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Un phénomène omniprésentRéveillez-vous ! 1987 | 22 avril
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Un phénomène omniprésent
“Tout au long de l’année 1984, les mots ‘religion’ et ‘politique’ ont été associés dans l’actualité internationale. (...) L’évêque anglican Desmond Tutu [a été] un symbole du conflit qui oppose l’Église et l’État sur la question de l’apartheid (...). Dans une bénédiction qu’il a prononcée lors d’un rassemblement [politique], Jerry Falwell, leader fondamentaliste de la majorité morale, a parlé du président Reagan et du vice-président George Bush comme ‘d’instruments utilisés par Dieu pour reconstruire l’Amérique’.” — L’Encyclopédie britannique, Livre de l’année 1985.
“De la Pologne aux Philippines (...) des évêques et des prêtres critiquent ouvertement le gouvernement du pays dans lequel ils vivent. L’Église n’est pas simplement le lieu où l’on adore Dieu, mais celui où l’on fomente l’opposition.” — Glasgow Herald, 3 janvier 1985.
AVEZ-VOUS déjà lu de tels articles de presse? Vraisemblablement, car religion et politique sont souvent mêlées dans l’actualité. Pensez-vous que ce soit une bonne chose?
Certains diront peut-être qu’ils ne parlent jamais de religion ni de politique. Même si c’est votre cas, il est de votre intérêt de savoir ce qui se passe dans le monde religieux et politique et en quoi cela risque de vous toucher personnellement. D’autre part, en examinant ce que la Bible dit à ce sujet, vous vous apercevrez que Dieu parle de l’immixtion de la religion dans la politique et de ses conséquences futures.
Une immixtion mondiale
Tout d’abord, il nous sera utile de déterminer quelle est l’ampleur exacte de cette immixtion. Pour ce faire, considérez quelques rapports récents:
◼ 21 avril 1986: “Aux Philippines, l’Église catholique jouit d’un grand prestige pour avoir contribué au renversement de l’ex-président Ferdinand Marcos. En Afrique du Sud, les Églises anglicane, méthodiste et catholique critiquent depuis des années la politique d’apartheid du gouvernement. En Amérique latine, sous la bannière de la ‘théologie de la libération’, le clergé catholique est profondément engagé dans la lutte contre les régimes jugés oppressifs pour les pauvres.”
◼ 9 mars 1986, Séoul (République de Corée): “Le cardinal Stephen Kim Sou Hwan, primat catholique de Corée du Sud, a accordé aujourd’hui son soutien au parti de l’opposition, qui exige un remaniement constitutionnel immédiat.”
◼ 18 août 1986: ‘Le candidat est un ministre protestant ordonné et militant. Il se bat pour arracher son parti des griffes des modérés qu’il méprise. Qui incarne cette force qui galvanise et polarise les foules dans les présidentielles américaines? L’ironie veut que cette description s’applique à deux ecclésiastiques: Pat Robertson pour les Républicains de droite et Jesse Jackson pour les Démocrates de gauche.’ ‘À propos du succès que les candidats [du parti de Robertson] étaient en train de remporter, une lettre destinée à rassembler des fonds commençait par ces mots: “Les chrétiens ont gagné! (...) Quelle percée pour le Royaume!”’
◼ 3 juillet 1986, Brasilia (Brésil): “L’Église s’est déjà révélée être le censeur le plus sévère du nouveau gouvernement civil (...). En conséquence, les relations entre l’Église et l’État sont de nouveau tendues. Les autorités reprochent aux prêtres de radicaliser la situation dans le pays, tandis que certains évêques accusent le gouvernement de recourir ‘à la persécution et à la diffamation’.”
◼ 25 septembre 1984: “En Iran, l’ayatollah Khomeyni représente les forces musulmanes chiites fondamentalistes. Il enseigne que l’Islam doit dicter la stratégie politique, économique et militaire du pays.”
◼ 7 avril 1985: “Selon un sondage réalisé en exclusivité pour le Sunday Telegraph, une majorité d’anglicans pensent que leur Église devrait se tenir à l’écart de la politique.”
◼ 4 octobre 1986: “L’Église catholique mexicaine soutient l’opposition croissante au pouvoir en place dans le pays. C’est en juillet que l’Église s’est lancée avec le plus de hardiesse dans l’arène politique (...). Les évêques ont proposé d’annuler les messes dominicales pour protester contre les manœuvres électorales; mais le pape est intervenu.”
◼ 6 juillet 1986, Washington (États-Unis): “Les responsables chrétiens évangéliques utilisent leur argent, les convictions religieuses et les millions de membres de leur Église pour livrer bataille dans le domaine temporel — et ils jouent un rôle grandissant dans la politique américaine.”
Pourquoi en est-il ainsi?
Oui, nul ne peut nier que la religion s’immisce profondément dans la politique. Néanmoins, qu’est-ce qui pousse les chefs religieux à se mêler des affaires politiques? Peut-on savoir ce que Dieu pense d’une telle immixtion? Quelle sera l’issue de cette situation, et en quoi êtes-vous concerné?
[Encadré, page 3]
“L’action politique est implicitement approuvée dans l’Évangile, affirme [Peter-Hans Kolvenbach,] le général de la Compagnie de Jésus, (...) qui s’est déjà attiré les foudres du Vatican pour s’être trop ingéré dans les affaires politiques.” — The Toronto Star, 31 mai 1986.
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Pourquoi le clergé se mêle-t-il de politique?Réveillez-vous ! 1987 | 22 avril
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Pourquoi le clergé se mêle-t-il de politique?
CETTE question ne doit pas vous sembler superflue, car elle vous touche personnellement.
Naturellement, les prêtres, pasteurs et autres ecclésiastiques qui se mêlent de politique ne le font pas tous pour les mêmes raisons. Certains poursuivent des objectifs que la plupart des gens condamnent. D’autres sont sans doute animés d’excellentes intentions, celle d’aider les pauvres par exemple.
Si vous discernez quels sont leurs mobiles, vous comprendrez plus facilement comment Dieu considère la question et ce qu’il annonce pour l’avenir.
Position, profit et politique
Afin de découvrir l’une des raisons pour lesquelles les ecclésiastiques s’ingèrent dans la politique, considérons le cas de certains chefs religieux du Ier siècle. Ces hommes, le grand prêtre ainsi que des Pharisiens et des Sadducéens, composaient la Cour suprême juive. Mis en émoi par la résurrection de Lazare opérée par Jésus, ils tinrent ce raisonnement: “Si nous (...) laissons [Jésus] continuer ainsi, ils auront tous foi en lui, et les Romains viendront enlever et notre lieu et notre nation.” — Jean 11:48.
“Notre lieu et notre nation.” Oui, ils se souciaient premièrement de leur position, de leur pouvoir et de leur autorité, et ensuite des intérêts de leur nation (Matthieu 23:2-8). En recherchant la faveur des hommes politiques, certains ecclésiastiques sont parvenus à un haut rang et beaucoup d’entre eux ont pu vivre dans le luxe. En fait, le dernier livre de la Bible dépeint “une femme” appelée “Babylone la Grande”, qui se caractérise par “la puissance de son luxe scandaleux”. Or, la Bible et l’Histoire indiquent que cette femme symbolise l’empire mondial de la fausse religion. — Révélation 17:1-5; 18:3.
Examinons maintenant les preuves établissant que c’est bien là ce qui incite certains ecclésiastiques à se mêler de politique. Le livre La religion et la révolution (angl.) déclare ceci: “Entre 1774 et 1790, 173 des 192 évêques français appartenaient à la noblesse. La moitié d’entre eux environ vivaient à Paris et goûtaient à la magnificence de la capitale française. Le cardinal de Polignac mourut en 1741 sans avoir jamais visité l’archevêché sur lequel il avait été établi quinze ans auparavant. Un laxisme grandissant se manifestait également dans les monastères, dont beaucoup étaient très riches.” Le haut clergé vivait dans le luxe, tandis que dans les paroisses la plupart des prêtres étaient dans l’indigence.
Citons un autre exemple, qui concerne le Mexique. En 1810, Miguel Hidalgo, prêtre de village, dirigea la lutte pour émanciper son pays de la domination espagnole. À ce propos, le professeur Guenter Lewy explique: “Le pape et l’épiscopat dans sa quasi-totalité condamnaient ces patriotes [mexicains]. L’habileté hypocrite avec laquelle le haut clergé se transforma [par la suite] en partisan passionné de l’indépendance (...) était trop évidente. Elle contribua à donner de l’Église l’image d’un groupe d’intérêts particuliers dans lequel on ne pouvait avoir confiance. (...) L’Église possédait beaucoup de biens immobiliers, plus de la moitié des biens réels de la nation selon certains.”
Que nous soyons protestants, catholiques, juifs ou adeptes de toute autre religion, ne sommes-nous pas tous d’avis que les ecclésiastiques ne devraient pas se mêler de politique pour s’assurer un lieu élevé? Pourtant, c’est précisément ce qu’ils font bien souvent.
De l’Allemagne nazie à nos jours
La période nazie nous éclaire davantage encore sur la réalité de l’immixtion de la religion dans la politique. Beaucoup d’hommes réfléchis ont cherché à savoir quelle attitude les ecclésiastiques catholiques et luthériens ont adoptée envers Hitler et ses agents brutaux, les nazis.
D’une manière générale, ils les ont soutenus, ou, à tout le moins, ont accepté de composer avec eux. Peu d’entre eux ont élevé la voix pour protester. Le professeur T. Gill mentionne toutefois une personnalité qui fit exception: “[Le théologien Dietrich] Bonhoeffer comprit finalement ce que son père et ses frères lui répétaient depuis qu’il avait quinze ans: l’Église n’avait plus une action assez importante dans les domaines primordiaux pour qu’il lui consacre sa vie.” Excédé de voir que les Églises accordaient leur soutien à Hitler ou restaient passives, Dietrich Bonhoeffer participa à un complot visant à assassiner le Führer. Mais il fut une exception.
Dans son livre Histoire du christianisme (angl.), Paul Johnson décrit l’attitude qu’adoptèrent la plupart des ecclésiastiques: “En général, les deux Églises [catholique et protestante] apportèrent leur soutien massif au régime. (...) Sur 17 000 pasteurs évangéliques, jamais plus d’une cinquantaine à la fois ne purgèrent de longues peines [pour avoir refusé de soutenir le régime nazi]. Chez les catholiques, un évêque fut banni de son diocèse, et un autre fut condamné à une courte incarcération pour avoir propagé des idées dissidentes.” À propos de ceux qui restèrent attachés à leurs principes, Paul Johnson écrit: “Les plus courageux furent les Témoins de Jéhovah qui, dès le début, opposèrent ouvertement leurs doctrines au régime et souffrirent en conséquence. Ils refusèrent toute coopération avec l’État nazi.”
Depuis cette époque, d’autres ecclésiastiques ont collaboré avec des régimes violents, afin de conserver leur lieu élevé, leur pouvoir et leur richesse. À ce sujet, voici ce qu’on pouvait lire dans un éditorial du National Catholic Reporter: “Le passé de l’Église catholique en Argentine est entaché par son silence et sa complicité avec un régime militaire impitoyable, l’une des pires dictatures de l’histoire contemporaine. (...) Les prélats avaient donc la possibilité de s’exprimer et de se démarquer, peut-être même d’ôter au régime sa légitimité religieuse. Mais l’immense majorité d’entre eux n’ont rien dit. Certains, y compris des ecclésiastiques en uniforme militaire, ont approuvé la torture et les meurtres.” — 12 avril 1985.
Droits civiques, justice sociale
Toutefois, comme nous l’avons signalé plus haut, d’autres facteurs font que des conducteurs religieux sont très admirés pour la part active qu’ils prennent à la vie politique.
On en a un exemple aux États-Unis en la personne du pasteur baptiste Martin Luther King, défenseur des droits civiques qui fut longtemps à la tête du combat contre la discrimination raciale. D’autres hommes d’Église ont été en première ligne dans la lutte pour les droits des femmes et de certaines minorités. Des prêtres et des ministres se sont mis à accorder un soutien politique actif à des causes comme le droit de vote ou l’égalité et la justice dans le travail. Dans un passé récent, une “théologie de la libération” a été élaborée pour soulager les souffrances des pauvres, notamment par le biais d’une redistribution des terres.
Que pensez-vous de l’attitude des chefs religieux qui descendent dans l’arène politique pour promouvoir l’action sociale ou l’“humanisme séculier”, comme on l’appelle parfois? Certains ecclésiastiques eux-mêmes voient d’un mauvais œil ce qui se passe dans leur religion. Keith Gephart, un ministre fondamentaliste, a fait ce commentaire: “Durant ma jeunesse, on m’a toujours dit que les Églises devaient se tenir à l’écart de la politique. Maintenant, il semble presque que ce soit un péché de ne pas se mêler de politique.” Un journaliste spécialisé dans les questions religieuses a noté ceci: “À compter du début des années 1970, les chrétiens fondamentalistes en sont progressivement venus à penser qu’il est de leur devoir de participer activement à la vie politique.”
Même si les causes que défend le clergé paraissent bien fondées, voyons jusqu’où son action l’entraîne, et si vous la cautionnez.
Les fruits de la théologie de la libération
Gustavo Gutiérrez, un prêtre catholique du Pérou, est bien connu pour avoir conçu en réponse à la condition des pauvres la “théologie de la libération”. Celle-ci est largement répandue au sein du clergé en Amérique latine et ailleurs. La revue anglaise Manchester Guardian Weekly rapporte que l’évêque de Durham a critiqué la politique du gouvernement et, par là même, a recommandé de “promouvoir une ‘théologie de la libération’”.
Cette théologie ne constitue-t-elle qu’un encouragement à se soucier des pauvres, comme la Bible nous y exhorte? Pas vraiment. L’évêque de Durham reconnaît qu’“en Grande-Bretagne la théologie de la libération prendra très au sérieux certaines analyses marxistes”. Cela implique une conception marxiste de la lutte des classes menée par les pauvres. Quels sont les fruits de cette théologie?
Le National Catholic Reporter du 4 juillet 1986 titrait: “Brésil: Le combat pour la réforme agraire oppose l’Église à l’État.” Ce conflit est notamment dû au fait qu’une minorité de “grands propriétaires fonciers possèdent 83 pour cent des terres”. Rassemblements et manifestations organisés par le clergé font partie du “combat pour la réforme agraire”. Et le mot “combat” n’est pas trop fort. Le même article affirmait que “les plus de 700 conflits qui ont éclaté l’année dernière à cause de questions foncières ont provoqué la mort de 218 personnes, y compris celle du père Josimo Tavares, prêtre brésilien et leader de la campagne pour la réforme agraire, qui a été assassiné le 11 juin”.
La théologie de la libération est de plus en plus populaire. Comme on pouvait le lire dans un éditorial du New York Times, officiellement le Vatican s’oppose à ce que les membres du clergé s’engagent dans la politique partisane, mais il “accepte le principe fondamental de la théologie de la libération, savoir que l’Évangile justifie les luttes des pauvres pour la liberté politique et le droit de gouverner leur propre vie.”
Dans le même esprit, l’ordre missionnaire catholique Maryknoll est accusé de “répandre l’évangile de la théologie de la libération et de la politique socialiste”. Une étude réalisée en 1985, publiée en anglais sous le titre L’antichambre de la révolution, lance ces accusations: “Si l’ordre Maryknoll a réussi à faire accepter au public le message marxiste-léniniste qui prône la révolution violente, c’est précisément parce qu’on lui permet d’agir en tant qu’arme de l’Église catholique. Son message touche non seulement le pratiquant moyen, mais aussi les hommes politiques américains.”
Dieu approuve-t-il cette immixtion?
À l’évidence, la religion se mêle aujourd’hui de politique à travers le monde entier, et ce pour diverses raisons. Cependant, qu’en pense Dieu? La Bible indique qu’il va bientôt montrer clairement sa position à ce sujet. En quoi cela vous concerne-t-il, vous et ceux qui vous sont chers? Et quelles répercussions cette perspective devrait-elle avoir sur votre attitude et vos actions présentes?
[Encadré, page 6]
“En Allemagne, l’Église catholique était allemande dans l’âme et, comme l’Église protestante, elle a soutenu le pouvoir.” — Les Églises allemandes sous Hitler (angl.).
“Hier, l’Église orthodoxe russe a appuyé de tout son poids les propositions de désarmement faites par M. Gorbatchev (...). Elle [les] a présentées comme étant ‘parfaitement compatibles avec l’idéologie chrétienne’.” — The Guardian (Londres), 9 avril 1986.
[Illustration, page 7]
Martin Luther King a été l’un des ministres religieux les plus connus qui aient lutté contre la discrimination raciale.
[Crédit photographique]
U.P.I./Bettmann Newsphotos
[Illustration, page 8]
La pauvreté et l’injustice ont été les ferments de la théologie de la libération.
[Crédit photographique]
J. Viscarrs/OMS
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Religion et politique — Qu’en pense Dieu?Réveillez-vous ! 1987 | 22 avril
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Religion et politique — Qu’en pense Dieu?
‘JUDAS le Galiléen s’est levé aux jours de l’enregistrement, et il a entraîné du monde à sa suite. Mais celui-là aussi a péri, et tous ceux qui lui obéissaient ont été disséminés.’ (Actes 5:37). La Bible nous donne là un autre exemple d’immixtion de la religion dans la politique.
Peu avant la naissance de Jésus, ce Judas ‘s’assura l’aide de Sadoc, un Pharisien, et s’engagea dans la voie de la rébellion’. Bien qu’il fût ‘un rabbin ayant fondé sa propre secte’, il “porta les Juifs à se révolter en leur reprochant de payer tribut aux Romains”. — Histoire de la guerre des Juifs, de Flavius Josèphe.
Jésus aurait-il agi ainsi?
Peu après son baptême, Jésus fut incité par le Diable à s’occuper de politique. Celui-ci lui offrit “tous les royaumes du monde et leur gloire”. Jésus ne nia pas que le Diable eût autorité sur les gouvernements, mais il rejeta cette offre politique. Il aurait pourtant pu se dire que la détention du pouvoir lui permettrait de faire du bien aux gens. — Matthieu 4:8-10.
Par la suite, les gens constatèrent que Jésus était en mesure de leur procurer de la nourriture. De toute évidence ils tinrent ce raisonnement: ‘Si Jésus était à la tête du pays, il pourrait résoudre nos problèmes économiques.’ Mais notez ce qui s’est passé alors: “Jésus donc, sachant qu’ils allaient venir s’emparer de lui pour le faire roi, se retira.” (Jean 6:10-15). Oui, malgré ses capacités, Jésus refusa de se laisser entraîner dans la politique.
Plus tard encore, des Juifs politisés tentèrent de prendre Jésus au piège sur une question politique: les impôts. Les impôts romains étaient-ils trop élevés? Si un Juif les payait, cela signifiait-il qu’il approuvait l’utilisation que Rome en faisait pour financer ses guerres? La réponse de Jésus est instructive: “Rendez les choses de César à César, mais les choses de Dieu à Dieu.” (Marc 12:13-17). Ces paroles contrastent avec le manifeste économique de 115 pages que 225 évêques catholiques ont publié en novembre dernier aux États-Unis, manifeste qui dit entre autres: “Le système fiscal doit être modifié de façon à alléger le fardeau placé sur les pauvres. (...) On devrait appliquer un taux d’imposition supérieur à ceux dont les ressources financières sont relativement plus importantes.”
Quoi que nous pensions des impôts qui nous sont réclamés, le fait est que Jésus resta neutre quant à la politique fiscale. Ses disciples, l’apôtre Paul par exemple, l’imitèrent (Romains 13:1-7). Même sur une question sociale aussi brûlante que l’esclavage, ils étaient neutres. On imagine aisément combien il aurait était facile à un chrétien de se laisser pousser par sa bonté à combattre l’esclavage, tout comme les ecclésiastiques d’aujourd’hui prennent parti sur des questions telles que la légalisation de l’avortement, l’apartheid, les droits de la femme, etc. Mais les vrais chrétiens, eux, restèrent neutres!
À ce sujet, voici ce qu’on lit sous la plume d’E. Sanders, professeur à l’université d’Oxford: “Aujourd’hui, il est presque universellement reconnu que nous ne disposons pas de la moindre preuve permettant de penser que Jésus ait eu des ambitions politiques ou militaires; c’est également vrai de ses disciples.”
L’exécution du jugement de Dieu
Comme nous l’avons dit plus haut, de nombreux dirigeants juifs crurent qu’il était de leur intérêt de composer avec les autorités romaines, et c’est ce qu’ils firent, même lors du jugement et de l’exécution de Jésus, le Messie (Matthieu 27:1, 2, 15-31). Le livre de la Révélation dépeint la religion qui influence et utilise le système politique sous les traits d’une “femme assise sur une bête sauvage”. Cela ne vous laisse-t-il pas entrevoir ce que Dieu pense de l’ingérence du clergé dans la politique? — Révélation 17:1-5.
Voici d’ailleurs comment même certains observateurs humains voient la question:
Malachi Martin, exégète du Vatican, pense que les membres du clergé “qui défendent des causes politiques et sociales manquent à leur premier devoir: celui d’être des représentants de Jésus Christ”. Il déclare: “Les évêques, par exemple, ne sont pas mandatés pour parler d’économie ou pour conseiller au président de ne pas fournir de missiles à l’Europe.”
Mais qu’arrivera-t-il quand les hommes politiques et l’opinion publique en général en auront assez des ingérences du clergé dans la politique? L’année dernière, le journal Liberty a expliqué qu’au IVe siècle l’empereur Constantin ‘a allié l’Église et l’État, créant ainsi une bête “politico-religieuse”’. On pouvait y lire ceci à propos de la situation actuelle: “Tout comme du temps de Constantin, l’Église se sert de l’État pour parvenir à ses fins.” — C’est nous qui soulignons.
La Parole de Dieu indique clairement quelle va être l’issue de cette situation. Le moment approche où le système politique va se retourner contre l’empire mondial de la fausse religion, qui l’utilise depuis longtemps à son avantage, et le dévaster. Selon Révélation 19:2, ce sera là l’expression du jugement de Dieu.
La neutralité est-elle possible?
Certes, il est impossible d’empêcher les ecclésiastiques de se mêler de politique. Mais sur le plan individuel, on peut s’efforcer de correspondre à la description que la Bible donne d’un vrai adorateur de Dieu. Jésus a dit de ses disciples: “Ils ne font pas partie du monde, comme je ne fais pas partie du monde.” Un peu plus tard, il a déclaré au gouverneur Pilate: “Mon royaume ne fait pas partie de ce monde. Si mon royaume faisait partie de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs.” — Jean 17:16; 18:36.
À notre époque, est-il possible de vivre dans le monde, d’être citoyen d’une certaine nation, tout en ne faisant “pas partie du monde”, en étant neutre? L’histoire moderne des Témoins de Jéhovah l’atteste. Ils ont satisfait à l’obligation biblique d’être des citoyens respectueux des lois, bien qu’étant neutres vis-à-vis des activités politiques et militaires des nombreuses nations dans lesquelles ils vivent.
C’est ce que confirme le livre Le développement de la religion en Amérique (angl.). On y lit: “Tout en refusant de saluer le drapeau ou de prendre part aux guerres futiles que se livrent les nations en désarroi, ils sont sous d’autres rapports des citoyens respectueux des lois. Peu de groupements ont si bien résolu le problème que pose le fait de rester ‘dans’ la société séculière sans en faire partie.” Cela est vrai sur la terre entière et dans de nombreux paysages politiques. Même lorsque les Témoins sont l’objet de pressions intenses visant à leur faire abandonner leur neutralité, ils restent avant tout fidèles au Royaume de Dieu.
L’historien Brian Dunn écrit: “Il était impossible aux Témoins de Jéhovah de composer avec le nazisme. (...) Ce que les nazis reprochaient le plus aux Témoins, c’était l’attitude qu’ils adoptaient envers l’État et leur neutralité politique. (...) Cela signifiait qu’aucun croyant ne pouvait porter les armes, voter, occuper une fonction politique, participer aux fêtes publiques ou faire un signe d’allégeance.” — La réaction des Églises face à l’Holocauste (1986, angl.).
Les Témoins ne se sont toujours pas départis de leur neutralité. On en trouve confirmation dans le quinzième tome de l’Encyclopédie moderne de l’histoire russe et soviétique (angl.): “Hitler exécrait les Jéhovistes et incarcéra environ 10 000 d’entre eux (...). Les Témoins, qui avaient une volonté irréductible, supportèrent mieux les conditions propres aux camps de concentration allemands que la plupart des autres prisonniers (...). Le gouvernement soviétique n’a jamais accordé la reconnaissance légale aux Témoins de Jéhovah, car il voit dans le mouvement, plus encore que dans les autres confessions religieuses, une idéologie qui sape à la base la fidélité à l’État de ceux qui l’embrassent. (...) Les Témoins ne prennent aucune part aux élections; ils refusent de servir dans l’armée; ils limitent le plus possible leurs relations avec les médias officiels.”
Le livre La religion chrétienne et l’Union soviétique (1978, angl.) confirme ces faits. On y lit: “Les Témoins soviétiques résistent aux pressions visant à les obliger à prendre part au service militaire, aux votes et à toutes les autres activités politiques” auxquelles les citoyens sont tenus de participer.
Il est donc possible d’imiter la neutralité que Jésus a manifestée envers les activités politiques et militaires des autorités romaines et juives. Ceux qui agissent ainsi de nos jours seront protégés quand Dieu exécutera son jugement contre les religions qui s’immiscent dans la politique.
[Encadré, page 10]
“Il est temps de ne plus parler de politique du haut de la chaire, et de religion du haut de la tribune. Les ecclésiastiques ont tout à fait le droit d’avoir une opinion sur les questions profanes. [Mais] ils abusent de leur position quand ils la défendent en chaire.” — Déclaration faite en juin 1985 par le sous-secrétaire d’État américain Langhorne Motley.
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