BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • 1991-2001 Dans le « creuset du malheur » (Is. 48:10) (1re partie)
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • 1991-2001 Dans le « creuset du malheur » (Is. 48:10) (1re partie)

      La guerre civile

      Dans les années 1980, des problèmes sociaux, politiques et économiques ont soulevé un vent de révolte dans toute l’Afrique de l’Ouest. Fuyant la guerre qui ravageait leur pays, des Libériens ont déferlé en Sierra Leone. La filiale a fait loger les réfugiés Témoins chez d’autres Témoins ou dans des Salles du Royaume, et les frères ont pris soin d’eux.

      Graphique, page 130

      Même si les temps étaient durs pour les réfugiés, il y avait des moments amusants. Isolde Lorenz, missionnaire depuis longtemps, raconte : « Un père avait envoyé son petit garçon réchauffer de la nourriture dans le four installé dans l’arrière-cour de la Salle du Royaume, sur le terrain du Béthel. À son retour, le garçon a dit à son père : “Il n’y aura rien à manger aujourd’hui. — Pourquoi ? a demandé le père. — Parce qu’aujourd’hui Jéhovah m’a sauvé de la gueule du lion !” Que s’était-​il passé ? En revenant avec la nourriture, le garçon avait rencontré Lobo, l’énorme mais plutôt inoffensif berger allemand du Béthel. Il avait eu la peur de sa vie ! Sans lâcher l’assiette, il avait tendu les bras le plus loin possible devant lui pour tenir le chien à distance. Bien sûr, Lobo avait pris ce geste pour une invitation à se servir. Et il s’était servi ! »

      Le 23 mars 1991, le conflit du Libéria a gagné la Sierra Leone, où il a déclenché une guerre civile qui allait durer 11 ans. La progression rapide d’un groupe rebelle appelé Front uni révolutionnaire (FUR) a fait fuir en Guinée presque toute la population de Kailahun et de Koindu. Parmi les réfugiés, il y avait environ 120 frères et sœurs. Dans le même temps, un grand nombre de Témoins du Libéria se sauvant devant les rebelles entraient en Sierra Leone.

      « Pendant des mois, nous avons vu arriver au Béthel de Freetown des groupes de frères et sœurs épuisés, amaigris et affamés, raconte Billie Cowan, coordinateur du Comité de la filiale à l’époque. Beaucoup avaient vu des atrocités indescriptibles et avaient survécu en mangeant des herbes sauvages. Nous leur avons vite donné de la nourriture et des vêtements, et nous avons pris soin des proches et des sympathisants qui les accompagnaient. Les frères et sœurs locaux ont ouvert leurs cœurs et leurs portes aux réfugiés. Les Témoins réfugiés se sont immédiatement activés dans la prédication avec les congrégations locales. Par la suite, la plupart sont repartis, mais tout le temps qu’ils ont été là, ils nous ont fortifiés ! »

      Illustrations, page 132

      La Sierra Leone a subi 11 ans de guerre civile.

      « Du réconfort et un espoir »

      Le Béthel a envoyé de la nourriture, des médicaments, des matériaux de construction, des outils et des ustensiles ménagers aux Témoins réfugiés dans les camps du sud de la Guinée. Il y avait aussi une grande quantité de vêtements donnés par la France. Un frère a écrit : « Mes enfants dansaient, chantaient et louaient Jéhovah : ils avaient de nouveaux habits pour les réunions ! » Des frères et sœurs ont dit qu’ils n’avaient jamais été aussi bien habillés !

      Mais les réfugiés n’avaient pas besoin que d’une aide matérielle. Comme Jésus l’a dit, « l’homme doit vivre, non pas de pain seul, mais de toute parole qui sort par la bouche de Jéhovah » (Mat. 4:4). La filiale a donc expédié des publications dans la région et y a organisé des assemblées de circonscription et de district. Elle y a également envoyé des pionniers et des surveillants itinérants.

      En visite à Koundou, en Guinée, le surveillant de circonscription André Baart a été invité par un responsable de camp à présenter un discours biblique devant les réfugiés. Environ 50 personnes l’ont écouté développer le thème « Réfugiez-​vous en Jéhovah », inspiré du Psaume 18. Après le discours, une femme âgée s’est levée et a dit : « Vous nous avez apporté une grande joie. Le riz ne résout pas nos problèmes, alors que la Bible nous montre comment espérer en Dieu. Merci du fond du cœur de nous avoir donné du réconfort et un espoir. »

      Quand les missionnaires William et Claudia Slaughter ont été affectés à Guékédou (Guinée), ils ont trouvé une congrégation d’une centaine de réfugiés « brûlants de l’esprit » (Rom. 12:11). « Beaucoup de jeunes hommes cherchaient à se qualifier, explique William. Si quelqu’un ne pouvait pas présenter son exposé à l’École du ministère théocratique, ils étaient entre 10 et 15 à se proposer pour le remplacer. Par groupes nombreux, ils sortaient prêcher avec ardeur. Certains de ces jeunes frères zélés sont plus tard devenus pionniers spéciaux ou surveillants itinérants. »

      Un chantier en pleine guerre

      Peu après le début de la guerre civile, les frères de Freetown ont acheté un terrain de 6 000 mètres carrés au 133, route de Wilkinson, à quelques centaines de mètres du Béthel. « Nous voulions y bâtir un nouveau Béthel, mais la guerre nous inquiétait, raconte Alfred Gunn. Comme Lloyd Barry, du Collège central, nous rendait visite à ce moment-​là, nous lui avons exprimé nos préoccupations. Il a répondu : “Si on laisse les guerres nous arrêter, on ne fera jamais rien !” Ces mots percutants nous ont donné le courage de passer à l’action. »

      Des centaines de Témoins ont participé aux travaux — plus de 50 volontaires de 12 pays étrangers, et bon nombre de frères et sœurs dévoués des congrégations d’alentour. Le chantier a démarré en mai 1991. « Les passants étaient ébahis devant les panneaux de grande qualité coulés sur place, commente Tom Ball, le surveillant du chantier. Le bâtiment à ossature métallique était très différent des constructions locales. Mais les gens étaient encore plus stupéfaits de voir des Blancs et des Noirs travailler ensemble dans l’unité et la bonne humeur. »

      Le 19 avril 1997, une joyeuse foule internationale s’est rassemblée pour l’inauguration des nouvelles installations. Un mois plus tard, au bout de cinq ans d’une guerre sanglante dans les campagnes, le FUR attaquait Freetown.

      Illustrations, page 135

      Le Béthel de Freetown : en chantier ; aujourd’hui.

      Freetown, enjeu du conflit

      Des centaines de soldats du FUR, hirsutes, un bandeau rouge autour du front, ont déferlé dans la ville, pillant, violant et tuant. « La situation était extrêmement tendue, se souvient Alfred Gunn. La plupart des missionnaires étrangers ont vite été évacués. Les derniers à partir ont été Billie et Sandra Cowan, Jimmie et Joyce Holland, et Catherine et moi.

      « Après avoir prié avec les Béthélites sierraléonais qui s’étaient portés volontaires pour rester, nous avons foncé vers le point d’évacuation. En chemin, nous avons été stoppés par une vingtaine de miliciens ivres à l’air féroce. Une fois que nous leur avons donné des revues et de l’argent, ils nous ont laissés passer. Avec plus d’un millier d’autres évacués, nous avons convergé vers un poste de contrôle fortifié, gardé par des marines américains lourdement armés. De là, nous avons été héliportés sur un navire américain au large. Un officier nous a dit plus tard que cette évacuation de civils avait été la plus grande menée par la marine américaine depuis la guerre du Vietnam. Le lendemain, nous avons pris un hélicoptère pour Conakry (Guinée), et là-bas nous avons mis en place un bureau de filiale temporaire. »

      Illustrations, page 138

      Alfred et Catherine Gunn faisaient partie des évacués.

      Les missionnaires étaient impatients d’avoir des nouvelles de Freetown. Enfin, une lettre est arrivée : « En plein chaos, nous diffusons toujours les Nouvelles du Royaume numéro 35 : “Les hommes apprendront-​ils un jour à aimer leur prochain ?” Les gens sont très réceptifs, et même des rebelles étudient avec nous. Aussi avons-​nous décidé d’intensifier notre prédication. »

      Jonathan Mbomah, qui était surveillant de circonscription, se souvient : « Nous avons même tenu une assemblée spéciale d’un jour à Freetown. Elle était si motivante spirituellement que je suis allé en tenir une aussi à Bo et à Kenema. Dans ces villes déchirées par la guerre, les frères remerciaient Jéhovah pour la merveilleuse nourriture spirituelle.

      « À la fin de 1997, nous avons tenu une assemblée de district au stade national de Freetown. Le dernier jour, des rebelles ont pénétré dans le stade et nous ont ordonné de partir. Nous les avons suppliés de nous laisser finir. Après de longs pourparlers, ils ont cédé et sont partis. Plus de 1 000 personnes ont assisté à l’assemblée, et 27 se sont fait baptiser. Plusieurs frères ont ensuite fait le périlleux voyage jusqu’à Bo pour y réentendre le programme. Ces assemblées étaient magnifiques, exaltantes ! »

      Les « diamants de la guerre »

      COMME l’a découvert la commission Vérité et Réconciliation de Sierra Leone, pendant les 11 années de guerre civile, diverses factions ont fait main basse sur les riches mines de diamants sierraléonaises pour financer leurs activités militaires. Les « diamants de la guerre » sortis du pays en contrebande ont été vendus à des marchands qui en ignoraient l’origine, ce qui a eu pour conséquence tragique de prolonger la guerre.

      Illustration pleine page, pages 140, 141
  • « Hier enfant soldat, aujourd’hui pionnier permanent »
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      « Hier enfant soldat, aujourd’hui pionnier permanent »

      Illustration, page 147

      J’AVAIS 16 ans quand des rebelles m’ont enrôlé de force. Ils m’ont fourni de la drogue et de l’alcool ; j’ai souvent combattu sous l’emprise de stupéfiants. J’ai participé à de nombreuses batailles et commis des atrocités terribles. Je le regrette profondément.

      Un jour, un Témoin âgé a prêché dans notre camp militaire. Alors que la majorité des gens redoutaient et méprisaient les rebelles, lui cherchait à nous apporter une aide spirituelle ! Il m’a invité à une réunion, et j’ai accepté. Je ne me rappelle pas ce qui a été dit à cette réunion, mais j’ai un souvenir très vif de l’accueil chaleureux que j’ai reçu.

      Au plus fort de la guerre, j’ai perdu contact avec les Témoins. Puis, grièvement blessé, j’ai été envoyé en convalescence dans une région contrôlée par les rebelles. Avant la fin de la guerre, je me suis échappé dans une zone contrôlée par l’État et j’ai suivi un programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration des combattants.

      J’avais désespérément besoin d’une aide spirituelle. J’ai assisté à des offices pentecôtistes, mais les fidèles disaient que j’étais le Satan parmi eux. J’ai donc recherché les Témoins de Jéhovah. Après les avoir trouvés, j’ai commencé à étudier et à assister aux réunions. Quand j’ai confessé mes actions méchantes aux frères, ils m’ont lu ces paroles consolantes de Jésus : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais ceux qui vont mal. [...] Je suis venu appeler, non pas des justes, mais des pécheurs » (Mat. 9:12, 13).

      Ces paroles m’ont bouleversé ! J’ai tendu mon poignard au frère avec qui j’étudiais la Bible, en disant : « Je gardais cette arme pour me protéger contre des représailles. Mais maintenant que je sais que Jéhovah et Jésus m’aiment, je n’en veux plus. »

      Les frères m’ont appris à lire et à écrire. Plus tard, je me suis fait baptiser et je suis devenu pionnier permanent. Aujourd’hui, quand je prêche à des ex-rebelles, ils me disent qu’ils me respectent parce que j’ai réformé ma vie. J’ai même enseigné la Bible à l’adjudant de mon ancienne section.

      Quand j’étais soldat, j’ai eu trois fils. Après avoir connu la vérité, j’ai voulu les aider spirituellement. À ma grande joie, deux ont été réceptifs ! À présent, l’un est proclamateur non baptisé, et l’autre, mon aîné, est pionnier auxiliaire.

  • 1991-2001 Dans le « creuset du malheur » (Is. 48:10) (2e partie)
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • 1991-2001 Dans le « creuset du malheur » (Is. 48:10) (2e partie)

      Le Béthel pris d’assaut !

      En février 1998, l’armée nationale et des troupes de l’ECOMOG (brigade de surveillance de la communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) ont lancé une attaque massive contre l’armée rebelle pour la chasser de Freetown. Hélas ! dans la violence de l’assaut, un frère a été tué par un éclat d’obus.

      Quelque 150 frères et sœurs se sont réfugiés dans les maisons de missionnaires de Kissy et de Cockerill. Pour ce qui est du Béthel, Laddie Sandy, un des deux veilleurs de nuit, raconte : « Une nuit, alors que Philip Turay et moi étions de garde, deux rebelles du FUR ont surgi en ordonnant d’ouvrir les portes vitrées de la réception. Philip et moi avons bondi pour nous mettre à couvert. Les hommes ont tiré plusieurs balles dans la serrure. Étonnamment, elle a tenu, et eux n’ont pas pensé à tirer dans les vitres. Exaspérés, ils sont partis.

      « Deux nuits plus tard, ils sont revenus avec 20 autres armés jusqu’aux dents. Nous avons aussitôt alerté la famille du Béthel et couru nous réfugier au sous-sol dans un abri convenu. Nous nous sommes cachés tous les sept dans l’obscurité, tremblants de peur, derrière deux gros barils. Les rebelles sont entrés dans le bâtiment en faisant fondre la serrure sous le feu de leurs tirs. L’un d’eux a beuglé : “Trouvez-​moi ces Témoins de Jéhovah, et tranchez-​leur la gorge !” Nous sommes restés tapis sans bruit pendant les sept heures où ils ont saccagé le bâtiment. Finalement, satisfaits de leur besogne, ils sont partis.

      « Nous avons rassemblé nos effets personnels et couru vers la maison de missionnaires de Cockerill, l’ancien Béthel, à deux pas de là. En chemin, nous avons été dépouillés par une autre bande de rebelles. Nous sommes arrivés à la maison de missionnaires très secoués, mais heureux d’être en vie. Après quelques jours de repos, nous sommes retournés au Béthel pour tout remettre en état. »

      Deux mois plus tard, une fois la ville passée sous le contrôle de l’ECOMOG, les missionnaires sont peu à peu rentrés de Guinée. Ils ne se doutaient pas que leur séjour serait bref.

      Opération « Plus rien de vivant »

      Huit mois après, en décembre 1998, au stade de Freetown, des centaines de personnes assistent tranquillement à l’assemblée de district « Le mode de vie que Dieu approuve ». Soudain, elles entendent une explosion au loin et voient un panache de fumée s’élever derrière les collines. Les rebelles sont de retour !

      Les jours suivants, la situation dans la ville s’est dégradée. Dans un petit avion affrété par le Comité de la filiale, 12 missionnaires, 8 Béthélites à l’étranger et 5 volontaires internationaux ont été évacués à Conakry. Trois jours plus tard, le 6 janvier 1999, les rebelles ont entrepris une extermination sauvage appelée opération « Plus rien de vivant ». Avec une violence terrifiante, ils ont ravagé Freetown, massacrant 6 000 civils. Ils ont coupé des bras et des jambes au hasard, enlevé des centaines d’enfants et détruit des milliers de bâtiments.

      Edward Toby, un frère très aimé, a été brutalement assassiné. Plus de 200 frères et sœurs traumatisés ont été logés soit au Béthel, soit dans la maison de Cockerill. D’autres se sont cachés chez eux. Des Témoins réfugiés dans la maison de missionnaires de Kissy, dans l’est de Freetown, avaient cruellement besoin de médicaments. Mais il était extrêmement dangereux de traverser la ville. Qui prendrait ce risque ? Laddie Sandy et Philip Turay, les intrépides veilleurs de nuit du Béthel, se sont aussitôt proposés.

      « La ville était sens dessus dessous, se souvient Philip. Les rebelles commandaient de nombreux barrages, maltraitant les gens à volonté. Un couvre-feu strict courait du milieu de l’après-midi jusqu’au milieu de la matinée, ce qui nous laissait peu de temps pour nous déplacer. Deux jours après être partis, nous sommes arrivés à la maison de Kissy : elle avait été saccagée et incendiée.

      « En inspectant les environs, nous avons trouvé un de nos frères, Andrew Caulker, horriblement blessé à la tête. Les rebelles l’avaient ligoté et frappé plusieurs fois avec une hache. Par miracle, il n’était pas mort et avait réussi à s’échapper. Nous l’avons emmené d’urgence à l’hôpital, où il s’est remis petit à petit. Plus tard, ce frère est devenu pionnier permanent. »

      Illustration, page 143

      (De gauche à droite) Laddie Sandy, Andrew Caulker, Philip Turay.

      D’autres Témoins ont échappé à la mort ou aux blessures grâce à leur réputation de neutralité. Un frère raconte : « Les rebelles nous ont ordonné de mettre des bandanas blancs et de danser dans la rue pour soutenir leur cause. “Si vous refusez, on vous coupe un bras ou une jambe, ou on vous tue”, menaçaient-​ils. Terrifiés, ma femme et moi nous sommes écartés, en priant silencieusement Jéhovah. Voyant notre situation, un jeune voisin qui collaborait avec les rebelles a dit à leur commandant : “Lui, c’est notre ‘frère’. Il ne fait pas de politique, alors on va danser à sa place.” Satisfait, le commandant a tourné les talons, et nous nous sommes précipités chez nous. »

      Lorsqu’un calme sinistre s’est finalement installé sur la ville, les frères et sœurs ont prudemment repris les réunions et la prédication. Aux barrages, ils se faisaient reconnaître en portant leur badge d’assemblée. Ils sont devenus experts dans l’art d’engager des conversations bibliques dans les longues files d’attente.

      Comme on manquait de tout à Freetown, la filiale britannique a expédié aux frères 200 cartons de produits de secours. Billie Cowan et Alan Jones ont pris un vol de Conakry à Freetown pour y réceptionner la cargaison et lui faire franchir les barrages routiers. Ils sont arrivés au Béthel juste avant le couvre-feu. James Koroma a fait plusieurs voyages à Conakry pour en rapporter des publications et d’autres fournitures essentielles. On a fait parvenir une partie de cette nourriture spirituelle à des frères et sœurs isolés à Bo et à Kenema.

      Illustration, page 145

      Arrivée de la cargaison humanitaire à Freetown.

      Le 9 août 1999, les missionnaires qui étaient à Conakry ont commencé à rentrer à Freetown. L’année suivante, un corps expéditionnaire britannique a chassé les rebelles de la capitale. Il y a encore eu quelques combats sporadiques pendant un temps, mais en janvier 2002, la guerre a officiellement pris fin. En 11 ans, le conflit avait fait 50 000 morts, 20 000 mutilés et 1,2 million de déplacés, et détruit 300 000 habitations.

      Qu’en était-​il de l’organisation de Jéhovah ? À l’évidence, Jéhovah l’avait protégée et bénie. Environ 700 personnes s’étaient fait baptiser pendant la guerre. En Sierra Leone, bien que des centaines de Témoins aient fui la zone des combats, le nombre des proclamateurs avait augmenté de 50 pour cent. En Guinée, ce nombre s’était accru de plus de 300 pour cent ! Plus important encore, les Témoins étaient restés intègres. Dans le « creuset du malheur », ils avaient manifesté un amour et une unité inébranlables, et avaient « continu[é] sans arrêt à enseigner et à annoncer la bonne nouvelle » (Is. 48:10, Bible du Semeur ; Actes 5:42).

  • « Nous avons échappé aux rebelles »
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      « Nous avons échappé aux rebelles »

      Andrew Baun

      • NAISSANCE 1961

      • BAPTÊME 1988

      • EN BREF Pionnier permanent à Pendembu (province de l’Est, Sierra Leone) au moment où la guerre a éclaté en 1991.

      Illustration, page 148

      UN APRÈS-MIDI, des rebelles ont envahi notre ville et ont tiré des coups de feu en l’air pendant environ deux heures. Certains étaient de jeunes adolescents qui peinaient à porter leurs armes. Ils étaient crasseux, échevelés et manifestement sous l’influence de la drogue.

      Le lendemain, la tuerie a commencé. Les rebelles ont sauvagement mutilé ou exécuté des habitants, violé des femmes. C’était épouvantable. Frère Amara Babawo avec sa famille et quatre sympathisants se sont réfugiés chez moi. Nous étions terrifiés.

      Un commandant rebelle a surgi et nous a ordonné de nous présenter le lendemain matin à l’entraînement militaire. Mais nous étions déterminés à rester neutres, même si cela signifiait la mort. Nous avons prié presque toute la nuit. Levés tôt, nous avons examiné le texte du jour, puis attendu l’arrivée des rebelles. Ils ne sont jamais venus.

      « Vous lisez le texte du jour. Vous devez être Témoins de Jéhovah. »

      Plus tard, un officier rebelle et quatre de ses hommes ont réquisitionné ma maison. Comme ils nous ont dit de rester, nous avons continué de tenir normalement des réunions et d’examiner le texte du jour chez nous. « Vous lisez le texte du jour, ont observé des soldats. Vous devez être Témoins de Jéhovah. » La Bible ne les intéressait pas, mais ils nous respectaient.

      Un jour, un commandant en chef est venu inspecter la troupe qui cantonnait chez moi. Il a fait le salut militaire à frère Babawo et lui a serré la main. S’adressant aux soldats, il a aboyé : « Cet homme est mon patron et le vôtre. Si vous touchez à un seul cheveu de sa tête ou de la tête de ceux qui sont avec lui, vous aurez des ennuis. C’est compris ? — Oui, chef ! » ont répondu les soldats. Puis le commandant nous a donné une lettre ordonnant au Front uni révolutionnaire de ne pas nous faire de mal parce que nous étions des citoyens paisibles.

      Quelques mois plus tard, un conflit ayant éclaté entre des factions, nous avons fui au Libéria. Là, nous avons été menacés par un autre groupe de rebelles. « Nous sommes Témoins de Jéhovah, avons-​nous déclaré. — Alors, que dit Jean 3:16 ? » a demandé un soldat. Nous lui avons récité le verset, et il nous a laissés partir.

      Plus tard encore, nous avons rencontré un autre commandant, qui a ordonné à frère Babawo et à moi de le suivre — nous avions peur pour nos vies. En fait, le rebelle nous a dit qu’il avait étudié avec les Témoins avant la guerre. Il nous a donné de l’argent et a accepté de porter une lettre de notre part aux frères d’une congrégation proche. Peu après, deux frères sont arrivés avec des fournitures de secours et nous ont conduits en lieu sûr.

  • « L’Homme à La Tour de Garde »
    Annuaire 2014 des Témoins de Jéhovah
    • SIERRA LEONE ET GUINÉE

      « L’Homme à La Tour de Garde »

      James Koroma

      • NAISSANCE 1966

      • BAPTÊME 1990

      • EN BREF A servi de coursier pendant la guerre civile.

      Illustration, page 150

      EN 1997, alors que les armées rebelles et gouvernementales se battaient dans la capitale, je me suis porté volontaire pour acheminer du courrier entre Freetown et la filiale temporaire, à Conakry (Guinée).

      À la gare routière, je suis monté dans un car avec d’autres hommes. Des coups de feu résonnaient dans le lointain ; ça nous glaçait d’effroi. Alors que nous traversions la ville, une fusillade a crépité autour de nous. Le chauffeur a fait marche arrière et a pris un autre chemin. Peu après, nous avons été stoppés par des rebelles armés qui nous ont fait sortir du véhicule. Ils nous ont interrogés, puis laissés passer. Plus tard, d’autres soldats nous ont arrêtés. Comme un passager connaissait leur chef, eux aussi nous ont laissés passer. À la sortie de la ville, nous sommes tombés sur un troisième groupe de rebelles, qui nous ont interrogés, puis nous ont ordonné de circuler. En roulant vers le nord, nous avons franchi bien d’autres barrages. En début de soirée, notre véhicule poussiéreux entrait enfin à Conakry.

      Lors d’autres trajets, j’ai transporté des cartons de publications, du matériel de bureau, des documents de la filiale et des fournitures de secours. Je voyageais surtout en voiture et en minibus. Mais j’ai aussi recouru à des porteurs ou au canoë pour charrier des publications à travers la forêt et les rivières.

      Une fois, le minibus que j’avais pris pour apporter du matériel de Freetown à Conakry a été arrêté à la frontière par des rebelles. L’un d’eux, ayant repéré mon bagage, s’est mis à m’interroger d’un air soupçonneux. Juste à ce moment, j’ai vu parmi les rebelles un ex-camarade d’école : les soldats l’appelaient « Dur à Cuire » et c’était le plus effrayant de la bande. J’ai répondu au soldat inquisiteur : « Je suis venu voir Dur à Cuire », et j’ai interpellé mon ancien camarade. Me reconnaissant aussitôt, Dur à Cuire a accouru vers moi. Nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre en riant. Puis il est redevenu sérieux :

      « Tu as des problèmes ? a-​t-​il demandé.

      — J’essaie de passer en Guinée », ai-​je répondu.

      Sur ce, Dur à Cuire a ordonné aux soldats de laisser passer le minibus sans l’inspecter.

      À partir de ce jour, chaque fois que je m’arrêtais à ce barrage, Dur à Cuire ordonnait qu’on me laisse passer. Je donnais des revues aux soldats, qui les appréciaient beaucoup. Ils n’ont pas tardé à me surnommer « l’Homme à La Tour de Garde ».

Publications françaises (1950-2025)
Se déconnecter
Se connecter
  • Français
  • Partager
  • Préférences
  • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
  • Conditions d’utilisation
  • Règles de confidentialité
  • Paramètres de confidentialité
  • JW.ORG
  • Se connecter
Partager