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Une nouvelle ère de découvertesRéveillez-vous ! 1992 | 8 septembre
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Une nouvelle ère de découvertes
De l’un de nos rédacteurs
AVEZ-VOUS déjà vu à la télévision le lancement d’une navette spatiale? Vous êtes-vous alors demandé quelles sont les dimensions des deux lanceurs qui servent à la propulser, et de quelle place les astronautes disposent dans l’habitacle? J’ai visité la base spatiale américaine de cap Canaveral, également connue sous le nom de Centre spatial Kennedy, en Floride, et, à cette occasion, j’ai pu voir une navette de mes propres yeux.
Ayant suivi à la télévision le lancement d’engins spatiaux de toutes sortes et ayant été, en 1969, un témoin passionné du premier voyage Terre-Lune du programme Apollo, c’était pour moi toute une aventure que de me retrouver, à seulement une heure de route à l’est d’Orlando, au cœur même de la conquête spatiale. En entrant sur le parking de la base, j’ai aperçu au loin un échantillonnage des fusées qui furent jadis utilisées pour envoyer des hommes et divers matériels dans l’espace. Sur la piste qui jouxte le Rocket Garden était exposée une maquette grandeur nature d’un Orbiter — navette spatiale mise en orbite terrestre — appelée Ambassador. Même s’il ne s’agissait que d’une réplique, elle était vraiment impressionnante. Quelle excitation de pouvoir la visiter et de la prendre en photo! Elle mesure 17 mètres de haut au niveau de l’empennage, 37 mètres de long et a une envergure de 24 mètres.
Ce vendredi 22 novembre 1991, j’étais impatient de me retrouver à proximité d’une rampe de lancement, en particulier de celle où la navette Atlantis attendait d’être lancée le dimanche suivant, le 24 novembre. Les rampes — il y en a plusieurs — se trouvent à quelques kilomètres de là. Je me suis donc joint à un groupe qui allait suivre en autobus la visite organisée des principales installations d’assemblage et de lancement des fusées.
Nous nous sommes tout d’abord arrêtés au bâtiment d’entraînement des équipages. Nous y avons vu des répliques du module de service et du module lunaire qui furent utilisés lors du fameux voyage Terre-Lune de 1969. On ne peut pas vraiment dire que le module lunaire qui est exposé là se distingue par son esthétique! Il n’a rien de la pureté des lignes et de la forme des autres véhicules de l’espace. À première vue, il ressemble à un empilement de cubes et de pyramides auquel sont attachées des pattes d’araignée. Pourtant, c’est son jumeau qui a déposé deux hommes sur la Lune.
La jeep lunaire a été débarquée par les astronautes Scott et Irwin lors de la mission Apollo-15, en juillet 1971. Ayant coûté la bagatelle de 15 millions de dollars, c’est probablement la jeep la plus chère qui ait jamais été construite. Aimeriez-vous la conduire? Tout ce que vous avez à faire, c’est d’aller sur la Lune, car elle s’y trouve toujours, ainsi que le module de descente du module lunaire. Surtout, n’oubliez pas d’emporter des batteries neuves; celles de la jeep sont épuisées depuis longtemps.
La visite nous a ensuite conduits au bâtiment d’assemblage des véhicules spatiaux, le VAB (Vehicle Assembly Building). Ici, au centre spatial, il importe de se familiariser avec les acronymes. On les utilise beaucoup. Chris, un ingénieur qui a travaillé sur le programme Apollo, m’a plus tard raconté ce qui suit: “J’ai été muté dans un autre département. Pendant des mois, je n’ai pas compris grand-chose à ce qui se disait, car les acronymes que mes nouveaux collègues utilisaient étaient différents des miens.” Qu’est-ce qui fait du VAB un bâtiment unique en son genre? Avec ses plus de 160 mètres de haut (ce qui correspond à un gratte-ciel de 51 étages), ses 158 mètres de large et ses 218 mètres de long, c’est probablement le bâtiment ayant la plus grande capacité au monde. Il couvre une surface de plus de 3 hectares. Pourquoi ces dimensions gigantesques? Parce que c’est ici que les lanceurs sont assemblés avant d’être tractés lourdement vers la rampe de lancement. Nous reparlerons d’ailleurs un peu plus loin de ce trajet lent et laborieux.
On nous a dit que le VAB est si vaste qu’on pouvait y monter simultanément quatre fusées Saturn V, fusées d’une hauteur de 111 mètres qui ont servi à lancer les vaisseaux Apollo. L’ouvrage Histoire illustrée de la NASA (angl.) déclare: “La masse au décollage [d’une fusée Saturn V] était phénoménale — 2 900 tonnes! Toutefois, cette charge prodigieuse était soulevée sans peine par des moteurs développant au total près de 3 500 tonnes de poussée.”
En levant la tête, j’ai repéré des vautours à tête rouge qui décrivaient des cercles au-dessus du toit de l’immense bâtiment, tirant profit des courants ascensionnels. Je me suis alors souvenu que le centre spatial est installé au milieu d’un vaste refuge pour animaux sauvages qui héberge des dizaines d’espèces d’oiseaux, de mammifères et de reptiles. D’ailleurs, au cours de notre visite en autobus, nous sommes passés devant un arbre à la cime duquel était juché un nid d’aigle d’une hauteur de deux mètres. Il n’y a rien d’anormal à ce que des rapaces volent librement dans ce haut lieu de l’astronautique.
Nous nous sommes ensuite rendus sur une aire d’observation. De là, nous avons pu distinguer, au loin, deux rampes de lancement. Mais, au fait, comment achemine-t-on les énormes fusées jusqu’aux pas de tir distants de 5,5 kilomètres du VAB? On utilise les engins à chenilles les plus gros que j’aie jamais vus. On les appelle “crawler”, terme anglais signifiant “véhicule lent”. Ils sont capables de transporter des charges de 6 600 tonnes, sont aussi grands que la moitié d’un terrain de football et pèsent chacun 2 700 tonnes. Mais n’attendez pas de ces monstres qu’ils battent des records de vitesse! Chargés, leur vitesse maximale est de 1,6 kilomètre à l’heure; à vide, 3,2 kilomètres à l’heure. La plate-forme repose sur quatre énormes engins à chenilles, un à chaque angle. Chaque engin possède deux chenilles, chaque chenille comporte 57 maillons, et chaque maillon pèse à lui seul plus de 900 kilos!
Maintenant, imaginez la chaussée spéciale qu’il a fallu construire jusqu’aux rampes de lancement, une chaussée capable de supporter le poids énorme de la plate-forme mobile, du lanceur et du vaisseau!
Que dire du retour de la navette vers la Terre? L’Orbiter a besoin d’un endroit où se poser et, à cap Canaveral, cet “endroit” n’a rien d’ordinaire. La piste d’atterrissage est ici deux fois plus longue et deux fois plus large qu’une piste normale. Elle mesure 4 600 mètres de long et possède un prolongement de piste de 300 mètres à chaque extrémité. Si les conditions d’atterrissage ne sont pas bonnes à cap Canaveral, la navette est déviée vers la base militaire Edwards, dans le désert de Californie, à plus de 3 200 kilomètres à l’ouest.
Un si vaste programme soulève certaines questions: Où en est l’homme dans la conquête spatiale? Qu’a apporté cette conquête? Quelles sont les perspectives de voyages interplanétaires? L’homme pourra-t-il un jour atterrir sur Mars?
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La conquête spatiale: jusqu’où l’homme est-il allé?Réveillez-vous ! 1992 | 8 septembre
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La conquête spatiale: jusqu’où l’homme est-il allé?
LE 12 AVRIL 1961, un nouveau Christophe Colomb a fait son entrée dans l’Histoire. Ce jour-là, en effet, le cosmonaute Youri Alexeïevitch Gagarine a été le premier homme à effectuer un vol dans l’espace. À bord du vaisseau Vostok-1, il a accompli en 108 minutes une révolution orbitale complète au cours de laquelle il a parcouru 40 900 kilomètres. L’ex-Union soviétique marquait ainsi le premier point dans la course pour l’espace l’opposant aux États-Unis.
La revue U.S.News & World Report déclare: “En réalité, (...) les Américains ont été propulsés dans l’espace par l’impérieuse nécessité de battre les Russes.” Le président John Kennedy était résolu à combler le fossé séparant les Américains des Soviétiques en matière d’astronautique. Dans la revue Blueprint for Space, John Logsdon, directeur du Centre pour une politique scientifique et technologique internationale, a écrit: “Pour Sorenson [conseiller particulier de Kennedy], l’attitude de Kennedy a été influencée par le fait [que] ‘les Soviétiques avaient acquis un prestige international immense grâce au vol de Gagarine à une époque où nous l’avions perdu dans la baie des Cochonsa. Cela démontrait que le prestige n’était pas simplement une question de relations publiques, mais bel et bien un élément important dans les affaires du monde’.”
Le président Kennedy décida que, quel qu’en soit le coût, les États-Unis devaient réaliser quelque chose de spectaculaire pour prendre l’avantage sur les Soviétiques. Il demanda: “Peut-on battre les Soviétiques en plaçant un laboratoire dans l’espace, en faisant un voyage autour de la Lune, en envoyant une fusée se poser sur la Lune ou en lançant un vaisseau, avec des hommes à son bord, qui irait sur la Lune et en reviendrait? Ou est-il possible de concevoir tout autre programme qui, porteur de résultats extraordinaires, nous permettrait de l’emporter [sur les Soviétiques]?” Les scientifiques américains obtenaient enfin un soutien politique pour réaliser leurs ambitions. Néanmoins, il leur faudrait encore attendre avant de les concrétiser.
Pendant ce temps, les Russes continuaient de voler de succès en succès: En 1963, Valentina Vladimirovna Terechkova devint la première femme cosmonaute; elle accomplit, non pas une, mais 48 orbites terrestres! La NASA (Agence aéronautique et spatiale américaine) mit un point d’honneur à l’emporter dans cette course pour le prestige international. Avec quel résultat?
Le programme Apollo: objectif Lune!
Depuis 1959, les techniciens de la NASA exploraient les possibilités d’envoyer un engin sur la Lune. Ils demandèrent l’autorisation de construire un vaisseau spatial baptisé Apollo. Cependant, “le président Eisenhower refusa d’accéder à leur requête”. Pourquoi ce refus? À cause du coût: entre 34 et 46 milliards de dollars. “Les résultats scientifiques escomptés étaient trop maigres pour justifier l’investissement. (...) Eisenhower déclara à la NASA qu’il ne donnerait son accord à aucun programme visant à faire atterrir un engin sur la Lune.” (Blueprint for Space). Les espoirs des scientifiques ne reposaient plus que sur le nouveau président, John Kennedy.
L’objectif que John Kennedy fixa aux scientifiques américains? Faire atterrir un homme sur la Lune avant la fin des années 60... et avant les Russes! Wendell Marley, un ingénieur en électricité qui a travaillé sur les systèmes de guidage et de navigation des vaisseaux Apollo, a dit à Réveillez-vous!: “Incontestablement, le désir de battre les Soviétiques prévalait, et de nombreux ingénieurs avec qui je collaborais étaient animés par ce sentiment. Nous étions fiers de faire notre part dans cette entreprise consistant à déposer un homme sur la Lune avant les Russes. Beaucoup d’entre nous effectuaient des heures supplémentaires non payées afin de respecter le programme.”
Le résultat de tous ces efforts est maintenant consigné dans les pages de l’Histoire: en juillet 1969, Neil Armstrong et Edwin “Buzz” Aldrin foulaient le sol de la Lune, y laissant les premières empreintes de pas humaines. Néanmoins, la réalisation d’un tel exploit a coûté cher: le 27 janvier 1967, trois astronautes trouvèrent la mort dans un incendie qui se déclara dans le module de commande pendant une répétition du compte à rebours. Moins de trois mois après cet accident, le cosmonaute Vladimir Komarov se tua lorsqu’il tenta un atterrissage après la dix-huitième révolution de son vaisseau autour de la Terre. Depuis des siècles, tel est le prix que de nombreux hommes et femmes ont payé pour explorer de nouveaux horizons. Ils sont morts dans leur quête de la connaissance et de la gloire.
À part les voyages Terre-Lune, quels progrès les hommes ont-ils accomplis en astronautique?
Connaître les planètes
La NASA a lancé de nombreux satellites dans l’espace. La moisson de données qu’ils nous ont transmises nous a permis d’élargir considérablement le champ de nos connaissances sur l’Univers. D’ailleurs, c’est l’un des aspects positifs que les scientifiques mettent en évidence pour justifier les dépenses considérables que représentent les vols habités et les sondes automatiques. Le mois de mars 1992 a vu le vingtième anniversaire de l’un des plus grands succès de la conquête spatiale: le lancement de la première sonde automatique appelée à quitter le système solaire. Pioneer-10, lancée en 1972, a mis un terme à une série d’échecs qui se succédaient depuis 1958. On pensait qu’elle fonctionnerait pendant environ trois ans. En fait, grâce à son alimentation nucléaire, elle nous envoie encore aujourd’hui des informations. Dans la revue New Scientist, Nicholas Booth écrit que “les responsables de la NASA pensent pouvoir suivre la sonde jusqu’à la fin du siècle. On peut dire de Pioneer-10 qu’il s’agit de la mission interplanétaire la plus réussie de tous les temps”. En quoi Pioneer-10 est-elle si particulière?
Pioneer-10 a été programmée pour mettre le cap sur Jupiter, la plus grosse des planètes situées dans notre voisinage, et quitter ensuite le système solaire. La sonde a dû parcourir 779 millions de kilomètres avant d’atteindre Jupiter en décembre 1973, ce qui représente un voyage de presque deux ans. Entre temps, elle est passée à proximité de Mars. Puis elle a traversé une ceinture d’astéroïdes, où elle a été percutée à 55 reprises par des particules de poussière. Cependant, elle en est sortie sans dommage. En outre, des instruments embarqués à bord de la sonde ont permis de mesurer les champs magnétiques et les flux de radiations autour de Jupiter.
Plus tard, on a lancé Pioneer-11 qui, après avoir dépassé Jupiter, a continué sa route vers Saturne. Ensuite, s’appuyant sur l’expérience acquise lors des programmes Pioneer, la NASA a lancé les sondes Voyager-1 et 2. Pour reprendre les termes de Nicholas Booth, ces deux sondes nous ont transmis “un déluge de renseignements sur le système jovien [de Jupiter] qui éclipsent les résultats obtenus lors des missions Pioneer”. Comment capte-t-on les signaux transmis par les sondes?
On a mis en place un réseau d’antennes radio paraboliques de 64 mètres de diamètre, le Deep Space Network. Captant les signaux envoyés par les sondes, ces antennes se relaient à mesure que la Terre tourne sur elle-même. Situées en Espagne, en Australie et aux États-Unis, elles sont la clé de voûte indispensable à la bonne réception des signaux émis par les sondes.
La vie existe-t-elle sur Mars?
La conquête de l’espace continuera apparemment d’être sous-tendue par une question qui hante l’esprit humain depuis des siècles: dans le vaste Univers, la vie intelligente existe-t-elle ailleurs que sur la Terre? Pendant longtemps, les astronomes et les écrivains se sont demandé s’il y avait des formes de vie sur Mars, la planète rouge. Qu’ont démontré à ce sujet les missions martiennes effectuées au cours des dernières décennies?
Dans les années 60 et 70, des sondes Mariner nous ont envoyé des photographies de Mars. Puis, en 1976, les modules d’atterrissage des sondes Viking-1 et 2 se sont posés en douceur sur Mars et, exploit incroyable, ont pu nous transmettre des données sur les roches et le sol martiens. Par quel moyen? Grâce à un laboratoire d’analyses chimiques et biologiques automatisé, embarqué à bord du module d’atterrissage. Un bras télécommandé a permis de ramasser des échantillons du sol et de les introduire dans le vaisseau en vue d’y être analysés par le laboratoire. A-t-on trouvé des traces de vie sur Mars? Peut-on espérer en découvrir? Qu’ont révélé les photographies et les analyses?
Bruce Murray, spécialiste de l’espace, raconte: “Aucun buisson, aucun brin d’herbe, aucune empreinte de pas ni aucun autre signe de vie n’atténuait l’impression de stérilité de ce terrain fascinant du point de vue géologique. (...) Malgré toutes les recherches effectuées sur les échantillons de sol (...), on n’a pas détecté une seule molécule organique (...). Le sol de Mars est stérile, beaucoup plus que n’importe lequel des biotopes terrestres. (...) Il est très probable que la vie n’existe plus sur Mars depuis au moins plusieurs milliards d’années.”
Faisant la synthèse des résultats obtenus au cours de l’exploration des planètes, Bruce Murray tire la conclusion suivante: “Nous sommes seuls dans le système solaire. La Terre, seule planète recouverte d’étendues d’eau, est l’oasis de la vie. Nous n’avons pas de cousins microbiens sur Mars, ni en quelque autre endroit du système solaire où l’on pourrait penser en trouver.”
À quoi Vénus ressemble-t-elle?
Bien qu’elle soit approximativement de la même taille que la Terre, Vénus est une planète interdite aux humains. L’astronome Carl Sagan en parle comme d’“une planète désolée et peu accueillante”. Ses nuages les plus élevés sont gorgés d’acide sulfurique et son atmosphère composée essentiellement de dioxyde de carbone. La pression atmosphérique à la surface de Vénus est 90 fois supérieure à celle que nous subissons sur la Terre, l’équivalent du poids de l’eau à un kilomètre de profondeur sous la mer.
Sous quels autres aspects Vénus diffère-t-elle de la Terre? Dans son livre Cosmos, Carl Sagan explique que Vénus tourne “à l’envers, dans le sens contraire de celui de toutes les autres planètes du système solaire interne. C’est ainsi que, sur Vénus, le Soleil se lève à l’ouest et se couche à l’est, et qu’entre chacun de ses levers s’écoulent cent dix-huit jours terrestres”. Il fait environ 480 °C sur Vénus. Pour reprendre les termes de Carl Sagan, il y fait “plus chaud que dans le plus puissant des fours domestiques”. Depuis 1962, Vénus a été explorée par un certain nombre de sondes Mariner et Pioneer-Venus, ainsi que par quantité de sondes soviétiques de la série Venera.
Cependant, dans le domaine de la topographie, c’est la sonde Magellan qui a donné le plus de satisfaction. Cette sonde remarquable, conçue pour radiocartographier Vénus et suivie par le Jet Propulsion Laboratory de la NASA, a été lancée par la navette Atlantis le 4 mai 1989, puis, au terme d’un voyage de 15 mois, elle a été placée en orbite autour de Vénus. Chaque révolution orbitale de la sonde Magellan dure 3 heures et 15 minutes pendant lesquelles elle procède à des sondages radar et à des retransmissions vers la Terre. Dans la revue Sky & Telescope, Stuart Goldman déclare: “Dire des résultats obtenus par la mission Magellan qu’ils sont extraordinaires, c’est être bien en dessous de la réalité. (...) Au cours des huit premiers mois passés en orbite, ce robot cartographe a couvert 84 % de la planète avec une résolution de l’ordre d’un stade de football. (...) Magellan a envoyé aux scientifiques impatients une quantité de données sans équivalent. Début 1992, elle nous avait déjà transmis 2 800 milliards de bits. Cela représente un ensemble d’images trois fois plus abondant que celui récolté lors de toutes les missions interplanétaires précédentes.”
Le programme Magellan est un cas où l’utilisation conjointe d’une navette habitée et d’un robot a produit des résultats fantastiques. Quel est l’intérêt de cette opération? Une meilleure connaissance du système solaire. De surcroît, les coûts ont été réduits du fait qu’elle a été montée à partir de nombreux éléments qui n’avaient pas servi lors des missions Voyager, Galileo et Mariner.
La NASA et les satellites espions
La recherche de la connaissance scientifique n’est pas la seule raison qui a poussé les hommes à se lancer dans la conquête spatiale. Il y a aussi le désir de prendre un ascendant militaire sur tout ennemi potentiel. Les États-Unis et l’ex-Union soviétique se servent des programmes spatiaux comme d’un moyen d’accroître leurs champs d’espionnage. Dans son livre Voyage dans l’espace (angl.), Bruce Murray explique ce qui suit: “Dès le début, l’espace a été un lieu privilégié pour les missions de reconnaissance et autres activités militaires, un lieu où les États-Unis et l’Union soviétique se sont livrés à une lutte implacable dont l’enjeu était stratégique.”
Dans son livre Désastre: mode d’emploi (angl.), Joseph Trento rapporte qu’“en 1971 la CIA et l’[US] Air Force ont commencé à concevoir les satellites espions de la série Key Hole, ou K.H., dont le premier a été lancé le 19 décembre 1976”. Ces satellites pouvaient rester en orbite pendant deux ans et retransmettre en langage binaire les photographies qu’ils prenaient. Que dire de leur efficacité? Joseph Trento poursuit: “Leur résolution était d’une telle précision qu’on pouvait lire sans difficulté les plaques d’immatriculation de voitures en stationnement. En outre, ces satellites ont été utilisés pour photographier des engins spatiaux soviétiques en orbite et des bombardiers stratégiques en vol.”
De la complexité des navettes spatiales
Ces dernières années, le lancement de navettes spatiales habitées a passionné le monde. Avez-vous déjà réfléchi à la complexité de l’opération? Ou à la multitude des incidents potentiels susceptibles de provoquer un désastre? Par exemple, les ingénieurs ont dû apporter une réponse à la question suivante: comment éviter que les moteurs de la navette ne fondent sous l’effet de l’intense chaleur qu’ils dégagent lors de leur mise à feu? Joseph Trento écrit que, “au cours des premières années d’essais, les moteurs fondaient et explosaient les uns après les autres”. Une autre difficulté consiste à mettre à feu de façon absolument simultanée le combustible solide des deux lanceurs, faute de quoi l’ensemble fusées-navette s’écroulerait sur le côté et exploserait. Toutes ces mises au point ont assurément contribué à augmenter les coûts.
Le premier lancement réussi a eu lieu le 12 avril 1981. Les deux hommes de l’équipage, John Young et Robert Crippen, se sont sanglés sur leur siège. Les trois moteurs de la navette allaient bientôt développer chacun 170 000 kilos de poussée. Selon Joseph Trento, certains techniciens étaient inquiets. Il raconte: “[Le lancement] allait-il être une victoire, ou bien le rêve allait-il se terminer dans les marécages de Floride? Si le combustible solide [des deux lanceurs] ne s’enflamme pas simultanément en moins d’une seconde, tout explosera sur l’aire de lancement 39 A. (...) Zéro! Le combustible solide s’enflamme; un cumulus de vapeur blanche envahit l’horizon; les mâchoires qui maintiennent [le monstre] rivé à sa plate-forme s’écartent d’un coup; [l’air] autour de l’équipage [s’emplit d’un] grondement sourd; les deux hommes sentent le vaisseau vibrer et s’élancer avec une fantastique énergie.” Lancement réussi! “C’était la première fois que, dans l’histoire des États-Unis, des Américains prenaient place à l’intérieur d’un vaisseau spatial expérimental et s’envolaient à son bord. (...) Le véhicule le plus complexe qui ait jamais été construit fonctionnait correctement.” Une nouvelle race de Christophe Colomb était apparue. Néanmoins, de telles prouesses se sont accompagnées de dangers et ont prélevé leur tribut. L’accident de la navette Challenger, en 1986, en témoigne: sept morts.
Au cours du premier vol de Columbia, des photographies en couleurs ont révélé que, sur la partie arrière de l’Orbiter, un certain nombre de tuiles réfractaires manquaient. Ces tuiles sont absolument indispensables, car, lors de sa rentrée dans l’atmosphère, la navette est soumise à des températures de l’ordre de 1 100 °C. Les techniciens avaient besoin de vues plus précises pour évaluer l’importance des dégâts. Néanmoins, aucun appareil photographique à Terre n’était en mesure de prendre des clichés suffisamment nets du ventre endommagé de la navette. Comment a-t-on résolu le problème? À l’époque, le satellite espion KH-11 croisait sur une orbite située au-dessus de celle de la navette. Il a donc été décidé que l’Orbiter serait retourné sur lui-même de sorte que son ventre se retrouve face au satellite. Les renseignements transmis par KH-11 ont donné l’assurance au personnel de la NASA que les surfaces ayant perdu des tuiles n’étaient pas très étendues. L’avarie ne compromettait donc pas la mission.
La navette spatiale: Engin de guerre ou de paix?
L’histoire de la NASA est marquée par des conflits perpétuels opposant ceux qui estimaient qu’elle devait être un outil pour l’exploration pacifique de l’espace et ceux qui pensaient qu’il fallait l’utiliser pour prendre l’avantage sur les Soviétiques dans la guerre froide. En 1982, Harold Hollenbeck, membre de la Chambre des représentants, a résumé ainsi cet antagonisme devant le Comité pour la science et la technologie de la Chambre: “Ce qui est tragique, c’est que le peuple américain n’est pas conscient des tentatives de récupérations politique et militaire des activités de l’Agence spatiale — pourtant un organisme civil. (...) C’est une équipe de civils qui a envoyé l’homme sur la Lune (...). Pour ma part, je ne veux pas d’un programme spatial qui coûte les yeux de la tête et qui s’inscrive dans le cadre d’un quelconque projet de guerre des étoiles élaboré par le Pentagone. (...) Je ne peux qu’espérer que les Américains de la prochaine génération ne nous accuseront pas, nous qui sommes réunis ici aujourd’hui, d’être restés assis à ne rien faire pendant que l’Amérique transformait une noble entreprise en une machine de guerre interstellaire.”
Harold Hollenbeck a ensuite montré de quelle manière l’humanité est en train de compromettre son avenir, disant: “Nous sommes allés dans l’espace en quête d’un nouveau champ d’activité. Maintenant, nous exportons dans le ciel nos haines et nos rivalités, comme si l’homme avait le droit de faire la guerre en tout lieu.” Le grand commerce, la politique et l’armée ont tenté d’avoir la mainmise sur la NASA. Des milliards de dollars et des milliers d’emplois (donc de bulletins de votes) étaient en jeu.
À ce stade de la discussion, des questions nous viennent fort logiquement à l’esprit: Quels bienfaits l’humanité a-t-elle retirés de la conquête spatiale? Que réserve l’avenir dans ce domaine?
[Note]
a Invasion avortée de l’île de Cuba, le 17 avril 1961.
[Illustrations, pages 8, 9]
1. La jeep lunaire du programme Apollo.
2. Edwin Aldrin devant le module lunaire (20 juillet 1969).
3. Bâtiment d’assemblage des véhicules spatiaux, probablement le plus grand bâtiment de la planète.
4. Navette sur l’engin de transport qui l’amène à la rampe de lancement.
5. Satellite sur le point d’être largué.
6. Navette “Challenger” dont on peut voir le bras automatique sur cette photo.
7. Valentina Terechkova, première femme dans l’espace.
8. Youri Gagarine, premier homme dans l’espace.
9. Bras télécommandés ramassant des échantillons sur Mars.
[Crédits photographiques]
Photos 1-6: NASA; 7, 8: Tass/Sovfoto; 9: NASA/J.P.L.
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La conquête spatiale: quelles sont les perspectives d’avenir?Réveillez-vous ! 1992 | 8 septembre
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La conquête spatiale: quelles sont les perspectives d’avenir?
DEPUIS l’écroulement du bloc communiste, l’esprit de compétition n’intervient plus guère dans la course pour l’espace. Certains scientifiques ne sont plus animés par leur motivation première, le désir de battre ceux du camp adverse. Au contraire, les techniciens russes et américains parlent désormais de coopération et se proposent de mettre en commun leur savoir et leurs compétences. Néanmoins, des questions demeurent en suspens et des projets restent à réaliser. C’est ainsi que beaucoup se demandent: quels bienfaits les efforts et les dépenses considérables auxquels on a consenti en vue de conquérir l’espace procurent-ils à l’humanité?
Un document publié par la NASA rapporte qu’au cours des trois dernières décennies “plus de 300 engins spatiaux [inhabités] ont été lancés dans le cadre de programmes touchant aussi bien à l’exploration du système solaire qu’à la météorologie, aux télécommunications et à l’observation des ressources terrestres”. Les résultats obtenus dans ces domaines justifient-ils l’énormité des sommes englouties? La NASA affirme qu’ils “compensent très largement les investissements engagés par la nation en termes de temps, d’argent et de matière grise”. Et d’ajouter: “Près de 130 000 Américains travaillent pour l’espace: recherche de matériaux et de peintures plus résistants au feu, mise au point de radios et de télévisions miniaturisées et plus fiables, élaboration de matières plastiques plus dures et de substances adhésives plus fortes, conception de systèmes de contrôle électroniques utilisés dans les hôpitaux, amélioration de la technologie des ordinateurs, etc.”
L’obtention de cartes plus détaillées de la surface terrestre, et même du sous-sol, est une autre retombée de l’astronautique. Un “enregistrement optique relativement primaire” figurait au programme du second vol de la première navette spatiale. Le but “était simplement d’établir des relevés topographiques à l’aide d’un radar”. (Désastre: mode d’emploi [angl.], J. Trento.) Mais on a obtenu un résultat inattendu. “Au retour du vaisseau, on a procédé à l’analyse des images (...) qui ont [alors] fait apparaître les rues d’une ancienne cité enfouie sous le sable du Sahara. On venait de découvrir une civilisation disparue.” Considérons maintenant un autre bienfait de la domestication de l’espace qui nous concerne tous.
Quel temps fera-t-il demain?
Pour la plupart des téléspectateurs, qu’y a-t-il de plus banal que les cartes et les croquis de prévisions météorologiques? Pourtant, ces dernières n’exercent-elles pas une grande influence sur nos projets de la journée? En règle générale, nous pouvons savoir des heures à l’avance s’il va pleuvoir, s’il va neiger ou si une tempête est en train de se préparer — tout cela grâce aux satellites en orbite autour de la Terre.
Depuis 30 ans, les satellites météorologiques nous renseignent sur le climat de la planète. Un document publié par la NASA déclare: “Ces satellites nous aident non seulement à acquérir une meilleure connaissance de notre environnement, mais aussi à nous en protéger.” Il rapporte ensuite qu’en 1969 un ouragan a frappé la côte du Mississippi, causant pour 1,4 milliard de dollars de dommages matériels. “Toutefois, ajoute le document, grâce aux prévisions obtenues par satellite météorologique, seules 256 personnes sont mortes, et encore la plupart d’entre elles auraient pu avoir la vie sauve si elles avaient écouté les premiers avertissements les invitant à évacuer la zone menacée.” On pourrait certainement étendre ce genre d’application à d’autres régions du monde régulièrement soumises aux effets dévastateurs de la mousson et des cyclones.
Les spécialistes de l’espace ne s’intéressent pas uniquement aux retombées de leurs travaux sur le bien-être des habitants de la Terre. Ils visent bien autre chose. Quelles sont donc les perspectives d’avenir de la conquête spatiale?
Une station orbitale pour l’an 2000?
Aux yeux de nombreux scientifiques, une station orbitale opérationnelle est indispensable. La NASA estime à 30 milliards de dollars la somme qu’il faudra débourser d’ici l’an 2000 pour construire la station orbitale Freedom. Toujours selon la NASA, le programme, mis en route il y a plusieurs années, a déjà coûté la bagatelle de 9 milliards de dollars. Mais comment les experts pensent-ils mettre leur station en orbite? On a calculé que la navette spatiale américaine devra effectuer au moins 17 voyages pour amener la station morceau par morceau dans l’espace. De surcroît, ces vols seront habités. Tout cela représente une somme d’argent et de temps considérable. Une autre solution est-elle envisageable?
Certains suggèrent une coopération entre Russes et Américains: pour mettre Freedom sur orbite, on utiliserait la puissante fusée Energia, un lanceur russe que Serge Schmemann, rédacteur au New York Times, compare à “un gratte-ciel volant de 19 niveaux”. Cette solution permettrait d’accélérer le programme américain. De leur côté, les Russes ont besoin des dollars américains, et ce serait pour eux l’occasion de se lancer dans une entreprise capitaliste fructueuse. La revue U.S.News & World Report déclare: “À l’aide du [lanceur] Energia, six vols inhabités suffiraient à emporter toute la station orbitale dans l’espace, à moindre coût et sans mettre de vies humaines en danger.”
Bien sûr, les États-Unis et la Fédération de Russie ne sont pas les seules nations engagées dans la conquête de l’espace. Par exemple, l’Agence spatiale européenne construit, par l’intermédiaire de la société française Arianespace, des lanceurs non réutilisables de satellites dans une optique commerciale. Le Japon est également entré en lice dans la course aux étoiles. Selon certains propos recueillis récemment dans le journal Asiaweek, “le Japon prévoit d’être, d’ici au début du siècle prochain, la première nation d’Asie à établir une présence humaine permanente dans l’espace”. Mamoru Mohri, le premier astronaute japonais officiel, doit s’envoler de cap Canaveral courant 1992 pour une mission de sept jours. Toujours selon la même source, “cette mission est un prélude important à la participation japonaise au projet de la station orbitale [américaine] Freedom”. Les techniciens européens et canadiens apporteront aussi leur concours au programme.
La colonisation des planètes
La colonisation et l’exploitation des planètes est également une perspective qui enflamme l’imagination de beaucoup. Dans son livre La colonisation de l’espace: mission pour une génération (angl.), George Elias écrit: “L’édification d’une civilisation interplanétaire est essentielle à la survie de notre espèce. (...) Nous, humains, avons entièrement pris possession d’une planète, et il est temps que nous trouvions un habitat plus vaste. Tout un système solaire inoccupé nous attend.” Et son regard de se tourner vers la planète Mars.
Michael Collins, ancien astronaute qui fut le pilote de la capsule Gemini-10, en 1966, et du module de commande d’Apollo-11, le vaisseau qui emmena des hommes sur la Lune, compte parmi ceux qui croient fermement que l’homme doit aller sur Mars. Dans son livre Mission vers Mars (angl.), il dit: “Mars semble accueillante, accessible, voire habitable.”
De son côté, Bruce Murray, qui fut pendant longtemps le directeur du Jet Propulsion Laboratory de Pasadena, défend avec vigueur l’idée d’un voyage vers Mars dans lequel les États-Unis et la Russie seraient associés. Cofondateur de la société de planétologie, il a récemment lancé la campagne “Ensemble (...) sur Mars”. Selon lui, “Mars est la planète du futur, un lieu d’activités pour ceux qui seront tentés par l’aventure dans les prochaines générations”.
Enfin, Marshall Brement, ancien ambassadeur des États-Unis en Islande, écrit: “Les deux pays peuvent s’enseigner mutuellement beaucoup de choses dans le domaine [spatial]. Le programme soviétique de vols habités est le plus élaboré qui soit; les cosmonautes détiennent tous les records de temps passé en orbite. (...) Si les deux nations prenaient des engagements pour installer conjointement une base sur la Lune, faire le tour de Vénus ou déposer des hommes sur Mars, cela aurait d’importantes répercussions dans le domaine scientifique.”
La société de planétologie, dont Carl Sagan, astronome à l’Université Cornell, est l’un des fondateurs, a publié “la déclaration de Mars”, dans laquelle on peut lire: “Mars est à notre porte. C’est la planète la plus proche où l’homme pourrait se poser en toute sécurité. (...) Mars est une mine de données scientifiques importantes, non seulement pour la connaissance de Mars elle-même, mais aussi pour les éclaircissements qu’elles pourraient nous apporter sur les origines de la vie et les mesures à prendre pour protéger l’environnement terrestre.” Les hommes de science s’interrogent sur l’origine de la vie. La réponse simple que la Bible fournit à ce sujet ne les satisfait pas. Nous lisons: “Tu es digne, Jéhovah, oui, notre Dieu, de recevoir la gloire, et l’honneur, et la puissance, parce que c’est toi qui as créé toutes choses, et c’est à cause de ta volonté qu’elles ont existé et ont été créées.” — Révélation 4:11; Romains 3:3, 4.
Des difficultés à résoudre
Bruce Murray, ainsi que d’autres scientifiques, mettent en lumière certaines difficultés inhérentes aux vols interplanétaires. Par exemple, les astronautes et les cosmonautes devraient accomplir un voyage d’environ un an pour atteindre Mars. Par conséquent, l’aller-retour demanderait au moins deux ans, sans compter le temps passé sur Mars. Par ailleurs, on ne connaît pas parfaitement les conséquences sur l’organisme de l’absence de pesanteur. Un document publié par la NASA déclare: “Parmi ces conséquences, citons la disparition de certains minéraux du tissu osseux, l’atrophie des muscles qui cessent d’être sollicités et le syndrome d’adaptation à l’espace, sorte de nausées propres aux vols spatiaux.”
Aucun humain n’a encore été soumis à l’absence de pesanteur sur une si longue période. Remarquons toutefois que les cosmonautes s’y préparent. Par exemple, le 25 mars 1992, Sergueï Krikalev, 33 ans, est revenu sur la Terre après être resté pendant dix mois à l’intérieur de la station MIR, la station orbitale russe. Certes, lorsqu’on l’a sorti de la capsule qui l’a ramené sur la Terre, il vacillait sur ses jambes, mais il avait démontré qu’un homme peut survivre à de longues périodes en apesanteur. Les Russes ont également découvert que l’absence de pesanteur n’est pas la seule difficulté à laquelle devraient faire face les astronautes et les cosmonautes.
Quand plusieurs personnes se trouvent confinées dans un endroit clos pendant un certain temps, des conflits de personnalité et des difficultés d’ordre psychologique finissent par surgir. Le livre intitulé Exploration de l’espace, de la série Voyage à travers l’Univers (éditions Time-Life), déclare: “Le niveau d’irritabilité tend à croître au fil des semaines. Au cours des missions [soviétiques] Salyout, les contrôleurs au sol ont remarqué que les cosmonautes s’énervent de plus en plus quand on leur pose des questions jugées stupides. (...) En 1977, au cours de la longue mission effectuée par Grechko et Romanenko, les contrôleurs au sol mirent en place un ‘groupe de soutien psychologique’ chargé de veiller sur la santé mentale des cosmonautes.” G. Grechko a dit à ce sujet: “La compétition au sein d’un équipage est l’une des choses les plus désastreuses qui soient, surtout si chacun commence à vouloir prouver qu’il est le meilleur.” Et d’ajouter: “[Dans l’espace,] aucun exutoire psychologique n’est à votre disposition. Ces difficultés y sont bien plus dangereuses.”
Ainsi, tout voyage interplanétaire, de longue durée, sera un délicat compromis intégrant tous les facteurs scientifiques, mécaniques et psychologiques en jeu. Il n’est déjà pas facile de se supporter les uns les autres sur la Terre, à combien plus forte raison dans un vaisseau spatial où il faut vivre à l’étroit. — Voir Colossiens 3:12-14.
L’homme ira-t-il un jour sur d’autres planètes?
La célèbre série américaine Star Trek a donné envie à des millions de personnes de participer à des voyages spatiaux. Quelles sont les perspectives d’avenir des voyages habités vers d’autres planètes? Il faut ici considérer deux points de vue: celui des hommes et celui de Dieu. La Bible dit que Jéhovah est “l’Auteur du ciel et de la terre” et que, “pour ce qui est des cieux, à Jéhovah appartiennent les cieux, mais la terre, il l’a donnée aux fils des hommes”. — Psaume 115:15, 16; Genèse 1:1.
Nous avons vu que de nombreux scientifiques ont bon espoir de voir un jour les hommes atteindre Mars et s’y installer. De toute évidence, la curiosité de l’être humain et sa soif de connaissance continueront de pousser des hommes et des femmes à reculer les frontières de la découverte. D’ailleurs, selon un document émanant de la NASA, le télescope spatial de Hubble a été conçu, entre autres choses, pour la “recherche d’autres mondes, d’autres galaxies et de l’origine même de l’Univers”. En outre, la NASA déclare: “Il est excitant de penser aux activités spatiales qui pointent à l’horizon du XXIe siècle et qui sont autant de défis à relever. On peut imaginer des réalisations formidables: complexes industriels en orbite, bases lunaires et expéditions sur Mars. Maintenant que nous avons franchi la porte donnant accès à l’espace, nous ne pouvons plus faire marche arrière.”
Quel est le point de vue biblique? Dieu a ordonné aux humains ‘de devenir nombreux et de remplir la terre’. (Genèse 1:28.) Il les a aussi dotés de l’intelligence et du désir insatiable d’en connaître davantage sur leur environnement: la biosphère, la stratosphère, le système solaire minuscule et les étoiles situées au-delà. Il y a trois mille ans, le roi David a écrit ce qui suit sous l’inspiration divine: “Quand je vois tes cieux, œuvre de tes doigts, la lune et les étoiles que tu as préparées, qu’est-ce que l’homme mortel pour que tu te souviennes de lui, et le fils de l’homme tiré du sol pour que tu prennes soin de lui?” — Psaume 8:3, 4.
Le télescope de Hubble nous a récemment transmis une image de la Galaxie géante M87. On a comparé cette dernière à une tache de lumière de deux mille milliards d’étoiles. Pouvez-vous vous représenter mentalement ce chiffre? À quelle distance M87 se trouve-t-elle de la Terre? À 52 millions d’années-lumière, ce qui est “relativement proche à l’échelle intergalactique”! Soyons francs! L’homme et la Terre sont vraiment bien peu de choses par rapport à l’immensité de l’Univers. Il nous est actuellement impossible de comprendre ce que Jéhovah est en train de faire dans l’espace infini et ce qu’il y fera dans l’avenir. Peu importent les ambitions que nourrit l’homme dans la conquête de l’espace, une question a été soulevée sur la Terre qui doit tout d’abord être réglée, et ce, par l’intervention de Dieu. — Révélation 16:14-16.
Une question qui doit être tranchée
La question à laquelle tous les humains sont confrontés consiste à savoir s’ils désirent être gouvernés par Dieu ou par Satan. C’est pourquoi les Témoins de Jéhovah proclament dans le monde entier que Dieu va sous peu entrer en action pour nettoyer la Terre de la méchanceté, de la corruption, de la criminalité, de la violence et de la guerre. — Marc 13:10; 2 Corinthiens 4:4.
Les astronautes qui observent la Terre depuis l’espace, à des centaines de kilomètres, sont émerveillés par la splendeur de notre planète comparable à un joyau. De là-haut, on ne voit pas les frontières politiques qui divisent l’humanité. La Terre se présente comme une belle demeure pour la famille humaine tout entière. Pourtant, ici-bas, le monde se caractérise par l’avidité, l’envie, le mensonge, l’exploitation, l’injustice, la terreur, la crainte, la criminalité et la violence. De quoi l’humanité a-t-elle donc besoin pour retrouver la voie de la sagesse?
La Bible montre que Jéhovah Dieu, le Créateur et Propriétaire de la Terre, va bientôt châtier les locataires indisciplinés et ingouvernables qui y logent. Seuls ceux qui sont vraiment humbles survivront et hériteront de la Terre. Alors seulement, nous verrons quels desseins supplémentaires Dieu nourrit à l’égard de la famille humaine obéissante. — Psaume 37:11, 29; Révélation 11:18; 16:14-16.
[Encadré, page 14]
Sauvetage de satellite
LA NASA a réussi un coup d’éclat en mai dernier quand les trois astronautes de la navette spatiale Endeavor sont sortis dans l’espace pour récupérer à la main un satellite de télécommunications de 4 tonnes en perdition. Après avoir ramené le satellite à l’intérieur de la soute de la navette, ils l’ont doté d’un nouveau lanceur, puis expédié sur une orbite située plus haut. Enfin, le satellite a été redescendu sur son orbite de travail à 35 900 kilomètres de la Terre.
[Illustrations, page 15]
1. Vue d’artiste de la station orbitale “Freedom”.
2. L’absence de pesanteur est une difficulté à laquelle les voyageurs de vols interplanétaires devront faire face.
3. La Terre vue de la Lune.
4. Vénus.
5. Mars.
[Crédits photographiques]
Photos 1-4: NASA; 5: NASA/J.P.L.
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