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    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
  • Données générales
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      Illustration, pages 84, 85

      Données générales

      Géographie Marais côtiers, savanes, plateaux cultivés et montagnes intérieures constituent le paysage tant de la Sierra Leone que de la Guinée. Trois grands fleuves ouest-africains prennent leur source en Guinée : la Gambie, le Niger et le Sénégal.

      Cartes, page 83

      Population La Sierra Leone compte 18 tribus indigènes, les plus grandes étant les Mendés et les Temnés. Les Krios, descendants d’esclaves africains affranchis, vivent principalement autour de Freetown. La Guinée compte plus de 30 ethnies, les plus grandes étant les Peuls, les Malinkés et les Soussousa.

      Religions Environ 60 % des Sierraléonais sont musulmans ; les autres, surtout de confession chrétienne. Environ 90 % des Guinéens sont musulmans. La plupart des habitants des deux pays pratiquent aussi des religions traditionnelles.

      Langues Chaque ethnie a sa propre langue. En Sierra Leone, la langue véhiculaire est le krio, mélange d’anglais et de langues européennes et africaines. En Guinée, la langue officielle est le français. À peu près 60 % des Sierraléonais et des Guinéens sont analphabètes.

      Sources de revenus La plupart des gens vivent du produit de leur lopin de terre. En Sierra Leone, les diamants d’alluvions représentent près de la moitié des recettes d’exportation. La Guinée possède une des plus grandes réserves mondiales de bauxite.

      Alimentation « Si je n’ai pas eu mon riz, je n’ai pas mangé aujourd’hui ! » dit-​on souvent. Le foufou, pâte collante de manioc pilé et bouilli, se mange en général avec viande, gombo et sauce aigre.

      Climat Chaud et humide sur la côte. Plus frais dans les montagnes. À la saison sèche, l’harmattan souffle pendant des jours. Ce vent saharien desséchant fait chuter les températures et couvre toute la région de poussière.

      a Certaines tribus sont connues sous plusieurs noms.

      SIERRA LEONE

      GUINÉE

      SUPERFICIE (km2)

      72 000

      250 000

      POPULATION

      6 092 000

      11 745 000

      PROCLAMATEURS (2013)

      2 039

      748

      HABITANTS POUR 1 PROCLAMATEUR

      2 988

      15 702

      ASSISTANCE AU MÉMORIAL (2013)

      8 297

      3 609

  • 1915-1947 Les débuts (1re partie)
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • Illustration, page 86

      SIERRA LEONE ET GUINÉE

      1915-1947 Les débuts (1re partie)

      Premières lueurs de vérité

      La bonne nouvelle pénètre en Sierra Leone en 1915 grâce à des voyageurs rentrant d’Angleterre avec des publications bibliques dans leurs bagages. Vers le mois de juillet, le premier serviteur de Jéhovah baptisé arrive à Freetown. C’est Alfred Joseph. Né au Guyana (Amérique du Sud) et âgé de 31 ans, il s’est fait baptiser un peu plus tôt à la Barbade (Antilles). Ayant décroché un emploi de conducteur de locomotive, il emménage dans un quartier de cheminots de Cline Town, à environ trois kilomètres du Cotton Tree. Aussitôt, il se met à diffuser le message de la Bible parmi ses collègues.

      Graphique, page 86

      L’année suivante, il a été rejoint par un ex-collègue de la Barbade, Leonard Blackman. (C’est la mère de Leonard, Elvira Hewitt, qui avait fait connaître la vérité à Alfred.) Devenus voisins, les deux hommes se retrouvaient régulièrement pour étudier la Bible. Par ailleurs, ils remettaient des publications bibliques à des amis et à d’autres personnes intéressées.

      Alfred et Leonard se sont vite rendu compte que les « champs » de Freetown étaient « blancs pour la moisson » (Jean 4:35). En 1923, Alfred a écrit au siège mondial, à New York : « Ici, beaucoup s’intéressent à la Bible. Pouvez-​vous envoyer quelqu’un pour s’occuper d’eux et développer la prédication en Sierra Leone ? » La réponse a été : « Nous vous envoyons quelqu’un ! »

      Illustration, page 88

      William Brown, dit « Brown la Bible », et sa femme, Antonia.

      « Plusieurs mois après, un soir, tard, j’ai reçu un appel téléphonique inattendu, raconte Alfred.

      « “C’est toi qui as écrit à la Société Tour de Garde pour qu’elle envoie des proclamateurs ? a demandé une voix au bout du fil.

      « — Oui, ai-​je répondu.

      « — Eh bien, voilà, je suis là”, a tonitrué la voix.

      « Cette voix, c’était celle de William Brown. Avec sa femme Antonia et leur petite fille, il était arrivé dans la journée et était descendu à l’hôtel Gainford.

      « Le lendemain matin, Leonard et moi tenions notre étude biblique hebdomadaire, quand une silhouette massive est apparue dans l’embrasure de la porte : c’était William Brown. Il était si zélé pour la vérité qu’il voulait donner un discours public dès le lendemain. Sans perdre un instant, nous avons réservé la plus grande salle de Freetown, le Wilberforce Memorial Hall, et avons programmé le premier de quatre discours publics pour le jeudi soir suivant.

      « Notre petit groupe s’est mobilisé afin d’annoncer ce discours et les autres au moyen de la presse, de feuilles d’invitation et du bouche à oreille. Nous nous demandions comment les Freetoniens allaient réagir. Mais il n’y avait pas de quoi s’inquiéter : environ 500 personnes, dont beaucoup d’ecclésiastiques locaux, ont rempli la salle. Nous étions enchantés ! »

      Pendant ce discours, qui a duré une heure, frère Brown a abondamment cité la Bible, affichant les versets sur un écran à l’aide d’une lanterne magique. Il ponctuait régulièrement ses propos de : « Ce n’est pas Brown qui le dit, c’est la Bible. » Les assistants, ébahis, applaudissaient après chaque démonstration. Ce n’était pas la force de son éloquence qui les impressionnait, mais la puissance de ses arguments bibliques. D’ailleurs, un jeune séminariste s’est exclamé : « Il connaît sa Bible, monsieur Brown ! »

      Illustration, page 90

      1930

      Les discours de frère Brown enflammaient la ville. Les gens affluaient pour les écouter. Le dimanche d’après, le discours « Voyage en enfer, aller et retour. Qui s’y trouve ? » a fait salle comble. Les vérités puissantes que frère Brown a présentées ce soir-​là ont incité même des fidèles en vue à se retirer de leur Église.

      Le quatrième et dernier discours, « Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais », a attiré encore plus de monde. « Les Églises ont dû annuler leurs offices du soir parce que tous leurs membres assistaient au discours de frère Brown », raconte un Freetonien.

      Du fait que frère Brown se servait toujours de la Bible, la désignant comme l’autorité suprême, les gens l’ont surnommé « Brown la Bible ». Ce surnom lui est resté et est devenu célèbre dans toute l’Afrique de l’Ouest. William Brown l’a porté fièrement jusqu’à la fin de sa vie terrestre.

  • 1915-1947 Les débuts (2e partie)
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      1915-1947 Les débuts (2e partie)

      Face aux Gladiateurs

      Jaloux de voir leurs ouailles s’enthousiasmer pour les discours de frère Brown, les ecclésiastiques sont entrés en fureur. « Les pasteurs ont attaqué la vérité à coups d’articles de presse, raconte La Tour de Garde en anglais du 15 décembre 1923. Frère Brown leur a répondu à maintes reprises, et les journaux ont publié les deux parties. » En fin de compte, les pasteurs se sont tus. La fausseté de leur raisonnement était apparue au grand jour. Les vérités bibliques s’étant répandues partout, beaucoup de lecteurs de la presse ont demandé des publications bibliques. Les pasteurs avaient voulu réduire au silence les serviteurs de Dieu, mais Jéhovah avait « ram[ené] sur eux leurs méfaits » (Ps. 94:21-23).

      Prenant la défense des pasteurs, un groupe de jeunes croyants qui se faisaient appeler les Gladiateurs ont annoncé une série de conférences publiques visant à dénigrer le « Russellisme », nom qu’ils donnaient au message du Royaume. Aussitôt frère Brown leur a lancé l’invitation à débattre avec lui. Les Gladiateurs ont décliné cette invitation et ont fait des reproches au rédacteur en chef du journal qui l’avait publiée. Ils ont aussi empêché frère Brown d’assister à leurs conférences. C’est donc Alfred Joseph qui y est allé.

      Les conférences se tenaient dans la chapelle commémorative de Buxton, une église méthodiste prestigieuse de Freetown. « [Un soir,] pendant la séance de questions-réponses, relate Alfred, j’ai mis en doute la doctrine anglicane, le dogme de la Trinité et plusieurs autres enseignements non bibliques. Finalement, le président de séance n’a plus accepté de questions. »

      Un Gladiateur présent ce soir-​là, Melbourne Garber, avait auparavant assisté aux discours de « Brown la Bible ». C’était lui, le jeune séminariste qui s’était exclamé : « Il connaît sa Bible, monsieur Brown ! » Après avoir analysé avec soin ce qu’il a entendu, Garber a été convaincu d’avoir trouvé la vérité. Il a donc demandé une étude biblique à frère Brown. Celui-ci l’a invité à l’étude hebdomadaire de La Tour de Garde qui se tenait chez lui. Quoique renié par sa famille, Garber a vite progressé spirituellement, et il s’est fait baptiser, de même que plusieurs autres étudiants.

      Satan n’avait pas réussi à étouffer la prédication dans l’œuf. Le maire de Freetown avait bien dit aux Gladiateurs : « Si c’est l’œuvre des hommes, elle prendra fin. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas l’arrêter » (Actes 5:38, 39).

      « La religion des Brown »

      Début mai 1923, frère Brown a télégraphié à la filiale de Londres pour demander plus de publications. Peu après, il recevait un envoi de 5 000 livres, qui a été suivi d’autres envois. Il a aussi continué de tenir des réunions publiques ; elles attiraient des milliers de personnes.

      Plus tard la même année, La Tour de Garde a rapporté : « L’œuvre [en Sierra Leone] s’accroît si vite que frère Brown a demandé du renfort. Claude Brown, de Winnipeg mais originaire des Antilles, est en chemin pour se joindre à lui. »

      Claude Brown était un prédicateur aguerri. Pendant la Première Guerre mondiale, il avait enduré des sévices dans les prisons canadiennes et anglaises pour avoir refusé d’abandonner sa neutralité chrétienne. Il est resté en Sierra Leone quatre ans, pendant lesquels il a grandement fortifié les frères et sœurs.

      Souvenir de Pauline Cole : « Avant mon baptême, en 1925, frère Claude m’a interrogée consciencieusement.

      « “Sœur Cole, est-​ce que tu comprends ce que tu as appris dans les Études des Écritures ? a-​t-​il demandé. Nous ne voudrions pas que tu t’éloignes de la vérité parce que tu n’as pas compris les enseignements bibliques.

      « — Frère Claude, ai-​je répondu, j’ai lu et relu ce que j’ai appris. Ma décision est prise !” »

      Illustration, page 93

      Pauline Cole.

      Pauline a servi Jéhovah plus de 60 ans, essentiellement comme pionnière spéciale. Elle a achevé sa vie terrestre en 1988.

      « Brown la Bible » aussi se souciait d’aider les autres à cultiver de bonnes habitudes spirituelles. Anecdote d’Alfred Joseph : « Quand je croisais frère Brown le matin, notre conversation donnait à peu près ceci : “Bonjour, frère Joe. Comment ça va ce matin ? Quel est le texte biblique d’aujourd’hui ?” Si je ne savais pas répondre, il me rappelait l’importance de connaître chaque jour le texte de La Manne quotidienne [angl. ; aujourd’hui Examinons les Écritures chaque jour]. Le lendemain matin, pour qu’il ne me prenne pas au dépourvu, je lisais le texte dès le réveil. Au début, je n’ai pas mesuré toute la valeur de la formation que je recevais ; je ne l’ai saisie qu’avec le temps. »

      Tout ce soutien spirituel a porté ses fruits. En 1923, une congrégation a été fondée à Freetown et 14 personnes se sont fait baptiser. Un des nouveaux frères s’appelait George Brown, ce qui portait à trois le nombre des familles Brown de la congrégation. Ces familles étaient si zélées que beaucoup de Freetoniens ont surnommé les Étudiants de la Biblea « la religion des Brown ».

      a L’ancien nom des Témoins de Jéhovah.

  • 1915-1947 Les débuts (3e partie)
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      1915-1947 Les débuts (3e partie)

      Vers les provinces et au-delà

      Brûlante d’enthousiasme pour la vérité, la congrégation de Freetown « commença à être entièrement occupé[e] par la parole » (Actes 18:5). Témoignage d’Alfred Joseph : « Souvent, j’attachais un carton de livres bibliques sur ma moto, une grosse Norton. Puis, avec un des frères Grant (Thomas ou Sylvester) assis à l’arrière, nous allions dans les campagnes et les villages autour de Freetown pour “prospecter”, comme on disait. »

      Jusqu’en 1927, les proclamateurs ont prêché surtout Freetown et sa région, appelée La Colonie. Mais à partir de 1928, chaque année avant les pluies, la congrégation louait un car pour se rendre dans les provinces. Ceux qui ne pouvaient pas y aller aidaient à financer les tournées, qui étaient organisées par Melbourne Garber. Les frères et sœurs prêchaient les villes et villages, vers l’est jusqu’à Kailahun et vers le sud presque jusqu’au Libéria. Le premier dimanche du mois, ils y retournaient pour entretenir l’intérêt manifesté.

      À cette époque, William Brown a voyagé aux Antilles, d’où il a rapporté une voiture, une des premières à entrer en Sierra Leone. Elle était équipée d’une sonorisation puissante conçue pour le témoignage public. Frère Brown la garait dans un lieu fréquenté et diffusait une musique entraînante pour attirer du monde. Puis il prononçait un bref exposé ou passait un discours enregistré, et il invitait les gens à demander des publications bibliques. La « voiture parlante », comme on l’a surnommée, était une véritable attraction. On venait en foule pour l’écouter.

      Illustration, page 95

      Ils témoignent avec hardiesse.

      Frère Brown s’est ensuite préoccupé d’un territoire vierge : le reste de l’Afrique occidentale anglophone. À la fin des années 1920, il a entrepris plusieurs tournées de prédication en Gambie, au Ghana, au Libéria et au Nigéria. S’il a rencontré de l’intérêt dans chacun de ces pays, le Nigéria lui a semblé exceptionnellement fertile. En 1930, avec sa famille, il a quitté Freetown pour Lagos. De là, il a continué de superviser l’œuvre du Royaume en Afrique de l’Ouest.

      Aujourd’hui, plus de 500 000 Témoins servent Jéhovah en Afrique de l’Ouest.

      En 1950, quand des ennuis de santé ont obligé frère Brown à rentrer à la Jamaïque, il a laissé en Afrique de l’Ouest un héritage remarquable. En 27 ans, sa femme et lui y avaient vu le nombre des Témoins passer de 2 à plus de 11 000. Ils avaient vu s’accomplir à la lettre cette prophétie d’Isaïe : « Le petit deviendra un millier et l’infime une nation forte » (Is. 60:22). Aujourd’hui, à peine plus de 60 ans après, une « nation forte » de plus de 500 000 Témoins sert Jéhovah en Afrique de l’Ouest.

      Fermes sous l’interdiction

      Quand la Seconde Guerre mondiale a assombri les cieux africains, les serviteurs de Jéhovah de Sierra Leone sont restés neutres (Mika 4:3 ; Jean 18:36). Les ayant à tort catalogués subversifs, les autorités britanniques ont surveillé leurs activités et interdit leurs écrits. Des douaniers de Freetown ont saisi et brûlé une cargaison de publications. Des frères ont été arrêtés pour détention d’écrits interditsa, mais ils ont rapidement été libérés.

      Malgré l’interdiction, les Témoins n’ont pas cessé de prêcher. Souvenir de Pauline Cole : « Un frère steward sur un navire qui passait souvent nous a fournis régulièrement en exemplaires de La Tour de Garde. Nous en tapions des copies à la machine pour les réunions. Nous imprimions aussi des tracts bibliques, que nous diffusions. Les frères continuaient de prononcer des discours et de passer des enregistrements des discours radio de frère Rutherford, surtout dans les villages périphériques. »

      Quoique modestes, ces efforts avaient clairement la bénédiction de Jéhovah. James Jarrett, ancien et pionnier spécial de longue date, se souvient : « Pendant la guerre, alors que je travaillais comme tailleur de pierres, une sœur âgée m’a donné la brochure Réfugiés. Comme Freetown était le point de chute de beaucoup de réfugiés, ce titre m’a intrigué. J’ai lu la brochure le soir même et j’ai su aussitôt que c’était la vérité. Le lendemain matin, j’ai cherché la sœur et lui ai demandé des exemplaires pour mes trois frères. Nous avons accepté la vérité tous les quatre. »

      À la fin de la guerre, en 1945, la congrégation de Freetown comptait 32 proclamateurs. Ils étaient restés intègres et spirituellement actifs. Et ils ne demandaient qu’à aller de l’avant.

      Campagne de réunions publiques

      Le 29 août 1945, lors de la réunion de service hebdomadaire, la congrégation de Freetown a examiné la question d’une nouvelle campagne annoncée dans l’Informateur (l’ancêtre du Ministère du Royaume) de décembre 1944 : Toute congrégation devait inviter le public à une série de quatre réunions dans « chaque ville, village et hameau » de son territoire. Chaque réunion comprendrait un discours d’une heure prononcé par un frère (de 18 ans ou plus) bon élève à l’École du ministère théocratique. Après les quatre réunions, les frères constitueraient des groupes d’étude biblique pour aider les personnes intéressées de chaque localité.

      Comment les proclamateurs ont-​ils réagi à ces nouvelles instructions ? Le procès-verbal de la réunion de service de la congrégation de Freetown rapporte les propos suivants :

      Le président. — À votre avis, comment pourrions-​nous procéder pour cette nouvelle campagne ?

      Frère Un. — Il ne faut pas s’attendre au même succès qu’en Amérique. Ici, les gens sont différents.

      Frère Deux. — Je suis d’accord.

      Frère Trois. — Pourquoi ne pas essayer ?

      Frère Quatre. — Mais il y aura des difficultés.

      Frère Cinq. — Pourtant, nous devons suivre les instructions de l’organisation de Jéhovah.

      Frère Six. — Mais dans notre pays, c’est perdu d’avance.

      Sœur Un. — Cependant, les instructions de l’Informateur sont claires. Essayons !

      Ils ont donc essayé. Depuis la côte de Freetown jusqu’à Bo dans le sud-est et jusqu’à Kabala sur le plateau nord, les frères ont tenu leurs réunions dans des salles de classe, sur des places de marché et chez des particuliers. Cette activité a dynamisé la congrégation, si bien que « la parole de Jéhovah continuait à croître et à se répandre » (Actes 12:24).

      Toutefois, les proclamateurs avaient besoin d’une formation théocratique. Et Jéhovah allait combler ce besoin.

      a L’interdiction a été levée en 1948.

  • 1945-1990 « Ils amènent une multitude à la justice » (Dan. 12:3) (1re partie)
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • Illustration, page 102

      SIERRA LEONE ET GUINÉE

      1945-1990 « Ils amènent une multitude à la justice » (Dan. 12:3) (1re partie)

      L’arrivée de Guiléadites

      En juin 1947, trois diplômés de l’École biblique de Guiléad — Charles Fitzpatrick, George Richardson et Hubert Gresham — sont arrivés à Freetown. Beaucoup d’autres missionnaires suivraient plus tard.

      Graphique, page 102

      Les missionnaires ont constaté que les proclamateurs sierraléonais étaient très motivés pour prêcher, mais qu’ils devaient devenir des enseignants plus efficaces (Mat. 28:20). Ils ont donc commencé par leur apprendre à suivre l’intérêt manifesté et à conduire des études bibliques. Ils leur ont aussi transmis des instructions à jour concernant les réunions et les méthodes théocratiques. De plus, ils ont organisé une réunion publique au Wilberforce Memorial Hall. À leur grande joie, 450 personnes sont venues ! Par la suite, ils ont institué une journée des revues hebdomadaire. Cette formation a galvanisé la congrégation et posé le fondement d’un accroissement à venir.

      Dans le même temps, les missionnaires luttaient pour s’adapter au climat. « Les conditions climatiques de la Sierra Leone sont très éprouvantes, expliquait en 1948 un rapport de la filiale. La saison des pluies dure six mois ; les pluies sont fortes, torrentielles et continues. Parfois il pleut deux semaines sans interruption. Pendant la saison sèche, la chaleur est intense et l’humidité élevée. » Les premiers Européens venus en Sierra Leone avaient surnommé ce pays « le cimetière de l’homme blanc ». Le paludisme, la fièvre jaune et d’autres maladies tropicales faisaient des ravages. L’un après l’autre, les missionnaires tombaient malades et devaient partir.

      Bien entendu, ces contretemps perturbaient les frères sierraléonais. Mais ils n’ont pas abandonné. Entre 1947 et 1952, le maximum des proclamateurs est passé de 38 à 73. À Waterloo, ville voisine de Freetown, des pionniers travailleurs ont contribué à fonder une congrégation. De nouveaux groupes d’étude sont nés à Kissy et à Wellington, en périphérie de Freetown. La Sierra Leone semblait prête pour l’accroissement. Il ne lui manquait plus que le bon déclencheur.

      Une visite fortifiante

      Freetown, novembre 1952. Un svelte Américain de 30 ans pose le pied sur la jetée, puis s’enfonce dans le tohu-bohu de la ville. C’est Milton Henschel, du siège mondial. Il racontera plus tard : « J’étais très étonné de rencontrer une ville moderne et bien plus propre que beaucoup d’autres dans le monde. [...] Des rues goudronnées, des magasins animés, des autos neuves, et un flot incessant de passants... »

      Frère Henschel poursuit sa marche jusqu’à la maison de missionnaires, à deux rues du célèbre Cotton Tree. À son arrivée, il informe les frères que la Sierra Leone va recevoir de l’aide. Le dimanche suivant, il annonce à 253 personnes réunies au Wilberforce Memorial Hall plusieurs nouvelles formidables : La Sierra Leone va avoir sa propre filiale, un surveillant de circonscription, des assemblées de circonscription ; une congrégation va être formée à Kissy ; les provinces vont être beaucoup plus prêchées. Ses auditeurs sont transportés de joie !

      « Ils n’arrêtaient pas de dire kusheh, terme très expressif signifiant “très bien !”, raconte frère Henschel. Ils étaient tout guillerets. Par petits groupes, ils ont quitté la salle et se sont éloignés dans la pénombre du soir, [...] on entendait des congressistes chanter des cantiques. »

      C’est William Nushy, missionnaire arrivé depuis peu, qui a été nommé surveillant de la nouvelle filiale. Autrefois croupier dans divers casinos aux États-Unis, il avait abandonné ce métier en devenant chrétien. Depuis, il était un ardent défenseur des principes justes, caractéristique qui lui vaudrait l’affection et le respect des frères et sœurs de Sierra Leone.

  • Ils tenaient à le voir
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      Ils tenaient à le voir

      Illustration, page 105

      EN 1956, les frères de Freetown ont projeté le film La Société du Monde Nouveau en action. Récit :

      « Nous avons loué la plus grande salle de Freetown et distribué 1 000 invitations. Restait à savoir combien de personnes viendraient. Une demi-heure avant le début du film, il n’y en avait que 25. Dans le quart d’heure qui a suivi, 100 de plus sont arrivées. Rapidement, les 500 sièges ont été occupés. Cent spectateurs ont bien voulu rester debout. Cinq cents n’ont pas pu entrer. Voudraient-​ils attendre une deuxième séance ? “Oui”, ont-​ils répondu. Et ils ont attendu dehors, sous la pluie ! »

      Au fil des années, ce sont plus de 80 000 Sierraléonais qui ont vu ce film, et d’autres tout aussi remarquables.

  • 1945-1990 « Ils amènent une multitude à la justice » (Dan. 12:3) (2e partie)
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      1945-1990 « Ils amènent une multitude à la justice » (Dan. 12:3) (2e partie)

      Ils honorent le mariage

      Peu après son entrée en fonction, William Nushy s’est rendu compte que tous les frères et sœurs ne suivaient pas la norme de Jéhovah concernant le mariage. Certains couples, mariés selon le droit coutumier, vivaient maritalement sans avoir fait enregistrer leur union par les autorités civiles. D’autres suivaient la coutume locale de retarder le mariage jusqu’à ce que la femme tombe enceinte, pour être sûrs que leur union serait féconde.

      Par conséquent, en mai 1953, la filiale a écrit à toutes les congrégations en expliquant clairement la norme biblique du mariage (Gen. 2:24 ; Rom. 13:1 ; Héb. 13:4). Les couples devaient régulariser leur situation dans un délai raisonnable, sans quoi ils seraient « ôtés » de la congrégation (1 Cor. 5:11, 13).

      La plupart des frères et sœurs se sont réjouis de cette mise au point. Toutefois, certains se sont montrés laxistes et indépendants. Dans deux congrégations, plus de la moitié des proclamateurs ont rompu avec l’organisation de Jéhovah. En revanche, ceux qui sont restés fidèles ont même augmenté leur activité, preuve évidente qu’ils avaient la bénédiction de Jéhovah.

      Après bien des démarches, les frères ont obtenu pour la Salle du Royaume de Freetown le statut de lieu de célébration de mariages. Le 3 septembre 1954, ils y ont célébré leur première cérémonie officielle. Plus tard, l’État a fourni des registres de mariage à des frères habilités dans sept districts du pays. Ainsi, un plus grand nombre d’étudiants ont pu régulariser leur union et devenir proclamateurs.

      Illustration, page 107

      Mariage à la Salle du Royaume.

      Beaucoup de polygames intéressés par la vérité ont eux aussi fait le nécessaire pour se conformer aux normes de Dieu. Samuel Cooper, qui vit aujourd’hui à Bonthe, raconte : « En 1957, je me suis mis à assister aux réunions avec mes deux femmes, puis je me suis inscrit à l’École du ministère théocratique. Un jour, j’ai eu à préparer un exposé sur le mariage chrétien. Lors de mes recherches, j’ai compris que je devais répudier ma deuxième femme. Quand je l’ai dit à mes proches, ils se sont tous dressés contre moi. C’est que ma deuxième femme m’avait donné un enfant, alors que ma première était stérile. Mais j’étais bien décidé à obéir aux principes bibliques. À ma grande surprise, quand ma deuxième femme est retournée dans sa famille, ma première a commencé à avoir des enfants. Maintenant, j’ai cinq enfants de ma femme qui était autrefois stérile. »

      De l’autre côté de la frontière, en Guinée, Honoré Kamano, qui avait trois femmes, a répudié les deux plus jeunes. Impressionnée par sa décision, la première a pris la vérité plus au sérieux. Une des deux autres, bien que déçue, a admiré elle aussi le grand respect d’Honoré pour les principes bibliques. Elle a demandé à étudier la Bible et, plus tard, elle a voué sa vie à Jéhovah.

      Les Témoins de Jéhovah ont la réputation de respecter le mariage.

      Aujourd’hui, partout en Sierra Leone et en Guinée, les Témoins de Jéhovah ont la réputation de respecter le mariage. Leur fidélité conjugale « pare » les enseignements de Dieu ; elle loue l’Auteur du mariage (Mat. 19:4-6 ; Tite 2:10).

      Dissidence à Freetown

      En 1956, deux autres Guiléadites arrivent à Freetown. Sur le chemin de la maison de missionnaires, Charles et Reva Chappell tombent en arrêt devant un grand panneau annonçant un discours biblique qui sera donné au Wilberforce Memorial Hall. Souvenir de Charles : « L’orateur indiqué était C.N.D. Jones, représentant de l’“Ecclésia des Témoins de Jéhovah”. »

      Jones, qui se disait oint, était le meneur d’un groupe qui s’était séparé de la congrégation de Freetown plusieurs années auparavant. Ces dissidents affirmaient être les « vrais » témoins de Jéhovah et qualifiaient d’« imposteurs » et de « cow-boys de Guiléad » les missionnaires et ceux qui étaient fidèles aux représentants de l’organisation.

      La situation est devenue critique quand Jones et certains de ses partisans ont été excommuniés. « L’annonce a choqué des frères qui auraient préféré plus d’indulgence envers les dissidents, raconte Charles. Quelques-uns ont clamé publiquement leur mécontentement. Eux et d’autres ont continué de fréquenter les rebelles. Ils ont aussi essayé de perturber les réunions et les sorties de prédication. Aux réunions, les mécontents s’asseyaient ensemble à un endroit qu’on surnommait “la rangée des dissidents”. La plupart ont fini par abandonner la vérité. Mais certains ont retrouvé leur équilibre spirituel et sont devenus des proclamateurs zélés. »

      La fidélité montrée par la majorité des frères a permis à l’esprit de Dieu d’agir sans entrave. Après sa visite de zone à Freetown l’année suivante, Harry Arnott a rapporté : « C’est le premier grand accroissement enregistré en Sierra Leone depuis quelques années. Cela laisse optimiste quant aux progrès futurs. »

      Prédication aux Kissis

      Peu après la visite de frère Arnott, Charles Chappell a reçu une lettre d’un frère du Libéria. Ce frère appartenait à la tribu des Kissis, habitants des forêts vallonnées situées à la jonction entre la Sierra Leone, le Libéria et la Guinée. Apparemment, beaucoup de Kissis voulaient comprendre la Bible. Le frère souhaitait donc lancer la prédication parmi ceux de Sierra Leone.

      La plupart des Kissis ne sachant ni lire ni écrire, les Témoins ont organisé à Koindu des cours d’alphabétisation pour leur enseigner les vérités fondamentales de la Bible. Ces cours attiraient des centaines de personnes. « Le groupe n’a pas tardé à compter 5 nouveaux proclamateurs, puis 10, puis 15, puis 20, se souvient Charles. Les gens venaient si vite à la vérité que je doutais qu’ils soient de vrais proclamateurs. En fait, j’avais tort. La plupart étaient non seulement attachés à Dieu, mais zélés aussi ! »

      Ces nouveaux proclamateurs pleins d’ardeur ont porté la bonne nouvelle au-delà de Koindu, et même jusqu’en Guinée. Marchant des heures à travers monts et plaines, ils prêchaient les fermes et les villages. « Nous passions des semaines, et parfois des mois, sans entendre un seul véhicule à moteur », raconte Eleazar Onwudiwe, surveillant de circonscription à l’époque.

      À mesure que les proclamateurs kissis répandaient et arrosaient la semence du Royaume, Dieu la faisait croître (1 Cor. 3:7). Par exemple, un jeune aveugle touché par la vérité a appris par cœur les 32 pages de la brochure « Cette bonne nouvelle du royaume ». Une fois proclamateur, quand il prêchait et conduisait des études bibliques, il se rappelait à volonté les paragraphes, à la stupéfaction de tous. Une femme sourde qui a accepté la vérité a tellement changé que sa belle-sœur s’est mise à assister aux réunions, faisant pour cela dix kilomètres à pied.

      La prédication parmi les Kissis a progressé à pas de géant. Une deuxième congrégation a été formée, puis une troisième. Une trentaine de proclamateurs sont devenus pionniers. Le chef de ville de Koindu s’est intéressé à la vérité, et il a offert un terrain pour la construction d’une Salle du Royaume. Une assemblée de circonscription ayant réuni plus de 500 personnes à Kailahun, là aussi on a formé une congrégation. Peu de temps après, la moitié des Témoins de Sierra Leone étaient des Kissis, alors que cette tribu représentait moins de deux pour cent de la population.

      Ces progrès n’ont pas plu à tout le monde, et surtout pas aux chefs religieux kissis. Dévorés de jalousie, ils ont décidé d’écraser cette « menace » pour leur autorité. Mais quand et comment allaient-​ils frapper ?

  • 1945-1990 « Ils amènent une multitude à la justice » (Dan. 12:3) (3e partie)
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    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      1945-1990 « Ils amènent une multitude à la justice » (Dan. 12:3) (3e partie)

      L’opposition du poro

      La première offensive a eu lieu dans un village proche de Koindu, où un groupe d’hommes étudiaient la Bible et assistaient régulièrement aux réunions. Comme la plupart des hommes kissis, ils étaient membres du poro, une société secrète imprégnée de spiritisme. « Quand les étudiants de la Bible ont refusé de prendre part aux rites démoniaques, le chef poro est entré en fureur, explique James Mensah, qui a été missionnaire en Sierra Leone. Le chef et ses partisans ont battu ces hommes, volé leurs biens, brûlé leurs maisons, puis ils les ont enchaînés et laissés dans la brousse pour qu’ils y meurent de faim. Et leur violence était attisée par le chef supérieur. Malgré ces mauvais traitements, les étudiants n’ont pas cédé. »

      Quand les frères de Koindu ont porté plainte à la police, le chef poro, ses acolytes et le chef supérieur se sont fait arrêter. Ils ont été jugés et blâmés sévèrement. Le chef supérieur a été suspendu pour presque un an. Cette victoire juridique a eu un grand retentissement, et elle a donné à plus de nouveaux le courage d’assister aux réunions. Plus tard, le chef supérieur s’est radouci au point de s’intéresser à la vérité. À l’occasion d’une assemblée de circonscription tenue près de chez lui, il a logé des frères et sœurs et a même fait don d’une belle vache.

      D’autres chefs poros ont essayé une offensive différente, plus sournoise, en « façonn[ant] le malheur par décret » (Ps. 94:20). Des hommes politiques poros ont déposé au Parlement une motion d’interdiction de l’œuvre des Témoins de Jéhovah. « Mais le chef supérieur a pris notre défense devant le Parlement, en expliquant qu’il étudiait avec nous depuis deux ans, raconte Charles Chappell. Il a dit que notre organisation était totalement apolitique, qu’elle éduquait les gens et élevait leur moralité. Puis il a déclaré qu’il espérait en devenir membre un jour. Après l’intervention d’un autre parlementaire qui avait étudié la Bible lui aussi, la motion a été rejetée. »

      « Ton Dieu n’a qu’à te nourrir ! » ricanaient-​ils.

      Ceux qui quittaient les sociétés secrètes rencontraient une rude opposition de la part de leurs familles. Jonathan Sellu, un adolescent de Koindu, faisait partie d’une famille où l’on était prêtre djoudjou depuis quatre générations. Lui-​même était en formation pour le devenir. Quand il a commencé à étudier la Bible, il a abandonné ses rites et ses sacrifices spirites. Ses proches se sont durement opposés à lui, l’ont retiré de l’école et l’ont privé de repas quand il allait aux réunions. « Ton Dieu n’a qu’à te nourrir ! » ricanaient-​ils. Mais Jonathan a tenu bon. Il n’a jamais manqué de nourriture. Il a appris à lire et à écrire, et par la suite il est devenu pionnier permanent. Il a eu la joie de voir sa mère accepter la vérité.

      Progrès ailleurs dans le pays

      En 1960, on recensait des congrégations et des groupes à Bo, à Freetown, à Kissy, à Koindu, à Lunsar, à Magburaka, à Makeni, à Moyamba, à Port Loko, à Waterloo, et jusque dans le nord, à Kabala. Cette année-​là, le chiffre des proclamateurs est passé de 182 à 282. Beaucoup de pionniers spéciaux du Ghana et du Nigéria sont arrivés pour fortifier les congrégations grandissantes.

      La plupart des nouveaux appartenaient à deux ethnies : les Krios, qui vivaient dans Freetown et ses environs, et les Kissis, qui peuplaient la province de l’Est. Mais, la bonne nouvelle se propageant, d’autres tribus lui ont fait bon accueil, comme les Kourankos, les Limbas et les Temnés au nord, et les Mendés au sud.

      En 1961, la congrégation de Freetown-Est a inauguré sa Salle du Royaume. Puis celle de Koindu a inauguré une salle en adobes de 300 places pouvant doubler de surface pour les assemblées. Peu après, 40 anciens ont assisté à la première École du ministère du Royaume tenue dans le pays. Couronnement d’une année exceptionnelle, la campagne de diffusion des Saintes Écritures. Traduction du monde nouveau (en anglais) a été un franc succès.

      Illustration, page 116

      École du ministère théocratique en Sierra Leone, 1961. William Nushy (dernier rang, au milieu), Charles Chappell (rang du milieu, deuxième à partir de la droite), et Reva Chappell (premier rang, troisième à partir de la droite).

      Il était clair que Jéhovah bénissait son peuple. Le 28 juillet 1962, l’État sierraléonais a enregistré officiellement l’Association internationale des Étudiants de la Bible, entité juridique utilisée par les Témoins de Jéhovah dans de nombreux pays.

      La Guinée s’ouvre à la bonne nouvelle

      Intéressons-​nous à présent à un pays voisin, la Guinée (autrefois la Guinée française). Avant 1958, quelques frères de passage avaient prêché brièvement à certains habitants, mais les autorités coloniales françaises étaient opposées à notre œuvre. Cependant, l’année 1958 a ouvert de nouvelles perspectives : renonçant à la domination française, la Guinée est devenue une république indépendante.

      Plus tard dans l’année, Manuel Diogo, un frère francophone d’une trentaine d’années originaire du Dahomey (aujourd’hui le Bénin), a trouvé du travail dans une mine de bauxite de Fria, ville située à 80 kilomètres au nord de Conakry, la capitale. Soucieux de prêcher ce territoire vierge, Manuel a demandé à la filiale de France des publications et l’aide de pionniers spéciaux. Sa lettre se finissait ainsi : « Je prie pour que Jéhovah bénisse l’œuvre, car il y a beaucoup d’intérêt ici. »

      La filiale de France a répondu à Manuel par une lettre encourageante, dans laquelle elle lui conseillait vivement de rester en Guinée aussi longtemps que possible. Elle lui a aussi envoyé un pionnier spécial pour le former dans la prédication. Fortifié par ces encouragements, Manuel a prêché avec zèle à Fria jusqu’à sa mort en 1968.

      Lorsqu’il est allé à Conakry en 1960, le surveillant de zone Wilfred Gooch y a trouvé deux autres frères africains à l’œuvre. Il a recommandé que ce soit la filiale de Sierra Leone plutôt que celle de France qui s’occupe de la Guinée. Ce changement a pris effet le 1er mars 1961. Un mois plus tard, la première congrégation de Guinée voyait le jour à Conakry.

      La lumière spirituelle perce la forêt tropicale

      Pendant ce temps, la bonne nouvelle gagnait le sud de la Guinée. Par exemple, en revenant à Fodédou, son village natal (15 kilomètres à l’ouest de Guékédou), un Kissi vivant au Libéria a rapporté avec lui Du paradis perdu au paradis reconquis. Cet homme, Falla Gbondo, ne savait pas lire, mais il a pu expliquer les images du livre aux gens de sa tribu. « Ce livre a déclenché beaucoup de discussions, raconte-​t-​il. Ils l’appelaient le livre d’Adam et Ève. »

      De retour au Libéria, Falla s’est fait baptiser. Par la suite, il est devenu pionnier spécial. Deux fois par mois, il retournait à Fodédou pour étudier avec un groupe d’environ 30 personnes. Puis Borbor Seysey, un autre pionnier spécial kissi du Libéria, est venu lui prêter main-forte. Ensemble, ils ont lancé un autre groupe à Guékédou. Les deux groupes sont devenus des congrégations.

      De plus en plus de Kissis devenant Témoins, les chefs locaux ont remarqué leur bonne conduite. Les Témoins étaient travailleurs et honnêtes, et ils favorisaient la paix dans leurs villages. Aussi, quand ils ont demandé l’autorisation de bâtir une salle à Fodédou, les chefs leur ont volontiers cédé trois hectares de terrain. Cette Salle du Royaume, la première en Guinée, a été achevée au début de 1964.

      Troubles à Conakry

      Entre-temps, la tension montait à Conakry. En raison de l’agitation politique, les autorités sont devenues méfiantes à l’égard des étrangers. Quatre Guiléadites se sont vu refuser des visas permanents et ont été expulsés. Deux frères ghanéens ont été arrêtés sur de fausses accusations et emprisonnés pendant près de deux mois.

      Peu après leur libération, l’un d’eux, Emmanuel Awusu-Ansah, a été réarrêté et détenu dans des conditions épouvantables. Depuis une cellule sordide, il a écrit : « Spirituellement, je vais bien, mais j’ai une fièvre tenace. Cependant, je peux encore prêcher. Le mois dernier, j’ai fait 67 heures de prédication, et deux étudiants de la Bible ont commencé à prêcher avec moi. » L’un de ses étudiants est venu à la vérité. Au bout de cinq mois, frère Awusu-Ansah a été libéré et expulsé vers la Sierra Leone. Il ne restait plus qu’un proclamateur à Conakry.

      En 1969, une fois les tensions politiques apaisées, des pionniers spéciaux sont arrivés à Conakry. Avec l’accord des autorités, ils ont ouvert une Salle du Royaume, signalée par une pancarte. Bientôt, environ 30 personnes intéressées ont été régulières aux réunions.

      Au début, comme ils risquaient d’être arrêtés, les frères et sœurs prêchaient prudemment. Mais à mesure qu’ils ont pris confiance, ils ont élargi leur activité. En 1973, leur petite congrégation a diffusé 6 000 tracts. Plus tard, les proclamateurs se sont mis à proposer les revues dans les quartiers d’affaires et de commerces. Peu à peu, l’État et la population ont mieux compris et apprécié l’activité des Témoins. Le 15 décembre 1993, les efforts patients et persistants des frères ont abouti à l’enregistrement officiel de l’Association chrétienne des Témoins de Jéhovah de Guinée.

  • Les sociétés secrètes
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      Les sociétés secrètes

      TRÈS répandues en Afrique de l’Ouest, les sociétés secrètes n’ont pas de frontières tribales, culturelles ou linguistiques. Ces organisations règlent les activités sociales, scolaires et politiques de leurs membres ; mais leur rôle est avant tout religieux. Deux des plus grandes sont le poro (pour les hommes) et le sandéa (pour les femmes). La société poro cherche par exemple à « maîtriser les esprits et [à] faire en sorte que leur intervention dans les affaires des hommes soit bénéfique » (Initiation [angl.], 1986).

      Illustration pleine page, pages 112, 113

      Dans le poro, les nouveaux membres sont initiés aux secrets spirituels et aux pouvoirs de la sorcellerie, et ils subissent une scarification rituelle. Dans le sandé, les nouvelles apprennent les rites spirites et, en général, subissent la mutilation sexuelle féminine, pratique qui se perd toutefois dans certaines régions.

      D’autres sociétés secrètes réglementent la sexualité de leurs adeptes et ont recours à des remèdes spirites contre la folie et d’autres maladies. Pendant la guerre civile en Sierra Leone, l’une d’elles a prétendu que ses membres étaient immunisés contre les balles. Mais ils ne l’étaient pas...

      Il est interdit aux adeptes de révéler les savoirs et les rites de leur société aux non-initiés. De plus, celui qui défie les lois et les protocoles d’une société secrète risque la mort.

  • « Je ne te donne pas un an à vivre ! »
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    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      « Je ne te donne pas un an à vivre ! »

      Zachaeus Martyn

      • NAISSANCE 1880

      • BAPTÊME 1942

      • EN BREF Devenu pionnier à 72 ans.

      Illustration, page 99

      ZACHAEUS n’a jamais eu personne pour lui enseigner la Bible. Mais après avoir lu les livres Salut et La Harpe de Dieu, il a compris qu’il avait trouvé la vérité.

      Tôt un dimanche de 1941, Zachaeus s’est mis en route pour sa première réunion des Témoins, qui se tenait à huit kilomètres de chez lui, au pied d’une montagne escarpée. Comme il ne savait pas à quelle heure elle commençait, il est arrivé avec plusieurs heures d’avance. Il s’est assis et a attendu la venue des frères. Après avoir assisté à trois réunions du dimanche à la Salle du Royaume, il a demandé à l’Église anglicane locale de le rayer de son registre.

      Un ami proche, membre de cette Église, l’a sermonné : « Mon vieux, si tu continues à monter et à descendre ces huit kilomètres à pied pour aller aux offices de ces gens, je ne te donne pas un an à vivre ! » Il a regardé Zachaeus monter et descendre la côte deux fois par semaine pendant cinq ans. Et puis c’est lui qui est mort ! Vingt-cinq ans plus tard, Zachaeus se sentait toujours en forme.

      Zachaeus a servi Jéhovah fidèlement jusqu’à sa mort, à l’âge de 97 ans.

  • On l’appelait « Brown la Bible »
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      On l’appelait « Brown la Bible »

      William Brown

      • NAISSANCE 1879

      • BAPTÊME 1908

      • EN BREF Pionnier de la première heure en Afrique de l’Ouest.

      Illustration, page 100

      EN 1907, à l’époque où il travaillait sur le chantier du canal de Panama, William est tombé sur un Étudiant de la Bible, Isaiah Richards, donnant un sermon au coin d’une rue. Frère Richards basait son discours sur la « Carte des âges », schéma servant à expliquer les desseins de Dieu. William a rapidement accepté la vérité ; puis il est rentré en Jamaïque pour la faire connaître à sa mère et à sa sœur. Par la suite, elles aussi sont devenues Étudiantes de la Bible.

      Pendant un temps, frère Brown a prêché à Panamá, la capitale de l’État du même nom. Il y a rencontré Evander Coward, un représentant itinérant des Étudiants de la Bible en tournée de discours dans le pays. Frère Coward était un orateur véhément et pittoresque ; les gens venaient nombreux pour l’écouter. Voyant le zèle de William pour la vérité, il l’a invité à l’accompagner dans une tournée de prédication sur l’île de la Trinité.

      Pendant une dizaine d’années, William a sillonné les Antilles, prêchant à plein temps et fortifiant les petits groupes qu’il rencontrait. En 1920, il a épousé une femme de foi nommée Antonia. Deux jours après leur mariage, William et Antonia ont pris le bateau pour Montserrat (île des Petites Antilles), en emportant avec eux le « Photo-Drame de la Création » (présentation biblique en quatre parties, composée d’un film et de diapositives). Ils ont aussi prêché à la Barbade, à la Dominique et à la Grenade. Ils ont passé une joyeuse lune de miel au service de Jéhovah !

      Deux ans après, William a écrit à Joseph Rutherford, qui supervisait l’œuvre à l’époque : « Avec l’aide de Jéhovah, j’ai donné le témoignage dans la majeure partie des îles Caraïbes et fait des disciples dans beaucoup d’entre elles. Dois-​je en refaire le tour ? » Quelques jours plus tard, il recevait cette réponse : « Pars pour Sierra Leone, Afrique de l’Ouest, avec femme et enfant. »

      Durant ses 27 ans de service en Afrique de l’Ouest, frère Brown ne s’est jamais senti à l’aise dans un bureau. Il préférait être dehors à prêcher. Parce qu’il insistait sur l’importance de la Bible, on a fini par l’appeler « Brown la Bible ».

      En 1950, William (alors âgé de 71 ans) et sa femme se sont réinstallés à la Jamaïque en tant que pionniers. William est resté pionnier jusqu’à la fin de sa vie terrestre en 1967. Comme il aimait ce service ! Pour lui, c’était un des plus grands honneurs qu’un humain puisse avoir.

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