En conséquence, depuis des milliers d’années ont lieu quantité de couronnements, de révolutions, de coups d’État, de nominations, d’élections, d’assassinats et de changements de régime. Rois, premiers ministres, princes, présidents, secrétaires généraux et dictateurs ont eu et perdu le pouvoir. Des changements inattendus ont même contribué à la destitution de dirigeants puissants (voir l’encadré “ Renversés du jour au lendemain ”, page 5). Néanmoins, les dirigeants compétents et stables ont toujours été rares.

“ Il faut faire avec ” — Vraiment ?

Il n’est donc pas surprenant que beaucoup aient perdu l’espoir d’avoir un bon dirigeant. Dans certains pays, l’indifférence et le défaitisme deviennent particulièrement manifestes au moment des élections. Geoff Hill, journaliste en Afrique, fait cette observation : “ L’apathie ou l’abstentionnisme s’emparent des gens quand ils sentent qu’ils ne peuvent rien changer à leurs malheurs. [...] En Afrique, lorsque la population ne vote pas, cela ne signifie pas forcément qu’elle est satisfaite. Bien souvent, c’est un appel à l’aide de la part de ceux qui ont le sentiment que personne ne les écoute. ” De la même manière, un chroniqueur aux États-Unis a écrit à propos d’une élection imminente : “ Si seulement le candidat parfait se présentait ! ” Il a ajouté : “ Une telle personne n’existe pas. Il ne s’en présente jamais. Il faut faire avec ce que l’on a. ”

Le meilleur dirigeant qui soit

En 1940, une crise du pouvoir agitait le Parlement britannique. David Lloyd George, 77 ans, écoutait le débat. Lors de la Première Guerre mondiale, il avait mené la Grande-Bretagne à la victoire, et sa longue expérience de la politique lui permettait de bien évaluer le travail des hauts fonctionnaires. Dans un discours prononcé le 8 mai à la Chambre des communes, il a fait cette remarque : “ La nation est prête à tous les sacrifices tant qu’elle est dirigée, tant que le gouvernement indique précisément ses objectifs, et tant que la nation est sûre que ceux qui la dirigent font de leur mieux. ”

CES propos de Lloyd George montrent clairement que les humains s’attendent à ce que leurs dirigeants soient compétents et qu’ils s’efforcent sincèrement d’améliorer les choses. Lors d’une campagne électorale, une militante s’est exprimée ainsi : “ Quand on vote pour un président, on vote pour quelqu’un à qui on confie sa vie, son avenir, ses enfants. ” Se montrer digne d’une telle confiance est une lourde responsabilité. Pourquoi cela ?

Le monde se heurte à des problèmes qui semblent insolubles. Quel dirigeant, par exemple, s’est révélé suffisamment avisé et puissant pour réussir à éliminer la criminalité et la guerre ? Qui, parmi les dirigeants actuels, a les ressources et la compassion nécessaires pour offrir à chaque humain de la nourriture, de l’eau pure et la santé ? Qui a le savoir et la détermination nécessaires pour protéger l’environnement et le remettre en état ? Qui est assez compétent et puissant pour assurer à tous les humains une vie longue et heureuse ?

Les humains en sont incapables

Il est vrai que des dirigeants ont réussi dans certains domaines. Cependant, ils sont au pouvoir quelques dizaines d’années au maximum, et après ? Qui leur succède ? Salomon, roi de l’Israël antique et l’un des dirigeants les plus compétents qui aient jamais existé, a médité sur cette question. Voici sa conclusion : “ Moi, j’ai haï tout mon dur travail auquel je travaillais dur sous le soleil et que je laisserais à l’homme qui viendrait après moi. Et qui sait s’il sera sage ou sot ? Pourtant il deviendra maître de tout mon dur travail auquel j’ai travaillé dur et dans lequel j’ai fait preuve de sagesse sous le soleil. Cela aussi est vanité. ” — Ecclésiaste 2:18, 19.

Salomon ne savait pas si son successeur poursuivrait son bon travail ou s’il le réduirait à néant. Pour lui, le remplacement cyclique des vieux dirigeants par des jeunes était “ vanité ”. D’autres traductions emploient le terme “ futilité ”, ou “ dérisoire ”. Une version déclare : “ Cela non plus n’a pas de sens. ”

Parfois, les changements d’autorité sont imposés par la violence. Des dirigeants capables ont été ainsi assassinés alors qu’ils exerçaient leurs fonctions. Abraham Lincoln, un président des États-Unis très estimé, a dit un jour à son auditoire : “ J’ai été choisi pour remplir une fonction importante pendant une brève période, et je suis maintenant chargé, à vos yeux, d’exercer une influence qui cessera bientôt. ” Sa présidence fut effectivement de courte durée. Malgré tout ce qu’il a fait et son désir de faire plus encore pour les Américains, le président Lincoln n’a dirigé le pays que quatre ans. Au début de son deuxième mandat, il a été assassiné par un homme qui voulait une nouvelle direction.

Même les meilleurs dirigeants humains ne peuvent garantir leur propre avenir. Alors, devriez-​vous compter sur eux pour garantir le vôtre ? La Bible donne ce conseil : “ Ne placez pas votre confiance dans les nobles, ni dans le fils de l’homme tiré du sol, à qui n’appartient pas le salut. Son esprit sort, il retourne à son sol ; en ce jour-​là périssent ses pensées. ” La Nouvelle Bible Segond rend ainsi la dernière partie du verset 4 : “ Le jour même leurs intentions disparaissent. ” — Psaume 146:3, 4.

[Encadré, page 5]

RENVERSÉS DU JOUR AU LENDEMAIN

D’ordinaire, un dirigeant peut compter sur le respect et le soutien de ses sujets s’il leur apporte, dans une mesure raisonnable, la paix et la sécurité. Cependant, si ces sujets perdent confiance en lui pour une raison ou pour une autre, il risque d’être vite remplacé. Voici quelques situations qui, du jour au lendemain, ont provoqué la destitution de dirigeants puissants.

De mauvaises conditions de vie. À la fin du XVIII^e siècle, de nombreux citoyens français payaient beaucoup d’impôts, mais avaient peu à manger. Ces conditions ont été l’un des facteurs déclenchants de la Révolution française qui, en 1793, a envoyé Louis XVI à la guillotine.

La guerre. La Première Guerre mondiale a mis fin à la domination de quelques-uns des empereurs les plus puissants de l’Histoire. Par exemple, en 1917, à Saint-Pétersbourg, une pénurie alimentaire due à la guerre a donné lieu à la révolution russe en février. Cette révolte a détrôné le tsar Nicolas II et a mené au communisme. En novembre 1918, l’Allemagne voulait la paix, mais les Alliés refusaient de cesser les combats tant qu’on n’avait pas changé le gouvernement. En conséquence, l’empereur allemand Guillaume II a été exilé aux Pays-Bas.

L’aspiration à d’autres formes de gouvernement. En 1989, le rideau de fer est tombé. Des peuples ont rejeté le communisme pour établir d’autres formes de gouvernement. C’est ainsi que des régimes qui semblaient indestructibles se sont écroulés.