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  • Esprits tourmentés
    Réveillez-vous ! 2004 | 8 janvier
    • Esprits tourmentés

      DEPUIS l’âge de 14 ans, Nicole passait par des périodes d’abattement profond. Puis, à 16 ans, elle a commencé à vivre des phases d’un genre nouveau, de curieux états d’euphorie, de dynamisme hors du commun. Activité cérébrale débordante, discours incohérent et insomnie allaient de pair avec la conviction, infondée, que ses amis profitaient de son état de faiblesse. Puis Nicole a prétendu pouvoir changer la couleur des objets à sa guise. C’est alors que sa mère a pris conscience qu’une consultation médicale s’imposait. Elle a donc conduit sa fille à l’hôpital. Après avoir analysé avec attention les changements d’humeur de Nicole, les médecins ont fini par établir leur diagnostic : l’adolescente souffrait de la maladie maniacodépressivea.

      Comme Nicole, des millions de personnes souffrent de troubles de l’humeur, que ce soit de la maladie maniacodépressive ou d’une forme de dépression. Ces maux provoquent des effets dévastateurs. “ J’ai souffert pendant de nombreuses années, raconte Steven, un maniacodépressif. J’alternais les périodes d’accablement profond et les périodes d’euphorie intense. La thérapie et les médicaments me soulageaient, mais c’était quand même une lutte quotidienne. ”

      À quoi sont dus les troubles de l’humeur ? Que ressent-​on quand on est atteint de dépression ou de maladie maniacodépressive ? Comment offrir aux malades et à leur entourage le soutien dont ils ont besoin ?

      [Note]

      a Également appelée “ maniacodépression ”. Veuillez noter que certains de ces symptômes peuvent être révélateurs de schizophrénie, de toxicomanie, ou d’une crise normale de l’adolescence. Seuls des examens pointus effectués par des spécialistes permettent de formuler un diagnostic sûr.

  • Vivre avec des troubles de l’humeur
    Réveillez-vous ! 2004 | 8 janvier
    • Vivre avec des troubles de l’humeur

      LES troubles de l’humeur sont très répandus. On estime que plus de 330 millions de personnes dans le monde souffrent de dépression grave, un mal qui se traduit par une tristesse irrésistible et un désintérêt pour les activités quotidiennes. On estime aussi que, dans 20 ans, cette maladie sera la plus répandue après les maladies cardiovasculaires. Voilà pourquoi on l’appelle “ le rhume des troubles psychiatriques ”.

      Ces dernières années, l’attention du public a été attirée sur la maladie maniacodépressive. Elle se caractérise par une alternance de l’humeur entre dépression et manie. “ Au cours de la phase dépressive, explique un guide publié récemment par l’American Medical Association, on est parfois hanté par des pensées suicidaires. Pendant la phase maniaque, le bon sens disparaît et l’on ne discerne plus les conséquences de ses actes. ”

      Deux pour cent de la population serait maniacodépressive aux États-Unis, ce qui signifie que dans ce seul pays se trouvent des millions de malades. Mais les chiffres ne suffisent pas à décrire les tourments qu’infligent les troubles de l’humeur à ceux qui en sont atteints.

      La dépression, une tristesse irrésistible

      Nous sommes tous passés par des périodes de tristesse. Puis ce sentiment nous a quittés, au bout de quelques heures ou de quelques jours. La dépression est beaucoup plus grave. Comment cela ? “ Ceux d’entre nous qui ne sont pas dépressifs savent que les émotions qui nous prennent en otage finissent par nous relâcher, déclare le professeur Mitch Golant, tandis que le dépressif passe par toute une palette de sentiments qui l’emprisonnent sans lui donner le moindre indice au sujet de sa libération : quand et comment elle s’effectuera, ou s’il peut entretenir le moindre espoir qu’elle se fera. ”

      La dépression revêt plusieurs formes. Certains malades sont atteints d’un trouble dépressif saisonnier qui se manifeste à une époque particulière de l’année, souvent en hiver. “ Ceux qui souffrent d’une dépression saisonnière signalent que plus ils vivent au nord et plus le temps est couvert, plus leur état dépressif s’aggrave, lit-​on dans un livre édité par la People’s Medical Society. Bien que le trouble dépressif saisonnier soit principalement causé par les sombres journées d’hiver, il peut être aussi lié à un espace de travail confiné, à des temps nuageux hors saison et à des problèmes de vue. ”

      À quoi est due la dépression ? Il n’existe pas de réponse claire. Même si dans certains cas l’hérédité peut être invoquée, la plupart du temps ce sont les circonstances de la vie qui jouent un grand rôle. La dépression touche également deux fois plus de femmes que d’hommesa. Ceux-ci ne sont pas épargnés pour autant. Au contraire, on estime qu’entre 5 et 12 % des hommes seront atteints de dépression au cours de leur vie.

      Quand une dépression de ce genre survient, elle bouleverse la vie entière. Elle “ te secoue jusqu’au plus profond de toi, témoigne Sheila, sape ta confiance, ton amour-propre, ta capacité à analyser et à prendre des décisions, et puis, quand elle s’est emparée de toi, elle resserre une nouvelle fois l’étreinte, juste pour voir si tu tiens encore le coup ”.

      Parfois, un dépressif peut trouver beaucoup de soulagement en faisant part de ce qu’il ressent à un auditeur compréhensif (Job 10:1). Il faut reconnaître cependant que la dépression ne peut se résoudre par le simple optimisme lorsque des facteurs biochimiques sont en cause. En effet, dans de tels cas, le malade n’a plus de prise sur le désespoir qui l’envahit. Qui plus est, il est peut-être tout aussi déconcerté que sa famille et ses amis.

      Paulab a connu des moments pénibles de tristesse accablante avant que sa dépression ne soit diagnostiquée. “ Parfois, à la fin de la réunion, se souvient-​elle, je me précipitais dans ma voiture et j’éclatais en sanglots, sans aucune raison. J’étais submergée par un sentiment de solitude et de douleur. Ce ne sont pas les preuves d’affection de mes nombreux amis qui me manquaient, mais moi qui ne les voyais plus. ”

      Ellen, dont la dépression a été si grave qu’elle a entraîné l’hospitalisation, a vécu le même genre de situation. “ J’ai conscience d’avoir deux fils, deux charmantes belles-filles et un mari qui m’aiment énormément ”, reconnaît-​elle. La logique voudrait donc qu’Ellen croque la vie à pleines dents et qu’elle se sente précieuse aux yeux des siens. Mais quand la dépression s’installe, le pessimisme, même s’il est loin de refléter la réalité, submerge le malade.

      Il ne faudrait pas sous-estimer les répercussions possibles de la maladie sur le reste de la famille. “ Quand un être cher est dépressif, écrit le professeur Golant, un sentiment de doute permanent s’installe, car on ne sait jamais vraiment quand le malade se remettra de son état ou quand il rechutera. On ressent un vide profond, parfois même du chagrin et de la colère, l’impression que rien ne sera plus jamais comme avant. ”

      Les enfants décèlent facilement que l’un des parents fait une dépression. “ L’enfant devient très sensible aux états affectifs de sa maman dépressive, attentif à la moindre nuance et au moindre changement ”, écrit le professeur Golant. Le docteur Carol Watkins fait observer que de tels enfants “ risquent davantage de souffrir de troubles du comportement, d’éprouver des difficultés relationnelles et des difficultés d’apprentissage, ainsi que de sombrer eux-​mêmes dans la dépression ”. 

      La maniacodépression, prévisible imprévisibilité

      La dépression est en elle-​même une maladie terrible. Quand s’y ajoute la manie, il en résulte une maladie encore plus terrible, la maniacodépressionc. “ La seule chose de prévisible dans la maladie maniacodépressive, c’est qu’elle est imprévisible ”, constate Lucia, qui en est atteinte. Dans les phases de manie, signale l’Harvard Mental Health Letter, les malades “ peuvent se montrer excessivement importuns et dominateurs, et leur euphorie remuante et téméraire se transformer soudain en irascibilité ou en fureur ”. 

      Lenore se souvient de son état d’exaltation en pleine manie. “ Je débordais littéralement d’énergie, raconte-​t-​elle. Beaucoup m’appelaient la ‘ superwoman ’. On me disait : ‘ J’aimerais tellement vous ressembler. ’ J’éprouvais souvent un sentiment de puissance, la certitude de pouvoir tout faire. Je faisais du sport avec acharnement. Très peu de sommeil me suffisait, deux ou trois heures seulement. Et pourtant, je me réveillais pleine de vitalité. ”

      Puis les cieux de Lenore commencèrent à s’assombrir. “ Au summum de mon euphorie, dit-​elle, je ressentais une agitation au plus profond de moi-​même, un moteur emballé qu’on ne pouvait plus arrêter. En un clin d’œil, je devenais violente et destructrice. Adieu ma bonne humeur ! J’agressais verbalement les miens pour un oui ou pour un non. J’étais furieuse, odieuse et indomptable. Après cet épisode effrayant, je me sentais brusquement à bout de force, extrêmement déprimée, et je me mettais à pleurer. Il me semblait que je ne valais rien et que j’étais méchante. Puis mon humeur étonnamment enjouée reprenait le dessus, comme si de rien n’était. ”

      L’humeur fantasque des maniacodépressifs est source de confusion pour la famille. Mary, dont le conjoint est atteint de ce mal, déclare : “ C’est très déroutant de voir mon mari joyeux et volubile devenir en un instant abattu et renfermé. Il nous faut lutter pour accepter le fait qu’il ne peut rien y faire. ”

      Mais la maladie est tout aussi pénible, si ce n’est davantage, pour celui qui en souffre. “ J’envie ceux qui mènent une vie équilibrée et stable, avoue Gloria. La stabilité n’est qu’un lieu de passage pour les maniacodépressifs. Aucun de nous n’y habite. ”

      Quelles sont les causes de la maniacodépression ? Il existe un facteur génétique, plus déterminant que dans le cas de la dépression. “ D’après certaines études scientifiques, déclare l’American Medical Association, la parenté immédiate (parents, frères et sœurs ou enfants) des maniacodépressifs risque 8 à 18 fois plus d’être atteinte de cette maladie que la parenté d’individus sains. Qui plus est, le fait qu’un membre de sa famille souffre de maladie maniacodépressive rend plus vulnérable à la dépression grave. ”

      Contrairement à la dépression, la maladie maniacodépressive touche apparemment les deux sexes dans des proportions égales. La plupart du temps, elle se déclare au début de l’âge adulte, mais on connaît des cas où adolescents et enfants en sont atteints. Toutefois, il est très difficile d’analyser les symptômes et de parvenir à un diagnostic correct, même pour un spécialiste. “ La maniacodépression est le caméléon des troubles psychiatriques. Elle présente des symptômes différents d’un patient à l’autre, voire d’une phase à l’autre chez le même patient, écrit le docteur Francis Mondimore, de la faculté de médecine Johns Hopkins. C’est un fantôme sombrement drapé de mélancolie qui prend sa victime par surprise, qui se volatilise, parfois pour de longues années, puis réapparaît dans les habits flamboyants mais destructeurs de la manie. ”

      Les troubles de l’humeur causent des difficultés considérables aux médecins chargés de les diagnostiquer, mais en causent de bien plus considérables encore aux malades qu’ils affligent. Néanmoins, tout espoir n’est pas perdu pour ces derniers.

      [Notes]

      a Cela provient en partie du fait que seules les femmes sont concernées par la dépression du post-partum et par les modifications hormonales de la ménopause. En outre, elles sont généralement plus disposées à consulter un médecin et font donc plus souvent l’objet d’un diagnostic.

      b Par souci d’anonymat, certains prénoms ont été changés dans ce dossier.

      c Selon les médecins, chaque phase dure souvent plusieurs mois. Cependant, signalent-​ils, il existe des formes à cycle rapide qui se caractérisent par plusieurs épisodes dépressifs et maniaques dans l’année. Dans certains cas, qui sont rares, des malades passent d’une extrême à l’autre en vingt-quatre heures.

      [Entrefilet, page 6]

      “ La stabilité n’est qu’un lieu de passage pour les maniacodépressifs. Aucun de nous n’y habite. ” — GLORIA.

      [Encadré/Illustration, page 5]

      Les symptômes de la dépression graved

      ● Humeur chagrine la plupart du temps, presque tous les jours, pendant au moins deux semaines

      ● Désintérêt pour des activités qui étaient auparavant source de plaisir

      ● Prise ou perte importante de poids

      ● Excès ou insuffisance de sommeil

      ● Ralentissement ou intensification anormale des fonctions motrices

      ● Épuisement sans cause apparente

      ● Sentiments de médiocrité et/ou de culpabilité injustifiée

      ● Diminution des facultés de concentration

      ● Idées suicidaires chroniques

      Certains de ces symptômes peuvent être aussi le signe d’un trouble dysthymique, une forme plus modérée, mais plus durable, de dépression.

      [Note de l’encadré]

      d Cette liste ne donne qu’une vue d’ensemble des symptômes. Elle ne doit en aucun cas servir de base à un autodiagnostic. De plus, certains symptômes peuvent être l’indice de troubles autres que la dépression.

  • Un espoir pour les malades
    Réveillez-vous ! 2004 | 8 janvier
    • Un espoir pour les malades

      AUTREFOIS, on avait tendance à éviter les personnes atteintes de troubles de l’humeur. Beaucoup d’entre elles se retrouvaient ainsi exclues de la société. Certaines se heurtaient à des discriminations professionnelles. D’autres étaient mises à l’écart par leur propre famille. Tout cela ne faisait qu’aggraver le problème et privait les malades d’une aide nécessaire.

      Au cours des dernières décennies cependant, de grands progrès ont été réalisés dans la compréhension de la dépression et de la maladie maniacodépressive. Désormais, il est bien connu que des traitements existent pour ces troubles. Mais il n’est pas toujours facile de trouver de l’aide. Pour quelle raison ?

      Déceler les indices

      On ne diagnostique pas les troubles de l’humeur avec une analyse de sang ou une radio. On y parvient plutôt par une étude prolongée du comportement, de la pensée et du jugement. Pour que le diagnostic soit établi, il faut qu’un ensemble de symptômes se recoupent. Mais la difficulté vient du fait que la famille et les amis n’ont parfois pas conscience que ce qu’ils observent constitue les manifestations d’un désordre thymique. “ Même quand plusieurs personnes s’accordent à dire qu’un comportement est anormal, écrit le professeur David Miklowitz, elles peuvent avoir des points de vue très divergents sur ce qui l’occasionne. ”

      En outre, même si la famille se rend compte que la situation est préoccupante, il est quelquefois difficile de convaincre le malade qu’il a besoin d’un suivi médical. Peut-être vous, qui en souffrez, êtes-​vous réticent à l’idée de demander de l’aide. Le docteur Mark Gold écrit : “ Quand vous êtes déprimé, peut-être croyez-​vous ce que vous disent vos pensées, à savoir que vous ne valez rien. Dès lors, pourquoi demander de l’aide puisque, de toute façon, votre cas est désespéré ? Peut-être que vous aimeriez en parler à un spécialiste, mais vous pensez que la dépression est une maladie honteuse, que tout est de votre faute. [...] Peut-être que vous ignorez que vous souffrez de dépression. ” Il n’en demeure pas moins qu’en cas de dépression grave, un suivi médical est indispensable.

      Bien entendu, nous passons tous par des moments de découragement, et ce n’est pas forcément le signe de troubles de l’humeur. Mais qu’en est-​il si ces sentiments semblent plus forts qu’un simple vague à l’âme, s’ils persistent de façon inhabituelle, deux semaines ou plus ? Supposons également que votre état d’abattement vous empêche de mener une vie normale, que ce soit au travail, à l’école ou quand vous êtes en compagnie. Si tel est le cas, il est sage de consulter un spécialiste dans le diagnostic et le traitement des troubles dépressifs.

      Généralement, quand un déséquilibre biochimique est en cause, des médicaments sont prescrits. Sinon, on pourra mettre en place un programme de soutien psychologique pour apprendre au malade à gérer ses états pathologiques. Dans un certain nombre de cas, les deux approches combinées donnent de bons résultatsa. Le plus important est de prendre l’initiative de chercher de l’aide. “ Trop souvent, les malades ont peur de leurs troubles et en éprouvent de la honte, reconnaît Lenore, mentionnée dans l’article précédent. En fait, ce qui est vraiment honteux, c’est de ne pas chercher l’aide dont on a tant besoin alors qu’on a conscience que quelque chose ne va pas. ”

      Lenore sait de quoi elle parle. “ Je suis restée clouée au lit pendant presque un an, se souvient-​elle. Puis, un jour où je me sentais un peu mieux, j’ai décidé de téléphoner à un médecin pour avoir un rendez-vous. ” Ce médecin lui a appris qu’elle était maniacodépressive et lui a prescrit des médicaments. Sa vie en a été métamorphosée. “ Quand je prends mes cachets, je me sens normale, dit-​elle, mais je ne dois pas oublier que, si je ne le fais pas, tous les symptômes ressurgiront. ”

      Brandon, qui souffre de dépression, a eu un parcours similaire. “ Quand j’étais adolescent, confie-​t-​il, je nourrissais souvent l’idée de me suicider en raison des sentiments de médiocrité qui m’envahissaient. C’est seulement à l’âge de 30 ans que j’ai consulté un docteur. ” Comme Lenore, Brandon prend des médicaments. Mais ce n’est pas tout. “ Pour favoriser mon bien-être, explique-​t-​il, je prends soin de mon esprit et de mon corps. Je me repose et je surveille mon alimentation. Je nourris également mon esprit et mon cœur de pensées positives tirées de la Bible. ”

      Brandon fait cependant remarquer que la dépression est un problème médical et non spirituel. Il est essentiel d’en avoir conscience pour guérir. Brandon raconte : “ Un jour, un ami chrétien bien intentionné m’a rappelé que, d’après Galates 5:22, 23, la joie est un fruit de l’esprit saint de Dieu ; donc, je devais être dépressif parce que j’avais fait quelque chose qui entravait l’action de cet esprit. Du coup, je me suis senti encore plus coupable et ma dépression s’est aggravée. Mais dès que j’ai commencé à recevoir de l’aide, mon horizon s’est éclairci. Comme je me sentais mieux ! Comme j’aurais aimé recevoir cette aide plus tôt ! ”

      Triompher du mal

      Même après que le diagnostic est établi et que le traitement a commencé, la maladie risque fort de créer des difficultés continuelles. Kelly, qui se bat contre une dépression grave, est très heureuse que les aspects médicaux de son état aient été pris en charge par des professionnels. Mais elle estime aussi que le soutien qu’elle reçoit de son entourage est vital. Au début, elle hésitait à s’ouvrir aux autres, de crainte d’être perçue comme un fardeau. “ J’ai dû apprendre non seulement à demander de l’aide, mais aussi à l’accepter, dit-​elle. C’est uniquement à partir du moment où j’en ai parlé que j’ai pu stopper la spirale destructrice. ”

      Kelly assiste à des réunions dans une Salle du Royaume en compagnie de ses coreligionnaires Témoins de Jéhovah. Parfois, même ces moments joyeux sont difficiles pour elle. “ Souvent, les lumières, la foule et le bruit me semblent insurmontables. Alors, la culpabilité s’installe et la dépression empire, parce que j’ai le sentiment que ma maladie est le reflet d’un manque de spiritualité. ” Comment Kelly réagit-​elle dans ces circonstances ? Elle répond : “ J’ai appris que la dépression est une maladie contre laquelle je dois me battre. Elle n’est pas le reflet de l’état de mon amour pour Dieu ou pour mes amis chrétiens. Elle n’est pas le véritable reflet de l’état de ma spiritualité. ”

      Lucia, mentionnée elle aussi dans l’article précédent, est enchantée des soins médicaux dont elle a bénéficié. “ Ma rencontre avec un spécialiste de la santé mentale a été une étape décisive pour apprendre à affronter et à surmonter mes changements d’humeur ”, dit-​elle. Lucia souligne également l’importance du repos. “ Le sommeil est une arme de choix dans la lutte contre la manie, poursuit-​elle. Moins je dors, plus je m’exalte. Même quand le sommeil ne vient pas, plutôt que de me lever, je m’efforce de rester allongée et de me reposer. ”

      Sheila, dont nous avons déjà parlé, a trouvé utile de tenir un journal intime dans lequel elle épanche ses émotions. Elle a constaté une nette amélioration dans sa façon de voir les choses. Mais la bataille n’est pas gagnée pour autant. “ Pour des raisons que j’ignore, l’épuisement engendre des pensées défaitistes dans mon cerveau, déclare Sheila. Mais j’ai appris à les faire taire, ou tout au moins à les mettre en sourdine. ”

      Le réconfort que procure la Parole de Dieu

      La Bible fournit une aide qui fortifie ceux qu’assaillent des “ pensées troublantes ”. (Psaume 94:17-19, 22.) Shirley, par exemple, trouve Psaume 72:12, 13 particulièrement encourageant. Dans ces versets, le psalmiste déclare au sujet de Jésus Christ, le Roi choisi par Dieu : “ Il délivrera le pauvre qui crie au secours, ainsi que l’affligé et quiconque n’a personne pour lui venir en aide. Il s’apitoiera sur le petit et le pauvre, et il sauvera les âmes des pauvres. ” Shirley a également puisé de la force dans les propos de Paul rapportés en Romains 8:38, 39 : “ Car je suis convaincu que ni mort ni vie, ni anges ni gouvernements, ni choses présentes ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre création ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Christ Jésus notre Seigneur. ”

      Elaine, qui est maniacodépressive, considère les liens qui l’unissent à Dieu comme une ancre. Elle trouve beaucoup de soulagement dans ces paroles d’un psalmiste : “ Un cœur brisé et broyé, ô Dieu, tu ne le mépriseras pas. ” (Psaume 51:17). “ Quel réconfort de savoir que notre Père céleste plein d’amour, Jéhovah, nous comprend ! s’exclame-​t-​elle. Le fait de m’approcher de lui dans la prière m’a beaucoup fortifiée, surtout dans les périodes d’angoisse et de désespoir. ”

      Comme vous l’avez constaté, il est très éprouvant de vivre avec des troubles de l’humeur. Pourtant, Shirley et Elaine sont parvenues à améliorer la qualité de leur vie en s’appuyant sur Dieu au moyen de la prière et grâce à un traitement approprié. Mais comment la famille et les amis peuvent-​ils aider les malades ?

      [Note]

      a Réveillez-vous ! ne cautionne aucun traitement en particulier. Les chrétiens devraient s’assurer que celui qu’ils choisissent n’enfreint pas les principes bibliques.

      [Entrefilet, page 10]

      “ Dès que j’ai commencé à recevoir de l’aide, mon horizon s’est éclairci. Comme je me sentais mieux ! ” — BRANDON.

      [Encadré, page 9]

      Le témoignage d’un conjoint

      “ Avant que la maladie ne se déclare, la perspicacité remarquable de Lucia impressionnait beaucoup de gens. Aujourd’hui encore, ceux qui lui rendent visite quand elle est calme semblent attirés par sa personnalité chaleureuse. La plupart ignorent que Lucia passe successivement des profondeurs de la dépression aux exubérances de la manie. Tel est le lot de la maladie maniacodépressive dont elle souffre depuis quatre ans.

      “ En période de manie, il n’est pas rare qu’elle reste active jusqu’à une, deux ou trois heures du matin tant elle déborde d’idées créatrices. On dirait une véritable fabrique d’énergie. Elle dramatise la moindre broutille et dépense l’argent de façon compulsive. Elle va se mettre dans les situations les plus dangereuses, persuadée qu’elle est invincible, qu’il n’y a aucun danger, ni moral, ni physique, ni d’aucune autre sorte. Son impulsivité la rend susceptible de se suicider. La dépression emboîte systématiquement le pas à la manie, avec une intensité habituellement similaire.

      “ Ma vie a été bouleversée. Même avec le traitement que suit Lucia, ce que nous serons en mesure de faire aujourd’hui sera peut-être différent de ce que nous avons fait hier ou de ce que nous ferons demain. Tout dépendra de la situation. J’ai été obligé de faire preuve de souplesse comme je n’aurais jamais pensé pouvoir le faire. ” — Mario.

      [Encadré/Illustration, page 11]

      La valeur des médicaments

      Pensez-​vous que prendre des médicaments est un signe de faiblesse ? Alors, envisagez plutôt les choses de la manière suivante : Un diabétique doit se soumettre à un traitement, notamment à des injections régulières d’insuline. Est-​ce là un signe d’échec ? Certainement pas ! Il s’agit tout simplement d’un moyen pour équilibrer les éléments nutritifs de l’organisme, de manière à rester en aussi bonne santé que possible.

      Il en va de même pour les troubles de l’humeur. Bien que de nombreux malades aient obtenu de bons résultats grâce à un soutien psychologique leur permettant de comprendre leur mal, il ne faut pas oublier une chose : quand un déséquilibre chimique est en cause, la maladie ne peut être guérie au moyen d’un simple raisonnement. Steven, atteint de maniacodépression, raconte : “ Les médecins qui m’ont soigné ont illustré la situation de la façon suivante : Quelqu’un peut suivre autant de leçons de conduite qu’il veut, elles ne lui seront d’aucune utilité s’il n’a pas de volant ni de freins dans sa voiture. Pareillement, on n’obtient pas les résultats escomptés en se contentant de prodiguer un soutien purement intellectuel. Il faut commencer par corriger la chimie cérébrale. ”

      [Illustration, page 10]

      Pour beaucoup de ceux qui sont assaillis par des pensées négatives la Bible est une aide qui fortifie.

  • Vous pouvez les aider
    Réveillez-vous ! 2004 | 8 janvier
    • Vous pouvez les aider

      PEUT-ÊTRE connaissez-​vous quelqu’un qui souffre de dépression ou de la maladie maniacodépressive. Alors, comment lui apporter votre aide ? Don Jaffe, de l’Alliance américaine contre les maladies psychiatriques, donne ce conseil judicieux : “ Ne confondez pas la maladie avec l’individu ; au contraire, haïssez la maladie, mais aimez le malade. ”

      C’est ce qu’a réussi à faire Susanna, à force de patience et d’amour. Elle avait une amie maniacodépressive. “ Parfois, elle ne supportait pas ma présence ”, raconte Susanna. Mais plutôt que de renoncer, elle s’est renseignée sur la maladie. “ Maintenant, dit-​elle, je saisis à quel point le comportement de mon amie était altéré par son mal. ” Susanna estime que faire l’effort de comprendre le malade en vaut vraiment la peine. “ C’est ce qui permet d’aimer et de chérir la belle personnalité que la maladie dénature ”, assure-​t-​elle.

      Il est essentiel d’apporter un soutien sans réserve quand le malade fait partie de la famille. Mario, le mari de Lucia, dont nous avons évoqué le parcours dans ce dossier, l’a très vite compris. Il témoigne : “ Ce qui m’a aidé au début, c’est d’accompagner ma femme chez le médecin et de me renseigner sur cette étrange maladie, de façon à connaître parfaitement ce contre quoi nous nous battions. J’ai également beaucoup discuté avec Lucia et nous nous sommes toujours adaptés aux nouvelles situations qui se présentaient. ”

      Le soutien offert par la congrégation chrétienne

      La Bible exhorte tous les chrétiens à ‘ parler de façon consolante aux âmes déprimées ’ et à ‘ être patients envers tous ’. (1 Thessaloniciens 5:14.) Comment y parvenir ? Il est d’abord important de faire la distinction entre une maladie mentale et une maladie spirituelle. Jacques, un des rédacteurs de la Bible, a indiqué que la prière peut rétablir celui qui est souffrant sur le plan spirituel (Jacques 5:14, 15). Parallèlement, Jésus a reconnu que ceux qui sont atteints de troubles physiques ont besoin d’un médecin (Matthieu 9:12). Naturellement, il est toujours bien, et cela reste bénéfique, de prier Jéhovah, quelles que soient nos préoccupations, y compris pour notre santé (Psaume 55:22 ; Philippiens 4:6, 7). Mais la Bible ne dit pas qu’une participation plus grande aux activités spirituelles résoudra nos problèmes de santé actuels.

      Par conséquent, les chrétiens mûrs ne laissent jamais entendre aux personnes dépressives qu’elles sont responsables de leurs souffrances. De telles remarques ne seraient pas plus utiles que celles des faux consolateurs de Job (Job 8:1-6). Le fait est que, dans de nombreux cas, une dépression ne s’atténuera qu’avec un traitement médical. Cela est particulièrement vrai pour les dépressifs graves, voire suicidaires. Un suivi professionnel est alors indispensable.

      Il n’en demeure pas moins que les compagnons chrétiens peuvent proposer leur aide, qui sera précieuse. Bien entendu, ils doivent faire preuve de patience. Des troubles de l’humeur rendent parfois pesantes certaines activités de la vie d’un chrétien. “ Il m’est très difficile de participer au ministère, reconnaît Diane, maniacodépressive. J’ai beaucoup de mal à parler de la bonne nouvelle quand moi-​même je me sens malheureuse. ”

      Pour aider ceux qui rencontrent de telles difficultés, efforcez-​vous de vous mettre à leur place (1 Corinthiens 10:24 ; Philippiens 2:4). Essayez de considérer les choses de leur point de vue, et non du vôtre. N’exigez pas trop d’eux. “ Quand on m’accepte pour ce que je suis, explique Carl, qui lutte contre une dépression, mon sentiment d’appartenance se consolide petit à petit. Grâce à l’aide empreinte de patience de quelques amis plus âgés, j’ai pu tisser des liens étroits avec Dieu et j’ai éprouvé une grande joie à aider d’autres personnes à faire de même. ”

      Le soutien qu’on apporte aux malades leur procure un grand soulagement. C’est ce que montre le cas de Brenda, une chrétienne maniacodépressive. “ Mes amis, dans ma congrégation, se sont montrés extraordinairement serviables et compréhensifs pendant mes périodes d’abattement ; ils ne m’ont jamais cataloguée comme quelqu’un de spirituellement faible, dit-​elle. Ils étaient d’accord pour que je les accompagne dans le ministère sans toutefois prendre la parole ou pour me garder une place à la Salle du Royaume afin que j’arrive après que tout le monde se serait assis. ”

      Les anciens compréhensifs et pleins d’amour de la congrégation ont été d’un grand soutien pour Shirley dont nous avons parlé précédemment. Elle raconte : “ Quand les anciens m’assurent que Jéhovah m’aime, qu’ils me lisent des passages de la Parole de Dieu, la Bible, qu’ils me parlent du paradis promis par Jéhovah où régneront la paix et le bien-être et qu’ils prient avec moi, même au téléphone, je sens mon fardeau s’alléger. Je sais que ni Jéhovah ni mes frères ne m’ont abandonnée, et cela me fortifie. ”

      Il ne fait pas de doute que la famille et les amis peuvent, par le soutien qu’ils proposent, jouer un rôle important pour ce qui est de soulager le malade. “ Je pense avoir repris ma vie en main, dit Lucia. Mon mari et moi avons travaillé dur pour nous en sortir ensemble, et les choses n’ont jamais été aussi bien. ”

      Beaucoup de ceux qui souffrent de maladies psychiatriques prennent conscience qu’il s’agit d’une bataille à long terme. La Bible promet que dans le monde nouveau de Dieu “ aucun habitant ne dira : ‘ Je suis malade. ’ ” (Isaïe 33:24). On aura dit adieu aux affections pénibles qui nous affligent aujourd’hui. En attendant, combien la promesse divine d’un monde où toutes les maladies, y compris les troubles de l’humeur, auront disparu pour toujours nous réchauffe le cœur ! Alors, nous dit la Bible, il n’y aura plus “ ni deuil, ni cri, ni douleur ”. — Révélation 21:4.

      [Entrefilet, page 12]

      Jésus a reconnu que les malades ont besoin d’un médecin. — MATTHIEU 9:12.

      [Entrefilet, page 13]

      La Bible promet que dans le monde nouveau de Dieu “ aucun habitant ne dira : ‘ Je suis malade. ’ ” — ISAÏE 33:24.

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