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  • Le spiritisme: pourquoi cet intérêt croissant?
    La Tour de Garde 1987 | 1er septembre
    • Le spiritisme: pourquoi cet intérêt croissant?

      DANS sa ville, Frans est un pilier de la religion protestante. Quand il y a un travail à faire au temple, il est le premier à se porter volontaire. Wilhelmine, elle aussi, est pieuse. “Il faut aller au temple”, dit-​elle, et elle y va. De même, Esther assiste régulièrement au culte et ne passe pas un jour sans avoir dit ses prières. Mais ces trois personnes ont autre chose en commun: elles sont également médiums.

      Le cas de ces trois Surinamiens n’est pas unique. Dans le monde entier, le spiritisme exerce une fascination grandissante. Laissons parler les chiffres: Rien qu’aux États-Unis, une trentaine de revues, au tirage cumulé dépassant les dix millions d’exemplaires, sont consacrées aux phénomènes parapsychiques de tous ordres. En Angleterre, on évalue à deux millions le nombre des gens qui s’intéressent à l’occultisme. Aux Pays-Bas, un récent sondage a révélé que parmi ceux qui croient aux manifestations surnaturelles il y a des habitants de grandes villes, des personnes très instruites et des jeunes. Qui plus est, comme peuvent le confirmer des Africains, des Asiatiques et des Latino-Américains, dans de nombreux pays le spiritisme est entré à part entière dans la vie quotidienne. Voilà qui explique pourquoi John Weldon et Clifford Wilson concluent leur livre Choc occulte et forces parapsychiques (angl.) par ces mots: “Bon nombre de chroniqueurs semblent estimer que nous vivons une époque de renouveau de l’occultisme sans précédent.”

      En effet, le spiritisme et l’occultisme — que ce soit l’astrologie, l’hypnotisme, la parapsychologie, la perception extra-sensorielle, la magie, l’interprétation des rêves, etc. — attirent des gens de toutes conditions sociales. Pourquoi donc?

      Déjà, certaines Églises de la chrétienté excusent, voire approuvent, le spiritisme. Elles laissent penser que la communication avec les esprits n’est qu’un moyen comme un autre de s’approcher de Dieu.

      Prenons l’exemple d’Izaak Amelo, un marchand surinamien de 70 ans. Pendant sept ans, il a été à la fois un membre respecté du conseil presbytéral et un spirite renommé. Il raconte: “Chaque samedi, tous les conseillers presbytéraux se retrouvaient à l’extérieur du village. Nous consultions les esprits la nuit entière. Au petit matin, le diacre surveillait sa montre et, vers 5 heures, il nous faisait signe d’arrêter. Après avoir pris un bain, nous changions de tenue puis nous nous dirigions vers l’église — où nous arrivions juste à l’heure pour le culte dominical. Durant toutes ces années le pasteur ne nous a jamais exprimé la moindre désapprobation.”

      Après avoir étudié le lien qui existe entre le spiritisme et les Églises au Suriname, le professeur hollandais R. van Lier a confirmé que beaucoup voient dans le spiritisme une “religion supplémentaire”. Dans une étude publiée récemment par l’université de Leyde, il a fait également remarquer que l’on considère le spiritisme comme “un élément d’un vaste ensemble religieux dans lequel il se trouve au même rang que le christianisme”.

      Mais peut-être ces questions vous viennent-​elles à l’esprit: ‘Le fait que les Églises de la chrétienté acceptent le spiritisme démontre-​t-​il que Dieu l’approuve? Se rapproche-​t-​on vraiment de Dieu lorsqu’on entre en contact avec les esprits? Que dit réellement la Bible au sujet du spiritisme?’

      [Illustration, page 3]

      Izaak Amelo se souvient que tous les conseillers presbytéraux, dont lui-​même, participaient à des séances de spiritisme.

  • Le spiritisme: qu’en pense Dieu?
    La Tour de Garde 1987 | 1er septembre
    • Le spiritisme: qu’en pense Dieu?

      “AIMER et détester les mêmes choses, voilà la base d’une solide amitié”, a dit l’historien romain Salluste. En effet, un ami est quelqu’un avec qui on a beaucoup de choses en commun, quelqu’un en qui on a confiance. De même, Dieu nous accepte pour amis et nous permet de nous approcher de lui si nous aimons et détestons les mêmes choses que lui, autrement dit, si nous sommes attirés par ses qualités, comme l’amour, la paix, la bienveillance et la bonté, et que nous faisons des efforts sincères pour imiter ces traits de caractère dans notre vie. — Galates 5:22, 23.

      Dès lors, pour savoir si le spiritisme est approuvé par Dieu, nous devons avant tout en observer les résultats (Matthieu 7:17, 18). Aide-​t-​il ceux qui s’y adonnent à cultiver des qualités divines attirantes? Dans ce but, examinons deux exemples vécus.

      La divination, les tourments et la mort

      Asamaja Amelia, une Surinamienne d’âge moyen, avait 17 ans lorsqu’elle a eu son premier contact avec la divination, une forme du spiritisme. Ses prédictions se vérifiaient et ses conseils étaient bénéfiques à ceux qui l’interrogeaient; elle était donc très estimée dans son village. (Voir Actes 16:16.) Néanmoins, quelque chose la préoccupait.

      “Les esprits qui parlaient par mon intermédiaire étaient bons avec ceux qui recherchaient leur aide, dit-​elle, mais dans le même temps ils gâchaient ma vie. Après chaque séance, j’étais éreintée et je pouvais à peine bouger. Quand la nuit tombait, j’espérais prendre un peu de repos, mais les esprits ne me laissaient pas tranquille. Sans répit, ils me harcelaient, ils me parlaient et m’empêchaient de dormir. Et il fallait entendre ce qu’ils me disaient!” Avec un soupir, elle baisse les yeux en secouant la tête de dégoût. “Ils aimaient parler de sexe et insistaient pour avoir des rapports avec moi. C’était choquant. J’étais mariée; je ne voulais pas être infidèle et je le leur disais. Mais rien n’y faisait. Un jour, une force invisible m’a terrassée, m’a étreinte et même mordue. J’étais effondrée.”

      ‘Des esprits qui encouragent l’impureté sexuelle! C’est tout de même un peu fort!’ dites-​vous peut-être. Ces esprits sont-​ils dépravés à ce point?

      “Pire que cela! dit Izaak, déjà cité. Une nuit, on nous a appelés pour aider une femme malade qu’un démon tourmentait. Le chef du groupe — le médium dont l’esprit était le plus puissant — a essayé de chasser le démon de cette femme. Pendant un jour entier nous avons supplié son esprit de nous aider. Nous avons dansé et tapé le tam-tam, et peu à peu l’état de la femme s’est amélioré. Le chef a ordonné à l’esprit de sortir, et il a été obéi. Il jubilait: ‘Nous avons gagné la partie.’ Nous nous sommes alors assis pour retrouver notre calme.”

      Les mains d’Izaak, très mobiles pendant qu’il parlait, se figent tandis qu’il marque un arrêt significatif. Puis il poursuit: “Un moment, tout a paru bien aller, mais soudain un hurlement a déchiré le silence. Nous nous sommes précipités vers l’endroit d’où il venait: devant sa maison, la femme du chef pleurait, secouée par une violente crise de nerfs. À l’intérieur, sa petite fille gisait, morte. Elle avait la tête retournée, le devant derrière! Une force lui avait tordu le cou comme à un poulet — manifestement, l’esprit chassé s’était vengé. C’était horrible! Ces esprits sont des assassins sadiques.”

      Le spiritisme et “les œuvres de la chair”

      Les propos obscènes, l’impureté sexuelle et le meurtre, présents dans ces deux cas de spiritisme, sont absolument contraires à la personnalité de Dieu. Voilà qui nous aide à définir qui sont véritablement ces esprits. Ils ont beau faire semblant d’être des messagers de Dieu, leurs actions immorales et meurtrières les démasquent et révèlent qu’ils sont des imitateurs de l’ennemi de Dieu, du premier meurtrier de l’Histoire, Satan le Diable (Jean 8:44). C’est lui qui est leur chef. Eux sont ses serviteurs — des anges méchants, ou démons. — Luc 11:15-20.

      Mais vous pourriez soulever ces questions: ‘Ces caractéristiques sataniques apparaissent-​elles dans le spiritisme seulement en de rares occasions? En règle générale, le spiritisme permet-​il d’entrer en contact avec de bons esprits qui aident les humains à se rapprocher de Dieu?’ Non, la Bible range la “pratique du spiritisme” avec les autres “œuvres de la chair” qui sont aux antipodes des qualités chrétiennes. — Galates 5:19-21.

      En Révélation 21:8, “ceux qui pratiquent le spiritisme” (“ceux qui parlent avec les démons”, Le Livre, Nouveau Testament) sont mis dans la même catégorie que les “gens sans foi, (...) ceux qui sont immondes dans leur malpropreté et meurtriers et fornicateurs, (...) [les] idolâtres et (...) tous les menteurs”. Que pense Jéhovah de ceux qui, sciemment, sont menteurs, fornicateurs, meurtriers et adeptes du spiritisme? Il hait leurs actions! — Proverbes 6:16-19.

      Par conséquent, s’adonner au spiritisme revient en fait à aimer ce que Jéhovah Dieu hait. C’est en quelque sorte rejeter Jéhovah pour se placer dans le camp de Satan, du côté de l’ennemi suprême de Dieu et du côté de ses suppôts. Réfléchissez: Aimeriez-​vous être l’intime d’une personne qui prend parti pour vos ennemis? Bien sûr que non. Au contraire, vous l’éviteriez. Logiquement, donc, nous pouvons nous attendre à une réaction semblable de la part de Jéhovah Dieu. Proverbes 15:29 dit: “Jéhovah est loin des méchants.” — Voir Psaume 5:4.

      Le spiritisme mène à la mort

      En outre, le spiritisme met en danger la vie même de quiconque y touche. Jéhovah sanctionnait de la peine capitale ceux qui pratiquaient le spiritisme au sein de l’antique Israël (Lévitique 20:27; Deutéronome 18:9-12). On n’est donc pas surpris de lire que de telles personnes “n’hériteront pas du royaume de Dieu”. (Galates 5:20, 21.) Par contre, “leur part sera dans le lac embrasé de feu”, c’est-à-dire la “seconde mort”, la destruction éternelle (Révélation 21:8). Certes, aujourd’hui des Églises de la chrétienté tolèrent le spiritisme, mais le point de vue de la Bible n’a pas changé.

      Que dire maintenant si vous avez déjà fait les premiers pas sur la voie du spiritisme? Dans ce cas, vous ferez bien de vous arrêter immédiatement et de faire demi-tour. Suivez les conseils divinement inspirés que le prophète Ésaïe donna aux Israélites qui, comme certains de nos contemporains, faisaient des choses impures en pensant adorer Dieu. Il y a donc d’importantes leçons à tirer de ce qui leur est arrivé. Lesquelles?

      Écoutez l’avertissement d’Ésaïe

      Le premier chapitre du livre d’Ésaïe 1 nous apprend que les Israélites avaient “quitté Jéhovah” et s’étaient “détournés en arrière”. (És 1 Verset 4.) Bien que s’étant égarés, ils continuaient à présenter des sacrifices, à respecter des observances religieuses et à faire des prières. Mais cela ne servait à rien! Ils n’étaient pas poussés par le désir profond de plaire à leur Créateur; c’est pourquoi Jéhovah leur dit: “Je cache mes yeux de devant vous. Quand bien même vous faites beaucoup de prières, je n’écoute pas.” Ces Israélites s’étaient révoltés contre lui en adoptant des pratiques impures, allant même jusqu’à ‘remplir leurs mains d’effusions de sang’. — És 1 Versets 11 à 15.

      Dans ces circonstances, Jéhovah allait-​il les accepter de nouveau? Voyez quelles conditions il leur posa en Ésaïe 1:16: “Lavez-​vous, purifiez-​vous.” Si donc nous prenons ce conseil au sérieux, nous cesserons ou éviterons, suivant le cas, de pratiquer des choses impures, notamment le spiritisme qui est une ‘œuvre de la chair’. Sachant que l’intelligence mauvaise qui se cache derrière est Satan le Diable, nous nourrirons de la haine pour le spiritisme.

      Ensuite, nous devons nous défaire de tout objet lié au spiritisme. C’est ainsi qu’a agi Izaak. Il raconte: “Un jour, j’ai rassemblé devant chez moi tous mes objets spirites et je les ai mis en pièces à coups de hache. Ma voisine criait que je le regretterais. Pendant qu’elle s’époumonait, j’ai versé de l’essence sur les débris et je les ai complètement brûlés. Il n’en est rien resté.”

      C’était il y a 28 ans. Izaak a-​t-​il jamais regretté son geste? Non, bien au contraire. Aujourd’hui il sert joyeusement Jéhovah, et il est ministre chrétien dans une congrégation de Témoins de Jéhovah.

      Ésaïe 1:17 donne encore ce conseil: “Apprenez à faire le bien.” Il faut pour cela étudier la Parole de Jéhovah, la Bible, afin de comprendre quelle est “la bonne, l’agréable et la parfaite volonté de Dieu”. (Romains 12:2.) Lorsqu’on applique cette connaissance nouvellement acquise, on en retire de grands bienfaits. C’est ce dont Asamaja a fait l’expérience.

      Malgré la farouche opposition de sa famille et de ses voisins, Asamaja a courageusement étudié la Bible avec les Témoins de Jéhovah et n’a pas tardé à rompre avec le spiritisme. Puis elle a voué sa vie à Jéhovah Dieu et s’est fait baptiser à l’occasion d’une assemblée. À présent, quelque 12 ans plus tard, elle dit avec reconnaissance: “Depuis mon baptême, je n’ai pas été ennuyée par les esprits.” Et elle raconte avec un sourire: “La nuit qui a suivi mon baptême, j’ai dormi d’un sommeil si profond et si paisible que le lendemain matin je suis arrivée en retard à l’assemblée.”

      Des bienfaits durables

      Aujourd’hui, Izaak comme Asamaja souscrivent de tout cœur à ces paroles du psalmiste Asaph: “M’approcher de Dieu est bon pour moi.” (Psaume 73:28). En effet, en s’approchant de Jéhovah, ils ont été récompensés sur les plans physique et affectif. Mais par-dessus tout, ils ont gagné la paix intérieure et noué des relations étroites avec Jéhovah.

      Ces bénédictions compensent largement les souffrances et le combat qu’il en coûte de se libérer des chaînes du spiritisme. Cependant, certains doivent endurer un véritable calvaire pour y arriver. Lintina van Geenen, une Surinamienne, peut en parler en connaissance de cause. L’article qui suit relate comment elle s’est débattue pendant des années pour y arriver enfin.

      [Illustration, page 5]

      Asamaja Amelia raconte: “Les esprits (...) gâchaient ma vie. (...) Et il fallait entendre ce qu’ils me disaient!”

  • J’ai brisé les chaînes du spiritisme
    La Tour de Garde 1987 | 1er septembre
    • LE MALHEUR s’est abattu sur ma famille alors que j’avais 14 ans. Un tueur sadique s’était mis à éliminer ma famille. Ses premières victimes furent les neuf enfants d’une de mes sœurs, puis son mari. Peu après, ce fut le tour d’une autre de mes sœurs. Par la suite, mes quatre autres frères et sœurs ont été tués, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que ma mère et moi. J’étais terrorisée!

      Durant les années qui ont suivi, que je mange, que je travaille, que j’aille me coucher, j’étais rongée par la peur, et ces questions me hantaient: ‘Quand va-​t-​il frapper? Et qui sera la prochaine: Maman, ou moi?’

      Mes antécédents

      Pour que vous puissiez mieux comprendre ce qui s’est passé ensuite, je vais donner quelques détails de ma vie. Je suis née en 1917 au Suriname dans une tribu noire de Saramaccas, sur un îlot du Maroni. Mes ancêtres étaient des lowenengre, c’est-à-dire des esclaves en fuite, qui s’étaient réfugiés dans la jungle pour y mener une vie dure mais libre. À dire vrai, s’ils étaient libres du joug des hommes, ils ne l’étaient pas de celui des démons.

      Dans notre village, la vie quotidienne était régie par le culte des démons et des ancêtres. Pour jeter un sort et attirer la maladie ou la mort sur l’un de leurs congénères, certains recouraient au wisi, la magie noire, ou alors engageaient les services d’un koenoe (prononcer kou-nou), c’est-à-dire d’un persécuteur. La croyance veut que ces persécuteurs soient des personnes qui ont été maltraitées par quelqu’un de leur famille et qui, après leur mort, reviennent assouvir leur vengeance. En réalité, ces persécuteurs sont des démons pervers qui forcent les gens à les adorer.

      Comme j’appartenais à la Communauté des frères évangéliques, une Église protestante, j’ai aussi appris certaines choses sur Dieu. Bien qu’étant dans les ténèbres quant à la façon de l’adorer, je trouvais dans la forêt tropicale où j’habitais une multitude de preuves de sa grande générosité. ‘Je veux adorer un Dieu bon, non pas un esprit mauvais qui fait souffrir’, me disais-​je. Je savais que ces persécuteurs aiment torturer leurs victimes récalcitrantes jusqu’à la mort.

      Vous imaginez donc le choc que j’ai ressenti lorsque j’ai découvert que des ennemis de notre famille nous avaient envoyé un koenoe. J’avais 14 ans lorsque le tueur est entré en action. Vingt-six ans plus tard, seules ma mère et moi étions encore en vie.

      Première rencontre

      Ma mère était très travailleuse. Un jour, alors qu’elle se dirigeait vers sa ferme, elle a été jetée à terre et n’a pas pu se relever. C’était elle que le koenoe avait choisie. Sa santé a décliné et elle a été frappée de paralysie. Elle avait besoin d’aide — de mon aide. Mais j’étais déchirée entre mon amour pour elle et la peur du démon qui la possédait. Cependant, durant les attaques du koenoe, ma pauvre mère hurlait, en proie à une si grande douleur qu’un jour, ne pouvant le supporter davantage, je lui ai pris la tête sur mes genoux pour la soulager. Elle s’est calmée; quant à moi, j’ai senti des “mains” m’enserrer le corps.

      Lorsque j’ai voulu fuir, ma mère s’est remise à crier. Pour elle, je suis donc restée et, glacée de terreur, j’ai subi ma première rencontre avec le tueur. J’avais 40 ans.

      Les attaques s’intensifient

      Ma mère a fini par mourir. Trois jours après seulement, j’ai entendu une voix amicale me dire: “Lintina, Lintina, tu ne m’entends pas? Je t’appelle.” Ainsi a commencé un calvaire si affreux que j’en suis arrivée à souhaiter une mort rapide.

      Au début, le démon ne venait m’ennuyer que lorsque je m’apprêtais à me coucher. Au moment où je m’assoupissais, la voix me réveillait, pour me parler de cimetières et de mort. Le manque de sommeil m’affaiblissait, mais je continuais à m’occuper de mes enfants.

      Plus tard, le démon a multiplié ses attaques. Plusieurs fois j’ai cru qu’il m’étranglait. J’essayais de m’échapper, mais je ne le pouvais pas; on aurait dit qu’un poids énorme pesait sur moi. Je voulais crier, mais les sons se bloquaient dans ma gorge. Malgré tout, je refusais encore d’adorer mon agresseur.

      Dès que j’étais remise d’une attaque, je reprenais mon activité à la ferme, où je cultivais du manioc et de la canne à sucre que j’allais vendre au marché d’une petite ville côtière. Il m’est devenu plus facile de gagner ma vie. Cependant, le pire de mes souffrances était encore à venir.

      Je cherche un remède

      Un jour, j’ai entendu la voix prémonitoire du démon me dire: “Je vais faire enfler ton ventre comme un ballon.” Quelque temps plus tard, en effet, une grosseur s’est formée dans mon ventre et s’est mise à prendre du volume jusqu’à me faire paraître enceinte. Véritablement paniquée, je me demandais: ‘Dieu, le Créateur, peut-​il m’aider à me débarrasser du koenoe? Peut-​il envoyer un esprit bon et plus fort pour le chasser?’ Pour le savoir, je suis allée consulter un bonoeman, un sorcier guérisseur.

      Le premier sorcier que j’ai vu m’a donné des tapoes, des amulettes, mais elles n’ont pas fait disparaître l’enflure. Décidée à trouver un remède à mon mal, je suis allée d’un bonoeman à un autre — mais peine perdue. Entre ces consultations, je continuais à m’occuper de la ferme afin de gagner de l’argent pour acheter la bière, le vin, le champagne et les pagnes avec lesquels je payais les sorciers. Ils m’ont souvent donné ce conseil: “Agenouille-​toi et prie le koenoe. Reconnais-​le comme ton maître. Adore-​le, et il te quittera.” Mais comment aurais-​je pu m’agenouiller et prier un esprit qui me torturait et voulait me tuer? Non, je ne le pouvais pas.

      Néanmoins, j’étais tellement désespérée que, hormis cela, je faisais tout ce que les sorciers me recommandaient. L’un d’eux m’a traitée pendant cinq mois. Il me faisait prendre des bains de plantes et pressait le jus de onze plantes différentes dans mes yeux — “pour les purifier”, disait-​il, tandis que je hurlais de douleur. Mais à la fin du traitement, je suis rentrée chez moi la bourse vide, bafouée et plus malade que jamais.

      “Ta fin est venue”

      L’un de mes fils, qui vit aux Pays-Bas, m’a envoyé de l’argent pour que je continue à chercher un remède. Je suis donc allée chez un médecin de la capitale. Après examen, il a conclu: “Je ne peux rien faire pour vous. Allez voir un bonoeman.” De là, j’ai été voir un médium d’origine indonésienne — mais cette fois encore, sans résultat. J’ai donc repris le chemin de ma maison, mais j’étais incapable de sortir de la ville. Je me suis traînée jusque chez l’une de mes filles, où je me suis effondrée — malade et sans un sou. En pure perte, j’avais passé 17 ans et dépensé 15 000 gulden (environ 50 000 francs français) à la recherche d’un remède. J’avais 57 ans.

      À son attaque suivante, le démon m’a fait cette menace: “J’en ai fini avec toi. Ta fin est venue.”

      “Mais tu n’es pas Dieu, tu n’es pas Jésus”, ai-​je crié.

      “Même Dieu ne peut m’arrêter, a répondu le démon. Tes jours sont comptés.”

      La lutte finale

      Quelques semaines ont passé. Meena, une voisine Témoin de Jéhovah qui était ministre à plein temps, a demandé à ma fille ce qui m’arrivait et lui a affirmé: “Il n’y a que la Bible qui puisse l’aider.” Comme j’avais entendu leur conversation, j’ai voulu m’avancer vers elles. Je n’étais pas arrivée à leur hauteur que j’ai été jetée à terre. Meena s’est précipitée vers moi et m’a dit: “Ce démon ne vous laissera pas tranquille. Le seul qui puisse vous aider est Jéhovah, personne d’autre.” Puis elle a prié Jéhovah Dieu avec moi et par la suite elle s’est mise à me rendre régulièrement visite. Mais plus elle venait chez moi, plus les attaques du démon se faisaient virulentes. Pendant la nuit, j’étais agitée de tremblements si violents que j’empêchais toute la maison de dormir. J’ai cessé de m’alimenter et, par moments, je perdais complètement la tête.

      Mon état est devenu si grave que mes fils sont venus de province avec l’intention de me ramener à mon village, pour que j’y achève mes jours. Comme j’étais trop faible pour voyager, j’ai refusé. Cependant, sentant ma mort prochaine, j’ai appelé le Témoin pour lui dire adieu. Meena m’a expliqué à l’aide de la Bible que même si je mourais il y avait l’espoir d’une résurrection.

      “Une résurrection? Que voulez-​vous dire?”

      “Dieu peut vous ramener à la vie dans le Paradis”, a-​t-​elle répondu. Une lueur d’espoir perçait les ténèbres!

      La nuit même, le démon s’est emparé de moi. En transe, je croyais voir le koenoe suivi d’une foule. Il se moquait de moi: “Elle pense qu’elle va être ressuscitée!” Et la foule de rire à n’en plus finir. J’ai alors fait une chose que je n’avais jamais faite auparavant. J’ai appelé: “Jéhovah! Jéhovah!” C’était tout ce que je savais dire. Et le démon est parti!

      Mes fils sont revenus et m’ont suppliée en ces termes: “Maman, ne meurs pas en ville. Laisse-​nous te ramener au village.” J’ai refusé, parce que je voulais en apprendre plus sur Jéhovah. “C’est vrai, ai-​je dit, je vais peut-être mourir, mais au moins j’aurai servi le Créateur.”

      Une tour forte

      Meena et d’autres Témoins ont continué à me rendre visite. Ils m’ont appris à prier Jéhovah. Entre autres choses, ils m’ont parlé de la question qui oppose Jéhovah à Satan et du cas de Job que le Diable a accablé de souffrances pour l’amener à renier Dieu. Ce que j’apprenais a renforcé ma détermination à ne jamais adorer le démon. Les Témoins m’ont lu un passage qui m’est devenu cher: “Le nom de Jéhovah est une tour forte. Le juste y court et reçoit protection.” — Proverbes 18:10.

      Peu à peu j’ai retrouvé mes forces. Quand mon fils est revenu me voir, je lui ai dit d’attendre un instant derrière la porte. Je me suis habillée, rentrant mon chemisier dans ma jupe pour lui montrer que j’avais presque complètement désenflé. Puis je suis sortie.

      “Maman Lintina, c’est toi?” s’est-​il écrié.

      “Oui, c’est moi — grâce à Jéhovah, mon Dieu!”

      Je prends position

      Dès que j’ai pu marcher un peu, je suis allée à la Salle du Royaume des Témoins de Jéhovah. Là, j’ai reçu tant d’encouragements de la part des autres Témoins que depuis je n’ai jamais cessé d’assister aux réunions. Quelques mois plus tard, j’ai accompagné les Témoins dans la prédication. Peu après, je me suis fait baptiser et je suis devenue serviteur de Jéhovah, mon Sauveur plein d’amour. J’avais 58 ans.

      Cependant, il me restait encore une chose à faire. Des années auparavant, dans ma hutte au village, j’avais construit un autel sur lequel j’offrais des sacrifices à mes ancêtres. Pour être pure dans le domaine spirituel, je devais le détruire. J’ai demandé à Jéhovah de m’aider, car mon action risquait de déclencher un tollé parmi les villageois. Au moment où j’arrivais devant ma hutte et que j’ouvrais la porte, quelqu’un a crié: “Pingos!” (Les porcs sauvages!) Ils étaient tout un troupeau; ils traversaient l’îlot et sautaient dans la rivière pour atteindre l’autre rive. Aussitôt, jeunes et vieux ont déserté le village pour s’emparer de ce gibier facile. Au comble de la joie, je me suis agenouillée et j’ai remercié Jéhovah de ce revirement de situation. Sans tarder, j’ai tiré l’autel dehors, je l’ai aspergé de kérosène et j’y ai mis le feu. Quand les villageois sont rentrés, l’autel était déjà parti en fumée. Bien sûr, ils en ont découvert les cendres, mais ils ne pouvaient plus rien y faire. Ainsi, l’esprit en paix, je suis retournée à la capitale.

      De la détresse au bonheur

      D’autres bénédictions m’étaient réservées. Mon fils des Pays-Bas ne croyait pas tout ce qu’on lui avait raconté sur moi; il a donc pris l’avion pour le Suriname afin de voir de ses yeux ce qu’il en était. Il a été si heureux de me trouver en bonne santé qu’il m’a acheté une coquette maison dans la capitale, où je vis actuellement. Quel changement dans ma vie: de misérable esclave des démons, j’étais devenue un serviteur de Jéhovah comblé!

      Onze ans après mon baptême, j’ai encore plus de raisons d’être reconnaissante. Touchés de me voir si bénie, trois de mes enfants et l’un de mes gendres se sont à leur tour intéressés à la Bible et ont voué leur vie à Jéhovah. En outre, j’accompagne fréquemment certains de mes frères et de mes sœurs spirituels chez des personnes qui étudient la Bible avec eux et qui manquent de courage pour s’affranchir des démons. Je leur raconte comment j’ai brisé les chaînes du démonisme. De cette façon, même ces horribles années d’épreuve peuvent être tournées à l’avantage de la prédication du Royaume.

      Les mots me manquent pour exprimer ma gratitude envers Jéhovah, mon Dieu. Il n’y a pas de doute que sa main forte a agi en ma faveur. Oui, Jéhovah a été bon pour moi! — Voir Psaume 18:17-19.

      [Illustration, page 7]

      En se libérant du spiritisme, Lintina van Geenen a appris que “le nom de Jéhovah est une tour forte”.

      [Illustration, page 9]

      L’arrière-pays du Suriname, où beaucoup sont esclaves du spiritisme.

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