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  • Un chemin sans fin
  • La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1986
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La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1986
w86 1/10 p. 26-30

Un chemin sans fin

Par Eva Carol Abbott

JE SUIS née le 21 décembre 1908, de Grace Pearl et de William Vaughan, dans une ferme proche d’Emporia, dans le Kansas (États-Unis). D’Emporia nous sommes partis pour les plaines du Colorado, où la vie était rude et solitaire. Nous possédions une grange, un moulin à vent, et une maison qui, d’après la description que ma mère m’en a faite, devait ressembler à un wagon de chemin de fer. Cette demeure comprenait une très grande cuisine et une autre grande pièce qui faisait à la fois office de salle de séjour et de chambre.

Cependant, quelques-uns de nos très rares voisins vivaient dans des abris. Ces habitations étaient à moitié au-dessus du niveau du sol et à moitié au-dessous. Durant certaines périodes du long hiver, ces huttes étaient entièrement recouvertes de neige. Mes parents recevaient alors des coups de téléphone de ces voisins bloqués par la neige (malgré leur pauvreté, ils avaient le téléphone) qui appelaient pour demander l’heure. Et, après qu’on leur eut répondu, ces derniers ajoutaient: ‘Du matin ou du soir?’

Plusieurs fois par an, les fermiers allaient pendant quelques jours dans les forêts pour couper des poteaux. Ils les empilaient sur des chariots tirés par un robuste attelage de chevaux et ils les amenaient en ville afin de les troquer contre de la nourriture, des provisions d’hiver et des semences pour faire de la culture l’été. Durant ces périodes, maman restait seule avec moi; elle avait l’habitude pendant les longues soirées de laisser brûler de l’huile la moitié de la nuit tandis qu’elle lisait et relisait sa Bible. Elle croyait très profondément que Dieu avait un peuple et elle cherchait le chemin qui conduisait à ce peuple.

Alors que j’avais trois ans, mes parents ont emménagé dans une ferme du Kansas, près de la petite ville de Kiowa. Nous avons fait une partie du voyage dans un chariot que mon père avait couvert d’une toile. J’ai attrapé la grippe, et je me souviens que j’étais couchée sur une paillasse à même le plancher du chariot, bien au chaud, regardant la lampe à huile accrochée à la toile au-dessus de ma tête se balancer en avant et en arrière. Ma mère me frictionnait avec un mélange de saindoux, de térébenthine et d’huile de charbon. Je me souviens encore du bien-être que j’en éprouvais et de l’atmosphère douillette et pleine d’amour qui l’accompagnait.

Le début du chemin

Au nombre de mes souvenirs d’enfance figure encore notre déménagement à Alva, dans l’Oklahoma. Ma mère cherchait toujours le chemin qui menait au “peuple de Dieu”. Un jour, elle trouva quelques tracts bibliques dans notre véranda. Peu après, dans un magasin où il travaillait, mon père fut accosté par un colporteur (ministre à plein temps) qui lui montra un volume des Études des Écritures de Charles Russell, le premier président de la Société Watch Tower. Bien que papa ait acheté le livre, c’est maman qui le lut, et elle se rendit compte que le message qu’il contenait provenait de la même source que les tracts déposés dans la véranda.

Le colporteur avait invité papa à une réunion d’étude de la Bible ce soir-​là. Il n’eut pas envie d’y aller, mais maman s’y rendit avec moi. Je n’ai qu’un vague souvenir de cette réunion; cependant, je me souviens des détails que ma mère m’a racontés maintes fois. Il y avait une douzaine d’assistants, et on posa la question: “Comment meurt-​on?” Dans l’assistance, une sœur répondit: “Comme les bêtes.” Maman fut choquée. Elle interrompit la discussion: “Excusez-​moi, mais dois-​je comprendre que vous croyez que nous mourons comme les bêtes?” Le frère qui dirigeait la discussion répondit: “Voulez-​vous lire Ecclésiaste 3:19-21?”

“Ils m’ont permis d’interrompre la réunion par des questions que je posais les unes à la suite des autres, et ils ont passé la soirée entière à y répondre”, me racontait avec plaisir maman. Je me souviens qu’à notre retour à la maison elle était très excitée. Elle avait sans aucun doute trouvé le peuple de Dieu et le mode de vie qu’elle voulait suivre. Là commençait le chemin.

C’était en 1913. Ensuite vint la projection du film et des diapositives de la Société Watch Tower qui constituaient le “Photo-Drame de la Création”. Maman fut très heureuse d’être parmi les assistants réunis au théâtre de la ville. Ces années passées à Alva étaient très encourageantes pour maman. Je lui disais bien des fois: “Maman, tu souris maintenant; cela ne t’arrivait pas souvent.”

Maman avait déjà pris fermement position pour la vérité. À cette époque, certains Étudiants de la Bible croyaient qu’ils seraient enlevés au ciel “d’un jour à l’autre” et imaginaient qu’une vie facile allait bientôt commencer. Mais telle n’était pas l’attitude de ma mère. Elle n’était pas dévorée par l’envie d’aller immédiatement au ciel. Maman était ‘trop occupée, comme elle disait, à apprendre, à étudier, à aller aux réunions et à prêcher la bonne nouvelle du Royaume’.

Peu après, la Première Guerre mondiale faisait rage, ce qui incita les habitants des villes à nous persécuter. Je me souviens d’avoir accompagné maman de porte en porte afin de recueillir des signatures pour une pétition adressée au gouvernement des États-Unis. Cette pétition réclamait la libération de frère Rutherford et de ses sept compagnons, qui avaient été injustement emprisonnés au pénitencier d’Atlanta, en Géorgie. Mais un autre événement nous obligea à partir.

La guerre terminée, l’épidémie de grippe espagnole s’est déclenchée. La grippe laissa maman diminuée physiquement. Le docteur conseilla donc à mon père de s’établir dans le sud de la Californie, où le climat serait meilleur. Nous sommes arrivés à Los Angeles, puis nous nous sommes installés à Alhambra, non loin de cette ville. C’est là que j’ai dû prendre la plus importante décision de ma vie.

En 1924, une amie et moi sommes allées en train à Los Angeles pour assister à l’enterrement d’une de nos sœurs chrétiennes que nous aimions beaucoup. Pendant le voyage de retour, nous avons discuté de la consécration (qu’on appelle aujourd’hui l’offrande de soi). Je me suis mise à réfléchir sérieusement à ma vie et j’ai parlé avec maman de cette question. J’ai donc fait des recherches sur ce sujet dans les réimpressions de La Tour de Garde et j’ai lu tout ce qui avait été écrit sur la consécration depuis l’année 1908. Peu après, j’ai voué ma vie à Jéhovah, et en octobre 1925 je me faisais baptiser.

Compagnons de route

Un jour de 1927, on m’a dit qu’un frère du nom de Herbert Abbott voulait me rencontrer. J’étais très surprise, car je ne savais même pas qui il était. Mais je n’ai pas tardé à le découvrir. Il avait appris que j’avais 18 ans et que j’étais vouée à Dieu depuis deux ans, et cela lui plaisait. On nous a donc présentés; nous nous sommes fréquentés pendant trois mois, et nous nous sommes mariés en juillet 1927.

Herbert et moi avons acheté une maison dans les jolies collines de Pasadena. Un jour de printemps 1928, j’ai trouvé dans le courrier une lettre qui donnait des renseignements sur le service de pionnier. Le soir, quand Herbert est rentré du travail, j’ai émis l’idée que nous pouvions vendre notre maison et devenir pionniers. Il m’a répondu que si j’étais prête à abandonner notre mode de vie, lui ne disait pas non.

Le territoire qu’on nous a attribué était Charles City, dans l’Iowa, et nous devions nous y rendre après l’assemblée de Detroit. En été, nos préparatifs pour le service de pionnier étaient achevés, mais à notre grande surprise j’étais enceinte. Qu’allions-​nous faire? Changer nos projets revenait à dire: “Nous savons, Jéhovah, que tu pourrais prendre soin de nous deux, mais pas de nous trois.”

Après l’assemblée, Herbert et moi sommes allés dans notre territoire, à Charles City. Cependant, vers le huitième mois de ma grossesse, il nous a paru sage de retourner à Los Angeles où, au début de janvier 1929, nous est née une jolie petite fille, Perousia Carol. Mais notre joie ne dura que neuf mois; l’enfant mourut en octobre.

La promesse de la résurrection faite par Jéhovah occupait beaucoup nos pensées. Toutefois, la mort est une ennemie, et nous étions accablés par la mort de notre petite fille. La pensée pénible de savoir notre chère enfant reposer dans la terre était atténuée par notre connaissance de la Parole de Dieu. Notre petite fille était simplement endormie; elle resterait dans la mémoire de Jéhovah (Jean 11:11-14, 23-25). Voilà longtemps qu’elle dort, mais un jour elle se réveillera et ce sera la preuve que la Parole de Dieu est véridique. J’ai toujours le désir de la voir louer éternellement le grand nom de Jéhovah.

Sur les routes

Nous avons fait de nouveaux projets pour le service de pionnier. En mars de l’année suivante, nous avons acheté une roulotte couverte de toile avec un toit pliant et, pour la tracter, nous avons échangé notre Studebaker sept places contre une Ford A. Ainsi débutèrent les 25 ans que nous avons passés sur les routes.

La petite roulotte avec laquelle nous avons si joyeusement parcouru les routes a duré plus de huit ans. La surface de plancher libre mesurait 1,50 mètre sur 1,20. On faisait la cuisine sur une planche démontable de 28 centimètres sur 30. On disposait de deux bons lits, d’un réchaud à essence à deux brûleurs, d’un seau, d’une lanterne à essence, d’un appareil de chauffage à huile, d’un bac à lessive, d’une planche à laver, d’un fer à repasser à essence et d’une planche à repasser. Il y avait aussi une étagère portative au-dessus du réchaud où l’on plaçait un petit placard qui contenait notre belle porcelaine de Haviland, un cadeau de mariage. Une nuit, les vis qui tenaient l’étagère ont cédé, et tout est tombé avec grand fracas, y compris la lanterne qui se trouvait dessus. Il n’y avait pas grand dégât, si ce n’est nos belles assiettes qui étaient en mille morceaux.

Nous avons quelquefois dû changer la toile qui couvrait la roulotte. Pour ce faire, nous achetions de grosses toiles que les arboriculteurs utilisaient pour couvrir les orangers afin de les fumiger. Nous les coupions en bandes et cousions celles-ci ensemble avec des aiguilles recourbées jusqu’à ce que le toit de la roulotte soit achevé.

Le lundi était le jour de lessive. Nous lavions et rincions le linge dans l’eau que nous puisions à la rivière ou à la fontaine du village et que nous chauffions sur un feu que nous faisions à l’extérieur. Nous avions aussi un four démontable dans lequel je cuisais un gâteau pour les repas de la semaine. Nous étions alors prêts à vaincre les difficultés de notre territoire.

Dans les années 1930 il y eut l’exode des fermiers vers les villes. Parfois nous suivions pendant des kilomètres un chemin sinueux à travers montagnes et canyons pour ne trouver qu’une maison abandonnée. Pour résoudre ce problème, nous regardions à l’aide d’une paire de jumelles s’il y avait du linge étendu, si de la fumée s’échappait de la cheminée ou s’il y avait du bétail à proximité. Cela nous épargnait du temps et de l’essence. Bien sûr, nous ne pouvions pas toujours voir s’il se trouvait une habitation sur la route; en ce cas, nous demandions aux gens si la route menait à une maison.

Une fois, nous ne savions pas quoi faire. Il y avait un ranch à 24 kilomètres de l’autre côté de la montagne, mais les gens n’étaient pas certains qu’il soit habité. Nous devions calculer s’il y aurait assez d’essence pour le voyage du lendemain. À proximité coulait un ruisseau d’environ un mètre de large. Comme Herb avait soif, il descendit et s’agenouilla pour boire. C’est alors que quelque chose de brillant attira son regard. Il tendit le bras et tira de l’eau des pièces d’une valeur de plusieurs dollars. Il va de soi que nous n’avons pas hésité et nous sommes allés de l’avant. La route était longue et pénible, et le propriétaire de la maison n’était pas intéressé par la Bible, mais nous savions que le territoire était visité, et que cet homme avait reçu le témoignage.

Des souvenirs de route

Au cours des années, nous avons vécu des moments saisissants et amusants. Alors que nous étions malmenés par la foule à Corning, en Californie, quatre sœurs et moi sommes venues en aide à Aleck Bangle (qui est aujourd’hui missionnaire à la Jamaïque) qu’on était en train de battre. Il y avait dans la rue plus d’une centaine de badauds qui tous applaudissaient celui qui le frappait. Je ris maintenant en me rappelant que j’avais enlevé ma chaussure à talon haut et frappé l’homme à la tête lorsqu’il s’était penché pour donner un coup violent à Aleck.

L’édition anglaise du 29 mai 1940 de Consolation (aujourd’hui Réveillez-vous!) reproduisait sur la couverture la photo du troisième président américain, Thomas Jefferson, avec un drapeau américain. En cette période de troubles et de persécutions, je pensais qu’il était bien d’avoir toujours quelques-uns de ces numéros dans mon sac à périodiques, pour le cas où nous en aurions besoin. De fait, un samedi, alors que nous proposions les périodiques dans la rue, j’ai abordé deux hommes. L’un d’eux, l’air très sévère, m’a dit sur un ton provocateur: “Ma petite dame, si vous en aviez un avec le drapeau américain dessus, je vous le prendrais, mais vous êtes Témoin de Jé...” Avant qu’il n’ajoute quoi que ce soit d’autre, vous imaginez ce que je lui ai répondu: “Oh, monsieur, je suis bien contente; j’ai justement celui que vous voulez.” J’ai sorti ce numéro de mon sac. Il a arrêté de faire tinter sa monnaie dans sa poche, a rougi, a balbutié et m’a donné la contribution en échange du périodique.

J’ai vécu un autre moment amusant alors que nous distribuions à tous les membres du clergé une brochure spéciale intitulée Le Royaume, l’Espérance du Monde. Dans une maison, un ecclésiastique vint ouvrir la porte. Il n’avait pas le moins du monde envie de recevoir cette brochure, mais nous avions pour instruction de la laisser dans toute la mesure du possible, si bien que je lui ai dit aimablement: “Monsieur, voici votre exemplaire, et je le dépose ici pour vous.” Je me suis retournée pour m’en aller, et, tandis que je descendais l’allée, la brochure a volé au-dessus de moi et a atterri sur le sol à côté d’une flaque d’eau. Je l’ai ramassée, car je ne voulais pas la laisser là. Mais à cet instant un énorme chien s’est précipité derrière moi en aboyant; il m’a arraché la brochure des mains et il est retourné en courant vers son maître, le pasteur. Ce que je n’avais pu faire, le chien l’a fait!

En 1953, maman, Herbert et moi nous sommes installés à Sacramento, en Californie. Herbert ayant des problèmes de santé, nous avions dû changer notre façon de vivre. Je remercie souvent Jéhovah de m’avoir bénie en me donnant une mère dévouée et un mari fidèle. Ils ne sont plus maintenant; ils ont reçu leur récompense céleste. Maman est décédée en 1975; Herbert a terminé sa course terrestre en septembre 1980, à 82 ans. Je me sens encore bien seule, mais lorsque je repense aux années que nous avons passées ensemble dans le service, je suis réconfortée. Et je sais que la route ne s’arrêtera pas, car Jéhovah, par l’intermédiaire de son Fils Jésus Christ, est mon Guide sur le chemin qui conduit à l’éternité.

[Photo d’Eva Carol Abbott, page 26]

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