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Un secret bien gardéRéveillez-vous ! 2000 | 8 mars
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Un secret bien gardé
“ Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. ” — DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’HOMME.
LA PROCHAINE fois que vous sucrerez votre café, pensez à Prevot, un Haïtien à qui on avait promis un emploi intéressant dans une autre région des Caraïbes et qui a été vendu pour huit dollars.
Comme des milliers de ses compatriotes, Prevot est un esclave : il doit récolter la canne à sucre pendant six ou sept mois pour une somme dérisoire, voire pour rien. Ces captifs sont détenus dans des conditions insalubres de promiscuité. Après les avoir dépossédés de leurs effets personnels on leur donne des machettes, et pour avoir à manger ils doivent travailler. S’ils tentent de s’échapper, ils risquent d’être battus.
Considérez également le cas de Lin-Lin, une jeune fille d’Asie du Sud-Est. Elle avait 13 ans quand sa mère est décédée. Une agence de recrutement l’a achetée à son père pour 480 dollars américains, promettant de lui trouver un emploi intéressant. Le prix payé était défini comme “ une avance sur ses futurs salaires ”, en somme un moyen sûr de la maintenir liée pour toujours à ses nouveaux propriétaires. En fait de travail décent, Lin-Lin a échoué dans une maison close, où les clients paient quatre dollars pour passer une heure avec elle. Lin-Lin est prisonnière, car elle ne peut pas partir tant que sa dette n’est pas payée. Cette somme inclut ses frais d’entretien, en plus des intérêts et de ses dépenses. Si Lin-Lin refuse d’obéir à son employeur, elle risque elle aussi d’être battue ou torturée. Et fuir pourrait signifier sa mort.
La liberté pour tous ?
La plupart des gens pensent que l’esclavage n’existe plus. En effet, après la signature de nombreux actes, déclarations et conventions, il a été officiellement aboli dans une majorité de pays. Partout on clame haut et fort son aversion pour l’esclavage. Les lois de nombreux États le condamnent et son abolition est garantie par des accords internationaux, notamment dans l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, citée plus haut.
Pourtant, l’esclavage demeure et se répand, même si pour certains il reste un secret bien gardé. De Phnom Penh à Paris, de Mumbai à Brasilia, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont contraints de vivre et de travailler comme des esclaves ou dans des conditions qui ressemblent à l’esclavage. Anti-Slavery International, le plus ancien organisme de surveillance du travail forcé, basé à Londres, évalue à des centaines de millions le nombre de personnes asservies. Effectivement, il pourrait y avoir plus d’esclaves dans le monde aujourd’hui que jamais auparavant.
Soit, les chaînes, le fouet et les enchères ne sont pas les traits distinctifs de l’esclavage moderne. Le travail forcé, le mariage imposé, la servitude pour dettes, le travail des enfants et souvent la prostitution ne sont que quelques-unes des formes contemporaines d’esclavage les plus courantes. Les esclaves peuvent également être des concubines, des conducteurs de chameaux, des journaliers ramassant la canne à sucre, des tisserands ou des manœuvres sur les chantiers routiers. Si la grande majorité d’entre eux ne sont pas vendus à l’occasion d’enchères publiques, ils n’en souffrent pas moins que leurs prédécesseurs. Dans certains cas, leur vie est même parfois plus tragique.
Qui devient esclave ? Et comment ? Que fait-on contre l’esclavage ? Son abolition totale est-elle en vue ?
[Encadré/Illustration, page 4]
L’ESCLAVAGE À NOTRE ÉPOQUE
Les Nations unies elles-mêmes, après des années de travail, ont du mal à définir l’esclavage. La Convention sur l’esclavage de 1926 déclare : “ L’esclavage est le statut ou la condition d’une personne sur laquelle s’exercent l’un quelconque ou tous les pouvoirs liés au droit de propriété. ” Pourtant, le mot est toujours sujet à interprétation. Selon la journaliste Barbara Crossette, “ l’esclavage est une dénomination qui s’applique tant aux ouvriers sous-payés qui travaillent dans l’industrie textile ou l’article de sport à l’étranger qu’aux vendeurs de confiseries dans les grandes villes américaines. On l’emploie aussi pour condamner l’industrie du sexe et le travail forcé ”.
“ Étant donné que l’esclavage semble adopter des formes nouvelles — ou que le mot s’applique à des conditions plus diverses — le danger existe de voir sa signification perdre de sa force ”, affirme Mike Dottridge, directeur d’Anti-Slavery International. D’après lui, “ l’esclavage se caractérise par la notion de propriété ou de domination sur la vie de quelqu’un d’autre ”. L’esclavage implique l’idée de coercition et de limitation de mouvement — le fait que “ quelqu’un n’est pas libre de partir, de changer d’employeur ”.
Abraham Rosenthal, écrivant dans le New York Times, fait cette remarque : “ Les esclaves vivent une vie d’esclave — travail éreintant, viol, faim, torture, bref toutes les formes de dégradation. ” Il ajoute : “ Avec 50 dollars on peut acheter un esclave, alors peu importe [pour les propriétaires] combien de temps il survit avant qu’on ne jette son corps dans une rivière. ”
[Indication d’origine]
Ricardo Funari
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Quels sont les esclaves d’aujourd’hui ?Réveillez-vous ! 2000 | 8 mars
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Quels sont les esclaves d’aujourd’hui ?
ARRÊTEZ-VOUS simplement sur les chiffres. On estime qu’entre 200 et 250 millions d’enfants de moins de 15 ans passent la quasi-totalité de leur journée au travail. Pour les seules années 1995 et 1996, 250 000 enfants, parfois âgés de sept ans seulement, ont été utilisés dans des luttes armées, certains d’entre eux devenant ainsi des esclaves de guerre. Le nombre de femmes et d’enfants vendus comme esclaves chaque année est évalué à plus de un million.
Cependant, les chiffres bruts ne peuvent traduire le désespoir de ces gens. À titre d’exemple, dans un pays d’Afrique du Nord, l’écrivain Elinor Burkett a rencontré Fatima, une jeune femme ayant réussi à échapper à son maître qui faisait preuve de cruauté. Après avoir discuté avec elle, l’auteur a compris que Fatima “ sera esclave pour toujours, dans sa tête ”. Fatima pourra-t-elle un jour ne serait-ce que rêver d’un avenir meilleur ? “ Elle n’arrive pas à se projeter plus loin que le lendemain, déclare Mme Burkett. L’avenir est l’un des nombreux concepts abstraits qui lui échappent totalement. ”
De fait, en ce moment même, des millions de nos semblables sont des esclaves désespérés. Pourquoi et comment ces gens deviennent-ils esclaves ? À quelles formes d’asservissement sont-ils réduits ?
Les marchands de chair
La brochure touristique qui circule aux États-Unis ne pouvait être plus explicite : “ Excursions sexuelles en Thaïlande. De vraies filles, du vrai plaisir, et vraiment pas cher. Savez-vous que vous pouvez bénéficier des faveurs d’une vierge pour seulement 200 dollars ? ” Ce que la brochure ne disait pas, c’est que ces “ vierges ” ont probablement été kidnappées ou vendues à des maisons closes, où elles subissent les abus de 10 à 20 clients par jour environ. Si elles ne se plient pas aux désirs sexuels de la clientèle, on les bat. Lors d’un incendie dans une maison close de l’île de Phuket, un village touristique au sud de la Thaïlande, cinq prostituées sont mortes brûlées vives. Pourquoi ? Parce que leur propriétaire les avait enchaînées à leur lit pour les empêcher d’échapper à la servitude.
D’où viennent ces jeunes femmes ? Il semblerait que ce secteur de l’industrie du sexe utilise des millions de femmes et de jeunes filles du monde entier, qui ont été kidnappées et vendues à des proxénètes. La bonne santé du marché international du sexe est due à la combinaison de trois facteurs : la pauvreté qui frappe les pays en développement, l’abondance dans les pays riches, et des lois qui ferment les yeux sur le trafic international et l’asservissement par contrat.
En Asie du Sud-Est, des organisations féministes ont estimé que du milieu des années 70 au début des années 90, 30 millions de femmes ont été vendues dans le monde. Les trafiquants de chair parcourent les gares ferroviaires, les villages touchés par la pauvreté et les rues des grandes villes, à la recherche de jeunes filles et de femmes qui semblent vulnérables. En général, leurs victimes sont peu instruites, seules au monde, abandonnées ou sans ressources. On leur promet du travail et on les envoie à l’étranger, où elles sont vendues à des maisons closes.
Depuis l’effondrement du bloc communiste en 1991, une nouvelle classe de femmes et de jeunes filles pauvres a vu le jour. Déréglementation, privatisations et accroissement des inégalités sociales ont conduit à une augmentation du crime, de la pauvreté et du chômage. Un grand nombre de femmes et de jeunes filles originaires de Russie et d’Europe de l’Est sont devenues une source de profit pour les réseaux internationaux de prostitution. “ Le trafic d’êtres humains est moins risqué que le trafic de drogue ”, a déclaré l’ancien commissaire européen de la Justice Anita Gradin.
L’enfance sacrifiée
Dans une fabrique de tapis d’Asie, des enfants de cinq ans seulement travaillent de 4 heures du matin à 23 heures sans être payés. Bien souvent, leur santé est gravement menacée par des machines peu sûres, de longues heures de travail dans des locaux faiblement éclairés et mal aérés, et l’exposition à des produits chimiques dangereux utilisés dans les usinesa.
Pourquoi les enfants sont-ils des ouvriers si recherchés ? Parce que la main-d’œuvre enfantine est bon marché et que, par nature, les enfants sont dociles, faciles à discipliner et trop craintifs pour protester. Leur petite taille et leurs doigts agiles sont considérés comme des atouts par des employeurs sans scrupules lorsqu’il s’agit d’effectuer certains travaux comme le tissage de tapis. Souvent, on offre un travail à ces enfants alors que leurs parents restent à la maison, contraints au chômage.
Et comme si leur misère ne suffisait pas, les enfants utilisés comme domestiques sont particulièrement vulnérables face aux agressions sexuelles et aux mauvais traitements. De nombreux enfants sont kidnappés, détenus dans des camps isolés et enchaînés durant la nuit pour qu’ils ne s’évadent pas. Dans la journée il se peut qu’on les fasse travailler à la construction de routes ou dans des carrières.
Le mariage imposé est une autre forme d’esclavage qui détruit des enfances. Anti-Slavery International décrit un cas typique : “ Une fillette de 12 ans apprend que sa famille lui a arrangé un mariage avec un sexagénaire. En théorie elle peut refuser, mais dans la pratique elle n’a aucun moyen d’user de ce droit, et elle ne sait même pas qu’elle peut le faire. ”
Esclaves de leurs dettes
Des centaines de milliers d’ouvriers demeurent asservis à leurs employeurs et à leur lieu de travail en raison de prêts qui ont été accordés à leurs parents ou à eux-mêmes. Traditionnellement, la servitude pour dettes se retrouve dans les régions agricoles où les ouvriers travaillent comme domestiques ou comme fermiers. Dans certains cas, les dettes sont transmises d’une génération à l’autre, ce qui garantit que les membres d’une famille demeureront dans l’asservissement toute leur vie. Dans d’autres cas, un patron à qui l’on doit de l’argent peut vendre la dette à un nouvel employeur. Et dans des cas extrêmes, des ouvriers asservis ne reçoivent aucun paiement pour tout le travail qu’ils fournissent. Il peut arriver que des ouvriers soient liés à leur employeur par des avances sur salaire relativement faibles, mais répétées à l’infini, de sorte qu’ils finissent par devenir ses esclaves.
L’esclavage rituel
Binti, d’Afrique occidentale, est âgée de 12 ans et fait partie des milliers de jeunes filles qui servent de trocosi, ce qui signifie “ esclaves des dieux ” en éwé. On lui a imposé une vie d’esclavage et de rédemption pour un crime qu’elle n’a pas commis — le viol qui a conduit à sa propre naissance. Dans l’immédiat, ses responsabilités se limitent à des travaux ménagers pour le prêtre fétichiste local. Plus tard, les obligations de Binti incluront la satisfaction des désirs sexuels du prêtre, qui est son propriétaire. Finalement, quand elle atteindra la trentaine, elle sera remplacée ; le prêtre trouvera d’autres jolies filles pour le servir comme trocosi.
À l’instar de Binti, des milliers de jeunes victimes de l’esclavage rituel sont offertes par leur famille dans le but d’expier un acte interprété comme un péché ou la violation d’une loi sacrée. Dans plusieurs régions du monde, des femmes ou des jeunes filles sont contraintes d’accomplir des fonctions religieuses ou de satisfaire les désirs sexuels de prêtres ou d’autres individus, sous prétexte qu’elles sont mariées à une divinité. Bien souvent, ces femmes rendent d’autres services non rémunérés. Elles ne sont pas libres de déménager ou de changer de travail, et demeurent dans l’asservissement pendant de nombreuses années.
L’esclavage traditionnel
Bien que la plupart des États affirment avoir aboli officiellement l’esclavage, dans certaines parties du monde il y a eu récemment une résurgence de l’esclavage traditionnel. En général, ce phénomène intervient dans des régions déchirées par la guerre civile ou les conflits armés. “ Dans les zones de conflit, l’état de droit est en fait aboli, rapporte Anti-Slavery International, et les soldats des milices armées sont capables de forcer des gens à travailler gratuitement pour eux, [...] sans crainte d’être poursuivis. De telles pratiques ont été observées principalement dans des zones contrôlées par des groupes armés qui n’ont pas obtenu la reconnaissance internationale. ” Cependant, selon les propos du même organisme, “ des rapports récents ont également fait état de soldats des forces régulières obligeant des civils à travailler comme esclaves, en dehors de tout cadre légal. On a aussi affirmé que des soldats et des miliciens se sont lancés dans le trafic d’esclaves, vendant ceux qu’ils ont capturés afin qu’ils travaillent pour d’autres ”.
Malheureusement, le fléau de l’esclavage continue de hanter l’humanité sous de nombreux déguisements et formes. Songez une fois encore aux chiffres avancés : des millions de gens subissant l’esclavage dans le monde entier. À présent, pensez à un ou deux des esclaves dont vous avez lu l’histoire un peu plus haut — peut-être Lin-Lin, ou Binti. Désirez-vous voir le crime de l’esclavage moderne supprimé ? L’abolition de l’esclavage deviendra-t-elle un jour une réalité ? Pour cela, il faut que des changements radicaux interviennent. Nous vous invitons à les considérer dans l’article suivant.
[Note]
a Voir le dossier “ Le travail des enfants : bientôt la fin ! ” dans notre numéro du 22 mai 1999.
[Encadré/Illustration, page 6]
À LA RECHERCHE DE SOLUTIONS
Des organismes officiels, tels que le Fonds des Nations unies pour l’enfance et l’Organisation internationale du travail, élaborent et mettent en place des stratégies afin d’éliminer l’esclavage moderne. En outre, nombre d’organisations non gouvernementales, comme Anti-Slavery International et Human Rights Watch, se sont efforcées d’amener l’opinion publique à prendre conscience du phénomène et d’affranchir les victimes de l’esclavage. Certaines de ces organisations réclament un étiquetage spécifique qui indiquerait que tel ou tel article n’est pas produit par des esclaves ou par des enfants. D’autres organismes demandent que la législation soit renforcée dans les pays d’où partent les “ excursions sexuelles ”, de sorte que les individus ayant des rapports sexuels avec des enfants soient poursuivis dès leur retour dans leur pays d’origine. Des activistes des droits de l’homme ont été jusqu’à payer de fortes sommes d’argent à des trafiquants d’esclaves ou à des maîtres afin de racheter le plus d’esclaves possible. Cela a soulevé une controverse, car de telles pratiques pourraient rendre le marché de l’esclavage encore plus lucratif.
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L’esclavage moderne : sa fin est proche !Réveillez-vous ! 2000 | 8 mars
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L’esclavage moderne : sa fin est proche !
“ La liberté d’un homme est une parcelle de la liberté universelle ; vous ne pouvez toucher à l’une sans compromettre l’autre tout à la fois. ” — VICTOR SCHOELCHER, JOURNALISTE ET HOMME POLITIQUE FRANÇAIS, 1848.
“ QUEL est ce côté obscur de l’homme qui l’a toujours poussé à mépriser, à assujettir et à rabaisser ses semblables ? ont demandé les éditorialistes du Courrier de l’UNESCO. Et comment se fait-il qu’un tel crime contre l’humanité soit demeuré impuni même après l’apparition des droits de l’homme dans nos sociétés ? ”
La réponse est complexe. L’avidité pousse certains à avoir recours à la main-d’œuvre enfantine, bon marché, et entretient le phénomène de la servitude pour dettes. La pauvreté et le manque d’éducation sont invoqués pour expliquer le fait que des jeunes filles sont livrées à la prostitution ou au mariage forcé. Des normes religieuses et des concepts culturels soutiennent l’esclavage rituel. Et pour ce qui est des hommes qui se rendent à Bangkok ou à Manille dans le but de s’offrir de jeunes garçons et filles séronégatifs, ce sont souvent des individus profondément immoraux et pervers. Toutes ces choses sont caractéristiques d’un monde où les gens sont “ amis d’eux-mêmes, amis de l’argent, [...] sans affection naturelle, [...] sans maîtrise de soi, cruels ”, selon les paroles de l’apôtre Paul, qui avait une bonne connaissance du droit du Ier siècle (2 Timothée 3:1-5). Elles font partie d’un monde dans lequel “ ce qui devient tortueux ne peut se redresser, et ce qui manque ne saurait être compté ”, pour reprendre la déclaration d’un homme d’État du passé, du nom de Salomon. — Ecclésiaste 1:15.
Un changement d’état d’esprit
Cela signifie-t-il que rien ne peut être fait pour mettre une fin définitive à l’esclavage — qu’il s’agisse de sa forme traditionnelle ou de ses aspects plus récents ? Non, au contraire.
Le Bureau du Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme déclare que l’esclavage est “ un état d’esprit ”, et il ajoute : “ Même après avoir été aboli, l’esclavage laisse des traces. Il peut persister en tant qu’état d’esprit — tant chez ceux qui en ont été victimes et chez leurs descendants que chez les descendants de ceux qui l’ont pratiqué — longtemps après qu’il a officiellement disparu. ”
Par conséquent, un moyen d’abolir l’esclavage serait de changer la façon de penser à l’échelle mondiale. Cela implique un changement d’éducation et nécessite d’enseigner les gens à aimer autrui et à respecter sa dignité. Cela signifie aider les gens à déraciner l’avidité de leur cœur et à respecter des principes moraux élevés. Qui peut offrir une telle éducation ? Le Bureau du Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme affirme que “ tout le monde doit contribuer à constituer un nouvel ordre mondial qui ne tolère plus l’exploitation humaine ”.
Considérez le programme d’enseignement qui a été mis en place dans le monde entier par les Témoins de Jéhovah. Ce programme a encouragé avec succès des gens au cœur sincère à ne pas fermer les yeux sur l’exploitation humaine. Grâce à lui, des millions de personnes vivant dans plus de 230 pays et territoires ont été enseignées à traiter leur prochain avec dignité. Pourquoi ce programme donne-t-il de bons résultats ?
Parce qu’il est fondé sur la Bible, un livre inspiré par le Créateur de l’homme et qui défend la dignité humaine. Les personnes qui étudient la Bible grâce au programme d’enseignement des Témoins de Jéhovah apprennent que notre Créateur, Jéhovah, est lui-même un Dieu de dignité (1 Chroniques 16:27). Il accorde de la dignité à toute sa création, et cela comprend à la fois les hommes et les femmes, de toutes races, classes sociales et conditions économiques. — Voir l’encadré “ La liberté et la dignité humaine : quelle en est la source ? ”
Égalité et respect de la dignité
La Bible enseigne que Dieu “ a fait d’un seul homme toutes les nations des hommes, pour habiter sur toute la surface de la terre ”. (Actes 17:26.) De ce fait, aucun humain ne peut prétendre avoir la suprématie sur l’un de ses semblables ou revendiquer le droit d’exploiter les autres. Les gens qui se donnent la peine d’apprendre découvrent que “ Dieu n’est pas partial, mais qu’en toute nation l’homme qui le craint et pratique la justice est agréé de lui ”. (Actes 10:34, 35.) Ils comprennent que l’amour de Dieu s’étend à toute l’humanité, car le privilège d’entretenir des relations étroites avec lui est ouvert à tous. En fait, “ Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique-engendré, afin que tout homme qui exerce la foi en lui ne soit pas détruit mais ait la vie éternelle ”. — Jean 3:16.
Cette éducation biblique a une profonde influence sur les personnalités. Grâce à elle, les gens peuvent ‘ renouveler ’ leur cœur et leur esprit (Éphésiens 4:22-24). Elle les encourage à traiter autrui avec dignité et respect, et à ‘ pratiquer envers tous ce qui est bon ’. (Galates 6:10.) Personne ne peut être un vrai chrétien et participer à l’exploitation et à l’oppression de son semblable quel qu’il soit. Les Témoins de Jéhovah sont heureux de constituer une communauté chrétienne comme l’était la congrégation chrétienne du Ier siècle, dans laquelle il n’y avait ‘ ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre ’. Tous étaient considérés comme “ une seule personne en union avec Christ Jésus ”. — Galates 3:28.
Un changement de gouvernement
Toutefois, pour mettre fin de façon définitive à toutes les formes d’esclavage, un changement radical est nécessaire dans la société humaine. L’Organisation internationale du travail déclare que pour mettre un terme à l’exploitation humaine il faudrait changer le système qui ferme les yeux sur une telle pratique. Cet organisme préconise, entre autres choses, de mettre en place des actions et une coopération au niveau international, et d’engager la communauté mondiale.
Logiquement, cela impliquerait l’existence d’un pouvoir capable d’exercer un contrôle sur l’ensemble de notre planète, un pouvoir en mesure d’assurer la liberté universelle. M. Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général des Nations unies, a déclaré que les problèmes qui affligent notre planète doivent être résolus “ à un niveau planétaire ”. Mais personne ne croit vraiment que cela soit possible un jour. L’expérience montre que de nombreuses personnes investies du pouvoir sont trop attachées à leurs propres intérêts et à leurs ambitions pour qu’une telle coopération internationale soit envisageable.
Cependant, la Bible — le même livre qui enseigne à des millions de gens à respecter la dignité de leurs semblables — montre que Dieu a prévu d’établir un tel gouvernement mondial. Dans les Écritures vous trouverez quantité de promesses relatives à un monde nouveau de justice (Isaïe 65:17 ; 2 Pierre 3:13). Dieu a pour intention de purifier la terre de tout individu qui ne manifeste pas d’amour envers Lui et envers autrui. Il a révélé son dessein d’établir un gouvernement universel qui dominera l’humanité et gouvernera la terre avec justice. Jésus nous a enjoint de prier pour ce gouvernement dans ce qu’on appelle communément le Notre Père. — Matthieu 6:9, 10.
L’exploitation humaine et toute forme d’esclavage disparaîtront sous la domination de ce gouvernement parce que Christ, le Roi, régnera “ par le moyen du droit et par le moyen de la justice ”. (Isaïe 9:7.) Les opprimés obtiendront un soulagement sous son règne juste, car la Bible déclare : “ Il délivrera le pauvre qui crie au secours, ainsi que l’affligé et quiconque n’a personne pour lui venir en aide. Il s’apitoiera sur le petit et le pauvre, et il sauvera les âmes des pauvres. De l’oppression et de la violence il rachètera leur âme. ” — Psaume 72:12-14.
Si vous aspirez à voir la fin de l’esclavage — sous toutes ses formes — nous vous invitons à en apprendre davantage sur le dessein de Dieu d’établir ce gouvernement mondial libérateur. Les Témoins de Jéhovah de votre région seront heureux de vous y aider.
[Encadré/Illustration, page 11]
LA LIBERTÉ ET LA DIGNITÉ HUMAINE : QUELLE EN EST LA SOURCE ?
Nous sommes tous nés avec un désir et un besoin inhérents de dignité et de liberté. Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, a exprimé des sentiments universels lorsqu’il a demandé : “ Qui peut nier que nous aspirons tous à une vie exempte de crainte, de tortures et de discrimination ? Quand avez-vous entendu un homme libre demander qu’on supprime la liberté ? Où avez-vous entendu un esclave fournir des arguments en faveur de l’esclavage ? ”
De telles idées ne sont pas nouvelles. Rejetant la notion que certains sont nés pour être esclaves, le philosophe romain Sénèque, au Ier siècle, a écrit dans ses Lettres à Lucilius : “ Veux-tu bien te dire que cet être que tu appelles ton esclave est né de la même semence que toi ; qu’il jouit du même ciel, qu’il respire le même air, qu’il vit et meurt comme toi. ”
Imam ʽAlī, vénéré comme étant le quatrième calife après Mahomet, a dit que tous les hommes sont “ égaux selon la création ”. Saʽdī, un poète perse du XIIIe siècle, a déclaré : “ Les enfants d’Adam sont des membres appartenant les uns aux autres et ils ont été créés à partir d’une seule et même substance. Quand le monde fait souffrir l’un d’entre eux, les autres membres ne peuvent trouver de repos. ”
Le récit historique divinement inspiré que l’on trouve dans la Bible souligne la dignité de tous les humains. Par exemple, Genèse 1:27 relate la création de l’homme en ces termes : “ Dieu se mit à créer l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. ” Notre Créateur est un Dieu de liberté. “ Où est l’esprit de Jéhovah, là est la liberté ”, a écrit l’apôtre Paul (2 Corinthiens 3:17). En créant l’homme à son image, selon sa ressemblance, Jéhovah lui a donné le sens de la dignité et de l’estime de soi. Lorsqu’il libérera sa création de l’“ esclavage de la corruption ”, il veillera aussi à ce que les humains puissent bénéficier d’une telle liberté et d’une telle dignité pour toujours. — Romains 8:21.
[Illustration, page 9]
Tout le monde a droit à la dignité et à la liberté.
[Illustrations, page 10]
L’ENSEIGNEMENT DE LA BIBLE MET EN VALEUR LE RESPECT DE LA DIGNITÉ HUMAINE ET DONNE L’ESPOIR D’UN MONDE NOUVEAU POUR L’AVENIR.
Étude biblique avec une famille au Bénin.
La beauté de ces chutes du Nil en Éthiopie nous laisse entrevoir ce que sera le paradis restauré.
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