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La désertion des fidèlesRéveillez-vous ! 1996 | 8 avril
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DANS une plaine battue par le vent se dresse Caleruega. Cette petite ville médiévale du nord de l’Espagne est dominée par un imposant couvent de style roman, élevé il y a 700 ans en l’honneur de Domingo de Guzmán, fondateur de l’ordre des Dominicains et natif de l’endroit. Depuis sept siècles, l’édifice abrite des religieuses qui ont choisi le silence et la solitude.
Le toit du couvent fuit, les murs commencent à s’effriter. Toutefois, c’est une décrépitude plus générale qui inquiète la mère supérieure : l’effondrement de la religion elle-même. “ Quand je suis entrée dans ce couvent voilà bientôt 30 ans, nous étions 40, explique-t-elle. Aujourd’hui, nous sommes 16. Et pas de jeunes. La vocation religieuse semble appartenir au passé. ”
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La désertion des fidèlesRéveillez-vous ! 1996 | 8 avril
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Au cours des 25 dernières années, le pourcentage des “ catholiques pratiquants ” a chuté de 83 à 31 en Espagne. “ L’Espagne catholique n’existe pas ”, a dit l’archevêque espagnol Ramon Torrella lors d’une conférence de presse en 1992. “ Les gens assistent aux processions de la semaine sainte et à la messe de minuit, mais ils ne vont pas à l’église tous les dimanches. ” Lors de sa visite à Madrid en 1993, le pape Jean-Paul II a tiré la sonnette d’alarme. “ L’Espagne, a-t-il déclaré, doit retourner à ses racines chrétiennes. ”
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La désertion des fidèlesRéveillez-vous ! 1996 | 8 avril
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en Espagne quelque 8 000 prêtres ont quitté le sacerdoce pour se marier.
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La désertion des fidèlesRéveillez-vous ! 1996 | 8 avril
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plus de 50 % des catholiques français, italiens et espagnols ne croient pas aux miracles.
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La désertion des fidèlesRéveillez-vous ! 1996 | 8 avril
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En Espagne, les préservatifs, qu’on vendait presque au marché noir il y a 20 ans, font aujourd’hui l’objet d’une publicité régulière à la télévision.
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Pourquoi l’Église perd son influenceRéveillez-vous ! 1996 | 8 avril
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Dans la pratique, l’absence à la messe dominicale n’est pas considérée comme un péché très grave. “ Si un catholique n’assiste pas à la messe le dimanche, explique Tirso Vaquero, un prêtre de Madrid, nous en sommes sincèrement peinés, non parce qu’il a commis un péché — cet aspect est secondaire —, mais parce qu’il a manqué ce moment de communion avec Dieu et avec ses frères. ”
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Pourquoi l’Église perd son influenceRéveillez-vous ! 1996 | 8 avril
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Selon l’analyse d’un jésuite espagnol très connu, José María Díez-Alegría, “ les chefs religieux [catholiques] pensent (beaucoup en toute sincérité) qu’il leur est impossible de s’acquitter de leur tâche pastorale sans l’appui du pouvoir temporel ”.
Mais “ l’appui du pouvoir temporel ” s’effondre. L’Espagne, dirigée jusqu’en 1975 par un gouvernement “ national-catholique ”, en est un bel exemple. Depuis quelques années, une lutte continuelle oppose la hiérarchie espagnole à l’État socialiste sur la question du financement de l’Église. L’évêque de Teruel a confié à ses paroissiens qu’il se sentait “ persécuté en sa qualité de catholique ” parce que l’État n’accorde pas un soutien financier suffisant à l’Église.
En 1990, les évêques espagnols ont déclaré qu’une “ grave crise de la conscience et de la morale ” affectait la société espagnole. Qui jugeaient-ils responsable de cette ‘ crise morale ’ ? L’une des principales causes du phénomène était, selon eux, la “ mentalité ambiguë fréquemment encouragée par l’administration publique [l’État espagnol] ”. Manifestement, les évêques s’attendent à ce que l’État soutienne l’Église catholique sur le plan des finances et de l’idéologie.
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