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« Je suis pur du sang de tous les hommes »« Rends pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu »
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CHAPITRE 21
« Je suis pur du sang de tous les hommes »
Le zèle de Paul dans le ministère et ses conseils aux anciens
1-3. a) Dans quelles circonstances Eutyche est-il mort ? b) Qu’a fait Paul, et que révèle cet incident à son sujet ?
PAUL se trouve à Troas, dans une pièce à l’étage bondée. Il parle longuement aux frères, car c’est le dernier soir qu’il est avec eux. Il est minuit. De nombreuses lampes allumées ajoutent à la chaleur ambiante et peut-être même enfument la pièce. Un jeune homme nommé Eutyche est assis à une fenêtre. Pendant que Paul parle, il s’endort, et il dégringole de son appui, trois étages plus bas.
2 Étant médecin, Luc est sans doute parmi les premiers à se précipiter dehors pour examiner le jeune homme. L’état d’Eutyche ne fait aucun doute : « Quand on l’a soulevé, il était mort » (Actes 20:9). Mais un miracle se produit. Paul se jette sur le jeune homme et dit à la foule : « Ne vous affolez pas : il est vivant ! » Il a ramené Eutyche à la vie ! (Actes 20:10).
3 Cet incident démontre la puissance de l’esprit saint de Dieu. Paul ne pouvait légitimement être accusé de la mort d’Eutyche. Mais il ne voulait pas qu’elle gâche ce moment important ou fasse trébucher spirituellement qui que ce soit. En ressuscitant le jeune homme, il pouvait quitter les frères consolés et bien revigorés pour poursuivre leur ministère. À l’évidence, il se sentait responsable de la vie d’autrui. Cela nous rappelle qu’il a dit : « Je suis pur du sang de tous les hommes » (Actes 20:26). Voyons ce que son exemple peut nous apporter sous ce rapport.
« Il partit pour la Macédoine » (Actes 20:1, 2)
4. Quelles heures pénibles Paul venait-il de vivre ?
4 Comme l’a montré le chapitre précédent, Paul venait de vivre des heures très pénibles. Son ministère à Éphèse avait mis la ville sens dessus dessous. En effet, les orfèvres, dont le gagne-pain dépendait du culte d’Artémis, avaient pris part à une émeute. « Une fois l’agitation retombée, rapporte Actes 20:1, Paul fit venir les disciples, les encouragea et leur dit adieu ; puis il partit pour la Macédoine. »
5-6. a) Combien de temps, peut-être, Paul est-il resté en Macédoine, et qu’a-t-il fait pour les frères là-bas ? b) Quelle attitude Paul a-t-il gardée envers ses coreligionnaires ?
5 En route pour la Macédoine, Paul a fait halte quelque temps dans le port de Troas. Il espérait que Tite, qu’il avait envoyé à Corinthe, l’y rejoindrait (2 Cor. 2:12, 13). Mais quand force fut de constater qu’il ne viendrait pas, Paul s’en est allé en Macédoine, où il a passé peut-être un an à donner « de nombreux encouragements à ceux qui s’y trouvaienta » (Actes 20:2). Tite l’a finalement retrouvé en Macédoine, porteur de bonnes nouvelles concernant la réaction des Corinthiens à sa première lettre (2 Cor. 7:5-7). Ce qui a poussé Paul à leur écrire une seconde lettre, que nous appelons 2 Corinthiens.
6 On remarquera que Luc emploie les termes « encouragea » et « encouragements » à propos des visites de Paul aux frères d’Éphèse et de Macédoine. Comme il résume bien la disposition de Paul envers ses coreligionnaires ! Contrairement aux pharisiens, qui portaient un regard méprisant sur les autres, Paul considérait les brebis comme des compagnons de travail (Jean 7:47-49 ; 1 Cor. 3:9). Il a gardé cette attitude même quand il a dû leur donner des conseils énergiques (2 Cor. 2:4).
7. Aujourd’hui, comment les responsables chrétiens peuvent-ils imiter Paul ?
7 Aujourd’hui, les responsables (les anciens dans les assemblées et les responsables de circonscription) s’appliquent à imiter Paul. Même quand ils font des reproches, c’est dans le but de fortifier ceux qui ont besoin d’aide. Avec empathie, ils cherchent à encourager plutôt qu’à condamner. Un responsable de circonscription expérimenté a résumé les choses ainsi : « La plupart des frères et sœurs ont le désir de bien faire, mais souvent ils luttent contre des frustrations, des craintes et l’impression qu’ils n’arrivent pas à faire face. » Les responsables peuvent insuffler de la force à ces compagnons chrétiens (Héb. 12:12, 13).
« Un complot contre lui » (Actes 20:3, 4)
8-9. a) Qu’est-ce qui a contrarié le projet de Paul d’aller en Syrie ? b) Qu’est-ce qui explique peut-être pourquoi les Juifs nourrissaient de l’animosité contre Paul ?
8 De Macédoine, Paul est parti à Corintheb. Au bout de trois mois, il était impatient d’aller à Cenchrées, où il projetait de prendre un bateau pour la Syrie. De là, il pourrait se rendre à Jérusalem pour remettre les contributions aux Judéens qui étaient dans le besoinc (Actes 24:17 ; Rom. 15:25, 26). Cependant, un évènement inattendu a contrarié ses projets. Actes 20:3 raconte : « Les Juifs avaient monté un complot contre lui. »
9 Il était logique que les Juifs de Corinthe nourrissent de l’animosité contre Paul, puisqu’ils le prenaient pour un apostat. Quelque temps avant, ils avaient vu son ministère amener à la conversion de Crispus, personnage éminent de leur synagogue (Actes 18:7, 8 ; 1 Cor. 1:14). Une autre fois, ils l’avaient mis en accusation devant Gallion, le proconsul de l’Achaïe. Mais, à leur grande contrariété, Gallion avait rendu un non-lieu en estimant leurs accusations infondées (Actes 18:12-17). Alors, ayant su ou présumé que Paul partirait bientôt de Cenchrées, ils ont projeté de lui tendre une embuscade. Qu’a fait Paul ?
10. De la part de Paul, était-ce lâche d’éviter Cenchrées ? Sinon, pourquoi ?
10 Pour sa propre sécurité, mais aussi pour protéger les fonds qu’on lui avait confiés, Paul a choisi d’éviter Cenchrées et de rebrousser chemin par la Macédoine. Évidemment, le trajet terrestre ne serait pas sans danger. Beaucoup de bandits rôdaient sur les routes à l’époque. Même les auberges n’étaient pas toujours sûres. Mais Paul a opté pour ces risques-là plutôt que pour ceux qui l’attendaient à Cenchrées. Heureusement, il ne circulait pas seul. Pour cette partie de son voyage missionnaire, Aristarque, Gaïus, Secundus, Sopater, Timothée, Trophime et Tychique l’accompagnaient (Actes 20:3, 4).
11. Aujourd’hui, quelles mesures raisonnables les chrétiens prennent-ils pour se protéger, et quel exemple Jésus a-t-il été sous ce rapport ?
11 Aujourd’hui, comme Paul, les chrétiens font le nécessaire pour se protéger dans le ministère. À certains endroits, ils se déplacent en groupe, ou tout au moins par deux, plutôt que seuls. Quant à la persécution, ils comprennent qu’elle est inévitable (Jean 15:20 ; 2 Tim. 3:12). Mais ils ne vont quand même pas au-devant du danger. Citons l’exemple de Jésus. Un jour, à Jérusalem, quand des ennemis ont commencé à ramasser des pierres pour les lui jeter, il « se cacha et sortit du Temple » (Jean 8:59). Plus tard, quand les Juifs ont comploté sa mort, il « ne se déplaça plus en public parmi les Juifs, mais il partit de là pour la région près du désert » (Jean 11:54). Il a pris des mesures raisonnables pour se protéger quand cela n’allait pas à l’encontre de la volonté de Dieu. Nous agissons de même à notre époque (Mat. 10:16).
« Tous débordaient de joie » (Actes 20:5-12)
12-13. a) Quel effet la résurrection d’Eutyche a-t-elle eu sur l’assemblée ? b) Aujourd’hui, quelle espérance biblique console ceux qui ont perdu un être cher ?
12 Apparemment, après avoir traversé la Macédoine ensemble, Paul et ses collaborateurs se sont séparés, puis se sont retrouvés à Troasd. On lit : « Nous les avons rejoints à Troas en moins de cinq jourse » (Actes 20:6). C’est là que le jeune Eutyche a été ressuscité, comme on l’a vu au début de ce chapitre. On imagine les sentiments des frères en voyant leur compagnon ressuscité ! Le récit précise qu’ils « débordaient de joie », qu’ils « ont été consolés sans mesure » (Actes 20:12, note).
13 De tels miracles n’arrivent plus de nos jours. Toutefois, ceux qui ont perdu des êtres chers sont « consolés sans mesure » grâce à l’espérance biblique de la résurrection (Jean 5:28, 29). Quand on y songe, Eutyche, imparfait, a fini par mourir de nouveau (Rom. 6:23). Mais ceux qui seront ressuscités dans le monde nouveau de Dieu auront la perspective de vivre éternellement ! De plus, ceux qui sont relevés pour régner avec Jésus au ciel sont revêtus de l’immortalité (1 Cor. 15:51-53). Aujourd’hui, les chrétiens, tant les oints que les « autres brebis », ont de bonnes raisons de ‘déborder de joie’ (Jean 10:16).
« En public et de maison en maison » (Actes 20:13-24)
14. Qu’a dit Paul aux anciens d’Éphèse quand il les a rencontrés à Milet ?
14 Paul et ses compagnons ont quitté Troas pour Assos, puis ont gagné Mytilène, puis Chio, puis Samos et enfin Milet. Le but de Paul était d’être à Jérusalem à temps pour la fête de la Pentecôte. Cette hâte explique pourquoi il a choisi un bateau qui évitait Éphèse pour ce trajet de retour. Mais, comme il voulait s’entretenir avec les anciens de la ville, il a demandé à les rencontrer à Milet (Actes 20:13-17). À leur arrivée, il leur a dit : « Vous savez bien comment je me suis comporté parmi vous depuis le jour où j’ai posé le pied dans la province d’Asie : J’ai travaillé en toute humilité comme esclave pour le Seigneur, avec larmes et dans les épreuves qui m’arrivaient à cause des complots des Juifs, sans jamais me retenir de vous annoncer tout ce qui était profitable et de vous enseigner en public et de maison en maison. J’ai pleinement rendu témoignage tant devant les Juifs que devant les Grecs au sujet du repentir envers Dieu et de la foi en notre Seigneur Jésus » (Actes 20:18-21).
15. Quels sont quelques-uns des avantages du témoignage de maison en maison ?
15 Il existe bien des façons d’annoncer la bonne nouvelle de nos jours. Comme Paul, nous nous évertuons à aller où sont les gens. Par exemple, aux arrêts d’autobus, dans les rues fréquentées, sur les places de marché. Mais la prédication de maison en maison reste notre méthode de prédication principale. Pourquoi ? Déjà, elle donne amplement à tous l’occasion d’entendre le message du Royaume de façon régulière, ce qui atteste l’impartialité de Dieu. Elle permet aussi aux gens sincères de recevoir une aide personnelle et adaptée à leurs besoins. Par ailleurs, le ministère de porte en porte bâtit la foi et l’endurance de ceux qui l’accomplissent. Effectivement, une caractéristique des vrais chrétiens est leur zèle à témoigner « en public et de maison en maison ».
16-17. De quelle bravoure Paul a-t-il fait preuve, et comment les chrétiens l’imitent-ils aujourd’hui ?
16 Paul a expliqué aux anciens d’Éphèse qu’il ignorait quels périls l’attendaient à son retour à Jérusalem. « Cependant, a-t-il dit, je n’attache aucune importance à ma vie, du moment que j’achève ma course et le ministère que le Seigneur Jésus m’a confié : rendre pleinement témoignage à la bonne nouvelle de la faveur imméritée de Dieu » (Actes 20:24). Bravement, il ne permettait à rien, mauvaise santé ou opposition violente, de l’empêcher de s’acquitter de sa mission.
17 De même aujourd’hui, les chrétiens endurent toutes sortes de difficultés. Les uns affrontent l’interdiction gouvernementale et la persécution, les autres se battent courageusement contre une maladie physique ou psychique débilitante, des jeunes subissent la pression du groupe à l’école… Dans quelque situation qu’ils se trouvent, les Témoins de Jéhovah imitent Paul en restant fermes. Ils sont résolus à « rendre pleinement témoignage à la bonne nouvelle ».
« Faites attention à vous-mêmes et à tout le troupeau » (Actes 20:25-38)
18. Comment Paul s’est-il gardé d’être coupable de meurtre, et comment les anciens d’Éphèse pouvaient-ils suivre son exemple ?
18 Paul a poursuivi par des avertissements très directs, en prenant pour exemple sa propre conduite. Après avoir informé les anciens que c’était sûrement la dernière fois qu’ils le voyaient, il a déclaré : « Je suis pur du sang de tous les hommes, car je ne me suis pas retenu de vous annoncer toute la volonté de Dieu. » Comment ces anciens pourraient-ils suivre son exemple, et ainsi se garder d’avoir du sang sur la conscience ? Voici son exhortation : « Faites attention à vous-mêmes et à tout le troupeau, parmi lequel l’esprit saint vous a établis responsables pour prendre soin de l’assemblée de Dieu, qu’il a achetée avec le sang de son propre Fils » (Actes 20:26-28). Puis il les a prévenus que des « loups tyranniques » s’infiltreraient dans le troupeau et ‘répandraient des enseignements trompeurs pour entraîner les disciples à leur suite’. Que devraient faire les anciens ? « Restez éveillés, et rappelez-vous que pendant trois ans, nuit et jour, je n’ai pas arrêté d’avertir chacun de vous avec larmes » (Actes 20:29-31).
19. Quelle apostasie s’est développée à la fin du 1er siècle, et à quoi a-t-elle mené durant les siècles suivants ?
19 Les « loups tyranniques » ont fait leur apparition à la fin du 1er siècle. Vers 98, l’apôtre Jean a écrit : « Beaucoup d’antichrists sont apparus […]. Ils sont sortis de chez nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils avaient été des nôtres, ils seraient restés avec nous » (1 Jean 2:18, 19). Au 3e siècle, l’apostasie avait débouché sur la formation du clergé de la chrétienté, et au 4e siècle l’empereur Constantin a donné une reconnaissance officielle à ce christianisme corrompu. En adoptant les rites païens et en leur donnant un vernis chrétien, les chefs religieux ont bel et bien répandu « des enseignements trompeurs ». Les effets de cette apostasie s’observent encore dans les enseignements et les coutumes de la chrétienté.
20-21. De quelle abnégation Paul a-t-il fait preuve, et aujourd’hui comment les anciens peuvent-ils l’imiter ?
20 La vie de Paul fut totalement différente de celle des hommes qui, plus tard, ont abusé du troupeau. Lui, il a travaillé pour assurer sa subsistance afin de ne pas imposer de fardeau à l’assemblée. Ses efforts en faveur de ses coreligionnaires ne visaient pas un profit personnel. Il a exhorté les anciens d’Éphèse à faire preuve d’abnégation, en ces termes : « Vous devez venir en aide aux faibles, et vous devez vous rappeler les paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même : “Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir” » (Actes 20:35).
21 Aujourd’hui, comme Paul, les anciens sont pleins d’abnégation. Contrairement au clergé de la chrétienté, qui mange la laine sur le dos à ses ouailles, ceux qui portent la responsabilité de « prendre soin de l’assemblée de Dieu » s’acquittent de leurs devoirs avec désintéressement. L’orgueil et l’ambition n’ont pas leur place dans l’assemblée chrétienne car, à terme, ceux qui ‘cherchent leur propre gloire’ échoueront (Prov. 25:27). La présomption ne mène qu’à l’humiliation (Prov. 11:2).
« Tous éclatèrent en sanglots » (Actes 20:37).
22. Qu’est-ce qui a valu à Paul l’affection des anciens d’Éphèse ?
22 L’amour sincère de Paul pour ses frères lui a valu leur affection. D’ailleurs, quand est venu le moment du départ, « tous éclatèrent en sanglots, serrèrent Paul dans leurs bras et l’embrassèrent affectueusement » (Actes 20:37, 38.) Vraiment, les chrétiens apprécient et aiment ceux qui, comme Paul, donnent d’eux-mêmes avec désintéressement pour le troupeau. Après avoir étudié l’exemple exceptionnel de Paul, ne penses-tu pas qu’il était loin de se vanter ou d’exagérer quand il a dit : « Je suis pur du sang de tous les hommes » ? (Actes 20:26).
a Voir l’encadré « Les lettres que Paul a écrites en Macédoine ».
b C’est probablement durant cette visite à Corinthe que Paul a écrit sa lettre aux Romains.
c Voir l’encadré « Paul remet des fonds de secours ».
d L’usage de la première personne en Actes 20:5, 6 semble indiquer que Luc s’est de nouveau joint à Paul à Philippes, où celui-ci l’avait laissé quelque temps auparavant (Actes 16:10-17, 40).
e La traversée de Philippes à Troas a pris cinq jours, sans doute à cause de vents contraires, car précédemment le même voyage n’avait pris que deux jours (Actes 16:11).
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« Que la volonté de Jéhovah se fasse »« Rends pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu »
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CHAPITRE 22
« Que la volonté de Jéhovah se fasse »
Déterminé à faire la volonté de Dieu, Paul se rend à Jérusalem
1-4. Pourquoi Paul allait-il à Jérusalem, et qu’est-ce qui l’attendait ?
LES adieux aux anciens d’Éphèse à Milet sont déchirants. Comme c’est dur pour Paul et Luc de s’arracher à ces frères qu’ils avaient pris en affection ! Les deux missionnaires se tiennent sur le pont du bateau. Leurs bagages sont bourrés de provisions nécessaires pour la traversée. Ils emportent aussi les fonds collectés pour des chrétiens indigents de Judée, et il leur tarde d’avoir remis ce don à ses destinataires.
2 Une brise légère gonfle les voiles ; l’embarcation s’éloigne de la rumeur du quai. Paul, Luc et leurs sept compagnons de voyage ne peuvent détacher leur regard des visages tristes de leurs frères restés à terre (Actes 20:4, 14, 15). Ils agitent la main jusqu’à ce que les silhouettes de leurs amis s’estompent dans le lointain.
3 Pendant environ trois ans, Paul a collaboré étroitement avec les anciens d’Éphèse. À présent, conduit par l’esprit saint, il est en route vers Jérusalem. Il sait un peu ce qui l’attend. Juste avant, il a dit aux anciens : « Contraint par l’esprit, je me rends à Jérusalem, sans savoir ce qui m’arrivera là-bas ; je sais seulement que, d’une ville à l’autre, l’esprit saint m’avertit constamment que la prison et les persécutions m’attendent » (Actes 20:22, 23). Malgré le danger, il se sent « contraint par l’esprit », à la fois obligé et désireux de suivre l’instruction de l’esprit d’aller à Jérusalem. Il tient à la vie, mais le plus important pour lui est de faire la volonté de Dieu.
4 Vois-tu les choses ainsi ? Quand on se voue à Jéhovah, on lui promet solennellement de n’avoir rien de plus important dans la vie que l’accomplissement de sa volonté. Il sera utile d’étudier l’exemple de fidélité de l’apôtre Paul.
Au large de « l’île de Chypre » (Actes 21:1-3)
5. Par quel itinéraire Paul et ses compagnons ont-ils atteint Tyr ?
5 Le bateau qu’avaient pris Paul et les autres a « filé tout droit ». Autrement dit, il n’a pas eu à louvoyer puisqu’il avait vent arrière, si bien qu’il a atteint Cos dans la journée (Actes 21:1). Apparemment, il y a mouillé jusqu’au lendemain avant de repartir pour Rhodes et Patara. À Patara, sur la côte sud de l’Asie Mineure, les frères ont pris un gros navire marchand, qui les a emmenés directement à Tyr, en Phénicie. En chemin, ils ont ‘laissé l’île de Chypre sur leur gauche’, ou sur bâbord (Actes 21:3). Pourquoi Luc, le narrateur, mentionne-t-il ce détail ?
6. a) Pourquoi la vue de Chypre a-t-elle sans doute été encourageante pour Paul ? b) À quelle conclusion parviens-tu en réfléchissant à la façon dont Jéhovah t’a béni et aidé ?
6 Peut-être, en montrant l’île du doigt, Paul a-t-il raconté des anecdotes de son séjour à Chypre. Ainsi, neuf ans auparavant, durant son premier voyage missionnaire avec Barnabé et Jean-Marc, il avait rencontré le sorcier Élymas, qui s’était opposé à leur prédication (Actes 13:4-12). La vue de l’île et les souvenirs qu’elle a réveillés ont sans doute encouragé Paul et l’ont fortifié pour ce que l’avenir lui réservait. Il est bon pour nous aussi de réfléchir à la façon dont Dieu nous a bénis et aidés à endurer des épreuves. Une telle réflexion nous incitera à faire le même constat que David, qui a dit : « Nombreuses sont les épreuves du juste, mais de toutes Jéhovah le délivre » (Ps. 34:19).
« Nous avons cherché et trouvé les disciples » (Actes 21:4-9)
7. Qu’ont fait les voyageurs en arrivant à Tyr ?
7 Convaincu de la valeur des fréquentations chrétiennes, Paul était impatient d’être avec des gens qui partageaient sa foi. À l’arrivée à Tyr, ‘nous avons cherché les disciples et nous les avons trouvés’, raconte Luc (Actes 21:4). Sachant qu’il y avait des chrétiens dans cette ville, les voyageurs les ont recherchés et trouvés, et ils ont probablement logé chez eux. Tel est un des grands bonheurs qu’on a quand on possède la vérité, à savoir : où qu’on aille, on trouve toujours des croyants qui ont les mêmes idées que nous et qui nous font bon accueil. Qui aime Dieu et pratique le vrai culte a des amis dans le monde entier.
8. Comment faut-il comprendre Actes 21:4 ?
8 Racontant les sept jours passés à Tyr, Luc donne une précision qui peut sembler curieuse au premier abord : « En raison de ce que l’esprit saint leur avait révélé, [les frères de Tyr] ont dit plusieurs fois à Paul de ne pas mettre les pieds à Jérusalem » (Actes 21:4). Jéhovah avait-il changé d’avis ? Prescrivait-il maintenant à Paul de ne pas aller à Jérusalem ? Non. L’esprit avait indiqué que Paul y serait maltraité, mais pas qu’il devait s’abstenir d’y aller. Il semble que, grâce à l’esprit, les frères tyriens aient correctement compris que Paul aurait des ennuis à Jérusalem. Alors, par sollicitude, ils ont insisté pour qu’il n’y monte pas. Leur désir de protéger l’apôtre du danger qui le menaçait était compréhensible. Cependant, déterminé à faire la volonté de Jéhovah, Paul a poursuivi sa route comme prévu (Actes 21:12).
9-10. a) Qu’ont peut-être rappelé à Paul les inquiétudes exprimées par les frères de Tyr ? b) Quelle idée séduit beaucoup de gens, et en quoi s’oppose-t-elle à ce qu’a dit Jésus ?
9 En entendant les frères s’inquiéter, Paul s’est peut-être souvenu que Jésus avait entendu des propos dissuasifs semblables après avoir révélé à ses disciples qu’il irait à Jérusalem, souffrirait beaucoup et serait tué. Dans un élan de sentimentalité, Pierre lui avait dit : « Sois bon avec toi, Seigneur. Non, cela ne t’arrivera pas. » Jésus avait répondu : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi un obstacle qui fait trébucher, parce que ta façon de penser n’est pas celle de Dieu, mais celle des hommes » (Mat. 16:21-23). Il était résolu à accepter la vie de sacrifice à laquelle Jéhovah l’avait appelé. Paul voyait les choses de la même façon. Les frères de Tyr, comme l’apôtre Pierre, avaient sûrement de bonnes intentions, mais dans le cas présent ils ne discernaient pas la volonté de Dieu.
Il faut avoir l’esprit de sacrifice pour suivre Jésus.
10 L’idée d’être bon avec soi ou de prendre le parti du moindre effort séduit beaucoup de nos contemporains. Dans l’ensemble, les gens cherchent plutôt une religion commode qui n’exige pas beaucoup de ses membres. Jésus, lui, a préconisé un état d’esprit bien différent. Il a dit : « Si quelqu’un veut me suivre, il doit se renier lui-même, prendre son poteau de supplice et me suivre continuellement » (Mat. 16:24). Suivre Jésus est la voie de la sagesse, la bonne voie, mais ce n’est pas la voie de la facilité.
11. Comment les disciples de Tyr ont-ils manifesté à Paul leur affection et leur soutien ?
11 Le moment est vite venu pour Paul, Luc et les autres de continuer leur chemin. La narration de leur départ est touchante. Elle montre l’affection que les frères tyriens avaient pour Paul et le soutien solide qu’ils apportaient à son ministère. Les hommes, les femmes et les enfants ont accompagné l’apôtre et ses compagnons sur la plage. Là, tout le monde s’est agenouillé pour prier ensemble, puis on s’est dit adieu. Sur quoi Paul, Luc et les autres ont pris un bateau qui les a menés à Ptolémaïs, où ils ont rencontré les frères et sont restés avec eux une journée (Actes 21:5-7).
12-13. a) Quel service fidèle Philippe avait-il à son actif ? b) Quel excellent exemple Philippe est-il pour tous les pères chrétiens ?
12 Ensuite, raconte Luc, Paul et ses compagnons sont partis pour Césaréea. Une fois arrivés, ils sont « allés chez Philippe l’évangélisateur » (Actes 21:8). Ils se sont certainement réjouis de revoir Philippe. Vingt ans auparavant, à Jérusalem, cet homme était de ceux à qui les apôtres avaient confié la distribution de nourriture dans la toute jeune assemblée chrétienne. Il avait maintenant derrière lui des années de prédication zélée. On sait que, lorsque la persécution avait dispersé les disciples, il était parti à Samarie, qu’il avait entrepris d’évangéliser. Plus tard, il avait prêché à l’eunuque éthiopien et l’avait baptisé (Actes 6:2-6 ; 8:4-13, 26-38). Quel magnifique passé de service fidèle !
13 Philippe n’avait rien perdu de son zèle pour le ministère. À présent installé à Césarée, il était toujours actif dans la prédication, ce que Luc montre en l’appelant « l’évangélisateur ». On apprend aussi qu’il avait quatre filles qui prophétisaient, ce qui laisse supposer qu’elles suivaient les traces de leur pèreb (Actes 21:9). Il avait donc dû faire beaucoup pour bâtir la spiritualité de sa famille. Aujourd’hui, les pères chrétiens ont tout intérêt à suivre son exemple, en étant pour leurs enfants des modèles dans le ministère et en leur apprenant à aimer l’évangélisation.
14. À quoi ont sans doute donné lieu les visites de Paul à ses coreligionnaires, et quelles occasions semblables existent aujourd’hui ?
14 Partout où il s’arrêtait, Paul recherchait ses coreligionnaires et passait du temps avec eux. Les frères locaux ne demandaient sûrement qu’à offrir l’hospitalité à ce missionnaire itinérant et à ses compagnons. Nul doute que de telles visites donnaient lieu à un échange d’encouragements (Rom. 1:11, 12.) Les mêmes occasions existent aujourd’hui. Il y a de grands bienfaits à ouvrir sa maison, même modeste, à un responsable de circonscription et à sa femme (Rom. 12:13).
« Je suis prêt à mourir » (Actes 21:10-14)
15-16. Quel message Agabus a-t-il apporté, et quel effet a-t-il eu sur ceux qui l’ont entendu ?
15 Pendant le séjour de Paul chez Philippe est arrivé un autre visiteur estimé : Agabus. Les hôtes de Philippe savaient qu’Agabus était prophète ; il avait prédit une grande famine sous le règne de Claude (Actes 11:27, 28). « Pourquoi est-il venu ? Quel message apporte-t-il ? » se demandaient-ils peut-être. Sous leurs yeux attentifs, Agabus a pris la ceinture de Paul — une longue bande de tissu portée autour de la taille et pouvant contenir de l’argent ou d’autres menus objets — et il s’en est lié les pieds et les mains. Puis il a pris la parole. Son message était grave. « Voici ce que dit l’esprit saint : “L’homme à qui cette ceinture appartient sera lié de cette façon par les Juifs à Jérusalem, et ils le livreront aux gens des nations” » (Actes 21:11).
16 Sa prophétie a confirmé que Paul irait à Jérusalem. Elle indiquait aussi que ses rapports avec les Juifs là-bas seraient tels qu’ils finiraient par le livrer « aux gens des nations ». La prophétie a atterré ceux qui étaient là. Luc raconte : « En entendant cela, nous et les autres personnes présentes, nous nous sommes mis à supplier Paul de ne pas monter à Jérusalem. Il a répondu : “Pourquoi pleurez-vous et essayez-vous d’affaiblir ma détermination ? Soyez certains que je suis prêt non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus” » (Actes 21:12, 13).
17-18. À quoi Paul s’est-il montré fermement résolu, et comment les frères ont-ils réagi ?
17 Imagine la scène. Les frères, dont Luc, supplient Paul de ne pas aller plus loin. Certains pleurent. Ému par leur sollicitude, Paul leur dit gentiment qu’ils ‘affaiblissent sa détermination’ ou, selon d’autres versions, lui ‘fendent le cœur’. Mais il reste inébranlable ; comme avec les frères de Tyr, ni les supplications ni les larmes ne le feront vaciller. Par contre, il explique pourquoi il doit aller de l’avant. Quel courage, quelle détermination de la part de Paul ! Comme Jésus avant lui, il était fermement décidé à se rendre à Jérusalem (Héb. 12:2). Il n’aspirait pas à devenir un martyr, mais si cela devait être, il s’estimerait honoré de mourir en disciple de Christ Jésus.
18 Comment les frères ont-ils réagi ? En un mot, avec respect. On lit : « Comme il n’y avait pas moyen de le dissuader, nous n’avons plus insisté, et nous avons dit : “Que la volonté de Jéhovah se fasse” » (Actes 21:14). Ceux qui essayaient de détourner Paul de son intention n’ont pas insisté pour qu’il se range à leur avis. Ils l’ont écouté et ont cédé, reconnaissant et acceptant la volonté de Jéhovah, même si c’était difficile pour eux. Paul avait pris une voie qui le mènerait à la mort. Cela lui serait plus facile si ceux qui l’aimaient ne tentaient pas de le dissuader.
19. Quelle leçon utile tirons-nous de ce que Paul a vécu ?
19 Ce récit nous enseigne une leçon très utile : Ne tentons jamais de dissuader les autres de mener une vie d’abnégation au service de Dieu. On peut appliquer cette leçon à bien des situations, et pas seulement à celles qui mettent en danger la vie de quelqu’un. Par exemple, même s’ils ont du mal à voir leurs enfants partir pour servir Jéhovah loin de chez eux, beaucoup de parents chrétiens sont déterminés à ne pas les en décourager. Phyllis, qui réside en Grande-Bretagne, se souvient de ce qu’elle a ressenti quand sa fille unique est devenue missionnaire en Afrique. « J’étais bouleversée, raconte-t-elle. Qu’est-ce que c’était dur de penser qu’elle serait si loin ! J’étais triste et fière à la fois. J’ai beaucoup prié à ce sujet. Mais c’était sa décision, et je n’ai jamais tenté de la faire revenir dessus. Après tout, je lui avais toujours enseigné à donner la priorité aux intérêts du Royaume ! Voilà maintenant 30 ans qu’elle est missionnaire à l’étranger, et je remercie Jéhovah chaque jour de la savoir si fidèle. » Qu’il est bien d’encourager nos frères et sœurs qui ont l’esprit de sacrifice !
Il est bon d’encourager nos frères et sœurs qui ont l’esprit de sacrifice.
« Les frères nous ont accueillis avec joie » (Actes 21:15-17)
20-21. Qu’est-ce qui montre que Paul aspirait à la compagnie des frères, et pourquoi voulait-il ainsi être avec ceux qui partageaient sa foi ?
20 Après quelques préparatifs, Paul a repris la route, accompagné par des frères qui lui ont ainsi manifesté leur soutien total. À chaque étape de leur voyage vers Jérusalem, Paul et ses amis avaient recherché la compagnie de leurs frères et sœurs chrétiens. À Tyr, ils avaient trouvé des disciples avec qui ils étaient demeurés sept jours. À Ptolémaïs, ils avaient salué leurs frères et sœurs et avaient passé une journée avec eux. À Césarée, ils avaient séjourné plusieurs jours chez Philippe. Puis quelques disciples de Césarée les ont escortés jusqu’à Jérusalem, où ils ont été logés par Mnasôn, un disciple des premiers jours. « Quand nous sommes arrivés à Jérusalem, rapporte Luc, les frères nous ont accueillis avec joie » (Actes 21:17).
21 À l’évidence, Paul aspirait à la compagnie de ceux qui partageaient sa foi. Il puisait de l’encouragement au contact de ses frères et sœurs, tout à fait comme nous aujourd’hui. Indéniablement, cet encouragement l’a fortifié pour affronter les ennemis furieux qui chercheraient à l’éliminer.
a Voir l’encadré « Césarée, capitale de la province romaine de Judée ».
b Voir l’encadré « Des femmes ministres chez les chrétiens ? ».
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