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  • « Passe en Macédoine »
    « Rends pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu »
    • CHAPITRE 16

      « Passe en Macédoine »

      Des bénédictions pour ceux qui acceptent une mission et affrontent la persécution avec joie

      Actes 16:6-40

      1-3. a) Comment Paul et ses compagnons ont-ils senti la direction de l’esprit saint ? b) Quels épisodes allons-nous étudier ?

      NOUS sommes à Philippes, en Macédoine. Des femmes sortent de la ville et arrivent bientôt au Gangitès. Comme elles en ont la coutume, elles s’assoient sur la rive pour prier le Dieu d’Israël. Jéhovah les observe (2 Chron. 16:9 ; Ps. 65:2).

      2 Entre-temps, plus de 800 kilomètres à l’est, dans le sud de la Galatie, des hommes quittent Lystre. Après plusieurs jours, ces hommes, nuls autres que Paul, Silas et Timothée, atteignent une voie romaine pavée menant vers l’ouest, la région la plus peuplée du district d’Asie. Il leur tarde d’emprunter ce grand axe pour gagner Éphèse et d’autres villes où des milliers de gens ont besoin d’entendre parler de Christ. Mais, avant qu’ils aient pu se lancer dans leur voyage, l’esprit saint les arrête, de quelque manière non révélée, et leur interdit de prêcher en Asie. Pourquoi ? Parce que Jésus — par le moyen de l’esprit de Dieu — veut leur faire traverser toute l’Asie Mineure, franchir la mer Égée et pousser jusqu’aux rives de cette petite rivière appelée Gangitès.

      3 La façon dont Jésus a guidé Paul et ses compagnons durant ce surprenant voyage en Macédoine nous enseigne des leçons profitables. Revoyons donc certains épisodes de la deuxième tournée missionnaire de Paul, commencée vers 49 de notre ère.

      « Dieu nous a fait venir » (Actes 16:6-15)

      4-5. a) Qu’est-il arrivé à Paul et à ses deux compagnons à l’approche de la Bithynie ? b) Quelle décision les disciples ont-ils prise, et avec quelle conséquence ?

      4 Empêchés de prêcher en Asie, Paul et ses compagnons ont bifurqué vers le nord pour aller prêcher dans les villes de Bithynie. Ils ont peut-être foulé pendant des jours de mauvaises pistes entre les régions faiblement peuplées de Phrygie et de Galatie. Et puis, quand la Bithynie a été en vue, Jésus a de nouveau utilisé l’esprit saint pour les stopper (Actes 16:6, 7). À ce moment-là, ils ont dû être perplexes. Ils savaient quoi prêcher et comment prêcher, mais ils ne savaient pas où prêcher ! Ils avaient en quelque sorte frappé à la porte de l’Asie — mais rien. Ils avaient frappé à la porte de la Bithynie — encore rien. Malgré tout, Paul était résolu à continuer de frapper jusqu’à ce qu’une porte s’ouvre. C’est alors que ses compagnons et lui ont pris une décision qui pouvait sembler aberrante. Repartant vers l’ouest, ils ont marché 550 kilomètres en laissant les villes, après quoi ils sont remontés jusqu’au port de Troas, voie d’accès naturelle vers la Macédoine (Actes 16:8). Là, pour la troisième fois, Paul a frappé à une porte, et, ô joie, elle s’est ouverte toute grande !

      5 L’évangéliste Luc, qui a rejoint le groupe à Troas, raconterait ainsi la suite : « Pendant la nuit, une vision apparut à Paul : un Macédonien, se tenait là, debout, et le suppliait : “Passe en Macédoine et aide-nous !” Dès que Paul a eu cette vision, nousa avons cherché à nous rendre en Macédoine, parce que nous en avions déduit que Dieu nous avait fait venir pour leur annoncer la bonne nouvelle » (Actes 16:9, 10). Enfin, Paul savait où prêcher ! Comme il a dû être heureux de ne pas avoir renoncé à mi-chemin ! Aussitôt, les quatre hommes ont embarqué pour la Macédoine.

      Paul et Timothée sur le pont supérieur d’un bateau. Tandis que l’équipage s’affaire, Timothée montre à Paul quelque chose au loin.

      « De Troas, nous avons donc pris la mer » (Actes 16:11).

      6-7. a) Quelle leçon pouvons-nous tirer des péripéties du voyage de Paul ? b) Quelle assurance dégageons-nous de ce que Paul a vécu ?

      6 Quelle leçon tirer de cet épisode ? Remarquons ceci : L’esprit de Dieu n’est intervenu qu’après que Paul a pris la route pour l’Asie et qu’après qu’il a essayé d’entrer en Bithynie, et c’est seulement après l’arrivée de Paul à Troas que Jésus l’a dirigé vers la Macédoine. Étant le Chef de l’assemblée, Jésus peut agir de même avec nous (Col. 1:18). Par exemple, songeons-nous depuis quelque temps à devenir pionniers ou à déménager dans une région qui manque de proclamateurs du Royaume ? Peut-être Jésus ne nous guidera-t-il, par l’esprit de Dieu, qu’après nous avoir vus prendre des dispositions concrètes pour atteindre notre objectif. Pourquoi ? Illustrons : Un conducteur ne peut diriger son véhicule vers la gauche ou la droite que si celui-ci avance. De même, Jésus ne nous dirige vers un ministère accru que si nous avançons — si nous faisons de réels efforts pour cela.

      7 Et si nos efforts ne sont pas fructueux tout de suite ? Devrions-nous renoncer, en conclure que l’esprit de Dieu ne nous guide pas ? Non. Rappelons-nous que Paul aussi a eu des revers. Pourtant, il a continué de chercher jusqu’à ce qu’une porte s’ouvre. Soyons sûrs que notre persévérance à chercher ‘une grande porte ouverte pour l’activité’ sera également récompensée (1 Cor. 16:9).

      8. a) Par quoi se caractérisait la ville de Philippes ? b) Quel évènement heureux a résulté de la prédication de Paul au « lieu de prière » ?

      8 Parvenu en Macédoine, le groupe a continué jusqu’à Philippes, ville dont les habitants étaient fiers d’être citoyens romains. Pour les vétérans de l’armée romaine vivant ici, la colonie de Philippes était une petite Italie, une Rome en réduction implantée en Macédoine. Hors de la porte de la ville, près d’un ruisseau, les missionnaires ont trouvé un endroit où ils pensaient qu’il y avait « un lieu de prièreb ». Le sabbat, ils y sont descendus et ont rencontré plusieurs femmes qui s’y assemblaient pour adorer Dieu. Ils se sont assis et leur ont parlé. Une femme nommée Lydie « écoutait, et Jéhovah a ouvert son cœur tout grand ». Lydie a été si remuée par ce que les disciples lui ont appris qu’elle s’est fait baptiser, et « ceux qui étaient sous son toit » aussi. Puis elle a obligé Paul et ses compagnons à séjourner chez ellec (Actes 16:13-15).

      9. Comment beaucoup imitent-ils l’exemple de Paul aujourd’hui, ce qui leur vaut quelles bénédictions ?

      9 Imagine la joie occasionnée par le baptême de Lydie ! Comme Paul a dû se réjouir d’avoir accepté l’invitation de ‘passer en Macédoine’, mais aussi de ce que Jéhovah ait jugé bon de se servir de lui et de ses compagnons pour exaucer les prières de ces femmes ferventes. Pareillement aujourd’hui, de nombreux frères et sœurs, jeunes et vieux, célibataires et mariés, déménagent dans des régions pauvres en proclamateurs du Royaume. S’ils rencontrent évidemment des difficultés, elles ne semblent rien comparées à la satisfaction qu’ils éprouvent en trouvant des personnes comme Lydie, qui embrassent les vérités bibliques. Ne pourrais-tu pas réorganiser ta vie pour être en mesure de « passer » dans un territoire qui a besoin de proclamateurs ? Des bénédictions t’attendent. Citons Aaron, qui a déménagé dans un pays d’Amérique centrale. Ce jeune homme d’un peu plus de 20 ans fait écho aux sentiments de beaucoup quand il dit : « Le service à l’étranger m’a fait grandir spirituellement et m’a rapproché de Jéhovah. Et la prédication, c’est formidable : j’ai huit cours bibliques ! »

      Deux sœurs prêchent à une jeune femme dans la rue. Un jeune homme regarde par-dessus leur épaule pour savoir de quoi elles parlent.

      Comment pouvons-nous « passer en Macédoine » aujourd’hui ?

      « La foule se souleva contre eux » (Actes 16:16-24)

      10. Comment l’activité des démons a-t-elle contribué à un revirement de situation pour Paul et ses compagnons ?

      10 Satan était sûrement furieux que la bonne nouvelle ait pris pied dans une partie du monde où l’on peut supposer que ses démons et lui ne rencontraient pas d’opposition. Pas étonnant que l’activité des démons ait contribué à retourner la situation de Paul et de ses compagnons ! Pour commencer, alors qu’ils se trouvaient de nouveau au lieu de prière, une servante possédée, qui gagnait de l’argent pour ses maîtres « en pratiquant la voyance », s’est mise à suivre les missionnaires partout en criant : « Ces hommes sont des esclaves du Dieu très-haut et ils vous font connaître le chemin du salut ! » Le démon la faisait peut-être dire cela pour donner l’impression que ses prédictions et les enseignements de Paul avaient la même origine. De cette façon, il pouvait empêcher les passants de prêter attention aux vrais disciples de Christ. Mais Paul a fait taire la servante en expulsant le démon (Actes 16:16-18).

      11. Après l’expulsion du démon de la servante, qu’est-il arrivé à Paul et à Silas ?

      11 Les maîtres de l’esclave ont été très contrariés en constatant la disparition de leur source de revenus faciles. Ils ont traîné Paul et Silas sur la place du marché, où siégeaient des magistrats, des fonctionnaires qui représentaient Rome. Puis ils ont fait appel aux préjugés et au patriotisme des juges, disant en quelque sorte : « Ces Juifs sèment le trouble en enseignant des coutumes que nous, Romains, nous ne pouvons pas accepter. » L’effet a été immédiat. « La foule se souleva contre [Paul et Silas] », et les magistrats ordonnèrent « qu’on les fouette à coups de baguettes ». Puis, couverts de blessures, Paul et Silas ont été emprisonnés. Le gardien les a jetés « dans la partie la plus retirée de la prison et leur fixa les pieds dans des entraves » (Actes 16:19-24). Une fois la porte refermée sur eux, sans doute Paul et Silas arrivaient-ils à peine à se voir l’un l’autre tant l’obscurité de ce cachot était épaisse. Pourtant, Jéhovah regardait (Ps. 139:12).

      12. a) Comment les disciples de Christ considéraient-ils la persécution, et pourquoi ? b) Quelles formes d’opposition Satan et ses agents emploient-ils toujours ?

      12 Des années avant, Jésus avait dit à ses disciples : « Ils vous persécuteront » (Jean 15:20). En passant en Macédoine, les disciples étaient donc prêts à affronter l’opposition. Lorsqu’elle a frappé, ils n’y ont pas vu un signe de la désapprobation de Jéhovah, mais une expression de la colère de Satan. À notre époque, les agents de Satan emploient des méthodes semblables à celles employées à Philippes. Des adversaires perfides répandent des mensonges sur nous à l’école et au travail, ce qui alimente l’opposition. Dans certains pays, des détracteurs religieux nous intentent des procès, disant en quelque sorte : « Ces Témoins sèment le trouble en enseignant des coutumes que nous, “tenants de la tradition”, nous ne pouvons pas accepter. » Parfois même, nos frères sont battus et jetés en prison. Cependant, Jéhovah regarde (1 Pierre 3:12).

      « Baptisés sans plus attendre » (Actes 16:25-34)

      13. À la suite de quoi le gardien a-t-il demandé : « Que dois-je faire pour être sauvé » ?

      13 Il a sans doute fallu un certain temps à Paul et à Silas pour se remettre des perturbations de la journée. Toutefois, vers minuit, ils avaient récupéré de leur bastonnade au point qu’ils « priaient et louaient Dieu par des chants ». Soudain, un tremblement de terre a secoué la prison ! Le gardien réveillé en sursaut a pensé, en voyant les portes ouvertes, que les prisonniers s’étaient enfuis. Sachant qu’il serait puni pour les avoir laissés s’échapper, « il dégaina son épée pour se suicider », quand Paul lui a crié : « Ne te fais pas de mal, car nous sommes tous là ! » Bouleversé, l’homme a demandé : « Messieurs, que dois-je faire pour être sauvé ? » Seul Jésus pouvait le sauver, et non Paul et Silas. Ils ont donc répondu : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé » (Actes 16:25-31).

      14. a) Quelle aide Paul et Silas ont-ils offerte au gardien ? b) Quelle bénédiction Paul et Silas ont-ils reçue pour avoir affronté la persécution avec joie ?

      14 La question du geôlier était-elle sincère ? Paul n’en a pas douté. Cet homme était un Gentil, qui ne connaissait pas les Écritures. Avant de pouvoir devenir chrétien, il devait en apprendre et en accepter les vérités fondamentales. Paul et Silas ont donc pris le temps de ‘lui dire la parole de Jéhovah’. Tout absorbés à enseigner les Écritures, ils ont peut-être oublié leur douleur consécutive aux coups subis. Mais le gardien a remarqué les entailles profondes qui marquaient leur dos, et il a lavé leurs blessures. Puis lui et tous ceux qui vivaient chez lui ont été « baptisés sans plus attendre ». Quelle bénédiction Paul et Silas ont reçue pour avoir affronté la persécution avec joie ! (Actes 16:32-34).

      15. a) Comment de nombreux Témoins aujourd’hui suivent-ils l’exemple de Paul et de Silas ? b) Pourquoi devrions-nous passer et repasser chez les gens de notre territoire ?

      15 Comme Paul et Silas, de nombreux Témoins aujourd’hui prêchent la bonne nouvelle alors qu’ils sont emprisonnés pour leur foi, et ils ont d’heureux résultats. Par exemple, dans un pays où notre activité était interdite, à un moment donné 40 % de tous les Témoins avaient connu la vérité sur Jéhovah en prison ! (Is. 54:17). Remarquons aussi que le gardien n’a demandé de l’aide qu’après le tremblement de terre. De même à notre époque, des personnes qui n’ont jamais accepté le message du Royaume réagissent autrement quand un évènement bouleversant vient ébranler leur environnement familier. En passant et en repassant fidèlement chez les gens de notre territoire, nous nous tenons à leur disposition pour les aider.

      « Et maintenant ils veulent nous mettre dehors en secret ? » (Actes 16:35-40)

      16. Quel retournement de situation s’est produit le lendemain de la flagellation des disciples ?

      16 Le lendemain de la flagellation de Paul et de Silas, les magistrats ont ordonné de les relâcher. Mais Paul a rétorqué : « Ils nous ont flagellés en public sans que nous ayons été condamnés, nous, des Romains, et ils nous ont jetés en prison. Et maintenant ils veulent nous mettre dehors en secret ? Il n’en est pas question ! Qu’ils viennent eux-mêmes nous faire sortir. » En apprenant que les deux hommes étaient citoyens romains, les magistrats « eurent peur », car ils avaient violé leurs droitsd. Le vent avait tourné. Les disciples avaient subi une flagellation publique ; maintenant c’étaient les magistrats qui leur devaient des excuses publiques. Ils ont supplié Paul et Silas de quitter Philippes. Les disciples ont obtempéré, non sans avoir pris le temps d’encourager le groupe grossissant de nouveaux disciples. Ensuite seulement ils sont partis.

      17. Quelle leçon importante les nouveaux disciples ont-ils apprise en observant l’endurance de Paul et de Silas ?

      17 Si leurs droits de citoyens romains avaient été respectés auparavant, Paul et Silas auraient certainement évité la flagellation (Actes 22:25, 26). Mais les disciples de Philippes auraient pu croire qu’ils avaient usé de leur statut pour se dispenser de souffrir pour Christ. Quel effet cela aurait-il eu sur la foi de certains disciples qui n’étaient pas citoyens romains ? Après tout, eux, la loi ne les protégerait pas des flagellations. En endurant la punition, Paul et Silas ont donc montré par l’exemple aux nouveaux croyants qu’un disciple de Christ peut tenir ferme sous la persécution. D’un autre côté, en exigeant que l’on reconnaisse leur citoyenneté, ils ont obligé les magistrats à déclarer publiquement avoir agi de façon illégale. Cela les dissuaderait peut-être de maltraiter les coreligionnaires de Paul et constituerait, dans une certaine mesure, une protection légale contre des attaques semblables à l’avenir.

      18. a) Comment, de nos jours, les responsables chrétiens imitent-ils l’exemple de Paul ? b) Comment ‘défendons-nous la bonne nouvelle et la faisons-nous reconnaître en justice’ ?

      18 Aujourd’hui, les responsables, ou bergers, de l’assemblée chrétienne dirigent aussi par l’exemple. Quoi qu’ils attendent de leurs frères et sœurs, ils sont prêts à le faire. De même, à l’instar de Paul, nous pesons soigneusement comment et quand faire valoir nos droits pour obtenir une protection. Si nécessaire, nous en appelons à des tribunaux locaux, nationaux ou même internationaux pour nous assurer une protection juridique afin de pratiquer notre culte. Notre objectif n’est pas de réformer la société, mais « de défendre la bonne nouvelle et de la faire reconnaître en justice », ainsi que Paul l’a écrit à l’assemblée de Philippes une dizaine d’années après son emprisonnement dans cette ville (Phil. 1:7). Cela dit, quelles que soient les issues de ces procès, nous sommes, comme Paul et ses compagnons, résolus à continuer d’« annoncer la bonne nouvelle » où que l’esprit de Dieu nous pousse (Actes 16:10).

      LUC, LE RÉDACTEUR DES ACTES

      Jusqu’au chapitre 16, verset 9, la narration des Actes est uniquement à la troisième personne. Autrement dit, le rédacteur se limite à rapporter ce que d’autres ont dit ou fait. Mais en Actes 16:10, 11, le style change. Au verset 11, par exemple, on lit : « De Troas, nous avons donc pris la mer et, filant tout droit, nous sommes arrivés à Samothrace. » C’est là que Luc, le rédacteur, s’est joint à l’action. Toutefois, comme son nom ne figure nulle part dans les Actes des apôtres, comment savons-nous qu’il en fut bien l’auteur ?

      Assis à une table, Luc réfléchit à ce qu’il va écrire sur un rouleau.

      La réponse réside dans les introductions du livre des Actes et de l’Évangile de Luc. Les deux sont adressées à un certain « Théophile » (Luc 1:1, 3 ; Actes 1:1). Les Actes commencent ainsi : « Le premier récit que j’ai écrit, ô Théophile, concernait tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le début. » Puisque des sources autorisées antiques s’accordent à dire que Luc fut l’écrivain du « premier récit », l’Évangile, il doit avoir été aussi celui des Actes.

      Nous ne savons pas grand-chose de Luc. Son nom n’apparaît que trois fois dans la Bible. L’apôtre Paul le qualifie de « médecin bien-aimé » et de « collaborateur » (Col. 4:14 ; Philém. 24). Les passages des Actes contenant le pronom « nous », ceux où Luc s’inclut dans la narration, indiquent qu’il a accompagné l’apôtre Paul de Troas à Philippes vers 50 de notre ère, mais qu’il n’était plus avec Paul quand celui-ci a quitté l’endroit. Les deux hommes se sont retrouvés de nouveau à Philippes vers 56 et en sont repartis avec sept autres frères pour Jérusalem, où Paul s’est fait arrêter. Deux ans plus tard, Luc a accompagné Paul, toujours prisonnier, de Césarée à Rome (Actes 16:10-17, 40 ; 20:5 – 21:17 ; 24:27 ; 27:1 – 28:16). Quand Paul, incarcéré pour la deuxième fois à Rome, a compris que son exécution approchait, « seul Luc » était avec lui (2 Tim. 4:6, 11). Manifestement, ce disciple a parcouru de grandes distances et a été disposé à subir des épreuves pour la bonne nouvelle.

      Luc n’a pas prétendu avoir vu de ses yeux ce qu’il a écrit sur Jésus. Au contraire, il a dit qu’il avait « entrepris de rédiger un récit des faits » fondé sur les récits de « témoins ». De plus, il a « recherché avec soin tout ce qui s’est passé depuis le début » pour les écrire « dans un ordre logique » (Luc 1:1-3). Le résultat de ses travaux montre qu’il était un chercheur minutieux. Peut-être a-t-il eu des entretiens avec Élisabeth, avec Marie, la mère de Jésus, et avec d’autres pour recueillir ses informations. Une bonne partie de ce qu’il a écrit est unique dans les Évangiles (Luc 1:5-80).

      Comme l’a relevé Paul, Luc était médecin ; effectivement, l’intérêt d’un professionnel pour les souffrants transparaît dans ses écrits. Voici juste quelques exemples : Il a précisé que le démon que Jésus avait expulsé d’un possédé était sorti de l’homme « sans lui faire de mal », que la belle-mère de l’apôtre Pierre avait « une forte fièvre », et qu’une femme secourue par Jésus « était courbée en deux et ne pouvait pas du tout se redresser », rendue invalide par un démon depuis 18 ans (Luc 4:35, 38 ; 13:11).

      Luc donnait assurément la priorité à « l’œuvre du Seigneur » dans sa vie (1 Cor. 15:58). Il n’avait pas pour objectif de se faire une carrière ou une situation en vue, mais simplement d’aider autrui à connaître et à servir Jéhovah.

      LYDIE, LA MARCHANDE DE POURPRE

      Lydie vivait à Philippes, une ville importante de Macédoine. Elle était originaire de Thyatire, une ville de la région appelée Lydie, dans l’ouest de l’Asie Mineure. Pour exercer son métier de vendeuse de pourpre, elle avait traversé la mer Égée. Sans doute faisait-elle commerce d’articles de pourpre de divers genres : tapis, tapisseries, étoffes et même teintures. Une inscription découverte à Philippes atteste qu’il s’y trouvait une corporation de vendeurs de pourpre.

      Lydie en train de montrer une pièce de tissu.

      On apprend que Lydie était une « adoratrice de Dieu », donc probablement une prosélyte du judaïsme (Actes 16:14). Peut-être avait-elle connu le culte de Jéhovah à Thyatire qui, au contraire de Philippes, comptait un lieu de réunion juif. Certains pensent que « Lydie » était un surnom, signifiant « la Lydienne », qu’on lui donnait à Philippes. Toutefois, on dispose de documents attestant que c’était aussi un nom propre usité.

      Les Lydiens et leurs voisins étaient renommés pour leur art de la teinture pourpre depuis les jours d’Homère, au 9e ou au 8e siècle avant notre ère. En effet, l’eau de Thyatire avait la réputation de produire les teintes les plus vives et les plus solides.

      Les étoffes de pourpre étaient des articles luxueux accessibles seulement aux riches. Bien que l’on connût plusieurs moyens d’obtenir la pourpre, la meilleure et la plus chère — employée pour le fin lin — provenait de mollusques méditerranéens. Un mollusque ne fournissant qu’une quantité infime de teinture, il en fallait 8 000 pour obtenir à peine un gramme du précieux liquide ; c’est pourquoi l’étoffe pourpre était très chère.

      Étant donné que son métier exigeait un capital substantiel et qu’elle avait une grande maison pouvant héberger quatre hommes (Paul, Silas, Timothée et Luc), Lydie était fort probablement une marchande prospère et fortunée. L’expression « ceux qui étaient sous son toit » peut signifier qu’elle vivait avec des membres de sa famille, mais aussi qu’elle avait des esclaves et des serviteurs (Actes 16:15). Que Paul et Silas aient rencontré des frères chez cette femme hospitalière avant de quitter Philippes laisse penser que son domicile était devenu un lieu de réunion pour les premiers chrétiens de l’endroit (Actes 16:40).

      Une dizaine d’années plus tard, quand Paul a écrit à l’assemblée de Philippes, il n’a pas mentionné Lydie. Les détails contenus en Actes chapitre 16 sont donc tout ce qu’on sait d’elle.

      a Voir l’encadré « Luc, le rédacteur des Actes ».

      b Peut-être les Juifs avaient-ils interdiction de posséder une synagogue à Philippes parce que c’était une ville militaire. Ou bien la ville ne comptait pas assez de Juifs de sexe masculin, le minimum requis pour fonder une synagogue étant de dix.

      c Voir l’encadré « Lydie, la marchande de pourpre ».

      d La loi romaine stipulait qu’un citoyen avait toujours droit à un procès en règle et ne devait jamais être puni publiquement sans condamnation.

  • « Il raisonna avec eux à partir des Écritures »
    « Rends pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu »
    • CHAPITRE 17

      « Il raisonna avec eux à partir des Écritures »

      Le fondement d’un enseignement efficace ; le bel exemple des Béréens

      Actes 17:1-15

      1-2. Qui se rendait de Philippes à Thessalonique, et à quoi songeaient peut-être ces hommes ?

      TRÈS fréquentée, la route construite par de brillants techniciens romains coupe à travers le relief tourmenté. Mille bruits fusent et se mêlent par instants : braiments des ânes, fracas des roues de chars sur les dalles épaisses, clameurs des voyageurs, peut-être des soldats, des marchands, des artisans… Partis de Philippes, trois hommes, Paul, Silas et Timothée, suivent cette route pour se rendre à Thessalonique, soit 130 kilomètres. Le trajet n’est pas de tout repos, surtout pour Paul et Silas, qui pansent leurs plaies, souvenir de leur flagellation à Philippes (Actes 16:22, 23).

      2 Comment donc font ces hommes pour ne pas penser aux longs kilomètres qui les attendent ? La conversation aide sûrement. Ils ont encore en mémoire ce moment magnifique où le gardien philippien et sa famille sont devenus croyants. Cet évènement les a confortés dans leur détermination à proclamer la parole de Dieu. Toutefois, en approchant de la ville côtière de Thessalonique, sans doute se demandent-ils quel accueil vont leur réserver les Juifs du lieu. Vont-ils les agresser, les battre même, comme les Philippiens ?

      3. Pourquoi est-il utile d’examiner la façon dont Paul a trouvé la hardiesse de prêcher ?

      3 Paul exprimera plus tard ses impressions dans une lettre aux chrétiens de Thessalonique : « Bien que nous ayons d’abord souffert et été traités avec insolence à Philippes, comme vous le savez, notre Dieu nous a donné du courage pour vous annoncer la bonne nouvelle de Dieu malgré une grande opposition » (1 Thess. 2:2). Cela semble signifier qu’il appréhendait d’entrer à Thessalonique, particulièrement après les incidents de Philippes. Te reconnais-tu en Paul ? T’est-il parfois difficile de proclamer la bonne nouvelle ? L’apôtre a compté sur Jéhovah pour le fortifier, pour l’aider à trouver la hardiesse dont il avait besoin. Étudier son exemple t’aidera à faire de même (1 Cor. 4:16).

      « Il raisonna à partir des Écritures » (Actes 17:1-3)

      4. Pourquoi peut-on supposer que Paul a passé plus de trois semaines à Thessalonique ?

      4 On lit que Paul a prêché dans la synagogue pendant trois sabbats à Thessalonique. Faut-il en déduire qu’il n’y est resté que trois semaines ? Pas forcément. On ignore combien de temps après son arrivée il a fait sa première visite à la synagogue. Par ailleurs, ses lettres révèlent qu’à Thessalonique lui et ses compagnons ont travaillé pour subsister (1 Thess. 2:9 ; 2 Thess. 3:7, 8). Enfin, pendant son séjour, il a reçu deux fois des provisions des frères de Philippes (Phil. 4:16). Sa présence à Thessalonique a donc sans doute duré plus de trois semaines.

      5. À quoi Paul a-t-il fait appel chez ses auditeurs ?

      5 Ayant rassemblé son courage pour prêcher, Paul a pris la parole devant tous ceux qui étaient réunis dans la synagogue. « Selon son habitude, […] il raisonna avec eux à partir des Écritures. En citant des passages, il expliquait et prouvait qu’il fallait que le Christ souffre et qu’il ressuscite d’entre les morts, et il disait : “Ce Jésus que je vous annonce, c’est lui le Christ” » (Actes 17:2, 3). Remarquons qu’il n’a pas cherché à émouvoir ses auditeurs ; il a fait appel à leur réflexion. Il savait que les habitués d’une synagogue connaissaient bien les Écritures et les respectaient. Ce qui leur manquait, c’était la compréhension. Il a donc raisonné, expliqué et prouvé à partir des Écritures que Jésus de Nazareth était le Messie, ou Christ, promis.

      6. Comment Jésus a-t-il raisonné à partir des Écritures, et qu’en est-il résulté ?

      6 Paul a suivi le modèle établi par Jésus, qui avait fondé son enseignement sur les Écritures. Ainsi, au cours de son ministère public, Jésus avait expliqué à ses disciples que, selon les Écritures, le Fils de l’homme devait souffrir, mourir et être ressuscité (Mat. 16:21). Après sa résurrection, il était apparu à ses disciples. Cela aurait pu suffire pour prouver qu’il avait dit vrai. Pourtant, il leur avait donné davantage. On lit à propos d’une conversation qu’il eut avec certains disciples : « Commençant par Moïse et tous les Prophètes, il leur interpréta les choses qui le concernaient dans toutes les Écritures. » Qu’en était-il résulté ? Les disciples s’étaient exclamés : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous quand il nous parlait sur la route, quand il nous expliquait clairement les Écritures ? » (Luc 24:13, 27, 32).

      7. Pourquoi est-il important de fonder notre enseignement sur les Écritures ?

      7 Le message de la Parole de Dieu est puissant (Héb. 4:12). C’est pourquoi, comme Jésus, Paul et les autres apôtres, nous fondons nos enseignements sur cette Parole. Nous aussi, nous raisonnons avec les gens, nous leur expliquons le sens des Écritures, nous leur donnons des preuves de ce que nous disons en ouvrant la Bible pour leur en montrer le contenu. En effet, le message que nous portons n’est pas le nôtre. En utilisant abondamment la Bible, nous leur faisons voir que nous ne proclamons pas nos idées, mais les enseignements de Dieu. De plus, gardons en tête que le message que nous prêchons s’appuie solidement sur la Parole de Dieu. Il est absolument fiable. Une telle pensée ne t’insuffle-t-elle pas de l’assurance pour transmettre ce message hardiment, comme l’a fait Paul ?

      « Quelques-uns devinrent croyants » (Actes 17:4-9)

      8-10. a) Quelles réactions la bonne nouvelle a-t-elle suscitées parmi les Thessaloniciens ? b) Pourquoi certains Juifs ont-ils été jaloux de Paul ? c) Qu’ont fait les adversaires juifs ?

      8 Paul avait déjà vérifié l’exactitude de cet avertissement de Jésus : « Un serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont mis en pratique mon enseignement, ils mettront aussi en pratique le vôtre » (Jean 15:20). À Thessalonique, il a rencontré cet accueil partagé : certains désiraient vivement observer ses paroles, et d’autres y résistaient. Au sujet de l’accueil favorable, Luc écrit : « Quelques-uns d’entre eux [les Juifs] devinrent croyants [chrétiens] et se joignirent à Paul et Silas ; ce fut aussi le cas de très nombreux Grecs qui adoraient Dieu et de beaucoup de femmes de haut rang » (Actes 17:4). Ces nouveaux disciples se sont sûrement réjouis que quelqu’un leur rende les Écritures compréhensibles.

      9 Si la prédication de Paul a plu aux uns, elle a fait grincer des dents les autres. Des Juifs de Thessalonique ont été jaloux que l’apôtre ait réussi à convaincre « de très nombreux Grecs ». Ces Juifs, acharnés à faire des prosélytes, avaient enseigné les Écritures hébraïques aux Gentils grecs et, de ce fait, ils estimaient qu’ils leur appartenaient. Et ne voilà-t-il pas que Paul les leur volait, ces Grecs, et dans la synagogue, en plus ! Ils étaient furieux.

      Paul, Silas et leur compagnons échappent à une foule haineuse en se réfugiant dans une cour intérieure protégée par une grille.

      « Ils cherchèrent Paul et Silas pour les amener devant la foule » (Actes 17:5).

      10 Luc raconte la suite en ces termes : « Devenant jaloux, les autres Juifs rassemblèrent quelques hommes méchants qui traînaient sur la place du marché, formèrent un attroupement et se mirent à créer de l’agitation dans la ville. Ils attaquèrent la maison de Jason et cherchèrent Paul et Silas pour les amener devant la foule. Ne les trouvant pas, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les chefs de la ville, en criant : “Ces hommes qui ont causé de l’agitation partout, voilà maintenant qu’ils sont ici, et Jason les a accueillis chez lui ! Tous ces hommes vont à l’encontre des décrets de César, en disant qu’il y a un autre roi, Jésus” » (Actes 17:5-7). Comment Paul et les autres ont-ils réagi à cette émeute ?

      11. De quoi a-t-on accusé Paul et les autres proclamateurs du Royaume, et à quel décret leurs accusateurs pensaient-ils peut-être ? (voir la note).

      11 Une foule excitée est abominable. Elle se rue avec la furie d’un torrent en crue, violent, incontrôlé. Telle est l’arme que les Juifs ont employée dans l’espoir de se débarrasser de Paul et de Silas. Puis, après avoir créé « de l’agitation dans la ville », ils ont essayé de convaincre les chefs de la gravité de leurs accusations. La première était que Paul et ses collaborateurs avaient « causé de l’agitation partout », alors que ceux-ci n’avaient pas déclenché le tumulte à Thessalonique ! La deuxième était beaucoup plus lourde : les Juifs affirmaient que les missionnaires annonçaient un autre Roi, Jésus, ce en quoi ils violaient les décrets de l’empereura.

      12. Qu’est-ce qui montre que les accusations portées contre les chrétiens de Thessalonique auraient pu mal se terminer ?

      12 Rappelons que les chefs religieux avaient accusé Jésus d’un méfait semblable. Ils avaient dit à Pilate : « Nous avons trouvé cet homme en train de bouleverser notre nation […] et de dire qu’il est lui-même Christ, un roi » (Luc 23:2). Sans doute de peur que l’empereur croie qu’il tolérait la haute trahison, Pilate avait condamné Jésus à mort. Pareillement, les accusations contre les chrétiens à Thessalonique pouvaient mal se terminer. « On ne saurait exagérer le danger auquel cela les exposait, commente un ouvrage de référence, car la seule insinuation de trahison contre les empereurs s’avérait souvent fatale à l’accusé. » Cette attaque odieuse allait-elle réussir ?

      13-14. a) Pourquoi l’attaque des émeutiers n’a-t-elle pas réussi ? b) En quoi faisant Paul a-t-il été prudent comme Christ, et comment l’imiter ?

      13 Les émeutiers n’ont pas mis un terme à la prédication à Thessalonique. Pourquoi ? Déjà, on n’a pas retrouvé Paul et Silas. De plus, apparemment, leurs accusations n’ont pas convaincu les chefs de la ville. Après avoir exigé « une caution suffisante », peut-être sous forme d’argent, ceux-ci ont relâché Jason et les autres frères qu’on avait amenés devant eux (Actes 17:8, 9). Écoutant le conseil que Jésus avait donné à ses disciples d’être « prudents comme des serpents et innocents comme des colombes », Paul a sagement fui le danger pour pouvoir continuer de prêcher ailleurs (Mat. 10:16). À l’évidence, il n’a pas confondu hardiesse et témérité. Comment l’imiter aujourd’hui ?

      14 À notre époque, il n’est pas rare que des ecclésiastiques excitent des foules contre les Témoins de Jéhovah. Aux cris de « sédition » et de « trahison », ils manipulent des dirigeants pour qu’ils s’en prennent aux Témoins. Comme les persécuteurs du 1er siècle, nos adversaires sont mus par la jalousie. Quoi qu’il en soit, nous ne cherchons pas les ennuis. Nous fuyons autant que possible les affrontements avec ces individus hargneux et déraisonnables, et nous tâchons plutôt de continuer notre œuvre en paix, au besoin en revenant plus tard, quand les choses se sont calmées.

      LES CÉSARS ET LE LIVRE DES ACTES

      Tous les évènements rapportés dans les Actes, comme d’ailleurs dans l’ensemble des Écritures grecques chrétiennes, ont lieu à l’intérieur des frontières de l’Empire romain. L’autorité profane suprême a donc toujours été l’empereur. C’est de lui que les Juifs de Thessalonique parlaient quand ils ont évoqué les « décrets de César » (Actes 17:7). Quatre empereurs se sont succédé pendant la période couverte par les Actes : Tibère, Gaius (Caligula), Claude Ier et Néron.

      • Tibère (14-37 de n. è.) a été empereur durant tout le ministère de Jésus et les premières années de l’assemblée chrétienne. Lors du procès de Jésus, c’est à Tibère que les Juifs ont fait allusion quand ils ont crié à Pilate : « Si tu relâches cet homme, tu n’es pas ami de César. [...] Nous n’avons pas d’autre roi que César » (Jean 19:12, 15).

      • Gaius, mieux connu comme Caligula (37-41 de n. è.), n’est pas mentionné dans les Écritures grecques chrétiennes.

      • Claude Ier (41-54 de n. è.) est nommé deux fois dans les Actes. Comme l’avait prédit le prophète chrétien Agabus, « une grande famine », datée d’environ 46, est venue « sur la terre entière [...] au temps de Claude ». De plus, en 49 ou au début 50, Claude a « ordonné à tous les Juifs de quitter Rome », décret qui a incité Aquilas et Priscille à déménager à Corinthe, où ils ont rencontré l’apôtre Paul (Actes 11:28 ; 18:1, 2).

      • Néron (54-68 de n. è.) est le César à qui Paul en a appelé (Actes 25:11). L’Histoire raconte que cet empereur a plus tard accusé les chrétiens de l’incendie qui a presque entièrement ravagé Rome vers 64. Peu après, vers 65, l’apôtre Paul a été emprisonné à Rome pour la deuxième fois et finalement exécuté.

      « Des sentiments plus nobles » (Actes 17:10-15)

      15. Comment les Béréens ont-ils accueilli la bonne nouvelle ?

      15 Par sécurité, les frères ont envoyé Paul et Silas à Bérée, environ 65 kilomètres plus loin. À son arrivée, Paul est entré dans la synagogue et s’est adressé à l’assistance. Quel plaisir d’avoir affaire à un auditoire réceptif ! « Les Juifs de Bérée, écrit Luc, avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique, car ils accueillirent la parole avec le plus grand empressement, examinant soigneusement les Écritures chaque jour pour vérifier que ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17:10, 11.) Cette précision est-elle dénigrante pour les Thessaloniciens qui avaient accepté la vérité ? Pas du tout. Paul leur a écrit plus tard : « Nous remercions Dieu constamment, parce que, quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous annoncions, vous l’avez acceptée, non comme la parole des hommes, mais comme ce qu’elle est réellement : la parole de Dieu, qui agit bel et bien en vous, les croyants » (1 Thess. 2:13). Mais alors, qu’est-ce qui faisait que les Juifs de Bérée avaient des sentiments si nobles ?

      16. Pourquoi l’expression ‘sentiments nobles’ convient-elle aux Béréens ?

      16 Quoiqu’en présence d’idées nouvelles, les Béréens n’ont exprimé ni méfiance ni critique acerbe ; mais ils n’ont pas été crédules non plus. D’abord, ils ont bien écouté Paul. Ensuite, ils ont vérifié ses dires en consultant les Écritures, que Paul leur avait rendues compréhensibles. En outre, ils ont étudié la Parole de Dieu assidûment, non seulement le sabbat, mais chaque jour. Le tout « avec le plus grand empressement », en s’appliquant à trouver ce que révélaient les Écritures sous l’éclairage de ce nouvel enseignement. Enfin, ils ont été assez humbles pour changer, car « beaucoup d’entre eux devinrent croyants » (Actes 17:12). On comprend pourquoi Luc dit qu’ils avaient des sentiments « nobles » !

      17. Pourquoi l’exemple des Béréens est-il si louable, et comment peut-on continuer de suivre cet exemple longtemps après être devenu croyant ?

      17 Ces Béréens étaient loin d’imaginer que leur réaction à la bonne nouvelle resterait gravée dans la Parole de Dieu comme un magnifique exemple de noblesse de sentiments spirituels. Ils ont fait précisément ce que Paul espérait et ce que Jéhovah voulait qu’ils fassent. C’est aussi ce que nous encourageons les gens à faire : examiner avec soin la Bible, la Parole de Dieu, pour fonder solidement leur foi sur elle. Cela dit, ces sentiments nobles cessent-ils d’être nécessaires après que l’on devient croyant ? Au contraire, il est encore plus important de désirer apprendre de Jéhovah et de s’empresser d’appliquer ses enseignements. C’est de cette manière que nous laissons notre Père céleste nous modeler et nous former selon sa volonté (Is. 64:8). Ainsi, nous lui restons utiles et nous lui plaisons entièrement.

      18-19. a) Pourquoi Paul a-t-il quitté Bérée, mais de quelle persévérance exemplaire a-t-il fait preuve ? b) À qui Paul allait-il s’adresser ensuite, et où ?

      18 Paul n’est pas resté longtemps à Bérée. On lit : « Quand les Juifs de Thessalonique apprirent qu’à Bérée aussi Paul annonçait la parole de Dieu, ils vinrent exciter et soulever les foules. Alors les frères firent aussitôt partir Paul vers la mer, mais Silas et Timothée, eux, restèrent. Cependant, ceux qui accompagnaient Paul l’amenèrent jusqu’à Athènes, et ils repartirent avec l’instruction de dire à Silas et à Timothée de rejoindre Paul le plus vite possible » (Actes 17:13-15). Les ennemis de la bonne nouvelle étaient tenaces ! Non contents d’avoir chassé Paul de Thessalonique, ils sont venus jusqu’à Bérée pour tenter d’y fomenter les mêmes troubles. Mais en vain. Paul savait que son territoire était vaste ; il est simplement parti prêcher ailleurs. Soyons tout aussi résolus à déjouer les intrigues de ceux qui veulent stopper la prédication !

      19 Ayant rendu pleinement témoignage devant les Juifs de Thessalonique et de Bérée, Paul avait sûrement beaucoup appris sur l’importance de témoigner avec hardiesse et de raisonner à partir des Écritures. Nous aussi. Mais l’apôtre allait maintenant rencontrer un public différent : les Gentils d’Athènes. Comment cela se passerait-il ? Nous le verrons dans le chapitre suivant.

      a Selon un bibliste, il existait alors un décret de César interdisant toute prédiction « de la venue d’un nouveau roi ou d’un nouveau royaume, surtout s’il était censé supplanter ou juger l’empereur en place ». Les ennemis de Paul ont très bien pu faire passer son message pour une violation d’un tel décret. Voir l’encadré « Les Césars et le livre des Actes ».

  • « Il raisonna avec eux à partir des Écritures »
    « Rends pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu »
  • « Qu’ils cherchent Dieu et le trouvent réellement »
    « Rends pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu »
    • CHAPITRE 18

      « Qu’ils cherchent Dieu et le trouvent réellement »

      Paul crée un terrain d’entente et s’adapte à son auditoire

      Actes 17:16-34

      1-3. a) Pourquoi l’apôtre Paul, se trouvant à Athènes, était-il vivement contrarié ? b) Qu’apprendrons-nous en étudiant le discours de Paul ?

      PAUL est vivement contrarié. Il est à Athènes, capitale grecque de l’érudition où enseignèrent Socrate, Platon et Aristote. C’est aussi une ville très religieuse. Partout, dans les temples, sur les places publiques, dans les rues, il n’aperçoit qu’idoles en tous genres, car les Athéniens adorent un panthéon de dieux. Il sait ce que le vrai Dieu, Jéhovah, pense de l’idolâtrie (Ex. 20:4, 5). Cet apôtre fidèle partage le sentiment de Dieu : il exècre les idoles !

      2 Ce que Paul voit en entrant sur l’agora — « la place du marché » — est particulièrement choquant. Une armée de statues phalliques du dieu Hermès s’échelonne le long de l’angle nord-ouest, près de l’entrée principale. La place est envahie de sanctuaires. Comment cet apôtre bouillant de zèle va-t-il prêcher dans ce climat d’extrême idolâtrie ? Se maîtrisera-t-il et créera-t-il un terrain d’entente entre lui et les Athéniens ? Réussira-t-il à en aider quelques-uns à chercher le vrai Dieu pour le trouver réellement ?

      3 Le discours de Paul aux lettrés d’Athènes, transcrit en Actes 17:22-31, est un modèle d’éloquence, de tact et de discernement. En l’étudiant, nous en apprendrons beaucoup sur l’art d’établir un terrain d’entente pour faire raisonner nos interlocuteurs.

      « Sur la place du marché » (Actes 17:16-21)

      4-5. À Athènes, où Paul a-t-il prêché, et quel auditoire difficile l’attendait ?

      4 C’est vers 50 de notre ère, durant son deuxième voyage missionnaire, que Paul est passé à Athènesa. En attendant que Silas et Timothée arrivent de Bérée, il ‘raisonnait dans la synagogue avec les Juifs’, comme à son habitude. Il s’est aussi mis en quête d’un territoire où rencontrer des Athéniens non juifs : « sur la place du marché », l’agora (Actes 17:17). Cette place, une aire d’environ cinq hectares au nord-ouest de l’Acropole, était en fait bien plus qu’un lieu d’achat et de vente ; c’était la place publique de la ville. Un ouvrage de référence la définit comme « le cœur économique, politique et culturel de la cité ». Les Athéniens aimaient à s’y réunir pour engager des débats intellectuels.

      ATHÈNES, CAPITALE CULTURELLE DU MONDE ANTIQUE

      L’Acropole d’Athènes était une solide citadelle bien avant que ne commence à s’écrire l’histoire de la ville au 7e siècle avant notre ère. Devenue la cité principale de la région de l’Attique, Athènes dominait une péninsule d’à peine 2 600 kilomètres carrés bornée par des montagnes et la mer. Son nom a probablement un rapport avec celui d’Athéna, sa déesse protectrice.

      Au 6e siècle avant notre ère, un législateur athénien du nom de Solon réforma les structures sociales, politiques, juridiques et économiques de la ville. Il améliora le sort des pauvres et posa le fondement d’un gouvernement démocratique. Ce n’était toutefois une démocratie que pour les gens libres ; or une bonne partie de la population athénienne se composait d’esclaves.

      Après les victoires grecques sur les Perses au 5e siècle avant notre ère, Athènes est devenue la capitale d’un petit empire qui a étendu son commerce maritime jusqu’à l’Italie et à la Sicile à l’ouest, et jusqu’à Chypre et à la Syrie à l’est. À l’apogée de sa splendeur, elle était le pôle culturel du monde antique ; elle brillait dans l’art, le théâtre, la philosophie, la rhétorique et les sciences. Elle s’ornait de nombreux édifices publics et de temples. Son horizon était dominé par l’Acropole, colline imposante sur laquelle trônaient le Parthénon et sa statue d’Athéna, 12 mètres d’or et d’ivoire.

      Athènes a été conquise d’abord par les Spartiates, puis par les Macédoniens, et finalement par les Romains, qui l’ont dépouillée de sa richesse. Malgré cela, au temps de l’apôtre Paul, elle conservait un certain prestige du fait de son passé illustre. D’ailleurs, elle n’a jamais été rattachée à une province romaine, mais l’empire lui a accordé le pouvoir juridique sur ses propres citoyens et l’exemption des taxes romaines. Même dépourvue de ses plus grands chefs-d’œuvre, elle est restée une ville universitaire, où les riches envoyaient leurs fils faire leurs études.

      5 Sur cette agora, Paul a affronté un auditoire difficile, comptant des épicuriens et des stoïciens, des membres de deux écoles philosophiques rivalesb. Les épicuriens croyaient que la vie était apparue par hasard. Leur vision de l’existence se résumait à cette devise : « Rien à craindre des dieux ; rien à craindre de la mort ; on peut atteindre le bonheur ; on peut supporter la douleur. » Les stoïciens, eux, insistaient sur la raison et la logique, et ne croyaient pas que Dieu fût une Personne. Ni les uns ni les autres ne croyaient en la résurrection qu’enseignaient les disciples de Christ. Les vues philosophiques des deux groupes étaient tout à fait incompatibles avec les vérités élevées du christianisme authentique, que Paul prêchait.

      6-7. Comment certains intellectuels grecs ont-ils accueilli la prédication de Paul, et à quelle réaction semblable nous heurtons-nous ?

      6 Comment les intellectuels grecs ont-ils accueilli la prédication de Paul ? Certains ont employé un mot signifiant « bavard », ou « picoreur de graines » (voir la note d’étude sur Actes 17:18). Selon un bibliste, ce terme « se disait à l’origine d’un petit oiseau qui picorait de-ci de-là ; plus tard, il s’est dit de personnes qui ramassaient restes de nourriture et autres rogatons sur la place du marché. Plus tard encore, il s’est employé au sens figuré au sujet de quelqu’un qui glanait des bribes de connaissances, et surtout de quelqu’un d’incapable de les assembler correctement ». Ces savants hommes traitaient en quelque sorte Paul de plagiaire ignare. Mais, comme on le verra, cette insulte ne l’a pas intimidé.

      7 Rien n’a changé de nos jours. Souvent, les Témoins de Jéhovah sont traités de tous les noms à cause de leurs croyances bibliques. Par exemple, des professeurs enseignent que l’évolution est un fait en disant qu’on l’accepte forcément si on est intelligent — ce qui revient à traiter d’ignare quiconque n’y croit pas. Ces gens instruits voudraient que l’on nous prenne pour des « picoreurs de graines » quand nous montrons ce que dit la Bible et signalons les preuves d’une conception dans la nature. Mais nous ne sommes pas intimidés. Au contraire, nous défendons avec assurance notre croyance selon laquelle la vie sur terre vient d’un Concepteur intelligent, Jéhovah Dieu (Rév. 4:11).

      8. a) Quelle autre réaction la prédication de Paul a-t-elle suscitée ? b) Que désigne peut-être l’Aréopage où Paul a été conduit ? (voir la note).

      8 La prédication de Paul sur l’agora a suscité d’autres réactions encore. « Il semble qu’il prêche des divinités étrangères », a-t-on entendu (Actes 17:18). Paul présentait-il vraiment des dieux nouveaux aux Athéniens ? C’était une question grave, qui rappelait une des accusations pour lesquelles Socrate avait été jugé et condamné à mort des siècles avant. Fatalement, Paul a été conduit à l’Aréopagec et sommé d’expliquer ses enseignements si étranges aux oreilles des Athéniens. Comment a-t-il défendu son message devant des gens qui n’avaient aucune notion des Écritures ?

      LES ÉPICURIENS ET LES STOÏCIENS

      Les épicuriens et les stoïciens étaient les disciples de deux écoles philosophiques. Ni les uns ni les autres ne croyaient à la résurrection.

      Les épicuriens croyaient qu’il existait des dieux, mais que ceux-ci ne s’intéressaient pas aux hommes, ne les récompensaient pas et ne les punissaient pas, d’où l’inutilité des prières et des sacrifices. Pour eux, le plaisir était le bien suprême dans la vie. Leur raisonnement et leurs actions étaient dénués de principes moraux. Cependant, ils prônaient la modération, au motif qu’elle leur épargnait les effets indésirables des excès. Ils ne recherchaient la connaissance que pour se défaire des craintes religieuses et des superstitions.

      D’un autre côté, les stoïciens croyaient que toutes choses faisaient partie d’une divinité impersonnelle et que l’âme humaine émanait de cette force. Certains disaient que l’âme serait un jour détruite avec l’univers. D’autres croyaient qu’elle finirait par être réabsorbée par cette divinité. Selon les philosophes stoïciens, le bonheur s’obtenait en suivant la nature.

      « Hommes d’Athènes, je vois... » (Actes 17:22, 23)

      9-11. a) Comment Paul a-t-il établi un terrain d’entente entre lui et son auditoire ? b) Comment imiter Paul dans notre ministère ?

      9 On se rappelle que Paul était vivement contrarié par toute l’idolâtrie qu’il voyait. Mais au lieu de se lancer dans une violente diatribe contre le culte des idoles, il a gardé son sang-froid. Avec le plus grand tact, il s’est efforcé de convaincre son auditoire en établissant un terrain d’entente. Il a commencé ainsi : « Hommes d’Athènes, je vois qu’en toutes choses vous semblez, plus que d’autres, être voués à la crainte des divinités » (Actes 17:22). Autrement dit : « Je vois que vous êtes très religieux. » Il félicitait judicieusement les Athéniens d’avoir des aspirations religieuses. Il comprenait que des gens aveuglés par des croyances fausses pouvaient avoir un cœur réceptif. D’ailleurs, lui-même n’avait-il pas agi autrefois « par ignorance et par manque de foi » ? (1 Tim. 1:13).

      10 Bâtissant sur ce terrain d’entente, Paul a expliqué qu’il avait remarqué une preuve tangible de la dévotion des Athéniens : un autel dédié « À un Dieu inconnu ». Selon un ouvrage, « il était courant, chez les Grecs et d’autres, de dédier des autels à des “dieux inconnus”, par crainte d’avoir oublié d’adorer quelque dieu qui, sans quoi, se serait offensé ». La présence de cet autel était pour les Athéniens une façon d’admettre l’existence d’un Dieu qu’ils ne connaissaient pas. Paul s’en est servi pour faire la transition avec la bonne nouvelle qu’il prêchait. « Ce que vous adorez sans le connaître, c’est cela que je vous annonce », a-t-il enchaîné (Actes 17:23). Son raisonnement était subtil, mais convaincant. Il ne prêchait pas un dieu nouveau ou étrange, comme on le lui avait reproché. Il expliquait ce Dieu qui leur était inconnu, le vrai Dieu.

      11 Comment imiter Paul dans notre ministère ? En étant observateurs, nous verrons peut-être des indices de dévotion chez notre interlocuteur, par exemple un objet religieux sur lui ou ornant son intérieur ou son jardin. Nous pourrons dire : « Je vois que vous êtes une personne croyante. J’espérais rencontrer quelqu’un qui ait des aspirations religieuses. » En constatant avec tact le sentiment religieux de la personne, nous établirons un terrain d’entente sur lequel bâtir. N’oublions pas que notre but n’est pas de juger d’avance les gens sur leurs convictions religieuses. Beaucoup de nos frères et sœurs étaient autrefois des adeptes sincères de fausses doctrines.

      En cours de biologie, un adolescent prend la parole devant son professeur et ses camarades.

      Cherche un terrain d’entente sur lequel bâtir.

      « Dieu n’est pas loin de chacun de nous » (Actes 17:24-28)

      12. Comment Paul a-t-il adapté sa méthode à ses auditeurs ?

      12 Paul avait établi un terrain d’entente, mais a-t-il pu le garder en rendant témoignage ? Sachant que ses auditeurs étaient imprégnés de philosophie grecque, mais ne connaissaient pas les Écritures, il a adapté sa méthode sous plusieurs aspects : 1) il a présenté les doctrines bibliques sans citer directement les Écritures ; 2) il s’est assimilé à ses auditeurs, en employant quelquefois le pronom « nous » ; 3) il a cité la littérature grecque pour montrer que certaines des choses qu’il enseignait étaient exprimées par leurs propres auteurs. Analysons maintenant son magnifique discours. Quelles vérités importantes a-t-il inculquées au sujet du Dieu inconnu des Athéniens ?

      13. Qu’a expliqué Paul sur l’origine de l’univers, et que sous-entendait son raisonnement ?

      13 Dieu a créé l’univers. Son discours s’ouvre sur ces mots : « Le Dieu qui a fait le monded et toutes les choses qui s’y trouvent, lui qui est Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples faits à la main » (Actes 17:24). L’univers n’est pas apparu par hasard. Le vrai Dieu est le Créateur de toutes choses (Ps. 146:6). Contrairement à Athéna et aux autres divinités dont la gloire dépend de temples, de sanctuaires et d’autels, le Souverain Seigneur du ciel et de la terre ne peut être contenu dans des temples bâtis par des mains d’hommes (1 Rois 8:27). Le sous-entendu de Paul était clair : Le vrai Dieu est supérieur à toute idole de fabrication humaine habitant un temple lui aussi de fabrication humaine (Is. 40:18-26).

      14. Comment Paul a-t-il démontré que Dieu ne dépend pas des humains ?

      14 Dieu ne dépend pas des humains. Les idolâtres avaient l’habitude d’habiller leurs images de vêtements somptueux, de les inonder de dons coûteux ou de leur porter nourriture et boisson, comme si elles en avaient eu besoin ! Inversement, certains philosophes présents dans le public croyaient peut-être qu’un dieu n’avait besoin de rien de la part des humains. Dans ce cas, ils ont dû acquiescer lorsque Paul a dit que Dieu n’est pas « servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quelque chose ». En effet, il n’est rien de matériel que les humains puissent donner au Créateur ! C’est plutôt lui qui leur donne ce qu’il leur faut : « la vie et le souffle et toutes choses », dont le soleil, la pluie et un sol fécond (Actes 17:25 ; Gen. 2:7). Ainsi, Dieu, le Bienfaiteur, ne dépend pas des humains, les bénéficiaires.

      15. Comment Paul a-t-il traité le sentiment de supériorité des Athéniens vis-à-vis des non-Grecs, et quelle leçon importante cela nous enseigne-t-il ?

      15 Dieu a fait l’homme. Les Athéniens se croyaient supérieurs aux non-Grecs. Mais l’orgueil national ou racial est contraire à la vérité biblique (Deut. 10:17). Paul a traité ce sujet délicat avec doigté. Quand il a dit : « À partir d’un seul homme [Dieu] a fait toutes les nations », ses auditeurs ont sans doute marqué un temps d’arrêt (Actes 17:26). Il évoquait la Genèse et l’histoire d’Adam, l’ancêtre de la race humaine (Gen. 1:26-28). Puisque tous les humains ont un ancêtre commun, aucune race ni aucune nationalité n’est supérieure à une autre. Les auditeurs de Paul ont certainement saisi l’idée. Cet exemple nous enseigne une leçon importante : Bien que nous voulions être raisonnables et pleins de tact quand nous rendons témoignage, nous ne voulons pas édulcorer la vérité biblique pour la faire accepter plus facilement.

      16. Quelle est l’intention du Créateur en ce qui concerne les humains ?

      16 L’intention de Dieu était que les humains soient proches de lui. Les philosophes en face de Paul auraient eu beau débattre longuement du but de l’existence humaine, ils n’auraient jamais pu l’expliquer de façon satisfaisante. Mais Paul a révélé clairement l’intention du Créateur en ce qui concerne les humains, à savoir « qu’ils cherchent Dieu, même à tâtons, et le trouvent réellement, bien qu’en fait il ne soit pas loin de chacun de nous » (Actes 17:27). Le Dieu inconnu des Athéniens n’est nullement inconnaissable. Au contraire, il n’est pas loin de ceux qui désirent vraiment le trouver et en savoir plus sur lui (Ps. 145:18). Notons que Paul a employé « nous », s’incluant donc parmi ceux qui devaient ‘chercher Dieu à tâtons’.

      17-18. Pourquoi les humains devraient-ils être attirés par Dieu, et qu’apprenons-nous de la façon dont Paul a intéressé son auditoire ?

      17 Les hommes devraient être attirés par Dieu. « C’est par lui en effet, dit Paul, que nous avons la vie, que nous bougeons et que nous existons. » Selon des biblistes, il faisait allusion à une expression d’Épiménide, poète crétois du 6e siècle avant notre ère et figure importante de la tradition religieuse athénienne. Puis il a donné une autre raison d’être attiré par Dieu : « Comme l’ont même dit certains de vos poètes : “Car nous sommes aussi ses enfants” » (Actes 17:28). Les humains devraient se sentir un lien de parenté avec Dieu, lui qui a créé le seul homme dont descend toute l’humanité. Pour intéresser ses auditeurs, Paul a eu la finesse de citer directement des textes grecs qui avaient sans doute leur respecte. Sur son modèle, nous pouvons parfois employer modérément des citations de l’histoire profane, d’encyclopédies ou d’autres œuvres de référence acceptées. Par exemple, une citation opportune d’une source respectée convaincra peut-être un non-Témoin de l’origine de certaines pratiques ou observances de la fausse religion.

      18 À ce stade de son discours, Paul avait exprimé des vérités fondamentales sur Dieu, en ajustant adroitement son propos à son auditoire. Que voulait-il que les Athéniens fassent de cette connaissance essentielle ? Il le leur a expliqué sans plus tarder.

      « Il annonce à tous et partout qu’ils doivent se repentir » (Actes 17:29-31)

      19-20. a) Avec quel tact Paul a-t-il dévoilé l’ineptie de l’adoration d’idoles fabriquées ? b) À quelle action Paul a-t-il exhorté ses auditeurs ?

      19 Paul était prêt à exhorter ses auditeurs à l’action. Reprenant le vers grec qu’il avait cité, il a poursuivi : « Donc, puisque nous sommes les enfants de Dieu, nous ne devons pas penser que l’Être divin ressemble à un objet en or, en argent ou en pierre, à quelque chose qui est le produit de l’art et de l’imagination des humains » (Actes 17:29). En effet, si les humains sont des créations de Dieu, comment Dieu peut-il prendre la forme d’idoles, des créations d’humains ? Ce raisonnement plein de tact dévoilait l’ineptie de l’adoration d’idoles fabriquées (Ps. 115:4-8 ; Is. 44:9-20). En disant : « nous ne devons pas… », Paul a sûrement atténué un peu le cinglant de sa remarque.

      20 Sur quoi, il a indiqué nettement qu’il fallait agir : « Il est vrai que, par le passé, Dieu a fermé les yeux sur une telle ignorance [celle d’imaginer qu’il pouvait agréer des adorateurs d’idoles], mais maintenant il annonce à tous et partout qu’ils doivent se repentir » (Actes 17:30). Cet appel à la repentance a peut-être choqué certains de ses auditeurs. Mais son discours convaincant leur avait montré clairement qu’ils devaient la vie à Dieu et avaient donc des comptes à lui rendre. Il leur fallait le chercher, apprendre la vérité sur lui et conformer leur vie entière à cette vérité. Pour les Athéniens, cela signifiait admettre leur péché d’idolâtrie et s’en détourner.

      21-22. Sur quelles paroles enthousiasmantes Paul a-t-il conclu son discours, et que signifient-elles pour nous ?

      21 Et c’est sur ces paroles énergiques que Paul a conclu son discours : « [Dieu] a fixé un jour où il va juger la terre habitée avec justice par un homme qu’il a désigné. Et il a fourni à tous les humains une garantie en le ressuscitant d’entre les morts » (Actes 17:31). Un jour de jugement à venir : voilà une raison sérieuse de chercher le vrai Dieu et de le trouver ! Paul n’a pas nommé le Juge établi. Mais il a donné une précision surprenante à son sujet : Il avait vécu en tant qu’homme, était mort et avait été ressuscité par Dieu !

      22 Cette conclusion enthousiasmante signifie beaucoup pour nous aujourd’hui. Nous savons que le Juge établi par Dieu est Jésus Christ ressuscité (Jean 5:22). Nous savons aussi que le jour de jugement en question durera mille ans et arrive vite (Rév. 20:4, 6). Nous ne le craignons pas, parce que nous savons qu’il apportera des bienfaits ineffables à ceux qui seront jugés fidèles. La réalisation de notre espérance d’un avenir glorieux est garantie par le plus grand des miracles : la résurrection de Jésus Christ !

      « Quelques-uns devinrent croyants » (Actes 17:32-34)

      23. Quelles réactions diverses le discours de Paul a-t-il suscitées ?

      23 Le discours de Paul a suscité des réactions diverses. Certains se moquaient en entendant parler de résurrection. D’autres, quoique polis, ne s’engageaient pas, disant : « Nous t’écouterons en parler une prochaine fois » (Actes 17:32). Mais plusieurs autres ont réagi favorablement : « Quelques-uns se joignirent à lui et devinrent croyants. Parmi eux, il y avait Denys, qui était juge au tribunal de l’Aréopage, une femme nommée Damaris, et d’autres encore » (Actes 17:34). Nous rencontrons des réactions semblables dans notre ministère. Certains rient de nous, d’autres nous opposent une indifférence polie. Cependant, notre joie est immense quand quelques-uns acceptent le message du Royaume et deviennent croyants.

      24. Qu’apprenons-nous du discours de Paul au milieu de l’Aréopage ?

      24 En analysant le discours de Paul, nous en apprenons beaucoup sur le développement logique et l’argumentation convaincante, ainsi que sur la façon de s’adapter à l’auditoire. Nous apprenons aussi l’importance de la patience et du tact face à des gens aveuglés par des croyances fausses. Retenons aussi cette leçon primordiale : Il ne faut jamais arranger la vérité biblique pour apaiser nos auditeurs. Mais, en prenant exemple sur l’apôtre Paul, nous pouvons devenir des enseignants plus efficaces dans le ministère. Quant aux anciens, ils peuvent affiner leurs compétences d’enseignants dans l’assemblée. Nous serons tous ainsi bien préparés pour aider autrui à ‘chercher Dieu et à le trouver réellement’ (Actes 17:27).

      a Voir l’encadré « Athènes, capitale culturelle du monde antique ».

      b Voir l’encadré « Les épicuriens et les stoïciens ».

      c Situé au nord-ouest de l’Acropole, l’Aréopage était le lieu de séance traditionnel du tribunal principal d’Athènes. Le terme « Aréopage » désigne soit le tribunal, soit la colline sur laquelle il se réunissait. Certains biblistes pensent donc que Paul a été emmené sur cette colline ou non loin, mais d’autres qu’il a été emmené à une séance du tribunal ailleurs, peut-être sur l’agora.

      d Le mot grec rendu par « monde » est kosmos, par lequel les Grecs désignaient l’univers matériel. Il se peut que Paul l’ait utilisé exceptionnellement dans ce sens, par souci de conserver un terrain d’entente entre lui et son auditoire grec.

      e Il a cité un extrait du poème astronomique Phénomènes, du poète stoïque Aratus. On retrouve un vers similaire dans d’autres textes grecs, dont l’Hymne à Zeus, de l’auteur stoïque Cléanthe.

  • « Continue à parler ; ne te tais pas »
    « Rends pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu »
    • CHAPITRE 19

      « Continue à parler ; ne te tais pas »

      Paul travaille pour vivre, mais donne la priorité au ministère

      Actes 18:1-22

      1-3. Pourquoi l’apôtre Paul était-il venu à Corinthe, et quels soucis avait-il ?

      L’ANNÉE 50 touche à sa fin. L’apôtre Paul est à Corinthea, métropole commerciale opulente et fortement peuplée de Grecs, de Romains et de Juifs. Il n’est pas là pour acheter ou vendre, ni pour chercher du travail, mais pour une raison beaucoup plus importante : rendre témoignage au sujet du royaume de Dieu. Or il lui faut quand même se loger, et il ne veut pas être une charge pour qui que ce soit. Il ne veut donner à personne l’impression qu’il vit de la parole de Dieu. Que va-t-il faire ?

      2 Paul a un métier : fabricant de tentes. La tâche est rude, mais il est prêt à travailler de ses mains pour subsister. Trouvera-t-il un emploi dans cette ville grouillante ? Trouvera-t-il un logement décent ? Malgré ces soucis, il ne perd pas de vue son occupation principale, le ministère.

      3 En fin de compte, Paul restera un certain temps à Corinthe, et son ministère y sera très fructueux. Que pouvons-nous découvrir sur ses activités à Corinthe qui nous aidera à rendre pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu dans notre territoire ?

      CORINTHE, MAÎTRESSE DE DEUX MERS

      La Corinthe antique était bâtie sur l’isthme reliant la Grèce continentale à sa presqu’île méridionale, le Péloponnèse. L’isthme faisant moins de six kilomètres en son point le plus étroit, la ville avait deux ports : Léchée, sur le golfe de Corinthe, qui desservait les liaisons vers l’ouest avec l’Italie, la Sicile et l’Espagne ; et Cenchrées, sur le golfe Saronique, qui desservait le trafic maritime avec la région égéenne, l’Asie Mineure, la Syrie et l’Égypte.

      Les vents qui fouettaient les caps du sud du Péloponnèse étant dangereux pour la navigation, beaucoup de marins préféraient s’ancrer dans l’un des ports de Corinthe et faire transporter leur cargaison par la terre pour la rembarquer dans l’autre port. Les bateaux légers pouvaient même traverser l’isthme chargés sur une plateforme qu’on tirait le long d’une chaussée rainurée allant d’une mer à l’autre. Par sa position, la cité dominait donc le commerce maritime est-ouest ainsi que les échanges terrestres nord-sud. Cette vitalité économique attirait à Corinthe les richesses, mais aussi les vices communs à bien des ports.

      Aux jours de l’apôtre Paul, Corinthe était la capitale de la province romaine d’Achaïe et un important centre administratif. Sa diversité religieuse est attestée par la présence d’un temple pour le culte de l’empereur, de sanctuaires et de temples dédiés aux multiples divinités grecques et égyptiennes, et d’une synagogue juive (Actes 18:4).

      Les compétitions athlétiques organisées tous les deux ans à Isthmia, ville voisine, étaient presque aussi importantes que les Jeux olympiques. L’apôtre Paul devait être à Corinthe durant les jeux de 51 de notre ère. D’où ce commentaire d’un ouvrage biblique : « Ce n’est sûrement pas une coïncidence si ses premières métaphores sportives apparaissent dans une lettre à Corinthe » (1 Cor. 9:24-27).

      « Ils étaient fabricants de tentes » (Actes 18:1-4)

      4-5. a) Où Paul a-t-il logé à Corinthe, et quel emploi a-t-il exercé ? b) Comment Paul était-il devenu fabricant de tentes ?

      4 Quelque temps après son arrivée, Paul a rencontré un couple hospitalier : Aquilas, Juif de naissance, et Priscille, ou Prisca. Cet homme et cette femme avaient élu domicile à Corinthe à cause d’un décret de l’empereur Claude ordonnant « à tous les Juifs de quitter Rome » (Actes 18:1, 2). Ils ont accueilli l’apôtre non seulement chez eux, mais aussi dans leur affaire. On lit : « Comme ils avaient le même métier, [Paul] resta chez eux et travailla avec eux ; ils étaient fabricants de tentes » (Actes 18:3). Le foyer de ce couple chaleureux est resté sa demeure durant son ministère à Corinthe. C’est peut-être chez eux qu’il a écrit certaines des lettres qui ont été incluses plus tard dans le canon de la Bibleb.

      5 Comment se fait-il que Paul, homme instruit « directement par Gamaliel », ait été fabricant de tentes ? (Actes 22:3). Apparemment, les Juifs du 1er siècle n’estimaient pas indignes d’eux d’inculquer un métier à leurs enfants, même si ces enfants recevaient une instruction supplémentaire. Venant de Tarse en Cilicie (région réputée pour sa toile, nommée cilicium, dont on faisait des tentes), Paul avait sans doute appris son métier durant sa jeunesse. En quoi consistait-il ? À tisser la toile ou à couper et à coudre le tissu rugueux et raide pour confectionner les tentes. Dans tous les cas, c’était un travail dur.

      6-7. a) Comment Paul considérait-il la fabrication de tentes, et qu’est-ce qui indique qu’Aquilas et Priscille voyaient les choses comme lui ? b) Aujourd’hui, comment les chrétiens imitent-ils Paul, Aquilas et Priscille ?

      6 Paul ne considérait pas son métier comme une vocation ou une carrière. Il ne l’exerçait que pour subvenir à ses besoins dans le ministère, pour annoncer la bonne nouvelle ‘sans qu’il en coûte rien’ à personne (2 Cor. 11:7). Et Priscille et Aquilas, comment considéraient-ils leur travail profane ? Certainement comme Paul, puisqu’ils étaient chrétiens. D’ailleurs, quand Paul a quitté Corinthe en 52, ils ont déménagé et l’ont suivi à Éphèse, où leur maison a servi de lieu de réunion pour l’assemblée locale (1 Cor. 16:19). Plus tard, ils sont revenus à Rome, puis de nouveau à Éphèse. Ces croyants zélés donnaient la priorité aux intérêts du Royaume et se sont dépensés volontiers au service des autres, ce qui leur a valu la gratitude de « toutes les assemblées des nations » (Rom. 16:3-5 ; 2 Tim. 4:19).

      7 Aujourd’hui, les chrétiens imitent Paul, Aquilas et Priscille. Ainsi, des ministres zélés font tout « pour n’imposer de fardeau coûteux » à personne (1 Thess. 2:9.) Dignes d’éloges, beaucoup de prédicateurs à plein temps travaillent à temps partiel ou comme saisonniers pour gagner leur vie tout en suivant leur vocation, le ministère chrétien. Comme Aquilas et Priscille, beaucoup de serviteurs de Jéhovah ouvrent cordialement leur foyer aux responsables de circonscription. Ceux qui font ainsi « preuve d’hospitalité » savent combien cela peut être encourageant et fortifiant (Rom. 12:13).

      DES LETTRES INSPIRÉES QUI ONT ENCOURAGÉ LES FRÈRES

      Durant son séjour de 18 mois à Corinthe, entre 50 et 52 de notre ère, l’apôtre Paul a écrit au moins deux lettres qui furent incluses plus tard dans les Écritures grecques chrétiennes : 1 et 2 Thessaloniciens. Il a composé sa lettre aux Galates soit dans la même période, soit peu après.

      Un Thessaloniciens est la première des lettres inspirées que Paul a écrites. Il était passé à Thessalonique vers 50, au cours de son deuxième voyage missionnaire. L’assemblée qu’il y avait fondée s’était vite heurtée à l’opposition, qui avait obligé Silas et lui à partir (Actes 17:1-10, 13). Inquiet pour cette toute jeune assemblée, il a essayé par deux fois d’y retourner, mais ‘Satan lui a barré la route’. Alors il a envoyé Timothée consoler et fortifier les frères. Probablement vers la fin de la même année, Timothée l’a retrouvé à Corinthe et lui a rapporté de bonnes nouvelles de l’assemblée de Thessalonique. Après quoi, Paul a rédigé cette lettre (1 Thess. 2:17 – 3:7).

      Deux Thessaloniciens a sans doute suivi de près la première lettre, peut-être vers 51. En effet, dans l’une et l’autre, Timothée et Silvain (appelé Silas dans les Actes) joignent leurs salutations à celles de Paul, alors que rien n’indique que ces trois se soient revus après le séjour de l’apôtre à Corinthe (Actes 18:5, 18 ; 1 Thess. 1:1 ; 2 Thess. 1:1). Pourquoi Paul a-t-il écrit cette deuxième lettre ? Il avait apparemment reçu, peut-être par le porteur de la première, d’autres nouvelles de l’assemblée. Ces nouvelles l’avaient incité à féliciter les frères pour leur amour et leur endurance, mais aussi à corriger l’idée de certains d’entre eux selon laquelle la présence du Seigneur était imminente (2 Thess. 1:3-12 ; 2:1, 2).

      La lettre de Paul aux Galates laisse supposer qu’il leur avait rendu visite au moins deux fois avant de leur écrire. En 47-48, Barnabé et lui étaient passés à Antioche de Pisidie, à Iconium, à Lystre et à Derbé, quatre villes de la province romaine de Galatie. En 49, Paul était revenu dans la région avec Silas (Actes 13:1 – 14:23 ; 16:1-6). Il a écrit cette lettre sans doute dès qu’il a appris que des judaïsants, sur ses talons, enseignaient à tort que la circoncision et l’observance de la Loi mosaïque étaient exigibles des chrétiens. Peut-être était-ce depuis Corinthe, à moins que ce ne fût depuis Éphèse, durant une brève halte en rentrant à Antioche de Syrie, ou depuis Antioche même (Actes 18:18-23).

      « Beaucoup de Corinthiens devinrent croyants » (Actes 18:5-8)

      8-9. Qu’a fait Paul quand son intense prédication a rencontré l’opposition des Juifs, et où est-il allé prêcher ensuite ?

      8 Paul a confirmé qu’il considérait le travail profane comme un moyen quand Silas et Timothée sont arrivés de Macédoine avec des dons généreux (2 Cor. 11:9). Aussitôt, il « commença à se consacrer entièrement à la parole [« il put consacrer tout son temps à prêcher », Bible en français courant] » (Actes 18:5). Cependant, son intense prédication auprès des Juifs a rencontré une opposition considérable. Alors, dégageant toute responsabilité de leur refus d’entendre le message salvateur relatif au Christ, il a secoué ses vêtements et a dit à ses détracteurs juifs : « Vous serez seuls responsables de votre mort. Moi, je suis innocent. À partir de maintenant, j’irai vers les gens des nations » (Actes 18:6 ; Ézéch. 3:18, 19).

      9 Où Paul allait-il donc prêcher maintenant ? Un homme lui a offert l’hospitalité : Titius Justus, probablement un prosélyte du judaïsme dont la demeure jouxtait la synagogue. Paul quitta alors la synagogue pour la maison de Justus (Actes 18:7). Si le foyer d’Aquilas et Priscille est resté sa résidence pendant sa présence à Corinthe, la maison de Justus, elle, est devenue le centre d’où il a fait rayonner sa prédication.

      10. Qu’est-ce qui montre que Paul n’avait pas décidé de prêcher uniquement aux gens des nations ?

      10 En disant qu’il irait désormais vers les gens des nations, Paul voulait-il dire qu’il se désintéresserait totalement des Juifs et des prosélytes, même de ceux qui étaient réceptifs ? Il ne pouvait guère s’agir de cela. Par exemple, « Crispus, le président de la synagogue, se mit à croire au Seigneur, lui et tous ceux qui vivaient sous son toit ». Manifestement, un bon nombre de ceux qui fréquentaient la synagogue ont fait comme Crispus, car la Bible dit : « Beaucoup de Corinthiens qui entendaient le message devinrent croyants et furent baptisés » (Actes 18:8). La maison de Titius Justus est ainsi devenue le lieu de réunion de la nouvelle assemblée chrétienne de Corinthe. Si le récit des Actes est bien présenté dans le style caractéristique de Luc, c’est-à-dire chronologiquement, alors la conversion de ces Juifs ou de ces prosélytes a eu lieu après que Paul a secoué ses vêtements. Une péripétie qui en dit long sur la flexibilité de l’apôtre.

      11. En quoi les Témoins de Jéhovah imitent-ils Paul quand ils vont vers les membres de la chrétienté ?

      11 Dans bien des régions, les Églises de la chrétienté ont pignon sur rue et une forte emprise sur leurs ouailles. Dans certains pays et îles, les missionnaires de la chrétienté ont fait énormément de prosélytisme. Les gens qui se disent chrétiens sont pour beaucoup prisonniers de la tradition, comme les Juifs de Corinthe au 1er siècle. Cependant, comme Paul, nous allons vers eux avec zèle et bâtissons sur le moindre rudiment des Écritures qu’ils possèdent. Même s’ils s’opposent à nous ou que leurs chefs religieux nous persécutent, nous ne désespérons pas. Parmi ceux qui « ont du zèle pour Dieu, mais non selon la connaissance exacte », il y a peut-être de nombreux humbles qui ne demandent qu’à être cherchés et trouvés (Rom. 10:2).

      « J’ai dans cette ville encore beaucoup de gens » (Actes 18:9-17)

      12. Quelle assurance Paul a-t-il reçue dans une vision ?

      12 Si Paul a un tant soit peu hésité à poursuivre son ministère à Corinthe, ses doutes se sont dissipés la nuit où le Seigneur Jésus lui est apparu en vision et lui a dit : « N’aie pas peur, et continue à parler ; ne te tais pas, car moi je suis avec toi. Personne ne t’attaquera pour te faire du mal. J’ai dans cette ville encore beaucoup de gens qui m’appartiennent » (Actes 18:9, 10). Quel encouragement ! Le Seigneur en personne lui assurait qu’il le protégerait du mal et qu’il y avait dans la ville beaucoup de personnes dignes de la bonne nouvelle. Qu’a fait Paul alors ? On lit : « Il resta donc là un an et six mois et leur enseigna la parole de Dieu » (Actes 18:11).

      13. À quel drame Paul a-t-il dû repenser en arrivant à proximité du tribunal, mais quelle raison avait-il d’escompter une issue différente ?

      13 Après avoir passé environ un an à Corinthe, l’apôtre a reçu une autre preuve du soutien du Seigneur. En quelle circonstance ? « Les Juifs s’unirent pour attaquer Paul. Ils le conduisirent au tribunal », le bêma (Actes 18:12). On pense que ce bêma était une estrade de marbre bleu et blanc tout ornée de sculptures, située non loin du centre de la place du marché. L’espace libre devant le bêma était suffisamment grand pour qu’une foule importante s’y rassemble. Comme l’indiquent des découvertes archéologiques, ce tribunal était à deux pas de la synagogue, et donc de la maison de Justus. À l’approche de ce bêma, Paul a dû repenser à la lapidation d’Étienne, parfois appelé le premier martyr chrétien. À l’époque, Paul, connu sous le nom de Saul, ‘avait approuvé le meurtre d’Étienne’ (Actes 8:1). Allait-il connaître le même sort maintenant ? Non, car Jésus lui avait promis : « Personne ne t’attaquera pour te faire du mal » (Actes 18:10).

      Sous les protestations d’accusateurs enragés, Gallion, d’un geste de la main, refuse de condamner Paul. Des soldats romains sont obligés de maîtriser la foule.

      « Et il les chassa du tribunal » (Actes 18:16).

      14-15. a) Quelle accusation les Juifs ont-ils lancée contre Paul, et pourquoi Gallion a-t-il rendu un non-lieu ? b) Qu’est-il arrivé à Sosthène, et qu’est-il peut-être devenu ?

      14 Que s’est-il passé à l’arrivée de Paul devant le tribunal ? Le magistrat qui l’occupait était le proconsul romain d’Achaïe, nommé Gallion. C’était le frère aîné du philosophe Sénèque. Les Juifs ont lancé cette accusation contre l’apôtre : « Cet individu persuade les gens d’adorer Dieu d’une manière contraire à la loi » (Actes 18:13). Cela sous-entendait qu’il faisait du prosélytisme illégal. Cependant, Gallion a constaté que Paul n’avait commis aucune « injustice » et n’était coupable d’aucun « délit grave » (Actes 18:14). Il n’avait nullement envie d’être mêlé aux controverses des Juifs. Sur ce, avant que Paul n’ait prononcé un seul mot pour sa défense, il a rendu un non-lieu ! Les accusateurs enrageaient. Ils ont passé leur colère sur Sosthène, peut-être le remplaçant de Crispus à la présidence de la synagogue. Se saisissant de lui, ils « se mirent à le battre devant le tribunal » (Actes 18:17).

      15 Pourquoi Gallion n’a-t-il pas empêché la foule de rosser Sosthène ? Pensait-il que cet homme était le meneur de l’émeute contre Paul et n’avait que ce qu’il méritait ? Que telle soit ou non l’explication, il se peut que l’incident ait eu une suite heureuse. Dans sa première lettre, écrite plusieurs années après, à l’assemblée de Corinthe, Paul a parlé d’un certain frère du nom de Sosthène (1 Cor. 1:1, 2). Était-ce le même que celui qui avait été roué de coups ? Si oui, c’est que sa mésaventure l’avait amené à accepter le christianisme.

      16. Quel rapport y a-t-il entre notre ministère et cette parole du Seigneur : « Continue à parler ; ne te tais pas, car moi je suis avec toi » ?

      16 Rappelons que c’est après la réaction hostile des Juifs à la prédication de Paul que le Seigneur Jésus lui a assuré : « N’aie pas peur, et continue à parler ; ne te tais pas, car moi je suis avec toi » (Actes 18:9, 10). Il est bon de garder en mémoire cette parole, surtout quand on rejette notre message. N’oublions jamais que Jéhovah lit dans les cœurs et attire à lui les gens sincères (1 Sam. 16:7 ; Jean 6:44). C’est là pour nous un bel encouragement à rester actifs dans le ministère ! Chaque année, des centaines de milliers de personnes se font baptiser — des centaines par jour. À qui écoute le commandement de ‘faire des disciples de gens d’entre toutes les nations’, Jésus offre cette assurance : « Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la période finale du monde » (Mat. 28:19, 20).

      « Si Jéhovah le veut » (Actes 18:18-22)

      17-18. À quoi Paul a-t-il peut-être réfléchi pendant la traversée vers Éphèse ?

      17 On ne peut certifier que l’attitude de Gallion vis-à-vis des accusateurs de Paul a donné lieu à une période de paix pour la fragile assemblée de Corinthe. En tout cas, « Paul resta là encore de nombreux jours » avant de dire adieu à ses frères corinthiens. Au printemps 52, il a projeté de partir pour la Syrie depuis le port de Cenchrées, à une dizaine de kilomètres de Corinthe. Cependant, avant de quitter Cenchrées, il s’est ‘fait tondre la tête, car il avait fait un vœuc’ (Actes 18:18). Puis, emmenant avec lui Aquilas et Priscille, il a embarqué sur la mer Égée pour Éphèse, en Asie Mineure.

      18 Durant la traversée, Paul a sans doute eu le loisir de réfléchir à son séjour à Corinthe. Il avait une foule de beaux souvenirs et de quoi être amplement satisfait. Ses 18 mois de ministère avaient porté du fruit. Il avait fondé la première assemblée de Corinthe, dotée d’un lieu de réunion chez Justus. Les nouveaux croyants étaient entre autres Justus, Crispus et les siens, et bien d’autres. Ils lui étaient chers, parce qu’il les avait aidés à devenir chrétiens. Plus tard, il leur écrirait et parlerait d’eux comme d’une ‘lettre de recommandation inscrite sur son cœur’. Nous aussi, nous nous sentons liés à ceux que nous avons eu le bonheur d’aider à embrasser le vrai culte. Quelle satisfaction de voir ces « lettres de recommandation » vivantes ! (2 Cor. 3:1-3).

      19-20. Qu’a fait Paul dès son arrivée à Éphèse, et qu’apprenons-nous de lui quant à la poursuite d’objectifs spirituels ?

      19 En débarquant à Éphèse, Paul s’est aussitôt attelé à la tâche. « Il entra dans la synagogue et raisonna avec les Juifs » (Actes 18:19). Il n’est demeuré que peu de temps à Éphèse cette fois-là. Bien qu’on lui ait demandé de rester un peu plus, « il refusa ». Au moment des adieux, il a dit aux Éphésiens : « Je reviendrai vous voir, si Jéhovah le veut » (Actes 18:20, 21). Il admettait certainement qu’il y avait beaucoup de prédication à effectuer à Éphèse. Il envisageait de revenir, mais il préférait laisser Jéhovah en décider. N’est-ce pas un bon exemple à retenir ? Lorsque nous poursuivons des objectifs spirituels, nous devons agir. Cependant, nous devons toujours nous fier à la direction de Jéhovah et chercher à nous conformer à sa volonté (Jacq. 4:15).

      20 Laissant Aquilas et Priscille à Éphèse, Paul a pris la mer pour descendre à Césarée. Apparemment, il « monta » saluer l’assemblée à Jérusalem (voir la note d’étude sur Actes 18:22). Puis il a regagné son pied-à-terre, Antioche de Syrie. Il avait bouclé avec succès son deuxième voyage missionnaire. De quoi serait fait son dernier voyage ?

      LE VŒU DE PAUL

      Actes 18:18 révèle que Paul « s’était fait tondre la tête à Cenchrées, car il avait fait un vœu ». Quel genre de vœu était-ce ?

      En gros, un vœu est une promesse solennelle librement faite à Dieu d’accomplir un certain acte, de faire une certaine offrande ou d’entrer dans un certain état. D’aucuns supposent que Paul s’était fait raser pour s’acquitter d’un vœu de naziréat. Remarquons cependant que, selon les Écritures, un naziréen devait se faire raser la tête « à l’entrée de la tente de la rencontre » au terme de la période de son service spécial pour Jéhovah. Apparemment, cette prescription ne pouvait être respectée qu’à Jérusalem, et donc pas à Cenchrées (Nomb. 6:5, 18).

      Les Actes ne disent pas quand Paul a prononcé son vœu. Il est plausible que ce fût avant même de devenir chrétien. On ne sait pas non plus s’il avait adressé une requête particulière à Jéhovah. Un ouvrage de référence suppose qu’en se faisant couper les cheveux court Paul a voulu « exprimer sa reconnaissance à Dieu pour sa protection, qui lui avait permis d’achever son ministère à Corinthe ».

      a Voir l’encadré « Corinthe, maîtresse de deux mers ».

      b Voir l’encadré « Des lettres inspirées qui ont encouragé les frères ».

      c Voir l’encadré « Le vœu de Paul ».

  • « Continue à parler ; ne te tais pas »
    « Rends pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu »
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