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Aussi meurtrière que les guerresRéveillez-vous ! 1997 | 22 décembre
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Aussi meurtrière que les guerres
MARILYN, 23 ans, perdait du poids et se sentait fatiguée. ‘ Sans doute les suites de ma grossesse encore récente ’, se disait-elle. Elle avait également une toux persistante, dont elle a parlé à son médecin. Le praticien y a vu une infection des voies respiratoires supérieures et lui a prescrit des antibiotiques. Plus tard, quand elle a commencé à avoir des sueurs nocturnes, Marilyn s’est vraiment inquiétée. Elle est retournée chez son médecin, qui lui a fait passer une radiographie pulmonaire.
Une ombre caractéristique apparaissait sur les clichés. Il fallait agir sur-le-champ, mais Marilyn n’était pas joignable par téléphone. “ Le médecin est entré en contact avec ma mère pour la prévenir que j’étais très malade, raconte Marilyn. Ma mère est venue me trouver pour me dire d’aller chez le [médecin] immédiatement. Celui-ci m’a envoyée à l’hôpital, on m’a fait une nouvelle radiographie, et on m’a gardée. ”
Quand elle a su qu’elle avait la tuberculose, Marilyn a eu un choc. Elle se voyait perdue, mais les antituberculeux l’ont rapidement remise sur pied.
La surprise de Marilyn est compréhensible. Récemment encore, beaucoup dans le corps médical lui-même croyaient la maladie vaincue dans les pays développés. “ Je pensais qu’elle avait disparu avec la peste, dit une aide-soignante d’un établissement de soins londonien. Mais quand je suis venue travailler ici, je me suis rendu compte que non seulement elle n’avait pas disparu, mais qu’elle faisait des ravages dans les quartiers défavorisés. ”
Là où la tuberculose avait disparu, elle est de retour ; là où elle résistait, elle devient plus dangereuse. Loin d’être éradiquée, elle fait autant de morts que la guerre ou la famine. Voyez plutôt :
◼ Malgré les prodiges de la médecine moderne, la tuberculose a fait quelque 200 millions de morts ces cent dernières années.
◼ Deux milliards de personnes (un tiers de la population mondiale) sont d’ores et déjà infectées par le bacille de la tuberculose, une bactérie. Et toutes les secondes ce chiffre augmente d’une unité.
◼ En 1995, environ 22 millions de personnes souffraient d’une tuberculose déclarée. Près de trois millions sont mortes, la majorité dans les pays en développement.
Vu les médicaments efficaces qui existent pour la combattre, pourquoi la tuberculose continue-t-elle à affliger l’humanité ? Sera-t-elle un jour vaincue ? Comment s’en protéger ? Les articles suivants répondront à ces questions.
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Triomphe et catastropheRéveillez-vous ! 1997 | 22 décembre
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Triomphe et catastrophe
“ L’histoire de la tuberculose au cours de ces 30 dernières années est celle d’un triomphe et d’une catastrophe. Un triomphe, parce que les scientifiques ont donné à l’homme les moyens de la juguler et de l’éradiquer ; une catastrophe, parce que leurs découvertes ont été largement inexploitées. ” — J. R. Bignall, 1982.
LA TUBERCULOSE tue depuis très longtemps. Elle affligeait les Incas, au Pérou, bien avant que les Européens ne débarquent en Amérique du Sud. Elle attaquait les Égyptiens aux jours glorieux des pharaons. Et, si l’on en croit des écrits d’époque, elle menaçait les personnages éminents comme les petites gens dans la Babylonie, la Grèce et la Chine antiques.
Du XVIIIe siècle au début du XXe, la tuberculose a été la première cause de mortalité en Occident. En 1882, le médecin allemand Robert Koch a annoncé officiellement sa découverte du bacille responsable de cette maladie. Treize ans plus tard, Wilhelm Röntgen découvrait les rayons X. On allait ainsi pouvoir détecter les signes de lésions tuberculeuses dans les poumons d’individus vivants. Puis, en 1921, des savants français ont élaboré un vaccin contre la tuberculose. Le BCG (bacille Bilié de Calmette et Guérin), du nom de ses inventeurs, est aujourd’hui encore le seul vaccin connu contre ce mal. Hélas, la tuberculose continuait à semer la mort.
Enfin des remèdes !
Les médecins envoyaient leurs malades dans des sanatoriums, hôpitaux souvent situés à la montagne où les patients pouvaient se reposer et respirer un air pur. Puis, en 1944, des médecins américains ont découvert la streptomycine, premier antibiotique efficace contre la tuberculose. L’élaboration d’autres antituberculeux n’a pas tardé. Enfin, on pouvait guérir de la tuberculose, même chez soi.
Les taux d’infection chutaient, l’avenir semblait radieux. Les sanatoriums fermaient, et l’on a peu à peu cessé de financer la recherche contre la tuberculose. Les programmes de prévention ont été abandonnés, et scientifiques et médecins se sont intéressés à de nouveaux défis médicaux.
Certes, la tuberculose faisait encore des ravages dans les pays en développement, mais les choses allaient très certainement s’arranger. La tuberculose, c’était du passé. Du moins le pensait-on.
Le retour
Au milieu des années 80, la tuberculose a amorcé un redoutable retour. En avril 1993, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l’“ état d’urgence ”, ajoutant que “ la tuberculose [...] fera plus de 30 millions de victimes au cours des 10 prochaines années si des mesures immédiates ne sont pas prises pour l’enrayer ”. C’était la première fois de son histoire que l’OMS parlait d’“ état d’urgence ”.
Depuis, aucune ‘ mesure immédiate ’ n’a été prise pour mettre un frein à la propagation de la maladie. En fait, la situation a empiré. L’OMS a rapporté que davantage de personnes étaient mortes de la tuberculose en 1995 qu’en n’importe quelle autre année de l’Histoire. Selon ses prévisions, 500 millions de personnes pourraient devenir tuberculeuses au cours des 50 années à venir, et les cas d’infections par des souches résistantes aux médicaments, et souvent incurables, se multiplier.
Pourquoi ce retour ?
D’abord parce que, dans de nombreuses parties du monde, ces 20 dernières années ont vu les programmes de lutte contre la tuberculose se relâcher ou disparaître. D’où des retards dans le diagnostic et le traitement des malades et, partant, davantage de décès et une propagation du mal.
La résurgence de la tuberculose s’explique également par le nombre croissant de personnes pauvres et sous-alimentées qui s’entassent dans des villes surpeuplées, notamment dans les mégalopoles des pays en développement. Bien que la tuberculose ne soit pas l’apanage des pauvres (tout le monde peut la contracter), l’insalubrité et la promiscuité favorisent sa propagation. En outre, ces deux facteurs font croître le risque d’un système immunitaire trop déprimé pour combattre la tuberculose.
VIH et tuberculose
Problème majeur : la tuberculose fait alliance avec le VIH, le virus du sida. Sur le million de personnes mortes des suites du sida en 1995, peut-être un tiers auraient été emportées par la tuberculose. Cela parce que le VIH rend le corps plus vulnérable à cette affection.
Chez la plupart des personnes infectées par la tuberculose, la maladie ne se déclare jamais. Pourquoi cela ? Parce que les bacilles sont emprisonnés dans des cellules appelées macrophages. Le système immunitaire de l’individu, notamment les lymphocytes T (ou cellules thymodépendantes), les empêche d’en sortir.
Les bacilles de la tuberculose sont comparables à des cobras enfermés dans des paniers aux couvercles bien ajustés. Les paniers sont les macrophages, les couvercles les cellules thymodépendantes. Quand le virus du sida entre en scène, il fait tomber les couvercles, et les bacilles s’échappent, libres alors de ravager n’importe quelle partie du corps.
Les malades du sida sont par conséquent bien plus susceptibles de souffrir de tuberculose déclarée que les personnes au système immunitaire en bon état. “ Le risque est incroyablement élevé chez les porteurs du VIH, dit un spécialiste écossais de la tuberculose. Dans une clinique londonienne, deux sidéens ont contracté la maladie dans un couloir parce qu’un tuberculeux était passé devant eux sur un chariot. ”
Le sida contribue donc à l’épidémie de tuberculose. Selon des estimations, d’ici l’an 2000 ils auront été 1,4 million à attraper la tuberculose exclusivement à cause du virus du sida. La progression de la tuberculose tient largement au fait que, non seulement les malades du sida sont très vulnérables à la maladie, mais qu’ils peuvent la transmettre aux autres, y compris aux non-sidéens.
Des souches résistantes aux médicaments
Enfin, la lutte contre la tuberculose est difficile parce qu’apparaissent des souches résistantes aux médicaments. Ces supersouches menacent de rendre la tuberculose de nouveau incurable, comme elle l’était avant l’invention des antibiotiques.
Paradoxalement, l’émergence de ces souches est due avant tout à un mauvais emploi des antituberculeux. Un traitement antituberculeux efficace dure au moins six mois et exige la prise de quatre médicaments avec une régularité sans faille. Il faudra peut-être avaler une douzaine de comprimés par jour. Si le malade ne prend pas ses médicaments régulièrement ou qu’il n’aille pas au bout de son traitement, des souches de tuberculose se développent qu’il est difficile, voire impossible, de tuer. Certaines résistent à sept des antituberculeux traditionnels.
Soigner un malade atteint d’une tuberculose résistante aux médicaments n’est pas seulement difficile, mais également onéreux. Le coût peut être près de 100 fois supérieur à celui d’un traitement antituberculeux ordinaire. Aux États-Unis, par exemple, la dépense peut excéder 250 000 dollars par personne !
Selon l’OMS, environ 100 millions de personnes dans le monde seraient infectées par une souche résistante aux médicaments. Ces souches, dont certaines sont pour l’instant incurables, sont aussi contagieuses que les souches plus courantes.
Prévention et traitement
Que fait-on pour combattre cette épidémie mondiale ? Il n’y a rien de mieux en la matière qu’une détection et un traitement précoces des cas infectieux : on aide ainsi ceux qui sont déjà malades tout en empêchant la propagation de la maladie.
En l’absence de soins, la tuberculose est fatale dans plus d’un cas sur deux. Mais lorsqu’elle est soignée correctement, elle est presque toujours guérissable, sauf si l’on a affaire à une souche résistante aux médicaments.
Nous l’avons vu, un traitement n’est efficace que s’il est mené à son terme. Or, très souvent, ce n’est pas le cas. Pourquoi cela ? Parce que la toux, la fièvre et autres manifestations disparaissent généralement en quelques semaines. Beaucoup se croient alors guéris et cessent de prendre leurs médicaments.
Pour lutter contre ce phénomène, l’OMS encourage l’adoption de la stratégie du “ traitement de brève durée sous surveillance directe ”. Comme le nom l’indique, il s’agit pour des membres du corps médical de s’assurer de visu, au moins pendant les deux premiers mois du traitement, que leurs malades respectent l’ordonnance à la lettre. Malheureusement, cela n’est pas toujours facile, car beaucoup de tuberculeux vivent en marge de la société. Du fait de leur existence souvent chaotique (certains n’ont pas même un toit), ce suivi peut être extrêmement difficile à assurer.
Peut-on néanmoins croire que l’humanité sera un jour débarrassée de ce fléau ?
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Triomphe et catastropheRéveillez-vous ! 1997 | 22 décembre
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Tuberculose : fiche d’informations
Description : La tuberculose est une maladie qui attaque (et ravage) généralement les poumons, mais qui peut s’étendre à d’autres parties du corps, particulièrement le cerveau, les reins et les os.
Manifestations : La tuberculose pulmonaire peut provoquer de la toux, une perte de poids ou d’appétit, des sueurs nocturnes abondantes, un état de faiblesse, un essoufflement et des douleurs thoraciques.
Diagnostic : Un test cutané tuberculinique peut montrer si une personne a été en contact avec le bacille. Une radiographie thoracique peut révéler des lésions aux poumons, qui signent parfois une tuberculose déclarée. Un examen en laboratoire des crachats du malade est le moyen le plus fiable pour détecter la présence de bacilles de la tuberculose.
Devraient passer un test de dépistage : Ceux qui présentent des manifestations de la maladie ou qui ont eu des contacts étroits et répétés avec un tuberculeux, particulièrement dans des pièces mal ventilées.
Vaccination : Il n’existe qu’un vaccin, le BCG. Il prévient les cas de tuberculose grave chez l’enfant, mais a peu d’effet sur les adolescents et les adultes. La vaccination offre une protection maximale d’une quinzaine d’années. Le BCG ne protège que les individus non infectés. Sur les autres, il n’est d’aucune utilité.
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Triomphe et catastropheRéveillez-vous ! 1997 | 22 décembre
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La tuberculose et la mode
Si étrange que cela paraisse, au XIXe siècle on trouvait à la tuberculose un certain charme. On croyait en effet que ses manifestations aiguisaient la sensibilité et les dons artistiques.
Vers le début des années 1820, le dramaturge et romancier français Alexandre Dumas écrivait dans Mes Mémoires : “ La mode était à la maladie de poitrine ; tout le monde était poitrinaire, les poètes surtout ; il était de bon ton [...] de mourir avant trente ans. ”
Le poète anglais lord Byron aurait dit : “ Je devrais souhaiter mourir de consomption [tuberculose] [...], car toutes les dames diraient : ‘ Regardez ce pauvre Byron, avec quelle élégance il meurt ! ’ ”
Quant à l’écrivain américain Henry Thoreau, apparemment mort de la tuberculose, il écrivit : “ Le déclin et la maladie sont souvent beaux, comme [...] l’embrasement hectique du poitrinaire. ”
À propos de la fascination qu’exerçait la tuberculose, on lit dans un article du Journal of the American Medical Association : “ La mode était tout imprégnée de cette affection étrange pour la tuberculose. Les femmes faisaient tout pour paraître pâles et fragiles, utilisaient du fard blanc et préféraient les robes légères en mousseline, comme aujourd’hui certains mannequins veulent un physique d’anorexique. ”
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Triomphe et catastropheRéveillez-vous ! 1997 | 22 décembre
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Contracte-t-on facilement la tuberculose ?
“ Il n’y a pas d’endroit où l’on puisse être à l’abri du bacille, dit le docteur Arata Kochi, directeur du Programme mondial de lutte antituberculeuse. Chacun peut attraper la maladie en inhalant le bacille que la toux ou les éternuements ont libéré dans l’atmosphère. Ces bacilles peuvent rester en suspension dans l’air pendant des heures, voire des années. Nous sommes tous menacés. ”
Cependant, on ne devient tuberculeux qu’à deux conditions : 1) que l’on ait été infecté par des bactéries de la tuberculose et 2) que l’infection ait évolué en maladie.
Bien que l’on puisse être contaminé par un bref contact avec une personne très contagieuse, la tuberculose se transmet bien plus souvent par des contacts répétés, tels ceux qui se produisent au sein d’une famille habitant un logement exigu.
Les bacilles inhalés se multiplient dans la poitrine. Mais, dans 9 cas sur 10, le système immunitaire empêche la progression de l’infection, de sorte que la personne ne tombe pas malade. Parfois, cependant, les bacilles en sommeil peuvent être activés si le système immunitaire est gravement affaibli, comme par le VIH, le diabète, une chimiothérapie anticancéreuse ou d’autres causes.
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Une solution mondiale : est-ce possible ?Réveillez-vous ! 1997 | 22 décembre
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Une solution mondiale : est-ce possible ?
DE L’AVIS des spécialistes, la tuberculose est un problème mondial qui requiert une solution mondiale. Chaque semaine, des millions de personnes traversent les frontières, de sorte qu’aucun pays ne peut vaincre la tuberculose tout seul.
Pour beaucoup, la coopération internationale exige que les pays riches aident les pays pauvres, les plus durement touchés par le fléau. Comme le déclare le docteur Arata Kochi, “ il est dans l’intérêt des pays riches d’aider ceux qui sont moins développés à combattre la tuberculose avant que la bataille ne se livre sur leur propre territoire ”.
Mais les pays riches, assaillis par ce qu’ils considèrent comme des problèmes plus urgents, ne se précipitent pas au secours des pays pauvres. Et certains pays pauvres eux-mêmes font souvent passer le budget armement avant le budget santé. Au milieu de l’année 1996, seuls 10 % des tuberculeux du monde étaient suivis dans le cadre de la stratégie du traitement de brève durée sous surveillance directe, un résultat insuffisant pour empêcher l’épidémie de s’aggraver.
L’OMS fait observer : “ Le savoir et les médicaments peu coûteux pour guérir la tuberculose existent depuis des dizaines d’années. Ce dont le monde a maintenant besoin, c’est d’une action décisive de la part de gens puissants, influents et compatissants qui veilleront à une utilisation efficace de ces médicaments dans le monde entier. ”
La victoire à venir
Peut-on attendre des puissants de ce monde qu’ils résolvent le problème ? On lit dans le livre biblique des Psaumes : “ Ne placez pas votre confiance dans les nobles, ni dans le fils de l’homme tiré du sol, à qui n’appartient pas le salut. ” À qui, alors, pouvons-nous faire confiance ? L’Écriture inspirée ajoute : “ Heureux celui qui a pour son secours le Dieu de Jacob, et dont l’espoir est en Jéhovah son Dieu, l’Auteur du ciel et de la terre, de la mer, et de tout ce qui s’y trouve. ” — Psaume 146:3, 5, 6.
Architecte et Créateur de la terre, Jéhovah Dieu a tout à la fois le pouvoir et la sagesse nécessaires pour mettre un terme aux maladies. Est-il compatissant ? Par un de ses prophètes, il promet : “ J’aurai pitié [de mes serviteurs] comme un homme a pitié de son fils qui le sert. ” — Malaki 3:17.
Le dernier chapitre de la Bible décrit une vision qu’a eue l’apôtre Jean. Il a vu “ des arbres de vie produisant douze récoltes de fruits, donnant leurs fruits chaque mois ”. Ces arbres et ces fruits symboliques sont les dispositions divines qui permettront aux humains obéissants de vivre éternellement sur la terre. — Révélation 22:2.
Jean poursuit : “ Les feuilles des arbres étaient pour la guérison des nations. ” Ces feuilles sont un symbole des bénédictions de Dieu qui mèneront l’humanité à la guérison tant spirituelle que physique. Ainsi, nous pouvons être certains que dans le monde nouveau de justice que dirigera Dieu, la tuberculose sera complètement et définitivement vaincue. — Révélation 21:3, 4.
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