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Jéhovah est raisonnable!La Tour de Garde 1994 | 1er août
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Jéhovah est raisonnable!
“La sagesse d’en haut est (...) raisonnable.” — JACQUES 3:17.
1. Par quelle description certains ont-ils présenté Dieu comme inflexible, et que pensez-vous de cette conception de Dieu?
QUEL genre de Dieu adorez-vous? Voyez-vous en lui un Dieu d’une justice inflexible et stricte, un Dieu au tempérament austère et rigide? C’est sans doute de la sorte que le réformateur protestant Jean Calvin concevait Dieu. Calvin prétendait que Dieu a un “conseil éternel et immuable” concernant chaque être humain, qu’il prédétermine pour chacun s’il vivra à jamais heureux ou s’il sera tourmenté éternellement dans un enfer de feu. Imaginez un instant: si cela était vrai, rien de ce que vous pourriez faire, quelle que soit la peine que vous vous donneriez, ne pourrait modifier le plan invariable et rigide établi par Dieu quant à votre personne et à votre avenir. Vous sentiriez-vous attiré par un Dieu aussi inflexible? — Voir Jacques 4:8.
2, 3. a) Par quelles comparaisons pourrait-on évoquer l’attitude inflexible des institutions et organisations humaines? b) Comment la vision du char céleste de Jéhovah en Ézéchiel révèle-t-elle qu’il sait s’adapter?
2 Combien nous sommes soulagés de savoir que le Dieu de la Bible est éminemment raisonnable! Ce n’est pas Dieu, mais les hommes, qui ont tendance à être rigides et inflexibles, entravés par leurs défauts. Les organisations humaines peuvent être aussi peu maniables que des trains de marchandises. Quand un convoi lourd rencontre un obstacle sur la voie, il est hors de question qu’il dévie sa course; quant à l’arrêter, ce n’est guère plus facile. Certains trains ont une telle inertie qu’au freinage il leur faut plus d’un kilomètre pour s’immobiliser. Pareillement, un superpétrolier peut continuer d’avancer sur huit kilomètres une fois que les moteurs sont arrêtés. Même si les moteurs sont inversés, il peut encore poursuivre sa course sur trois kilomètres! Mais parlons à présent d’un véhicule bien plus impressionnant que les deux précédents, un véhicule qui représente l’organisation de Jéhovah.
3 Il y a plus de 2 600 ans, Jéhovah a donné au prophète Ézéchiel une vision qui évoquait Son organisation céleste composée de créatures spirituelles. Il s’agissait d’un char étonnamment grand, le “véhicule” de Jéhovah lui-même, véhicule qu’il dirige constamment. La façon dont cet engin se déplaçait était des plus intéressantes. Les roues géantes présentaient quatre côtés et étaient pleines d’yeux; elles pouvaient donc voir partout et changer de direction instantanément, sans qu’il y ait à s’arrêter ou à braquer. Ce véhicule gigantesque ne se traînait pas comme un superpétrolier ou un lourd convoi de marchandises. Il pouvait se déplacer à la vitesse de l’éclair, changeant même de trajectoire à angle droit (Ézéchiel 1:1, 14-28)! Jéhovah est aussi différent du Dieu que prêchait Calvin que l’est Son char de certaines machines de fabrication humaine, difficiles à manœuvrer. Il sait s’adapter à la perfection. Conscients de cette facette de la personnalité de Jéhovah, nous veillerons certainement à rester souples et à éviter le piège des attitudes inflexibles.
Jéhovah: le personnage le plus souple de l’univers
4. a) En quoi le nom même de Jéhovah révèle-t-il un Dieu qui sait s’adapter? b) Citez quelques-uns des titres donnés à Jéhovah Dieu; pourquoi peut-on dire que ces titres sont appropriés?
4 Le nom même de Jéhovah sous-entend qu’il sait s’adapter. “Jéhovah” signifie littéralement “Il fait devenir”. Cela veut dire manifestement que Jéhovah se fait devenir Celui qui réalise toutes ses promesses. Quand Moïse lui a demandé son nom, Jéhovah a donné des détails sur la signification de celui-ci en ces termes: “Je me révélerai être ce que je me révélerai être.” (Exode 3:14). La traduction de Rotherham emploie une tournure plus explicite: “Je deviendrai ce qu’il me plaira.” Jéhovah se révèle être, ou choisit de devenir, tout ce que peut exiger l’accomplissement de ses justes desseins et promesses. C’est ainsi qu’il porte un impressionnant éventail de titres, tels que Créateur, Père, Souverain Seigneur, Berger, Jéhovah des armées, Celui qui entend la prière, Juge, grand Instructeur, Racheteur. Il s’est fait devenir tout cela et plus encore, afin de mener à bien ses desseins bienveillants. — Ésaïe 8:13; 30:20; 40:28; 41:14; Psaumes 23:1; 65:2; 73:28; 89:26; Juges 11:27; voir aussi Traduction du monde nouveau (édition anglaise), Appendice 1J.
5. S’il est vrai que Jéhovah sait s’adapter, pourquoi ne devrions-nous pas en déduire que sa nature ou ses principes changent?
5 Cependant, cela veut-il dire que sa nature ou ses principes changent? Non; comme l’explique Jacques 1:17, “chez [lui] il n’y a pas la variation du mouvement de rotation de l’ombre”. Y a-t-il là une contradiction? Pas du tout. Pour prendre un exemple, des parents qui aiment leurs enfants ne jouent-ils pas plusieurs rôles à la fois, pour leur bien? Au cours d’une même journée, le père ou la mère se transformera tour à tour en conseiller, en cuisinière, en ménagère, en institutrice, en censeur, en ami, en mécanicien, en infirmière... et la liste est longue. La personnalité des parents ne change pas selon qu’ils assument un rôle ou un autre; le père ou la mère s’adapte simplement aux besoins du moment. Il en va de même avec Jéhovah, mais sur une bien plus grande échelle. Il peut se faire devenir ce que bon lui semble pour le bien de ses créatures, sans aucune limite. La profondeur de sa sagesse est vraiment impressionnante! — Romains 11:33.
“Raisonnable”: une caractéristique de la sagesse divine
6. Quels sont le sens littéral et les connotations du mot grec que Jacques emploie pour décrire la sagesse divine?
6 Le disciple Jacques s’est servi d’un mot intéressant pour décrire la sagesse de ce Dieu qui fait preuve d’une souplesse extraordinaire. Il a écrit: “La sagesse d’en haut est (...) raisonnable.” (Jacques 3:17). Le mot grec employé ici (épiéïkês) est difficile à traduire. Des traducteurs se sont servis de mots comme “mesurée”, “indulgente”, “accommodante” et “prévenante”. La Traduction du monde nouveau le rend par “raisonnable”, et une note de l’édition anglaise indique que le sens littéral est “conciliantea”. Ce mot évoque également l’idée de ne pas insister sur la lettre de la loi, de ne pas être excessivement strict ou sévère. Le bibliste William Barclay fait ce commentaire dans son ouvrage Mots du Nouveau Testament (angl.): “L’idée élémentaire et fondamentale concernant épiéïkêïa est qu’elle remonte à Dieu. Si Dieu insistait sur ses droits, si Dieu ne nous appliquait que les normes inflexibles de la loi, que serions-nous devenus? Dieu est l’exemple suprême d’une personne qui est épiéïkês et qui traite les autres avec épiéïkêïa.”
7. En quoi Jéhovah a-t-il démontré sa nature raisonnable au jardin d’Éden?
7 Considérons ce qui s’est passé lorsque les humains se sont rebellés contre la souveraineté de Jéhovah. Il aurait été très facile à Dieu d’exécuter les trois rebelles ingrats, Adam, Ève et Satan. Que de peines il se serait épargné! Et qui aurait pu prétendre qu’il n’avait pas le droit d’appliquer une telle justice stricte? Néanmoins, l’organisation de Jéhovah, comparée à un char céleste, n’est pas figée dans des normes de justice inflexibles, sans souplesse. Par conséquent, ce char n’a pas roulé inexorablement sur la famille humaine et sur toute perspective d’avenir heureux. Au contraire, Jéhovah Dieu a manœuvré son char avec la rapidité de l’éclair. Immédiatement après la rébellion, il a exposé un dessein à long terme qui traduisait la miséricorde et offrait une espérance à tous les descendants d’Adam. — Genèse 3:15.
8. a) Quel contraste y a-t-il entre la manière dont la chrétienté prétend se montrer raisonnable et l’attitude de Jéhovah? b) Pourquoi peut-on dire que Jéhovah se montre raisonnable, mais ne transige pas pour autant avec ses principes?
8 La souplesse de Jéhovah ne signifie pas pour autant qu’il peut transiger avec ses principes. Aujourd’hui, les Églises de la chrétienté pensent peut-être qu’elles se montrent raisonnables quand, pour gagner la faveur de leurs fidèles au comportement dévoyé, elles ferment les yeux sur l’immoralité sexuelle (voir 2 Timothée 4:3). Jéhovah n’enfreint jamais ses lois, ni ne transige avec ses principes. Bien plutôt, il est disposé à se montrer conciliant, à s’adapter aux circonstances, afin que ces principes puissent être appliqués avec justice et miséricorde. Il est toujours soucieux d’équilibrer l’exercice de sa justice et de sa puissance par son amour et sa sagesse raisonnable. Examinons trois façons dont Jéhovah se montre raisonnable.
“Prêt à pardonner”
9, 10. a) Quel rapport y a-t-il entre être “prêt à pardonner” et se montrer raisonnable? b) En quoi David a-t-il bénéficié de la disposition de Jéhovah à pardonner, et pourquoi?
9 David a écrit: “Car toi, ô Jéhovah, tu es bon et prêt à pardonner; et abondante est la bonté de cœur envers tous ceux qui t’invoquent.” (Psaume 86:5). Lorsque les Écritures hébraïques ont été traduites en grec, le mot hébreu pour “prêt à pardonner” a été rendu par épiéïkês, ou “raisonnable”. En fait, être prêt à pardonner et à faire preuve de miséricorde est peut-être la façon essentielle de se montrer raisonnable.
10 David lui-même savait bien à quel point Jéhovah est raisonnable dans ce domaine. Lorsqu’il a commis l’adultère avec Bath-Schéba et s’est arrangé pour que son mari soit tué, autant lui que Bath-Schéba méritaient la mort (Deutéronome 22:22; 2 Samuel 11:2-27). Si des juges humains inflexibles avaient traité l’affaire, les deux auraient très bien pu y laisser leur vie. Mais Jéhovah s’est montré raisonnable (épiéïkês), ce qui, comme l’explique W. Vine dans son Dictionnaire interprétatif des mots bibliques (angl.), “exprime cette considération qui regarde ‘avec humanité et juste mesure les faits concernant une affaire’”. Parmi les faits qui ont joué sur la décision miséricordieuse de Jéhovah figuraient sans doute le repentir sincère des coupables et la miséricorde que David avait lui-même manifestée auparavant à l’égard d’autres humains (1 Samuel 24:4-6; 25:32-35; 26:7-11; Matthieu 5:7; Jacques 2:13). Toutefois, conformément à la description que fait Jéhovah de lui-même en Exode 34:4-7, il était raisonnable qu’il inflige un châtiment à David. Il lui a envoyé le prophète Nathan, porteur d’un message sévère, pour que David comprenne bien qu’il avait méprisé la parole de Jéhovah. David s’est repenti, et c’est pourquoi il n’est pas mort pour son péché. — 2 Samuel 12:1-14.
11. Comment Jéhovah s’est-il montré prêt à pardonner dans le cas de Manassé?
11 Le cas de Manassé, roi de Juda, est encore plus remarquable sous ce rapport, car Manassé, contrairement à David, a été longtemps foncièrement méchant. Manassé a rendu populaires dans le pays des pratiques religieuses répugnantes, dont les sacrifices humains. Il n’est pas impossible qu’il ait été responsable de la mort du fidèle prophète Ésaïe, qui fut ‘scié’. (Hébreux 11:37.) Pour punir Manassé, Jéhovah a permis qu’il soit emmené en captivité à Babylone. Cependant, en prison, Manassé s’est repenti et a imploré sa miséricorde. Parce qu’il était sincèrement repentant, Jéhovah s’est montré “prêt à pardonner” — même dans ce cas extrême. — 2 Chroniques 33:9-13.
Il adapte son action aux circonstances nouvelles
12, 13. a) Dans le cas de Ninive, quel changement de circonstances a amené Jéhovah à remettre en question ce qu’il envisageait de faire? b) Pourquoi peut-on dire que Jonas s’est montré moins raisonnable que Jéhovah Dieu?
12 Jéhovah se montre également raisonnable en ce qu’il est disposé à remettre en question, en fonction de circonstances nouvelles, ce qu’il envisageait de faire. Pour citer un exemple, le message divinement inspiré que proclamait Jonas dans les rues de la ville antique de Ninive était assez simple: cette ville puissante allait être détruite dans 40 jours. Toutefois, les circonstances ont changé de manière spectaculaire: les Ninivites se sont repentis. — Jonas, chapitre 3.
13 Le contraste que présentent les réactions respectives de Jéhovah et de Jonas face à la tournure des événements est riche d’enseignements. En fait, Jéhovah a modifié la trajectoire de son char céleste. En cette occasion, il s’est adapté, se faisant devenir un personnage qui pardonne les péchés, plutôt qu’un “vaillant guerrier”. (Exode 15:3.) Jonas, en revanche, s’est montré moins souple. Au lieu de suivre le rythme du char de Jéhovah, il s’est comporté plus à la manière du train de marchandises, ou du superpétrolier que nous évoquions plus haut. Il avait annoncé une destruction, il y aurait donc une destruction! Peut-être a-t-il estimé qu’il perdrait la face devant les Ninivites si les choses se déroulaient autrement. Néanmoins, avec patience, Jéhovah a donné à ce prophète obstiné une mémorable leçon quant à l’attitude raisonnable et à la miséricorde. — Jonas, chapitre 4.
14. Pourquoi Jéhovah a-t-il reconsidéré son action à l’égard de son prophète Ézéchiel?
14 Jéhovah a reconsidéré son action en d’autres occasions, parfois même pour des questions secondaires. Par exemple, un jour, Jéhovah a chargé le prophète Ézéchiel de jouer un drame prophétique. Dans ses instructions, il précisait qu’Ézéchiel devait faire cuire sa nourriture sur un feu alimenté par des excréments humains. C’en était plus que le prophète ne pouvait supporter; il cria: “Hélas! ô Souverain Seigneur Jéhovah!” et implora Dieu de lui épargner cette chose fort répugnante pour lui. Jéhovah n’est pas resté indifférent aux sentiments du prophète, comme s’ils étaient absurdes; au contraire, il a permis à Ézéchiel d’utiliser du fumier de bovins, combustible employé communément dans de nombreux pays aujourd’hui encore. — Ézéchiel 4:12-15.
15. a) Quels exemples montrent que Jéhovah a été disposé à écouter des êtres humains et à accéder à leurs requêtes? b) Quelle leçon pourrions-nous en tirer?
15 L’humilité de notre Dieu Jéhovah n’est-elle pas touchante (Psaume 18:35)? Il nous est de loin supérieur; pourtant, il écoute patiemment des humains imparfaits et va parfois jusqu’à modifier son action en conséquence. Il a permis à Abraham de le supplier longuement à propos de la destruction de Sodome et de Gomorrhe (Genèse 18:23-33). De même, il a laissé Moïse émettre des réserves sur son intention de retrancher les Israélites rebelles et de susciter à la place une grande nation descendant de Moïse (Exode 32:7-14; Deutéronome 9:14, 19; voir aussi Amos 7:1-6). Il a ainsi donné un exemple parfait à ses serviteurs humains, qui devraient se montrer tout aussi disposés à écouter les autres quand il est raisonnable et possible de le faire. — Voir Jacques 1:19.
Raisonnable dans l’exercice de son autorité
16. Qu’est-ce qui différencie Jéhovah de nombreux humains dans la manière d’exercer l’autorité?
16 N’avez-vous jamais remarqué que certaines personnes ont tendance à se montrer moins raisonnables à partir du moment où elles acquièrent plus d’autorité? Par contraste, Jéhovah, qui détient la position d’autorité la plus élevée dans l’univers, n’en est pas moins le modèle ultime pour ce qui est de se montrer raisonnable. Il exerce toujours son autorité en se montrant raisonnable. À la différence de bien des humains, Jéhovah ne s’inquiète pas pour son autorité; il ne se sent donc pas poussé à la préserver jalousement, comme si toute autorité déléguée à autrui menaçait la sienne. En fait, au temps où il n’existait dans l’univers qu’un seul être en sa compagnie, Jéhovah lui a conféré une autorité étendue. Il a fait du Logos son “habile ouvrière”, amenant dès lors à l’existence toutes choses par l’entremise de son Fils bien-aimé (Proverbes 8:22, 29-31; Jean 1:1-3, 14; Colossiens 1:15-17). Il lui a plus tard donné “tout pouvoir (...) dans le ciel et sur la terre”. — Matthieu 28:18; Jean 5:22.
17, 18. a) Pourquoi Jéhovah a-t-il envoyé des anges à Sodome et à Gomorrhe? b) Pourquoi Jéhovah a-t-il demandé à ses anges des suggestions sur la manière de duper Achab?
17 Pareillement, Jéhovah confie à nombre de ses créatures des tâches dont il pourrait s’acquitter lui-même, et mieux. Par exemple, quand il a déclaré à Abraham: “Je suis bien résolu à descendre [à Sodome et à Gomorrhe] pour voir s’ils agissent en tout suivant la clameur à ce sujet, qui est venue jusqu’à moi”, il ne voulait pas dire qu’il s’y rendrait en personne. Non, mais il a choisi de déléguer une partie de son autorité, envoyant des anges se renseigner pour lui. Il leur a donné autorité pour mener à bien cette mission, pour collecter des renseignements et revenir lui en rendre compte. — Genèse 18:1-3, 20-22.
18 En une autre occasion, alors que Jéhovah avait décidé d’exécuter la sentence prononcée contre le méchant roi Achab, Il a invité les anges à une assemblée céleste et leur a demandé des suggestions sur la manière de ‘duper’ ce roi apostat, pour qu’il prenne part à la bataille où il perdrait la vie. Jéhovah, la Source de toute sagesse, n’avait certainement pas besoin d’aide pour suggérer la meilleure manière d’agir! Pourtant, il a assigné de l’honneur aux anges, en leur accordant le privilège de proposer des solutions et en déléguant une certaine autorité à celui qu’il a chargé d’agir. — 1 Rois 22:19-22.
19. a) Pourquoi Jéhovah limite-t-il le nombre de lois qu’il émet? b) En quoi Jéhovah se montre-t-il raisonnable quant à ce qu’il attend de nous?
19 Jéhovah ne recourt pas à son autorité pour régenter ses créatures au delà du raisonnable. Dans ce domaine aussi, il se montre incomparablement raisonnable. Il limite soigneusement le nombre de lois qu’il émet et interdit à ses serviteurs d’‘aller au delà de ce qui est écrit’ en y ajoutant des lois pesantes de leur cru (1 Corinthiens 4:6; Actes 15:28; mettre en contraste Matthieu 23:4). Il n’exige jamais l’obéissance aveugle de ses créatures, mais il leur fournit généralement assez de renseignements pour les guider, et les place devant des choix, leur exposant les bienfaits de l’obéissance et les conséquences de la désobéissance (Deutéronome 30:19, 20). Plutôt que de forcer la main aux humains en éveillant un sentiment de culpabilité, la honte ou la peur, il s’efforce de toucher les cœurs; il veut qu’on le serve par amour sincère et non par contrainte (2 Corinthiens 9:7). Jéhovah n’est donc pas déraisonnablement ‘difficile’, car son cœur se réjouit du service qu’accomplit quelqu’un de toute son âme. — 1 Pierre 2:18; Proverbes 27:11; voir aussi Michée 6:8.
20. À quoi la nature raisonnable de Jéhovah nous incite-t-elle?
20 N’est-il pas remarquable que Jéhovah Dieu, plus puissant que n’importe qui dans la création, n’exerce jamais son autorité de manière déraisonnable, n’y recourt jamais pour contraindre ses créatures? Pour leur part, les hommes, pourtant insignifiants en comparaison, ont tout au long de l’Histoire dominé leurs semblables (Ecclésiaste 8:9). Manifestement, Jéhovah possède une qualité précieuse en ce qu’il se montre raisonnable, et cette qualité nous pousse à l’aimer d’autant plus. En retour, cela peut nous inciter à cultiver nous-mêmes cette qualité. Comment nous est-il possible de le faire? C’est ce que nous allons considérer dans l’article suivant.
[Note]
a En 1769, le lexicographe John Parkhurst définissait le mot par “conciliant, de disposition conciliante, mesuré, doux, patient”. D’autres exégètes encore ont proposé la définition “conciliant”.
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Montrons-nous raisonnablesLa Tour de Garde 1994 | 1er août
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Montrons-nous raisonnables
“Que votre comportement de personnes raisonnables soit connu de tous les hommes! Le Seigneur est proche.” — PHILIPPIENS 4:5.
1. Pourquoi est-il si difficile de se montrer raisonnable dans le monde d’aujourd’hui?
“L’HOMME raisonnable”: pour le journaliste anglais Sir Alan Herbert, il s’agit d’un personnage de légende. On en conviendra, il semble parfois que les gens raisonnables aient disparu de ce monde déchiré par les conflits. La Bible avait annoncé que dans les “derniers jours”, époque décisive, les hommes seraient “cruels”, “entêtés” et “intraitables”, en d’autres termes ils seraient tout sauf raisonnables (2 Timothée 3:1-5). Il n’empêche que les vrais chrétiens tiennent en haute estime le comportement raisonnable, sachant que c’est une caractéristique de la sagesse divine (Jacques 3:17). Nous ne pensons pas qu’il soit impossible de se montrer raisonnable dans un monde déraisonnable. Au contraire, nous tenons, quelle que soit la difficulté, à suivre le conseil divinement inspiré que l’apôtre Paul a consigné en Philippiens 4:5: “Que votre comportement de personnes raisonnables soit connu de tous les hommes!”
2. Comment les paroles de Paul en Philippiens 4:5 nous aident-elles à déterminer si nous sommes raisonnables?
2 Notez que les paroles de Paul nous indiquent comment discerner si nous nous montrons ou non raisonnables. La question n’est pas de savoir quelle opinion nous nous faisons de nous-mêmes; il s’agit de savoir comment les autres nous voient, comment nous sommes perçus par les autres. La traduction de Phillips rend ainsi ce verset: “Ayez une réputation de personne raisonnable.” Chacun de nous pourrait se demander: ‘Comment suis-je perçu? Ai-je la réputation d’être raisonnable, conciliant et mesuré, ou bien suis-je connu comme étant inflexible, dur ou entêté?’
3. a) Que signifie le mot grec traduit par “raisonnable”, et pourquoi cette qualité est-elle attirante? b) Comment un chrétien peut-il apprendre à se montrer plus raisonnable?
3 Notre réputation dans ce domaine sera tout bonnement un indice de la mesure dans laquelle nous imitons Jésus Christ (1 Corinthiens 11:1). Lorsqu’il était sur la terre, Jésus a réfléchi à la perfection l’exemple suprême de son Père pour ce qui est de se montrer raisonnable (Jean 14:9). D’ailleurs, quand Paul parle de ‘la douceur et de la bonté du Christ’, le mot grec pour bonté (épiéïkias) signifie également “nature raisonnable” ou, littéralement, “aptitude à céder”. (2 Corinthiens 10:1.) Le Commentaire interprétatif de la Bible (angl.) l’appelle “un des mots forts de la description du caractère dans le N[ouveau] T[estament]”. Il évoque une qualité si attirante qu’un helléniste l’a rendu par “douce nature raisonnable”. Il est donc approprié d’examiner trois façons dont Jésus, à l’instar de Jéhovah, son Père, s’est montré raisonnable. Nous apprendrons peut-être comment nous montrer à notre tour davantage raisonnables. — 1 Pierre 2:21.
“Prêt à pardonner”
4. De quelle façon Jésus s’est-il montré “prêt à pardonner”?
4 À l’image de son Père, Jésus s’est montré raisonnable en étant “prêt à pardonner” encore et toujours (Psaume 86:5). Considérons le cas de Pierre, un proche compagnon de Jésus, qui l’a renié à trois reprises la nuit de son arrestation et de son procès. Précédemment, Jésus avait lui-même déclaré: “Celui qui me renie devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père.” (Matthieu 10:33). Jésus a-t-il appliqué cette règle à Pierre de manière inflexible et impitoyable? Non; après sa résurrection, Jésus a rendu visite à Pierre en particulier, sans doute pour réconforter et rassurer cet apôtre repentant et effondré (Luc 24:34; 1 Corinthiens 15:5). Peu après, Jésus a permis à Pierre d’assumer une grande responsabilité (Actes 2:1-41). Voilà bien une magnifique démonstration de douce nature raisonnable! N’est-il pas réconfortant de savoir que Jéhovah a nommé Jésus Juge de toute l’humanité? — Ésaïe 11:1-4; Jean 5:22.
5. a) Quelle devrait être la réputation des anciens auprès des brebis? b) Quels articles les anciens pourraient-ils relire avant de traiter une affaire judiciaire, et pourquoi?
5 Lorsque des anciens doivent agir en juges dans la congrégation, ils s’efforcent de suivre l’exemple de Jésus en se montrant raisonnables. Ils ne désirent pas que les brebis les craignent, comme s’ils n’étaient là que pour punir. Bien plutôt, ils s’efforcent d’imiter Jésus, afin que les brebis se sentent en sécurité en présence de bergers bienveillants. Dans les affaires judiciaires, ils font tous leurs efforts pour être raisonnables, prêts à pardonner. Avant de traiter de telles questions, certains estiment utile de relire les articles “Jéhovah, le Juge impartial de toute la terre” et “Anciens, jugez avec justice”, parus dans La Tour de Garde du 1er juillet 1992. Cela leur permet d’avoir présente à l’esprit la façon dont Jéhovah juge, laquelle se résume par ces mots: “Fermeté, quand c’est nécessaire; miséricorde, quand c’est possible.” Ce n’est pas commettre une faute que de pencher pour la miséricorde dans le jugement, si l’on est raisonnablement fondé à agir ainsi (Matthieu 12:7). En revanche, c’est une faute que d’être dur et impitoyable (Ézéchiel 34:4). Les anciens évitent donc de faire une faute en s’efforçant activement d’adopter l’attitude la plus bienveillante, la plus miséricordieuse possible, dans les limites du respect de la justice. — Voir Matthieu 23:23; Jacques 2:13.
Souple face à des circonstances nouvelles
6. Pourquoi peut-on dire que Jésus s’est montré raisonnable quand il a eu affaire à la femme gentile dont la fille était démonisée?
6 À l’imitation de Jéhovah, Jésus s’est montré prompt à reconsidérer son action ou à s’adapter à des circonstances nouvelles. En une certaine occasion, une femme gentile l’a supplié de guérir sa fille fort démonisée. Tout d’abord, Jésus lui a laissé entendre de trois manières différentes qu’il n’allait pas l’aider: en premier lieu, il ne lui a pas répondu; ensuite, il lui a dit expressément qu’il était envoyé, non pas vers les Gentils, mais vers les Juifs; enfin, il a énoncé une illustration qui faisait ressortir avec bonté la même idée. Malgré tout, la femme a persisté dans sa demande, manifestant une foi hors du commun. Compte tenu des circonstances exceptionnelles, Jésus a estimé que ce n’était pas le moment d’imposer une règle d’application générale; dans ce cas précis, il fallait se montrer souple en accord avec des principes supérieursa. En conséquence, Jésus a fait exactement ce qu’à trois reprises il avait dit ne pas vouloir faire: il a guéri la fille de cette femme! — Matthieu 15:21-28.
7. Dans quels domaines les parents peuvent-ils se montrer raisonnables, et pourquoi?
7 Sommes-nous de même connus pour notre disposition à faire preuve de souplesse quand cela est approprié? Les parents ont souvent à se montrer raisonnables de cette façon. Parce que chaque enfant est unique, il est possible que des méthodes efficaces avec l’un ne le soient pas du tout avec un autre. De plus, à mesure que les enfants grandissent, leurs besoins changent. Devriez-vous revoir l’heure à laquelle vous leur demandez de rentrer le soir? Votre étude en famille profiterait-elle d’une méthode plus vivante? Si le père, ou la mère, réagit trop vivement à une désobéissance minime, est-il prêt à faire preuve d’humilité et à arranger les choses? Les parents qui sont conciliants de ces manières-là évitent d’irriter inutilement leurs enfants et de les éloigner de Jéhovah. — Éphésiens 6:4.
8. Comment les anciens de la congrégation peuvent-ils prendre l’initiative pour ce qui est de s’adapter aux besoins du territoire?
8 Les anciens, eux aussi, doivent s’adapter aux circonstances nouvelles, sans pour autant transiger sur des lois précises de Dieu. Dans votre coordination de l’activité de prédication, êtes-vous à l’affût de l’évolution du territoire? Il est possible que le mode de vie des gens change et qu’il faille mettre l’accent sur le témoignage en soirée, dans la rue, ou par téléphone. En nous adaptant de la sorte, nous nous acquitterons plus efficacement de notre mission de prédicateurs (Matthieu 28:19, 20; 1 Corinthiens 9:26). Dans son ministère, Paul s’attachait également à s’adapter à toutes sortes de personnes. En faisons-nous autant, par exemple en nous renseignant suffisamment sur les religions ou les cultures qui prédominent dans notre territoire pour être en mesure d’aider les gens? — 1 Corinthiens 9:19-23.
9. Pourquoi un ancien ne devrait-il pas s’entêter à résoudre les problèmes selon de vieilles habitudes?
9 Les derniers jours deviennent de plus en plus difficiles, et les bergers seront peut-être amenés aussi à s’adapter à la nature affreusement complexe ou pénible de certaines difficultés que rencontrent les brebis (2 Timothée 3:1). Anciens, ce n’est pas le moment de vous montrer inflexibles! Un ancien ne voudra certainement pas s’entêter à résoudre un problème selon de vieilles habitudes si ses méthodes sont devenues inefficaces ou si “l’esclave fidèle et avisé” a jugé bon de publier de nouvelles recommandations sur la question (Matthieu 24:45; voir aussi Ecclésiaste 7:10; 1 Corinthiens 7:31). Un ancien dévoué a voulu en toute sincérité aider une chrétienne dépressive qui avait grand besoin d’une oreille attentive. Toutefois, il avait un point de vue assez tranché sur la dépression et il lui a proposé des solutions simplistes. Puis la Société Watch Tower a publié des explications, étayées par la Bible, qui traitaient directement le problème de cette chrétienne. L’ancien a tenu à discuter de nouveau avec elle, en s’aidant cette fois des idées nouvelles qu’il avait lues et en compatissant à sa douleur (Voir 1 Thessaloniciens 5:14, 15). Cet ancien s’est montré très raisonnable; quel bel exemple!
10. a) Comment les anciens montrent-ils qu’ils ont une attitude conciliante les uns envers les autres, ou envers le collège des anciens dans son ensemble? b) Comment le collège des anciens devrait-il considérer quelqu’un qui se comporte de façon déraisonnable?
10 Il est nécessaire aussi que les anciens aient une attitude conciliante les uns envers les autres. Lorsqu’un collège d’anciens se réunit, il est important que personne ne domine les discussions (Luc 9:48). Celui qui préside la réunion doit particulièrement être vigilant sous ce rapport. Et si un ou deux anciens ne sont pas d’accord avec une décision que retient l’ensemble du collège, ils n’insisteront pas pour obtenir gain de cause. Bien plutôt, tant que des principes bibliques ne sont pas violés, ils se montreront conciliants, se souvenant qu’un ancien doit avoir un comportement de personne raisonnable (1 Timothée 3:2, 3). Par ailleurs, le collège des anciens devrait se souvenir que Paul a blâmé la congrégation de Corinthe parce qu’elle ‘supportait volontiers les gens déraisonnables’ qui s’érigeaient en “super-apôtres”. (2 Corinthiens 11:5, 19, 20.) Les anciens devraient donc conseiller volontiers l’un des leurs qui se comporterait de façon obstinée ou déraisonnable, tout en veillant pour leur part à agir avec douceur et bonté. — Galates 6:1.
Raisonnable dans l’exercice de l’autorité
11. Quel contraste existait-il entre la manière dont l’autorité était exercée par les chefs religieux juifs et par Jésus?
11 Quand Jésus était sur la terre, sa nature raisonnable transparaissait vraiment dans la manière dont il usait de l’autorité que lui avait confiée son Père. Quel contraste avec les chefs religieux de son époque! Prenons un exemple. La loi de Dieu ordonnait de ne pas travailler, de ne pas même ramasser de bois, le jour du sabbat (Exode 20:10; Nombres 15:32-36). Les chefs religieux voulaient réglementer l’application de cette loi. Ils ont donc pris l’initiative de déterminer exactement ce que l’on était autorisé à soulever un jour de sabbat. Ils décrétèrent: rien qui soit plus lourd que deux figues séchées. Ils firent même interdire le port de sandales cloutées, sous prétexte que soulever le poids supplémentaire des clous revenait à travailler! Il est dit qu’en tout les rabbins ajoutèrent 39 règles à la loi divine sur le sabbat, puis les augmentèrent d’interminables additions. Jésus, en revanche, ne cherchait pas à mener les gens par un sentiment de culpabilité en édictant d’innombrables restrictions ou en définissant des critères rigides, inaccessibles. — Matthieu 23:2-4; Jean 7:47-49.
12. Pourquoi peut-on dire que Jésus n’hésitait pas quand les justes critères de Jéhovah étaient en cause?
12 Faut-il en conclure que Jésus ne soutenait pas fermement les critères divins de justice? Loin de là! Il comprenait que les lois sont plus efficaces quand les humains prennent à cœur les principes qui en sont le fondement. Alors que les Pharisiens s’attachaient à dominer les gens au moyen d’une infinité de règles, Jésus cherchait à toucher les cœurs. Par exemple, il savait parfaitement qu’il n’y avait pas à céder sur des lois divines comme “fuyez la fornication”. (1 Corinthiens 6:18.) C’est pourquoi il a mis en garde ses auditeurs contre les pensées qui pourraient mener à l’immoralité (Matthieu 5:28). Un tel enseignement demande bien plus de sagesse et de discernement que la simple formulation de règles rigides et sentencieuses.
13. a) Pourquoi les anciens devraient-ils éviter d’édicter des lois et des règles inflexibles? b) Citez des domaines dans lesquels il est important de respecter la conscience d’autrui.
13 De nos jours, les chrétiens qui ont des responsabilités dans la congrégation s’attachent tout autant à toucher les cœurs. En conséquence, ils évitent d’édicter des règles arbitraires et inflexibles, ou d’ériger en lois des opinions ou des points de vue personnels (voir Daniel 6:7-16). De temps à autre, il est approprié d’énoncer avec bonté quelques rappels à propos de la tenue vestimentaire et de la coiffure, mais un ancien risque de nuire à sa réputation d’homme raisonnable s’il revient constamment sur ces questions ou s’il essaie d’imposer ce qui est avant tout le reflet de ses goûts personnels. Assurément, dans la congrégation, personne ne devrait chercher à régenter les autres. — Voir 2 Corinthiens 1:24; Philippiens 2:12.
14. Comment Jésus a-t-il montré qu’il était raisonnable dans ce qu’il attendait des autres?
14 Les anciens voudront peut-être s’examiner dans un autre domaine: “Est-ce que je me montre raisonnable dans ce que j’attends des autres?” Sans conteste, Jésus avait cette attitude. Il a toujours montré à ses disciples qu’il ne leur demandait pas plus que les efforts qu’ils consentaient de toute leur âme, et qu’il appréciait grandement ces efforts. Il a loué la pauvre veuve qui avait donné des pièces de faible valeur (Marc 12:42, 43). Il a repris ses disciples qui critiquaient Marie pour son offrande coûteuse, disant: “Laissez-la. (...) Elle a fait ce qu’elle a pu.” (Marc 14:6, 8). Il s’est montré raisonnable même quand ses disciples ont trahi ses attentes. Par exemple, alors qu’il avait enjoint à ses trois apôtres les plus proches de rester éveillés avec lui et d’être aux aguets la nuit de son arrestation, il a été déçu de les voir s’endormir à plusieurs reprises. Pourtant, dans sa compassion, il a fait cette remarque: “L’esprit, certes, est ardent, mais la chair est faible.” — Marc 14:34-38.
15, 16. a) Pourquoi les anciens devraient-ils veiller à ne pas contraindre les brebis ou à ne pas leur forcer la main? b) Comment une sœur dévouée a-t-elle compris qu’elle devait être moins exigeante vis-à-vis d’autrui?
15 Jésus, il est vrai, a exhorté ses disciples à ‘lutter avec énergie’. (Luc 13:24.) Mais il ne les y a jamais contraints! Il les y encourageait, leur donnait l’exemple, prenait l’initiative et s’efforçait de parler aux cœurs. Pour le reste, il s’en remettait à la puissance de l’esprit de Jéhovah. Aujourd’hui, les anciens devraient de même encourager les brebis à servir Jéhovah de tout cœur, mais devraient éviter de leur forcer la main en les culpabilisant ou en leur faisant honte, insinuant que ce qu’elles ont l’habitude de faire dans le service de Jéhovah est de façon ou d’autre insuffisant ou inacceptable. Une attitude rigide, contraignante, sur le refrain “il faut faire plus, davantage, et encore plus!” risque de décourager ceux qui font de leur mieux. Quel dommage ce serait si un ancien se taillait une réputation d’homme “qui n’est jamais satisfait” — on serait bien loin de l’attitude raisonnable! — 1 Pierre 2:18.
16 Nous devrions tous nous montrer raisonnables dans ce que nous attendons des autres! Une chrétienne qui, avec son mari, avait quitté le service missionnaire pour s’occuper de sa mère souffrante, a écrit: “Notre époque est réellement éprouvante pour les proclamateurs dans les congrégations. Nous avons servi dans la circonscription et le district, à l’abri de pas mal des contraintes actuelles, et puis elles sont soudain, et douloureusement, devenues notre lot. Auparavant, je me disais par exemple: ‘Pourquoi cette sœur ne propose-t-elle pas la publication prévue ce mois-ci? Elle ne lit donc pas Le ministère du Royaume?’ Aujourd’hui, je comprends pourquoi. Pour certains, c’est tout ce qu’ils peuvent faire dans la prédication.” Il est de loin préférable de féliciter nos compagnons pour ce qu’ils font plutôt que de les juger pour ce qu’ils ne font pas!
17. Quel exemple de personne raisonnable Jésus nous a-t-il laissé?
17 Considérons un dernier exemple démontrant que Jésus use de son autorité d’une manière raisonnable. À l’image de son Père, Jésus ne protège pas jalousement son autorité. Lui non plus n’hésite pas à déléguer beaucoup, établissant la classe de l’esclave fidèle pour s’occuper de “tout son avoir” ici-bas (Matthieu 24:45-47). Il n’a pas non plus peur d’être réceptif aux idées des autres. Il demandait souvent à ses auditeurs: “Qu’en pensez-vous?” (Matthieu 17:25; 18:12; 21:28; 22:42). Il devrait en être de même pour tous les disciples du Christ à notre époque. Si important que soit leur degré d’autorité, ils ne devraient pas pour autant négliger d’écouter autrui. Parents, écoutez! Maris, écoutez! Anciens, écoutez!
18. a) Comment savoir si nous avons une réputation de personne raisonnable? b) Que devrions-nous tous être résolus à faire?
18 Incontestablement, chacun de nous désire ‘avoir une réputation de personne raisonnable’. (Philippiens 4:5, Phillips.) Mais comment savoir si nous avons cette réputation? Eh bien, quand Jésus voulait savoir ce que les gens disaient de lui, il posait la question à ses compagnons intimes (Matthieu 16:13). Pourquoi ne pas l’imiter? Vous pourriez demander à quelqu’un que vous savez être franc si vous avez ou non la réputation d’être raisonnable, conciliant. Nous avons certainement tous des efforts à faire pour imiter plus exactement l’attitude raisonnable de Jésus, modèle parfait dans ce domaine! Particulièrement si nous exerçons une certaine autorité sur autrui, suivons toujours l’exemple de Jéhovah et de Jésus, nous comportant de manière raisonnable, étant toujours prêts à pardonner, à nous montrer souples ou conciliants quand cela est approprié. Oui, efforçons-nous tous “d’être raisonnables”! — Tite 3:2.
[Note]
a Le livre Les mots du Nouveau Testament (angl.) fait ce commentaire: “L’homme qui est épiéïkês [raisonnable] sait qu’en certaines circonstances une chose peut être parfaitement justifiée d’un point de vue légal et pourtant être totalement erronée d’un point de vue moral. L’homme qui est épiéïkês sait quand il faut assouplir la loi sous la pression d’une force plus élevée et plus noble que la loi.”
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