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Des jeunes qui ont “la puissance qui excède la puissance normale”Réveillez-vous ! 1994 | 22 mai
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Des jeunes qui ont “la puissance qui excède la puissance normale”
VOUS êtes jeune. Seulement 12 ans. Vous avez une famille que vous aimez et des camarades d’école avec qui vous vous entendez bien. Vous faites des sorties à la plage et à la montagne. Quand vous levez les yeux vers un ciel constellé, vous vous sentez intimidé. Vous avez toute la vie devant vous.
Et puis un jour, vous apprenez que vous avez un cancer. À 60 ans, une telle nouvelle assomme. À 12 ans, c’est le monde qui s’écroule.
Lenae Martinez
C’est l’impression qu’a ressentie Lenae Martinez. Cette adolescente de 12 ans cultivait l’espérance de vivre éternellement sur une terre paradisiaque, espérance qui reposait sur l’enseignement biblique que ses parents, Témoins de Jéhovah, lui avaient transmis. N’avait-elle pas lu de ses propres yeux dans la Bible que la terre subsisterait éternellement, qu’elle avait été créée pour être habitée à jamais et que les humbles en hériteraient pour toujours? — Ecclésiaste 1:4; Ésaïe 45:18; Matthieu 5:5.
Et voilà qu’elle se trouvait à présent au Valley Children’s Hospital de Fresno (États-Unis). Elle y était entrée pour ce qui semblait être une infection rénale. Mais c’est une leucémie que les examens ont révélée. Les médecins ont estimé que Lenae devait recevoir une transfusion de concentrés érythrocytaires et des plaquettes, et entamer sur-le-champ une chimiothérapie.
Lenae a dit qu’elle ne voulait ni sang ni produits sanguins, car elle avait appris que Dieu l’interdit, comme le montre la Bible dans les livres du Lévitique et des Actes. “L’esprit saint et nous-mêmes, en effet, avons jugé bon de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires: s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication.” (Actes 15:28, 29). Ses parents l’ont soutenue dans sa décision, mais Lenae a bien souligné qu’il s’agissait de sa décision et qu’elle y attachait beaucoup d’importance.
Alors que les médecins s’étaient entretenus à plusieurs reprises avec Lenae et ses parents, ils sont revenus à la charge un après-midi. À propos de cette entrevue, Lenae a dit: “J’étais extrêmement faible à cause de la douleur, et je vomissais beaucoup de sang. Ils m’ont posé les mêmes questions, en changeant seulement les termes. Je leur ai répété: ‘Je ne veux ni sang ni produits sanguins d’aucune sorte. S’il le faut, je préfère mourir plutôt que de ne pas tenir la promesse que j’ai faite à Jéhovah Dieu de faire sa volonté.’
“Ils sont revenus le lendemain matin. Mes plaquettes diminuaient, et j’avais toujours beaucoup de fièvre. Je dirais que, cette fois-ci, le médecin m’a davantage écoutée. Même s’ils n’étaient pas d’accord avec ma position, ils ont fait remarquer que j’étais très mûre pour 12 ans. Peu après, mon pédiatre est venu me dire qu’il était désolé, mais que seules la chimiothérapie et les transfusions pourraient m’aider. Puis il est parti en me disant qu’il reviendrait plus tard.
“Lorsqu’il est sorti, j’ai fondu en larmes parce que j’avais l’impression que cet homme qui s’était occupé de moi depuis ma naissance était à présent en train de me trahir. À son retour, je lui ai dit la pénible impression qu’il m’avait laissée et que j’avais le sentiment qu’il ne s’intéressait plus à moi. Cela l’a surpris, et il s’est excusé. Il m’a assuré qu’il n’avait pas voulu me faire de la peine. Il m’a regardée et m’a dit: ‘D’accord Lenae, si cela doit être, alors nous nous reverrons au ciel.’ Il a ôté ses lunettes et m’a dit qu’il m’aimait. Il y avait de grosses larmes dans ses yeux. Puis il m’a serrée très fort dans ses bras. Je l’ai remercié et lui ai dit: ‘Moi aussi, je vous aime, docteur Gillespie, mais c’est sur la terre transformée en paradis que j’espère être ressuscitée.’”
Plus tard, deux médecins et un juriste sont arrivés et ont demandé aux parents de Lenae de sortir parce qu’ils souhaitaient parler seuls avec leur fille. Tout au long de la discussion, les médecins se sont montrés gentils et pleins d’égards. Ils ont été frappés par la clarté des propos de Lenae et par la profondeur de ses convictions.
Ils lui ont dit qu’elle était en train de mourir de la leucémie, ajoutant: “Mais les transfusions sanguines prolongeront ta vie. Si tu refuses le sang, tu seras morte dans quelques jours.”
— Si j’accepte le sang, de combien de temps ma vie sera-t-elle prolongée?
— De trois à six mois.
— Qu’est-ce que je peux faire en six mois?
— Tu pourras reprendre des forces et faire quantité de choses. Tu peux aller à Disney World. Tu peux visiter des tas d’autres endroits.”
Après un instant de réflexion, Lenae a dit: “J’ai servi Jéhovah toute ma vie, 12 ans. Il me promet la vie éternelle dans le Paradis si je lui obéis. Je ne vais pas me détourner de lui maintenant, pour six mois de vie. Je veux rester fidèle jusqu’à ma mort. Et je sais qu’en temps voulu il me ressuscitera pour me donner la vie éternelle. J’aurai alors tout le temps que je voudrai pour faire tout ce dont j’aurai envie.”
Les médecins et le juriste étaient visiblement impressionnés. Ils ont félicité Lenae, sont sortis et ont dit à ses parents qu’elle réfléchissait et parlait comme une adulte, et qu’elle était à même de prendre seule ses décisions. Ils ont recommandé au comité d’éthique de l’hôpital de considérer Lenae comme une mineure mûre. Ce comité composé de médecins et d’autres professionnels de la santé, ainsi que d’un professeur d’éthique de l’université de Fresno, a pris la décision de permettre à Lenae de choisir son traitement. Il a considéré qu’elle était une mineure mûre et n’a pas requis d’injonction du tribunal.
Le 22 septembre 1993, à 6 h 30, après une longue et pénible nuit, Lenae s’est endormie dans la mort, dans les bras de sa mère. La dignité et le calme de ces dernières heures sont restés dans l’esprit de ceux qui étaient présents. Quatre cent quatre-vingt-deux personnes ont assisté au service funèbre. Parmi elles se trouvaient des médecins, des infirmières et des professeurs que la foi et l’intégrité de Lenae avaient marqués.
Les parents et les amis de Lenae ont été extrêmement reconnaissants aux médecins, aux infirmières et aux administrateurs de l’hôpital d’avoir discerné la maturité de leur fille et de ne pas avoir porté l’affaire devant la justice.
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Des jeunes qui ont “la puissance qui excède la puissance normale”Réveillez-vous ! 1994 | 22 mai
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Lisa Kosack
La première nuit que Lisa a passée à l’hôpital des Enfants-Malades de Toronto a été pire qu’un cauchemar. Dès son admission, à 16 heures, elle a subi une série d’examens, et n’a regagné sa chambre qu’à 23 h 15. Laissons Lisa nous raconter ce qui s’est passé ensuite: “À minuit, une infirmière est venue me dire: ‘Je dois te mettre un peu de sang.’ J’ai crié: ‘Je ne veux pas de sang; je suis Témoin de Jéhovah. Vous le savez, n’est-ce pas? Vous le savez?’ ‘Oui, je le sais’, m’a-t-elle répondu, et, débranchant ma perfusion, elle a branché brutalement la poche de sang. Je criais et pleurais sans pouvoir m’arrêter.”
N’est-il pas cruel d’infliger en pleine nuit un tel traitement à une fillette de 12 ans malade, apeurée et seule dans un environnement qu’elle ne connaît pas? Les parents de Lisa l’avaient amenée dans cet hôpital, espérant y trouver des médecins prévenants et coopératifs. Au lieu de cela, leur fille a subi cette pénible transfusion en pleine nuit, au mépris de ses convictions. Elle et ses parents considéraient en effet l’absorption de sang ou de produits sanguins comme contraire à la loi de Dieu et devant donc être rejetée. — Actes 15:28, 29.
Le lendemain matin, l’hôpital a saisi la justice pour obtenir l’autorisation de transfuser. L’audience, présidée par le juge David Main, a duré cinq jours. Elle s’est déroulée dans une pièce de l’hôpital, et Lisa y a assisté tous les jours. La fillette souffrait d’une leucémie aiguë myéloblastique, une maladie généralement mortelle. Les médecins parlaient, eux, d’un taux de guérison de 30 %. Ils prescrivaient de multiples transfusions sanguines associées à une chimiothérapie intensive. Ce traitement extrêmement douloureux s’accompagne d’effets secondaires débilitants.
Le quatrième jour du jugement, Lisa a présenté son témoignage. On lui a notamment demandé ce qu’elle avait ressenti lors de la transfusion administrée de force. Elle a expliqué qu’elle avait eu l’impression d’être un chien de laboratoire, d’être violée et que, sous prétexte qu’elle était mineure, certaines personnes s’étaient senties autorisées à lui faire ce qu’elles voulaient. La vision du sang de quelqu’un d’autre pénétrant dans ses veines l’avait révulsée, car elle avait eu peur de contracter le sida, l’hépatite ou quelque autre maladie infectieuse. Mais ce qui la souciait par-dessus tout, c’était ce que Jéhovah pensait d’elle du fait qu’elle avait enfreint sa loi interdisant de faire pénétrer du sang dans son organisme. Elle a dit que si cela devait se reproduire, elle ‘se débattrait et donnerait des coups de pied pour renverser la potence de perfusion, qu’elle arracherait la perfusion de son bras peu importe la douleur et qu’elle percerait la poche de sang’.
Son avocate lui a demandé: “Que penses-tu du fait que l’Association d’aide aux enfants demande que tu sois retirée de la garde de tes parents pour être confiée à la sienne?
— Eh bien, cela me met terriblement en colère. Ces gens sont cruels parce que mes parents ne m’ont jamais battue, qu’ils m’aiment et que je les aime; chaque fois que j’ai eu une angine, un rhume ou toute autre maladie, ils se sont occupés de moi. J’étais au centre de leur vie, et aujourd’hui, juste parce que quelqu’un n’est pas d’accord, on veut m’enlever à eux; je trouve que c’est extrêmement cruel, et cela me rend furieuse.
— Veux-tu mourir?
— Non, je pense que personne n’a envie de mourir; mais si je dois mourir, je n’ai pas peur parce que j’ai l’espérance de vivre éternellement dans un paradis sur la terre.”
Rares sont les personnes présentes qui ont pu retenir leurs larmes en entendant Lisa parler courageusement de sa mort prochaine, de sa foi en Jéhovah et de sa détermination à rester obéissante à la loi de Dieu sur le caractère sacré du sang.
“Lisa, a encore demandé son avocate, cela changerait-il quelque chose pour toi si la cour t’ordonnait d’accepter des transfusions?
— Non, je resterais quand même fidèle à mon Dieu et j’écouterais ses commandements parce que Dieu est supérieur à n’importe quel tribunal ou à n’importe quel homme.
— Lisa, que voudrais-tu que le juge décide?
— Eh bien, j’aimerais que le juge décide de me rendre à mes parents, qu’ils conservent ma garde. Comme cela, je serais heureuse, je pourrais rentrer à la maison et être dans une bonne ambiance.”
Et c’est ainsi qu’en a décidé le juge Main. Voici quelques extraits de sa décision:
“Lisa a dit clairement et très catégoriquement à cette cour que si l’on tente de lui transfuser du sang, elle s’opposera de toutes ses forces à cette transfusion. Elle a dit, et je la crois, qu’elle hurlera, se débattra, arrachera la perfusion de son bras et essaiera de détruire la poche de sang au-dessus de son lit. Je refuse d’émettre une ordonnance qui soumettrait cette enfant à ce calvaire.”
À propos de la transfusion administrée de force, le juge a dit:
“Je suis obligé de conclure qu’elle a fait l’objet de discriminations fondées sur sa religion et sur son âge, aux termes de l’alinéa 15(1). Dans ces circonstances, en lui administrant une transfusion sanguine, on a porté atteinte à son droit à la sécurité de sa personne, défendu par l’alinéa 7.”
Ses remarques sur Lisa elle-même sont intéressantes:
“Lisa est une jolie fillette extrêmement intelligente, qui s’exprime bien, polie, sensible et surtout courageuse. Elle a une sagesse et une maturité bien supérieures à celles des filles de son âge, et je pense qu’on peut dire sans risque de se tromper qu’elle a toutes les qualités que des parents aimeraient trouver chez un enfant. Elle a une conviction religieuse réfléchie, ferme et claire. Selon moi, aucune pression qu’on puisse exercer sur elle, qu’elle vienne de ses parents ou de toute autre personne, ou qu’il s’agisse d’une injonction de cette cour, n’ébranlerait ou n’entamerait ses convictions religieuses. J’estime qu’on devrait donner à Lisa la possibilité de combattre sa maladie avec dignité et dans la sérénité.”
“Requête rejetée.”
Lisa et ses parents ont quitté l’hôpital le jour même. La fillette a effectivement combattu sa maladie avec dignité et dans la sérénité. Elle s’est éteinte paisiblement chez elle, dans les bras de son père et de sa mère. Par sa détermination, elle a imité les nombreux autres jeunes Témoins de Jéhovah qui ont accordé à Dieu la priorité. Comme eux, elle en sera récompensée, conformément à cette promesse de Jésus: “Celui qui perd son âme à cause de moi la trouvera.” — Matthieu 10:39; voir note de la Traduction du monde nouveau (édition anglaise).
Ernestine Gregory
Ernestine avait 17 ans quand on a découvert qu’elle souffrait d’une leucémie. Hospitalisée, elle a refusé qu’on lui administre des produits sanguins en complément de la chimiothérapie. Devant la position de la jeune fille, soutenue par sa mère, l’hôpital en a référé aux services de l’aide sociale à l’enfance de Chicago, qui ont déposé une requête en justice pour pouvoir administrer du sang. Une audience a été ouverte au cours de laquelle ont témoigné, entre autres, Ernestine, un médecin, un psychiatre et une avocate.
Ernestine a dit à son médecin qu’elle ne voulait pas de sang: que c’était là une décision personnelle consécutive à sa lecture de la Bible; que, même pratiquée contre son gré à la suite d’une injonction du tribunal, une transfusion violerait la loi de Dieu et serait mal à ses yeux, malgré l’autorité du tribunal; qu’elle n’était pas opposée à un traitement médical et ne voulait pas mourir; que sa décision ne traduisait en rien un désir de mourir ou de se suicider; qu’elle n’avait cependant pas peur de la mort.
Le docteur Stanley Yachnin a déclaré devant la cour qu’il était “frappé par la maturité d’Ernestine, sa détermination” et la sincérité de ses croyances religieuses. Il a également dit qu’Ernestine comprenait la nature et les conséquences de sa maladie. Puisqu’elle comprenait très bien la situation, il ne voyait pas la nécessité de faire appel à un psychiatre ou à un psychologue.
C’est néanmoins ce qui a été fait. Après s’être entretenu avec Ernestine, le docteur Ner Littner, psychiatre, a dit qu’elle avait la maturité d’une jeune femme de 18 à 21 ans. Il a déclaré que, selon toute apparence, elle comprenait ce qu’impliquait accepter ou refuser les transfusions sanguines. Elle assumait son choix, non sous l’influence d’un tiers, mais par conviction personnelle. Son avis était que l’on devait respecter la décision d’Ernestine.
Jane McAtee, une avocate représentant l’hôpital, a dit qu’après avoir interrogé Ernestine elle estimait que la jeune fille comprenait la nature de sa maladie et qu’elle “semblait tout à fait capable de prendre la mesure de sa décision et d’en accepter les conséquences”.
Le témoignage d’Ernestine a également fait forte impression sur la cour. Celle-ci a jugé que cette adolescente de 17 ans était une jeune fille mûre, qu’elle avait pris sa décision en toute indépendance et qu’elle comprenait la situation grave dans laquelle elle se trouvait. Toutefois, bien qu’Ernestine ait démontré qu’elle avait suffisamment de maturité pour prendre des décisions d’ordre médical éclairées et intelligentes, conformes à des principes et à des convictions auxquels elle était très attachée, le tribunal de première instance a, contre toute attente, rendu une ordonnance autorisant les transfusions sanguines.
Cette décision a été portée devant la cour d’appel de l’Illinois. Par deux voix contre une, celle-ci a jugé que l’on ne pouvait obliger Ernestine à recevoir des transfusions sanguines contre sa volonté. Selon la cour, le droit, défendu par le premier amendement, de choisir librement sa religion et le droit constitutionnel à la protection de la vie privée garantissaient le droit d’Ernestine, en tant que mineure mûre, de refuser les transfusions sanguines pour des raisons religieuses.
A leur tour, les services d’aide sociale à l’enfance ont fait appel de cette décision. La Cour suprême de l’Illinois a confirmé que, même mineure, Ernestine avait le droit de refuser un traitement médical qu’elle jugeait inacceptable. Elle a fondé sa décision sur le droit coutumier, qui reconnaît le droit à disposer librement de son corps, ainsi que sur la règle du ‘mineur mûr’. Elle a résumé en ces termes le principe appliqué dans l’Illinois pour les mineurs mûrs:
“S’il existe des preuves claires et convaincantes que la mineure est suffisamment mûre pour apprécier les conséquences de ses actes et pour exercer le jugement d’un adulte, alors la doctrine du mineur mûr lui permet de bénéficier du droit reconnu par le droit coutumier d’accepter ou de refuser un traitement médical.”
Ernestine n’a pas suivi de chimiothérapie ni reçu de transfusions. Elle a pourtant survécu à sa leucémie, contrairement à ce que les médecins avaient voulu faire croire aux juges. Elle est restée ferme et a accordé à Dieu la priorité, comme les autres jeunes gens dont nous avons parlé précédemment. Chacun d’eux a reçu “la puissance qui excède la puissance normale”. — 2 Corinthiens 4:7.
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