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Prisonniers de phobiesRéveillez-vous ! 1987 | 8 février
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De l’aide pour les phobiques?
Peut-on guérir des phobies grâce à l’un des nombreux traitements modernes? Dans certains cas, il semble que oui. Mais là encore, les réactions des individus sont tout aussi variées que leurs phobies. “En dépit des succès prometteurs remportés dans le traitement de certaines phobies grâce à l’utilisation de thérapies médicamenteuses, dit le psychiatre David Burns, rien ne prouve que des médicaments puissent à eux seuls apporter la guérison.” En réalité, certains remèdes ne produisent aucun résultat sur de nombreux patients, ou s’ils en ont un, cela ne dure que peu de temps — quelques mois, voire une semaine seulement.
Il faut aussi prendre en considération les effets secondaires des médicaments. Ils sont parfois très désagréables. C’est la raison pour laquelle on estime que seulement 70 pour cent des phobiques peuvent les prendre. En plus des insomnies, des troubles de la vision et d’autres problèmes, des médicaments provoquent dans certains cas les symptômes d’un accès de panique, au grand désespoir du patient.
C’est pourquoi il n’est pas rare que des phobiques suivent simultanément plusieurs traitements thérapeutiques dans l’espoir d’être soulagés. “La méthode qui a fait des merveilles pour un patient peut n’avoir que très peu d’effet sur un autre”, fait remarquer Muriel Frampton dans son livre L’agoraphobie: comment affronter le monde extérieur (angl.). Outre les thérapeutiques classiques, l’homéopathie, l’ostéopathie, l’acupuncture et divers remèdes naturels soulagent certains individusa. Les préférences personnelles jouent un rôle dans le choix du traitement. Néanmoins, il est bien d’être conscient du danger que certaines thérapeutiques présentent.
La convulsivothérapie et l’hypnose
En Grande-Bretagne, on soigne l’anxiété au moyen de la convulsivothérapie, ou traitement par électrochoc, comme on l’appelle généralement. Ce procédé consiste à faire passer un courant électrique de faible intensité à travers le cerveau pour provoquer une petite crise convulsive chez le malade. Cette thérapeutique peut le soulager, mais son action sur les phobies s’avère parfois éphémère. Il arrive aussi qu’elle ait des effets secondaires, une perte de mémoire par exemple. Ce traitement est maintenant interdit ou limité dans certaines régions des États-Unis et dans quelques pays d’Europe.
Certains médecins recommandent l’hypnose, ou hypnothérapie. Mais Muriel Frampton déclare: “L’expérience tend à prouver qu’une thérapeutique repose sur un fondement plus solide quand elle fait appel à la volonté consciente du patient.” (L’agoraphobie: comment affronter le monde extérieur). Par ailleurs, les chrétiens n’ignorent pas que le fait de laisser son esprit à la merci d’une autre personne présente des dangers. Ils ne recourent donc pas à l’hypnose.
L’importance de la volonté
Les résultats obtenus grâce aux médicaments étant limités, les phobiques eux-mêmes peuvent-ils faire quelque chose pour surmonter leur handicap? Oui, et nombre de médecins affirment que la volonté est le meilleur remède contre les phobies. Elle donne des résultats encourageants et bien souvent durables.
Tout d’abord, le phobique doit apprendre à se relaxer. Il faut bien se détendre sur le plan physique pour que la tension mentale se relâche. C’est ce que confirme le psychologue Alan Goldstein en ces termes: “Pour aider nos patients agoraphobes à venir à bout de leurs accès de panique, nous leur apprenons à se détendre, à contrôler leur respiration, à oublier les pensées qui les paniquent et à se concentrer sur ‘le lieu et l’instant présents’.”
Quand les patients y parviennent (et ce n’est pas facile, car il leur faut parfois des semaines de persévérance pour apprendre à se détendre convenablement), l’étape suivante consiste à déterminer la cause de leur peur et à l’affronter. Un thérapeute habile peut aider un patient à comprendre quelles étapes mènent à un accès de panique. Puis, petit à petit, il l’encourage à les surmonter mentalement. Alan Goldstein explique: “Nous les aidons à identifier leurs sentiments et à les maîtriser.”
Tous les phobiques ne réussissent pas à utiliser cette technique de désensibilisation, comme on l’appelle. Mais elle permet finalement à ceux qui y parviennent de faire face à la situation et de la surmonter. Même si la guérison n’est pas totale, la cause ou les causes de la phobie deviennent au moins plus tolérables par la suite. Les médecins qui emploient cette méthode affirment qu’elle procure un soulagement notable à huit phobiques sur dix.
Combattre la peur
La notion de désensibilisation est également à l’origine d’une autre technique consistant à mettre délibérément et aussi longtemps que possible le patient en présence de ce qui l’effraie. Cela exige beaucoup de courage de sa part et s’avère, dans certains cas, épuisant et éprouvant sur le plan émotif. Il est donc généralement préférable d’utiliser cette méthode sous la direction d’une personne qualifiée plutôt que d’agir ainsi de sa propre initiative. Quoi qu’il en soit, elle permet souvent d’obtenir de bons résultats.
Tony Elliott, promoteur de ce procédé et lui-même ancien agoraphobe, a fondé une association de phobiques à Nottingham (Angleterre). Il aide ceux qui ont la phobie du train en leur faisant visiter une gare et en les faisant asseoir dans un wagon immobilisé sur une voie de garage. L’étape suivante consiste à leur faire faire en train un court trajet le long des quais, puis finalement un voyage de quelques kilomètres jusqu’à la gare la plus proche. Des médecins munis de tranquillisants accompagnent et surveillent les phobiques.
Les résultats obtenus sont encourageants. “Je parviens à guérir certains de ces phobiques à 90 pour cent”, affirme Tony Elliott. De nombreuses associations utilisent désormais la même thérapeutique pour soigner la phobie de l’autocar ou de l’avionb.
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Prisonniers de phobiesRéveillez-vous ! 1987 | 8 février
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a Réveillez-vous! ne recommande pas un type de médicament ou de traitement plutôt qu’un autre, et il ne donne pas de conseils médicaux. Il présente simplement les faits et laisse au lecteur le soin de se forger une opinion et de prendre ses décisions.
b Il y a maintenant des associations d’aide aux phobiques dans de nombreux pays. On peut se renseigner à leur sujet auprès de médecins ou d’institutions publiques.
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