait de collecte.
La lumière de la vérité parvient en Afrique
À cette époque, la lumière de la vérité est également parvenue en Afrique. Dans une lettre postée en 1884 au Liberia, un homme qui aimait lire la Bible faisait savoir qu’il était entré en possession d’un exemplaire de Nourriture pour les chrétiens réfléchis, et en commandait d’autres pour les distribuer. Quelques années plus tard, un rapport signalait qu’un ecclésiastique libérien s’était défroqué pour être libre d’enseigner les vérités bibliques apprises dans La Tour de Garde et qu’un groupe d’Étudiants de la Bible tenaient régulièrement des réunions.
Un ministre de l’Église réformée hollandaise qui s’est rendu des Pays-Bas en Afrique du Sud en 1902 a emporté des publications de Charles Russell. Ce pasteur n’a pas vraiment tiré profit de ce livre, contrairement à Frans Ebersohn et à Stoffel Fourie, qui ont vu cette publication dans sa bibliothèque. Quelques années plus tard, deux Étudiantes de la Bible zélées sont venues d’Écosse s’installer à Durban pour y grossir les rangs des chrétiens locaux.
Malheureusement, parmi ceux qui ont reçu les publications écrites par frère Russell et en ont parlé à d’autres, quelques-uns, comme Joseph Booth et Elliott Kamwana, y ont mêlé des idées personnelles, invitant à militer en faveur d’un changement social. Cela tendait à donner une image faussée des authentiques Étudiants de la Bible en Afrique du Sud et au Nyassaland (appelé plus tard Malawi). Il n’empêche que beaucoup ont entendu le message qui présente le Royaume de Dieu comme l’unique solution aux problèmes de l’humanité, et ils l’ont apprécié.
Mais il allait falloir encore attendre des années avant que la prédication s’étende en Afrique.
L’Extrême-Orient et les îles du Pacifique
Les publications bibliques éditées par Charles Russell sont arrivées en Extrême-Orient peu après leur diffusion en Grande-Bretagne. En 1883, Mlle C. Downing, missionnaire presbytérienne à Tche-fou (Yantaï), en Chine, a reçu un numéro de La Tour de Garde. Elle a apprécié les explications sur la doctrine du rétablissement et a prêté le périodique à d’autres missionnaires, parmi lesquels Horace Randle, membre du Conseil des missions baptistes. L’intérêt de cet homme a été plus tard avivé quand il a vu dans le Times de Londres une publicité pour L’Aurore du Millénium dont il a ensuite reçu deux exemplaires, un de Mlle Downing, l’autre de sa mère qui habitait en Angleterre. De prime abord, il a été outré par son contenu. Mais quand il a acquis la conviction que la Trinité n’est pas un enseignement biblique, il s’est retiré de l’Église baptiste et s’est mis en devoir de faire profiter d’autres missionnaires de ce qu’il avait appris. En 1900, il a signalé qu’il avait envoyé 2 324 lettres et quelque 5 000 tracts à des missionnaires en Chine, au Japon, en Corée et au Siam (Thaïlande). En Extrême-Orient, en ce temps-là, le témoignage était surtout donné aux missionnaires de la chrétienté.
Dans la même période, des graines de vérité étaient aussi semées en Australie et en Nouvelle-Zélande. Les premières “graines” ont sans doute été apportées en Australie en 1884 ou peu après par un homme qui avait rencontré un Étudiant de la Bible dans un parc en Angleterre. D’autres “graines” ont été envoyées au gré des courriers entre amis et proches.
Quelques années seulement après la création du Commonwealth australien en 1901, La Tour de Garde y comptait des centaines d’abonnés. Certains ont saisi le privilège de communiquer la vérité à autrui et ont envoyé des milliers de tracts en s’aidant des listes électorales. On en distribuait d’autres dans les rues, et dans les régions reculées on en jetait des liasses depuis les trains pour atteindre les ouvriers et ceux qui habitaient le long des lignes de chemin de fer. On avertissait les gens que les temps des Gentils s’achèveraient en 1914. En Australie occidentale, Arthur Williams père en parlait à tous les clients de son magasin et invitait ceux qui étaient bien disposés à venir en discuter chez lui.
On ignore qui a introduit la vérité biblique en Nouvelle-Zélande. Toujours est-il qu’en 1898, Andrew Anderson, un résident, avait lu suffisamment de publications de la Société Watch Tower pour se dépenser dans le service de colporteur. Il a été épaulé en 1904 par d’autres colporteurs venus d’Amérique et de la filiale d’Australie, filiale qui avait été ouverte cette année-là. Mme Thomas Barry, de Christchurch, a accepté six tomes des Études des Écritures que lui a proposés l’un des colporteurs. En 1906, son fils Bill, embarqué pour l’Angleterre, a profité des six semaines de voyage pour les lire et a reconnu qu’ils disaient vrai. Le fils de Bill, Lloyd, est devenu des années plus tard membre du Collège central des Témoins de Jéhovah.
Ed Nelson faisait partie des prédicateurs zélés des débuts de l’œuvre. Le tact n’était pas son fort, mais il a consacré 50 années de sa vie à propager le message du Royaume du nord au sud de la Nouvelle-Zélande. Au bout de quelques années, il a été rejoint par Frank Grove, qui travaillait sa mémoire pour compenser sa mauvaise vue et qui a également été pionnier pendant plus de 50 ans, jusqu’à sa mort.
Un tour du monde pour étendre la prédication de la bonne nouvelle
Une nouvelle action de grande envergure a été menée en 1911-1912 pour aider les habitants des pays d’Orient. L’Association internationale des Étudiants de la Bible a dépêché un comité de sept hommes dirigé par Charles Russell pour évaluer la situation sur place. Tout au long de leur périple, ils ont expliqué que Dieu se propose de procurer des bénédictions à l’humanité par le moyen du Royaume messianique. Parfois, les auditeurs étaient peu nombreux, mais aux Philippines et en Inde, par exemple, ils étaient des milliers. Cette campagne n’avait pas pour but de collecter des fonds en vue de la conversion du monde, comme cela se pratiquait couramment à l’époque dans la chrétienté. Ces frères ont remarqué que les missionnaires de la chrétienté s’efforçaient surtout de promouvoir des systèmes éducatifs. Mais frère Russell était convaincu que les gens avaient par-dessus tout besoin de “la bonne nouvelle au sujet de Dieu qui, dans son amour, a prévu que vienne le Royaume messianique”. Loin d’espérer convertir le monde, les Étudiants de la Bible comprenaient grâce aux Écritures qu’il fallait donner un témoignage, et que cela permettrait le rassemblement de “quelques élus de toutes nations, peuples, tribus et langues, qui deviendraient membres de la classe de l’Épouse [du Christ], s’assiéraient avec lui sur son trône pendant les mille ans, et contribueraient à élever l’ensemble de la race humaine”a. — Rév. 5:9, 10; 14:1-5.
Après avoir passé du temps au Japon, en Chine, aux Philippines et en d’autres endroits, les frères composant ce comité ont parcouru 6 400 kilomètres de plus pour se rendre en Inde. Quelques résidents avaient lu des publications de la Société et avaient envoyé des lettres de remerciement dès 1887. Un jeune homme qui avait fait ses études en Amérique avait rencontré frère Russell et avait connu la vérité. À partir de 1905, il avait donné le témoignage parmi les habitants d’expression tamoule. Ce jeune homme a collaboré à la formation d’une quarantaine de groupes d’étude de la Bible dans le sud de l’Inde. Mais, après avoir prêché aux autres, il est lui-même devenu un homme désapprouvé pour avoir négligé les règles de conduite chrétiennes. — Voir 1 Corinthiens 9:26, 27.
Toutefois, à peu près à la même époque, dans le Travancore (Kerala), A. Joseph a écrit à un adventiste renommé pour demander certains éclaircissements et a reçu en guise de réponse un tome des Études des Écritures. Il y a trouvé des réponses bibliques satisfaisantes à ses questions concernant la Trinité. Bientôt, lui et des membres de sa famille ont parcouru les rizières et les plantations de cocotiers du sud de l’Inde pour communiquer les enseignements qu’ils venaient de découvrir. Après la visite de frère Russell en 1912, frère Joseph s’est engagé dans le service à plein temps. Il a voyagé en train, en char à bœufs, en bateau ou à pied pour distribuer des publications bibliques. Ses discours publics étaient souvent interrompus par des ecclésiastiques et leurs fidèles. À Kundara, alors qu’un membre du clergé “chrétien” poussait ses ouailles à perturber une réunion et à lancer de la boue sur frère Joseph, un hindou de haute naissance est venu voir quel était ce tumulte. Il a demandé à l’homme d’Église: “Est-ce là l’exemple laissé par Christ aux chrétiens, ou n’êtes-vous pas en train d’imiter les Pharisiens du temps de Jésus?” L’ecclésiastique a alors battu en retraite.
Avant que ne s’achève le voyage de quatre mois du comité de l’AIÉB, frère Russell a chargé frère Robert Hollister de représenter la Société en Orient et de veiller à ce que s’effectue l’annonce du Royaume messianique, une disposition divine pleine d’amour. Des tracts spéciaux ont été imprimés en dix langues et des millions d’exemplaires ont été distribués en Inde, en Chine, au Japon et en Corée par des autochtones. On a ensuite traduit des livres en quatre langues orientales pour procurer une nourriture spirituelle plus abondante aux personnes bien disposées. Le territoire était vaste et il restait beaucoup à faire. Il n’empêche qu’un travail extraordinaire avait déjà été réalisé à l’époque.
Un témoignage impressionnant a été donné
Avant que n’éclate la dévastatrice Première Guerre mondiale, un très grand témoignage avait été donné dans le monde entier. Frère Russell avait effectué des tournées pour prononcer des discours dans des centaines de villes aux États-Unis et au Canada, entrepris plusieurs voyages en Europe, pris la parole au Panama, à la Jamaïque, à Cuba, ainsi que dans les principales villes d’Orient. Des dizaines de milliers d’auditeurs avaient suivi ses discours vibrants et l’avaient vu répondre en public aux questions bibliques que posaient tant ses amis que ses détracteurs. Cela avait suscité beaucoup d’intérêt, et des milliers de journaux d’Amérique, d’Europe, d’Afrique du Sud et d’Australie publiaient régulièrement des sermons de frère Russell. Les Étudiants de la Bible avaient distribué des millions de livres, ainsi que des centaines de millions de tracts et autres imprimés en 35 langues.
Même s’il a joué un rôle de premier plan, frère Russell n’était pas le seul à prêcher. Des hommes et des femmes disséminés dans le monde entier unissaient leurs voix comme témoins de Jéhovah et de son Fils, Jésus Christ. Tous ne prononçaient pas des discours publics. Ils étaient issus de tous milieux et exploitaient toutes les possibilités qui s’offraient à eux pour répandre la bonne nouvelle.
En janvier 1914, à moins d’un an de la fin des temps des Gentils, un autre témoignage puissant a été rendu grâce au “Photo-Drame de la Création”, qui illustrait d’une manière nouvelle le dessein de Dieu à l’égard de la terre. Il consistait en belles vues fixes en couleurs peintes à la main et en films accompagnés d’un enregistrement sonore. Aux États-Unis, la presse a signalé que chaque semaine des centaines de milliers de personnes assistaient aux projections. Aux États-Unis et au Canada réunis, au bout d’un an, près de huit millions de spectateurs avaient vu le Photo-Drame. À Londres, les foules se sont massées à l’Opéra et au Royal Albert Hall pour assister à cette présentation qui consistait en quatre séances de deux heures. En six mois, plus de 1 226 000 personnes avaient pu la voir dans 98 villes de Grande-Bretagne. En Allemagne et en Suisse, les salles disponibles étaient combles. De larges auditoires se sont également rassemblés en Scandinavie et dans le Pacifique Sud.
Vraiment, dans le monde entier, un témoignage remarquable et puissant a été rendu dans les premières décennies de l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah! Mais, à vrai dire, l’œuvre n’en était qu’à ses débuts.
Les prédicateurs qui répandaient la vérité biblique n’étaient que quelques centaines au début des années 1880. En 1914, d’après les chiffres disponibles, ils étaient environ 5 100 à prendre part à l’activité. D’autres distribuaient peut-être quelques tracts occasionnellement. Les ouvriers étaient relativement peu nombreux.
Ce petit groupe d’évangélisateurs avaient déjà, de diverses manières, étendu leur proclamation du Royaume de Dieu à 68 pays à la fin de 1914. Dans 30 de ces pays, l’organisation de leur activité de prédication et d’enseignement était déjà en bonne voie.
Des millions de livres et des centaines de millions de tracts ont été distribués avant la fin des temps des Gentils. Par ailleurs, en 1913, pas moins de 2 000 journaux publiaient régulièrement des sermons écrits par Charles Russell, et, en 1914, plus de 9 000 000 de personnes ont vu sur trois continents le “Photo-Drame de la Création”.
Vraiment, un témoignage extraordinaire a été donné! Mais la suite allait se révéler encore plus impressionnante.
[Note]
a Un récit détaillé de ce tour du monde a été publié dans La Tour de Garde du 15 avril 1912 (angl.).
[Carte/Illustration, page 405]
Charles Russell a prononcé des discours dans plus de 300 villes (dans les lieux signalés par des points) d’Amérique du Nord et des Antilles, souvent en 10 ou 15 occasions différentes.
[Carte]
(Voir la publication)
[Carte, page 407]
(Voir la publication)
Tournées de prédication de frère Russell en Europe, qui passaient généralement par l’Angleterre.
1891
1903
1908
1909
1910 (deux fois)
1911 (deux fois)
1912 (deux fois)
1913
1914
[Carte/Illustration, page 408]
Lorsqu’il a acquis la certitude d’avoir trouvé la vérité, Andreas Øiseth s’est mis à distribuer avec zèle des publications bibliques dans presque toute la Norvège.
[Carte]
(Voir la publication)
NORVÈGE
Cercle arctique
[Carte/Illustration, page 409]
Depuis la Suisse, Adolf Weber, humble jardinier, a répandu la bonne nouvelle dans d’autres pays d’Europe.
[Carte]
(Voir la publication)
BELGIQUE
ALLEMAGNE
SUISSE
ITALIE
FRANCE
[Carte/Illustration, page 413]
Bellona Ferguson, au Brésil: “Personne n’est trop éloigné pour être touché.”
[Carte]
(Voir la publication)
BRÉSIL
[Carte, page 415]
(Voir la publication)
ALASKA
CANADA
GROENLAND
SAINT-PIERRE ET MIQUELON
ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE
BERMUDES
BAHAMAS
ÎLES TURKS ET CAÏQUES
CUBA
MEXIQUE
BÉLIZE
JAMAÏQUE
HAÏTI
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
PORTO RICO
ÎLES CAÏMANES
GUATEMALA
SALVADOR
HONDURAS
NICARAGUA
COSTA RICA
PANAMA
VENEZUELA
GUYANA
SURINAME
GUYANE
COLOMBIE
ÉQUATEUR
PÉROU
BRÉSIL
BOLIVIE
PARAGUAY
CHILI
ARGENTINE
URUGUAY
MALOUINES
ÎLES VIERGES (USA)
ÎLES VIERGES (G.-B.)
ANGUILLA
SAINT-MARTIN
SABA
SAINT-EUSTACHE
SAINT-CHRISTOPHE
NIÉVÈS
ANTIGUA
MONTSERRAT
GUADELOUPE
DOMINIQUE
MARTINIQUE
SAINTE-LUCIE
SAINT-VINCENT
BARBADE
GRENADE
TRINITÉ
ARUBA
BONAIRE
CURAÇAO
OCÉAN ATLANTIQUE
MER DES ANTILLES
OCÉAN PACIFIQUE
[Carte, pages 416, 417]
(Voir la publication)
GROENLAND
SUÈDE
ISLANDE
NORVÈGE
ÎLES FÉROÉ
FINLANDE
RUSSIE
ESTONIE
LETTONIE
LITUANIE
BIÉLORUSSIE
UKRAINE
MOLDAVIE
GÉORGIE
ARMÉNIE
AZERBAÏDJAN
TURKMÉNISTAN
OUZBÉKISTAN
KAZAKHSTAN
TADJIKISTAN
KIRGHIZISTAN
POLOGNE
ALLEMAGNE
PAYS-BAS
DANEMARK
GRANDE-BRETAGNE
IRLANDE
BELGIQUE
LUXEMBOURG
LIECHTENSTEIN
SUISSE
TCHÉCOSLOVAQUIE
AUTRICHE
HONGRIE
ROUMANIE
YOUGOSLAVIE
SLOVÉNIE
CROATIE
BOSNIE-HERZÉGOVINE
BULGARIE
ALBANIE
ITALIE
GIBRALTAR
ESPAGNE
PORTUGAL
MADÈRE
MAROC
SAHARA OCCIDENTAL
SÉNÉGAL
ALGÉRIE
LIBYE
ÉGYPTE
LIBAN
ISRAËL
CHYPRE
SYRIE
TURQUIE
IRAQ
IRAN
BAHREÏN
KOWEÏT
JORDANIE
ARABIE SAOUDITE
QATAR
ÉMIRATS ARABES UNIS
OMAN
YÉMEN
DJIBOUTI
SOMALIE
ÉTHIOPIE
SOUDAN
TCHAD
NIGER
MALI
MAURITANIE
GAMBIE
GUINÉE-BISSAO
SIERRA LEONE
LIBERIA
CÔTE D’IVOIRE
GHANA
TOGO
BÉNIN
GUINÉE ÉQUATORIALE
SAINTE-HÉLÈNE
GUINÉE
BURKINA FASO
NIGERIA
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
CAMEROUN
SAO TOMÉ
CONGO
GABON
ZAÏRE
ANGOLA
ZAMBIE
NAMIBIE
BOTSWANA
AFRIQUE DU SUD
LESOTHO
SWAZILAND
MOZAMBIQUE
MADAGASCAR
RÉUNION
MAURICE
RODRIGUES
ZIMBABWE
MAYOTTE
COMORES
SEYCHELLES
MALAWI
TANZANIE
BURUNDI
RWANDA
OUGANDA
FRANCE
PAKISTAN
AFGHANISTAN
NÉPAL
BHOUTAN
MYANMAR
BANGLADESH
INDE
SRI LANKA
GRÈCE
MALTE
TUNISIE
KENYA
OCÉAN ATLANTIQUE
OCÉAN INDIEN
ALASKA
MONGOLIE
RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE
JAPON
RÉPUBLIQUE DE CORÉE
CHINE
MACAO
TAÏWAN
HONG-KONG
LAOS
THAÏLANDE
VIÊT NAM
CAMBODGE
PHILIPPINES
BRUNÉI
MALAISIE
SINGAPOUR
INDONÉSIE
SAIPAN
ROTA
GUAM
YAP
BELAU
CHUUK
POHNPEI
KOSRAE
ÎLES MARSHALL
NAURU
PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE
AUSTRALIE
NOUVELLE-ZÉLANDE
ÎLE NORFOLK
NOUVELLE-CALÉDONIE
ÎLES WALLIS ET FUTUNA
VANUATU
TUVALU
FIDJI
KIRIBATI
TOKELAU
HAWAII
SAMOA OCCIDENTALES
SAMOA AMÉRICAINES
NIUE
TONGA
ÎLES COOK
TAHITI
ÎLES SALOMON
OCÉAN PACIFIQUE
OCÉAN INDIEN
[Carte/Illustration, page 421]
A. Joseph, originaire de l’Inde, et sa fille, Gracie, qui est plus tard devenue missionnaire de Galaad.
[Carte]
(Voir la publication)
INDE
[Illustration, page 411]
Hermann Herkendell a entrepris avec sa femme un voyage de noces de plusieurs mois pour prêcher aux personnes d’expression allemande en Russie.
[Illustrations, page 412]
Les colporteurs d’Angleterre et d’Écosse se sont efforcés de donner le témoignage à tout le monde; même leurs enfants aidaient à distribuer les tracts.
[Illustration, page 414]
Evander Coward a répandu la vérité biblique avec zèle aux Antilles.
[Illustration, page 418]
Frank Grove, à gauche, et Ed Nelson (ici avec leurs femmes) ont tous deux répandu le message du Royaume à plein temps dans toute la Nouvelle-Zélande pendant plus de 50 ans.
[Illustrations, page 420]
Charles Russell et six collaborateurs ont effectué un voyage autour du monde en 1911-1912 pour étendre la prédication de la bonne nouvelle.
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Partie 2 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terreLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
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Chapitre 22
Partie 2 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
Les pages 423 à 443 du présent ouvrage traitent de la proclamation du Royaume de 1914 à 1935. Pour les Témoins de Jéhovah, 1914 est l’année où Jésus Christ a été intronisé Roi dans le ciel et a reçu autorité sur les nations. Quand il était sur la terre, Jésus a annoncé que le message du Royaume serait prêché dans le monde entier en dépit d’une persécution virulente, ce qui constituerait l’un des éléments du signe de sa présence en tant que Roi. Que s’est-il effectivement passé durant les années qui ont suivi 1914?
EN 1914, l’Europe a rapidement sombré dans la Première Guerre mondiale. Puis ce conflit s’est étendu au point de toucher des pays dont le nombre d’habitants, estime-t-on, représentait en tout 90 % de la population mondiale. Quelle répercussion les événements liés à ce conflit ont-ils eue sur la prédication des serviteurs de Jéhovah?
Les sombres années de la Première Guerre mondiale
Pendant les premières années de cette guerre, la prédication a été peu entravée, sauf en Allemagne et en France. On distribuait librement des tracts un peu partout, et on a continué de présenter le “Photo-Drame”, quoique sur une échelle beaucoup plus réduite, après 1914. Aux Antilles britanniques, alors que la fièvre de la guerre gagnait les esprits, le clergé a fait courir le bruit qu’Evander Coward, le représentant de la Société Watch Tower, était un espion allemand; celui-ci a donc été expulsé. L’opposition s’est faite plus vive lorsqu’on a commencé à distribuer le livre Le mystère accompli, en 1917.
Ce livre a rencontré un grand succès auprès du public. En quelques mois seulement, la Société a dû plus que décupler la commande qu’elle avait passée initialement aux imprimeurs. Mais le clergé de la chrétienté était furieux, car ce livre dévoilait ses fausses doctrines. Les ecclésiastiques ont donc profité de l’hystérie provoquée par la guerre pour dénigrer les Étudiants de la Bible auprès des autorités. À travers tous les États-Unis, des hommes et des femmes ont été molestés par la foule, parfois enduits de goudron et recouverts de plumes, pour avoir distribué des publications éditées par les Étudiants de la Bible. Au Canada, des perquisitions ont eu lieu, et des personnes trouvées en possession de publications de l’Association internationale des Étudiants de la Bible ont été condamnées à de lourdes amendes ou à des peines de prison. Cependant, Thomas J. Sullivan, qui était alors à Port Arthur (Ontario), a relaté qu’en une certaine occasion, alors qu’il était incarcéré pour une nuit, les policiers ont emporté pour eux-mêmes et leurs amis des publications interdites, et ont ainsi distribué tout le stock dont ils disposaient — soit 500 ou 600 exemplaires environ.
Pas même le siège mondial de la Société Watch Tower n’a été épargné, et des membres du personnel administratif ont été condamnés à de longues peines de prison. Pour leurs ennemis, les Étudiants de la Bible avaient reçu un coup mortel. Ils avaient pour ainsi dire cessé d’accomplir toute œuvre de témoignage susceptible de retenir l’attention du public.
Néanmoins, même derrière les barreaux, les Étudiants de la Bible ont saisi des occasions de parler aux autres détenus des desseins divins. Quand les membres du bureau exécutif de la Société et leurs proches collaborateurs sont arrivés à la prison d’Atlanta (Géorgie), on leur a, dans un premier temps, interdit de prêcher. Toutefois, ils ont discuté de la Bible entre eux, et leur conduite a intrigué les autres détenus. Au bout de quelques mois, le sous-directeur leur a demandé de donner des cours d’instruction religieuse aux prisonniers. L’assistance à ces cours a fini par atteindre 90 personnes environ.
D’autres chrétiens fidèles ont également trouvé des moyens de donner le témoignage pendant ces années de guerre. Dans certains cas, ils ont pu ainsi proclamer le message du Royaume dans des pays où la bonne nouvelle n’avait jamais été prêchée. Ainsi, en 1915, à New York, un Étudiant de la Bible d’origine colombienne a envoyé un exemplaire en espagnol du livre Le divin Plan des Âges à un homme de Bogotá (Colombie). Au bout de six mois, il a reçu une réponse de cet homme, Ramón Salgar. Celui-ci avait étudié attentivement le livre, l’avait apprécié et désirait en recevoir 200 exemplaires en vue de les distribuer. De son côté, frère J. Mayer, de Brooklyn (New York), a posté de nombreux exemplaires en espagnol du tract mensuel L’Étudiant de la Bible. Un grand nombre de ces tracts sont parvenus en Espagne. Par ailleurs, lorsqu’Alfred Joseph a quitté la Barbade pour travailler en Sierra Leone (Afrique occidentale), il a saisi les occasions qui se sont offertes à lui d’y donner le témoignage concernant les vérités bibliques qu’il venait d’apprendre.
Les colporteurs, dont le ministère consistait à rendre visite aux gens à leur domicile et dans les quartiers d’affaires, rencontraient souvent davantage de difficultés. Mais plusieurs sont allés au Salvador, au Honduras et au Guatemala, où, dès 1916, ils ont activement communiqué à autrui les vérités salvatrices. Durant cette période, Fanny Mackenzie, une Anglaise qui était colporteur, s’est rendue deux fois en Extrême-Orient par bateau; elle a fait escale en Chine, au Japon et en Corée pour y distribuer des publications bibliques, puis elle a entretenu par courrier l’intérêt pour le message qu’elle avait suscité chez des personnes bien disposées.
Toutefois, selon les archives disponibles, le nombre d’Étudiants de la Bible qui prenaient part à la prédication de la bonne nouvelle en 1918 était de 20 % inférieur au nombre enregistré en 1914. Allaient-ils persister dans leur ministère malgré le dur traitement qui leur avait été infligé durant les années de guerre?
Revivifiés
Le 26 mars 1919, le président de la Société Watch Tower et ses collaborateurs, qui étaient injustement détenus, ont été relaxés. Des dispositions ont rapidement été prises pour promouvoir la proclamation de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans le monde entier.
En septembre de cette année-là, à l’assemblée générale de Cedar Point (Ohio), Joseph Rutherford, alors président de la Société, a prononcé un discours soulignant que la proclamation du glorieux Royaume messianique de Dieu constituait l’activité primordiale des serviteurs de Jéhovah.
À l’époque, cependant, ceux qui participaient à cette activité étaient peu nombreux. Certains qui, par crainte, avaient cessé de témoigner en 1918 sont redevenus actifs et quelques autres se sont joints à eux. Mais les archives disponibles montrent qu’en 1919 ils n’étaient que 5 700 environ à donner activement le témoignage dans 43 pays. Pourtant, Jésus avait annoncé ceci: “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations.” (Mat. 24:14). Comment cette prophétie pourrait-elle s’accomplir? Ils ne le savaient pas, pas plus qu’ils ne savaient pendant combien de temps encore la prédication se poursuivrait. Malgré tout, ceux d’entre eux qui étaient de fidèles serviteurs de Dieu étaient bien décidés à poursuivre l’œuvre. Ils étaient confiants que Jéhovah dirigerait les choses selon sa volonté.
Ils se sont donc mis au travail, remplis de zèle pour l’œuvre qu’ils voyaient esquissée dans la Parole de Dieu. Les rapports disponibles indiquent qu’en trois ans le nombre des prédicateurs du Royaume de Dieu a presque triplé, et en 1922 ils prêchaient diligemment dans 15 pays de plus qu’en 1919.
Un sujet étonnant
Ils proclamaient ce message galvanisant: “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais.” Frère Rutherford avait présenté un discours sur ce thème en 1918. Tel était aussi le titre d’une brochure de 128 pages publiée en 1920 en anglais. De 1920 à 1925, ce même sujet a été traité à de nombreuses reprises dans le cadre de réunions publiques à travers le monde, partout où des orateurs étaient disponibles, et en plus de 30 langues. Au lieu de dire, comme la chrétienté, que tous les bons iraient au ciel, ce discours attirait l’attention sur l’espérance biblique offerte aux humains obéissants de vivre éternellement sur une terre transformée en paradis (És. 45:18; Rév. 21:1-5). D’autre part, il exprimait la conviction que la réalisation de cette espérance était très proche.
On annonçait ce discours au moyen d’avis dans les journaux et d’affiches. Son thème intriguait les gens. Le 26 février 1922, rien qu’en Allemagne, plus de 70 000 personnes l’ont écouté en 121 endroits. Il n’était pas rare que l’assistance s’élève à plusieurs milliers de personnes. Par exemple, au Cap (Afrique du Sud), 2 000 personnes se sont massées à l’Opéra pour écouter ce discours. Dans la capitale norvégienne, non seulement la salle de conférences de l’université était comble, mais on avait refusé tant de personnes qu’il a fallu redonner le discours une heure et demie après — à nouveau devant une salle comble.
À Klagenfurt (Autriche), Richard Heide a dit à son père: “Je vais aller écouter ce discours, peu importe ce qu’en disent les gens. Je veux savoir si ce n’est que du bluff ou s’il y a du vrai là-dedans!” Ce qu’il a entendu l’a profondément touché et, peu après, lui et sa sœur, ainsi que leurs parents, faisaient connaître à autrui ce qu’ils avaient appris.
Cependant, le message biblique n’était pas uniquement destiné à l’auditoire des discours publics. Il fallait le communiquer à d’autres encore, non seulement à la population en général, mais aussi aux dirigeants politiques et religieux. Comment y parviendrait-on?
De puissantes déclarations sont diffusées
Les imprimés ont permis de toucher des millions de personnes qui jusque-là avaient seulement entendu parler des Étudiants de la Bible et du message qu’ils proclamaient. De 1922 à 1928, on a donné un témoignage efficace au moyen de sept puissantes déclarations imprimées reprenant les résolutions adoptées lors des assemblées annuelles des Étudiants de la Bible. Le tirage total de la plupart de ces résolutions a atteint les 45 à 50 millions d’exemplaires — chiffre vraiment prodigieux pour le petit nombre de prédicateurs du Royaume de l’époque!
La résolution de 1922 s’intitulait “Un appel aux conducteurs des nations!” Elle les mettait au défi de justifier leur prétention de pouvoir apporter la paix, la prospérité et le bonheur aux humains, ou, s’ils n’y parvenaient pas, de reconnaître que seul le Royaume de Dieu dirigé par le Messie en était capable. En Allemagne, cette résolution a été envoyée en recommandé au kaiser allemand en exil, ainsi qu’au président et à tous les membres du Reichstag; en outre, on en a distribué quelque quatre millions et demi d’exemplaires au public. En Afrique du Sud, Edwin Scott, un sac d’imprimés sur le dos et un bâton à la main pour repousser les chiens méchants, a parcouru 64 villes et distribué à lui seul 50 000 exemplaires de la résolution. Par la suite, dans ce pays, quand les pasteurs de l’Église réformée hollandaise passaient chez les paroissiens pour une collecte, beaucoup leur mettaient un exemplaire de la résolution sous le nez et leur disaient: “Si vous lisiez ceci, vous ne reviendriez pas nous réclamer de l’argent!”
En 1924, on a adopté la résolution intitulée “Acte d’accusation contre le clergé”. Elle dénonçait les enseignements et les pratiques non bibliques du clergé, ainsi que le rôle qu’il avait joué durant la guerre mondiale, et elle exhortait les gens à étudier la Bible pour découvrir par eux-mêmes les merveilleuses dispositions prises par Dieu pour le bonheur de l’humanité. En Italie, à l’époque, les imprimeurs devaient apposer leur nom sur tous les ouvrages qu’ils éditaient, et ils étaient tenus pour responsables de leur contenu. L’Étudiant de la Bible qui dirigeait l’œuvre en Italie a remis une copie de la résolution aux autorités gouvernementales, qui l’ont examinée et ont aussitôt donné l’autorisation de la faire imprimer et distribuer. De leur côté, les imprimeurs ont accepté de la publier. C’est ainsi que les frères ont pu en distribuer 100 000 en Italie. Ils se sont assurés que le pape et les autres hauts dignitaires du Vatican en reçoivent un exemplaire.
En France, la distribution de cette résolution a entraîné une réaction véhémente et souvent violente du clergé. En Poméranie (Allemagne), un ecclésiastique a attaqué en justice la Société et son représentant, mais le tribunal a rendu un verdict qui lui était défavorable après avoir pris connaissance du texte intégral de la résolution. Au Canada, dans la province de Québec, afin que la distribution du texte de la résolution ne soit pas entravée par les opposants à la vérité, les Étudiants de la Bible l’ont effectuée de très bonne heure, à partir de 3 heures du matin. Quels moments exaltants!
Reconnaissance pour des réponses satisfaisantes
Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux Arméniens ont été chassés sans ménagement de leur foyer et de leur pays natal. À peine une vingtaine d’années plus tôt, des centaines de milliers de leurs compatriotes avaient déjà été massacrés et d’autres avaient dû fuir pour sauver leur vie. Quelques-uns avaient lu les publications de la Société Watch Tower dans leur pays natal, mais bien davantage ont reçu un témoignage dans les pays où ils se sont réfugiés.
Après tout ce qu’ils avaient subi, beaucoup se demandaient amèrement pourquoi Dieu permet le mal. Cette situation durerait-elle encore longtemps? Quand prendrait-elle fin? Certains ont été reconnaissants de découvrir les réponses satisfaisantes que la Bible donne à ces questions. Des groupes d’Étudiants de la Bible arméniens se sont rapidement formés dans diverses villes du Proche-Orient. Leur zèle pour la vérité biblique a touché certains de leurs compatriotes. En Éthiopie, en Argentine et aux États-Unis, d’autres Arméniens ont accepté la bonne nouvelle et ont endossé avec joie la responsabilité de la communiquer à autrui. L’un d’eux, Krikor Hatzakortzian, a répandu le message du Royaume comme pionnier isolé en Éthiopie au milieu des années 30. Un jour, ayant été l’objet d’une accusation mensongère, il a même eu la possibilité de donner le témoignage à l’empereur Hailé Sélassié.
Ils ramènent les précieuses vérités dans leur pays natal
L’ardent désir de communiquer à autrui les précieuses vérités bibliques en a incité beaucoup à retourner dans leur pays natal pour y participer à l’œuvre d’évangélisation. Ils ont réagi comme les personnes originaires de nombreux pays qui se trouvaient à Jérusalem en l’an 33 et qui sont devenues croyantes quand l’esprit saint a incité les apôtres et leurs compagnons à parler en de nombreuses langues “des choses magnifiques de Dieu”. (Actes 2:1-11.) Ces croyants du Ier siècle ont ramené la vérité dans leur pays d’origine, et c’est aussi ce qu’ont fait les disciples de notre époque.
Des Italiens et des Italiennes qui avaient connu la vérité en dehors de leur pays y sont retournés. Après leur retour d’Amérique, de Belgique ou de France, ils ont proclamé avec zèle le message du Royaume là où ils se sont installés. Des colporteurs du canton suisse du Tessin, où l’on parle italien, se sont également rendus en Italie pour y accomplir leur activité. Malgré leur faible nombre, en travaillant dans l’unité ils ont bientôt parcouru presque toutes les grandes villes et nombre de villages d’Italie. Ils ne comptaient pas les heures qu’ils consacraient à cette œuvre. Convaincus de prêcher les vérités que Dieu voulait faire connaître aux humains, ils se dépensaient souvent du matin au soir pour rencontrer le plus de personnes possible.
Des Grecs qui étaient devenus Étudiants de la Bible en Albanie, pays tout proche du leur, et aussi loin qu’en Amérique, ont eux aussi pensé à leur pays natal. Ils étaient transportés d’apprendre que le culte des images est contraire à la Bible (Ex. 20:4, 5; 1 Jean 5:21), que les pécheurs ne sont pas brûlés dans un enfer de feu (Eccl. 9:5, 10; Ézéch. 18:4; Rév. 21:8) et que le Royaume de Dieu est la seule espérance de l’humanité (Dan. 2:44; Mat. 6:9, 10). Ils étaient impatients de faire connaître ces vérités à leurs compatriotes — en personne ou par courrier. C’est ainsi que des groupes de Témoins de Jéhovah se sont constitués tant en Grèce continentale que dans les îles.
Après la Première Guerre mondiale, des milliers de Polonais sont arrivés en France pour travailler dans les mines de charbon. Les frères français ne les ont pas laissés de côté sous prétexte qu’ils parlaient une autre langue. Ils se sont arrangés pour communiquer les vérités bibliques à ces mineurs et à leurs familles, et le nombre de ceux qui ont accepté le message n’a pas tardé à dépasser celui des Témoins français. Quand, à la suite d’un arrêté d’expulsion gouvernemental, 280 d’entre eux ont dû retourner en Pologne en 1935, cela n’a fait que renforcer la prédication du message du Royaume dans ce pays. Ainsi, en 1935 il y avait 1 090 proclamateurs du Royaume qui participaient à l’œuvre de témoignage en Pologne.
D’autres ont accepté l’invitation de quitter leur terre natale pour aller prêcher à l’étranger.
Des évangélisateurs européens zélés apportent leur aide à l’étranger
Grâce à la coopération internationale, les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) ont entendu parler des vérités réconfortantes relatives au Royaume de Dieu. Durant les années 20 et 30, des frères et sœurs zélés originaires d’Allemagne, d’Angleterre, du Danemark et de Finlande ont donné un grand témoignage dans cette région. Ils ont distribué de nombreuses publications, et des milliers de personnes ont entendu les discours bibliques présentés. On pouvait même capter dans ce qui était alors l’Union soviétique les exposés bibliques régulièrement radiodiffusés en plusieurs langues à partir de l’Estonie.
Durant les années 20 et 30, des prédicateurs ont volontairement accepté de quitter l’Allemagne pour aller prêcher en Autriche, en Belgique, en Bulgarie, en Espagne, en France, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie. Willy Unglaube était de leur nombre. Après avoir servi pendant un temps au Béthel de Magdeburg, en Allemagne, il est parti comme évangélisateur à plein temps en France, en Algérie, en Espagne, à Singapour, en Malaisie et en Thaïlande.
Quand les Témoins français ont sollicité de l’aide dans les années 30, des colporteurs britanniques ont montré qu’ils comprenaient que la mission de prêcher confiée aux chrétiens exigeait d’eux qu’ils évangélisent non seulement leur propre pays, mais aussi d’autres parties de la terre (Marc 13:10). John Cooke était l’un de ces prédicateurs zélés qui ont répondu à ‘l’appel macédonien’. (Voir Actes 16:9, 10.) Durant les six décennies suivantes, il a prêché en France, en Espagne, en Irlande, au Portugal, en Angola, au Mozambique et en Afrique du Sud. Son frère Eric a quitté son travail à la Barclay’s Bank et s’est joint à lui dans le ministère à plein temps en France; par la suite, il a prêché lui aussi en Espagne et en Irlande, et il a été missionnaire en Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe) et en Afrique du Sud.
En mai 1926, deux Anglais, George Wright et Edwin Skinner, ont accepté l’invitation de contribuer à l’expansion de l’œuvre du Royaume en Inde. Ils devaient s’occuper d’un territoire gigantesque comprenant les pays suivants: Afghanistan, Birmanie (Myanmar), Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), Inde et Perse (aujourd’hui Iran). À leur arrivée à Bombay, ils ont découvert ce que sont les pluies de la mousson. Cependant, comme ils ne se souciaient pas outre mesure de leur confort, ils se sont bientôt mis à voyager partout dans le pays pour rencontrer et encourager les Étudiants de la Bible dont ils avaient l’adresse. Ils ont également distribué un grand nombre de publications pour stimuler l’intérêt d’autres personnes. L’œuvre allait bon train. Ainsi, en 1928, au Travancore (Kerala), dans le sud de l’Inde, les 54 proclamateurs du Royaume ont organisé 550 réunions publiques qui ont rassemblé environ 40 000 personnes. En 1929, quatre pionniers de plus ont été envoyés d’Angleterre en Inde pour y soutenir l’œuvre. Et en 1931, trois autres Anglais sont arrivés à Bombay. Ils se sont à maintes reprises efforcés d’atteindre les diverses régions de ce vaste pays, distribuant des publications non seulement en anglais, mais aussi dans les langues indiennes.
Mais que se passait-il en Europe de l’Est pendant ce temps?
Une moisson spirituelle
Avant la Première Guerre mondiale, des graines de vérité bibliques avaient été semées en Europe de l’Est, et certaines avaient pris racine. En 1908, Andrásné Benedek, une humble Hongroise, était retournée en Autriche-Hongrie pour communiquer à d’autres les bonnes choses qu’elle avait apprises. Deux ans après, Károly Szabó et József Kiss étaient également revenus dans ce pays et faisaient connaître la vérité biblique surtout dans les régions qui sont devenues plus tard la Roumanie et la Tchécoslovaquie. Malgré l’opposition violente du clergé, des groupes d’étude se sont formés et le témoignage a été largement donné. D’autres se sont joints à eux pour faire la déclaration publique de leur foi, et en 1935 le nombre des prédicateurs du Royaume en Hongrie s’élevait à 348.
La Roumanie a presque doublé de superficie quand la carte de l’Europe a été redessinée par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Les rapports montrent qu’en 1920 il y avait dans ce pays agrandi quelque 150 groupes d’Étudiants de la Bible auxquels s’associaient 1 700 personnes. L’année suivante, à la célébration du Repas du Seigneur, ce sont presque 2 000 personnes qui ont pris les emblèmes du Mémorial, se déclarant ainsi frères du Christ oints de l’esprit. Ce nombre s’est considérablement accru durant les quatre années suivantes. En 1925, il y a eu 4 185 assistants au Mémorial, et comme la coutume le voulait à l’époque, la plupart d’entre eux ont pris les emblèmes. Cependant, la foi de toutes ces personnes allait être mise à l’épreuve. Se révéleraient-elles être du “blé” authentique ou factice (Mat. 13:24-30, 36-43)? Accompliraient-elles vraiment l’œuvre de témoignage que Jésus a confiée à ses disciples? Persévéreraient-elles dans cette activité malgré l’opposition intense? Seraient-elles fidèles même lorsque d’autres manifesteraient un esprit semblable à celui de Judas Iscariote?
Le rapport pour 1935 montre que tous n’avaient pas la foi voulue pour endurer. Cette année-là, 1 188 personnes seulement ont pris part à l’œuvre de témoignage en Roumanie, alors qu’elles étaient deux fois plus nombreuses à prendre les emblèmes au Mémorial. Néanmoins, les fidèles continuaient à se dépenser au service du Maître. Ils communiquaient à d’autres personnes humbles les vérités bibliques qui réjouissaient tant leur cœur. Ils le faisaient notamment en distribuant des publications. De 1924 à 1935, ils avaient déjà laissé plus de 800 000 livres et brochures, sans compter les tracts, aux gens qui manifestaient de l’intérêt.
Qu’en était-il de la Tchécoslovaquie, qui était devenue une nation en 1918 après l’effondrement de l’Empire austro-hongrois? Un témoignage encore plus grand y était donné en vue de la moisson spirituelle. On y avait déjà prêché en hongrois, en russe, en roumain et en allemand. Puis, en 1922, plusieurs Étudiants de la Bible sont revenus d’Amérique pour prêcher à la population de langue slovaque, et l’année suivante un couple d’Allemands a commencé à concentrer ses efforts sur le territoire tchèque. Des assemblées régulières, quoique petites, ont contribué à encourager et à unir les frères. Grâce à une meilleure organisation des congrégations pour l’évangélisation de maison en maison mise en place en 1927, l’accroissement s’est fait plus rapide. En 1932, une puissante impulsion a été donnée à l’œuvre par une assemblée internationale tenue à Prague, assemblée qui a réuni environ 1 500 personnes venues de Tchécoslovaquie et de pays voisins. En outre, des foules importantes ont vu une version de quatre heures du “Photo-Drame de la Création” qui a été présentée à travers tout le pays. En une décennie seulement, plus de 2 700 000 publications ont été distribuées aux divers groupes linguistiques de ce pays. Toute cette activité consistant à planter, à cultiver et à arroser sur le plan spirituel a rendu possible la moisson à laquelle 1 198 prédicateurs du Royaume participaient en 1935.
La Yougoslavie (d’abord appelée royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes) était née du redécoupage de l’Europe consécutif à la Première Guerre mondiale. Les rapports montrent que dès 1923 un groupe d’Étudiants de la Bible prêchait à Belgrade. Par la suite, on a présenté le “Photo-Drame de la Création” devant de vastes assistances dans tout le pays. Quand les Témoins de Jéhovah ont été durement persécutés en Allemagne, des pionniers de ce pays sont venus grossir les rangs des prédicateurs en Yougoslavie. Sans se soucier de leur confort, ils sont allés prêcher jusque dans les parties les plus reculées de ce pays montagneux. D’autres pionniers allemands se sont rendus en Bulgarie. Ils ont également fait des efforts pour prêcher la bonne nouvelle en Albanie. Dans tous ces pays, des graines de la vérité du Royaume ont été semées, et certaines ont produit du fruit. Mais il allait falloir attendre des années pour engranger une moisson importante dans ces pays.
Plus au sud, sur le continent africain, la bonne nouvelle était également répandue par ceux qui appréciaient profondément le privilège d’être témoins du Très-Haut.
La lumière spirituelle brille en Afrique occidentale
Environ sept ans après avoir quitté la Barbade pour aller en Afrique occidentale, où il avait un contrat de travail, un Étudiant de la Bible a écrit au bureau de la Société Watch Tower à New York pour l’informer qu’un bon nombre de personnes s’intéressaient à la Bible. Quelques mois après, le 14 avril 1923, à la demande de frère Rutherford, William Brown, qui prêchait à la Trinité, est arrivé à Freetown (Sierra Leone) avec sa famille.
Des dispositions ont rapidement été prises pour que frère Brown prononce un discours au Wilberforce Memorial Hall. Le 19 avril, environ 500 personnes, pour la plupart des ecclésiastiques de Freetown, se sont réunies dans cette salle. Le dimanche suivant, frère Brown a présenté un autre discours, l’un de ceux que Charles Russell avait souvent donnés: “Voyage en enfer, aller et retour. Qui s’y trouve?” Les discours de frère Brown étaient émaillés de textes bibliques qu’il projetait devant l’auditoire au moyen d’une lanterne magique. Au cours de ses exposés, il répétait souvent: “Ce n’est pas Brown qui le dit, c’est la Bible.” C’est pourquoi il a été surnommé “Brown la Bible”. Après avoir suivi son exposé logique fondé sur les Écritures, quelques paroissiens éminents se sont retirés de l’Église et ont commencé à servir Jéhovah.
Frère Brown a beaucoup voyagé pour inaugurer l’œuvre du Royaume dans d’autres régions. À cette fin, il a prononcé de nombreux discours bibliques, distribué beaucoup de publications et encouragé les autres à faire de même. Son œuvre d’évangélisation l’a amené à parcourir la Côte de l’Or (aujourd’hui le Ghana), le Liberia, la Gambie et le Nigeria. Du Nigeria, d’autres ont emporté le message du Royaume au Bénin (appelé Dahomey à l’époque) et au Cameroun. Frère Brown savait que les gens avaient peu de considération pour ce qu’ils appelaient “la religion de l’homme blanc”. C’est pourquoi au Glover Memorial Hall, à Lagos, il a parlé de l’échec de la chrétienté. Après la réunion, les assistants enthousiastes se sont procuré 3 900 livres pour les lire et les distribuer.
Lorsque frère Brown est arrivé en Afrique occidentale, seulement une poignée de personnes y avaient entendu le message du Royaume. Quand il en est parti 27 ans plus tard, on y dénombrait plus de 11 000 Témoins de Jéhovah. Les mensonges religieux étaient dévoilés; le vrai culte avait pris racine et s’étendait rapidement.
En remontant la côte orientale de l’Afrique
Dès le début du XXe siècle, certaines des publications de Charles Russell avaient été distribuées dans le sud-est de l’Afrique par des personnes qui avaient accepté quelques-unes des idées développées dans ces livres, idées qu’elles avaient ensuite mélangées à leurs propres conceptions. Il en est résulté des “mouvements Watchtower”, qui n’avaient aucun lien avec les Témoins de Jéhovah. Certains de ces mouvements poursuivaient des fins politiques et suscitaient des soulèvements parmi les Africains. Pendant de nombreuses années, la mauvaise réputation de ces groupes a entravé l’œuvre des Témoins de Jéhovah.
Cependant, bon nombre d’Africains ont discerné le vrai du faux. Des travailleurs itinérants ont apporté la bonne nouvelle du Royaume de Dieu aux pays voisins et l’ont communiquée aux personnes qui parlaient les langues africaines. Dans le sud-est de l’Afrique, la population anglophone a entendu le message principalement grâce aux contacts avec l’Afrique du Sud. Toutefois, dans certains pays, en raison de l’opposition virulente des autorités, opposition entretenue par le clergé de la chrétienté, les Témoins européens ne pouvaient pas prêcher parmi les populations de langues africaines. La vérité s’est malgré tout répandue, même si de nombreuses personnes qui s’intéressaient au message de la Bible avaient besoin d’aide pour bien appliquer ce qu’elles apprenaient.
Certains hauts fonctionnaires n’ont pas pris pour argent comptant les accusations malveillantes portées par le clergé de la chrétienté contre les Témoins. Tel a été le cas d’un préfet de police du Nyassaland (aujourd’hui le Malawi) qui s’est rendu incognito aux réunions tenues par les Témoins indigènes pour voir par lui-même de quel genre de personnes il s’agissait. Il a été favorablement impressionné. Le gouvernement ayant donné son accord pour qu’un représentant européen s’installe dans le pays, Bert McLuckie, puis son frère Bill, y ont été envoyés au milieu des années 30. Ils sont restés en contact avec les policiers et les préfets de telle sorte que ces fonctionnaires soient bien au courant de ce qu’ils faisaient et ne confondent pas les Témoins de Jéhovah avec les mouvements appelés à tort “mouvements Watchtower”. Dans le même temps, avec Gresham Kwazizirah, un Témoin mûr natif du pays, ils ont aidé patiemment les centaines de personnes désireuses de s’associer aux congrégations à comprendre que l’impureté sexuelle, l’abus de boissons alcooliques et la superstition n’ont pas de place dans la vie des Témoins de Jéhovah. — 1 Cor. 5:9-13; 2 Cor. 7:1; Rév. 22:15.
En 1930, il n’y avait qu’une centaine de Témoins de Jéhovah dans toute l’Afrique australe. Pourtant, leur territoire comprenait en gros toute la partie de l’Afrique située au sud de l’équateur et quelques régions au nord. Il fallait de véritables pionniers pour prêcher le message du Royaume dans un territoire aussi vaste. Frank et Gray Smith étaient des prédicateurs de cette trempe.
Partant du Cap, ils ont remonté en bateau la côte est sur 4 800 kilomètres, puis ont poursuivi leur voyage en automobile pendant quatre jours sur des routes cahoteuses jusqu’à Nairobi, au Kenya (alors l’Afrique-Orientale anglaise). En moins d’un mois, ils ont distribué 40 cartons de publications bibliques. Mais malheureusement, pendant leur retour, Frank est mort du paludisme. Malgré cela, peu après, Robert Nisbet et David Norman se sont mis en route — cette fois avec 200 cartons de publications — pour prêcher au plus grand nombre possible de personnes au Kenya et en Ouganda, ainsi qu’au Tanganyika et à Zanzibar (qui forment maintenant la Tanzanie). D’autres expéditions semblables ont permis de répandre le message du Royaume à l’île Maurice et à Madagascar, dans l’océan Indien, ainsi qu’à Sainte-Hélène, dans l’Atlantique. Des graines de vérité ont été semées, mais elles n’ont pas immédiatement germé et poussé partout.
D’Afrique du Sud, la prédication de la bonne nouvelle s’est également étendue jusqu’au Basutoland (aujourd’hui le Lesotho), au Bechuanaland (aujourd’hui le Botswana) et au Swaziland, et ce dès 1925. Environ huit ans plus tard, quand des pionniers ont de nouveau prêché au Swaziland, Sobhuza II leur a réservé un accueil royal. Il a rassemblé sa garde personnelle composée d’une centaine de soldats, a écouté un témoignage complet, puis s’est procuré toutes les publications de la Société que les frères avaient sur eux.
Petit à petit, le nombre des Témoins de Jéhovah s’est accru dans cette partie du monde. D’autres prédicateurs se sont joints au petit groupe de ceux qui avaient inauguré l’œuvre en Afrique au début du siècle, et en 1935, sur le continent africain, 1 407 prédicateurs du Royaume de Dieu remettaient des rapports d’activité. Un bon nombre d’entre eux se trouvaient en Afrique du Sud et au Nigeria. On trouvait d’autres groupes importants de personnes qui se disaient Témoins de Jéhovah au Nyassaland (aujourd’hui le Malawi), en Rhodésie du Nord (aujourd’hui la Zambie) et en Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe).
Durant cette période, on a aussi prêté attention aux pays de langues espagnole et portugaise.
La prédication en espagnol et en portugais
C’est pendant la Première Guerre mondiale que La Tour de Garde a commencé de paraître en espagnol. Elle portait l’adresse d’un bureau situé à Los Angeles (Californie, États-Unis) qui avait été ouvert pour s’occuper tout particulièrement de la prédication aux hispanophones. Les membres de ce bureau se dépensaient beaucoup afin d’aider ces personnes qui manifestaient de l’intérêt pour le message, tant aux États-Unis que dans les pays situés plus au sud.
Juan Muñiz, qui était devenu un serviteur de Jéhovah en 1917, a été encouragé par frère Rutherford en 1920 à quitter les États-Unis et à retourner en Espagne, son pays natal, pour y organiser la prédication du Royaume. Cependant, il n’a obtenu que des résultats limités, non pas à cause d’un manque de zèle de sa part, mais parce que la police ne cessait de le suivre. Au bout de quelques années, il a donc été envoyé en Argentine.
Au Brésil, quelques adorateurs de Jéhovah prêchaient déjà. Huit humbles marins avaient connu la vérité pendant une escale à New York. Quand ils ont été de retour au Brésil début 1920, ils communiquaient avec zèle le message biblique à autrui.
George Young, un Canadien, a été envoyé au Brésil en 1923. Il a beaucoup contribué à ce que l’œuvre prenne de l’essor. En donnant de nombreux discours publics à l’aide d’interprètes, il a montré ce que la Bible dit sur la condition des morts, il a dévoilé que le spiritisme est une forme de démonisme, et il a expliqué ce que Dieu se propose de faire pour le bonheur de toutes les familles de la terre. Ses exposés étaient des plus persuasifs, car, parfois, il projetait sur un écran les textes bibliques examinés pour que ses auditeurs puissent les lire dans leur propre langue. Pendant le séjour de frère Young au Brésil, Bellona Ferguson, de São Paulo, a pu finalement se faire baptiser, ainsi que quatre de ses enfants. Elle attendait ce moment depuis 25 ans. Parmi ceux qui ont embrassé la vérité, certains se sont rendus disponibles pour participer à la traduction de publications en portugais, si bien qu’avant longtemps il y avait un large éventail de publications dans cette langue.
En 1924, frère Young a quitté le Brésil pour se rendre en Argentine, où il a fait distribuer gratuitement 300 000 publications en espagnol dans 25 grandes villes. Au cours de la même année, il s’est rendu au Chili, au Pérou et en Bolivie pour distribuer des tracts.
George Young n’a pas tardé à s’en aller vers d’autres pays. Cette fois, il s’agissait de l’Espagne et du Portugal. Après avoir été présenté par l’ambassadeur britannique aux autorités espagnoles, il a pu prendre des dispositions pour que frère Rutherford s’exprime en public à Barcelone et à Madrid, ainsi que dans la capitale du Portugal. Après ces discours, plus de 2 350 personnes ont donné leurs nom et adresse pour obtenir davantage de renseignements. Par la suite, le texte de l’exposé a été publié dans l’un des plus grands journaux d’Espagne, et il a été envoyé sous forme de tract par la poste un peu partout dans le pays. Il a également été publié dans la presse portugaise.
Ainsi, le message s’est répandu bien au delà des frontières de l’Espagne et du Portugal. À la fin de 1925, on entendait parler de la bonne nouvelle aux îles du Cap-Vert (aujourd’hui la République du Cap-Vert), à Madère, en Afrique-Orientale portugaise (aujourd’hui le Mozambique), en Afrique-Occidentale portugaise (aujourd’hui l’Angola), et sur certaines îles de l’océan Indien.
L’année suivante, on a fait publier la puissante résolution intitulée “Un témoignage aux conducteurs des peuples” dans le journal espagnol La Libertad. On a intensifié le témoignage au moyen d’émissions radiophoniques, en distribuant des livres, des brochures et des tracts, et en présentant le “Photo-Drame de la Création”. En 1932, plusieurs pionniers anglais ont répondu à l’invitation d’apporter leur aide dans ce territoire, et ils ont parcouru systématiquement de grandes régions du pays pour distribuer des publications bibliques jusqu’à ce que la guerre civile espagnole les contraigne à partir.
Pendant ce temps, dès son arrivée en Argentine, frère Muñiz s’était mis à prêcher, tout en exerçant le métier d’horloger pour subvenir à ses besoins. Il n’a pas seulement prêché en Argentine, mais aussi au Chili, au Paraguay et en Uruguay. À sa demande, quelques frères sont venus d’Europe pour donner le témoignage à la population d’expression allemande. Des années plus tard, Carlos Ott a rapporté qu’ils commençaient leur journée de service à 4 heures du matin en glissant des tracts sous chaque porte dans un certain territoire. Plus tard dans la journée, ils rendaient visite aux gens pour leur donner le témoignage de façon plus détaillée et proposer davantage de publications bibliques à ceux qui manifestaient de l’intérêt pour le message. De Buenos Aires, ceux qui étaient ministres à plein temps se sont disséminés dans le pays, d’abord en suivant les lignes de chemin de fer qui rayonnaient à partir de la capitale, puis en utilisant tout moyen de transport disponible. Ils avaient très peu sur le plan matériel et rencontraient bien des difficultés, mais ils étaient riches sur le plan spirituel.
L’un de ces prédicateurs zélés d’Argentine était un Grec du nom de Nicolás Argyrós. Au début des années 30, quand il a obtenu quelques publications de la Société Watch Tower, il a été particulièrement impressionné par une brochure intitulée Enfer, dans laquelle les questions suivantes servaient d’intertitres: “De quoi s’agit-il? Qui s’y trouve? Peut-on en sortir?” Il a été étonné de voir que cette brochure ne décrivait pas les pécheurs en train de rôtir sur un gril. Quelle surprise pour lui d’apprendre que l’enfer de feu était un mensonge religieux destiné à effrayer les gens, comme cela avait été son cas! Il n’a pas tardé à communiquer la vérité, d’abord aux Grecs, puis, maîtrisant mieux l’espagnol, aux autres. Chaque mois, il consacrait entre 200 et 300 heures à parler de la bonne nouvelle. À pied et par toutes sortes de moyens de transport, il a répandu les vérités bibliques dans 14 des 22 provinces de l’Argentine. Au cours de ses déplacements, il dormait dans un lit quand on lui offrait l’hospitalité, mais souvent à la belle étoile, voire dans une étable où un âne lui servait de réveil!
Un autre prédicateur qui avait le véritable esprit pionnier était Richard Traub, qui avait connu la vérité à Buenos Aires. Il était impatient de proclamer la bonne nouvelle de l’autre côté des Andes, au Chili. En 1930, cinq ans après son baptême, il est arrivé dans ce pays où il était le seul Témoin parmi 4 000 000 d’habitants. Au début, il n’avait qu’une Bible pour prêcher, mais cela ne l’a pas empêché de commencer à aller de maison en maison. Il n’y avait pas de réunions auxquelles il aurait pu assister; c’est pourquoi, le dimanche, à l’heure habituelle de la réunion, il gravissait le mont San Cristóbal, s’asseyait à l’ombre d’un arbre, et se plongeait dans l’étude individuelle et la prière. Quand il a trouvé un appartement, il a commencé à y inviter les gens pour les réunions. Il n’y a eu qu’un seul assistant à la première, Juan Flores, qui lui a demandé: “Et les autres, quand viendront-ils?” Frère Traub a simplement répondu: “Ils viendront.” Et ils sont effectivement venus. En moins d’un an, 13 personnes se sont fait baptiser.
Quatre ans après, deux chrétiennes Témoins de Jéhovah qui ne s’étaient jamais rencontrées se sont organisées pour prêcher ensemble la bonne nouvelle en Colombie. Après une année d’activité productive dans ce pays, Hilma Sjoberg a dû retourner aux États-Unis. Kathe Palm, quant à elle, a embarqué pour le Chili, et elle a profité des 17 jours de mer pour donner le témoignage à l’équipage et aux passagers. Durant la décennie suivante, elle a prêché d’Arica, la ville portuaire la plus septentrionale du Chili, jusqu’à sa région la plus méridionale, en Terre de Feu. Elle s’est rendue dans les quartiers d’affaires et a donné le témoignage à des membres du gouvernement. Un sac plein de publications sur le dos et quelques articles indispensables sous le bras, comme une couverture pour la nuit, elle a atteint les camps miniers et les fermes les plus reculées. Elle menait une authentique existence de pionnière. Et d’autres encore, célibataires, mariés, jeunes et moins jeunes, avaient ce même esprit.
En 1932, on s’est particulièrement efforcé de répandre le message du Royaume dans les pays d’Amérique latine où l’on avait encore peu prêché. Cette année-là, on a largement distribué la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde. Elle contenait le texte d’un discours qui avait déjà été diffusé par un réseau international de stations de radio. Maintenant, environ 40 000 exemplaires de ce texte étaient distribués au Chili, 25 000 en Bolivie, 25 000 au Pérou, 15 000 en Équateur, 20 000 en Colombie, 10 000 à Saint-Domingue (aujourd’hui la République dominicaine), et 10 000 à Porto Rico. Sans conteste, le message du Royaume était proclamé avec force.
En 1935, dans toute l’Amérique du Sud, les Témoins n’étaient que 247 à proclamer à l’unisson que seul le Royaume de Dieu apportera le bonheur véritable aux humains. Mais quel témoignage ils donnaient!
Ils prêchent même dans les régions les plus reculées
Les Témoins de Jéhovah ne pensaient en aucun cas qu’il suffisait de parler à leurs voisins immédiats pour assumer leur responsabilité devant Dieu. Ils s’efforçaient de communiquer la bonne nouvelle à tous.
Les gens qui vivaient dans des lieux inaccessibles aux Témoins ont été touchés autrement. Ainsi, à la fin des années 20, les Témoins du Cap (Afrique du Sud) ont envoyé 50 000 brochures à tous les fermiers, gardiens de phare, gardes forestiers et autres personnes habitant dans des lieux difficiles d’accès. On s’est aussi procuré un annuaire postal à jour de tout le Sud-Ouest africain (aujourd’hui la Namibie), et on a envoyé un exemplaire de la brochure Le Bienfaiteur de l’homme à chaque personne dont le nom y figurait.
En 1929, la Société Watch Tower a confié la goélette Morton à Frank Franske et l’a envoyé, avec Jimmy James, prêcher au Labrador et dans tous les ports de Terre-Neuve. Pendant l’hiver, frère Franske se déplaçait souvent le long de la côte en traîneau tiré par des chiens. Pour couvrir le coût des publications qu’il leur laissait, les Esquimaux et les Terre-Neuviens lui donnaient des articles de cuir et du poisson, par exemple. Quelques années plus tard, il s’est efforcé de rencontrer les mineurs, les bûcherons, les trappeurs, les propriétaires de ranch et les Indiens en Colombie britannique, dans la région accidentée du Cariboo. Au cours de ses déplacements, il chassait pour se procurer de la viande, ramassait des baies sauvages et faisait cuire son pain dans une poêle sur un feu de camp. Un jour, un autre pionnier et lui ont embarqué à bord d’un bateau pour la pêche au saumon et ils ont prêché le message du Royaume dans chaque île, crique, camp de bûcherons, phare et petit village le long de la côte occidentale du Canada. Il n’a été que l’un des nombreux prédicateurs qui ont fait des efforts particuliers pour toucher les personnes vivant dans les parties reculées de la terre.
À partir de la fin des années 20, Frank Day est remonté vers le nord en prêchant et en laissant des publications dans les villages de l’Alaska; il vendait des lunettes pour subvenir à ses besoins. Bien que boitant sur une jambe artificielle, il a parcouru une région qui s’étendait de Ketchikan à Nome, villes distantes d’environ 1 900 kilomètres. Dès 1897, un ouvrier d’une mine d’or avait obtenu des exemplaires de L’Aurore du Millénium et de La Tour de Garde en Californie et il s’était proposé de les rapporter en Alaska. Et en 1910, le capitaine Beams, patron d’un baleinier, avait distribué des publications dans ses ports d’escale en Alaska. Mais la prédication n’a commencé à s’étendre que lorsque frère Day a effectué ses nombreuses tournées d’été en Alaska pendant plus de 12 ans.
À l’aide d’un bateau à moteur de 12 mètres nommé Esther, deux autres Témoins ont remonté la côte norvégienne en prêchant jusque dans l’arctique. Ils ont donné le témoignage dans les îles, les phares, les villages côtiers et les localités isolées perdues dans les montagnes. De nombreuses personnes leur ont fait bon accueil, et en un an ils ont pu distribuer entre 10 000 et 15 000 livres et brochures expliquant ce que Dieu se propose de faire pour les humains.
Les îles entendent les louanges de Jéhovah
Le témoignage n’a pas été donné seulement sur ces îles proches des continents. En plein milieu de l’océan Pacifique, au début des années 30, Sydney Shepherd a navigué deux ans pour prêcher sur les îles Cook et à Tahiti. Plus à l’ouest, George Winton proclamait la bonne nouvelle aux Nouvelles-Hébrides (aujourd’hui Vanuatu).
Vers la même époque, Joseph Dos Santos, un Américain d’origine portugaise, est parti vers des territoires vierges. Il a tout d’abord prêché sur les îles Hawaii; puis il a entrepris une tournée de prédication autour du monde. Quand il est arrivé aux Philippines, cependant, il a reçu une lettre de frère Rutherford lui demandant d’y demeurer pour établir et organiser l’activité de prédication du Royaume. C’est ce à quoi il s’est attaché pendant les 15 années suivantes.
C’était alors la filiale d’Australie qui s’occupait de l’œuvre dans la région du Pacifique Sud. Elle a envoyé deux pionniers qui ont donné un grand témoignage aux Fidji en 1930-1931. Les Samoa ont reçu le témoignage en 1931. La Nouvelle-Calédonie a été atteinte en 1932. Un couple de pionniers d’Australie s’est même rendu en Chine en 1933, et il a prêché dans 13 grandes villes de ce pays en quelques années.
Les Témoins australiens ont compris qu’ils pourraient faire davantage s’ils disposaient d’un bateau. Ils ont donc armé un ketch de 16 mètres qu’ils ont baptisé Lightbearer (Porteur de lumière) et qui, à partir du début de 1935, a servi de base arrière pendant plusieurs années à un groupe de frères zélés qui ont prêché aux Indes néerlandaises (aujourd’hui l’Indonésie), à Singapour et en Malaisie. L’arrivée de ce bateau était toujours remarquée, ce qui permettait souvent aux frères de commencer à prêcher et de distribuer de nombreuses publications.
À la même époque, en 1935, de l’autre côté de la terre deux pionnières danoises avaient décidé de passer des vacances aux îles Féroé, dans l’Atlantique Nord. Toutefois, elles n’avaient pas seulement l’intention d’admirer le paysage. Elles ont emporté des milliers de publications et en ont fait bon usage. Affrontant le vent, la pluie et l’hostilité du clergé, elles ont parcouru le maximum d’îles habitées pendant leur séjour.
Plus à l’ouest, Georg Lindal, un Canadien d’origine islandaise, s’est rendu dans un territoire pour une durée bien plus longue. Sur le conseil de frère Rutherford, il s’est installé en Islande pour y faire œuvre de pionnier en 1929. De quelle endurance il a fait preuve! Pendant la plus grande partie des 18 années suivantes, il y a prêché seul, parcourant les villes et les villages encore et encore. Il a distribué des dizaines de milliers de publications, mais pendant tout ce temps aucun Islandais ne s’est joint à lui dans le service de Jéhovah. Excepté pendant une période d’un an, pas un Témoin ne s’est joint à lui en Islande. Cela a duré jusqu’en 1947, date à laquelle sont arrivés deux missionnaires formés à Galaad.
Quand les hommes interdisent ce que Dieu ordonne
Quand les Témoins effectuaient leur ministère public, il n’était pas rare, surtout des années 20 aux années 40 comprises, qu’ils rencontrent de l’opposition, laquelle était généralement suscitée par les ecclésiastiques de l’endroit et parfois par les autorités.
Dans une région au nord de Vienne (Autriche), les Témoins se sont retrouvés face à une foule hostile de villageois excités par un prêtre de la localité, qui était lui-même soutenu par la police. Les prêtres étaient résolus à ne pas laisser les Témoins de Jéhovah prêcher dans leurs villages. Mais les Témoins, déterminés à remplir la mission que Dieu leur avait confiée, changeaient d’itinéraire et revenaient un autre jour et par des chemins détournés.
Quelles que soient les menaces et les exigences des hommes, les Témoins de Jéhovah savaient qu’ils avaient l’obligation devant Dieu de proclamer son Royaume. Ils voulaient obéir à Dieu comme à un chef plutôt qu’aux hommes (Actes 5:29). Là où les autorités essayaient de les priver de la liberté religieuse, ils envoyaient tout simplement des renforts.
En 1929, à la suite d’arrestations répétées dans une région de Bavière (Allemagne), ils ont loué deux trains spéciaux — l’un au départ de Berlin, l’autre de Dresde. Ces deux convois se sont rejoints à Reichenbach, et à 2 heures du matin un train unique est entré dans la région de Regensburg avec 1 200 passagers impatients de donner le témoignage. Le prix du billet était élevé, mais chacun avait payé le sien. À chaque gare, un groupe descendait. Beaucoup avaient emporté leur bicyclette pour s’enfoncer dans la campagne. Toute la région a été parcourue en un seul jour. En voyant le résultat de leurs efforts concertés, ils n’ont pas pu s’empêcher de penser à cette promesse que Dieu a faite à ses serviteurs: “Toute arme qui sera formée contre toi sera vouée à l’insuccès.” — És. 54:17.
Les Témoins allemands étaient si zélés qu’entre 1919 et 1933 ils ont distribué, estime-t-on, au moins 125 000 000 de livres, brochures et périodiques, ainsi que des millions de tracts. Pourtant, il n’y avait qu’environ 15 000 000 de familles en Allemagne à l’époque. Durant cette période, l’Allemagne a reçu un témoignage aussi complet que tout autre pays. C’est dans cette partie de la terre qu’on a trouvé l’une des plus fortes proportions de personnes qui se déclaraient disciples du Christ oints de l’esprit. Mais pendant les années suivantes, ils ont également subi certaines des épreuves les plus dures visant à briser leur intégrité. — Rév. 14:12.
En 1933, l’opposition des autorités allemandes à l’œuvre des Témoins de Jéhovah s’est beaucoup intensifiée. La Gestapo a perquisitionné à plusieurs reprises dans des foyers de Témoins de Jéhovah et au bureau de la filiale. Dans la plupart des États allemands, l’activité des Témoins a été interdite et certains ont été arrêtés. On a brûlé publiquement des tonnes de leurs Bibles et de leurs publications bibliques. Le 1er avril 1935, une loi nationale interdisant les Ernste Bibelforscher (Étudiants sincères de la Bible, ou Témoins de Jéhovah) est entrée en vigueur. On s’est efforcé de leur ôter systématiquement leurs moyens de subsistance. En conséquence, les Témoins se sont mis à tenir toutes leurs réunions par petits groupes, se sont organisés pour reproduire leurs manuels d’étude biblique sous des formes que la Gestapo ne reconnaîtrait pas facilement, et ont adopté des méthodes de prédication plus discrètes.
Avant même ces événements, depuis 1925, les frères d’Italie vivaient sous une dictature fasciste et, en 1929, un concordat avait été signé entre l’Église catholique et l’État fasciste. Les vrais chrétiens étaient pourchassés sans pitié. Certains se réunissaient dans des granges et des greniers pour ne pas être arrêtés. Les Témoins de Jéhovah étaient très peu nombreux en Italie à cette époque; cependant, ils ont reçu de l’aide pour répandre le message du Royaume quand, en 1932, 20 Témoins sont venus de Suisse pour une distribution éclair de 300 000 exemplaires de la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde.
En Extrême-Orient également la tension montait. Au Japon, des Témoins de Jéhovah ont été arrêtés. À Séoul (dans ce qui est aujourd’hui la République de Corée) et à Pyongyang (l’actuelle République démocratique populaire de Corée), les autorités ont détruit un grand nombre de leurs publications bibliques.
Alors que les difficultés augmentaient, en 1935 les Témoins de Jéhovah ont clairement compris grâce à la Bible l’identité de la “grande multitude”, ou “grande foule”, dont il est question en Révélation 7:9-17 (Sy, MN). Cette compréhension leur a montré qu’ils devaient accomplir une œuvre urgente à laquelle ils n’avaient pas songé (És. 55:5). Ils ont cessé de penser que tous ceux qui ne faisaient pas partie du “petit troupeau” des héritiers du Royaume céleste auraient plus tard la possibilité de conformer leur vie aux exigences de Jéhovah (Luc 12:32). Ils ont compris que le moment était venu de faire de ces personnes des disciples, afin qu’elles survivent et entrent dans le monde nouveau promis par Dieu. Ils ne savaient pas combien de temps durerait le rassemblement de cette grande foule dont les membres viendraient de toutes les nations, mais ils pensaient que la fin du système méchant était très proche. Ils ignoraient aussi comment ils pourraient effectuer l’œuvre face à la persécution qui s’étendait et se faisait plus virulente. Mais ce dont ils étaient sûrs, c’est que ‘la main de Jéhovah n’étant pas trop courte’, il leur donnerait les moyens d’accomplir sa volonté. — És. 59:1.
En 1935, les Témoins de Jéhovah étaient relativement peu nombreux: 56 153 seulement dans le monde entier.
Ils prêchaient dans 115 pays cette année-là; mais dans près de la moitié de ces pays, il y avait moins de dix Témoins. Deux pays seulement comptaient plus de 10 000 Témoins de Jéhovah actifs (les États-Unis, 23 808; l’Allemagne, 10 000, estime-t-on sur la base des 19 268 rapports qui avaient pu être remis deux ans auparavant). Sept autres pays (Australie, Canada, France, Grande-Bretagne, Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie) signalaient entre 1 000 et 6 000 Témoins. Les rapports d’activité de 21 autres pays montrent qu’il s’y trouvait entre 100 et 1 000 Témoins. Cependant, durant cette seule année, ce groupe de Témoins zélés a consacré 8 161 424 heures à proclamer que le Royaume de Dieu est la seule espérance de l’humanité.
En plus des pays où ils prêchaient en 1935, ils avaient déjà fait connaître la bonne nouvelle en d’autres lieux, si bien qu’à cette date 149 pays et groupes d’îles avaient entendu le message du Royaume.
[Entrefilet, page 424]
Même en prison, ils ont saisi des occasions de prêcher.
[Entrefilet, page 425]
Bien décidés à poursuivre l’œuvre!
[Entrefilet, page 441]
Elles ont affronté le vent, la pluie et l’hostilité du clergé.
[Entrefilet, page 442]
Un témoignage a été donné sur une échelle extraordinaire en Allemagne avant que l’œuvre des “Ernste Bibelforscher” n’y soit interdite.
[Carte/Illustrations, page 423]
Tandis que le monde sombrait dans la guerre, Robert Hollister et Fanny Mackenzie communiquaient sans relâche un message de paix aux habitants de la Chine, de la Corée et du Japon.
[Carte]
(Voir la publication)
CORÉE
JAPON
CHINE
OCÉAN PACIFIQUE
[Carte, page 428]
(Voir la publication)
Quand des émigrés originaires des pays indiqués sur cette carte ont appris les merveilleux bienfaits que Dieu a prévu de procurer aux humains, ils se sont sentis poussés à retourner dans ces pays pour y proclamer cette nouvelle.
↓ ↓
LES AMÉRIQUES
AUTRICHE
BULGARIE
CHYPRE
TCHÉCOSLOVAQUIE
DANEMARK
FINLANDE
ALLEMAGNE
GRÈCE
HONGRIE
ITALIE
PAYS-BAS
NORVÈGE
POLOGNE
PORTUGAL
ROUMANIE
ESPAGNE
SUÈDE
SUISSE
TURQUIE
YOUGOSLAVIE
[Carte, page 432]
(Voir la publication)
Durant les années 20 et 30, des évangélisateurs ont quitté l’Allemagne pour donner le témoignage dans de nombreux pays.
ALLEMAGNE
↓ ↓
AMÉRIQUE DU SUD
AFRIQUE DU NORD
ASIE
[Carte/Illustrations, page 435]
Des pionniers zélés comme Frank Smith et son frère Gray (photographie du haut) ont fait connaître la bonne nouvelle en remontant la côte orientale de l’Afrique.
[Carte]
(Voir la publication)
OUGANDA
KENYA
TANZANIE
AFRIQUE DU SUD
[Carte/Illustration, page 439]
Dans tout le Sud-Ouest africain (aujourd’hui la Namibie), des personnes ont reçu cette brochure par la poste en 1928.
[Carte]
(Voir la publication)
NAMIBIE
[Carte/Illustrations, page 440]
Avec le “Lightbearer”, des pionniers zélés ont proclamé le message du Royaume dans l’Asie du Sud-Est.
[Carte]
(Voir la publication)
MALAISIE
BORNÉO
CÉLÈBES
SUMATRA
JAVA
TIMOR
NOUVELLE-GUINÉE
AUSTRALIE
OCÉAN PACIFIQUE
[Illustrations, page 426]
Dans de nombreux pays, le discours intitulé “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais” a attiré de vastes auditoires.
[Illustrations, page 427]
À lui seul, Edwin Scott a distribué 50 000 exemplaires de la résolution intitulée “Un appel aux conducteurs des nations!” en Afrique du Sud.
[Illustration, page 429]
En réponse à l’appel pour des évangélisateurs, Willy Unglaube est allé prêcher en Europe, en Afrique et en Extrême-Orient.
[Illustrations, page 430]
En 1992, Eric Cooke et son frère John (assis) avaient passé chacun plus de 60 ans dans le service à plein temps; ils ont vécu des moments exaltants en Europe et en Afrique.
[Illustration, page 431]
Quand il s’est rendu en Inde en 1926, Edwin Skinner s’est vu confier un territoire qui comprenait cinq pays; il a fidèlement continué d’y prêcher pendant 64 ans.
[Illustration, page 433]
Alfred et Frieda Tuček, munis de leurs effets personnels et de publications pour la prédication, ont été pionniers dans l’ancienne Yougoslavie.
[Illustrations, page 434]
Dans toute l’Afrique occidentale, “Brown la Bible” a vigoureusement contribué à dévoiler le faux culte.
[Illustration, page 436]
George Young a contribué à la proclamation du Royaume de Dieu en Amérique du Sud, en Espagne et au Portugal.
[Illustration, page 437]
Juan Muñiz (à gauche), qui prêchait en Amérique du Sud depuis 1924, était là pour accueillir Nathan Knorr lors de sa première visite en Argentine, plus de 20 ans après.
[Illustration, page 438]
Nicolás Argyrós a fait connaître la vérité libératrice de la Bible dans 14 provinces d’Argentine.
[Illustrations, page 439]
Par la route et par la mer, Frank Franske s’est efforcé d’atteindre les petits villages isolés pour y faire connaître la vérité biblique.
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