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Ils grandissent dans la connaissance exacte de la véritéLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
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Au début des années 1870, Charles Russell et ses compagnons ont entrepris d’étudier la Bible très sérieusement. Force leur fut de constater que la chrétienté avait largement dévié des enseignements et des pratiques du christianisme primitif. Frère Russell n’a pas affirmé avoir été le premier à discerner cela, et il a reconnu franchement être redevable à d’autres personnes pour l’aide qu’elles lui avaient apportée durant ses premières années d’étude des Saintes Écritures. Il a parlé avec reconnaissance du bon travail que divers mouvements de la Réforme avaient accompli dans le but de faire davantage briller la lumière de la vérité. Il a cité par leurs noms des hommes qui étaient ses aînés de plusieurs années: Jonas Wendell, George Stetson, George Storrs et Nelson Barbour, lesquels ont personnellement et de différentes façons contribué à sa compréhension de la Parole de Dieua.
Il a également dit ceci: “Les doctrines que nous soutenons et qui, elles aussi, semblent si récentes, si neuves et si différentes, ont été déjà soutenues d’une certaine manière longtemps avant nous: L’élection, la grâce gratuite, le rétablissement de toutes choses, la justification, la sanctification, la glorification et la résurrection, par exemple.” Il n’était pas rare, toutefois, qu’un groupe religieux se distingue par une compréhension plus claire d’une vérité biblique, un autre groupe par une autre vérité, et ainsi de suite. Bien souvent, ces groupes n’arrivaient pas à progresser davantage parce qu’ils étaient empêtrés dans des doctrines et des credos imprégnés des croyances qui avaient eu cours dans la Babylone et dans l’Égypte antiques ou qui étaient empruntées aux philosophes grecs.
Mais quel groupe, avec l’aide de l’esprit de Dieu, reprendrait peu à peu dans son intégralité le “modèle des paroles salutaires” auxquelles les chrétiens du Ier siècle tenaient tant (2 Tim. 1:13)? De quels humains pourrait-on dire que leur sentier était “comme la lumière brillante qui devient de plus en plus claire jusqu’à ce que le jour soit solidement établi”? (Prov. 4:18.) Qui effectuerait vraiment l’œuvre à propos de laquelle Jésus avait donné cet ordre: “Vous serez mes témoins (...) jusque dans la partie la plus lointaine de la terre”? Qui non seulement ferait des disciples, mais aussi ‘leur enseignerait à observer toutes les choses’ que Jésus avait commandées (Actes 1:8; Mat. 28:19, 20)? Le temps était-il proche où le Seigneur ferait apparaître nettement la distinction entre ces vrais chrétiens qu’il avait comparés à du blé, et les faux qu’il avait comparés à de la mauvaise herbe (en fait, une variété de mauvaise herbe qui, avant maturité, ressemble beaucoup au bléb) (Mat. 13:24-30, 36-43)? Qui s’avérerait être “l’esclave fidèle et avisé” auquel le Maître, Jésus Christ, durant sa présence en tant que Roi, confierait de nouvelles responsabilités en rapport avec l’œuvre prédite pour la conclusion du système de choses? — Mat. 24:3, 45-47.
Ils font briller la lumière
Jésus chargea ses disciples de porter à d’autres la lumière de la vérité divine qu’ils avaient reçue de lui. “Vous êtes la lumière du monde”, a-t-il dit. “Que votre lumière brille devant les hommes.” (Mat. 5:14-16; Actes 13:47). Charles Russell et ses compagnons ont compris qu’ils avaient l’obligation de faire briller leur lumière.
Croyaient-ils qu’ils avaient toutes les réponses, la pleine lumière de vérité? À cette question, frère Russell a répondu très explicitement: “Absolument pas; pas plus que nous ne les aurons avant le ‘jour parfait’.” (Prov. 4:18, Sa). Souvent, ils parlaient de leurs croyances bibliques comme de “la vérité présente”, non dans l’idée que la vérité par elle-même change, mais plutôt en pensant que la compréhension qu’ils en avaient était progressive.
Ces étudiants de la Bible sincères n’ont pas renoncé à l’idée qu’en matière de religion la vérité existe. Pour eux, Jéhovah était le “Dieu de vérité” et la Bible sa Parole de vérité (Ps. 31:5; Josué 21:45; Jean 17:17). Ils discernaient que beaucoup de choses leur échappaient encore, mais cela ne les empêchait pas d’affirmer avec conviction ce qu’ils avaient appris dans la Bible. Et lorsque des doctrines et des pratiques religieuses traditionnelles étaient en contradiction avec ce qu’ils trouvaient clairement énoncé dans la Parole inspirée de Dieu, alors à l’exemple de Jésus Christ ils dévoilaient le mensonge, même si cela leur attirait les moqueries et la haine du clergé. — Mat. 15:3-9.
Pour que d’autres profitent de cette nourriture spirituelle, Charles Russell a fait paraître, en juillet 1879, le périodique Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ.
La Bible: vraiment la Parole de Dieu
Si Charles Russell avait confiance en la Bible, ce n’était pas pour accepter un point de vue ayant cours à l’époque. Au contraire, le courant de pensée plutôt en vogue à ce moment-là était la haute critique, dont les tenants mettaient en question la fiabilité du récit biblique.
Dans sa jeunesse, Charles Russell avait été un membre actif de l’Église congrégationaliste, mais l’aberration des dogmes traditionnels l’avait rendu sceptique. En constatant que ce qu’on lui avait enseigné ne pouvait guère être défendu avec la Bible, il a cessé de croire en ces dogmes religieux et, du même coup, en la Bible. Par la suite, il a exploré les grandes religions orientales, qui ne lui ont rien apporté non plus. Puis il a commencé à se demander si ce n’était pas la Bible qui était mal représentée par les credos de la chrétienté. Encouragé par ce qu’il a entendu un soir à une réunion adventiste, il a commencé une étude systématique des Écritures. Ce qui s’est alors dévoilé devant lui, c’était la Parole inspirée de Dieu.
Peu à peu, il s’est émerveillé de découvrir l’harmonie de la Bible: harmonie interne, mais aussi avec la personnalité de Celui qu’elle présente comme son divin Auteur. Pour faire bénéficier autrui de ses découvertes, il a par la suite écrit le livre Le divin Plan des Âges, qui a été publié en 1886. Dans ce livre, il menait entre autres choses une grande réflexion sur le thème “La Bible: Révélation divine vue à la lumière de la raison”. À la fin du chapitre, il affirmait sans équivoque: “La profondeur, la puissance, la sagesse et l’étendue du témoignage de la Bible nous convainquent que ce n’est pas l’homme, mais le Dieu Tout-Puissant qui est l’auteur de ces plans et de ces révélations.”
La confiance en la Bible tout entière considérée comme la Parole de Dieu est toujours une pierre d’angle des croyances des Témoins de Jéhovah à notre époque. Dans le monde entier, ils possèdent des auxiliaires d’étude qui leur permettent d’examiner personnellement les preuves de son inspiration. Leurs périodiques contiennent souvent des articles sur le thème de l’inspiration de la Bible. En 1969, ils ont publié le livre La Bible est-elle vraiment la Parole de Dieu? Vingt ans plus tard, le livre La Bible: Parole de Dieu ou des hommes? jetait un nouveau regard sur le sujet de l’authenticité de la Bible, apportait de nouvelles preuves et tirait la même conclusion: La Bible est vraiment la Parole inspirée de Dieu. Un autre de leurs livres, imprimé en 1963 et mis à jour en 1990 (pour l’édition anglaise), s’intitule “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile”. On trouve encore des éléments à ce sujet dans leur encyclopédie biblique publiée en anglais en 1988, intitulée La perspicacité grâce aux Écritures.
En étudiant ces écrits, individuellement ou dans leur congrégation, les Témoins de Jéhovah ont acquis la conviction que Dieu lui-même a dirigé par son esprit la rédaction de la Bible, même si ce sont une quarantaine d’humains, sur une période de 16 siècles, qui ont été employés pour consigner ce qui constitue ses 66 livres. L’apôtre Paul a écrit en effet: “Toute Écriture est inspirée de Dieu.” (2 Tim. 3:16; 2 Pierre 1:20, 21). Cette conviction est un élément puissant dans la vie des Témoins de Jéhovah. Un journal anglais a dit à ce sujet: “Toutes les actions des Témoins sont motivées par une raison biblique. En fait, leur unique doctrine fondamentale est de reconnaître que la Bible est (...) véridique.”
Ils apprennent à connaître le vrai Dieu
Il n’a pas fallu longtemps à frère Russell et à ses compagnons, à mesure qu’ils étudiaient les Écritures, pour constater que le Dieu dépeint dans la Bible n’est pas le Dieu de la chrétienté. Voilà qui était important, car, comme Jésus l’a dit, l’espérance de vie éternelle des gens dépend de leur connaissance du seul vrai Dieu et de celui qu’il a envoyé, son principal Instrument de salut (Jean 17:3; Héb. 2:10). Charles Russell et le groupe qui étudiait la Bible avec lui ont discerné que la justice de Dieu est en parfait équilibre avec sa sagesse, son amour et sa puissance, et que ces attributs se retrouvent dans toutes ses œuvres. S’appuyant sur la connaissance qu’ils avaient alors du dessein de Dieu, ils ont expliqué pourquoi Dieu permet le mal et ont inclus cette explication dans un livre de 162 pages intitulé Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis), une de leurs toutes premières publications et une des plus diffusées, parue au début comme une édition spéciale de La Tour de Garde en septembre 1881.
Leur étude de la Parole de Dieu leur a permis de comprendre que le Créateur a un nom personnel et qu’il donne aux humains la possibilité de le connaître et de nouer des relations étroites avec lui (1 Chron. 28:9; És. 55:6; Jacq. 4:8). La Tour de Garde d’octobre-novembre 1881 (en anglais) faisait cette remarque: “Le nom JÉHOVAH ne s’applique à nul autre qu’à l’Être suprême, notre Père, celui que Jésus appela Père et Dieu.” — Ps. 83:18; Jean 20:17.
L’année suivante, à la question “Affirmez-vous que la Bible n’enseigne pas qu’il y a trois personnes en un seul Dieu?”, ces Étudiants de la Bible ont donné la réponse ci-après: “Oui: Au contraire, elle nous dit qu’il y a un seul Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ de qui sont toutes choses (ou qui a créé toutes choses). Nous croyons donc en un seul Dieu et Père ainsi qu’en un seul Seigneur, Jésus Christ. (...) Mais ils forment deux personnes, et non une. Ils sont un simplement dans le sens qu’ils sont unis. Nous croyons aussi en un esprit de Dieu. (...) Mais il n’est pas plus une personne que ne le sont l’esprit des démons et l’esprit du monde ou l’esprit de l’antichrist.” — La Tour de Garde, juin 1882 (en anglais); Jean 17:20-22.
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Ils dévoilent la fausseté de la Trinité
Agissant en témoins de Jéhovah, Charles Russell et ses compagnons ressentaient vivement qu’ils avaient la responsabilité de dévoiler les enseignements qui dénaturaient Dieu, et ce afin d’aider les gens qui aimaient la vérité à comprendre que ces enseignements n’étaient pas fondés sur la Bible. S’ils n’ont pas été les premiers à discerner que la Trinité n’est pas bibliquec, ils ont par contre discerné que pour être de fidèles serviteurs de Dieu ils avaient la responsabilité de divulguer la vérité à ce sujet. Courageusement, pour le bien de tous ceux qui aiment la vérité, ils ont divulgué les origines païennes de cette doctrine pivot de la chrétienté.
La Tour de Garde de juin 1882 (en anglais) déclarait: “Beaucoup de philosophes païens constatant qu’il serait opportun d’embrasser la religion montante [une forme apostate du christianisme qui avait l’aval des empereurs romains au IVe siècle de n. è.] se sont mis à lui paver un chemin plus facile en essayant de découvrir des correspondances entre le christianisme et le paganisme, et ainsi de fusionner les deux. Ils n’ont que trop bien réussi. (...) Tout comme la vieille théologie avait quantité de dieux principaux avec quantité de demi-dieux des deux sexes, les pagano-chrétiens (si l’on peut dire) se sont mis à en refaire la liste pour la nouvelle théologie. C’est pourquoi à cette époque a été inventée la doctrine de trois Dieux — Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu le Saint-Esprit.”
Certains ecclésiastiques s’étaient efforcés de donner une couleur biblique à leur enseignement en citant des textes comme 1 Jean 5:7. Mais frère Russell a montré, preuves à l’appui, que les biblistes savaient très bien qu’une partie de ce texte était une interpolation, une insertion apocryphe faite par un scribe pour soutenir un enseignement que l’on ne trouve pas dans les Écritures. D’autres défenseurs de la Trinité invoquaient Jean 1:1, mais La Tour de Garde a analysé le contenu et le contexte de ce verset pour montrer qu’il n’étayait absolument pas la croyance en la Trinité. En harmonie avec cela, dans son numéro de juillet 1883 (en anglais), La Tour de Garde disait: “Si l’on avait accordé plus d’importance à l’étude de la Bible qu’à celle des écrits ecclésiastiques, le sujet aurait été plus clair pour tous. La doctrine de la trinité est tout à fait contraire à l’Écriture.”
Frère Russell a montré franchement qu’il était insensé d’affirmer croire en la Bible tout en enseignant une doctrine comme celle de la Trinité, qui est en contradiction avec la Bible. Ainsi, il a écrit: “Dans quel fouillis de contradictions et de confusion se trouvent ceux qui disent que Jésus et le Père sont un seul Dieu! Cela voudrait dire que notre Seigneur Jésus a joué les hypocrites quand il était sur terre, qu’il a seulement fait semblant de s’adresser à Dieu dans la prière, puisque lui-même était aussi ce Dieu. (...) En outre, le Père étant immortel depuis toujours, il ne pouvait pas mourir. Comment, dans ce cas, Jésus a-t-il pu mourir? Si Jésus n’est pas mort, les apôtres sont tous des faux témoins lorsqu’ils annoncent sa mort et sa résurrection. Pourtant, les Écritures déclarent qu’il est bel et bien mortd.”
Ainsi, très tôt dans leur histoire contemporaine, les Témoins de Jéhovah ont fermement rejeté le dogme de la Trinité propre à la chrétienté, lui préférant l’enseignement de la Bible elle-même, enseignement qui est à la fois logique et réconfortante. L’œuvre qu’ils ont entreprise pour divulguer ces vérités et pour donner au monde entier l’occasion de les entendre a pris une ampleur inégalée jusqu’à ce jour par une personne ou un groupe quelconque.
Quelle est la condition des morts?
Depuis sa jeunesse, une question préoccupait beaucoup Charles Russell: Quel est l’avenir des gens qui n’ont pas accepté les dispositions divines pour le salut? Enfant, pensant que les ecclésiastiques enseignaient la Parole de Dieu, il croyait à l’enfer de feu. Il lui était arrivé de sortir la nuit pour écrire à la craie des textes bibliques à des endroits bien en vue afin que les passants se rendant à leur travail soient avertis et soient sauvés de cet horrible sort, de ces tourments éternels.
Plus tard, après avoir vu par lui-même ce que la Bible enseigne en réalité, il aurait dit, selon un de ses compagnons: “Si la Bible enseigne vraiment que les supplices éternels sont le destin de tous sauf des saints, il faut le prêcher, oui, le crier sur tous les toits, et ce à longueur de semaines, de jours, d’heures; par contre, si elle n’enseigne pas cela, il faut le faire savoir, et ôter cette infâme tache qui déshonore le saint nom de Dieu.”
Très tôt dans son étude de la Bible, Charles Russell a discerné que l’enfer n’est pas un lieu de tourments pour les âmes après la mort. En cela, il a très probablement été aidé par George Storrs, l’éditeur du Bible Examiner (Le scrutateur de la Bible), dont il a parlé avec une vive reconnaissance dans ses articles, et qui, pour sa part, a beaucoup écrit sur la condition des morts telle qu’il la concevait à partir de la Bible.
Et au sujet de l’âme? Les Étudiants de la Bible soutenaient-ils la croyance selon laquelle l’âme est une partie spirituelle de l’être humain, et qui continue à vivre après la mort du corps? Non; bien au contraire, en 1903, La Tour de Garde déclarait: “Remarquons-le bien: la leçon n’est pas que l’homme a une âme, mais que l’homme est une âme, un être. Prenons une illustration dans la nature, avec l’air que nous respirons: il est composé d’oxygène et d’azote, ni l’un ni l’autre n’étant l’atmosphère, ou l’air; par contre, la combinaison des deux gaz, dans les bonnes proportions chimiques, forme l’atmosphère. Il en va de même pour l’âme. Dieu nous parle en partant de ce point de vue, à savoir que chacun de nous est une âme. Il ne s’adresse pas à notre corps ni à notre souffle de vie, mais il s’adresse à nous en tant qu’êtres intelligents, ou âmes. Lorsqu’il prononça la peine sanctionnant la violation de sa loi, il ne s’est pas adressé en particulier au corps d’Adam, mais à l’homme, à l’âme, à l’être intelligent: ‘Tu!’ ‘Le jour où tu en mangeras, tu mourras à coup sûr.’ ‘L’âme qui pèche — elle, elle mourra.’ — Gen. 2:17; Ézéch. 18:20.” Voilà qui était en harmonie avec ce que La Tour de Garde avait affirmé dès avril 1881f.
Mais alors, comment est née la croyance en l’immortalité inhérente à l’âme humaine? Qui en a été l’auteur? Après avoir soigneusement consulté la Bible et l’histoire religieuse, frère Russell a écrit dans La Tour de Garde du 15 avril 1894 (en anglais): “Il apparaît qu’elle n’est pas venue de la Bible. (...) La Bible déclare très nettement que l’homme est mortel, qu’il lui est possible de mourir. (...) En parcourant attentivement les pages de l’Histoire, on découvre que la doctrine de l’immortalité humaine est l’essence de toutes les religions païennes, alors qu’elle n’est pas enseignée par les témoins de Dieu inspirés. (...) Il n’est donc pas vrai que Socrate et Platon ont été les premiers à enseigner cette doctrine: elle a été enseignée avant par un autre personnage, quelqu’un d’encore plus capable. (...) La première fois que l’on rencontre ce faux enseignement, c’est dans la plus vieille histoire connue de l’homme, dans la Bible. Le faux enseignant, c’était Satang.”
L’enfer ‘arrosé’
Frère Russell désirait tant ôter du nom de Dieu l’infâme tache laissée par l’enseignement des tourments éternels dans un enfer de feu qu’il a écrit un tract ayant pour titre “Les Écritures enseignent-elles que les tourments éternels sont le salaire du péché?” (The Old Theology [Cahiers trimestriels de théologie ancienne], 1889). On y lisait:
“La théorie des tourments éternels a une origine païenne, à cela près qu’enseignée par les païens elle n’était pas la doctrine impitoyable qu’elle est devenue par la suite, en s’intégrant peu à peu dans le pseudo-christianisme quand celui-ci, au IIe siècle, a absorbé les philosophies païennes. Il ne restait plus à la grande apostasie qu’à agrémenter la philosophie païenne des détails horribles auxquels tant de gens croient aujourd’hui, à les peindre sur les murs des églises, comme on l’a vu en Europe, à les écrire dans leurs credos et leurs cantiques, et à pervertir la Parole de Dieu de façon à donner un semblant d’aval divin à ce blasphème déshonorant pour Dieu. En conséquence, la crédulité d’aujourd’hui reçoit cette théorie en legs, non du Seigneur, ni des apôtres, ni des prophètes, mais de l’esprit de compromis qui a sacrifié la vérité ainsi que la raison et a honteusement perverti les doctrines du christianisme par ambition impie et soif du pouvoir, de la richesse et du nombre. Les tourments éternels comme châtiment du péché étaient une notion inconnue des patriarches du passé; ils étaient inconnus des prophètes de l’ère juive; inconnus du Seigneur et des apôtres; pourtant, ils constituent la doctrine majeure du pseudo-christianisme depuis la grande apostasie — et, depuis lors, c’est par ce fléau que les gens crédules, les ignorants et les superstitieux du monde sont tenus dans une obéissance servile jusqu’à la tyrannie. Rome décrétait les tourments éternels contre tous ceux qui résistaient à son autorité ou en faisaient fi, et, pour autant qu’elle en avait le pouvoir, elle commençait à les leur faire subir dans la vie présente.”
Frère Russell se disait bien que la majorité des gens sensés ne croyaient pas vraiment à la doctrine de l’enfer de feu. Mais, selon la remarque qu’il a faite en 1896 dans la brochure L’Enfer: ce que dit l’Écriture sainte au sujet de “l’Enfer”, “comme ils supposent que la Bible l’enseigne, chaque pas qu’ils font dans la compréhension et l’amour fraternel (...) est pour beaucoup un pas qui les éloigne de la Parole de Dieu, qu’ils jugent à tort responsable de cet enseignement”.
Pour faire revenir ces personnes réfléchies à la Parole de Dieu, frère Russell a reproduit dans cette brochure tous les textes de la King James Version (Bible du roi Jacques) dans lesquels on trouvait le mot enfer, pour que les lecteurs en voient bien le contenu, puis il a déclaré: “Dieu soit béni, nous n’y trouvons aucun lieu de tortures éternelles, tel que bien des confessions de foi, des cantiques et des sermons chrétiens l’enseignent à tort. Cependant, nous y trouvons un ‘enfer’, sheʼôl, haïdês, auquel toute la race humaine est condamnée, à cause du péché d’Adam, et duquel tous les humains ont été rachetés par la mort de notre Seigneur; ce lieu est la tombe, la mort. Nous y trouvons un autre ‘enfer’ (géhénna, la seconde mort, la destruction complète), qui nous est présenté comme le châtiment final de tous ceux qui, après avoir été rachetés, amenés à une connaissance complète de la vérité et rendus tout à fait capables d’y obéir, auront préféré la mort, en choisissant de s’opposer à Dieu et à sa justice. Et nos cœurs disent: Amen. Tes voies sont justes et véritables, Roi des nations! Seigneur, qui ne te craindrait, et ne glorifierait ton nom? Car seul tu es saint. Toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi, parce que ta justice a été manifestée.” — Rév. 15:3, 4.
Ce que Charles Russell enseignait irritait et embarrassait le clergé de la chrétienté. En 1903, on lui a proposé d’en débattre en public. La question de la condition des morts a été au nombre des questions soulevées dans les débats qui ont eu lieu entre Charles Russell et E. Eaton, le porte-parole d’une alliance officieuse de pasteurs protestants de l’ouest de la Pennsylvanie.
Au cours de ces débats, frère Russell a fermement maintenu que “la mort est la mort, et que nos chers disparus sont réellement morts, qu’ils ne sont vivants ni avec les anges ni avec les démons dans un lieu de désespoir”. À l’appui, il a cité des textes bibliques comme Ecclésiaste 9:5, 10; Romains 5:12; 6:23; et Genèse 2:17. Il a dit également: “Ces textes sont en totale harmonie avec ce que vous ou moi, ou toute autre personne au monde saine d’esprit et logique, admettrait être la personnalité raisonnable et véritable de notre Dieu. Qu’est-il dit de notre Père céleste? Qu’il est juste, qu’il est sage, qu’il est amour, qu’il est puissant. Tous les chrétiens reconnaîtront que ces attributs sont ceux de la personnalité de Dieu. Si tel est le cas, est-il raisonnable de dire que l’on peut concevoir un Dieu à la fois juste et capable de punir une créature de sa main pour toute l’éternité, quel qu’ait été son péché? Je ne suis pas un défenseur du péché; moi-même, je ne vis pas dans le péché, et je ne prêche jamais le péché. (...) Mais je vous dis que tous ces gens autour de nous dont notre frère [M. Eaton] dit qu’ils polluent l’air de leurs blasphèmes contre Dieu et le saint nom de Jésus Christ sont des gens auxquels on a enseigné cette doctrine des tourments éternels. Et tous les assassins, les voleurs et les malfaiteurs qui remplissent les prisons, tous ont appris cette doctrine. (...) Ce sont de mauvaises doctrines; elles font depuis longtemps du tort au monde; elles ne font pas du tout partie de l’enseignement du Seigneur, et l’obscurantisme de l’âge des ténèbres ne s’est pas encore dissipé de devant les yeux de notre cher frère.”
On raconte qu’après le débat un ecclésiastique qui y avait assisté a dit à Charles Russell: “Je suis content de vous voir arroser l’enfer pour en éteindre les flammes.”
Pour faire davantage connaître la vérité sur la condition des morts, frère Russell a tenu, de 1905 à 1907, plusieurs assemblées d’un jour durant lesquelles il donnait le discours public “Voyage en enfer, aller et retour. Qui s’y trouve? Espoir de retour pour beaucoup”. Le titre éveillait la curiosité, et il a beaucoup attiré l’attention. Aux États-Unis et au Canada, dans les grandes villes comme dans les petites, ce discours a fait salle comble.
Parmi ceux qui ont été profondément touchés par ce que la Bible dit de la condition des morts, il y a eu aux États-Unis un étudiant de l’université de Cincinnati (Ohio) qui voulait devenir pasteur presbytérien. En 1913, il a reçu de son frère la brochure Où sont les morts? écrite par John Edgar, un Étudiant de la Bible qui était également médecin en Écosse. L’étudiant en question se nommait Frederick Franz. Après avoir lu la brochure avec attention, il a déclaré fermement: “C’est la vérité.” Sans hésitation, il a changé d’objectifs et s’est engagé dans le ministère à plein temps comme évangélisateur-colporteur. En 1920, il s’est joint aux volontaires servant au siège de la Société Watch Tower. De nombreuses années plus tard, il est devenu membre du Collège central des Témoins de Jéhovah et, par la suite, président de la Société Watch Tower.
Le sacrifice rédempteur de Jésus Christ
En 1872, dans le cadre de son examen des Écritures, frère Russell, avec ses compagnons, a étudié de plus près le sujet du rétablissement, relativement à la rançon fournie par Jésus Christ (Actes 3:21). Quelle joie pour lui de lire en Hébreux 2:9 que ‘Jésus Christ, par la grâce de Dieu, souffrit la mort pour tous’! Cela ne l’a pas amené à croire au salut universel, car il savait, toujours selon les Écritures, que l’on doit exercer la foi en Jésus Christ pour être sauvé (Actes 4:12; 16:31). Mais il a commencé à entrevoir — sans en mesurer sur-le-champ toute la portée — quelle merveilleuse possibilité le sacrifice rédempteur de Jésus Christ offrait aux humains. Ce sacrifice leur permettait d’obtenir ce qu’Adam avait perdu, leur donnait l’espérance de la vie éternelle dans la perfection humaine. Frère Russell n’a pas été insensible au sujet; il a discerné la signification profonde de la rançon et l’a vigoureusement soutenue, même quand des proches collaborateurs ont laissé des idées philosophiques corrompre leur raisonnement.
Vers le milieu de l’année 1878, frère Russell était, depuis près d’un an et demi, rédacteur adjoint de la revue Herald of the Morning (Messager du matin), dont Nelson Barbour était le rédacteur en chef. Mais quand, dans le numéro d’août 1878 de leur revue, Nelson Barbour a déprécié l’enseignement biblique de la rançon, Charles Russell a réagi en défendant énergiquement cette vérité essentielle de la Bible.
Sous le titre “La Rédemption”, Nelson Barbour avait montré, par un exemple, ce qu’il pensait de cet enseignement en ces termes: “Je dis à mon garçon, ou à l’un des employés de maison: si Jacques mord sa sœur, vous attrapez une mouche, vous lui transpercez le corps d’une épingle et la clouez au mur, et je pardonnerai à Jacques. Voilà qui illustre la doctrine de la substitution.” Bien qu’affirmant croire à la rançon, Nelson Barbour a qualifié de “non biblique et [d’]outrageante pour toutes nos conceptions de la justiceh” l’idée que le Christ ait par sa mort acquitté la peine du péché pour les descendants d’Adam.
Dans le numéro suivant du Herald of the Morning (septembre 1878), frère Russell a émis de sérieuses réserves sur ce que Nelson Barbour avait écrit. Il a analysé ce que les Écritures disent en réalité et leur compatibilité avec “la perfection de la justice [de Dieu], et finalement sa grande miséricorde et son grand amour” exprimés par le moyen de la rançon (1 Cor. 15:3; 2 Cor. 5:18, 19; 1 Pierre 2:24; 3:18; 1 Jean 2:2). Au printemps suivant, après maints efforts pour aider Nelson Barbour à voir les choses comme la Bible les voit, Charles Russell a retiré tout soutien au Herald; dès le numéro de juin 1879, son nom n’a plus figuré comme rédacteur adjoint de la revue. Sa prise de position courageuse et intransigeante en rapport avec cet enseignement biblique essentiel a eu des conséquences d’une grande portée.
Tout au long de leur histoire moderne, les Témoins de Jéhovah se sont immanquablement faits les défenseurs de l’enseignement biblique de la rançon. Le tout premier numéro de La Tour de Garde (juillet 1879, en anglais) précisait bien que “le mérite auprès de Dieu repose (...) sur le sacrifice parfait du Christ”. En 1919, lors d’une assemblée organisée à Cedar Point (Ohio) par l’Association internationale des Étudiants de la Bible, le programme comportait en grosses lettres les mots “Bienvenue à vous tous qui croyez au grand sacrifice rédempteur”. Aujourd’hui encore, la première page intérieure de La Tour de Garde attire l’attention sur la rançon, disant à propos du but du périodique: “Il encourage ses lecteurs à croire en Jésus Christ — le Roi régnant établi par Dieu —, celui qui, en versant son sang, a ouvert à l’humanité le chemin de la vie éternelle.”
Ils allaient de l’avant, affranchis des credos
La claire compréhension de la Parole de Dieu n’est pas venue tout d’un coup. Bien des fois, les Étudiants de la Bible ont saisi un détail de la trame de la vérité, sans en voir encore l’image complète. Mais ils étaient désireux d’apprendre. Ils ne s’enfermaient pas dans des credos; ils allaient de l’avant. Ce qu’ils apprenaient, ils le communiquaient à autrui. Ils ne s’attribuaient pas le mérite de ce qu’ils enseignaient; ils cherchaient à être “enseignés par Jéhovah”. (Jean 6:45.) Et ils en sont venus à discerner que Jéhovah donne la possibilité de comprendre les détails de son dessein au moment et de la façon qu’il a décidés. — Dan. 12:9; voir Jean 16:12, 13.
Quand on apprend des choses nouvelles, on est amené à réviser son point de vue. Pour admettre ses erreurs et opérer d’utiles changements, il faut de l’humilité. Cette qualité et ses fruits ont de la valeur aux yeux de Jéhovah, et plaisent beaucoup à ceux qui aiment la vérité (Soph. 3:12). Par contre, l’humilité est tournée en ridicule par ceux qui tirent fierté de credos qui n’ont pas changé depuis de nombreux siècles alors qu’ils ont été formulés par des hommes imparfaits.
La manière du retour du Seigneur
Ce fut vers le milieu des années 1870 que frère Russell et ceux qui scrutaient assidûment les Écritures avec lui ont compris que le Seigneur, à son retour, serait invisible à l’œil humain. — Jean 14:3, 19.
Par la suite, frère Russell a dit: “Nous étions navrés de l’erreur des adventistes, qui attendaient le Christ dans la chair et enseignaient que le monde et ses habitants, à l’exception d’eux-mêmes, seraient consumés en 1873 ou en 1874; eux dont le calcul des dates, les déceptions et les idées généralement sommaires sur le but et la manière de sa venue ont quelque peu attiré la honte sur nous et sur tous ceux qui languissaient après son Royaume à venir et qui l’annonçaient. Il y a tellement d’idées fausses au sujet tant du but que de la manière du retour du Seigneur que cela m’a amené à écrire une brochure, ‘The Object and Manner of Our Lord’s Return’ [Le but et la manière du retour de notre Seigneur].” Cette brochure a été publiée en 1877. Charles Russell l’a fait imprimer et diffuser à quelque 50 000 exemplaires.
Dans cette brochure, il écrivait: “Nous croyons que les Écritures enseignent ceci: lorsqu’il viendra et pendant un temps après sa venue, il restera invisible; ensuite il se manifestera ou se montrera lui-même en exécutant des jugements et sous diverses formes, de sorte que ‘tout œil le verra’.” À l’appui, il commentait des textes comme Actes 1:11 (‘il viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller au ciel’, c’est-à-dire sans être vu du monde) et Jean 14:19 (“encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus”). Frère Russell se référait aussi à l’Emphatic Diaglott (Bible publiée dans sa forme complète en 1864 avec une traduction anglaise interlinéaire mot à mot), selon laquelle l’expression grecque parousia signifiait “présence”. En analysant l’emploi biblique de ce terme, Charles Russell expliquait dans sa brochure: “Le mot grec généralement employé pour parler du second avènement — parousia, souvent traduit par venue — signifie invariablement présence en personne, le fait d’être arrivé, et ne signifie jamais être en train de venir, sens dans lequel nous employons le mot venue.”
Parlant du but de la présence du Christ, Charles Russell a bien précisé que ce n’était pas quelque chose qui s’accomplirait en l’espace d’un instant. “Le deuxième avènement, a-t-il écrit, comme le premier, couvre une période de temps, et n’est pas l’affaire d’un instant.” Au cours de cette période, a-t-il écrit, les membres du “petit troupeau” recevraient leur récompense avec le Seigneur comme cohéritiers dans son Royaume; d’autres, peut-être des milliards, se verraient offrir la possibilité de vivre, parfaits, sur une terre qui aurait retrouvé sa magnificence édénique. — Luc 12:32.
En quelques années seulement, en poussant plus loin son étude des Écritures, Charles Russell a compris que le Christ ne ferait pas que revenir invisiblement, mais aussi qu’il resterait invisible, même quand il manifesterait sa présence par l’exécution du jugement sur les méchants.
En 1876, par la lecture d’un numéro du Herald of the Morning, Charles Russell avait appris l’existence d’un autre groupe de gens qui croyaient alors que le retour du Christ serait invisible et qui associaient ce retour à des bénédictions pour toutes les familles de la terre. Par M. Barbour, rédacteur en chef de ce journal, Charles Russell avait été persuadé que la présence invisible du Christ avait commencé en 1874i. Par la suite, il a attiré l’attention sur ce fait par le sous-titre “Messager de la Présence de Christ” qui figurait sur la couverture de La Tour de Garde.
Cette compréhension, à savoir que la présence du Christ était invisible, est devenue un fondement important sur lequel allait être bâtie l’explication de nombreuses prophéties bibliques. Les Étudiants de la Bible de cette époque ont compris que la présence du Seigneur devait faire l’objet de l’attention particulière de tous les vrais chrétiens (Marc 13:33-37). Ils s’intéressaient vivement au retour du Maître et ils étaient conscients d’avoir la responsabilité de le faire connaître, mais ils n’en discernaient pas encore clairement tous les détails. Toutefois, ce que l’esprit de Dieu les a rendus capables de comprendre très tôt a été véritablement remarquable. Au nombre de ces vérités figurait une date extrêmement importante indiquée par les prophéties bibliques.
La fin des temps des Gentils
Depuis longtemps, la question de la chronologie biblique intriguait beaucoup ceux qui étudiaient la Bible. Des commentateurs avaient émis une kyrielle d’avis sur la prophétie de Jésus relative aux “temps des Gentils” et sur le compte rendu, fait par le prophète Daniel, du rêve relatif à une souche d’arbre liée pour “sept temps”. — Luc 21:24, Sa; Dan. 4:10-17.
Dès 1823, John Brown, dont l’œuvre a été publiée en Angleterre, à Londres, a calculé que les “sept temps” de Daniel chapitre 4 correspondaient à une durée de 2 520 ans. Mais il n’a pas discerné clairement la date à laquelle la période prophétique avait commencé ou quand elle s’achèverait. Il a toutefois fait le lien entre ces “sept temps” et les temps des Gentils de Luc 21:24. En 1844, E. Elliott, ecclésiastique britannique, a désigné 1914 comme une date possible pour la fin des “sept temps” de Daniel, mais il a aussi proposé une autre solution qui donnait la date de la Révolution française. En 1849, Robert Seeley, de Londres, a résolu le problème d’une façon semblable. Enfin, vers 1870, une publication de Joseph Seiss et de ses collaborateurs, imprimée à Philadelphie (Pennsylvanie), présentait des calculs qui faisaient de 1914 une date importante, même si le raisonnement qu’elle contenait partait d’une chronologie que Charles Russell a écartée par la suite.
Puis, dans les numéros d’août, de septembre et d’octobre 1875 du Herald of the Morning, Nelson Barbour a aidé à harmoniser les détails que d’autres avaient signalés. En utilisant une chronologie compilée par Christopher Bowen, ecclésiastique anglais, et publiée par E. Elliott, Nelson Barbour a fait coïncider le début des temps des Gentils avec le détrônement de Sédécias annoncé en Ézéchiel 21:25, 26, et il a indiqué que 1914 marquerait la fin des temps des Gentils.
Au début de 1876, Charles Russell a reçu un exemplaire du Herald of the Morning. Il s’est empressé d’écrire à Nelson Barbour, puis, pendant l’été, il l’a rencontré à Philadelphie pour discuter, entre autres choses, des périodes de temps prophétiques. Peu après, dans un article intitulé “Les temps des Gentils: quand prennent-ils fin?” Charles Russell a aussi tenu un raisonnement sur ce sujet à partir des Écritures. Selon lui, les faits démontraient que ‘les sept temps prendraient fin en 1914 de notre ère’. Cet article a été imprimé dans le Bible Examiner d’octobre 1876j. Le livre Three Worlds, and the Harvest of This World (Les trois mondes, et la moisson du monde d’à présent), écrit en 1877 par Nelson Barbour en collaboration avec Charles Russell, tirait la même conclusion. Puis, tout au début de la parution de La Tour de Garde, plusieurs numéros de ce périodique, par exemple ceux de décembre 1879 et de juillet 1880 (en anglais), ont présenté 1914 comme une année éminemment importante du point de vue des prophéties bibliques. En 1889, dans le tome II de L’Aurore du Millénium (série de livres appelée plus tard Études des Écritures), le chapitre 4 était entièrement consacré aux “temps des nations [des Gentils]”. Mais que signifierait la fin des temps des Gentils?
Les Étudiants de la Bible n’étaient pas absolument sûrs de ce qui se passerait. Ils étaient convaincus que cela ne déboucherait pas sur la destruction de la terre par le feu et l’annihilation de la vie humaine. Ils savaient par contre que ce serait le moment d’un événement capital en rapport avec la domination divine. Au début, ils pensaient qu’à cette date le Royaume de Dieu aurait obtenu la domination totale, universelle. Cela n’est pas arrivé, mais leur confiance dans les prophéties bibliques qui indiquaient cette date n’a pas fléchi. Ils en ont conclu par contre que la date en question avait seulement marqué un point de départ dans la domination du Royaume.
De même, au début ils pensaient aussi qu’avant cette date on verrait des perturbations mondiales aboutir à l’anarchie (qui, selon leur compréhension, correspondrait à la guerre du “grand jour de Dieu le Tout-Puissant”; Rév. 16:14). Mais ensuite, dix ans avant 1914, La Tour de Garde a émis l’hypothèse que le bouleversement mondial qui déclencherait la destruction des institutions humaines arriverait juste après la fin des temps des Gentils. Les Étudiants de la Bible s’attendaient à ce que l’année 1914 soit un tournant pour Jérusalem, puisque la prophétie disait que ‘Jérusalem serait foulée aux pieds’ jusqu’à ce que les temps des Gentils soient accomplis. Voyant que l’année 1914 approchait et qu’ils n’étaient pas encore morts en tant qu’humains ni n’avaient été ‘enlevés dans les nuées’ à la rencontre du Seigneur — comme ils l’avaient cru —, ils nourrissaient l’ardent espoir que leur changement surviendrait à la fin des temps des Gentils. — 1 Thess. 4:17.
Les années passant, ils ont examiné et réexaminé les Écritures, et leur foi dans les prophéties est restée forte; ils n’ont pas cessé de dire ce qu’ils s’attendaient à voir arriver. Ils ont essayé, en y parvenant plus ou moins bien, d’éviter d’être dogmatiques sur des détails que la Bible elle-même ne donnait pas.
Le “réveil” a-t-il sonné trop tôt?
Il ne fait aucun doute que le monde a subi un grand bouleversement en 1914 quand a éclaté la Première Guerre mondiale — appelée pendant plusieurs années simplement la Grande Guerre —, mais ce bouleversement n’a pas amené aussitôt le renversement de toutes les dominations humaines existantes. Après 1914, au fur et à mesure des événements en Palestine, les Étudiants de la Bible ont pensé avoir sous les yeux la preuve que de grands changements survenaient pour Israël. Cependant, les mois et les années ont passé, et les Étudiants de la Bible n’ont pas reçu leur récompense céleste comme ils l’avaient espéré. Quelle a été leur réaction?
La Tour de Garde du 1er février 1916 (en anglais) a attiré très précisément l’attention sur le 1er octobre 1914, disant: “C’était le dernier repère temporel à propos des événements de l’Église que la chronologie biblique signalait à notre attention. Le Seigneur nous a-t-il dit que nous serions emportés [au ciel] à ce moment-là? Non. Qu’a-t-il dit? Sa Parole et l’accomplissement des prophéties semblaient sans erreur possible indiquer que cette date marquait la fin des temps des Gentils. Nous avons déduit de cela que le ‘changement’ de l’Église aurait lieu à cette date ou avant. Mais Dieu ne nous a pas dit que tel serait le cas. Il nous a permis de tirer cette déduction; et nous croyons qu’elle s’est avérée une épreuve nécessaire pour les saints bien-aimés de Dieu partout où ils se trouvent.” Néanmoins, ces événements ont-ils prouvé que leur glorieuse espérance avait été vaine? Non; ils indiquaient simplement que tout n’arrivait pas aussi tôt qu’ils l’avaient escompté.
Plusieurs années avant 1914, Charles Russell avait écrit: “La chronologie (les prophéties chronologiques en général) n’avait sans doute pas pour but de communiquer au peuple de Dieu une information chronologique exacte tout au long des siècles, mais apparemment de servir de réveil pour réveiller les enfants de Dieu et leur donner de l’énergie en temps voulu. (...) Supposons, par exemple, que le mois d’octobre 1914 passe sans que survienne une chute grave du pouvoir des Gentils. Qu’est-ce que cela prouverait ou réfuterait? Cela ne réfuterait aucun aspect du divin plan des âges. Le prix de la rançon payé complètement au Calvaire resterait toujours la garantie de l’accomplissement du divin et grand programme en vue du rétablissement de l’humanité. L’‘appel d’en haut’ de l’Église l’invitant à souffrir avec son Rédempteur et à être glorifiée avec lui comme ses membres ou son épouse resterait toujours le même. (...) La seule chose touchée par la chronologie serait le temps de l’accomplissement de ces espérances glorieuses pour l’Église et pour le monde. (...) Si cette date passe, notre chronologie, notre ‘réveil’, aura sonné un peu avant l’heure. Considérerions-nous comme un grand malheur que notre réveil nous ait réveillés un peu trop tôt au matin d’un jour si grand, rempli de joie et de plaisir? Sûrement pas!”
Mais ce “réveil” n’avait pas sonné trop tôt. En réalité, ce sont les événements auxquels le “réveil” les avait éveillés qui n’étaient pas exactement ce à quoi ils s’étaient attendus.
Quelques années après, alors que la lumière était devenue plus vive, ils ont reconnu ceci: “Beaucoup des [saints bien-aimés] du Seigneur croyaient que le travail était entièrement terminé (...). Ils étaient heureux en voyant là la preuve bien nette que l’ancien monde avait pris fin, que le royaume des cieux était à la porte et que leur délivrance approchait. Mais ils n’avaient pas fait attention qu’il [restait] encore quelque chose à faire. La bonne nouvelle qu’ils avaient reçue devait être communiquée à d’autres, car Jésus avait dit: ‘Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin.’ (Mat. 24:14).” — La Tour de Garde, septembre 1925 (1er mai 1925 en anglais).
À mesure que l’Histoire s’écrivait après 1914 et que les Étudiants de la Bible la comparaient avec les événements que le Maître avait prédits, ils ont peu à peu compris qu’ils vivaient les derniers jours du système, et ce, depuis 1914. Ils ont également compris que c’était en l’année 1914 que la présence invisible du Christ avait commencé, non pas qu’il était revenu en personne (même invisiblement) au voisinage de la terre, mais en ce sens qu’il portait désormais son attention vers la terre en tant que Roi en fonction. Ils ont discerné et ont accepté la responsabilité capitale qui leur était confiée: prêcher “cette bonne nouvelle du royaume” en témoignage pour toutes les nations au cours de ces temps décisifs de l’histoire humaine. — Mat. 24:3-14.
Quel était exactement le message relatif au Royaume qu’ils devaient prêcher? Était-il différent du message des chrétiens du Ier siècle?
Le Royaume de Dieu, seul espoir de l’humanité
Leur étude attentive de la Parole de Dieu a fait comprendre aux Étudiants de la Bible qui collaboraient avec frère Russell que le Royaume de Dieu était le gouvernement que Jéhovah avait promis d’établir par le moyen de son Fils pour la bénédiction de l’humanité. Jésus Christ, dans le ciel, s’adjoindrait des chefs choisis par Dieu parmi les humains et appelés “petit troupeau”. Ils ont compris que ce gouvernement aurait pour représentants des hommes fidèles du passé qui seraient établis princes sur toute la terre. Ils les appelaient les “anciens dignitaires”. — Luc 12:32; Dan. 7:27; Rév. 20:6; Ps. 45:16.
De longue date, la chrétienté enseignait le principe de la ‘royauté de droit divin’, moyen de tenir les gens dans la soumission. Mais ces Étudiants de la Bible ont vu dans les Écritures que l’avenir des gouvernements humains n’était assuré par aucune garantie divine. En harmonie avec ce qu’ils apprenaient, La Tour de Garde de décembre 1881 (en anglais) a dit: “L’établissement de ce royaume entraînera, bien entendu, le renversement de tous les royaumes de la terre, vu que tous, même le meilleur d’entre eux, sont fondés sur l’injustice, sur l’inégalité des droits et sur l’oppression du grand nombre en faveur d’une minorité; en effet, il est écrit: ‘Il brisera et consumera tous ces royaumes, et il sera établi éternellement.’” — Dan. 2:44.
Par contre, les Étudiants de la Bible avaient encore beaucoup à apprendre quant à la façon dont ces royaumes tyranniques seraient brisés. Ils ne comprenaient pas encore clairement comment les bienfaits du Royaume de Dieu seraient octroyés à toute l’humanité. Mais ils ne confondaient pas le Royaume de Dieu avec un vague sentiment siégeant dans le cœur, ni avec la domination d’une hiérarchie religieuse se servant du bras séculier de l’État.
En 1914, contrairement à ce qu’on croyait, les fidèles serviteurs de Dieu de l’ère préchrétienne n’avaient toujours pas été ressuscités sur la terre pour être des représentants princiers du Royaume messianique, pas plus que les membres restants du “petit troupeau” n’avaient rejoint le Christ dans le Royaume céleste cette année-là. Mais La Tour de Garde d’avril 1915 (15 février 1915 en anglais) a quand même affirmé avec assurance que 1914 était le moment “où notre Seigneur devait prendre en mains sa grande puissance et commencer son règne”, mettant ainsi fin aux millénaires de domination gentile ininterrompue.
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Ils grandissent dans la connaissance exacte de la véritéLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
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La guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant
La guerre mondiale qui a commencé en 1914 a ébranlé le système en place jusque dans ses fondements. Pendant un temps, il a semblé que les choses allaient se passer comme les Étudiants de la Bible le croyaient.
Des années auparavant, en août 1880, frère Russell avait écrit: “À notre avis, avant que la famille humaine soit rétablie ou même commence à être bénie, les royaumes actuels de la terre qui assujettissent et tyrannisent l’humanité seront renversés, le royaume de Dieu prendra les choses en mains et les bénédictions et le rétablissement viendront par le nouveau royaume.” Comment aurait lieu ce ‘renversement des royaumes’? À partir des conditions qu’il voyait alors se mettre en place dans le monde, Charles Russell croyait que pendant la guerre d’Harmaguédon Dieu utiliserait des factions adverses de l’humanité pour renverser les institutions existantes. Il a dit: “L’œuvre de démolition de l’empire humain commence. La puissance qui les renversera est maintenant à l’œuvre. Les gens sont déjà en train d’organiser leurs armées sous le nom de communistes, de socialistes, de nihilistes, etc.”
Le livre Le Jour de la Vengeance (La Bataille d’Harmaguédon), publié en 1897, a encore élargi la façon dont les Étudiants de la Bible comprenaient la question à l’époque. Il disait: “L’Éternel, par sa providence qui dirige tout, se chargera de conduire cette grande armée de mécontents, formée de patriotes déçus, de réformateurs de tous genres, de socialistes, de moralistes, d’ignorants et de désespérés. Dieu fera concourir les espérances, les craintes, les folies et l’égoïsme de ces gens-là à l’accomplissement de ses desseins grandioses, selon sa sagesse divine; c’est par cette armée qu’Il renversera les institutions actuelles et préparera les humains qui entreront dans le royaume de justice.” Ainsi, les Étudiants de la Bible pensaient que la guerre d’Harmaguédon coïnciderait avec une violente révolution sociale.
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[Encadré, page 126]
‘Contredirons-nous le Christ lui-même?’
Après avoir dévoilé que la doctrine de la Trinité était illogique et non biblique, Charles Russell a exprimé une juste indignation en posant cette question: “Contredirons-nous les apôtres et les prophètes et Jésus lui-même, et ferons-nous abstraction de la raison et du bon sens pour nous accrocher à un dogme qui nous vient d’un passé obscur et superstitieux par la voie d’une Église apostate et corrompue? Non! ‘À la Loi et à l’attestation! S’ils ne parlent pas selon cette Parole, c’est parce qu’il n’y a pas de lumière en eux.’” — “La Tour de Garde”, 15 août 1915 (en anglais).
[Encadré, page 133]
Une vérité progressive
En 1882, Charles Russell écrivait: “La Bible est notre seule référence, ses enseignements notre seul credo et, reconnaissant que les vérités bibliques se dévoilent progressivement, nous sommes prêts et préparés à compléter ou à modifier notre credo (notre foi — notre croyance) à mesure que nous recevons plus de lumière de notre Référence.” — “La Tour de Garde”, avril 1882, page 7 (en anglais).
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