BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • Y a-t-il une vie après la mort ?
    Que devient-on quand on meurt ?
    • Y a-​t-​il une vie après la mort ?

      “ Il existe un espoir même pour un arbre. Si on le coupe, il bourgeonnera encore [...]. Si un homme robuste meurt, peut-​il revivre ?” — MOÏSE, PROPHÈTE DE L’ANTIQUITÉ.

      1-3. Comment beaucoup cherchent-​ils du réconfort quand ils perdent un être aimé ?

      DANS un funérarium, à New York, les amis et les proches défilent en silence devant le cercueil ouvert. Ils regardent le corps, celui d’un jeune homme de 17 ans. Ses camarades d’école le reconnaissent à peine. La chimiothérapie lui a fait perdre beaucoup de cheveux ; son cancer l’a amaigri. Ils ont du mal à croire que c’est là leur ami. Lui qui, il y a quelques mois encore, bouillonnait d’idées, de questions, d’énergie, bref, de vie ! Le cœur brisé, la maman cherche espoir et réconfort dans l’idée que son fils, d’une façon ou d’une autre, vit toujours. Les yeux noyés de larmes, elle répète encore et encore ce qu’on lui a enseigné : “ Thomas est plus heureux maintenant. Dieu l’a rappelé à lui. ”

      2 À 11 000 kilomètres de là, à Jamnagar, en Inde, les trois fils d’un homme d’affaires de 58 ans aident à déposer le corps de leur père sur un bûcher funéraire. Sous le soleil éclatant de la mi-journée, l’aîné commence la crémation en allumant les bûches avec une torche et en versant un mélange odoriférant d’épices et d’encens sur le corps inerte de son père. Les craquements du feu sont couverts par le brahmane, qui répète des mantras en sanskrit ; ils signifient : “ Puisse l’âme qui ne meurt jamais poursuivre ses efforts pour devenir une avec l’ultime réalité ! ”

      3 Tout en observant la crémation, chacun des trois frères se demande : ‘ Est-​ce que je crois en une vie après la mort ? ’ Comme ils ont fait leurs études dans différentes parties du monde, ils donnent des réponses différentes à cette question. Le plus jeune est persuadé que son cher père sera réincarné et mènera une vie meilleure. Le deuxième pense que les morts sont en quelque sorte endormis, qu’ils n’ont conscience de rien. L’aîné essaie simplement d’accepter la réalité de la mort, car, pour lui, personne ne peut vraiment savoir ce qu’on devient quand on meurt.

      Une question, de nombreuses réponses

      4. Quelle question préoccupe les humains depuis des temps immémoriaux ?

      4 Y a-​t-​il une vie après la mort ? est une question qui laisse les humains perplexes depuis des millénaires. “ [Cette] question embarrasse parfois les théologiens eux-​mêmes ”, déclare Hans Küng, érudit catholique. Au cours des siècles, des hommes de toutes les sociétés se sont penchés sur le sujet, et les réponses proposées ne manquent pas.

      5-8. Qu’enseignent diverses religions sur la vie après la mort ?

      5 Nombre de personnes qui se disent chrétiennes croient au ciel et à l’enfer. Les hindous, quant à eux, croient en la réincarnation. Pour ce qui est de la vision musulmane des choses, Amir Mouawiyah, préposé dans un centre religieux islamique, déclare : “ Nous croyons qu’il y aura un jour de jugement après la mort, quand on ira devant Dieu, Allah, ce qui sera comme comparaître en justice. ” D’après la croyance islamique, Allah fera alors le bilan de la vie de chacun et enverra les uns au paradis, les autres dans un enfer de feu.

      6 À Sri Lanka, tant les bouddhistes que les catholiques laissent portes et fenêtres grandes ouvertes quand quelqu’un vient à mourir dans leur maisonnée. On allume une lampe à huile et on place le cercueil de façon à ce que le défunt ait les pieds en face de la porte d’entrée. On pense que ces mesures aident l’esprit, ou l’âme, du défunt à sortir de la maison.

      7 Les aborigènes d’Australie, dit Ronald Berndt de l’université d’Australie occidentale, croient que “ les êtres humains sont spirituellement indestructibles ”. Certaines tribus africaines croient qu’après la mort les gens ordinaires deviennent des esprits errants, tandis que les gens importants deviennent des esprits ancestraux, qu’il faudra honorer et implorer, car ils sont les guides invisibles de la communauté.

      8 Dans certains pays, les croyances relatives aux âmes supposées des morts sont un mélange de tradition locale et de prétendu christianisme. Chez de nombreux catholiques et protestants d’Afrique de l’Ouest, par exemple, on a coutume de couvrir les miroirs quand quelqu’un meurt, afin que personne n’y voie l’esprit du défunt. Puis, 40 jours après la mort de l’être aimé, la famille et les amis célèbrent l’ascension de son âme.

      Un thème commun

      9, 10. Sur quelle croyance fondamentale la plupart des religions s’accordent-​elles ?

      9 Les réponses à la question de savoir ce qu’on devient quand on meurt sont aussi diverses que les coutumes et les croyances des personnes qui donnent ces réponses. Toutefois, la plupart des religions s’accordent sur une idée fondamentale : quelque chose à l’intérieur de la personne (une âme, un esprit) est immortel et continue de vivre après la mort.

      10 La croyance en l’immortalité de l’âme est presque universellement répandue au sein des milliers de religions et des Églises de la chrétienté. C’est également une doctrine officielle du judaïsme. Dans l’hindouisme, cette croyance est le fondement même de l’enseignement de la réincarnation. Les musulmans croient que l’âme vient à l’existence avec le corps, mais qu’elle continue de vivre à la mort du corps. D’autres religions (l’animisme africain, le shinto et même le bouddhisme) enseignent des variations sur le même thème.

      11. Que pensent certains érudits de l’idée d’une âme immortelle ?

      11 Certains sont d’avis, au contraire, que la vie consciente prend fin à la mort. À leurs yeux, l’idée que la vie sentimentale et intellectuelle se poursuive dans une âme impersonnelle, immatérielle et séparée du corps semble irrationnelle. Miguel de Unamuno, écrivain et philosophe espagnol du XXe siècle, écrit : “ Croire en l’immortalité de l’âme c’est vouloir que l’âme soit immortelle, mais le vouloir d’une telle force que cette volonté, foulant aux pieds la raison, passe sur son corps. ” Parmi ceux qui refusaient de croire en l’immortalité des individus figurent Aristote et Épicure, célèbres philosophes de l’Antiquité, le médecin Hippocrate, David Hume, philosophe écossais, Averroès, lettré arabe, et Jawaharlal Nehru, premier ministre de l’Inde après l’indépendance.

      12, 13. Quelles questions importantes se posent sur l’enseignement de l’immortalité de l’âme ?

      12 Il s’agit donc de savoir si nous avons vraiment une âme immortelle. Si, en réalité, l’âme n’est pas immortelle, comment un tel faux enseignement a-​t-​il pu devenir partie intégrante de la plupart des religions actuelles ? Où cette idée a-​t-​elle germé ? Et si l’âme cesse bel et bien d’exister à la mort, quel espoir reste-​t-​il pour les morts ?

      13 Peut-​on trouver des réponses véridiques et satisfaisantes à ces interrogations ? Assurément. Les pages suivantes répondront à ces questions et à d’autres encore. Tout d’abord, voyons comment la doctrine de l’immortalité de l’âme est née.

  • L’immortalité de l’âme : naissance de la doctrine
    Que devient-on quand on meurt ?
    • L’immortalité de l’âme : naissance de la doctrine

      “ Aucun sujet lié à sa vie psychique n’a autant absorbé l’esprit de l’homme que celui de sa condition après la mort. ” — “ ENCYCLOPÆDIA OF RELIGION AND ETHICS. ”

      1-3. Comment Socrate et Platon ont-​ils défendu l’idée que l’âme est immortelle ?

      UN ÉRUDIT et enseignant de 70 ans est accusé de mépriser les dieux et de corrompre les jeunes esprits par son enseignement. Il a beau présenter une défense brillante lors de son procès, le jury partisan le déclare coupable et le condamne à mort. Quelques heures seulement avant son exécution, l’enseignant âgé présente aux élèves réunis autour de lui une argumentation pour démontrer que l’âme est immortelle et qu’il ne faut pas craindre la mort.

      2 Ce condamné n’est autre que Socrate, célèbre philosophe grec du Ve siècle av. n. è.a Son disciple Platon a rapporté ces événements dans les essais intitulés Apologie et Phédon. On pense que Socrate et Platon sont parmi les premiers à avoir avancé que l’âme est immortelle. Mais ils n’étaient pas les inventeurs de cet enseignement.

      3 Comme nous le verrons, les racines de la notion d’immortalité humaine s’enfoncent dans des temps bien plus reculés. Néanmoins, Socrate et Platon ont affiné ce concept et l’ont transformé en enseignement philosophique, ce qui l’a rendu plus attrayant pour les classes cultivées de leur époque et des époques suivantes.

      De Pythagore aux pyramides

      4. Avant Socrate, quelles visions les Grecs avaient-​ils de l’au-delà ?

      4 Les Grecs antérieurs à Socrate et à Platon croyaient aussi que l’âme vivait après la mort. Pythagore, célèbre mathématicien grec du VIe siècle av. n. è., soutenait que l’âme était immortelle et sujette à la transmigration. Avant lui, Thalès de Milet, apparemment le philosophe grec le plus ancien qu’on connaisse, pensait qu’une âme immortelle habitait non seulement les hommes, les animaux et les plantes, mais encore des objets comme les aimants, puisqu’ils sont capables de déplacer du fer. Les Grecs de l’Antiquité affirmaient que les âmes des morts étaient transportées en barque de l’autre côté du Styx vers un vaste monde souterrain appelé les enfers. Des juges y réglaient le sort des âmes : soit ils les condamnaient au tourment dans une prison aux murs élevés, soit ils leur accordaient la félicité dans l’Élysée.

      5, 6. Qu’était l’âme pour les Perses ?

      5 En Iran, ou Perse, à l’est, un prophète nommé Zoroastre apparut au VIIe siècle av. n. è. Il institua un culte qu’on appela le zoroastrisme. C’était la religion de l’Empire perse, qui domina la scène mondiale avant que la Grèce ne devienne une puissance importante. Les écritures zoroastriennes déclarent : “ Dans l’immortalité l’âme du juste sera toujours dans la joie, mais dans le tourment sera à coup sûr l’âme du menteur. Et ces lois Ahoura Mazda les a ordonnées par le moyen de son pouvoir souverain. ”

      6 L’enseignement de l’immortalité de l’âme faisait également partie de la religion iranienne prézoroastrienne. D’anciennes tribus d’Iran, par exemple, prenaient soin des âmes des défunts en leur offrant de la nourriture et des vêtements pour le monde souterrain.

      7, 8. Que croyaient les anciens Égyptiens relativement à la survie de l’âme à la mort du corps ?

      7 La croyance en une vie après la mort était au centre de la religion égyptienne. Les Égyptiens croyaient que l’âme du défunt serait jugée par Osiris, le dieu principal du monde souterrain. Par exemple, un papyrus daté du XIVe siècle av. n. è. représente Anubis, dieu des morts, amenant l’âme du scribe Hunefer devant Osiris. Sur une balance, le cœur du scribe, qui figure sa conscience, est pesé contre la plume que la déesse de la vérité et de la justice porte sur la tête. Thot, un autre dieu, note le résultat. Étant donné que le cœur de Hunefer n’est pas chargé de péché, il pèse moins que la plume ; le scribe est donc autorisé à entrer dans le royaume d’Osiris et à recevoir l’immortalité. On voit également sur le papyrus un monstre femelle à côté de la balance, prêt à dévorer le défunt s’il ne passe pas l’épreuve. Par ailleurs, les Égyptiens momifiaient leurs morts et conservaient les corps des pharaons dans des pyramides imposantes, parce qu’ils étaient convaincus que la survie de l’âme dépendait de la préservation du corps.

      8 On constate donc que différentes civilisations antiques avaient un enseignement en commun : l’immortalité de l’âme. Le tiraient-​elles de la même source ?

      L’origine

      9. Quelle religion influença l’Égypte, la Perse et la Grèce dans l’Antiquité ?

      9 “ Dans le monde antique, déclare le livre The Religion of Babylonia and Assyria, l’Égypte, la Perse et la Grèce subirent l’influence de la religion babylonienne. ” Ce livre explique plus loin : “ Étant donné l’ancienneté des rapports entre l’Égypte et la Babylonie, que révèlent les Tablettes d’el-Amarna, les pensées et les coutumes babyloniennes eurent sans aucun doute de multiples occasions de s’infiltrer dans les cultes égyptiens. En Perse, le culte de Mithra trahit l’influence indiscutable de conceptions babyloniennes [...]. La présence d’une forte dose d’éléments sémites dans la mythologie grecque primitive et dans les cultes grecs est reconnue par un si grand nombre d’érudits qu’il n’est nul besoin d’autres considérations. Dans une grande mesure, ces éléments sémites sont plus particulièrement babyloniensb. ”

      10, 11. En quoi consistait la vie après la mort pour les Babyloniens ?

      10 Mais la vision babylonienne de ce qui arrive après la mort n’est-​elle pas très différente de celle des Égyptiens, des Perses et des Grecs ? Considérons, par exemple, l’Épopée de Gilgamesh, une légende babylonienne. Gilgamesh, son héros vieillissant, hanté par la réalité de la mort, part à la recherche de l’immortalité, mais ne parvient pas à la trouver. Une cabaretière qu’il rencontre au cours de son voyage l’encourage même à profiter au maximum de la vie présente, car il ne trouvera pas la vie sans fin qu’il cherche. Le message de l’ensemble de l’épopée est que la mort est inévitable et l’espoir d’être immortel illusoire. Est-​ce à dire que les Babyloniens ne croyaient pas en l’au-delà ?

      11 Le professeur Morris Jastrow Jr, de l’université de Pennsylvanie, aux États-Unis, a écrit : “ [À Babylone,] ni le peuple ni les chefs religieux n’envisageaient que ce qui est venu à la vie puisse un jour s’éteindre définitivement. Ils voyaient la mort comme le passage à une autre forme de vie, et la négation de l’immortalité soulignait simplement l’impossibilité d’échapper au changement d’existence introduit par la mort. ” Ainsi, les Babyloniens croyaient également que la vie, d’une certaine manière, sous une certaine forme, se poursuivait après la mort. Ils le montraient en enterrant avec les morts des objets que ceux-ci utiliseraient dans l’au-delà.

      12-14. a) Après le déluge, où naquit l’enseignement de l’immortalité de l’âme ? b) Comment cette doctrine se répandit-​elle dans le monde ?

      12 Il est manifeste que l’enseignement de l’immortalité de l’âme remonte à la Babylone antique. D’après la Bible, un livre qui porte l’empreinte de l’exactitude historique, la ville de Babel, ou Babylone, fut fondée par Nimrod, un arrière-petit-fils de Noéc. Après le déluge universel, il n’y avait qu’une langue et une religion. Lorsqu’il fonda la ville et y bâtit une tour, Nimrod institua une nouvelle religion. À en croire le récit biblique, après la confusion du langage à Babel, les bâtisseurs de la tour, impuissants, se dispersèrent et prirent de nouveaux départs ; ils emportèrent leur religion (Genèse 10:6-10 ; 11:4-9). C’est ainsi que les enseignements religieux de Babylone se répandirent dans le monde entier.

      13 La tradition rapporte que Nimrod mourut de mort violente. Il est logique de penser qu’après sa mort les Babyloniens se sentirent poussés à l’honorer grandement, puisqu’il avait été le fondateur, le bâtisseur et le premier roi de leur ville. Du fait que le dieu Mardouk (Merodak) était considéré comme le fondateur de Babylone, certains spécialistes ont émis l’hypothèse que Mardouk représente Nimrod déifié. Si tel est le cas, l’idée selon laquelle on a une âme qui survit à la mort devait être courante au moins à l’époque où Nimrod mourut. Quoi qu’il en soit, les pages de l’Histoire indiquent qu’après le déluge l’enseignement de l’immortalité de l’âme prit naissance à Babel, ou Babylone.

      14 Mais comment cette doctrine s’est-​elle infiltrée au cœur de la plupart des religions d’aujourd’hui ? La partie suivante expliquera comment elle s’est introduite dans les religions orientales.

  • L’idée s’introduit dans les religions orientales
    Que devient-on quand on meurt ?
    • L’idée s’introduit dans les religions orientales

      “ J’ai toujours pensé que l’immortalité de l’âme était une vérité universelle acceptée par tous. Par conséquent, j’ai été vraiment surpris d’apprendre que certains grands esprits tant d’Orient que d’Occident avaient contesté résolument cette croyance. Je me demande maintenant comment la notion d’immortalité s’est introduite dans la conscience hindoue. ” — UN ÉTUDIANT ÉLEVÉ DANS L’HINDOUISME.

      1. Pourquoi est-​il utile de savoir comment la doctrine de l’immortalité humaine s’est formée et répandue dans diverses religions ?

      COMMENT l’idée selon laquelle l’homme a une âme qui est immortelle est-​elle entrée dans l’hindouisme et dans d’autres religions orientales ? La question concerne même les Occidentaux qui ne connaîtraient pas ces religions, dans la mesure où, chez tous, cette croyance influe sur la vision de l’avenir. Étant donné que l’enseignement de l’immortalité humaine est commun à la plupart des religions aujourd’hui, en sachant comment ce concept a gagné du terrain, on peut indéniablement favoriser une meilleure compréhension et une meilleure communication.

      2. Pourquoi l’Inde a-​t-​elle notablement influencé la religion en Asie ?

      2 Ninian Smart, professeur d’études religieuses à l’université de Lancaster, en Grande-Bretagne, fait cette observation : “ Le centre qui a été le plus influent sur le plan religieux en Asie est l’Inde. Ce n’est pas simplement parce que l’Inde a donné naissance à un certain nombre de religions : l’hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme, le sikhisme, etc., mais parce que l’une d’elles, le bouddhisme, a fini par influencer profondément la culture de pour ainsi dire tout l’est de l’Asie. ” De nombreuses cultures influencées ainsi “ considèrent toujours l’Inde comme leur patrie spirituelle ”, dit un érudit hindou, Nikhilananda. Comment donc l’enseignement de l’immortalité s’est-​il infiltré en Inde et dans d’autres régions d’Asie ?

      L’enseignement de la réincarnation dans l’hindouisme

      3. D’après un historien, qui apporta peut-être en Inde la notion de transmigration des âmes ?

      3 Au VIe siècle av. n. è., alors qu’en Grèce Pythagore et ses disciples défendaient la théorie de la transmigration des âmes, en Inde des sages hindous qui vivaient sur les bords de l’Indus et du Gange élaboraient le même concept. L’apparition simultanée de cette croyance “ dans le monde grec et en Inde peut difficilement être fortuite ”, dit l’historien Arnold Toynbee. “ Une source [d’influence] commune, précise-​t-​il, est peut-être la société nomade eurasienne, qui, aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C., était descendue en Inde, dans le sud-ouest de l’Asie, dans la zone désertique qui s’étend le long de la rive nord de la mer Noire et dans les péninsules des Balkans et d’Anatolie. ” Les tribus eurasiennes qui migraient apportèrent sans doute en Inde l’idée de la transmigration.

      4. Pourquoi le concept de transmigration des âmes plut-​il aux sages hindous ?

      4 L’hindouisme avait pris naissance en Inde beaucoup plus tôt, avec l’arrivée des Aryens vers 1500 av. n. è. Dès le début, l’hindouisme comportait la croyance selon laquelle l’âme était distincte du corps et survivait à la mort. Les hindous pratiquaient par conséquent le culte des ancêtres et déposaient de la nourriture pour que les âmes de leurs morts la mangent. Des siècles plus tard, quand elle parvint en Inde, l’idée de la transmigration des âmes dut plaire aux sages hindous qui se débattaient avec le problème universel du mal et de la souffrance parmi les humains. En combinant la transmigration avec ce qu’on appelle la loi du Karma, la loi des causes et des effets, les sages hindous mirent au point la théorie de la réincarnation, selon laquelle les mérites et démérites d’une vie sont récompensés ou punis dans la suivante.

      5. Quel est, selon l’hindouisme, le but suprême de l’âme ?

      5 Mais un autre concept a influencé l’enseignement hindou sur l’âme. “ Il semble exact qu’à l’époque même où la théorie de la transmigration et du karma se formait, voire plus tôt, déclare l’Encyclopædia of Religion and Ethics, un autre concept [...] prenait forme peu à peu dans un petit cercle intellectuel du nord de l’Inde : le concept philosophique de Brahman-Âtman [le Brahman suprême et éternel, l’ultime réalité]. ” Cette idée fut combinée avec la théorie de la réincarnation pour définir le but suprême des hindous : la libération du cycle de la transmigration afin d’être un avec l’ultime réalité. Les hindous pensent qu’on y parvient en s’efforçant d’adopter une conduite acceptable et d’acquérir une connaissance approfondie de la pensée hindoue.

      6, 7. Qu’enseigne l’hindouisme d’aujourd’hui sur l’au-delà ?

      6 Les sages hindous ont ainsi transformé l’idée de la transmigration des âmes en la doctrine de la réincarnation en la combinant avec la loi du Karma et le concept de Brahman. Octavio Paz, poète, prix Nobel de la paix et ancien ambassadeur du Mexique en Inde, écrit : “ L’extension de l’hindouisme entraîna la propagation d’une idée qui est l’axe du brahmanisme, du bouddhisme et d’autres religions des peuples d’Asie : la métempsycose, la transmigration des âmes par le biais des existences successives. ”

      7 La doctrine de la réincarnation est le point d’appui de l’hindouisme actuel. Le philosophe hindou Nikhilananda dit : “ Tous les bons hindous sont convaincus que l’accession à l’immortalité n’est pas la prérogative de quelques élus, mais que chacun y a droit à la naissance. ”

      Le cycle de la renaissance dans le bouddhisme

      8-10. a) Comment le bouddhisme définit-​il l’existence? b) En quels termes un érudit bouddhiste explique-​t-​il la renaissance ?

      8 Le bouddhisme est apparu en Inde vers 500 av. n. è. D’après la tradition bouddhiste, un prince indien du nom de Siddhârtha Gautama, plus tard appelé Bouddha après avoir connu l’éveil, fonda le bouddhisme. Comme celui-ci est issu de l’hindouisme, ses enseignements ressemblent à certains égards à ceux de l’hindouisme. Selon le bouddhisme, l’existence est un cycle sans fin de renaissance et de mort, et comme dans l’hindouisme le statut d’un individu dans la vie est déterminé par ses actions au cours de sa vie précédente.

      9 Mais le bouddhisme ne définit pas l’existence en termes d’âme individuelle qui survit à la mort. “ [Bouddha] vit dans la psyché humaine seulement une suite fugitive d’états psychologiques discontinus qui ne sont reliés que par le désir ”, a noté Arnold Toynbee. Néanmoins, Bouddha était d’avis que quelque chose, un état ou une force, passait d’une vie à l’autre. Walpola Rahula, érudit bouddhiste, explique :

      10 “ Un être n’est qu’une combinaison de forces ou d’énergies physiques et mentales. Ce que nous appelons mort, c’est l’arrêt complet du fonctionnement de l’organisme physique. Ces forces, ces énergies prennent-​elles fin absolument avec la cessation du fonctionnement de l’organisme ? Le bouddhisme dit : non. La volonté, le désir, la soif d’exister, de continuer, de devenir, est une force formidable qui meut l’ensemble des vies, des existences, le monde entier. C’est la force la plus grande, l’énergie la plus puissante qui soit au monde. Selon le bouddhisme, elle ne cesse pas d’agir avec l’arrêt du fonctionnement de notre corps, qui pour nous est la mort, mais elle continue à se manifester sous une autre forme, produisant une re-existence qu’on appelle renaissance. ”

      11. Qu’est-​ce que l’au-delà dans le bouddhisme ?

      11 Dans le bouddhisme, voici comment se présente l’au-delà : l’existence est éternelle jusqu’à ce que la personne atteigne le but final, le Nirvana, la délivrance du cycle des renaissances. Le Nirvana n’est ni un état de félicité éternelle, ni un état où l’on devient un avec l’ultime réalité. Il s’agit simplement d’un état de non-existence, le “ lieu sans mort ” au-delà de l’existence des individus. Le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse définit le “ Nirvana ” comme l’‘ extinction de tous les désirs de ce monde, qui libère l’homme de sa condition de souffrance, de l’illusion et de l’ignorance ’. Plutôt qu’à rechercher l’immortalité, les bouddhistes sont encouragés à la transcender en atteignant le Nirvana.

      12-14. Comment différentes formes de bouddhisme transmettent-​elles l’idée d’immortalité ?

      12 À mesure qu’il gagna divers endroits d’Asie, le bouddhisme modifia ses enseignements pour s’adapter aux croyances locales. Le bouddhisme Mahâyâna, par exemple, la forme dominante en Chine et au Japon, comporte une croyance en des Bodhisattva célestes, ou futurs Bouddha. Les Bodhisattva repoussent leur Nirvana pendant d’innombrables vies afin de servir les autres et de les aider à l’atteindre. Chacun peut donc choisir de continuer le cycle de la renaissance même après avoir atteint le Nirvana.

      13 Un autre changement qui a eu une incidence particulièrement en Chine et au Japon est la doctrine de la Terre pure de l’ouest, créée par Bouddha Amitâbha, ou Amida. Ceux qui invoquent le nom de Bouddha avec foi renaissent sur la Terre pure, ou paradis, où les conditions sont plus favorables pour atteindre l’illumination finale. Qu’est-​ce qui a découlé de cet enseignement ? Le professeur Smart, mentionné plus haut, explique : “ Comme on pouvait s’y attendre, les splendeurs du paradis, décrites avec pittoresque dans certaines écritures mahâyâniques, finirent par devenir dans l’imagination populaire le but suprême à la place du nirvana. ”

      14 Le bouddhisme tibétain comprend d’autres croyances locales. Par exemple, le livre des morts tibétain décrit le sort d’un individu dans l’état intermédiaire avant sa renaissance. Il dit que les morts sont exposés à la lumière aveuglante de l’ultime réalité et que ceux qui sont incapables de supporter la lumière n’obtiennent pas la délivrance, mais renaissent. De toute évidence, le bouddhisme, sous ses formes diverses, comporte la notion d’immortalité.

      Le culte des ancêtres dans le shinto au Japon

      15-17. a) Comment le culte des esprits ancestraux prit-​il naissance dans le shinto ? b) En quoi la croyance en l’immortalité de l’âme est-​elle fondamentale dans le shinto ?

      15 La religion existait au Japon avant l’arrivée du bouddhisme au VIe siècle de n. è. C’était une religion sans nom, qui consistait en croyances, en règles morales et en coutumes populaires. Toutefois, avec l’introduction du bouddhisme, il fallut distinguer cette religion japonaise de la religion étrangère. C’est ainsi que fut forgée l’appellation “ shinto ”, qui veut dire “ la voie des dieux ”.

      16 Quelle était la croyance du shinto primitif en rapport avec l’au-delà ? Après la création des premières rizières, “ la riziculture ne pouvait être pratiquée que par des communautés stables et bien organisées, lit-​on dans une encyclopédie (Kodansha Encyclopedia of Japan). C’est alors qu’apparurent les rites agricoles, qui allaient occuper une grande place dans le shinto ”. La crainte des âmes des morts incita ces hommes du passé à inventer des rites destinés à apaiser les défunts. Ces rites donnèrent naissance au culte des esprits ancestraux.

      17 Dans les croyances shinto, l’âme conserve la personnalité du défunt, mais elle est souillée par la mort. Lorsque la famille accomplit les rites du souvenir, l’âme se purifie au point de perdre toute méchanceté et acquiert un caractère pacifique et bienveillant. Avec le temps, l’esprit de l’ancêtre disparu accède à la position de dieu ancestral, ou protecteur. En coexistant avec le bouddhisme, le shinto adopta certains enseignements bouddhiques, dont la doctrine du paradis. Nous constatons par conséquent que la croyance en l’immortalité est fondamentale dans le shinto.

      L’immortalité dans le taoïsme, le culte des ancêtres dans le confucianisme

      18. Quelle est la pensée taoïste sur l’immortalité ?

      18 Le taoïsme fut fondé par Lao-tseu, qui aurait vécu en Chine au VIe siècle av. n. è. Dans le taoïsme, le but de la vie consiste à mettre en harmonie les activités humaines avec le Tao, la voie de la nature. On peut résumer ainsi la pensée taoïste concernant l’immortalité : le Tao est le principe qui gouverne l’univers. Le Tao n’a ni commencement ni fin. En vivant en accord avec le Tao, une personne y participe et devient éternelle.

      19-21. À quelles recherches les spéculations taoïstes menèrent-​elles ?

      19 Tandis qu’ils s’appliquaient à ne faire qu’un avec la nature, les taoïstes furent fascinés par sa pérennité et par son pouvoir de régénération. L’idée fut émise que celui qui réaliserait l’harmonie avec le Tao, la voie de la nature, serait peut-être en mesure d’en percer les secrets et de s’immuniser contre les maux du corps, les maladies, voire contre la mort.

      20 Les taoïstes s’essayèrent à la méditation, à des exercices respiratoires et à des procédés diététiques censés retarder le dépérissement du corps et la mort. Avant longtemps, des légendes se mirent à circuler, parlant d’immortels capables de chevaucher les nuages et d’apparaître puis de disparaître à volonté, vivant un nombre incalculable d’années sur des montagnes sacrées ou des îles lointaines en se nourrissant de rosée ou de fruits merveilleux. L’histoire de la Chine raconte qu’en 219 av. n. è. Shi Huangdi, l’empereur Qin, envoya une flotte de navires avec à leur bord 3 000 garçons et filles à la recherche de l’île légendaire de Peng Lai, le paradis des Immortels, pour en rapporter la plante d’immortalité. Comme on l’aura deviné, ils ne revinrent point avec l’élixir convoité.

      21 Leur quête de la vie éternelle amena les taoïstes à fabriquer des pilules d’immortalité par le moyen de l’alchimie. Dans la pensée taoïste, la vie résulte de la combinaison du yin et du yang (aspect féminin/aspect masculin). En faisant fondre du plomb (sombre, yin) et du mercure (brillant, yang), les alchimistes simulaient un processus naturel par lequel ils pensaient obtenir une pilule qui rendrait immortel.

      22. Qu’apporta l’influence bouddhiste sur la vie religieuse chinoise ?

      22 Au VIIe siècle de n. è., le bouddhisme s’immisça dans la vie religieuse de la Chine. Il en résulta un amalgame d’éléments empruntés au bouddhisme, au spiritisme et au culte des ancêtres. “ Le bouddhisme et le taoïsme, dit le professeur Smart, donnèrent une forme et un fondement à des croyances relatives à une vie après la mort qui étaient plutôt sommaires dans le culte des ancêtres des anciens Chinois. ”

      23. Que pensait Confucius du culte des ancêtres ?

      23 Confucius, un autre sage chinois éminent qui vécut au VIe siècle av. n. è., dont la philosophie posa le fondement du confucianisme, parla peu de l’au-delà. Il s’appesantit plutôt sur l’importance de la bonté morale et d’une conduite acceptable. Mais il était favorable au culte des ancêtres et insista sur l’observance des rites et des cérémonies relatifs aux esprits des ancêtres disparus.

      D’autres religions orientales

      24. Qu’enseigne le jaïnisme au sujet de l’âme ?

      24 Le jaïnisme fut fondé en Inde au VIe siècle av. n. è. Son fondateur, Mahâvîra, enseignait que tout ce qui vit a une âme éternelle et que l’âme ne peut être libérée des chaînes du Karma qu’au prix d’un renoncement et d’une maîtrise de soi extrêmes, et par une stricte application de la non-violence à l’égard de tout être vivant. Les jaïns adhèrent toujours à ces croyances.

      25, 26. Quelles croyances hindoues retrouve-​t-​on dans le sikhisme ?

      25 En Inde est également venu à l’existence le sikhisme, une religion pratiquée par 19 millions de personnes. Cette religion a vu le jour au XVIe siècle, lorsque Guru Nânak a décidé de former une religion d’union en s’inspirant de ce que l’hindouisme et l’islam avaient de meilleur. Le sikhisme a adopté les croyances hindoues en l’immortalité de l’âme, en la réincarnation et au Karma.

      26 Incontestablement, la croyance selon laquelle la vie continue après la mort du corps fait partie intégrante de la plupart des religions orientales. Mais qu’en est-​il de la chrétienté, du judaïsme et de l’islam ?

  • L’idée gagne le judaïsme, la chrétienté et l’islam
    Que devient-on quand on meurt ?
    • L’idée gagne le judaïsme, la chrétienté et l’islam

      “ Entre autres, la religion s’efforce de faire accepter aux croyants l’idée qu’ils doivent mourir. Elle peut y parvenir en leur promettant une vie meilleure outre-tombe, une renaissance, ou les deux. ” — GERHARD HERM, ÉCRIVAIN ALLEMAND.

      1. Sur quelle croyance fondamentale la plupart des religions fondent-​elles leur promesse d’une vie après la mort ?

      EN PROMETTANT une vie après la mort, presque toutes les religions s’appuient sur la croyance selon laquelle l’humain a une âme immortelle qui, à la mort, se rend dans un autre monde ou transmigre dans une autre créature. Comme l’a montré la partie précédente, la croyance en l’immortalité humaine fait partie intégrante des religions orientales depuis leur origine. Mais qu’en est-​il dans le judaïsme, la chrétienté et l’islam ? Comment cet enseignement s’est-​il imposé dans ces religions ?

      Le judaïsme assimile les concepts grecs

      2, 3. D’après l’Encyclopaedia Judaica, les écrits sacrés des Hébreux enseignaient-​ils l’immortalité de l’âme ?

      2 Les origines du judaïsme remontent à quelque 4 000 ans, jusqu’à Abraham. La rédaction des écrits sacrés des Hébreux commença au XVIe siècle av. n. è. ; ils furent achevés vers l’époque où Socrate et Platon donnaient forme à la théorie de l’immortalité de l’âme. Ces Écritures enseignaient-​elles l’immortalité de l’âme ?

      3 L’Encyclopaedia Judaica donne la réponse : “ Ce n’est que dans la période postbiblique qu’une croyance claire et nette en l’immortalité de l’âme s’est implantée et est devenue l’une des pierres angulaires des fois juive et chrétienne. ” Elle ajoute : “ Durant la période biblique, la personne était considérée comme un tout. On ne distinguait donc pas radicalement l’âme du corps. ” Les Juifs de l’Antiquité croyaient en la résurrection des morts, ce qui “ est à distinguer de la croyance en [...] l’immortalité de l’âme ”, précise cette encyclopédie.

      4-6. Comment la doctrine de l’immortalité de l’âme est-​elle devenue “ l’une des pierres angulaires ” du judaïsme ?

      4 Comment cette doctrine est-​elle donc devenue “ l’une des pierres angulaires ” du judaïsme ? L’Histoire fournit la réponse. En 332 av. n. è., Alexandre le Grand se rendit maître d’une grande partie du Proche-Orient par une conquête éclair. Lorsqu’il se présenta à Jérusalem, les Juifs l’accueillirent à bras ouverts. D’après Flavius Josèphe, historien juif du Ier siècle, ils lui montrèrent même la prophétie du livre de Daniel, écrite plus de 200 ans auparavant, qui décrivait clairement les conquêtes d’Alexandre dans le rôle du “ roi de Grèce ”. (Daniel 8:5-8, 21.) Les successeurs d’Alexandre poursuivirent l’exécution de son projet d’hellénisation en imprégnant systématiquement l’empire de la langue, de la culture et de la philosophie grecques. Le mélange des deux cultures, la culture grecque et la culture juive, était inévitable.

      5 Vers le début du IIIe siècle av. n. è. fut entreprise la première traduction en grec des Écritures hébraïques, appelée la Septante. Grâce à elle, de nombreux Gentils se familiarisèrent avec la religion juive et en vinrent à la respecter ; certains même s’y convertirent. Les Juifs, de leur côté, devinrent des experts dans la pensée grecque ; quelques-uns se firent même philosophes, ce qui était entièrement nouveau pour les Juifs. Philon d’Alexandrie, du Ier siècle de n. è., fut l’un d’eux.

      6 Philon admirait Platon et voulait expliquer le judaïsme en termes de philosophie grecque. “ En élaborant une synthèse de la philosophie platonicienne et de la tradition biblique, dit le livre Heaven—A History, Philon ouvrait la voie aux futurs penseurs chrétiens [ainsi que juifs]. ” Et que croyait Philon au sujet de l’âme ? Le même ouvrage poursuit : “ Pour lui, la mort ramène l’âme à son état originel, celui dans lequel elle était avant la naissance. Puisque l’âme appartient au monde spirituel, la vie dans le corps de chair ne devient rien de plus qu’un court, et souvent malheureux, épisode. ” Parmi les autres penseurs juifs qui croyaient en l’immortalité de l’âme figurent Isaac Israeli, médecin juif réputé du Xe siècle, et Moses Mendelssohn, philosophe juif allemand du XVIIIe siècle.

      7, 8. a) En quels termes le Talmud décrit-​il l’âme ? b) Que dit la littérature mystique juive postérieure au sujet de l’âme ?

      7 Un autre livre a profondément influencé la pensée et la vie des Juifs : le Talmud, le résumé écrit de ce qu’on appelle la loi orale, assorti de commentaires et d’explications ultérieurs relatifs à cette loi, compilés par des rabbins entre le IIe siècle de n. è. et le Moyen Âge. “ Les rabbins du Talmud, dit l’Encyclopaedia Judaica, croyaient que l’âme continuait d’exister après la mort. ” Le Talmud dit même que les morts entrent en relation avec les vivants. “ Probablement en raison de l’influence du platonisme, dit l’Encyclopædia of Religion and Ethics, [les rabbins] croyaient en la préexistence des âmes. ”

      8 La littérature mystique juive postérieure, la kabbale, va même jusqu’à enseigner la réincarnation. À propos de cette croyance, The New Standard Jewish Encyclopedia déclare : “ Il semble que cette notion vit le jour en Inde. [...] Dans la Kabbale, on la rencontre pour la première fois dans le livre Bahir, puis, à partir du Zohar, elle est couramment acceptée par les mystiques et joue un rôle important dans les croyances et la littérature hassidiques. ” En Israël aujourd’hui, la réincarnation est couramment acceptée comme un enseignement juif.

      9. Quelle est la position de la plupart des factions du judaïsme actuel quant à l’immortalité de l’âme ?

      9 Par conséquent, la notion d’immortalité de l’âme est entrée dans le judaïsme sous l’influence de la philosophie grecque et ce concept est aujourd’hui accepté par la plupart de ses factions. Que dire de l’entrée de cet enseignement dans la chrétienté ?

      La chrétienté adopte les pensées de Platon

      10. Qu’a déclaré un éminent érudit espagnol sur la croyance de Jésus en l’immortalité de l’âme ?

      10 Le véritable christianisme vint à l’existence avec Christ Jésus. Miguel de Unamuno, un éminent philosophe espagnol du XXe siècle, a écrit à propos de Jésus : “ Peut-être croyait-​il à la résurrection de la chair à la façon judaïque, non à l’immortalité de l’âme à la façon platonicienne [grecque] [...]. On en peut trouver des preuves dans n’importe quel livre d’exégèse honnête. ” Et de conclure : “ L’immortalité de l’âme [...] est un dogme philosophique païen. ”

      11. Quand la philosophie grecque commença-​t-​elle à s’infiltrer dans le christianisme ?

      11 Quand et comment ce “ dogme philosophique païen ” s’infiltra-​t-​il dans le christianisme ? Une encyclopédie (New Encyclopædia Britannica) répond : “ À partir du milieu du IIe siècle, les chrétiens qui avaient une certaine connaissance de la philosophie grecque commencèrent à éprouver le besoin d’exprimer leur foi selon les termes de cette philosophie, tant pour leur satisfaction intellectuelle que pour convertir des païens instruits. La philosophie qui leur convenait le mieux était le platonisme. ”

      12-14. Quels rôles Origène et Augustin ont-​ils joués dans la fusion de la philosophie platonicienne et du christianisme ?

      12 Deux philosophes des premiers siècles ont exercé une influence considérable sur les doctrines de la chrétienté. L’un était Origène d’Alexandrie (vers 185-254 de n. è.) et l’autre Augustin d’Hippone (354-430 de n. è.). À leur sujet, la New Catholic Encyclopedia déclare : “ Il fallut attendre Origène en Orient et saint Augustin en Occident pour qu’il soit établi que l’âme était une substance spirituelle et pour que soit formé un concept philosophique de sa nature. ” À partir de quoi Origène et Augustin formèrent-​ils leurs concepts concernant l’âme ?

      13 Origène était un disciple de Clément d’Alexandrie, qui fut “ le premier des Pères à emprunter explicitement des enseignements sur l’âme à la tradition grecque ”, dit la New Catholic Encyclopedia. Les idées de Platon sur l’âme durent fortement influencer Origène. “ [Origène] érigea en doctrine chrétienne le grand drame universel de l’âme emprunté à Platon ”, a écrit le théologien Werner Jaeger dans The Harvard Theological Review.

      14 Augustin est considéré par certains membres de la chrétienté comme le plus grand penseur de l’Antiquité. Avant de se convertir au “ christianisme ” à l’âge de 33 ans, Augustin s’intéressait beaucoup à la philosophie et était devenu néoplatoniciena. Après sa conversion, il demeura néoplatonicien dans sa pensée. “ Son esprit fut le creuset dans lequel la religion du Nouveau Testament se fondit le plus complètement à la tradition platonicienne de la philosophie grecque ”, dit The New Encyclopædia Britannica. La New Catholic Encyclopedia reconnaît que “ la doctrine [de l’âme selon Augustin], qui devint la norme en Occident jusqu’à la fin du XIIe siècle, devait beaucoup [...] au néoplatonisme ”.

      15, 16. L’intérêt porté aux enseignements d’Aristote au XIIIe siècle changea-​t-​il l’enseignement de l’Église sur l’immortalité de l’âme ?

      15 Au XIIIe siècle, les enseignements d’Aristote gagnaient en popularité en Europe, en grande partie parce qu’étaient disponibles en latin les œuvres d’érudits arabes qui avaient abondamment commenté les écrits d’Aristote. Un savant catholique nommé Thomas d’Aquin était profondément impressionné par la pensée aristotélicienne. En raison des écrits de cet homme, les idées d’Aristote exercèrent une plus grande influence sur l’enseignement de l’Église que celles de Platon. Néanmoins, ce courant ne modifia pas l’enseignement relatif à l’immortalité de l’âme.

      16 Aristote enseignait que l’âme était inséparablement liée au corps et ne perpétuait pas l’existence d’un individu après sa mort, et que, si quelque chose d’éternel existait en l’homme, c’était son intellect abstrait, impersonnel. Cette vision de l’âme était en contradiction avec la croyance de l’Église selon laquelle les âmes survivaient à la mort. C’est pourquoi Thomas d’Aquin modifia la vision aristotélicienne de l’âme en affirmant qu’on pouvait prouver l’immortalité de celle-ci par la raison. Ainsi demeura intacte la croyance de l’Église en l’immortalité de l’âme.

      17, 18. a) La Réforme du XVIe siècle réforma-​t-​elle l’enseignement relatif à l’âme ? b) Quelle est la position de la plupart des Églises de la chrétienté pour ce qui est de l’immortalité de l’âme ?

      17 Aux XIVe et XVe siècles, le début de la Renaissance, il y eut un regain d’intérêt pour Platon. En Italie, la célèbre famille des Médicis contribua même à fonder une académie platonicienne à Florence pour promouvoir l’étude de la philosophie de Platon. Aux XVIe et XVIIe siècles, l’intérêt pour Aristote diminua. Quant à la Réforme du XVIe siècle, elle ne réforma pas l’enseignement sur l’âme. Même si les réformateurs protestants s’opposèrent à l’enseignement du purgatoire, ils acceptèrent l’idée d’une punition ou d’une récompense éternelle.

      18 Voilà pourquoi l’enseignement de l’immortalité de l’âme prévaut dans la plupart des Églises de la chrétienté. Cela a amené un auteur américain à écrire : “ En fait, pour la grande majorité de nos semblables, la religion est synonyme d’immortalité, et de rien d’autre. Dieu est à l’origine de l’immortalité. ”

      L’immortalité et l’islam

      19. Quand l’islam fut-​il fondé, et par qui ?

      19 L’islam prit naissance quand Mouḥammad fut appelé à devenir prophète vers l’âge de 40 ans. Les musulmans pensent d’ordinaire qu’il reçut des révélations sur une période de 20 à 23 ans, depuis environ 610 de n. è. jusqu’à sa mort en 632 de n. è. Ces révélations sont reproduites dans le Coran, le livre saint des musulmans. À l’époque où l’islam vint à l’existence, le judaïsme et la chrétienté étaient pénétrés du concept platonicien de l’âme.

      20, 21. Que croient les musulmans sur l’au-delà ?

      20 Les musulmans croient que leur foi est l’aboutissement des révélations transmises aux Hébreux et aux chrétiens fidèles du passé. Le Coran cite et les Écritures hébraïques et les Écritures grecques. Cependant, il diffère d’elles pour ce qui est de l’enseignement relatif à l’immortalité de l’âme. Le Coran enseigne que l’homme a une âme qui continue de vivre après la mort. Il parle aussi d’une résurrection des morts, d’un jour de jugement et de la destinée finale de l’âme : soit la vie dans un jardin paradisiaque au ciel, soit la punition dans un enfer brûlant.

      21 Les musulmans croient que l’âme d’un mort va dans le barzakh, ou “ barrière ”, “ le monde qui sépare l’heure de la mort de celle de la résurrection ”. (Sourate 23:99, 100, Le Saint Coran, note.) L’âme y reste consciente et endure ce qu’on appelle le “ châtiment de la tombe ” si la personne était méchante, ou jouit de la félicité si elle a été fidèle. Les fidèles doivent quand même subir quelques tourments en raison des péchés, si rares soient-​ils, qu’ils ont commis durant leur vie. Le jour du jugement, chacun affronte sa destinée éternelle, ce qui met un terme à cet état intermédiaire.

      22. Quelles théories différentes des philosophes arabes ont-​ils avancées en rapport avec la destinée de l’âme ?

      22 La notion d’immortalité de l’âme est apparue dans le judaïsme et la chrétienté sous l’influence platonicienne, mais ce concept a été établi dans l’islam dès ses débuts. Cela ne veut pas dire que les érudits arabes n’ont pas cherché à synthétiser les enseignements islamiques et la philosophie grecque. En réalité, le monde arabe a fortement été influencé par l’œuvre d’Aristote. Et des savants arabes connus, comme Avicenne et Averroès, ont construit sur la pensée aristotélicienne. Toutefois, en voulant concilier la pensée grecque avec l’enseignement musulman sur l’âme, ils ont élaboré des théories différentes. Par exemple, Avicenne disait que l’âme d’une personne est immortelle. Averroès était d’avis contraire. Malgré ces opinions, l’immortalité de l’âme demeure une croyance des musulmans.

      23. Quelle est la position du judaïsme, de la chrétienté et de l’islam sur la question de l’immortalité de l’âme ?

      23 Manifestement donc, le judaïsme, la chrétienté et l’islam enseignent tous trois la doctrine de l’immortalité de l’âme.

  • Où se tourner pour obtenir des réponses ?
    Que devient-on quand on meurt ?
    • Où se tourner pour obtenir des réponses ?

      “ La théorie des souffrances éternelles est incompatible avec la croyance selon laquelle Dieu aime les choses qu’il a créées. [...] Croire en la punition éternelle d’une âme pour les erreurs commises pendant quelques années, sans lui donner une chance de s’amender, c’est aller à l’encontre de tout ce que dicte la raison. ” — NIKHILANANDA, PHILOSOPHE HINDOU.

      1, 2. Étant donné la diversité de croyances sur l’au-delà, quelles questions se posent ?

      COMME le philosophe hindou Nikhilananda, beaucoup aujourd’hui sont gênés par l’enseignement des tourments éternels. D’autres ont pareillement du mal à concevoir des concepts tels que l’accession au Nirvana et l’union avec le Tao.

      2 Pourtant, à cause de l’idée selon laquelle l’âme est immortelle, les religions tant d’Orient que d’Occident ont inventé une panoplie déconcertante de croyances sur l’au-delà. Est-​il possible de savoir la vérité sur ce qu’on devient quand on meurt ? L’âme est-​elle vraiment immortelle ? Où se tourner pour obtenir des réponses ?

      La science et la philosophie

      3. La science ou les méthodes scientifiques d’investigation détiennent-​elles les réponses aux questions sur la vie après la mort ?

      3 La science ou les méthodes scientifiques d’investigation détiennent-​elles les réponses aux questions relatives à l’au-delà ? À partir de rapports récents faits par des personnes ayant vécu des états proches de la mort ou s’étant senties ‘ hors du corps ’, certains chercheurs ont épilogué sur la vie après la mort. Après avoir passé en revue certaines de leurs affirmations dans sa conférence intitulée “ Mourir, est-​ce entrer dans la lumière ? ” Hans Küng, théologien catholique, a tiré cette conclusion : “ De telles expériences de la mort ne prouvent rien pour une vie éventuelle après la mort ; car il s’agit ici des cinq dernières minutes avant la mort et non d’une vie éternelle après la mort. ” Il a ajouté : “ La question d’une éventuelle vie après la mort est d’une immense importance pour la vie avant la mort. Elle exige une réponse qui, si elle ne peut venir de la médecine, doit être cherchée ailleurs. ”

      4. La philosophie peut-​elle nous aider à trouver les réponses parmi les nombreuses sortes d’après-vie que proposent diverses religions ?

      4 Que dire de la philosophie ? Peut-​elle nous aider à trouver les réponses parmi toutes les sortes d’après-vie que proposent diverses religions ? L’exploration philosophique inclut l’“ activité spéculative ”, dit Bertrand Russell, philosophe britannique du XXe siècle. D’après The World Book Encyclopedia, la philosophie est “ une forme de recherche, un processus d’analyse, de critique, d’interprétation et de spéculation ”. Sur le sujet de l’au-delà, les spéculations philosophiques varient grandement : certaines qualifient l’immortalité de simple aspiration ; d’autres vont jusqu’à l’ériger en droit naturel de chaque humain.

      Une source incomparable de réponses

      5. Quel est le plus vieux livre jamais écrit ?

      5 Il existe toutefois un livre qui contient des réponses véridiques aux questions importantes qui se posent sur la vie et la mort. Il s’agit du plus vieux livre jamais écrit, dont certaines parties ont été rédigées il y a quelque 3 500 ans. La première partie de ce livre a été écrite plusieurs siècles avant les plus anciens hymnes des écritures hindoues, les Veda, et environ mille ans avant que Bouddha, Mahâvîra et Confucius ne voient le jour. Ce livre a été terminé en 98 de n. è., plus de 500 ans avant que Mouḥammad ne fonde l’islam. Cette source incomparable de sagesse supérieure, c’est la Biblea.

      6. Pourquoi pouvons-​nous nous attendre à ce que la Bible dise ce qu’est l’âme ?

      6 La Bible rapporte l’histoire ancienne avec plus d’exactitude que n’importe quel autre livre. L’Histoire qu’elle relate remonte aux débuts de la famille humaine et explique comment nous sommes venus sur la terre. Elle nous ramène même avant la création des humains. Un tel livre est sans aucun doute en mesure de nous éclairer sur la manière dont l’homme a été fait et sur ce qu’est l’âme.

      7, 8. Pourquoi pouvons-​nous nous tourner avec confiance vers la Bible pour obtenir des réponses véridiques et satisfaisantes sur ce qui arrive quand on meurt ?

      7 En outre, la Bible est un livre de prophéties qui s’accomplissent immanquablement. Par exemple, elle a prédit la montée et la chute des Empires médo-perse et grec avec force détails. Ces propos étaient si précis que des critiques ont essayé en vain de prouver qu’ils avaient été écrits après coup (Daniel 8:1-7, 20-22). Certaines prophéties rapportées dans la Bible se réalisent point par point à notre époque mêmeb. — Matthieu, chapitre 24 ; Marc, chapitre 13 ; Luc, chapitre 21 ; 2 Timothée 3:1-5, 13.

      8 Aucun humain, quelle que soit son intelligence, ne pouvait prédire des événements futurs avec autant de précision. Seul le Créateur tout-puissant de l’univers, à la sagesse infinie, en était capable (2 Timothée 3:16, 17 ; 2 Pierre 1:20, 21). La Bible est incontestablement un livre qui vient de Dieu. Un tel livre peut assurément nous donner des réponses véridiques et satisfaisantes sur ce qu’on devient quand on meurt. Voyons d’abord ce qu’il dit au sujet de l’âme.

Publications françaises (1950-2025)
Se déconnecter
Se connecter
  • Français
  • Partager
  • Préférences
  • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
  • Conditions d’utilisation
  • Règles de confidentialité
  • Paramètres de confidentialité
  • JW.ORG
  • Se connecter
Partager