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Le piège du tabacRéveillez-vous ! 1986 | 8 avril
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Le piège du tabac
UN SÉNATEUR américain fume deux paquets de cigarettes par jour. “Je sais que cela diminue mon espérance de vie (...) et me tuera probablement”, dit-il à ses collègues lors d’une discussion sur le montant des subventions à accorder aux producteurs de tabac. “Je maudis le jour où je me suis laissé embarquer dans cette galère.”
Ce sénateur n’est pas le seul à avoir des regrets. Selon certaines estimations, 90 pour cent de ses compatriotes qui font usage du tabac ont essayé de s’en affranchir, ou en ont le désir. Et dans la seule année 1983 deux millions de Japonais ont effectivement cessé de fumer. D’après un spécialiste, “presque tous les grands fumeurs semblent se désoler d’avoir un jour pris goût au tabac et recommandent à leurs enfants de ne pas suivre leur exemple”.
Mais comment tous ces fumeurs, aujourd’hui pleins de regrets, sont-ils devenus esclaves du tabac? Quoi qu’il en soit, comme nous le dit le chercheur Robert Sobel à propos de ce monde, “notre civilisation est liée pour le meilleur ou pour le pire à ces rouleaux de papier qui contiennent de petites quantités de tabac haché”. L’un des six géants de l’industrie de la cigarette emploie 250 000 personnes. Chaque année, les ventes qu’il réalise dans 78 pays sur les six continents s’élèvent à 75 milliards de francs français. Comment une habitude dont personne ne voulait a-t-elle pu susciter une demande telle qu’une énorme industrie est nécessaire pour la satisfaire?
En fait, l’histoire de la cigarette est peut-être l’une des plus surprenantes de ces cent dernières années. Ce sont deux guerres du XIXe siècle qui ont fait naître l’incroyable demande qu’a connue notre XXe siècle, appelé le siècle de la cigarette. Une industrie naissante, la publicité, a fait croître cette demande. Et un tabac surprenant par sa nouveauté — il était d’un jaune vif, plus doux et de composition chimique différente — a donné aux amateurs l’audace de respirer sa fumée. Ce changement notable dans la façon de fumer, l’inhalation par la bouche, garantissait que la plupart des fumeurs en deviendraient esclaves pour le restant de leur vie.
Les guerres qui ont suscité un irrésistible besoin
Le tabac demeura d’un luxe extravagant jusqu’en 1856, date à laquelle s’ouvrit le premier grand marché de la cigarette. Ce fut lorsque les soldats français et anglais revinrent de la guerre de Crimée avec des “cigares en papier” et une habitude qu’ils avaient acquise là-bas. L’engouement pour la cigarette envahit l’Europe et suscita une demande inattendue de cigarettes turques ou de leurs imitations anglaises.
Cet engouement, né en Crimée, fit de la cigarette un substitut économique de la pipe ou du cigare en temps de guerre. Mais il fut de courte durée. En outre, comme Robert Sobel le fait remarquer, “au début des années 1860, il semblait impossible que les hommes appartenant à la classe moyenne américaine — la part la plus importante du marché — prennent goût à la cigarette”. La fumée de ces premières cigarettes n’était pas aussi agréable que celle des cigarettes modernes. Comme la fumée du cigare, elle était légèrement alcaline et les fumeurs ne l’avalaient pas, contrairement à ce que font habituellement les fumeurs de cigarettes d’aujourd’hui. Le temps était venu de voir apparaître un autre changement surprenant.
La guerre de Sécession (1861-1865) fit connaître une fumée qui allait créer une dépendance plus grande et agir comme une “force explosive”, pour reprendre l’expression de Jerome Brooks, expert en matière de tabac. Une fois encore ce fut la guerre qui mit la cigarette bon marché à la portée des soldats — d’abord les confédérés, puis les unionistes. Cette fois, cependant, ce ne fut pas qu’un engouement passager.
Ces cigarettes étaient fabriquées avec un tabac américain, et elles avaient quelque chose de différent. Les producteurs américains avaient opté pour de nouveaux plants qui poussaient bien dans leur sol pauvre en azote. En outre, un accident étrange survenu dans une ferme de la Caroline du Nord leur avait permis de découvrir un procédé de séchage qui produisait une feuille douce, sucrée et d’un jaune vif. En 1860, le Bureau américain de recensement l’appela l’“un des événements agricoles les plus étranges que le monde ait jamais connu”. Après quelques cigarettes de ce tabac original, les nouveaux fumeurs ne purent s’empêcher d’y revenir.
Le piège!
Bien que ceci n’ait pas été compris à l’époque, la clientèle, d’abord peu nombreuse, puis en constante augmentation, devenait physiquement dépendante, esclave, d’une substance dont l’emprise est très puissante. “Celui qui fume ne serait-ce que quelques cigarettes pendant l’adolescence” finit presque invariablement à “dépendre régulièrement du tabac”, affirme le docteur Michael Russell qui se livre à des recherches sur le phénomène de dépendance. Il ajoute: “Contrairement à l’adolescent qui se fait au début une ou deux injections d’héroïne par semaine, le premier paquet de cigarettes du jeune fumeur lui procure quelque deux cents ‘prises’ de nicotine successives.”
L’inhalation était bien le secret. La nicotine, semble-t-il, ne pénètre et n’irrite les muqueuses qu’en milieu alcalin. Étant donné que la fumée de cigarette est légèrement acide, c’est la seule que l’on puisse avaler régulièrement en ressentant une impression de douceur au palais et dans la gorge. Cependant, une fois la fumée parvenue dans les poumons, l’acide est neutralisé et la nicotine peut se répandre dans le sang. En sept secondes à peine le sang chargé de nicotine parvient au cerveau, si bien que chaque bouffée produit un effet dû à la nicotine qui est presque instantané. D’après une étude menée pour le compte du gouvernement britannique, les jeunes qui fument plus d’une cigarette ont seulement 15 chances sur 100 de ne jamais devenir des fumeurs.
Ainsi, dans la décennie qui a connu la guerre de Crimée, l’industrie de la cigarette a fait naître une habitude tenace. En l’espace d’une vingtaine d’années, les négociants en tabac en sont venus à diffuser dans les journaux des publicités alléchantes pour attirer la clientèle. Une machine brevetée en 1880 produisait la cigarette en grande quantité et à bas prix, tandis que des affiches représentant des héros du sport et des dames souriantes vantaient l’image de la cigarette au public masculin. Cependant, pourquoi les hommes ont-ils continué d’en demander? C’est parce qu’ils étaient devenus dépendants de la nicotine. Comme le dit William Bennet, rédacteur médical, “la mécanisation, une publicité intelligente et les techniques de marketing ont apporté leur contribution, mais [sans la nicotine] on n’aurait jamais vendu beaucoup de ce chou séché”.
En 1900 la cigarette moderne, déjà internationale, était prête à rendre le monde esclave du tabac.
[Entrefilet, page 5]
Son premier paquet de cigarettes procure au nouveau fumeur 200 “prises” de nicotine.
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Le tabac l’emporte sur ses adversairesRéveillez-vous ! 1986 | 8 avril
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Le tabac l’emporte sur ses adversaires
LA MAUVAISE conscience du fumeur n’est pas toujours assez puissante pour lui donner la force d’arrêter. De même, si à certaines époques la clientèle a diminué sa consommation de cigarettes par peur de leur nocivité et de l’accoutumance, c’était seulement pour se remettre à fumer de plus belle. Quels mécanismes permettent de refouler de telles craintes? La publicité et la guerre! Telles ont été “les deux méthodes les plus importantes pour répandre l’usage de la cigarette”, selon l’historien Robert Sobel.
La consommation de cigarettes est montée en flèche quand ‘nation s’est dressée contre nation’ lors de la Première Guerre mondiale (Matthieu 24:7). Qu’est-ce qui a fait passer la production américaine de 18 milliards de cigarettes en 1914 à 47 milliards en 1918? C’est une campagne en faveur de la gratuité des cigarettes pour les soldats! On pensait que leur effet narcotique aiderait ces derniers à combattre la solitude du front.
Pendant la guerre, un chant anglais lançait cette exhortation: “Range tes soucis dans ton vieux sac, du moment que tu as du feu pour allumer ta sèche [cigarette].” Étant donné que c’était des organismes gouvernementaux et des associations de patriotes qui fournissaient gratuitement de quoi fumer aux combattants, même les adversaires de la cigarette n’osèrent pas émettre de critique.
L’étreinte se resserre
Les nouveaux fumeurs devinrent de bons clients après la guerre. Dans la seule année 1925, les Américains fumèrent en moyenne près de 700 cigarettes par personne. En Grèce, à la même époque, la consommation de tabac par habitant était supérieure de moitié à celle des États-Unis. Les cigarettes américaines devinrent populaires dans de nombreux pays; dans d’autres, comme l’Inde, la Chine, le Japon, l’Italie et la Pologne, on comptait sur la production nationale pour satisfaire à la demande intérieure.
Pour resserrer leur étreinte sur le marché américain, les publicitaires s’attaquèrent aux femmes. “On a dit que la publicité sur le tabac à la fin des années 1920 était ‘devenue folle’”, rapporte Jerome Brooks. Cependant, c’est à cause de la publicité que les Américains ont continué à acheter des cigarettes pendant et après la crise économique de 1929. Des sommes colossales (à peu près 75 000 000 de dollars en 1931) furent investies pour promouvoir la cigarette. Il s’agissait de montrer qu’elle aidait à rester mince, qu’elle remplaçait les bonbons. Certains films, qui célébraient des vedettes — comme Marlene Dietrich — en train de fumer, ont contribué à créer une image raffinée de la cigarette. C’est ainsi qu’en 1939, à la veille d’une nouvelle guerre mondiale, les Américains des deux sexes ont fumé 180 milliards de cigarettes.
Une autre guerre! À nouveau les soldats reçurent gratuitement des cigarettes, et même dans leurs rations de campagne. “La Lucky Strike verte s’en est allée en guerre!” Voilà ce qu’on annonça au cours d’une campagne publicitaire bien orchestrée qui tirait parti du sentiment patriotique commun aux périodes de guerre. Avec une consommation annuelle de cigarettes estimée à 400 milliards à la fin de la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis, qui pouvait remettre en question la place du tabac dans le monde?
De même, qui dans l’Europe d’après-guerre aurait pu douter de l’importance de la cigarette quand, à un moment, elle était utilisée, à pleines cartouches, comme monnaie d’échange sur le marché noir? Les soldats américains basés en Europe achetaient des cigarettes subventionnées pour la somme ridicule de cinq cents le paquet. Et avec ces cigarettes ils payaient tout, depuis les chaussures neuves jusqu’aux petites amies. La vente de cigarettes aux militaires, laquelle était exonérée d’impôt, grimpa de 5 400 par personne en 1945 à 21 250 à peine deux ans plus tard.
Pendant des décennies, on a réussi à cacher au public tous les aspects condamnables du tabac; ils n’étaient pas réfutés, mais simplement tenus dans l’ombre par l’inexorable montée d’une habitude populaire. En privé, cependant, on se posait des questions. Le tabac est-il nocif? Est-il pureté ou souillure?
C’est en 1952 que ces questions, qui couvaient depuis si longtemps, ont été remises à l’ordre du jour. Des médecins anglais publièrent une nouvelle étude montrant que les victimes du cancer tendaient à être de gros fumeurs. Le Reader’s Digest reprit l’affaire, ce qui valut à celle-ci une grande publicité. En 1953, une campagne anti-cigarette sembla promise au succès. Le monde allait-il se défaire de cette habitude?
La redoutable industrie de la cigarette
Les industriels de la cigarette affirmaient en public que le procès fait à leur produit ne prouvait rien, car il s’appuyait sur de simples statistiques. Mais l’ironie c’est qu’immédiatement après ils présentèrent leur arme secrète: la cigarette à faible teneur en nicotine. Le nouveau produit offrait une image sécurisante pour la santé des fumeurs qui, bien qu’alarmés, ne consentaient pas à s’arrêter. Une fois encore, la publicité fit la preuve de sa capacité à vendre une image de marque.
En fait, ces cigarettes à faible teneur en nicotine avaient plus d’effets sur la mauvaise conscience du fumeur que sur sa santé. Les scientifiques allaient découvrir par la suite que de nombreux fumeurs se rattrapaient en aspirant plus profondément et en gardant la fumée plus longtemps dans les poumons, si bien qu’ils absorbaient autant de nicotine qu’auparavant. Mais un autre quart de siècle allait s’écouler avant que les chercheurs puissent faire la démonstration de ce phénomène. En attendant, l’industrie de la cigarette se révélait être l’une des plus lucratives dans le monde, puisqu’on enregistrait maintenant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 300 milliards de francs français.
Du point de vue économique cette industrie est aujourd’hui plus florissante que jamais. Les clients continuent d’acheter. Chaque année la consommation augmente de 1 pour cent dans les pays industrialisés et de plus de 3 pour cent dans les pays en voie de développement. Au Pakistan et au Brésil, cette poussée est respectivement six et huit fois plus rapide que dans la plupart des pays occidentaux. Un cinquième des revenus des Thaïlandais sert à l’achat de cigarettes.
Toutefois, pour beaucoup de personnes réfléchies, l’histoire d’amour qui depuis un siècle unit la cigarette à notre monde dans une implacable étreinte n’est pas près de prendre fin. Se pourrait-il que l’on ne connaisse pas tout de cette augmentation phénoménale de la consommation de tabac — surtout depuis 1914 — et de la manière dont il a été accepté presque aveuglément par tant de personnes? Comment répondre à ces questions que l’on pose rarement et qui ont trait, par exemple, à l’éthique de cette habitude? D’un point de vue moral, est-il indifférent de fumer, ou bien est-ce blâmable? Notre prochain article essaiera de rendre compte de ces quelques questions.
[Illustration, page 7]
La publicité et la guerre: les deux méthodes les plus importantes pour répandre l’usage de la cigarette.
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Le tabac aujourd’hui: soyons réalistesRéveillez-vous ! 1986 | 8 avril
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Le tabac aujourd’hui: soyons réalistes
ÉTONNÉ de ce que le marché de la cigarette ait pu en venir à se développer, un rédacteur de la revue Harvard Medical School Health Letter se pose la question suivante: “Comment un vice sur le déclin et qui avait été couvert d’opprobre au milieu de l’époque victorienne [dans les années 1870] a-t-il pu trouver soudain un second souffle?” Oui, comme on peut le voir sur une publicité récente qui s’adresse à la clientèle féminine de la cigarette: “Tu reviens de loin, chérie.” Selon les historiens, c’est l’accoutumance, la publicité et la guerre qui ont permis à la cigarette de gagner la faveur du public. Comme l’a montré une récente enquête, “après l’accoutumance, c’est la publicité qui est l’alliée la plus puissante de l’industrie dans sa conquête du cœur et de l’esprit du fumeur”. Cela est vrai, mais il y a d’autres pièces au dossier.
L’envers du décor
Pour des étudiants de la Bible, l’époque de la cigarette revêt une signification qui ne peut être balayée d’un revers de main. Pourquoi cela? Eh bien, parce que cette époque — surtout depuis 1914 — a accompli une prophétie. D’abord, en 1914 ‘nation s’est dressée contre nation’ en une guerre mondiale. Puis, comme Jésus l’avait aussi prédit, la société a été bouleversée par ‘l’accroissement du mépris de la loi’. La guerre a fait voler en éclats les illusions du peuple et ses valeurs ‘victoriennes’. Cela a permis que la cigarette soit acceptée comme jamais elle ne l’avait été auparavant. — Matthieu 24:7, 12.
En 1914, le monde est entré dans une ère d’inquiétude extrême, et l’industrie de la cigarette s’est mise à prospérer. Beaucoup ont pris l’habitude de fumer pour lutter contre les tensions de ce que la Bible appelle des “temps décisifs et durs”. L’attrait de la publicité et la dépendance à l’égard de la nicotine ont contribué à façonner le nouvel état d’esprit d’une société déterminée à ne rien se refuser. La Bible décrit avec précision les humains qui vivraient aux derniers jours: ils seraient “amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu”. — II Timothée 3:1-5.
Tout ceci devrait nous aider à comprendre l’importance de notre époque. Jésus a dit que certains humains confrontés à une période décisive “ne s’aperçurent de rien”. Plutôt que de suivre leur exemple, nous pouvons en tirer les leçons. La Bible nous encourage à mettre nos espoirs dans le Royaume de Dieu, non dans de vaines campagnes destinées à réformer le monde, ni dans l’impossible rêve que les nations puissent un jour s’affranchir de leurs vices. — Matthieu 24:14, 39.
Le monde peut-il s’affranchir du tabac?
Il n’y a pas grand espoir que le monde s’affranchisse du tabac. En Grande-Bretagne, dès 1962, l’Académie royale de médecine a commencé à lancer des avertissements à l’encontre du tabac, ce qui n’a pas empêché les Anglais de fumer 110 milliards de cigarettes en 1981. Aux États-Unis, c’est en 1964 que le directeur de la Santé publique a commencé à signaler les dangers que représente le tabac. Cependant l’année suivante a vu les ventes battre des records. En 1980, les Américains ont acheté 135 milliards de cigarettes de plus qu’en 1964, et ce bien qu’on ait fait figurer sur chaque paquet la mise en garde du ministère de la Santé sur les méfaits du tabac. En fait, on achète aujourd’hui dans le monde 4 000 milliards de cigarettes par an.
Que vous fumiez ou non, les sommes colossales que brasse l’industrie du tabac vous montrent que ni les gouvernements ni les hommes politiques ne sont près de mettre fin à son activité. Aux États-Unis, par exemple, quoique la cigarette cause la mort de 350 000 personnes chaque année, le tabac procure en impôts à l’État l’équivalent de 158 milliards de francs français. En outre il fournit, directement ou indirectement, du travail à deux millions de personnes. Et les sociétés qui exploitent le tabac dépensent beaucoup. À l’échelle du monde, leur budget publicitaire annuel est de 15 milliards de francs français, ce qui est sans commune mesure avec les 52,5 millions que la Société américaine contre le cancer et le Comité américain contre les maladies respiratoires consacrent à eux deux pour leur programme d’éducation antitabac.
Examinons maintenant deux organes placés sous l’égide des Nations unies et qui présentent une divergence pour le moins embarrassante quant à leur politique en matière de tabac: L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a récemment fait savoir que si l’on stoppait l’“épidémie de tabagisme” dans les nations du tiers monde, cela “pourrait contribuer davantage à améliorer la santé et à prolonger la vie (...) que n’importe quelle autre mesure dans le vaste éventail qu’offre la médecine préventive”. D’un autre côté, la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) considère que dans le tiers monde “la culture du tabac apporte aux campagnes de larges possibilités d’emploi”. La FAO décrit le tabac comme “une source d’impôt très importante et facilement accessible” qui représente une “puissante incitation” pour les fermiers “à produire du tabac”, et pour les gouvernements “à promouvoir sa culture et son exploitation”.
Soyons réalistes
Oui, le phénomène de la cigarette, surtout depuis 1914, exige que nous regardions en face la dure réalité. Certains disent: ‘Du moment que ça te fait plaisir, fais-le.’ Cependant la réalité, qui montre le lien entre le tabac et les maladies cardio-pulmonaires, dénonce un point de vue aussi étroit. En Angleterre, la cigarette tuerait huit fois plus que les accidents de la route. Dans le monde entier, le tabac “a fait disparaître plus de personnes que toutes les guerres du XXe siècle”, lit-on dans un rapport que publie l’hebdomadaire anglais Manchester Guardian Weekly.
Que dire de l’accoutumance? La dure réalité réside ici dans le fait que la nicotine agit comme une drogue en créant un état de dépendance. Et beaucoup de personnes réfléchies estiment qu’elles ne peuvent se permettre d’ignorer le préjudice moral et spirituel qui accompagne ce phénomène.
Les objections morales
En ce qui concerne l’usage du tabac, les chrétiens pensent que les objections tirées de la morale et des Écritures revêtent encore plus d’importance que les avertissements de la médecine. Cet usage du tabac tire son origine de l’animisme, du spiritisme et du culte de dieux faits de main d’homme; toutes choses condamnées dans la Bible comme étant des pratiques dégradantes, qui entraînent ceux qui s’y livrent loin de leur Créateur (Romains 1:23-25). (Voir l’encadré “La feuille sacrée devient populaire”, page 4.) Il est dangereux de fumer; c’est une pratique impure et contraire aux principes chrétiens (II Corinthiens 7:1). Et ce qui est plus important, l’accoutumance fait passer d’une simple habitude à une véritable “drogue” — terme que la Bible utilise lorsqu’elle condamne les pratiques superstitieuses et dangereuses pour la spiritualité. — Voir NW à références, note en bas de page sur Révélation 21:8; 22:15.
On décèle ainsi les graves conséquences morales d’une habitude qui flatte les sens aux dépens de la santé, pollue l’air que l’entourage du fumeur est obligé de respirer et incite les jeunes, qui sont influençables, à s’adonner eux aussi au tabac. Après y avoir réfléchi et avoir révisé leur conception de la chose, ce qui n’a peut-être pas été sans mal, beaucoup décident qu’ils doivent s’arrêter de fumer, pour leur propre bien et pour le bien de ceux qu’ils aiment.
Il vous faut inverser le processus
Pour vous affranchir du tabac vous devez faire face aux pressions qui viennent de votre propre corps et de votre entourage. Votre corps de fumeur est dépendant de la nicotine. Vous éprouvez le désir ardent que ressentent tous les fumeurs depuis un siècle, celui d’avaler la fumée de cigarette. Les panneaux publicitaires et les revues font miroiter devant vos yeux cette habitude, l’associant toujours au plaisir, à la liberté, à l’aventure, à la beauté, au luxe. Ceux qui fument, comme vous, tendent à considérer la chose comme normale, sans danger, innocente, agréable, élégante, raffinée. Vous vous êtes fait à l’idée de fumer.
Bref, si vous voulez vous affranchir du tabac, vous devez personnellement inverser le processus qui en a rendu le monde esclave. Des suggestions pratiques comme celles que l’on trouve dans l’encadré ci-contre peuvent vous aider à rejeter la tendance du monde, mais la première étape est décisive: sachez pourquoi vous voulez vous arrêter de fumer. “Il faut en décider au plus profond de soi, dit le docteur Charles Tate dans la revue American Medical News. Une fois que la décision est prise, la plus dure partie de la bataille est gagnée.”
Et que dire de ce monde? Il ne semble disposer ni du pouvoir ni du désir d’apporter le changement que vous-même pouvez opérer personnellement. En fait, la société humaine n’a que peu de chances de mettre fin d’elle-même aux pratiques par lesquelles elle se détruit. La cigarette, dont elle s’est entichée, en est un exemple. Mais rassurez-vous, Dieu promet de “saccager ceux qui saccagent la terre”. (Révélation 11:18.) Et le moyen que Dieu a prévu pour accomplir cette promesse — son Royaume ou Gouvernement céleste — constitue pour vous un solide espoir de voir un jour la santé spirituelle, morale et physique rétablie sur toute la terre. — Ésaïe 33:24.
[Schéma/Illustration, page 9]
(Voir la publication)
Les 15 milliards du budget publicitaire annuel de la cigarette éclipsent les 52,5 millions consacrés à l’éducation antitabac.
Éducation antitabac
52,5 millions
Publicité de cigarettes
15 milliards
(chaque case représente 7,5 millions de francs français)
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Comment s’affranchir du tabacRéveillez-vous ! 1986 | 8 avril
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Comment s’affranchir du tabac
N’essayez pas de vous désaccoutumer progressivement: Cela prolonge le supplice dû à votre état de manque.
Ne gaspillez pas votre argent dans des méthodes coûteuses: “Toutes les méthodes vendues couramment sur le marché n’apportent que très peu d’aide véritable au fumeur”, nous dit la revue New Scientist. Et la revue médicale World Health ajoute: “Le principal facteur de réussite (...) restera la volonté du fumeur. Tout le reste est accessoire.”
Acceptez votre responsabilité, mais aussi l’aide d’autrui: L’aide d’amis qui eux-mêmes ont arrêté de fumer est inestimable. Priez. Un désir sincère de plaire à Dieu et de faire sa volonté permet de réaliser des prodiges. — Philippiens 2:4; 4:6, 13.
Prenez conscience des bienfaits que vous en retirerez: Cela réduira vos risques de mourir d’une cardiopathie, d’une attaque d’apoplexie, d’une bronchite, d’un emphysème ou du cancer; vous donnerez un bon exemple; vous économiserez de l’argent; vous vous débarrasserez de la saleté, de l’odeur, de la nuisance et de l’esclavage que représente le tabac.
Comprenez la raison des troubles dus à votre état de manque: Dans les 12 heures qui suivent votre dernière cigarette, votre cœur et vos poumons commencent à récupérer. Votre taux d’oxyde de carbone et de nicotine baisse rapidement. Toutefois, tandis que votre corps guérit, il vous fait souffrir. Il se peut que vous soyez irritable, mais vous n’avez pas besoin d’une cigarette pour calmer vos nerfs. Ce malaise temporaire est le début d’une vie plus saine.
Comprenez qu’il s’agit d’un défi: Devancez les problèmes. Évitez de vous apitoyer sur vous-même et de faire des compromis. N’ayez cependant aucun doute: vous pouvez vous affranchir du tabac.
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