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    Réveillez-vous ! 1989 | 8 juillet
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      Fumer ou ne pas fumer, telle est la question. C’est généralement au moment de l’adolescence que le choix se présente. Personne n’est obligé de fumer; il s’agit d’une décision librement consentie. Décision qui, selon les autorités médicales, risque d’avoir de graves conséquences sur la vie des gens, puisqu’elle peut même déterminer leur espérance de vie et la cause de leur mort.

      D’où l’importance des questions suivantes: Est-​il moral de faire de la publicité pour le tabac? La position de nations dites chrétiennes qui se débarrassent de leur production de tabac en l’exportant est-​elle moralement défendable? Se pourrait-​il que les fabricants de cigarettes aient des malades et des morts sur la conscience? Puisque les gens fument de leur plein gré, faut-​il vraiment s’en préoccuper?

  • Tabac et santé — Y a-t-il vraiment un lien?
    Réveillez-vous ! 1989 | 8 juillet
    • Tabac et santé — Y a-​t-​il vraiment un lien?

      “Merci de ne pas fumer” Un signe des temps.

      “Merci de fumer” La riposte publiée par une firme de tabac.

      ON ÉCHAFAUDE des plans de bataille; stylos et ordinateurs entrent en action pour l’élaboration des slogans. Les agences de publicité diffusent des annonces contradictoires. La lutte a pour toile de fond le marché mondial. C’est la guerre du tabac, et les intérêts en jeu sont énormes — des milliards de francs chaque année. Que vous fumiez ou non, vous êtes concerné.

      Cette guerre se déroule essentiellement sur deux fronts: celui de l’économie et celui de la santé. Pour les adversaires du tabac, la santé constitue la priorité des priorités. Les magnats du tabac et ceux qui vivent de cette industrie ne jurent, quant à eux, que par l’économie, le profit et l’emploi. Les esprits ont tendance à s’échauffer. Dans un aéroport, un homme à qui l’on demandait du feu a répondu innocemment: “Désolé, je ne fume pas.” “Ce n’est pas ce que je vous demande!” lui a lancé rageusement son interlocuteur.

      Qu’y a-​t-​il au centre de cette polémique? Le tabac est-​il vraiment si nocif? Est-​il de votre intérêt d’y renoncer?

      Mises en garde du ministère américain de la Santé

      Aux États-Unis, la controverse autour du thème “tabac et cancer” dure depuis des dizaines d’années. Dans les années 60, les industriels du tabac ont déboursé des millions de dollars afin de contribuer, selon eux, à définir avec précision le lien entre le cancer et le tabac, et de trouver ainsi un moyen de fabriquer des cigarettes exemptes d’agent cancérogène. Cette opération a eu une conséquence qu’ils n’avaient probablement pas envisagée.

      En 1964, le ministère américain de la Santé a publié son premier rapport sur les dangers du tabac, et depuis 1965 les fabricants de cigarettes des États-Unis sont tenus par la loi de faire figurer des mises en garde sur les paquets. Au départ, le message était discret: “Avertissement: Le ministère de la Santé a établi que la cigarette est dangereuse pour votre santé.” Puis, en 1985, on a imposé aux firmes de tabac de faire apparaître alternativement quatre messages dans leurs publicités et sur leurs produits. Chacune de ces mises en garde commence par ces mots: “AVERTISSEMENT DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ.” Suivent ces messages: “L’usage de tabac provoque le cancer du poumon, des maladies cardiaques et l’emphysème; il peut aussi être à l’origine de complications chez la femme enceinte.” (Voir l’encadré de la page 4). “L’usage de tabac pendant la grossesse expose l’enfant à des risques de malformations, de naissance prématurée et de faible poids de naissance.” “Vous vous éviterez de graves ennuis de santé en arrêtant de fumer dès maintenant.” “La fumée de cigarette contient de l’oxyde de carbonea.”

      Les États-Unis ne sont pas les seuls à faire des mises en garde contre la cigarette. Les publicités qui paraissent dans la revue India Today sont accompagnées de ces mots: “AVIS LÉGAL: FUMER EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ.” Au Canada, la mention suivante apparaissait en petits caractères: “Avis: Santé et Bien-être social Canada considère que le danger pour la santé croît avec l’usage. Évitez d’inhaler.” Toute publicité pour le tabac est interdite au Canada depuis le 31 mai 1988. En Grande-Bretagne, les publicités contiennent les indications suivantes: “TENEUR MOYENNE EN GOUDRONS [ou FAIBLE TENEUR EN GOUDRONS]. Par décision du gouvernement britannique, DANGER: AVERTISSEMENT du ministère de la Santé: LA CIGARETTE PEUT NUIRE TRÈS GRAVEMENT À VOTRE SANTÉ.” Toute publicité pour le tabac est proscrite en Italie depuis 1962. (Ce qui n’a pas empêché la consommation dans ce pays de doubler au cours des 20 dernières années!) Ces mises en garde reposent sur des preuves scientifiques accablantes, fruit de plus de 50 000 études. La conclusion ne souffre donc aucune contestation: Le tabac est nocif.

      Bien que l’usage de tabac soit une pratique universelle, tous les pays n’exigent pas l’apposition d’avertissements sur l’emballage de leurs produits. Par ailleurs, lorsque le marché devient moins porteur dans un pays, les géants du tabac font donner l’artillerie publicitaire pour ouvrir de nouveaux marchés ailleurs. Subissez-​vous ce matraquage publicitaire là où vous vivez? Les cigarettes étrangères vous sont-​elles présentées sous un jour plus attrayant? Que cache réellement cette vaste “mystification”?

      [Note]

      a L’oxyde de carbone, gaz inodore, entre pour une proportion de 1 à 5 % dans la composition de la fumée de cigarette. Ayant une grande affinité pour l’hémoglobine, la molécule responsable du transport de l’oxygène dans le sang, il réduit le taux d’oxygène dans le sang. Ce phénomène peut s’avérer dangereux pour quelqu’un qui souffre déjà de troubles cardiaques.

      [Encadré/Illustration, pages 4, 5]

      TABAC et grossesse

      La revue soviétique Nauka I Zhizn (Science et Vie) a récemment publié un article dans lequel son auteur, le docteur Victor Kazmin, passe en revue les dangers qui menacent un enfant et sa mère lorsque celle-ci fume au cours de la grossesse. Il écrit: “Une femme qui fume se fait un tort considérable, car, du fait de ses particularités biologiques, l’organisme féminin est extrêmement sensible à l’intoxication. Or, certains composants de la fumée de tabac sont très dangereux pour la santé.”

      Il explique ensuite que la mère qui fume peut littéralement empoisonner l’enfant qu’elle porte. “Des analyses du liquide amniotique de telles fumeuses ont révélé la présence de poisons: de la nicotine et son métabolite, la cotinine. Mais le microscope électronique nous a dévoilé le plus terrible, à savoir que, lorsqu’une femme enceinte fume, même la structure du cordon ombilical se modifie; or, c’est par ce cordon que le fœtus reçoit de sa mère tout ce dont il a besoin pour vivre. (...)

      “Si la mère fume au cours des deux ou trois premières semaines suivant la conception, c’est généralement le système nerveux central de l’embryon qui est le plus touché (...). Le système cardio-vasculaire se forme lors de la quatrième ou cinquième semaine. C’est lui qui se trouve alors le premier empoisonné.”

      Le docteur Kazmin tire la conclusion suivante: “La fumée de cigarette est beaucoup plus dangereuse pour le fœtus que pour la mère.” Le jeu en vaut-​il la chandelle? Rappelez-​vous l’avertissement du ministère américain de la Santé: “L’usage de tabac (...) peut aussi être à l’origine de complications chez la femme enceinte.” C’est le moins que l’on puisse dire!◼

      [Illustration]

      Pourquoi commencer sa vie sous un nuage? [traduit de l’anglais]

      [Crédit photographique]

      OMS/Ligue américaine contre le cancer

      [Encadré, page 5]

      TABAC et emphysème

      L’emphysème provoque une perte progressive de l’élasticité des poumons; la maladie se traduit par des difficultés croissantes à expirer correctement l’air vicié. Le Guide médical de la famille — Académie des médecins et des chirurgiens de l’Université Columbia (angl.) explique: “Les emphysémateux [des États-Unis] répondent à un portrait type: Ce sont le plus souvent des hommes entre 50 et 70 ans qui ont été de grands fumeurs pendant des années. Autrefois, les femmes étaient beaucoup moins sujettes à l’emphysème que les hommes, mais cela tend à disparaître, car un nombre croissant d’entre elles deviennent à leur tour de grandes fumeuses.”

      Le même ouvrage ajoute: “L’emphysème peut se trouver masqué pendant des années par d’autres affections. Il est probable que le patient chez qui l’on découvre un emphysème attrape régulièrement plusieurs très gros rhumes chaque hiver depuis quelques années, rhumes accompagnés de fortes toux et parfois même de bronchite chronique. Généralement, la toux persiste pour devenir elle-​même chronique.” Quels sont quelques-uns des autres symptômes de l’emphysème?

      “L’emphysème évolue lentement. Le patient, qui n’avait enregistré jusqu’alors que de légères difficultés respiratoires en début et en fin de journée, commence un jour à rencontrer des difficultés dans ses activités quotidiennes. Une courte promenade l’essouffle; il lui devient difficile de monter les escaliers. Comme les poumons peinent de plus en plus pour assurer l’inspiration, l’expiration et les échanges gazeux, il peut finalement arriver que le malade ne puisse plus respirer qu’au prix de grands efforts, devenant ainsi incapable d’accomplir des activités courantes.”

      Le même guide médical explique également que l’emphysème peut être à l’origine de troubles cardio-vasculaires graves. Le jeu en vaut-​il la chandelle? Vaut-​il vraiment la peine de gâcher ce don précieux qu’est la vie pour le plaisir éphémère de la nicotine?◼

  • L’industrie qui tue — En êtes-vous la cible?
    Réveillez-vous ! 1989 | 8 juillet
    • L’industrie qui tue — En êtes-​vous la cible?

      “Le gars qui fume a été averti maintes et maintes fois qu’il est en train de se suicider, et je sais que c’est vrai. Je sais que le tabac tue. Je sais que quiconque est assez fou pour avaler la fumée est condamné à souffrir. Je n’ai jamais fumé une cigarette de ma vie. J’ai bâti ma fortune dessus. (...) C’est uniquement en vendant du tabac aux autres fous de la planète que nous assurons la prospérité de notre région.” James Sharp, tabaculteur de longue date dans le Kentucky, “L’industrie américaine du tabac — Les marchands de mort” (angl.) de Larry White.

      CES propos, qui ont le mérite de la franchise, sont très révélateurs. Ils laissent toutefois plusieurs questions sans réponse. Pourquoi plus d’un milliard de gens sur terre fument-​ils? Qu’est-​ce qui les incite à garder une habitude connue pour être aussi dangereuse? Après tout, le commerce du tabac n’est-​il pas, comme celui de la drogue, soumis à la loi de l’offre et de la demande? Si le marché n’était pas rentable, l’approvisionnement tarirait. Pourquoi, dès lors, les gens fument-​ils?

      La réponse tient essentiellement en un mot: dépendance. À partir du moment où la nicotine s’est implantée dans l’organisme, le corps réclame régulièrement sa dose au cours de la journée. Au phénomène de dépendance vient s’ajouter celui de l’habitude. Certaines situations quotidiennes déclenchent en effet l’envie de fumer. Ce peut être au saut du lit, en buvant le premier café du matin ou un digestif après le repas, à cause des tensions ou des relations humaines au travail, ou encore lors des moments de détente. Des dizaines d’habitudes de ce genre, apparemment anodines, peuvent déclencher le réflexe cigarette.

      Pourquoi fumaient-​ils?

      Réveillez-vous! a interrogé plusieurs anciens fumeurs pour essayer de dégager les motivations à l’origine de cette habitude. Ray, par exemple, a servi comme maître de manœuvre dans la marine américaine. Approchant aujourd’hui de la soixantaine, il déclare: “J’avais dans les 9 ans quand j’ai fumé ma première cigarette, mais ce n’est que vers 12 ans que je me suis mis sérieusement au tabac. Je me rappelle avoir été renvoyé des scouts parce que je fumais.”

      Réveillez-vous!: “Qu’est-​ce qui vous incitait à fumer?”

      Ray: “C’était le côté macho. Fumer faisait très viril. Je me souviens que les publicités de l’époque montraient des pompiers et des policiers en train de fumer. Par la suite, une fois entré dans la marine, mon travail était éprouvant et j’avais l’impression que la cigarette m’aidait à supporter le stress.

      “Je fumais environ un paquet et demi [30 cigarettes] par jour, et mon premier geste le matin était d’allumer une cigarette. Bien entendu, j’inhalais la fumée. Fumer n’a aucun intérêt si vous n’inhalez pas.”

      L’histoire de Bill, artiste new-yorkais d’une cinquantaine d’années, ressemble à celle de Ray:

      “J’ai touché pour la première fois au tabac à 13 ans — pour faire comme les grands. Une fois tombé entre ses griffes, je n’ai pas pu m’en défaire. La cigarette était pour moi comme un ami. Pour tout dire, si, au moment de me coucher, je me rendais compte que je n’avais plus de cigarette, je me rhabillais et sortais en acheter un paquet pour le lendemain, quel que soit le temps. Je consommais entre un et deux paquets par jour. J’étais accroché au tabac, je le reconnais. En plus, je buvais beaucoup. Les deux semblent aller de pair — surtout dans les bars, dans lesquels j’ai beaucoup traîné.”

      Amy, une jeune femme ouverte, a commencé à fumer à 12 ans. “Au début, c’était pour faire comme les autres, dit-​elle. Puis, à 15 ans, j’ai perdu mon père, et sous l’effet de la tension je me suis mise à fumer davantage. En grandissant, j’ai subi l’influence des publicités, surtout d’une qui disait: ‘Tu as fait du chemin, beauté!’ À l’époque, je poursuivais des études pour devenir infirmière en salle d’opération, et ma carrière était la seule chose qui m’intéressait. J’en suis bientôt arrivée à consommer trois paquets par jour. Je fumais surtout le soir, après le dîner, et chaque fois que j’étais au téléphone — c’est-à-dire souvent.” Sa santé s’en est-​elle ressentie? “En me levant le matin, je toussais et j’avais des maux de tête; j’avais perdu la forme. Le simple fait de monter les escaliers jusqu’à mon appartement me coupait le souffle. Et je n’avais que 19 ans!”

      Harley, ancien pilote de la marine américaine, a plus de 60 ans. Il a commencé à fumer pendant la crise économique de 1929, à l’âge de 5 ans! Pourquoi? “Là d’où je viens, à Aberdeen, dans le Dakota du Sud, tous les gamins fumaient. Quand on fumait, on était un dur.”

      “J’en retirais un plaisir extrême, dit-​il franchement. J’aspirais profondément la fumée et la retenais dans mes poumons. J’aimais bien, aussi, faire des ronds de fumée. J’en suis finalement arrivé à ne plus pouvoir me passer de tabac. Je commençais et finissais ma journée avec une cigarette. Lorsque j’étais dans la marine, je fumais entre deux et trois paquets par jour, et une boîte de cigares par mois.”

      Bill, Ray, Amy et Harley ont renoncé au tabac. Des millions de personnes ont fait de même — plus de 43 millions rien qu’aux États-Unis. Malheureusement, les marchands de tabac, eux, n’ont pas renoncé à leur négoce. Ils sont sans cesse en quête de nouveaux marchés.

      En êtes-​VOUS la cible?

      Dans les pays industrialisés, nombre d’hommes arrêtent de fumer. D’autres fumeurs décèdent, soit de mort naturelle, soit à cause du tabac. Les firmes de tabac se sont donc vues dans l’obligation de chercher de nouveaux marchés. Pour relancer les ventes, elles ont parfois adopté de nouvelles stratégies publicitaires. Par exemple, le parrainage d’événements sportifs, tels que des tournois de tennis ou de golf, est un moyen efficace de donner une image saine de la cigarette. La conquête de nouveaux marchés est une autre tactique récente. Se pourrait-​il que vous soyez la cible de ces opérations publicitaires?

      Cible numéro un: les femmes. Pendant des dizaines d’années, les femmes qui fumaient n’étaient qu’une minorité. Elles y étaient encouragées par des actrices comme Gloria Swanson, qui, déjà en 1917, fumait dans un film où elle jouait une jeune fille de 18 ans. En fait, c’est même l’un des facteurs qui lui avaient permis de décrocher l’un de ses tout premiers rôles. Le réalisateur lui avait dit: “Vos cheveux, votre visage, votre façon de vous asseoir, la manière dont vous fumez (...). Vous correspondez exactement à ce que je cherche.”

      Dans les années 40, Lauren Bacall, qui avait pour partenaire à l’écran son mari Humphrey Bogart, lui-​même grand fumeur, a beaucoup contribué elle aussi à donner de la cigarette une image séduisante. Toutefois, le marché féminin du tabac restait en retrait par rapport au marché masculin. Les chiffres du cancer montraient d’ailleurs le même décalage. Aujourd’hui, les femmes sont en train de combler rapidement leur retard: elles sont plus nombreuses à fumer... et à avoir le cancer du poumon.

      Les dernières années ont vu l’apparition d’une nouvelle tendance publicitaire, qui tire parti notamment du rôle plus actif de la femme dans la société et de l’influence subtile de la publicité pour le tabac. Quel message est ainsi adressé aux femmes? La société Philip Morris, qui produit différentes marques de cigarettes, a lancé les “Virginia Slims” conçues pour la femme moderne. Leur slogan est celui qui a tant attiré Amy: “Tu as fait du chemin, beauté!” La publicité représente une femme moderne et élégante tenant une cigarette entre les doigts. Toutefois, certaines femmes doivent aujourd’hui se demander où ce chemin les a menées. Ces deux dernières années, le cancer du poumon a tué plus de femmes que le cancer du sein.

      Une autre marque de cigarettes fait miroiter la bonne affaire: “5 gratuites par paquet!” “50 gratuites par cartouche!” Dans certains magazines féminins, on trouve même des coupons donnant droit à des paquets gratuits.

      L’allusion au sexe est un autre moyen facile de donner à la cigarette une image attrayante. Une certaine marque lance cette invitation: “Plus de plaisir.” Suit un message présenté sous forme de petite annonce: “RECHERCHE — Étranger grand, brun, pour relations suivies. De l’allure et du goût exigés. Signé: Avide du plaisir d’une bonne cigarette.” La cigarette apparaît ‘grande’ et habillée d’un papier sombre. Un rapport vraiment subtil?

      L’évocation de la mode est un autre leurre à l’intention des femmes. Une certaine marque est saluée comme “Une fête de l’élégance et du bon goût pour YVES SAINT-LAURENT”. Pour celles que leur ligne obsède, on recourt à un autre appât. La photo publicitaire montre un mannequin mince à souhait, et les cigarettes sont décrites comme “Ultra-légères — le style le plus léger”.

      Pourquoi les femmes sont-​elles la cible des fabricants de cigarettes? L’Organisation mondiale de la santé apporte une partie de la réponse quand elle dit que “plus de 50 pour cent des hommes et seulement 5 pour cent des femmes fument dans les pays en développement, alors que ce pourcentage atteint 30 pour cent pour les deux sexes dans le monde industrialisé”. Pour l’industrie du tabac, il y a là un immense marché à exploiter, des profits à faire, et ce peu importe le coût final en vies humaines. L’affaire semble d’ailleurs bien engagée. Selon le New York Times, le rapport publié en janvier 1989 par le chef des services américains de la santé signale que ‘les enfants, les filles particulièrement, fument de plus en plus jeunes’; certains commencent à l’école primaire. D’après une autre source, au cours des dernières années le nombre des adolescentes américaines qui s’adonnent au tabac a augmenté de 40 %. Toutefois, les femmes ne constituent pas la seule cible de cette industrie qui distille la maladie et la mort.

      L’orientation raciale

      Dans son livre L’industrie américaine du tabac — Les marchands de mort, Larry White écrit: “Les Noirs sont une bonne clientèle pour les fabricants de cigarettes. Le Centre national des statistiques de santé a montré que, depuis 1986, le pourcentage de fumeurs est plus élevé chez les Noirs que chez les Blancs [aux États-Unis] (...). Ces chiffres n’ont rien d’étonnant, car les Noirs sont particulièrement visés par la publicité pour les cigarettes.” Pourquoi “particulièrement visés”? Parce que, selon le Wall Street Journal, ils constituent “un groupe qui renonce moins facilement au tabac que le reste de la population”. Un client noir est donc souvent un client “fidèle”, ‘jusqu’à ce que la mort nous sépare’.

      Comment les firmes de tabac s’y prennent-​elles pour toucher spécifiquement cette tranche de la population? Larry White explique: “On inonde de publicité les revues de sensibilité noire, comme Ebony, Jet et Essence. En 1985, les fabricants de cigarettes ont dépensé 3,3 millions de dollars en publicité rien que dans Ebony.” Une firme organise chaque année une présentation de mode destinée aux femmes de couleur, au cours de laquelle des cigarettes sont distribuées gratuitement. Une autre société a parrainé quelque temps un festival de jazz et continue à soutenir des festivals de musique fréquentés par les Noirs. À quel point la population noire est-​elle visée? Un représentant de la société Philip Morris a déclaré: “La clientèle noire est très importante. C’est un marché extrêmement porteur.”

      Cependant, les géants du tabac convoitent un marché encore plus important. Il ne s’agit plus seulement de races ou de catégories sociales, mais de nations entières.

      [Entrefilet, page 7]

      “La cigarette était pour moi comme un ami.”

      [Encadré, page 9]

      TABAC et maladie de Buerger

      Il y a quelques mois, au Canada, un fait divers relaté dans la revue Maclean’s a mis en évidence une autre maladie attribuée au tabac. Roger Perron a commencé de fumer à l’âge de 13 ans. À 27 ans, atteint de la maladie de Buerger, il a dû être amputé à la hauteur du genou. Les médecins l’ont averti que s’il continuait à fumer la maladie pourrait frapper de nouveau. Mais selon Maclean’s, “Perron n’a pas tenu compte des avertissements, et en 1983 les médecins ont dû l’amputer de l’autre jambe. Après cela, Perron (...) a finalement cessé de fumer”. Actuellement, il poursuit une firme de tabac en dommages et intérêts.

      Qu’est-​ce que la maladie de Buerger? Elle “survient le plus souvent chez les hommes qui fument. La maladie se caractérise par une inflammation des artères, des veines et des nerfs, qui entraîne un épaississement de la paroi des vaisseaux sanguins par infiltration de globules blancs. Le bleuissement d’un orteil ou d’un doigt et une sensation de froid dans le membre malade en constituent généralement les premiers symptômes. L’inflammation des nerfs peut provoquer de vives douleurs, ainsi que la contraction des petits vaisseaux sanguins qu’ils commandent. L’hyperactivité des nerfs sympathiques entraîne aussi parfois une sudation excessive des pieds, indépendante de la sensation de froid. (...) Ulcères et gangrène ischémiques sont des complications courantes de cette maladie évolutive.

      “On ignore la cause de la maladie de Buerger, mais comme elle touche principalement de jeunes fumeurs, on suppose qu’il s’agit d’une réaction à une substance présente dans la cigarette. Le meilleur traitement consiste à cesser de fumer”. (C’est nous qui soulignons.) — Guide médical de la famille — Académie des médecins et des chirurgiens de l’Université Columbia.◼

      [Encadré, page 9]

      TABAC et crise cardiaque

      “Si la plupart des gens n’ignorent pas le lien qui existe entre la cigarette d’une part, et le cancer du poumon et diverses maladies pulmonaires d’autre part, beaucoup ne savent toujours pas que l’usage du tabac accroît considérablement les risques de crise cardiaque. En fait, le (...) rapport du ministère de la Santé sur le thème ‘Tabac et Santé’ estime à 225 000 le nombre d’Américains qui meurent chaque année d’une maladie cardio-vasculaire directement imputable au tabac. Ce chiffre est nettement supérieur au nombre total de fumeurs qui sont emportés par un cancer ou une maladie pulmonaire.

      “Les fumeurs demandent souvent si les cigarettes à faible teneur en goudrons ou en nicotine réduisent le risque cardio-vasculaire. Il semble que non. En fait, certaines cigarettes à bout filtre augmentent la quantité d’oxyde de carbone inhalé, ce qui les rend plus dangereuses pour le cœur que les cigarettes sans filtre.” (C’est nous qui soulignons). — Guide médical de la famille — Académie des médecins et des chirurgiens de l’Université Columbia.◼

      [Illustration, page 8]

      Les femmes tombent dans le piège des publicités spécialement conçues à leur intention.

  • Votre pays est-il dans la ligne de mire?
    Réveillez-vous ! 1989 | 8 juillet
    • Votre pays est-​il dans la ligne de mire?

      PARCE QU’ILS importent du Brésil et du Zimbabwe un tabac meilleur marché, les États-Unis se retrouvent avec des excédents. Où les écouler? En Afrique et en Asie. La revue Asiaweek dit à ce propos: “En absorbant environ 50 % des exportations américaines de tabac, les pays asiatiques ont supplanté la Grande-Bretagne et la République fédérale d’Allemagne comme marché pilote.”

      Or, avec une population qui devrait avoisiner les deux milliards d’habitants dans les 20 prochaines années, ce marché est des plus prometteurs pour les géants du tabac. Avec une population globale d’environ 1,8 milliard d’habitants, la Chine et l’Inde représentent déjà à elles seules un réservoir phénoménal. Selon Santé du monde, “alors que le marché du tabac baisse de 1 pour cent par année à l’Ouest, il augmente d’environ 2 pour cent par année dans les pays en développement”. De plus, là où le marché est en régression, la population est beaucoup moins importante qu’en Orient, où le marché est en pleine croissance. Ainsi, les industriels américains du tabac prédisent que les ventes en Asie augmenteront de 18 % d’ici l’an 2000. Toutefois, un obstacle au moins se dresse sur leur route: les tarifs douaniers.

      Deux mesures pour répandre la maladie et la mort

      Comment les firmes américaines de tabac persuadent-​elles les pays étrangers d’accepter leurs excédents? Paradoxalement, elles disposent d’un allié qui, tout en mettant ses compatriotes en garde contre les dangers du tabac, favorise activement la vente de ce poison mortel aux autres pays. Cet allié, c’est le gouvernement des États-Unis lui-​même!

      Asiaweek explique: “La progression irrésistible des exportations de tabac a bénéficié du soutien massif du gouvernement des États-Unis. (...) Le Bureau chargé des échanges commerciaux américains (...) a tout fait pour renverser les barrières douanières et permettre aux sociétés américaines d’accéder aux médias des pays d’Asie, et ce en contradiction avec le fait que la publicité pour les cigarettes est interdite depuis longtemps sur les ondes aux États-Unis.” La revue Santé du monde écrit, quant à elle: “Les compagnies [américaines] de tabac bénéficient d’une influence politique considérable. Des sanctions commerciales ou la menace de telles sanctions ont été appliquées contre Hong-Kong, Taiwan, le Japon et la Corée, à moins que ces pays n’ouvrent leur marché à la vente et à la promotion des produits américains.”

      Mais les firmes de tabac ne s’arrêtent pas là. Non contentes de vendre leurs produits en Asie, elles se livrent à une publicité agressive pour doper leurs ventes. Sous la pression, certains pays, comme Taiwan et la Corée du Sud, ont même levé l’interdiction qui pesait sur la publicité pour le tabac. Actuellement, les fabricants américains de cigarettes ont également la Chine dans leur collimateur. Rien d’étonnant, donc, qu’un directeur ait, dit-​on, déclaré: “Ce que nous voulons, c’est l’Asie.” Cela étant, comment ces méthodes brutales sont-​elles perçues par certains?

      Selon un correspondant du New York Times, un homme d’affaires coréen se serait violemment emporté “contre l’indécence avec laquelle les Américains incitent les Coréens à acheter leurs cigarettes”. Force est de reconnaître le bien-fondé de son indignation. En effet, alors qu’ils font la guerre aux importations de cocaïne et d’héroïne — produits dont la vente constitue pour certains pays l’une des principales sources de revenus —, les États-Unis cherchent à écouler leur propre poison auprès d’autres nations. Se montrent-​ils conséquents avec eux-​mêmes, eux qui se targuent d’avoir des principes moraux élevés, en imposant leurs excédents de tabac à des pays dont beaucoup sont dans une situation économique catastrophique?

      Quelques actes de résistance

      Certains pays d’Afrique, comme la Gambie, le Mozambique et le Sénégal, ont interdit la publicité pour la cigarette. L’année dernière, le ministre nigérian de la Santé avait déclaré que le gouvernement était “sur le point d’interdire toute publicité dans les journaux, à la radio, à la télévision et sur les panneaux d’affichage. Il [serait] bientôt interdit de fumer dans tous les lieux et transports publics”. Selon les informations qu’un fonctionnaire nigérian a communiquées à Réveillez-vous! (en janvier 1989), il s’avère que la question n’est toujours pas tranchée.

      La Chine compte 240 millions de fumeurs. Les autorités médicales prévoient qu’en 2025 deux millions de Chinois mourront chaque année d’une maladie imputable au tabac. La situation est extrêmement grave, comme en témoigne la revue China Reconstructs: “Bien que le gouvernement chinois ait interdit la publicité pour les cigarettes, que la presse écrite rappelle fréquemment les effets nocifs du tabac et que le prix des cigarettes ne cesse d’augmenter, le nombre de fumeurs en Chine est en constante progression.” L’une des conséquences de ce phénomène est que “le cancer ainsi que les maladies cardio-vasculaires et respiratoires sont devenus les principales causes de mortalité en Chine”.

      Dans certaines régions de Chine, accueillir les invités en leur offrant des cigarettes est une marque d’hospitalité. Quoi qu’il en soit, les Chinois paient un lourd tribut au tabac. D’après China Reconstructs, “les experts médicaux signalent que le cancer du poumon connaît une progression fulgurante”. Commentaire d’un spécialiste chinois: “Le prix que nous payons est d’ores et déjà trop élevé.”

      Les promoteurs de la publicité pour le tabac détiennent un autre pouvoir dangereux: l’influence subtile qu’ils exercent sur les médias.

      [Illustration, page 10]

      Publicité antitabac à Hong-Kong.

  • Tabac et censure
    Réveillez-vous ! 1989 | 8 juillet
    • Tabac et censure

      “Assez de censure! La liberté d’expression — qui inclut la liberté de publicité — est un droit que nous devons préserver. La majorité des Américains sont contre l’interdiction qui frappe la publicité pour le tabac.” — Publicité dans un journal (janvier 1989), appuyée par “un sondage téléphonique réalisé à l’échelle nationale auprès de 1 500 adultes”. Mais peut-​on dire que 1 500 personnes représentent la “majorité des Américains”?

      LES fabricants de tabac prétendent que la publicité n’incite pas les gens à fumer, mais qu’elle influe seulement sur la répartition des parts de marché entre les marques. Toutefois, cet argument est discutable si l’on en juge par l’actuelle augmentation du nombre des fumeuses. Par ailleurs, la puissante influence qu’exercent ces annonceurs revêt une autre forme très pernicieuse.

      Au cours des dernières années, les firmes américaines de tabac se sont acheté une certaine respectabilité en rachetant des sociétés de produits alimentaires et en éliminant le mot “tabac” de leur raison sociale. C’est ainsi que l’American Tobacco Company est devenue l’American Brands; R. J. Reynolds Tobacco Company est devenue récemment RJR/Nabisco; Brown and Williamson Tobacco Corporation s’appelle maintenant Brown and Williamson Industries. Or, ces aménagements se sont traduits notamment par une publicité encore plus agressive. Comment cela?

      Désormais, même les revues qui refusent toute publicité en faveur du tabac doivent réfléchir à deux fois avant de publier des articles dirigés contre le tabac et son usage. Certes, elles ne risquent pas de perdre les recettes provenant de la publicité pour les cigarettes. Mais quelle va être la réaction des sociétés qui appartiennent à présent aux géants du tabac et qui, elles, font de la publicité pour des produits alimentaires ou autres? Faut-​il prendre le risque de publier des articles ou des déclarations susceptibles de présenter l’usage du tabac sous un mauvais jour? Cette situation peut donner lieu à l’apparition d’une autocensure subtile, presque inconsciente.

      Le numéro du 6 juin 1983 du magazine Newsweek offrait à cet égard un cas exemplaire. Les numéros précédents et ceux qui l’ont suivi contenaient de 7 à 10 pages de publicité pour des cigarettes. Or, le numéro du 6 juin consacrait plusieurs pages à une série d’articles controversée intitulée “Épreuve de force autour du tabac”. Combien de pages de publicité pour les cigarettes y a-​t-​il eu dans ce numéro? Aucune. Larry White explique: “Lorsque les fabricants de cigarettes ont eu vent de l’affaire, ils ont demandé que leurs publicités soient retirées. En publiant ces articles, la revue a peut-être perdu 1 million de dollars en recette publicitaire.”

      Les revues et les journaux ne peuvent se passer des recettes publicitaires. À l’évidence, des rédacteurs en chef font très attention aux articles qu’ils publient à l’encontre de l’industrie du tabac — quand ils en publient. Un journaliste médical a déclaré: “Si, par exemple, je cite le tabac dans une liste des causes de maladies cardiaques, mon rédacteur en chef soit le mettra en fin de liste, soit le supprimera carrément.” Ainsi se vérifie le dicton: “Qui paie les violons choisit le morceau.” L’autocensure est aujourd’hui de mise.

      Voici un autre fait intéressant: Le Wall Street Journal a signalé qu’au cours des plus de six années pendant lesquelles elles ont fait de la publicité pour des cigarettes, deux revues de sensibilité noire n’ont publié aucun article abordant directement la question du tabac et de la santé. Simple coïncidence? Manifestement, les magazines qui font de la publicité en faveur du tabac peuvent difficilement mordre la main qui les nourrit. Ils se retiennent donc de dénoncer les dangers du tabac.

      Ce tour d’horizon de la question du tabac et de ses rapports avec la publicité nous rappelle que de nombreux intérêts sont en jeu. Pour les planteurs de tabac, c’est leur gagne-pain qui est en jeu. Pour les géants du tabac, ceux qui le commercialisent, c’est l’importance des bénéfices qui est en jeu. Pour les gouvernements, ce sont les revenus fiscaux qui sont en jeu. Et pour les millions de fumeurs, c’est leur santé et leur vie qui sont en jeu.

      Que vous soyez déjà fumeur ou que vous soyez tenté de franchir le pas, le choix vous appartient. Comme les magnats américains du tabac se plaisent à le rappeler, fumer est un droit. Mais souvenez-​vous cependant que ce droit va de pair avec celui de prendre le risque de mourir d’un cancer du poumon ou de la gorge, d’une maladie cardio-vasculaire, de l’emphysème, de la maladie de Buerger (voir l’encadré de la page 9) ou de nombreuses autres affections mortelles. D’un autre côté, peut-être souhaitez-​vous arrêter de fumer. Comment faire? De quoi avez-​vous besoin? D’être motivé!

      [Illustration, page 12]

      Le docteur Koop, chef des services américains de la santé, dénonce régulièrement les dangers du tabac.

      [Crédit photographique]

      Photo: Ministère américain de la Santé

  • Tabac — Le point de vue chrétien
    Réveillez-vous ! 1989 | 8 juillet
    • Tabac — Le point de vue chrétien

      IL VA de soi que la Bible ne fait mention ni du tabac ni de la pratique consistant à fumer, et pour cause: tous deux étaient inconnus au Proche-Orient dans l’Antiquité. Cette plante originaire d’Amérique du Sud, du Mexique et des Antilles n’a pas été introduite dans les autres régions du monde avant le milieu du XVIe siècle.

      Toutefois, cela ne veut pas dire que la Bible reste muette sur le sujet. Elle énonce clairement des principes qui déterminent la ligne de conduite à tenir dans toute situation. Examinons quelques-uns de ces principes fondamentaux.

      L’amour pour Dieu et pour le prochain

      La motivation première du chrétien a été définie par Jésus en ces termes: “‘Tu dois aimer Jéhovah, ton Dieu, de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta force, et de tout ton esprit’, et ‘ton prochain comme toi-​même’.” — Luc 10:27.

      Comment quelqu’un peut-​il aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et de toute sa force s’il altère délibérément ses facultés en se laissant aller à une habitude — à un vice — qui le condamne à tomber malade et à mourir prématurément? Est-​ce se montrer reconnaissant pour le don divin de la vie que d’inhaler de la nicotine, une drogue qui crée un état de dépendance? Sachant que Dieu a donné “à toutes les personnes la vie et le souffle”, devrions-​nous souiller le souffle que nous lui devons (Actes 17:24, 25)? Du point de vue divin, l’usage du tabac est véritablement un vice, ou, d’après la définition qu’en donne un dictionnaire, “une pratique ou habitude mauvaise, avilissante et immorale”.

      Un fumeur témoigne-​t-​il de l’amour à son prochain lorsqu’il souille ses vêtements et pollue l’air ambiant par son haleine et la fumée qu’il rejette? Et que dire de ses proches: sa femme et ses enfants? Montre-​t-​il qu’il les aime s’il suit une voie qui risque de le mener à une mort lente, douloureuse et prématurée à laquelle sa famille devra assister? Peut-​on parler de considération chrétienne lorsqu’on fait d’autrui un fumeur passif en l’obligeant à respirer des émanations empoisonnées? Il n’est guère surprenant qu’au jardin botanique de Blanes, en Espagne, les plants de tabac aient été placés dans la section des plantes vénéneuses.

      Et l’amour-propre? Il est normal de s’aimer suffisamment pour prendre soin de sa personne sur les plans physique, mental et spirituel. L’apôtre Paul a d’ailleurs déclaré que “jamais personne n’a haï sa propre chair; au contraire, il la nourrit et l’entoure de soins”. Est-​ce s’aimer que de s’abandonner à une habitude qui mine lentement la santé? — Éphésiens 5:28, 29.

      Jéhovah Dieu a promis de mettre en place “de nouveaux cieux et une nouvelle terre dans lesquels la justice doit habiter”. (2 Pierre 3:13.) Il s’agira d’un monde nouveau et purifié, exempt de toute trace de pollution. Il ne sera plus permis de fumer, ce que personne ne souhaitera plus d’ailleurs. Dès lors, pourquoi fumer aujourd’hui? On retrouve ce raisonnement dans le conseil suivant de l’apôtre Paul: “Puisque nous avons ces promesses, bien-aimés, purifions-​nous donc de toute souillure de la chair et de l’esprit, parachevant la sainteté dans la crainte de Dieu.” (2 Corinthiens 7:1). La nicotine souille le corps d’une façon littérale. Un chrétien qui fumerait ne pourrait présenter son corps à Dieu “en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, un service sacré avec usage de [sa] raison”. (Romains 12:1.) L’usage de la raison enseigne que fumer est dangereux et contraire aux principes chrétiens. Telle doit être la principale motivation de celui qui veut cesser de fumer pour plaire à Dieu.

      Pourquoi ils ont arrêté

      Des millions de personnes dans le monde ont arrêté de fumer. C’est donc possible. Mais comment y parvenir? Une puissante motivation est indispensable. Pour beaucoup, il s’agit de leur santé, de leur amour-propre, ou de l’amour pour leur famille. D’autres ont aussi une motivation religieuse: le désir de plaire à Dieu.

      Vous souvenez-​vous de Ray, de Bill, d’Amy et de Harley, dont nous avons parlé dans le deuxième article? Pourquoi ont-​ils arrêté de fumer?

      Bill était un artiste barbu et chevelu lorsqu’il a commencé à étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Il nous raconte la suite: “J’ai voulu plaire à Dieu et le servir avec un corps et un esprit purs. J’ai arrêté de fumer d’un seul coup, sans diminution préalable. Le 1er janvier 1975, j’ai tiré ma dernière bouffée et j’ai jeté mon paquet de cigarettes. Depuis, ma santé s’est améliorée. J’ai encore un peu d’emphysème, mais même ma perception des couleurs s’est améliorée après que j’ai cessé de fumer.”

      Amy, l’infirmière, nous explique comment elle a renoncé au tabac: “Je participais à des opérations à cœur ouvert, ce qui m’amenait à voir des poumons dans toutes sortes d’états: certains étaient roses et sains, d’autres noirs et empoisonnés. Même l’horrible vision de ces poumons malades qu’on aurait dit imprégnés de poivre ne m’a pas fait cesser de fumer. Je me voilais la face en me disant: ‘Tu es encore jeune. Cela ne t’arrivera pas.’

      “Puis, en 1982, j’ai ressenti le besoin de mettre de l’ordre dans ma vie et j’ai commencé à étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah. J’avais beau loger chez une femme Témoin, je ne pouvais m’empêcher d’aller fumer en cachette sur la terrasse. J’ai dû me faire violence. J’ai prié longuement et intensément, mais, une fois la décision prise, cela a été facile. Les deux premiers jours ont été éprouvants, mais le recours constant à la prière s’est révélé pour moi une aide précieuse.”

      Harley, l’ancien pilote de la marine, a eu du mal à se soustraire à l’emprise de la nicotine. “J’ai essayé, mais en vain, d’arrêter progressivement. Puis, après avoir pris la décision de me faire baptiser Témoin de Jéhovah, j’ai arrêté du jour au lendemain. Les deux ou trois journées qui ont suivi ont été très pénibles. J’étais nerveux, tendu et irritable; l’envie de fumer me torturait. Un Témoin m’a alors donné ce conseil précieux: ‘C’est quand tu es tenté de prendre une cigarette qu’il te faut prier Jéhovah de te soutenir.’ J’ai pu vérifier l’efficacité de ce conseil. Un autre sujet de réflexion m’a profondément marqué: Pouvais-​je imaginer Jésus avec une cigarette à la bouche? C’était bien sûr inconcevable. J’ai pris conscience que, pour arrêter de fumer, il faut être extrêmement motivé. J’avais l’habitude de dire à ma mère: ‘Je ne cause du tort qu’à moi seul, maman.’ En fait, je lui causais du tort, à elle aussi, et de bien des manières.”

      Arrêter de fumer n’a pas non plus été facile pour Ray, ancien maître de manœuvre dans la marine. “J’avais déjà essayé plusieurs fois avant de rencontrer les Témoins de Jéhovah, raconte-​t-​il, mais toujours sans succès. Je côtoyais constamment des gens qui fumaient, et j’avais du mal à refuser les cigarettes qu’on me proposait. Mais en découvrant la vérité renfermée dans la Bible, j’ai eu le désir de servir Jéhovah, à l’exemple de Jésus. J’ai arrêté la cigarette d’un seul coup. Pendant deux semaines, j’ai été malheureux comme les pierres. Mon corps réclamait sa dose de nicotine. Mais quel changement par la suite! J’avais soudain de l’énergie à revendre. Je me sentais bien. J’étais de nouveau en forme.”

      Les efforts en valent-​ils la peine?

      Quand une pratique est dangereuse, le bon sens veut qu’on l’abandonne. Or, l’usage du tabac n’est pas une habitude seulement dangereuse, elle est mortelle; elle revient à absorber du poison. Voici ce qu’a déclaré à ce propos Patrick Reynolds, l’héritier des tabacs Reynolds, devant une sous-commission du Congrès américain: “J’assimile la publicité pour les cigarettes à de la promotion en faveur d’un poison; je pense donc qu’il est moral, juste et bon d’éliminer toute publicité pour les cigarettes.”

      Pour les chrétiens, qui désirent plaire à Dieu, il est assurément moral, juste et bon d’éliminer de leur vie, non seulement la publicité pour le tabac, mais aussi le tabac lui-​même. Cigarettes (“légères” ou non), cigares, pipes et prises sont autant de moyens de s’empoisonner avec la nicotine. Vous n’avez pas besoin de ces artifices pour prouver que ‘vous avez fait du chemin’, que vous avez du goût, ou pour apprécier la vie. Quoi qu’essaient de faire croire ceux qui gèrent cette industrie de mort, l’empoisonnement n’est pas un critère de raffinement.

      [Encadré, page 15]

      Transfuges du commerce du tabac

      En 1875, R. J. Reynolds a fondé une entreprise de tabac à chiquer en Caroline du Nord (États-Unis). En 1913, la firme a sorti ses premières cigarettes: les Camel. Par la suite, l’affaire a si bien prospéré qu’elle est aujourd’hui classée juste derrière Philip Morris aux États-Unis pour ce qui est de la vente des cigarettes et des bénéfices réalisés. L’arrière-petit-fils du fondateur de l’entreprise est Patrick Reynolds, âgé d’un peu plus de 40 ans. Après avoir fumé pendant 15 ans, il a adopté une position qui a produit l’effet d’une bombe dans les milieux du tabac.

      En 1986, il s’est présenté devant une sous-commission du Congrès américain pour dénoncer l’usage du tabac. Depuis lors, il fait régulièrement campagne dans ce sens. Qu’est-​ce qui a déclenché une telle aversion pour ce produit qui a fait la fortune de sa famille? Un souvenir d’enfance: celui de son père, un grand fumeur, mourant lentement de l’emphysème. Patrick Reynolds a déclaré: “Le souvenir que je garde de mon père est celui d’un homme constamment essoufflé et comptant le temps qui lui restait à vivre.”

      Patrick Reynolds a décidé d’utiliser sa vie à quelque chose de profitable. “Je me suis rendu compte que je pouvais être différent et faire quelque chose de ma vie.” Selon lui, continuer à promouvoir des “poisons mortels notoires” aurait été “de la plus haute immoralité”.

      “Si l’industrie du tabac m’a nourri naguère, elle a également tué des millions de personnes, et elle continuera à le faire si les gens ne prennent pas conscience des dangers de la cigarette.” — The New York Times, 25 octobre 1986.

      David Goerlitz est devenu célèbre pour avoir incarné le personnage central des publicités pour les cigarettes Winston. Il a abandonné ce rôle, et il est aujourd’hui l’un des représentants de la Ligue américaine contre le cancer. Qu’est-​ce qui a motivé cette volte-face? Il s’en est expliqué lors d’une interview à la télévision, le 29 décembre 1988: ‘Je suis allé visiter mon frère au pavillon des cancéreux d’un hôpital de Boston. Ce jour-​là, j’ai vu en face les résultats de mon travail: des gens atteints du cancer pour avoir fumé. J’ai vu les conséquences dévastatrices du tabac sur les victimes, et sur les victimes des victimes — leur famille. J’ai vu des hommes d’une quarantaine d’années complètement chauves, des tubes enfoncés dans la gorge et l’estomac. J’ai eu honte et j’ai décidé de ne plus jamais faire de publicité pour le tabac.’◼

      [Illustration, page 14]

      “Je participais à des opérations à cœur ouvert, ce qui m’amenait à voir des poumons dans toutes sortes d’états.”

  • Dix conseils pour arrêter de fumer
    Réveillez-vous ! 1989 | 8 juillet
    • 1. Soyez vraiment motivé. Ayez de solides raisons d’arrêter de fumer: l’amour-propre; le souci de votre santé, présente et future; le souci de ceux qui vous sont chers et qui souffrent de votre habitude dangereuse; le désir d’être pur, tant à vos yeux que devant Dieu, sur les plans physique et moral.

      2. Fixez-​vous une date et respectez-​la. Arrêtez d’un seul coup. La souffrance est brutale, mais la guérison aussi.

      3. Prenez des mesures énergiques pour rompre avec cette habitude. Écrasez toutes les cigarettes de la maison et versez de l’eau dessus. Faites nettoyer tous vos vêtements imprégnés de l’odeur de tabac. Repartez de zéro, cultivez la sensation du renouveau.

      4. Fuyez les atmosphères enfumées et la compagnie de fumeurs tant que vous n’êtes pas complètement libéré de la dépendance à la nicotine. Fréquentez les endroits où il est interdit de fumer, tels que les musées et les bibliothèques.

      5. Mettez de côté l’argent que vous auriez dépensé en tabac et comptez-​le au bout d’un mois. Achetez quelque chose dont vous avez grand besoin, ou bien faites un cadeau à quelqu’un que vous aimez et qui pourra se réjouir avec vous de votre victoire.

      6. Dans les moments où vous avez normalement tendance à fumer, occupez vos mains et votre esprit à une activité quelconque. Quand l’envie de fumer vous ronge, mâchez du chewing-gum (mais pas à la nicotine) ou sucez des pastilles de menthe. Après les repas, au lieu de fumer, lavez-​vous les dents. Faites une promenade, du courrier, de la couture, du jardinage ou des réparations, nettoyez la voiture, etc.

      7. Si vous vous sentez nerveux ou tendu, respirez profondément et lentement. Plutôt que d’allumer une cigarette, buvez beaucoup d’eau et de jus de fruit. Les liquides ont un effet dépuratif.

      8. Faites de l’exercice en tenant compte de vos limites physiques. Consultez d’abord votre médecin pour déterminer ce que vous pouvez raisonnablement faire. Vous serez encouragé en constatant que votre condition physique s’améliore.

      9. Réduisez votre consommation d’alcool. L’alcool et les cigarettes vont souvent de pair, le premier pouvant déclencher le désir de fumer. Évitez les sorties en société qui peuvent présenter ce danger. Analysez les publicités pour le tabac avec un œil critique: décelez leur caractère superficiel et trompeur. Ne vous laissez plus prendre au piège.

      10. Si vous envisagez de devenir Témoin de Jéhovah, priez sincèrement Dieu de vous aider et agissez en conformité avec vos prières. N’attendez pas de miracle; faites votre part.

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