‘ Les mutations les plus profondes ’

“ Le XX^e siècle est celui qui, dans l’histoire de l’humanité, aura été témoin des mutations les plus profondes. ” — The Times Atlas of the 20th Century.

EN ANALYSANT les événements de notre siècle, beaucoup souscriront certainement à ces propos de Walter Isaacson, rédacteur en chef de la revue Time : “ Notre siècle aura été l’un des plus stupéfiants : un siècle intéressant, horrifiant parfois, mais toujours fascinant. ”

Pareillement, Gro Harlem Brundtland, ancien Premier ministre norvégien, explique que le XX^e siècle a été appelé “ le siècle des extrêmes, (...) un siècle où les vices de l’homme ont atteint des profondeurs insondables ”. Elle en parle comme d’“ un siècle de grand progrès [et, en certains endroits,] de croissance économique sans précédent ”. Hélas ! les régions urbaines déshéritées ne peuvent guère s’attendre qu’à “ la surpopulation et à une forte prévalence de la maladie, conséquence de la pauvreté et de l’insalubrité ”.

Bouleversements politiques

Au début du XX^e siècle, la dynastie mandchoue, l’Empire ottoman et quelques empires européens se partageaient une grande partie du monde. L’Empire britannique régnait à lui seul sur un quart du globe et de la population mondiale. Or tous ces empires n’existent plus, depuis longtemps, que dans les livres d’histoire. “ En 1945, dit le Times Atlas, l’âge de l’impérialisme avait trépassé. ”

La mort du colonialisme a permis au vent de nationalisme qui a soufflé sur l’Europe entre les XVII^e et XIX^e siècles d’atteindre d’autres régions du globe. On lit dans la New Encyclopædia Britannica : “ Après la Seconde Guerre mondiale, la ferveur nationaliste s’est refroidie dans de nombreux pays d’Europe [...]. L’Asie et l’Afrique, par contre, ont assisté à une montée rapide du nationalisme, principalement dictée par un refus du colonialisme. ” C’était, écrit Le grand livre de l’histoire du monde, “ l’irruption [...] du tiers monde dans l’histoire [et la fin d’]un cycle historique : celui initié cinq siècles auparavant, à l’aube de l’expansion européenne ”.

De l’écroulement des empires sont nées des nations indépendantes, dont beaucoup d’États s’inspirant du modèle démocratique. La démocratie a souvent rencontré une vive opposition, comme de la part de puissants États totalitaires en Europe et en Asie durant la Seconde Guerre mondiale. Ces régimes restreignaient la liberté individuelle et avaient la mainmise sur l’économie, les médias et l’armée. Leurs efforts pour s’assurer la domination du monde ont finalement été stoppés, mais après un effroyable gâchis d’argent et de vies humaines.

Un siècle guerrier

C’est principalement la guerre qui aura distingué le XX^e siècle du reste de l’Histoire. À propos de la Première Guerre mondiale, l’historien allemand Guido Knopp écrit : “ 1^er août 1914 : personne ne se doutait que le XIX^e siècle, qui avait offert à l’Europe une longue période de paix, s’achèverait ce jour-​là. Et personne ne s’est rendu compte que le XX^e siècle n’avait réellement débuté qu’à cette date, par 30 années de guerre qui allaient montrer ce que les hommes sont capables de faire à d’autres hommes. ”

Hugh Brogan, professeur d’histoire, rappelle que “ les répercussions de cette guerre sur les États-Unis ont été immenses, effroyables, et qu’elles sont toujours perceptibles [en 1998] ”. Akira Iriye, professeur d’histoire à Harvard, a écrit : “ La Première Guerre mondiale a été sous de nombreux rapports un jalon dans l’histoire de l’Extrême-Orient et des États-Unis. ”

On comprend donc que, pour la Britannica, la Première et la Seconde Guerre mondiale aient été “ les tournants de l’histoire géopolitique du XX^e siècle ”. “ La Première Guerre mondiale a entraîné la chute de quatre grandes dynasties impériales [...], a provoqué en Russie la révolution bolchevique et [...] a jeté les bases de la Seconde Guerre mondiale ”, relève-​t-​on dans l’encyclopédie, qui précise que ces deux guerres ont été pour ainsi dire “ sans précédent dans leur carnage et leurs destructions ”. De même, Guido Knopp dit : “ La cruauté et la sauvagerie humaines ont dépassé ce que l’on pouvait imaginer de pire. Dans les tranchées [...] est née une époque où les hommes ne seraient plus considérés comme des individus, mais comme du matériel. ”

Pour éviter que n’éclatent de nouveaux conflits de ce genre, on a formé en 1919 la Société des Nations. Incapable d’assumer son rôle de gardienne de la paix mondiale, elle a été remplacée par les Nations unies. Bien qu’elles aient réussi à empêcher une troisième guerre mondiale, les Nations unies n’ont pu empêcher la guerre froide qui, pendant plusieurs dizaines d’années, a menacé de dégénérer en un conflit nucléaire. Elles n’ont pas non plus réussi à empêcher les conflits régionaux qui ont éclaté partout dans le monde, comme dans les Balkans.

L’augmentation du nombre des pays s’est accompagnée d’un accroissement de la difficulté à préserver la paix entre eux. Une comparaison entre la carte du monde d’avant 1914 et celle d’aujourd’hui révèle que 51 États d’Afrique et 44 d’Asie n’existaient pas au début du siècle. Des 185 États membres que regroupent actuellement les Nations unies, 116 n’existaient pas en tant qu’États indépendants lors de sa fondation, en 1945.

“ Un des spectacles les plus saisissants ”

À la fin du XIX^e siècle, l’Empire russe était la plus grande puissance militaire terrestre du monde. Mais son autorité déclinait rapidement. Selon l’auteur Geoffrey Ponton, beaucoup pensaient qu’“ une révolution, et non une réforme, s’imposait ”. Il ajoute : “ Mais il fallut une grande guerre, la Première Guerre mondiale, et le chaos qu’elle provoqua pour que survienne, de façon soudaine, une vraie révolution. ”

La prise du pouvoir en Russie par les bolcheviks jeta le fondement d’un nouvel empire, le bloc communiste, placé sous la houlette de l’Union soviétique. Bien que né lors d’un conflit planétaire, l’Empire soviétique n’a pas expiré dans le fracas des armes. Dans son livre La chute du Grand Frère (angl.), Michael Dobbs affirme qu’à la fin des années 70 l’Union soviétique était “ un vaste empire multinational qui sombrait déjà dans un état de décrépitude irréversible ”.

Reste que la chute de l’Union soviétique a été soudaine. “ Son effondrement a été plus rapide que tous les autres bouleversements majeurs de l’histoire européenne ”, écrit Norman Davies dans son Histoire de l’Europe (angl.), en précisant qu’“ il s’agissait d’une mort naturelle ”. Comme le dit M. Ponton, “ la naissance, l’essor et l’effondrement de l’Union soviétique [auront été] un des spectacles les plus saisissants du XX^e siècle ”.

À vrai dire, la chute de l’Union soviétique n’est qu’un des nombreux bouleversements qui ont marqué notre siècle. Bien entendu, les retournements politiques n’ont rien de nouveau. Il s’en produit depuis des milliers d’années.

Cependant, notre siècle a été témoin d’un changement politique autrement plus important. Nous y reviendrons et verrons en quoi chacun de nous est concerné.

Faisons auparavant une brève rétrospective des réalisations de la science au XX^e siècle. À ce sujet, le professeur Michael Howard a dit : “ L’Europe occidentale et l’Amérique du Nord semblaient avoir toutes les raisons de saluer le XX^e siècle comme l’aube d’une époque nouvelle et plus heureuse dans l’histoire de l’humanité. ” Le progrès scientifique allait-​il rendre la vie plus belle ?

[Illustrations, pages 2-7]

(Voir la publication)

1901

La reine Victoria meurt, après 64 ans de règne.

Le monde compte 1,6 milliard d’habitants.

1914

L’archiduc François-Ferdinand d’Autriche est assassiné. La Première Guerre mondiale éclate.

Le dernier tsar, Nicolas II, avec sa famille.

1917

Lénine engage la Russie dans la révolution.

1919

Création de la Société des Nations.

1929

Les cours de la bourse américaine s’effondrent. La crise économique débute.

Gandhi poursuit son combat pour l’indépendance de l’Inde.

1939

Adolf Hitler envahit la Pologne. La Seconde Guerre mondiale commence.

Winston Churchill devient Premier ministre de Grande-Bretagne (1940).

L’Holocauste.

1941

Les Japonais bombardent Pearl Harbor.

1945

Les États-Unis lâchent des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. La Seconde Guerre mondiale prend fin.

1946

Première réunion de l’assemblée générale des Nations unies.

1949

Mao Tsê-tung proclame la République populaire de Chine.

1960

Naissance de 17 pays d’Afrique.

1975

La guerre du Viêt Nam prend fin.

1989

Le communisme vacille, le mur de Berlin tombe.

1991

L’Union soviétique implose.

À la recherche d’une existence agréable

“ Les progrès scientifiques et techniques de ce XX^e siècle ont transformé la vie quotidienne de nombreuses personnes. ” — The Oxford History of the Twentieth Century.

L’UN des grands changements intervenus à notre époque touche à la démographie. Jamais en un siècle la population mondiale n’a autant augmenté. Nous étions 1 milliard au début du XIX^e siècle, 1,6 milliard en 1900, mais 6 milliards en 1999. Parmi ce flot grossissant d’humains, de plus en plus aspirent à un niveau de vie élevé.

Les progrès de la médecine et un plus grand accès aux soins ont contribué à cet accroissement démographique. En Allemagne, en Australie, aux États-Unis, au Japon et ailleurs, l’espérance de vie à la naissance, inférieure à 50 ans au début du siècle, a aujourd’hui largement dépassé les 70 ans. Toutefois, cette amélioration n’est pas aussi nette partout : dans au moins 25 pays l’espérance de vie n’est encore que de 50 ans ou moins.

“ Et avant, comment faisiez-​vous ? ”

Parfois, les jeunes n’arrivent pas à comprendre comment leurs ancêtres ont pu vivre sans avions, sans ordinateurs et sans postes de télévision — choses jugées aujourd’hui ordinaires par le grand nombre et tenues pour indispensables dans les pays riches. Voyez par exemple comment l’automobile a changé notre vie. Bien que née à la fin du XIX^e siècle, elle est, selon Time, “ une des inventions qui aura caractérisé le XX^e siècle du début à la fin ”.

On a calculé en 1975 qu’un dixième de la population active d’Europe se retrouverait sans travail si les véhicules à moteur disparaissaient subitement. Outre les répercussions évidentes sur l’industrie automobile elle-​même, les banques, les restaurants drive-in, les centres commerciaux et autres établissements dépendants d’une clientèle mobile fermeraient leurs portes. Les agriculteurs seraient privés du moyen d’acheminer leurs produits, si bien que les systèmes de distribution alimentaire s’enrayeraient peu à peu. Les banlieusards ne pourraient plus occuper leur emploi en ville, et les voies express qui quadrillent le paysage cesseraient d’être utilisées.

Pour accroître la production automobile et réduire les coûts, on a lancé au début du siècle les chaînes de montage, aujourd’hui courantes dans la plupart des secteurs industriels (les chaînes de montage ont permis la production en série d’autres biens, comme les appareils ménagers). Au début du siècle joujou des riches dans quelques pays, la voiture sans chevaux est devenue le moyen de transport de Monsieur Tout-​le-​Monde dans de nombreux pays. Comme le dit un auteur, “ la vie, en cette fin de XX^e siècle, est presque inconcevable sans véhicules à moteur ”.

Une société tournée vers les plaisirs

Voyager signifiait autrefois aller où l’on devait aller. Cette définition a changé au XX^e siècle, surtout dans les pays développés. Avec la multiplication des emplois bien rémunérés et la réduction de la semaine de travail à 40 heures ou moins, on avait à présent les moyens et le temps de voyager. Voyager, c’était maintenant aller où l’on voulait aller. Avec la voiture, l’autocar et l’avion, il était désormais plus facile de partir se détendre au loin. Le tourisme de masse allait devenir un marché énorme.

Selon le Times Atlas of the 20th Century, le tourisme “ a eu un retentissement considérable, tant sur les pays ‘ cibles ’ que sur les pays ‘ sources ’ ”. Ce retentissement n’est pas toujours bon. Très souvent les touristes contribuent à la destruction des choses mêmes qu’ils sont venus admirer.

On avait également davantage de temps à consacrer au sport. Beaucoup ont enfilé la tenue, d’autres sont devenus les ardents (et parfois turbulents) supporters d’une équipe ou d’un sportif. Avec la télévision, presque tout le monde pouvait maintenant suivre les événements sportifs. Des centaines de millions d’aficionados s’installaient devant leur poste pour suivre les compétitions nationales ou internationales.

“ Le sport et les films ont établi les contours de l’industrie des loisirs de masse, devenue aujourd’hui un des secteurs qui emploient le plus de monde et dégage le plus de profits ”, dit le Times Atlas. Chaque année, les gens dépensent des milliards de francs français en divertissements. Le jeu, par exemple, est très prisé. Selon une étude réalisée en 1991, il était le 12^e marché en importance dans la Communauté européenne, avec un chiffre d’affaires annuel d’au moins 350 milliards de francs français.

Ces divertissements devenant ordinaires, on a commencé à rechercher des sensations nouvelles. Tant de gens se sont tournés vers la drogue qu’au milieu des années 90 le marché des stupéfiants représentait 500 milliards de dollars par an, ce qui en faisait “ le secteur commercial le plus lucratif du monde ”.

“ S’amuser à en mourir ”

La technologie a fait du monde un village. Les changements politiques, économiques ou culturels ont maintenant une influence presque instantanée sur le monde entier. “ Il y a eu, bien sûr, d’autres générations qui ont vécu des bouleversements historiques ”, écrivait en 1970 le professeur Alvin Toffler dans Le choc du futur. “ Mais, ajoutait-​il, ces chocs et ces convulsions ne dépassaient pas les frontières d’une société ou d’un groupe de sociétés limitrophes, et il fallait des générations, des siècles même, pour que leur impact se diffusât au-delà. [...] Aujourd’hui, le réseau des liens sociaux est si serré que les conséquences d’un événement se répandent instantanément dans le monde entier. ” La télévision par satellite et l’Internet exercent eux aussi une influence sur le monde entier.

Pour certains, la télévision aura été le media le plus influent du XX^e siècle. “ On évalue la qualité des programmes, mais le pouvoir de la télévision, lui, ne suscite aucun débat ”, constate un auteur. La télévision n’est pas meilleure que ceux qui la font. Elle peut donc exercer une bonne comme une mauvaise influence. Et s’ils satisfont les goûts de certains, les programmes creux qui font la part belle à la violence et à l’immoralité n’ont pas favorisé les relations humaines ; très souvent, ils y ont nui.

Dans son livre S’amuser à en mourir (angl.), Neil Postman mentionne un autre danger : “ Le problème n’est pas que la télévision nous offre des thèmes divertissants, mais que tous les thèmes proposés se veulent divertissants [...]. Quoi qu’on nous serve, et sous quelque angle que ce soit, nous nous disons que c’est pour notre amusement et notre plaisir. ”

Les gens mettant davantage l’accent sur les plaisirs, la moralité et les valeurs spirituelles se sont effondrées. “ En de nombreux endroits du monde, la religion traditionnelle a perdu de son pouvoir au XX^e siècle ”, constate le Times Atlas of the 20th Century. Tandis que la spiritualité déclinait, les plaisirs sont devenus une passion que leur valeur est loin de justifier.

“ Tout ce qui brille ... ”

Le XX^e siècle a été témoin de nombreuses mutations bénéfiques. Cependant, comme dit le proverbe, “ tout ce qui brille n’est pas or ”. Si l’espérance de vie a progressé, la croissance démographique mondiale crée des problèmes nouveaux et gigantesques. “ L’accroissement démographique pourrait être la plus grosse urgence qu’il nous faille traiter à l’aube de ce nouveau millénaire ”, fait observer la revue National Geographic.

Si l’automobile est une invention utile et agréable, elle est aussi mortelle, comme le prouvent les 250 000 morts qu’elle ferait chaque année dans le monde. De plus, c’est une grande source de pollution. “ L’impact [de la pollution] est devenu global, lit-​on dans 5 000 jours pour sauver la planète : il détruit ou sape la viabilité de nos écosystèmes d’un pôle à l’autre. ” Et les auteurs d’ajouter : “ Ce qui semble inquiétant, c’est la possibilité que nous ayons dépassé le stade d’un simple endommagement des écosystèmes et que nous soyons en train de détruire les processus mêmes qui confèrent à la Terre une situation adéquate pour entretenir des formes plus élevées de vie. ”

Au XX^e siècle, la pollution, pour ainsi dire inconnue jusqu’alors, est devenue un vrai problème. “ Jusqu’à un passé récent, personne ne croyait que les activités humaines puissent avoir des répercussions sur la planète tout entière, dit National Geographic. Certains scientifiques pensent que c’est aujourd’hui le cas, pour la première fois dans les annales de l’Histoire. ” Suit cet avertissement : “ Les répercussions de l’activité humaine mondiale sont telles qu’un grand nombre d’espèces pourraient disparaître en l’espace d’une seule génération. ”

Incontestablement, le XX^e siècle aura été un siècle à part. En une époque où les possibilités d’agrément n’ont jamais été aussi nombreuses, c’est la vie elle-​même qui est menacée.

[Illustrations, pages 8, 9]

(Voir la publication)

1901

Marconi envoie le premier signal radio transatlantique.

1905

Einstein énonce sa fameuse théorie de la relativité.

1913

Ford inaugure sa chaîne de montage pour l’assemblage du modèle T.

1941

La télévision commerciale est née.

1969

L’homme marche sur la Lune.

Le tourisme de masse devient un marché énorme.

L’Internet connaît un développement fulgurant.

1999

La population mondiale atteint la barre des six milliards.

Un bouleversement bénéfique

“ En 1900, le monde était au seuil d’une des plus remarquables périodes de mutations dans l’histoire de l’humanité. Un nouvel ordre naissait. ” — The Times Atlas of the 20th Century.

AU DÉBUT du XX^e siècle, “ le monde est entré dans une ère d’agitation et de violence rares ”, dit l’ouvrage précité. Notre siècle allait être témoin de plus de guerres que n’importe quel autre, des guerres qui allaient faire plus de 100 millions de morts.

Au XX^e siècle, les conflits armés ont tué plus de civils que jamais auparavant. Lors de la Première Guerre mondiale, 15 % des tués étaient des civils. Mais, lors de la Seconde Guerre mondiale, les pertes civiles ont dépassé dans certains pays les pertes militaires. Et la majorité des millions de victimes que les guerres ont faites depuis sont elles aussi des civils. Toute cette violence réalise la prophétie biblique du cavalier monté sur “ un cheval couleur de feu ”, à qui “ on a accordé d’ôter la paix de la terre ”. — Révélation 6:3, 4 ; Matthieu 24:3-7.

Changement de valeurs

Par ailleurs, le XX^e siècle a accompli la prophétie de 2 Timothée 3:1-5, qui dit : “ Dans les derniers jours des temps critiques, difficiles à supporter, seront là. Car les hommes seront amis d’eux-​mêmes, amis de l’argent, arrogants, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissants à l’égard de leurs parents, ingrats, sans fidélité, sans affection naturelle, sans esprit d’entente, calomniateurs, sans maîtrise de soi, cruels, sans amour du bien, traîtres, entêtés, gonflés d’orgueil, amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu, ayant une forme d’attachement à Dieu, mais trahissant sa puissance. ”

Avec leurs défauts innés, les humains ont toujours plus ou moins manifesté ces traits. Mais, au XX^e siècle, ces états d’esprit se sont renforcés et répandus. Les individus qui se conduisaient de la sorte étaient autrefois jugés antisociaux, sinon franchement nuisibles. Or, aujourd’hui, même parmi ceux qui ‘ ont une forme d’attachement à Dieu ’, de plus en plus les trouvent normaux.

Il fut un temps où, pour les personnes religieuses, le concubinage était impensable. Il était honteux d’être mère célibataire ou homosexuel. Pour la plupart des gens, l’avortement et le divorce étaient inimaginables. La malhonnêteté en affaires était jugée répréhensible. Mais aujourd’hui, comme le dit une source, “ tout est permis ”. Pourquoi ? Entre autres choses parce que “ cela arrange ceux qui n’aiment pas qu’on leur dise ce qu’ils ne doivent pas faire ”.

Cet abandon de la moralité a engendré une évolution des priorités. “ En 1900, explique le Times Atlas, l’argent n’intervenait pas dans le jugement que les pays et les individus portaient sur eux-​mêmes. [...] En cette fin de siècle, les pays jugent de leur succès en termes presque exclusivement économiques. [...] Une évolution semblable s’est produite dans la manière dont les gens considèrent la richesse. ” Aujourd’hui, l’omniprésence du jeu encourage l’amour de l’argent, tandis que la radio, la télévision, le cinéma et les vidéocassettes poussent au matérialisme. Même les jeux télévisés et les concours publicitaires véhiculent l’idée que l’argent est, sinon tout, du moins presque tout.

Ensemble, mais loin les uns des autres

Alors qu’au début du XX^e siècle la plupart des gens vivaient à la campagne, au début du XXI^e siècle plus de la moitié de la population devrait être citadine. “ Procurer un niveau de vie décent aux citadins actuels — sans parler des futures générations —, c’est là une tâche qui pose des problèmes apparemment insolubles ”, lit-​on dans 5 000 jours pour sauver la planète. De son côté, la revue onusienne World Health fait observer : “ La proportion de la population citadine mondiale augmente de façon vertigineuse. [...] Des centaines de millions de personnes [...] vivent aujourd’hui dans des conditions préjudiciables à leur santé, sinon franchement dangereuses. ”

Le paradoxe, c’est que, tout en nous regroupant dans les villes, nous nous éloignons les uns des autres. La télévision, le téléphone, l’Internet et les achats électroniques, quoiqu’utiles, nous privent de contacts humains. D’où la conclusion de la Berliner Zeitung : “ Le XX^e siècle n’est pas seulement le siècle de la surpopulation. C’est aussi celui de la solitude. ”

Il en résulte des drames, comme celui de ce Hambourgeois retrouvé chez lui mort depuis cinq ans. “ Il n’avait manqué à personne, ni à sa famille, ni à ses voisins, ni à l’administration ”, écrit Der Spiegel, qui ajoute : “ Pour de nombreux citoyens, c’est un symbole de l’effroyable anonymat quotidien et de l’absence de contacts humains dans les grandes villes. ”

La science et la technologie ne sont pas seules responsables de cette situation déplorable. Les premiers fautifs sont les individus. Ce siècle a produit plus qu’aucun autre des hommes “ amis d’eux-​mêmes, amis de l’argent, [...] ingrats, [...] sans affection naturelle, sans esprit d’entente, [...] sans amour du bien, [...] amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu ”. — 2 Timothée 3:1-5.

1914, une année décisive

Selon Winston Churchill, “ l’aurore du XX^e siècle semblait calme et prometteuse ”. Beaucoup se croyaient au seuil d’une ère de paix et de prospérité sans précédent. Toutefois, la Tour de Garde du 1^er septembre 1905 écrivait : “ D’ici peu, la guerre va revenir. ” Elle précisait qu’un “ grand cataclysme ” débuterait en 1914.

En fait, dès 1879, cette publication avait présenté 1914 comme une date importante. Par la suite, elle a expliqué que les prophéties du livre biblique de Daniel désignaient 1914 comme le temps de l’établissement du Royaume de Dieu dans les cieux (Matthieu 6:10). S’il ne devait pas prendre entièrement en main les affaires de la terre en 1914, c’est cette année-​là que le Royaume devait commencer à régner.

La Bible annonçait : “ Aux jours de ces rois-​là [ceux de notre époque], le Dieu du ciel établira un royaume [dans les cieux] qui ne sera jamais supprimé. ” (Daniel 2:44). Ce Royaume, dont Christ est le Roi, a commencé à rassembler ici-bas des humains attachés à Dieu qui désiraient être ses sujets. — Isaïe 2:2-4 ; Matthieu 24:14 ; Révélation 7:9-15.

Parallèlement à ce qui s’est passé dans les cieux, 1914 a vu le début des “ derniers jours ”, une période qui prendrait fin avec la destruction du système de choses actuel. Jésus a prédit que le début de cette période serait marqué par des guerres mondiales, des disettes, des épidémies, des tremblements de terre dévastateurs, ainsi qu’un accroissement de l’illégalité et un refroidissement de l’amour pour Dieu et pour le prochain. Toutes ces choses, a-​t-​il dit, seraient “ un commencement de douleurs ”. — Matthieu 24:3-12.

Bientôt, un monde entièrement nouveau

Voilà 85 ans que “ les derniers jours ” ont commencé, et nous approchons rapidement de la fin de l’insatisfaisant système de choses actuel. Bientôt, le Royaume de Dieu, sous la direction de Christ, “ broiera tous ces royaumes [ceux de notre époque] et y mettra fin, et lui-​même subsistera pour des temps indéfinis ”. — Daniel 2:44 ; 2 Pierre 3:10-13.

Oui, Dieu va éliminer la méchanceté de la terre et faire entrer les justes dans un monde entièrement nouveau. “ Les hommes droits sont ceux qui résideront sur la terre, et les hommes intègres sont ceux qui y resteront. Quant aux méchants, ils seront retranchés de la terre. ” — Proverbes 2:21, 22.

Voilà un message on ne peut plus réjouissant, un message qui mérite d’être prêché sur les toits ! Le Royaume de Dieu va bientôt résoudre les problèmes que le XX^e siècle n’a fait qu’accentuer : la guerre, la pauvreté, la maladie, l’injustice, la haine, l’intolérance, le chômage, la criminalité, l’affliction et la mort. — Voir Psaumes 37:10, 11 ; 46:8, 9 ; 72:12-14, 16 ; Isaïe 2:4 ; 11:3-5 ; 25:6, 8 ; 33:24 ; 65:21-23 ; Jean 5:28, 29 ; Révélation 21:3, 4.

Aimeriez-​vous vivre à jamais dans un monde de justice et de bonheur ? Demandez aux Témoins de Jéhovah de vous fournir plus de détails sur la question. Ils vous montreront, dans votre propre exemplaire de la Bible, que les années critiques de changement qui ont marqué le XX^e siècle prendront bientôt fin et que vous pourrez alors connaître des bénédictions éternelles.