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Le jour où les tours jumelles se sont effondréesRéveillez-vous ! 2002 | 8 janvier
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Le jour où les tours jumelles se sont effondrées
LES événements survenus le 11 septembre 2001 à New York, à Washington et en Pennsylvanie ont marqué à jamais les esprits de millions, si ce n’est de milliards de personnes. Où étiez-vous quand vous avez appris la nouvelle des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone ?
Cette destruction incroyablement soudaine de tant de biens et, pire encore, de tant de vies a contraint l’humanité à prendre le temps de réfléchir.
Qu’avons-nous appris sur nos priorités et sur nos choix dans la vie ? Comment cette tragédie a-t-elle mis en évidence quelques-unes des plus belles qualités humaines : l’altruisme, la compassion, l’endurance et le désintéressement ? Cet article et le suivant tenteront de répondre à cette dernière question.
Des rescapés racontent
Immédiatement après le drame de New York, le métro a été fermé et des milliers de personnes ont évacué le sud de Manhattan à pied en empruntant, pour beaucoup, les ponts de Manhattan et de Brooklyn. De là, on aperçoit distinctement les bureaux et les centres de production du siège mondial des Témoins de Jéhovah. C’est vers ces bâtiments que se sont dirigés quelques rescapés du désastre.
Alisha (à droite), dont la mère est Témoin de Jéhovah, est une des premières à arriver. Elle est couverte de poussière et de cendrea. Elle explique : “ Pendant que j’étais dans le train en route pour mon travail, je voyais de la fumée s’échapper du World Trade Center. Quand je suis arrivée sur les lieux, il y avait du verre partout sur le sol et il faisait très chaud. Les gens couraient dans tous les sens pendant que la police essayait de faire évacuer l’endroit. On aurait dit un champ de bataille.
“ J’ai couru vers un bâtiment proche pour m’abriter. Puis j’ai entendu l’explosion ; c’était le deuxième avion qui percutait la tour sud. C’était un spectacle indescriptible, avec de la fumée noire partout. On nous a dit de quitter la zone à risque. On m’a mise sur un ferry qui traversait l’East River vers Brooklyn. Quand je suis arrivée de l’autre côté, j’ai levé la tête et j’ai vu écrit en grand ‘ WATCHTOWER ’. Le siège de l’Église de ma mère ! Je me suis tout de suite frayé un chemin vers les bureaux. Je savais que je ne pourrais pas être entre de meilleures mains. J’ai pu me nettoyer, puis téléphoner à mes parents. ”
Wendell (à droite) était portier au Marriott, un hôtel situé entre les deux tours. Il explique : “ J’étais à mon poste dans la réception lorsque la première explosion s’est produite. J’ai vu des débris tomber partout. J’ai regardé de l’autre côté de la rue et j’ai vu un homme au sol, les habits en feu. J’ai arraché ma veste et ma chemise, et je me suis précipité pour essayer d’étouffer les flammes. Un autre passant m’a aidé. Tous les vêtements de l’homme ont brûlé, à part ses chaussettes et ses chaussures. Puis les pompiers sont arrivés et l’ont emmené pour le faire soigner.
“ Peu après, Bryant Gumbel, de la chaîne d’informations CBS, a téléphoné pour interroger un témoin oculaire. Du coup, ma famille qui habite les îles Vierges a su en regardant la télévision que j’étais vivant. ”
Donald est un grand gaillard de 1,95 mètre qui travaille au World Financial Center. Il était au 31e étage de son bâtiment, les yeux rivés droit sur les tours jumelles et sur le Marriott. Il raconte : “ J’étais muet de stupeur, horrifié par ce que je voyais. Des gens se jetaient dans le vide depuis les fenêtres de la tour nord. Je suis devenu complètement hystérique et je suis sorti de mon immeuble aussi vite que j’ai pu. ”
Autre cas : celui de Janice, la soixantaine, et de ses deux filles, Ruth et Joni, âgées d’une quarantaine d’années. Toutes trois logeaient au Marriott. Ruth est infirmière. Elle se souvient : “ J’étais sous la douche quand tout à coup ma mère et ma sœur ont crié pour que je vienne voir ce qui se passait. Du 16e étage on voyait des débris tomber devant la fenêtre. Maman a vu de ses yeux le corps d’un homme voler par-dessus un toit, comme s’il avait été projeté.
“ Je me suis habillée en vitesse et nous avons pris les escaliers. Tout le monde hurlait. Quand nous sommes sorties dans la rue, nous avons entendu des explosions et vu des projections enflammées. On nous a ordonné de fuir vers Battery Park, où se trouve le ferry de Staten Island. En cours de route, nous avons perdu maman, qui est très asthmatique. Comment allait-elle supporter toute cette fumée, ces cendres et cette poussière ? Nous avons passé une demi-heure à la chercher, en vain. Mais au début nous n’étions pas trop inquiètes, car elle est très dégourdie et elle sait garder son sang-froid.
“ Finalement, on nous a dit de marcher jusqu’au pont de Brooklyn, que nous avons traversé. Quel soulagement quand nous sommes arrivées de l’autre côté et que nous avons vu écrit en grand ‘ WATCHTOWER ’ ! Nous étions saines et sauves.
“ On nous a accueillies et logées. On nous a aussi fourni des vêtements, puisque nous n’avions plus rien. Mais où était maman ? Nous avons passé toute la nuit à nous renseigner auprès des hôpitaux, sans succès. Le lendemain matin, vers 11 heures 30, nous avons reçu un message : maman nous attendait à la réception. Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver ? ”
Laissons Janice nous raconter : “ Quand nous nous sommes précipitées hors de l’hôtel, j’étais inquiète au sujet d’une amie âgée qui n’avait pas pu nous suivre. Je voulais revenir sur mes pas et l’aider à sortir. Mais c’était trop dangereux. Dans la bousculade, j’ai été séparée de mes filles. Mais je ne me faisais pas trop de souci, parce qu’elles savent garder leur calme et aussi parce que Ruth est une infirmière compétente.
“ Partout, je voyais des gens qui avaient besoin d’aide, particulièrement les enfants et les bébés. J’en ai aidé autant que j’ai pu. Je suis allée sur la zone de tri, où les victimes étaient séparées et soignées selon la gravité de leurs blessures. Je me suis rendue utile en lavant le visage et les mains des policiers et des pompiers, qui étaient plâtrés de suie et de poussière. Je suis restée là jusqu’à 3 heures du matin environ. Puis j’ai pris le dernier ferry pour Staten Island. Je me suis dit que mes filles s’y étaient peut-être réfugiées. Mais je ne les ai pas trouvées.
“ Alors j’ai voulu prendre le premier ferry pour retourner à Manhattan, mais je n’ai pas pu parce que je n’étais pas secouriste. Puis j’ai aperçu un des policiers que j’avais aidés. Je l’ai appelé : ‘ John ! Je dois retourner à Manhattan. ’ Il m’a répondu : ‘ Suivez-moi. ’
“ Quand je suis arrivée à Manhattan, je suis revenue jusqu’au Marriott. Il n’était peut-être pas encore trop tard pour aider mon amie âgée. Pensez donc ! L’hôtel était en ruine. Le centre de la ville était mort, aucune vie nulle part. Rien que des policiers et des pompiers accablés, le visage marqué par le drame.
“ Alors j’ai marché jusqu’au pont de Brooklyn. Puis, en arrivant sur l’autre rive, j’ai aperçu des lettres familières, ‘ WATCHTOWER ’. Peut-être que je trouverais mes filles là-bas. Effectivement, elles sont descendues à la réception pour m’accueillir. Que d’étreintes et de larmes !
“ Bizarrement, je n’ai pas eu une seule crise d’asthme malgré la fumée, la poussière et les cendres. Je n’ai pas cessé de prier, car je voulais être utile, et pas être un fardeau. ”
“ Mais il va atterrir où ? ”
Rachel a une vingtaine d’années. Elle a raconté à l’un de nos rédacteurs : “ Je descendais la rue où j’habite dans le sud de Manhattan quand j’ai entendu le bruit d’un avion. C’était tellement fort que j’ai levé la tête. Je n’en croyais pas mes yeux : c’était un avion de ligne, visiblement en perte d’altitude. Je me demandais pourquoi il volait si bas et si vite. Je me suis dit : ‘ Mais il va atterrir où ? ’ Peut-être que le pilote en avait perdu le contrôle. Puis j’ai entendu une femme crier : ‘ L’avion a percuté l’immeuble ! ’ Une énorme boule de feu a jailli de la tour nord. J’ai vu un immense trou béant dans la tour.
“ Je n’ai jamais rien vu de si horrible de toute ma vie. C’était incroyable. J’étais là, la bouche grande ouverte. Peu après, un deuxième avion s’est écrasé sur l’autre tour, et finalement les deux tours se sont effondrées. Je suis devenue complètement hystérique. C’était insoutenable ! ”
“ Si je dois nager, je nagerai ”
Denise, 16 ans, venait d’arriver à son école située à côté de la Bourse de Wall Street, elle-même à trois rues au sud des tours jumelles. “ C’était un peu après 9 heures. Je savais que quelque chose s’était passé, mais je ne savais pas quoi. J’étais au 11e étage, en plein cours d’histoire. Tous les élèves semblaient terrorisés. Notre professeur voulait quand même nous faire une interrogation. Nous, on voulait s’en aller et rentrer à la maison.
“ Puis les murs ont tremblé quand le deuxième avion s’est écrasé sur la tour sud. Mais on ne savait toujours pas ce qui s’était passé. Soudain, on a entendu sur le talkie-walkie du professeur : ‘ Deux avions ont percuté les tours jumelles ! ’ Je me suis dit : ‘ C’est de la folie de rester ici. C’est du terrorisme, et la prochaine cible c’est la Bourse. ’ Alors on est tous sortis.
“ On a couru jusqu’à Battery Park. Je me suis retournée pour voir ce qui se passait. J’ai vu que la tour sud était sur le point de s’écrouler. Alors je me suis dit que tous les grands immeubles allaient tomber comme des dominos. J’avais beaucoup de mal à respirer, mon nez et ma gorge étaient encrassés par la cendre et la poussière. J’ai couru jusqu’à l’East River en me répétant : ‘ Si je dois nager, je nagerai. ’ Tout en fuyant, je priais Jéhovah de me sauver.
“ Finalement, on m’a mise sur un ferry à destination du New Jersey. Il a fallu à ma mère plus de cinq heures pour me retrouver, mais au moins j’étais en vie ! ”
“ Et si c’était mon dernier jour ? ”
Joshua, 28 ans, habite Princeton, dans le New Jersey. Il donnait un cours au 40e étage de la tour nord. Il se souvient : “ Tout à coup, j’ai cru qu’une bombe venait d’exploser. Les murs tremblaient et je me suis dit : ‘ Non, c’est un tremblement de terre. ’ J’ai regardé par la fenêtre : il y avait des tourbillons de fumée et de débris autour de l’immeuble. Je n’en croyais pas mes yeux. J’ai dit à mes élèves : ‘ Lâchez tout ! On file ! ’
“ Nous avons pris les escaliers qui étaient remplis de fumée. Les gicleurs envoyaient aussi de l’eau. Mais il n’y a pas eu d’affolement. Je n’arrêtais pas de prier que nous ayons choisi le bon escalier pour ne pas nous retrouver face aux flammes.
“ Tout en dévalant les marches, je me disais : ‘ Et si c’était mon dernier jour ? ’ J’ai continué à prier Jéhovah et j’ai ressenti une étrange sensation de paix. C’était la première fois que j’éprouvais ce genre de paix intérieure. Je n’oublierai jamais cet instant.
“ Quand nous sommes enfin sortis du bâtiment, la police faisait circuler tout le monde. J’ai regardé les tours et j’ai vu que les deux étaient éventrées. C’était incroyable.
“ Puis ça a été le silence, un silence effrayant, comme si des milliers de personnes retenaient leur respiration. On aurait dit que New York s’était tue. Des hurlements ont alors suivi. La tour sud venait de s’effondrer sur elle-même, et un énorme nuage de fumée, de cendres et de poussière fondait sur nous. Ça ressemblait aux effets spéciaux dans un film catastrophe. Mais là, c’était vrai. Dès que le nuage nous a rattrapés, nous avons eu du mal à respirer.
“ Arrivé au pont de Manhattan, je me suis retourné et j’ai vu la tour nord avec son immense antenne s’effondrer elle aussi. En traversant le pont, je continuais à prier que je puisse parvenir jusqu’au Béthel, le siège mondial des Témoins de Jéhovah. Je n’ai jamais été aussi heureux de voir cet endroit. Et là, sur le mur, ces grandes lettres que des milliers de personnes voient tous les jours : ‘ Lisez chaque jour la Sainte Bible, la Parole de Dieu. ’ Je me suis dit : ‘ Tu y es presque. Ne t’arrête pas. ’
“ Ces événements, quand j’y réfléchis, m’ont fait bien comprendre que je devais absolument me fixer les bonnes priorités, que les choses les plus importantes devraient occuper la première place. ”
“ J’ai vu des gens se jeter dans le vide ”
Jessica, 22 ans, a tout vu en sortant d’une station de métro en plein Manhattan. “ J’ai levé la tête et j’ai vu une pluie de cendres, de débris et de toutes sortes de morceaux de métal. Les gens faisaient la queue devant les cabines téléphoniques et devenaient de plus en plus hystériques. J’ai prié pour garder mon calme. Puis une autre explosion. De l’acier et du verre tombaient du ciel. J’ai entendu des gens crier : ‘ C’était un autre avion ! ’
“ J’ai regardé en l’air, et c’était horrible à voir : des gens sautaient depuis les étages supérieurs d’où s’échappaient des flammes et des tourbillons de fumée. J’ai encore cette image devant les yeux, un homme avec une femme. Ils sont restés accrochés à une fenêtre pendant un moment. Puis ils ont dû lâcher prise, et ils sont tombés, tombés, tombés. Le spectacle était insoutenable.
“ Finalement, je suis arrivée au pont de Brooklyn, j’ai enlevé mes chaussures qui me faisaient mal et j’ai couru jusqu’à l’autre rive. J’ai marché jusqu’aux bâtiments de la Watchtower, et là on m’a immédiatement aidée à me calmer.
“ Le soir, à la maison, j’ai lu le dossier de Réveillez-vous ! du 22 août 2001 : ‘ Stress post-traumatique : que faire ? ’ J’avais tellement besoin de ces conseils ! ”
L’énormité du désastre a incité les gens à s’entraider de toutes les façons possibles. L’article suivant explique cet aspect du drame.
[Note]
a Réveillez-vous ! a interviewé bien plus de rescapés que ne peut en mentionner ce bref aperçu. Ils nous ont aidés à compléter et à corroborer les présents récits.
[Schéma/Illustrations, pages 8, 9]
(Voir la publication)
DÉTRUITS
1 TOUR NORD 1 World Trade Center
2 TOUR SUD 2 World Trade Center
3 HÔTEL MARRIOTT 3 World Trade Center
7 7 WORLD TRADE CENTER
SÉVÈREMENT ENDOMMAGÉS
4 4 WORLD TRADE CENTER
5 5 WORLD TRADE CENTER
L ONE LIBERTY PLAZA
D DEUTSCHE BANK 130 Liberty St.
6 SERVICES DES DOUANES AMÉRICAINES 6 World Trade Center
N S PONTS PIÉTONS NORD ET SUD
PARTIELLEMENT ENDOMMAGÉS
2F 2 WORLD FINANCIAL CENTER
3F 3 WORLD FINANCIAL CENTER
W WINTER GARDEN
[Indication d’origine]
À la date du 4 octobre 2001 3D Map of Lower Manhattan by Urban Data Solutions, Inc.
[Illustrations]
En haut : la tour sud est la première à s’effondrer.
Ci-dessus : certains se sont réfugiés dans les locaux de la “ Watchtower ”.
À droite : des centaines de pompiers et de sauveteurs ont travaillé sans relâche à “ Ground Zero ”.
[Indications d’origine]
AP Photo/Jerry Torrens
Andrea Booher/FEMA News Photo
[Crédit photographique, page 3]
AP Photo/Marty Lederhandler
[Crédit photographique, page 4]
AP Photo/Suzanne Plunkett
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De nombreux témoignages de soutien et de compassionRéveillez-vous ! 2002 | 8 janvier
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De nombreux témoignages de soutien et de compassion
DES volontaires sont venus des quatre coins des États-Unis et d’autres pays. L’un d’eux, Tom (ci-dessus), est un pompier de 29 ans qui habite Ottawa, au Canada. Il nous a dit : “ Quand j’ai vu les événements à la télévision, j’ai décidé d’apporter un soutien moral à mes frères pompiers de New York. Je suis parti en voiture le vendredi, et je suis arrivé à Ground Zero [le lieu du sinistre] le samedi pour offrir mon aide. On m’a mis avec la ‘ brigade des seaux ’, comme on l’appelle, pour dégager les décombres seau après seau.
“ Lentement, nous avons passé au crible les gravats, une pelletée à la fois, à la recherche d’objets qui permettraient d’identifier des pompiers tués. J’ai trouvé un outil d’Halligan qui sert à ouvrir les portes verrouillées, ainsi que les raccords d’une lance à incendie. Ce travail demandait une grande minutie. Il a fallu deux heures aux 50 volontaires que nous étions pour remplir un camion-benne.
“ Le lundi 17 septembre, nous avons dégagé les corps de quelques pompiers qui s’étaient précipités dans la tour le mardi précédent. Je n’oublierai jamais ce qui s’est passé : tous les secouristes se sont arrêtés de travailler, ont ôté leur casque et se sont levés en hommage aux collègues tués.
“ Devant ce tas de ruines, j’ai été frappé de la fragilité de la vie aujourd’hui. Cela m’a fait réfléchir sur mon existence, mon travail, ma famille. En dépit des risques, mon travail est très gratifiant : je peux aider les gens, et même leur sauver la vie. ”
Les Témoins offrent une aide pratique
Les deux premiers jours du drame, 70 personnes environ sont venues chercher refuge au siège mondial des Témoins de Jéhovah. Certaines, qui avaient perdu leur chambre d’hôtel et tous leurs bagages, ont été logées et ont reçu d’autres vêtements. On les a nourries. Mieux, des ministres chrétiens expérimentés leur ont apporté un soutien affectif.
Les Témoins de Jéhovah ont également envoyé du matériel de secours et des vivres pour les sauveteurs qui travaillaient à “ Ground Zero ”, ainsi qu’on a appelé la zone de sécurité entourant les ruines. En outre, ils ont conduit les pompiers à la zone de secours. Ricardo (en haut à droite) est un Témoin de 39 ans. Éboueur, il a participé avec des centaines de collègues au déblayage de tonnes de débris chaque jour. Il nous a confié : “ Le spectacle était très éprouvant, particulièrement pour les pompiers qui cherchaient leurs camarades disparus. Je les ai vus en dégager un vivant. Un autre pompier avait été tué par la chute d’un corps. Beaucoup ne pouvaient retenir leurs larmes. J’ai craqué et j’ai pleuré aussi. Ce jour-là, ils ont été les plus courageux. ”
“ Temps et événement imprévu ”
Des milliers de personnes sont mortes dans le désastre, dont au moins 14 Témoins qui étaient sur les lieux du drame ou à proximité. Joyce Cummings, 65 ans, était originaire de la Trinité. Elle avait un rendez-vous chez un dentiste non loin du World Trade Center. Malheureusement, c’était au moment du désastre. Elle a apparemment été asphyxiée par la fumée. On l’a conduite en urgence à l’hôpital, mais elle n’a pas pu être ranimée. Comme elle, de nombreuses autres personnes ont été victimes des “ temps et événement imprévu ”. (Ecclésiaste 9:11.) Joyce était connue comme une évangélisatrice très zélée.
Calvin Dawson (voir l’encadré) travaillait pour une société de courtage au 84e étage de la tour sud. Depuis son bureau, il voyait distinctement la tour nord percutée par l’avion. Son employeur, qui n’était pas à son bureau, lui a téléphoné pour savoir ce qui s’était passé. “ Calvin essayait de me décrire ce qu’il voyait, se souvient-il. Il m’a dit : ‘ Des gens sautent ! ’ Je lui ai dit de sortir de là et de faire sortir les autres. ” Calvin n’a pas réussi à sortir. Le patron poursuit : “ Calvin était un homme extraordinaire et apprécié de nous tous, même de ceux qui ne sont pas croyants. Nous admirions sa piété et son humanité. ”
Autre Témoin victime du drame : James Amato (ci-contre en bas à droite), père de quatre enfants et capitaine dans le corps des sapeurs-pompiers de New York. Selon son entourage, il était si courageux qu’“ il serait entré dans un bâtiment en flammes quand bien même tout le monde se serait enfui ”. James a été promu à titre posthume au rang de chef de bataillon.
George DiPasquale était lui aussi soldat du feu, depuis sept ans. Il était marié à Melissa et ils avaient une petite fille de deux ans, Georgia Rose. Il était ministre du culte dans une des congrégations des Témoins de Jéhovah de Staten Island. Il était au dixième étage de la tour sud quand elle s’est effondrée. Lui aussi a perdu la vie en essayant d’en sauver d’autres.
Ce ne sont là que deux exemples des centaines de pompiers, de policiers et de secouristes qui sont morts alors qu’ils tentaient vaillamment de sauver des vies. On ne louera jamais assez leur bravoure. Rudolph Giuliani, le maire de New York, a déclaré plus tard à un groupe de pompiers promus : “ Votre détermination à aller de l’avant, intrépides dans les pires circonstances, est un exemple pour nous tous. [...] Et il n’y a pas [...] de meilleur exemple de courage que celui du corps des sapeurs-pompiers de la ville de New York. ”
Un ministère de réconfort
Les jours qui ont suivi la tragédie, environ 900 000 Témoins de Jéhovah de tous les États-Unis ont fourni un effort particulier pour apporter du réconfort aux gens accablés. L’amour du prochain les a incités à consoler les affligés (Matthieu 22:39). Dans leur ministère, ils se sont aussi efforcés d’indiquer le seul espoir pour l’humanité dans la détresse. — 2 Pierre 3:13.
Les Témoins se sont montrés compatissants avec leur prochain. Leur but était d’apporter un soulagement à l’aide des Écritures et d’imiter l’exemple réconfortant de Christ, qui a dit : “ Venez à moi, vous tous qui peinez et qui êtes chargés, et moi je vous réconforterai. Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi, car je suis doux de caractère et humble de cœur, et vous trouverez du réconfort pour vos âmes. Car mon joug est doux et ma charge est légère. ” — Matthieu 11:28-30.
Des ministres du culte des congrégations des Témoins de Jéhovah de Manhattan ont été admis dans “ Ground Zero ” pour parler aux secouristes et les réconforter. Les réactions ont été très positives, comme en témoigne ce que ces ministres ont rapporté : “ Les hommes avaient les larmes aux yeux quand nous leur lisions des versets. ” Des sauveteurs se reposaient sur un bateau dans une marina. “ Les hommes semblaient si désespérés, la tête baissée, profondément choqués par ce qu’ils avaient vu ! Nous nous sommes assis avec eux et leur avons lu quelques passages de la Bible. Ils nous ont beaucoup remerciés d’être venus, disant qu’ils avaient vraiment besoin de ce soutien. ”
De nombreuses personnes rencontrées après la tragédie voulant de la lecture, des milliers de brochures ont été offertes, comme Quand la mort frappe un être aimé..., Connaîtrons-nous un jour un monde sans guerre ?, et Dieu se soucie-t-il vraiment de nous ? ainsi que de nombreux exemplaires de deux numéros de Réveillez-vous ! : “ Le nouveau terrorisme ” (22 mai 2001) et “ Stress post-traumatique : que faire ? ” (22 août 2001). Les Témoins ont maintes fois expliqué l’espérance biblique de la résurrection (Jean 5:28, 29 ; Actes 24:15). Ce sont peut-être des millions de personnes qui ont été touchées par ce message réconfortant.
Cela devrait nous faire réfléchir
Des drames comme celui de New York devraient nous faire réfléchir sur la façon dont nous employons notre vie. Vivons-nous uniquement à des fins égoïstes ou essayons-nous de contribuer au bonheur d’autrui ? Le prophète Mika a demandé : “ Qu’est-ce que Jéhovah réclame de toi, sinon de pratiquer la justice, d’aimer la bonté et de marcher modestement avec ton Dieu ? ” (Mika 6:8). La modestie devrait nous inciter à nous tourner vers la Parole de Dieu pour connaître l’espérance véritable concernant les morts et découvrir ce que Dieu fera bientôt pour rétablir des conditions paradisiaques sur la terre. Si vous souhaitez en savoir plus sur les promesses bibliques, nous vous encourageons à prendre contact avec les Témoins de Jéhovah de votre région. — Isaïe 65:17, 21-25 ; Révélation 21:1-4.
[Encadré/Illustrations, page 11]
LA PRIÈRE DE TATIANA
Lena, la veuve de Calvin Dawson, nous a fait part de la prière qu’a faite sa fille de sept ans quelques jours après avoir appris que son père ne reviendrait pas à la maison. Lena venait de prononcer une prière et Tatiana a demandé : “ Est-ce que je peux dire une prière, maman ? ” Sa mère ayant acquiescé, Tatiana a dit : “ Jéhovah, notre Père céleste, nous te remercions pour cette nourriture et pour cette journée de vie. Et nous te demandons que ton esprit soit sur maman et sur moi pour que nous soyons fortes. Et nous te demandons que ton esprit soit sur papa, pour qu’il soit fort quand il reviendra. Et quand il reviendra, qu’il soit beau, fort et heureux et en bonne santé, et que nous puissions le revoir. Au nom de Jésus... oh ! et n’oublie pas de donner de la force à maman. Amen. ”
Lena, doutant que Tatiana ait compris, lui dit : “ Tiana, c’était très beau. Mais, ma chérie, est-ce que tu sais que papa ne reviendra pas ? ” Immédiatement, le visage de Tatiana se figea de stupeur. “ Il ne reviendra pas ? ” dit-elle. “ Non, répondit sa mère. Je pensais te l’avoir dit. Je pensais que tu avais compris que papa ne reviendrait pas. ” Tatiana rétorqua : “ Mais tu m’as toujours dit qu’il reviendrait dans le monde nouveau ! ” Comprenant enfin ce que sa fille voulait dire, Lena s’excusa : “ Je suis désolée, Tatiana. Je n’avais pas compris. Je pensais que tu croyais que papa rentrerait demain. ” Lena nous a confié : “ Cela m’a fait du bien de voir que le monde nouveau est si concret pour elle. ”
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