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La police : pourquoi est-elle nécessaire ?Réveillez-vous ! 2002 | 8 juillet
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La police : pourquoi est-elle nécessaire ?
QUE serait la vie sans policiers ? Que s’est-il passé en 1997 lorsque les 18 000 policiers de Recife, au Brésil, se sont mis en grève et ont laissé les plus de un million d’habitants livrés à eux-mêmes ?
“ Au cours des cinq jours qu’a duré le chaos dans cette métropole côtière, le taux d’homicides journalier a triplé, a rapporté le Washington Post. Huit banques ont été dévalisées. Des gangs ont envahi un centre commercial et sillonné en voiture des quartiers chic en tirant des coups de feu. Et personne ne respectait le code de la route. [...] La vague de criminalité a submergé la morgue et le plus grand hôpital de l’État ; les personnes blessées par balle et agressées à coups de couteau étaient allongées par terre dans les couloirs. ” Le ministre de la Justice aurait déclaré : “ Une telle anarchie est sans précédent ici. ”
Où que nous vivions, le mal se dissimule juste sous le vernis de la civilisation. Nous avons besoin d’une protection policière. Bien sûr, la plupart d’entre nous ont entendu parler de brutalité, de corruption, d’indifférence et d’abus de pouvoir chez certains policiers. Les incidents sont plus ou moins graves selon les pays. Mais que ferions-nous sans police ? Ne rend-elle pas souvent de précieux services ? Réveillez-vous ! a demandé à plusieurs policiers de différents endroits du monde pourquoi ils ont embrassé cette carrière.
Un service d’utilité publique
“ J’aime aider les gens, a expliqué Ivan, un policier britannique. J’ai été attiré par ce métier parce qu’il est diversifié. On ne se doute généralement pas que la répression du crime ne représente que 20 à 30 % du travail. Il s’agit plutôt d’un service d’utilité publique. En une journée, au cours des patrouilles de routine, je peux avoir à m’occuper d’un décès, d’un accident de la route, d’un délit et d’une personne âgée en détresse. Il est particulièrement gratifiant de retrouver un enfant perdu ou d’aider une victime à surmonter son traumatisme. ”
Stephen, ancien policier aux États-Unis, raconte : “ Nous avons, en tant que policiers, les moyens et le temps d’offrir la meilleure aide qui soit aux gens qui viennent sincèrement la chercher auprès de nous. C’est pour cette raison que ce travail m’a attiré. Je voulais me rendre disponible pour les gens et les soulager. Je pense que j’en ai protégé de la criminalité, du moins dans une certaine mesure. J’ai arrêté plus de 1 000 personnes en cinq ans. Mais j’ai eu la joie de retrouver des enfants perdus, d’aider des patients atteints de la maladie d’Alzheimer qui s’étaient égarés et de récupérer des véhicules volés. Il était également passionnant de poursuivre des suspects et de les arrêter. ”
“ Je désirais aider les personnes qui étaient dans des situations critiques, dit Roberto, un policier bolivien. Quand j’étais jeune, j’admirais les policiers parce qu’ils protégeaient les gens. Au début de ma carrière, j’ai été responsable de patrouilles à pied au centre de la ville, où sont situés les bureaux des administrations. Presque tous les jours nous devions canaliser des manifestations politiques. Mon travail consistait à empêcher qu’elles ne dégénèrent. J’ai constaté qu’en étant amical et correct avec ceux qui étaient à leur tête, j’évitais les émeutes, au cours desquelles de nombreuses personnes auraient pu être blessées. Cela m’apportait une grande satisfaction. ”
Les policiers offrent toutes sortes de services. Ils peuvent aussi bien secourir un chat perché dans un arbre que délivrer des otages de la main de terroristes et affronter des braqueurs de banque. Toutefois, depuis qu’elles existent, les forces de police suscitent à la fois espoirs et craintes. L’article suivant explique pourquoi.
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La protection policière : espoirs et craintesRéveillez-vous ! 2002 | 8 juillet
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La protection policière : espoirs et craintes
À L’AUBE du XIXe siècle, en Angleterre, beaucoup de gens ont refusé qu’on mette en place des forces de police professionnelles en uniforme. Ils craignaient qu’une police armée aux mains du gouvernement central ne menace leur liberté. Certains avaient peur qu’il ne se crée une police d’espionnage comme celle organisée en France par Joseph Fouché. Toutefois, ils ont été contraints à se demander ce qu’ils feraient sans police.
Londres était devenue la ville la plus grande et la plus riche du monde ; la criminalité allait grandissant et menaçait les activités commerciales. Ni les vigiles de nuit, des volontaires, ni les sergents de ville n’arrivaient à protéger les gens et leurs biens. Dans La police anglaise : une histoire politique et sociale (angl.), Clive Emsley explique : “ De plus en plus, on a considéré la criminalité et les troubles comme des choses à bannir d’une société civilisée. ” Par conséquent, dans l’espoir d’une amélioration, les Londoniens ont accepté la création d’une police professionnelle sous la direction de sir Robert Peela. En septembre 1829, des agents en uniforme appartenant à la police métropolitaine ont commencé à patrouiller dans leurs secteurs.
Depuis leur entrée dans l’histoire moderne, les policiers suscitent espoir et crainte : espoir de les voir apporter la sécurité, et crainte qu’ils n’abusent de leur pouvoir.
Les agents américains entrent en scène
Aux États-Unis, New York a été la première ville à posséder des forces de police professionnelles. À mesure que la ville s’enrichissait, la criminalité augmentait. Dans les années 1830, toutes les familles pouvaient lire des histoires de crime épouvantables publiées dans une nouvelle sorte de presse, les journaux à bon marché. Devant la montée des protestations, New York s’est dotée de forces de police en 1845. Depuis, New-Yorkais et Londoniens sont mutuellement fascinés par leurs policiers.
Comme les Anglais, les Américains redoutaient la mise en place d’une police armée sous l’autorité du gouvernement. Les deux nations ont cependant trouvé des solutions. Les Anglais ont opté pour une police constituée d’hommes exemplaires coiffés d’un casque et vêtus d’un uniforme bleu foncé. Ils étaient seulement armés d’une matraque, qu’ils dissimulaient. Aujourd’hui encore, les bobbies ne portent pas de revolvers, sauf en cas d’urgence. Toutefois, comme le déclare un rapport, “ il semble de plus en plus inévitable [...] que la police britannique devienne sous peu une force armée de la tête aux pieds ”.
Aux États-Unis, en revanche, comme on craignait que le gouvernement abuse de son pouvoir, on a adopté un deuxième amendement à la Constitution des États-Unis, qui garantit ‘ au peuple le droit de détenir et de porter des armes ’. Les policiers ont donc réclamé des revolvers. Cela a donné lieu dans les rues à des fusillades, qui sont devenues la caractéristique, du moins dans l’esprit des gens, des policiers américains à la poursuite des criminels. Si les Américains ont désiré porter des armes, c’est aussi parce que les premières forces de police sont apparues dans un contexte très différent de celui de Londres. New York avait sombré dans l’anarchie à cause du fort accroissement de sa population. L’arrivée de milliers d’immigrants, principalement d’Europe, et d’Afro-Américains après le début de la guerre de Sécession (1861-1865) a entraîné des violences raciales. Les forces de l’ordre ont donc ressenti le besoin de prendre des mesures plus énergiques.
Pour toutes ces raisons, les policiers étaient souvent considérés comme un mal nécessaire. Les gens étaient prêts à accepter des débordements de temps à autre pour obtenir un peu d’ordre et de sécurité. Dans d’autres régions du monde, cependant, une autre police a vu le jour.
Une police redoutable
Au début du XIXe siècle, alors que les forces de police modernes faisaient leur apparition, la majeure partie de l’humanité se trouvait sous la domination d’empires européens. Dans son ensemble, la police européenne s’intéressait davantage à la protection des dirigeants qu’à celle de la population. Même les Britanniques, qui n’aimaient pas du tout l’idée d’avoir sur leur territoire une police paramilitaire, semblaient montrer peu de scrupules à utiliser une police militarisée pour tenir leurs colonies dans la soumission. Rob Mawby, dans Le maintien de l’ordre à travers le monde (angl.), déclare : “ Des cas de brutalité, de corruption, de violence, de meurtres et d’abus de pouvoir parmi les policiers ont jalonné presque chaque décennie de l’histoire de la police coloniale. ” Même s’il indique que la police du temps de l’impérialisme a été bénéfique sous certains aspects, ce livre explique qu’elle a “ donné l’impression générale d’être une force gouvernementale, et non un service public ”.
Par crainte des révolutions, les gouvernements despotiques ont presque toujours créé une police secrète pour espionner leurs citoyens. Ce genre de police arrache des informations par la torture et élimine les personnes présumées subversives en les assassinant ou en les arrêtant sans procès. L’Allemagne nazie avait sa Gestapo, l’Union soviétique son KGB et l’Allemagne de l’Est sa Stasi. La Stasi avait sous ses ordres 100 000 agents et peut-être un demi-million d’indicateurs pour surveiller quelque 16 millions d’habitants. Stupéfiant ! Les agents écoutaient les conversations téléphoniques vingt-quatre heures sur vingt-quatre et avaient fiché le tiers de la population. “ Les agents de la Stasi n’avaient ni limites ni honte, écrit John Koehler dans son livre La Stasi (angl.). Des ecclésiastiques, y compris des hauts dignitaires de confessions protestante et catholique, étaient recrutés en masse pour servir d’indicateurs. Leurs bureaux et leurs confessionnaux étaient truffés d’appareils d’écoute. ”
Mais les régimes totalitaires ne sont pas les seuls à avoir une police redoutable. Dans certaines grandes villes, on accuse les policiers de semer la terreur en faisant respecter la loi trop brutalement, surtout s’ils prennent pour cible des minorités. À Los Angeles, un magazine a déclaré au sujet d’un scandale qui défrayait la chronique qu’il avait “ démontré le nouveau niveau d’illégalité que la police avait atteint et [qu’il avait] donné naissance à une nouvelle expression : le policier gangster ”.
Cela a conduit les autorités à se demander comment les services de police pourraient donner une meilleure image. Pour mettre en évidence leur utilité publique, de nombreuses forces de police essaient de montrer le bien qu’elles apportent à la société.
L’espoir d’une police au service de la collectivité
Au Japon, le travail de proximité des policiers a suscité la curiosité des autres pays. Traditionnellement, la police japonaise fonctionne à partir de petits commissariats de quartier qui regroupent une douzaine d’agents organisés en équipes. Frank Leishman, un Britannique qui est maître de conférences en criminologie et qui réside depuis longtemps au Japon, déclare : “ L’étendue des services rendus amicalement par les agents des koban est légendaire : ils vous guident pour trouver des adresses dans les rues japonaises, pour la plupart sans nom ; ils prêtent des parapluies, égarés et non réclamés, aux gens qui se font surprendre par la pluie ; ils veillent à ce que les sararimen ivres ne ratent pas le dernier train pour rentrer chez eux ; et ils sont à l’écoute des ‘ doléances des citoyens ’. ” C’est notamment grâce à sa police de proximité que le Japon a acquis la réputation enviable d’avoir des rues sûres.
Ce genre de police pourrait-il être efficace ailleurs ? Des criminologues commencent à s’y intéresser. Les progrès en matière de communication ont tendance à distendre les liens entre les policiers et la population. Aujourd’hui, dans bon nombre de villes, le travail de la police semble souvent se limiter à intervenir en cas d’urgence. On a parfois l’impression que la prévention du crime n’est plus une priorité comme à l’origine. Afin d’inverser cette tendance, la surveillance de quartier redevient populaire.
La surveillance de quartier
“ Cela marche vraiment ; la criminalité diminue ”, dit Dewi, un agent de police, au sujet de son travail au pays de Galles. La surveillance de quartier consiste à apprendre aux gens à veiller mutuellement à leur sécurité. Nous organisons des réunions pour que les voisins apprennent à se connaître, s’échangent leurs noms et leurs numéros de téléphone, et sachent comment prévenir la criminalité. J’aime cette méthode parce qu’elle réintroduit dans les quartiers un sentiment de collectivité. Souvent, les gens ne savent même pas qui sont leurs voisins. Ce procédé est efficace parce qu’il rend les gens plus attentifs. ” Il améliore aussi les relations entre la police et le public.
On a également encouragé les policiers à se montrer plus compatissants envers les victimes. Jan van Dijk, un éminent victimologiste néerlandais, a écrit : “ Les agents de police doivent apprendre que leur comportement envers les victimes est aussi important que celui des médecins envers les patients. ” Dans de nombreux endroits, la police ne range pas encore la violence et le viol domestiques parmi les délits graves. Toutefois, Rob Mawby explique : “ Ces dernières années, la police a nettement changé son approche de la violence et du viol domestiques. Cependant, elle peut encore largement progresser. ” Les abus de pouvoir sont un autre domaine dans lequel presque toutes les forces de police pourraient s’améliorer.
La crainte de la corruption chez les policiers
Il paraît parfois naïf de penser que la police nous protège, surtout lorsque nous entendons parler d’affaires de corruption. La police est impliquée dans ce genre d’affaires depuis le début de son histoire. À propos de l’année 1855, le livre NYPD : une ville et sa police (angl.) a rapporté que “ de nombreux New-Yorkais avaient du mal à distinguer les gangsters des policiers ”. D’après le livre de Duncan Green, Les visages de l’Amérique latine (angl.), les forces de police “ sont généralement réputées pour être corrompues, incompétentes et irrespectueuses des droits de l’homme ”. Un chef de police qui a sous ses ordres 14 000 Latino-Américains a déclaré : “ Que peut-on attendre d’un policier qui gagne moins de [120 euros] par mois ? Si on lui offre un pot-de-vin, que fera-t-il ? ”
Quelle est l’ampleur de la corruption ? La réponse dépend de la personne à qui vous posez la question. Un policier nord-américain qui a patrouillé pendant des années dans une ville de 100 000 habitants déclare : “ Il y a certainement un pourcentage de policiers véreux, mais la plupart sont honnêtes. Du moins, c’est ce que j’ai constaté. ” En revanche, un criminologue qui exerce depuis 26 ans dans un autre pays donne cette réponse : “ Pour moi, la corruption est presque universelle. L’honnêteté chez les policiers est très rare. Si un agent fouille une maison cambriolée et trouve de l’argent, il le prendra probablement. S’il retrouve des objets volés, il en gardera quelques-uns pour lui. ” Pourquoi des policiers tombent-ils dans la corruption ?
Au départ, certains ont des principes, mais par la suite ils se laissent influencer par des collègues corrompus et par les normes perverties du monde du crime dans lequel ils pénètrent. Le livre Ce que les policiers savent (angl.) cite les paroles d’un agent de police de Chicago : “ Du fait de leur travail, les policiers sont en prise avec le mal. Ils baignent dedans... ils le touchent... ils le goûtent... ils le sentent... ils l’entendent... ils doivent l’affronter. ” Le contact de la dépravation peut facilement avoir des conséquences sur eux.
Même si elle rend de précieux services, la police est loin d’être parfaite. Pouvons-nous espérer mieux ?
[Note]
a On a appelé les agents britanniques “ bobbies ” d’après le nom de leur fondateur, sir Robert (Bobby) Peel.
[Encadré/Illustrations, pages 8, 9]
“ Les bobbies ne sont-ils pas formidables ? ”
Les Britanniques ont été parmi les premiers à pouvoir s’offrir le luxe d’une police professionnelle. Ils désiraient que leur société soit bien organisée, qu’elle fonctionne aussi bien que leur système de diligences toujours ponctuelles. En 1829, le ministre de l’Intérieur, sir Robert (Bobby) Peel, a persuadé le Parlement de ratifier la création de la police métropolitaine de Londres, dont les bureaux seraient situés à Scotland Yard. Même si, au départ, ils n’étaient guère appréciés à cause de leurs mesures draconiennes contre l’ivresse et les jeux d’argent sur la voie publique, les bobbies sont devenus la coqueluche du pays.
En 1851, Londres a invité avec fierté le monde entier à admirer les prouesses de l’industrie britannique lors de l’Exposition universelle. Les visiteurs ont été impressionnés par l’ordre qui régnait dans les rues ainsi que par l’absence d’ivrognes, de prostituées et de vagabonds. Des policiers compétents guidaient les foules, portaient les bagages des touristes, aidaient les gens à traverser la rue et accompagnaient même les dames âgées aux stations de taxis. Rien d’étonnant à ce qu’on ait entendu les étrangers aussi bien que les Britanniques s’exclamer : “ Les bobbies ne sont-ils pas formidables ? ”
Ces policiers semblaient si efficaces contre la criminalité qu’en 1873 le directeur de la police de Chester a cru qu’un jour le crime professionnel disparaîtrait presque totalement. Les policiers ont également mis en place des services d’ambulances et de lutte contre les incendies. Ils ont organisé des œuvres de bienfaisance qui fournissaient chaussures et vêtements aux pauvres. Certains ont créé des foyers pour jeunes garçons et des hébergements de vacances, et ont organisé des excursions.
Il est vrai que ces nouveaux policiers ont dû aussi être disciplinés à cause de problèmes de corruption et de brutalité. Cependant, la plupart étaient fiers de maintenir l’ordre en recourant le moins possible à la violence. En 1853, les policiers de Wigan, dans le Lancashire, se sont trouvés devant une émeute de mineurs en grève. Avec courage, le sergent qui était à la tête de dix hommes seulement a refusé catégoriquement d’utiliser les armes à feu du propriétaire de la mine. Une lettre reçue par Hector Macleod en 1886, lorsqu’il est entré dans la police comme son père, donne une idée de l’état d’esprit qui s’était développé. Le livre La police anglaise la cite : “ Si on est dur, on perd la sympathie du public. [...] Je mets les intérêts du public en premier parce que nous sommes au service de la communauté dans laquelle on nous a placés, et il est de notre devoir de la satisfaire et de satisfaire notre commandant. ”
Hayden, un inspecteur retraité de la police métropolitaine de Londres, déclare : “ On nous enseignait à toujours nous maîtriser parce qu’un bon maintien de l’ordre passe par la coopération de la population. Notre matraque était le dernier recours, que la plupart des policiers n’utilisaient pas au cours de leur carrière. ” Une série télévisée à succès, Dixon of Dock Green, a également contribué à donner une image positive du bobby. Diffusée pendant 21 ans, elle mettait en scène un agent de police honnête qui connaissait tout le monde dans son secteur. Cette série a probablement incité les policiers à refléter cette image, mais elle a aussi certainement encouragé les Britanniques à admirer la police.
Les mentalités ont changé en Grande-Bretagne au cours des années 60 ; la tradition d’orgueil national a cédé la place à une tradition nouvelle : la contestation de l’autorité. Durant les années 70, des affaires de corruption et de racisme ont terni l’image des policiers, et ce malgré leurs efforts pour obtenir le soutien de la population en patrouillant dans les quartiers. Plus récemment, après avoir été à plusieurs reprises accusés d’être racistes et d’inventer des pièces à conviction, les bobbies se sont sincèrement efforcés d’améliorer leur comportement.
[Indication d’origine]
Photographie ci-dessus : http://www.constabulary.com
[Encadré/Illustration, page 10]
Un miracle à New York ?
Lorsqu’elle s’en donne la peine, la police peut obtenir des résultats remarquables. Pendant longtemps, New York a été considérée comme l’une des villes les plus dangereuses du monde, et vers la fin des années 80 les forces de police, découragées, semblaient avoir perdu le contrôle de la situation. En raison des difficultés économiques, la municipalité a été obligée de bloquer les salaires et de réduire le nombre des policiers. Les dealers ont multiplié leurs activités, ce qui a provoqué une recrudescence de violence. Les habitants des quartiers défavorisés allaient se coucher au crépitement des coups de feu. En 1991, d’importantes émeutes raciales se sont déchaînées et les policiers eux-mêmes ont manifesté bruyamment pour exposer leurs griefs.
Cependant, un nouveau chef de police a décidé de motiver ses subalternes en se réunissant régulièrement avec eux pour analyser les opérations quartier par quartier. Dans leur livre NYPD, James Lardner et Thomas Reppetto expliquent : “ Le responsable des inspecteurs de police et le chef de la brigade des stupéfiants étaient des commandants de secteurs qui se connaissaient à travers les journaux, mais qui se rencontraient rarement. Désormais, ils étaient assis tous ensemble et parlaient des heures d’affilée. ” Le taux de criminalité a chuté. Le nombre de meurtres aurait progressivement diminué ; d’environ 2 000 en 1993, il serait passé à 633 en 1998, le plus bas chiffre en 35 ans. Les New-Yorkais parlaient de miracle. Les crimes recensés ont baissé de 64 % au cours des huit dernières années.
Comment expliquer cette amélioration ? Selon le New York Times du 1er janvier 2002, une des clés de la réussite a été Compstat, “ un système qui permet d’analyser chaque semaine l’évolution de la criminalité secteur par secteur et de régler les problèmes dès qu’ils surgissent ”. Bernard Kerik, un ancien commissaire de police, a déclaré : “ Nous regardions où les crimes avaient lieu, pourquoi ils s’étaient produits, puis nous redéployions des forces [de police] et des moyens pour assurer la surveillance de ces zones. Voilà comment on diminue la criminalité. ”
[Illustration, page 7]
Un poste de police japonais typique.
[Illustration, page 7]
Police des routes à Hong-Kong.
[Illustration, pages 8, 9]
Canalisation des foules lors d’un match de football en Angleterre.
[Illustration, page 9]
Les policiers doivent aussi secourir les blessés.
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Quel avenir pour la police ?Réveillez-vous ! 2002 | 8 juillet
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Quel avenir pour la police ?
SANS police, ce serait probablement l’anarchie. Mais même avec elle, notre monde est-il sûr ? De nos jours, dans la plupart des villes, comme dans bon nombre de zones rurales, plane un sentiment d’insécurité. Pouvons-nous espérer que la police nous protège du crime organisé et des récidivistes ? Pouvons-nous nous attendre à ce qu’elle sécurise nos rues ? L’emportera-t-elle dans la guerre contre la criminalité ?
David Bayley exprime son opinion dans La police de demain (angl.) : “ La police n’empêche pas la criminalité. [...] La police n’est, en effet, qu’un pansement sur une tumeur. [...] Nous ne pouvons pas compter sur la police pour protéger la société de la criminalité, même si elle s’évertue à prévenir le crime. ” Selon des études, les trois activités principales de la police : patrouiller dans les rues, répondre aux urgences et enquêter sur les délits, n’enraient pas la criminalité. Pourquoi ?
Il serait beaucoup trop coûteux d’essayer d’empêcher la criminalité en renforçant la présence policière. Les criminels ne semblent pas remarquer les patrouilles supplémentaires ni se laisser impressionner par elles. Les interventions rapides ne freinent pas non plus la criminalité. Des policiers ont rapporté qu’à moins d’arriver sur les lieux d’une infraction en moins d’une minute, ils ont peu de chances d’attraper le coupable. Apparemment, les criminels savent qu’une telle rapidité est rare. Les enquêtes policières ne changent rien non plus. Même lorsque des policiers trouvent les malfaiteurs et les font mettre en prison, la criminalité ne semble pas diminuer. Les États-Unis, qui comptent le plus grand nombre de prisonniers du monde, ont un taux de criminalité extrêmement élevé. Le Japon, en revanche, qui a peu de prisonniers, a l’un des taux les plus bas. Même des méthodes comme la surveillance de quartier n’ont pas d’effets durables, surtout dans les zones où la criminalité est répandue. Les grandes enquêtes sur des délits particuliers, comme le trafic de drogue ou les attaques à main armée, donnent de bons résultats, mais il est difficile d’en prolonger les effets.
“ Que les policiers ne puissent pas empêcher la criminalité ne devrait pas tellement surprendre les personnes réfléchies, lit-on dans La police de demain. On sait généralement qu’au-delà de l’intervention de la police et du système judiciaire dans son ensemble ce sont les conditions sociales qui déterminent le niveau de criminalité dans les sociétés. ”
Que se passerait-il sans police ?
Comment vous comportez-vous en l’absence de policiers ? En profitez-vous pour enfreindre la loi ? Un nombre impressionnant de personnes jugées respectables qui appartiennent aux classes moyennes et aisées sont prêtes à risquer leur réputation et leur avenir pour obtenir les bénéfices discutables d’activités illicites sur leur lieu de travail. Le New York Times a récemment rapporté que ‘ 112 personnes accusées de fraude auraient été impliquées dans une affaire d’escroquerie de compagnies d’assurances automobile. Parmi les accusés figuraient des avocats, des médecins, des chiropracteurs, un physiothérapeute, un acupuncteur et un adjoint administratif de la police ’.
Un autre cas de fraude à grande échelle a dernièrement choqué les mécènes du monde de l’art lorsque les ex-administrateurs de la Sotheby’s à New York et de la Christie’s à Londres ont été reconnus coupables d’avoir falsifié les prix. Ces administrateurs ainsi que leurs sociétés de vente doivent payer des centaines de millions d’euros à titre d’amende et de dédommagement. Ainsi, la soif insatiable d’argent gangrène toutes les couches de la société.
Ce qui s’est produit en 1997 à Recife, au Brésil, quand les policiers se sont mis en grève, prouve qu’un grand nombre de personnes commettent facilement des infractions quand rien ne les en dissuade, et ce quelles que soient leurs convictions religieuses. Elles édulcorent ou abandonnent aisément leurs principes moraux. Il n’est donc pas surprenant que dans la plupart des pays la police mène un combat perdu d’avance dans un monde d’illégalité, que celle-ci soit grave ou pas.
D’un autre côté, certaines personnes obéissent aux lois parce qu’elles respectent l’autorité. L’apôtre Paul a dit aux chrétiens de Rome qu’ils devaient se soumettre aux autorités tolérées par Dieu puisqu’elles maintenaient un certain ordre dans la société. Il a écrit au sujet de l’autorité : “ Elle est [...] le ministre de Dieu, un vengeur pour manifester la colère sur celui qui pratique ce qui est mauvais. Il y a donc une raison impérieuse d’être soumis, non seulement à cause de cette colère, mais également à cause de votre conscience. ” — Romains 13:4, 5.
Un changement d’environnement social
Le travail de la police concourt incontestablement à améliorer l’environnement social. Une fois les rues débarrassées du trafic de drogue et de la violence, souvent les gens s’efforcent d’être à la hauteur de l’image de leur quartier. Toutefois, aucune force de police n’est capable de réformer la société.
Imaginez-vous une société où les gens seraient si respectueux des lois que la police deviendrait inutile ? Vous représentez-vous un monde où les voisins se porteraient tellement d’intérêt qu’ils seraient toujours prêts à s’entraider et qu’aucun n’aurait besoin d’appeler la police ? Peut-être cela vous paraît-il utopique. Pourtant, ces paroles de Jésus, même si elles ont été prononcées dans un autre contexte, restent vraies : “ Aux hommes, cela est impossible, mais à Dieu tout est possible. ” — Matthieu 19:26.
La Bible décrit une époque où tous les humains seront les sujets d’un gouvernement instauré par Jéhovah Dieu. ‘ Le Dieu du ciel établira un royaume qui broiera tous ces royaumes et y mettra fin. ’ (Daniel 2:44). Grâce à ce nouveau gouvernement, tous les gens sincères apprendront à marcher dans la voie de l’amour tracée par Dieu, et les conditions qui engendrent la criminalité ne seront plus. “ Vraiment la terre sera remplie de la connaissance de Jéhovah comme les eaux recouvrent la mer. ” (Isaïe 11:9). Le Roi choisi par Jéhovah, Jésus Christ, sera en mesure d’empêcher toute criminalité. “ Il ne jugera pas selon ce qu’il voit, il ne décidera pas d’après ce qu’il entend dire. Il jugera les pauvres avec justice, il sera juste pour ceux qui, dans le pays, sont sans défense. ” — Isaïe 11:3, 4, Parole de Vie.
Criminels et criminalité auront disparu. La police n’aura plus lieu d’être. Tous les humains “ seront assis chacun sous sa vigne et sous son figuier, et il n’y aura personne qui les fasse trembler ”. (Mika 4:4.) Si vous désirez faire partie de la “ nouvelle terre ” dont parle la Bible, c’est le moment d’examiner les promesses de Dieu contenues dans sa Parole. — 2 Pierre 3:13.
[Entrefilet, page 12]
Imaginez-vous une société où les gens seraient si respectueux des lois que la police deviendrait inutile ?
[Entrefilet, page 12]
Criminels et criminalité auront disparu.
[Encadré/Illustration, page 11]
Policiers contre terroristes
Comme l’ont démontré les événements qui se sont déroulés à New York et à Washington le 11 septembre 2001, à cause des pirates de l’air, des preneurs d’otages et des terroristes, les policiers se heurtent aux pires difficultés pour protéger la population. Dans de nombreux endroits du globe, des équipes ont reçu une formation spéciale pour prendre d’assaut un avion en stationnement. Elles ont aussi appris à entrer par surprise dans des bâtiments, en descendant du toit en rappel, en sautant par les fenêtres, en lançant des bombes lacrymogènes et des grenades. Ces policiers entraînés réussissent souvent à surprendre et à maîtriser les terroristes sans faire courir de trop gros risques aux otages.
[Indication d’origine]
James R. Tourtellotte/U.S. Customs Service
[Illustration, page 12]
Ces choses ne seront plus utiles dans le monde nouveau promis par Dieu.
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