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Épreuves et criblage de l’intérieurLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
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Des doctrines nécessitant un affinage
Les Témoins de Jéhovah reconnaissent volontiers que leur compréhension du dessein de Dieu a subi de nombreuses modifications au fil des années. La connaissance du dessein de Dieu étant progressive, les changements sont inévitables. Ce n’est pas que le dessein divin change, mais les éclaircissements que Dieu accorde continuellement à ses serviteurs exigent que ceux-ci révisent leur point de vue.
Bible à l’appui, les Témoins font remarquer que c’était vrai également des fidèles serviteurs de Dieu dans le passé. Abraham entretenait des relations étroites avec Jéhovah; mais quand il a quitté Ur, cet homme de foi ne savait pas dans quel pays Dieu le conduisait et pendant des années il n’a eu aucune idée de la façon dont Dieu tiendrait sa promesse de faire de lui une grande nation (Gen. 12:1-3; 15:3; 17:15-21; Héb. 11:8). Dieu a révélé un grand nombre de vérités aux prophètes, mais d’autres choses leur échappaient (Dan. 12:8, 9; 1 Pierre 1:10-12). Pareillement, si Jésus a donné quantité d’explications à ses apôtres, à la fin de sa vie sur la terre il leur a répété qu’il leur restait beaucoup de choses à apprendre (Jean 16:12). Certaines de ces choses, par exemple le dessein divin de faire entrer les Gentils dans la congrégation, les apôtres ne les ont comprises que lorsqu’ils ont vu effectivement l’accomplissement des prophéties. — Actes 11:1-18.
Comme on pouvait s’y attendre, quand il a fallu abandonner des points de vue qui avaient auparavant la faveur de tous, les changements ont été une épreuve pour certains. En outre, toutes les modifications dans la compréhension de la vérité ne sont pas survenues avec simplicité, en une seule fois. À cause de l’imperfection, on a parfois tendance à aller d’un extrême à l’autre avant de discerner la position correcte. Cela peut prendre du temps. Quelques-uns, de nature critique, ont trébuché pour cette raison. Considérons un exemple:
Dès 1880, les publications de la Société Watch Tower ont abordé différents détails en rapport avec l’alliance abrahamique, l’alliance de la Loi et la nouvelle alliance. La chrétienté avait perdu de vue la promesse de Dieu selon laquelle, par l’intermédiaire de la postérité d’Abraham, toutes les familles de la terre se béniraient assurément (Gen. 22:18). Mais frère Russell désirait sincèrement comprendre comment Dieu accomplirait ces paroles. Il pensait avoir vu dans la description biblique du jour des Propitiations chez les Juifs des indications sur la façon dont s’accompliraient peut-être les déclarations divines relatives à la nouvelle alliance. En 1907, ces mêmes alliances ont de nouveau été examinées, l’accent étant mis sur le rôle des cohéritiers du Christ pour ce qui est de procurer à l’humanité les bienfaits annoncés dans l’alliance abrahamique; certains Étudiants de la Bible ont soulevé de vives objections.
À l’époque, des obstacles empêchaient une claire compréhension. Les Étudiants de la Bible ne comprenaient pas encore correctement la position occupée par l’Israël selon la chair par rapport au dessein de Dieu. Cet obstacle est demeuré jusqu’à ce qu’il devienne incontestable que les Juifs en tant que peuple ne cherchaient pas à être employés par Dieu dans la réalisation de sa parole prophétique. Un autre obstacle était l’incapacité des Étudiants de la Bible à identifier correctement la “grande foule” de Révélation 7:9, 10. L’identité de cette grande foule n’est devenue claire que lorsque celle-ci a commencé réellement à se manifester en accomplissement des prophéties. Ceux qui critiquaient durement frère Russell ne comprenaient pas non plus ces questions.
Néanmoins, certains soi-disant frères chrétiens ont accusé à tort La Tour de Garde d’avoir nié que Jésus est le Médiateur entre Dieu et les hommes, d’avoir rejeté la rançon et d’avoir contesté la nécessité ainsi que la réalité de la propitiation. Aucune de ces accusations n’était fondée. Mais quelques-uns de leurs auteurs étaient en vue, et ils faisaient des disciples qu’ils entraînaient à leur suite. Peut-être avaient-ils raison sur certains détails qu’ils enseignaient à propos de la nouvelle alliance, mais le Seigneur a-t-il béni leur façon d’agir? Pendant un temps, quelques-uns d’entre eux ont organisé des réunions, mais par la suite leurs groupes ont disparu.
En revanche, les Étudiants de la Bible ont continué de prêcher la bonne nouvelle, ainsi que Jésus l’avait ordonné à ses disciples. Dans le même temps, ils ont continué à étudier la Parole de Dieu et à observer les événements qui éclaireraient sa signification. Finalement, au cours des années 30, les principaux obstacles à une claire compréhension des alliances ont été écartés, à la suite de quoi des explications corrigées du sujet sont parues dans La Tour de Garde et des publications semblablesd. Quelle joie ont ressentie ceux qui avaient patiemment attendu!
Leurs espoirs étaient-ils fondés?
À certaines époques, les Étudiants de la Bible ont nourri des espoirs que des détracteurs ont tournés en ridicule. Pourtant, tous ces espoirs partaient du désir sincère de voir l’accomplissement de promesses que ces chrétiens zélés tenaient pour divines et infaillibles.
De par leur étude des Écritures inspirées, ils connaissaient les bénédictions promises par Jéhovah à toutes les nations de la terre grâce à la postérité d’Abraham (Gen. 12:1-3; 22:15-18). Ils avaient vu dans la Parole de Dieu la promesse que le Fils de l’homme dirigerait la terre entière en qualité de Roi céleste, qu’un petit troupeau de fidèles seraient pris de la terre afin d’avoir part avec lui à son Royaume et que ceux-ci régneraient pendant mille ans (Dan. 7:13, 14; Luc 12:32; Rév. 5:9, 10; 14:1-5; 20:6). Ils connaissaient la promesse faite par Jésus de revenir et d’emporter ceux à qui il avait préparé une place au ciel (Jean 14:1-3). Ils étaient au courant de la promesse selon laquelle le Messie choisirait également certains de ses ancêtres fidèles pour les établir princes par toute la terre (Ps. 45:16). Ils comprenaient que les Écritures prédisaient la fin du système de choses méchant et ils étaient conscients qu’elle allait de pair avec la guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant à Harmaguédon (Mat. 24:3; Rév. 16:14, 16). Ils étaient profondément touchés par les versets montrant que la terre a été créée pour être habitée à jamais, que ses habitants connaîtraient la paix véritable et que tous ceux qui exerceraient la foi dans le sacrifice humain parfait de Jésus vivraient éternellement dans le Paradis. — És. 2:4; 45:18; Luc 23:42, 43; Jean 3:16.
Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’ils se soient demandé quand et comment cela s’accomplirait. Les Écritures inspirées renfermaient-elles des éléments de réponse?
S’appuyant sur la chronologie biblique établie par Christopher Bowen, un Anglais, les Étudiants de la Bible pensaient que 6 000 ans d’histoire humaine s’étaient achevés en 1873, que depuis ils vivaient le septième millénaire de cette histoire et qu’ils étaient à coup sûr proches de l’aurore du Millénium annoncé. La série de livres appelée L’Aurore du Millénium (et plus tard Études des Écritures), écrite par Charles Russell, mettait en évidence les implications de cette déduction d’après la compréhension que les Étudiants de la Bible avaient des Écritures.
Une autre disposition divine était tenue pour un indice temporel possible: le Jubilé, une année de libération instituée dans l’Israël antique toutes les 50e années. Il était observé au bout de sept périodes de 7 années, qui se terminaient chacune par une année sabbatique. L’année du Jubilé, les esclaves hébreux étaient affranchis et les possessions terriennes héréditaires qui avaient été vendues étaient rendues à leur propriétaire (Lév. 25:8-10). À partir de calculs fondés sur ce cycle d’années, on est arrivé à la conclusion qu’un grand Jubilé pour toute la terre avait peut-être commencé en automne 1874, que le Seigneur était, semble-t-il, revenu cette année-là et était présent invisiblement, et que les “temps du rétablissement de toutes choses” étaient arrivés. — Actes 3:19-21.
En posant pour prémisses que les événements du Ier siècle trouvaient des parallèles dans des événements postérieurs qui leur étaient liés, les Étudiants de la Bible sont aussi parvenus à la conclusion que si le baptême de Jésus et son onction en automne de l’an 29 de notre ère avaient pour parallèle le commencement d’une présence invisible en 1874, son entrée à Jérusalem sur un âne en tant que Roi au printemps de l’an 33 correspondrait au printemps 1878, où il prendrait le pouvoir en tant que Roi célestee. Ils pensaient également qu’ils recevraient leur récompense céleste à ce moment-là. Cela ne s’est pas produit; les disciples oints de Jésus devant avoir part avec lui au Royaume, ils en ont déduit que la résurrection pour la vie spirituelle de ceux qui dormaient déjà dans la mort avait commencé alors. Ils ont en outre émis l’idée que la fin de la faveur spéciale accordée par Dieu à l’Israël selon la chair, en 36 de notre ère, désignait peut-être 1881 comme l’année où la possibilité spéciale de devenir membre de l’Israël spirituel ne serait plus offertef.
Dans le discours intitulé “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais”, qu’il a présenté le 21 mars 1920 à l’Hippodrome de New York, Joseph Rutherford a attiré l’attention sur l’année 1925. En fonction de quoi pensait-on que cette date était importante? Dans une brochure publiée la même année, 1920, il était expliqué que si on calculait 70 Jubilés entiers à partir de la date qu’on pensait être celle où la nation d’Israël était entrée en Terre promise (au lieu de commencer le décompte après le dernier Jubilé typique précédant l’exil à Babylone et de le poursuivre jusqu’au début de l’année du Jubilé qui achevait le 50e cycle), on pouvait aboutir à 1925. Se fondant sur ces paroles, beaucoup espéraient que les membres du reste du petit troupeau recevraient leur récompense céleste en 1925. On attendait également pour 1925 la résurrection des fidèles serviteurs préchrétiens de Dieu, qui seraient sur la terre les représentants princiers du Royaume céleste. Si ces espoirs devenaient réalité, cela signifierait que l’humanité était entrée dans une ère où la mort cesserait de régner, où des millions de personnes auraient l’espérance de ne jamais mourir. Quelle perspective réjouissante! Certes, ils se trompaient quant à la date, mais les Étudiants de la Bible ont fait connaître cette espérance avec empressement.
Par la suite, entre 1935 et 1944, un examen de l’ensemble de la chronologie biblique a révélé que la traduction inexacte d’Actes 13:19, 20 dans la King James Version (Bible du roi Jacques)g, ajoutée à certains autres facteurs, avait faussé cette chronologie de plus d’un siècleh. Cette découverte a par la suite fait germer une idée, quelquefois énoncée comme une possibilité, d’autres fois sur un ton plus affirmatif: étant donné que le septième millénaire de l’histoire de l’humanité commencerait en 1975, les événements relatifs au commencement du Règne millénaire du Christ débuteraient peut-être cette année-là.
Les croyances des Témoins de Jéhovah dans ces domaines se sont-elles révélées exactes? Incontestablement, ils ne se trompaient pas en croyant que Dieu réaliserait à coup sûr ses promesses. Mais certains de leurs calculs chronologiques et les espoirs qu’ils y rattachaient ont engendré de grandes déceptions.
Après 1925, l’assistance aux réunions a terriblement baissé dans certaines congrégations de France et de Suisse. La déception a de nouveau frappé en 1975, quand les espoirs relatifs au début du Millénium ne se sont pas concrétisés. Des éléments se sont pour cette raison retirés de l’organisation. D’autres ont été exclus parce qu’ils cherchaient à miner la foi de leurs compagnons. Indéniablement, la déception quant à la date y a été pour quelque chose; mais dans certains cas les causes étaient plus profondes. Des individus niaient la nécessité de prêcher de maison en maison. Certains ne se sont pas contentés de partir de leur côté; ils se sont mis à s’opposer avec agressivité à l’organisation à laquelle ils avaient appartenu, et ils ont répandu leurs idées dans la presse et à la télévision. Néanmoins, le nombre de ceux qui ont fait défection a été relativement peu élevé.
Bien que ces épreuves aient provoqué un criblage et que certains aient été emportés comme la bale quand on vanne le blé, d’autres sont demeurés fermes. Quelle en était la raison? À propos de ce que d’autres et lui ont vécu en 1925, Jules Feller a expliqué: “Ceux qui avaient mis leur confiance en Jéhovah restèrent fermes et poursuivirent leur activité dans la prédication.” Pour eux, une erreur avait été commise, mais en aucun cas la Parole de Dieu ne s’était trompée; ils n’avaient donc aucune raison de laisser leur espérance s’affaiblir ni de diminuer leur participation à l’œuvre consistant à dire aux gens que le Royaume de Dieu est le seul espoir de l’humanité.
Certains espoirs ne s’étaient pas réalisés, mais cela n’impliquait pas pour autant que la chronologie biblique n’avait aucune valeur. La prophétie rapportée par Daniel, selon laquelle le Messie apparaîtrait 69 semaines d’années après “la sortie de la parole de rétablir et de rebâtir Jérusalem”, s’est accomplie exactement au moment prévu, en 29 de notre èrei (Dan. 9:24-27). L’année 1914 était également prophétisée dans la Bible.
1914: Espoirs et réalité
En 1876, Charles Russell a écrit le premier de nombreux articles dans lesquels il a affirmé que l’année 1914 marquerait la fin des temps des Gentils dont Jésus Christ avait parlé (Luc 21:24, Sa). Dans le deuxième tome de L’Aurore du Millénium, publié en 1889, frère Russell a exposé avec logique des détails qui permettraient aux lecteurs de discerner le fondement biblique de ses affirmations et de les vérifier par eux-mêmes. Pendant presque quatre décennies jusqu’à 1914, les Étudiants de la Bible ont distribué des millions de publications qui attiraient l’attention sur la fin des temps des Gentils. Quelques journaux religieux se sont arrêtés sur la chronologie biblique qui aboutissait à 1914, mais, à l’exception des Étudiants de la Bible, quels croyants n’ont cessé de lui donner une publicité internationale et ont montré dans leur vie qu’ils étaient convaincus que les temps des Gentils prendraient fin cette année-là?
À mesure que 1914 approchait, les espoirs s’animaient. Qu’allait-il se passer? Dans L’Étudiant de la Bible (volume VI, no 1, publié au début de 1914 en anglais), frère Russell a écrit: “Si nous possédons la bonne date et la bonne chronologie, les temps des Gentils prendront fin cette année: 1914. Qu’est-ce à dire? Nous ne le savons pas avec certitude. Nous nous attendons à ce que le Messie commence à régner effectivement vers l’époque où le pouvoir ne sera plus laissé aux Gentils. Nous attendons, à tort ou à raison, de merveilleuses manifestations des jugements divins contre toute injustice, ce qui impliquera la dislocation de nombreuses institutions de l’époque actuelle, sinon de toutes.” Il a souligné qu’il n’escomptait pas la “fin du monde” en 1914 et que la terre demeure pour toujours, mais que le présent ordre de choses, dont Satan est le chef, doit passer.
Dans son numéro de janvier 1914 (15 octobre 1913 en anglais), La Tour de Garde a déclaré: “D’après les meilleurs calculs chronologiques que nous possédons, c’est approximativement le temps fixé, que ce soit octobre 1914 ou plus tard. Sans vouloir dogmatiser, nous attendons plusieurs événements: 1° la fin des temps des nations [Gentils] et de la domination des nations dans le monde — et 2° l’inauguration du Royaume du Messie dans le monde.”
Comment cela surviendrait-il? Il semblait alors logique aux Étudiants de la Bible qu’en même temps ait lieu la glorification des humains encore sur la terre que Dieu avait choisis pour avoir part au Royaume céleste avec le Christ. Mais qu’ont-ils pensé lorsqu’ils ont constaté que cela ne s’était pas produit en 1914? La Tour de Garde du 15 avril 1916 (en anglais) a dit: “Nous croyons que les dates se sont révélées tout à fait exactes. Nous croyons que les temps des Gentils ont pris fin.” Tout en ajoutant avec franchise: “Le Seigneur n’a pas dit que l’Église serait toute glorifiée en 1914. Nous l’avons simplement déduit et, manifestement, nous nous sommes trompés.”
En cela, ils ressemblaient un peu aux apôtres de Jésus. Ceux-ci connaissaient les prophéties concernant le Royaume de Dieu et ils pensaient y croire. Cela ne les a pas empêchés, à différentes reprises, de caresser des espoirs erronés sur la façon dont elles s’accompliraient et sur l’époque de leur accomplissement. Et quelques-uns en ont été déçus. — Luc 19:11; 24:19-24; Actes 1:6.
Octobre 1914 s’étant écoulé sans que le changement attendu pour la vie céleste se soit produit, frère Russell savait que les interrogations du cœur seraient grandes. Il a écrit dans La Tour de Garde de février 1915 (1er novembre 1914 en anglais): “Souvenons-nous que l’époque actuelle est un temps de mise à l’épreuve. Les apôtres eurent à subir des épreuves analogues entre la mort de notre Seigneur et la Pentecôte. Notre Sauveur, après sa résurrection, apparut quelques fois à ses disciples, puis ils ne le virent pas pendant un certain nombre de jours; ils se découragèrent alors et se dirent qu’il ne valait plus la peine d’attendre. L’un d’eux dit: ‘Je vais pêcher’; deux autres ajoutèrent: ‘Nous allons aussi avec toi.’ Ils étaient sur le point de reprendre leurs occupations de pêcheurs et d’abandonner la pêche des humains. Cela était une mise à l’épreuve des disciples; il y a aussi pour nous maintenant une épreuve analogue. Existe-t-il des motifs susceptibles de nous éloigner du Seigneur et de sa vérité, susceptibles de nous induire à renoncer à notre sacrifice au Seigneur et à sa cause, alors ce n’est pas vraiment l’amour de Dieu dans nos cœurs qui a éveillé en eux un certain intérêt pour le Seigneur, mais c’est un autre motif, probablement l’espérance que la durée du sacrifice serait courte, que notre consécration ne serait nécessaire que pendant un certain temps.”
C’était apparemment le cas de quelques-uns. Ils avaient axé leurs pensées et leurs désirs sur la perspective d’être changés pour la vie céleste. Cela n’ayant pas eu lieu au moment prévu, ils ont fermé leur esprit à la signification des événements étonnants qui se sont effectivement déroulés en 1914. Ils ont perdu de vue toutes les précieuses vérités qu’ils avaient apprises dans la Parole de Dieu, et ils ont commencé à tourner en dérision les personnes qui les avaient aidés à les apprendre.
Humblement, les Étudiants de la Bible ont réexaminé les Écritures afin que la Parole de Dieu rectifie leur point de vue. Ils sont restés convaincus que les temps des Gentils avaient pris fin en 1914. Peu à peu, ils ont discerné plus distinctement comment le Royaume messianique avait été mis en place: il avait été établi au ciel quand Jéhovah avait remis le pouvoir à son Fils, Jésus Christ; à cet effet, il n’avait pas été nécessaire d’attendre que les cohéritiers de Jésus soient relevés pour la vie céleste: ils seraient glorifiés avec lui par la suite. En outre, ils ont compris qu’il n’était pas indispensable, pour augmenter l’influence exercée par le Royaume, que les fidèles prophètes du passé soient d’abord ressuscités; le Roi ferait des chrétiens fidèles qui vivraient alors ses messagers pour proposer aux gens de toutes les nations de vivre éternellement comme sujets terrestres du Royaume.
Cette magnifique perspective qui s’offrait à eux a provoqué de nouvelles épreuves et un nouveau criblage. Toutefois, ceux qui aimaient vraiment Jéhovah et qui prenaient plaisir à le servir étaient très reconnaissants pour les privilèges de service qui s’ouvraient devant eux. — Rév. 3:7, 8.
L’un d’eux était Alexander Macmillan. Il a écrit par la suite: “Bien que notre espoir [d’être emportés] au ciel fût déçu en 1914, cette année-là a néanmoins été marquée par l’expiration des temps des Gentils (...). Le fait que tout ne se soit pas passé comme nous l’avions espéré ne nous troublait pas particulièrement, car nous avions de quoi nous occuper avec le Photo-Drame de la Création et les problèmes créés par la guerre.” Il a continué de se dépenser dans le service de Jéhovah et a eu la joie immense de voir le nombre des prédicateurs du Royaume dépasser largement le million au cours de sa vie.
Réfléchissant aux 66 années qu’il avait vécues avec l’organisation, il a dit: “J’ai vu l’organisation passer par de nombreuses et cruelles tribulations et la foi de ceux qui la composent sévèrement éprouvée. Grâce à l’esprit de Dieu, l’organisation a survécu et n’a cessé de progresser.” Il a ajouté à propos des ajustements effectués dans la compréhension de la vérité au fil des années: “Les vérités fondamentales que nous avions apprises dans la Bible restaient les mêmes. J’ai donc compris qu’il nous fallait reconnaître nos erreurs et continuer de sonder la Parole de Dieu pour obtenir une plus grande lumière. Quels que soient les ajustements qu’il nous faut faire de temps à autre, la bienveillante disposition divine de la rédemption et la promesse de la vie éternelle que Dieu nous a faite demeurent inchangées.”
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Épreuves et criblage de l’intérieurLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
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[Encadré/Illustration page 634]
Clayton Woodworth
À un homme qui avait cessé de servir Jéhovah parce que les disciples oints de Jésus Christ n’avaient pas été emportés au ciel en 1914, Clayton Woodworth a écrit ce qui suit:
“Il y a vingt ans, toi et moi nous croyions au baptême des enfants; au droit divin du clergé d’administrer ce baptême; que le baptême était nécessaire pour échapper aux tourments éternels; que Dieu est amour; que Dieu a créé et continue de créer des milliards d’êtres à sa ressemblance qui passeront les âges innombrables de l’éternité dans les vapeurs étouffantes du soufre embrasé, implorant en vain une goutte d’eau pour soulager leurs souffrances (...).
“Nous croyions qu’après sa mort un homme est vivant; nous croyions que Jésus Christ n’est jamais mort; qu’il ne pouvait pas mourir; qu’aucune rançon n’a jamais été payée ni ne sera jamais payée; que Jéhovah Dieu et Christ Jésus, son Fils, sont une seule et même personne; que le Christ était son propre Père; que Jésus était son propre Fils; que l’Esprit saint est une personne; que un plus un, plus un, égale un; que lorsque Jésus était attaché à la croix et a dit: ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?’, il se parlait simplement à lui-même; (...) que les royaumes actuels font partie du Royaume du Christ; que le Diable se trouve loin, quelque part dans un Enfer indéterminé, et n’exerce pas son emprise sur les royaumes de la terre (...).
“Je loue Dieu pour le jour qui a amené la présente Vérité à ma porte. Elle était si vivifiante, si réconfortante pour l’esprit et le cœur, que j’ai rapidement laissé le charlatanisme et les inepties du passé et que j’ai été utilisé par Dieu pour ouvrir également tes yeux aveuglés. Nous nous sommes réjouis ensemble dans la Vérité, œuvrant côte à côte pendant quinze ans. Le Seigneur t’a grandement honoré en faisant de toi un porte-parole; je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui était capable de montrer aussi bien l’aberration des errements de Babylone. Dans ta lettre, tu demandes: ‘Et maintenant?’ Ah! voilà ce qui est malheureux. C’est que, maintenant, tu laisses ton cœur s’aigrir contre celui dont les œuvres d’amour et la bénédiction venant d’en haut ont amené la vérité dans nos deux cœurs. Tu es parti et tu as emmené plusieurs brebis avec toi. (...)
“Tu me trouves probablement ridicule du fait que je ne suis pas monté au ciel le 1er octobre 1914, mais moi, je ne te trouve pas ridicule — oh non!
“Au moment où dix des plus grandes nations de la terre se débattent aussi dans les douleurs de l’agonie, il me semble particulièrement inopportun de chercher à me moquer de l’homme, le seul homme, qui depuis quarante ans enseigne que les temps des Gentils prendraient fin en 1914.”
La foi de frère Woodworth n’a pas été ébranlée par la tournure qu’ont prise les événements de 1914. Il a simplement discerné qu’il restait des choses à apprendre. Sa confiance dans le dessein de Dieu lui a valu de passer neuf mois en prison en 1918-1919. Plus tard, il a été rédacteur en chef du périodique “L’Âge d’Or”, devenu ensuite “Consolation”. Il est demeuré ferme dans la foi et fidèle à l’organisation de Jéhovah jusqu’à sa mort survenue en 1951, à 81 ans.
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