Le 3 octobre 1935, l’Italie envahissait l’Éthiopie, soutenant qu’il s’agissait d’“ un pays barbare pratiquant encore l’esclavage ”. Qui, en fait, se montrait barbare en la circonstance ? L’Église catholique a-​t-​elle condamné la barbarie de Mussolini ? Tandis que le pape faisait des déclarations ambiguës, ses évêques bénissaient haut et fort les troupes de leur “ patrie ”, l’Italie. Dans le livre Le Vatican à l’ère des dictateurs (angl.), Anthony Rhodes déclare à ce sujet :

¹⁵ “ Dans sa lettre pastorale datée du 19 octobre [1935], l’évêque d’Udine [Italie] écrivait : ‘ Il n’est ni approprié ni convenable que nous portions un jugement dans cette affaire. Notre devoir d’Italiens, et plus encore de chrétiens, est de contribuer à la victoire de nos armes. ’ Quant à l’évêque de Padoue, il écrivit le 21 octobre : ‘ En ces heures difficiles, nous vous demandons d’avoir foi en nos dirigeants et en nos armées. ’ Le 24 octobre, l’évêque de Crémone bénit les drapeaux de plusieurs régiments et déclara : ‘ Que Dieu bénisse ces soldats qui, sur le sol africain, vont conquérir des terres nouvelles et fertiles pour le génie italien, leur apportant ainsi la culture romaine et chrétienne ! Que cette fois encore l’Italie soit le mentor chrétien du monde tout entier ! ’ ”

¹⁶ L’Éthiopie a donc été envahie, et ce avec la bénédiction des membres du clergé catholique. L’un d’eux pouvait-​il dire, comme l’apôtre Paul, qu’il était “ pur du sang de tous les hommes ” ? — Actes 20:26.

17. Quelles souffrances l’Espagne a-​t-​elle endurées parce que les membres du clergé n’ont pas ‘ forgé leurs épées en socs ’ ?

¹⁷ Outre l’Allemagne, l’Italie et l’Éthiopie, une autre nation a été victime de la fornication de Babylone la Grande : l’Espagne. La guerre civile qui a fait rage dans ce pays de 1936 à 1939 a été provoquée, entre autres, par des mesures prises par le gouvernement démocratique pour réduire le pouvoir colossal de l’Église catholique. Pendant cette guerre, Franco, le chef fasciste catholique des forces révolutionnaires, s’est présenté lui-​même comme “ le généralissime chrétien de la croisade sainte ”, titre auquel il renonça par la suite. Des centaines de milliers d’Espagnols ont péri au cours des combats. D’autre part, selon une estimation prudente, les Nationalistes dirigés par Franco ont assassiné 40 000 membres du Front populaire, tandis que ces derniers ont tué 8 000 ecclésiastiques — moines, prêtres, religieuses et novices. Telle fut l’horreur de cette guerre civile, ce qui montre combien il est sage de suivre ce conseil de Jésus : “ Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. ” (Matthieu 26:52). Quelle infamie pour la chrétienté d’avoir pris part à un tel massacre ! Sans conteste, les membres de son clergé sont loin d’avoir ‘ forgé leurs épées en socs ’. — Isaïe 2:4.

[Encadré, page 263]

“ Les rois [...] ont commis la fornication avec elle ”

Au début du XIX^e siècle, les commerçants européens faisaient entrer en contrebande de grandes quantités d’opium en Chine. En mars 1839, les dirigeants chinois essayèrent de mettre un terme à ce commerce illégal en confisquant 20 000 caisses de cette drogue à des marchands britanniques. Cette opération créa des tensions entre la Grande-Bretagne et la Chine. Comme les relations entre les deux pays se détérioraient, des missionnaires protestants encouragèrent la Grande-Bretagne à déclarer la guerre à la Chine ; ils tinrent des propos comme ceux-ci :

“ Ces difficultés me réjouissent profondément, car je pense qu’elles sont de nature à rendre furieux le gouvernement britannique et que Dieu, dans sa puissance, pourrait bien renverser les barrières qui empêchent l’évangile du Christ de pénétrer en Chine. ” — Henrietta Shuck, missionnaire baptiste.

Finalement, la guerre éclata, conflit auquel on donne aujourd’hui le nom de guerre de l’Opium. Les missionnaires encouragèrent sans réserve la Grande-Bretagne par des commentaires de ce genre :

“ Je suis contraint de voir dans la situation actuelle, non pas tant une question relative à la vente de l’opium ou à l’Angleterre, mais le grand projet de la Providence de faire que la méchanceté de l’homme serve Son dessein miséricordieux envers la Chine en abattant la muraille qui l’isole. ” — Peter Parker, missionnaire congrégationaliste.

Un autre missionnaire congrégationaliste, Samuel Williams, ajouta : “ Le doigt de Dieu se voit dans tout ce qui est arrivé de façon remarquable. Nous ne doutons pas que Celui qui a dit qu’Il ferait venir une épée sur la terre soit venu ici pour détruire rapidement Ses ennemis et établir Son royaume. Il provoquera ruine sur ruine jusqu’à ce qu’Il ait établi le Prince de Paix. ”

À propos de l’horrible massacre de ressortissants chinois, le missionnaire J. Shuck écrivit : “ Je considère ces actions [...] comme autant de moyens utilisés par le Seigneur pour faire disparaître les immondices qui gênent le progrès de la divine Vérité. ”

Le missionnaire congrégationaliste Elijah Bridgman ajouta : “ Dieu s’est souvent servi du puissant bras séculier pour préparer la voie à Son royaume. [...] En ces moments décisifs, l’instrument est humain, mais la force est divine. Le gouverneur suprême de toutes les nations emploie l’Angleterre pour châtier et humilier la Chine. ” — Citations extraites de l’essai intitulé “ La fin et les moyens ”, de Stuart Miller, publié en anglais en 1974 dans le livre L’aventure missionnaire en Chine et en Amérique (une étude de l’université Harvard éditée par John Fairbank).