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« Ému de pitié »« Viens, suis-moi »
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CHAPITRE QUINZE
« Ému de pitié »
« Seigneur, redonne-nous la vue. »
1-3. a) Qu’a fait Jésus quand deux mendiants aveugles ont imploré son aide ? b) Que signifie l’expression « ému de pitié » ? (voir note).
DEUX aveugles sont assis au bord de la route à l’extérieur de Jéricho. Ils viennent là tous les jours, car c’est un endroit fréquenté où ils peuvent demander l’aumône. Mais ce qui va leur arriver aujourd’hui va changer radicalement leur vie.
2 Quelle est cette agitation soudaine ? L’un des deux hommes s’informe. On lui répond : « C’est Jésus le Nazaréen qui passe ! » Jésus monte en effet à Jérusalem pour la dernière fois. Il n’est pas seul ; de grandes foules le suivent. Les mendiants se mettent alors à crier : « Seigneur, aie pitié de nous, Fils de David ! » Irritée, la foule leur demande de se taire. Mais les infirmes sont déterminés. Ils continuent de crier.
3 Au milieu du brouhaha, Jésus perçoit leurs appels. Que va-t-il faire ? Il a tellement de préoccupations ! Il est sur le point d’entamer la dernière semaine de sa vie terrestre et sait que des souffrances et une mort cruelle l’attendent à Jérusalem. Pourtant, il ne se montre pas insensible à leurs cris insistants. Il s’arrête et demande qu’on lui amène les deux hommes. « Seigneur, redonne-nous la vue », le supplient-ils. « Ému de pitié », il leur touche les yeux et leur rend la vuea. Sans attendre, ils se mettent à le suivre (Luc 18:35-43 ; Matthieu 20:29-34).
4. Comment Jésus a-t-il accompli la prophétie selon laquelle il ‘aurait pitié du petit’ ?
4 Cette scène n’était pas la seule de ce genre. Jésus s’est senti poussé à faire preuve de compassion bien des fois et dans des situations très diverses. Une prophétie biblique avait annoncé qu’il ‘aurait pitié du petit’ (Psaume 72:13). De fait, il était sensible aux sentiments d’autrui. Il prenait l’initiative d’aider. C’est par compassion qu’il prêchait. Voyons comment les Évangiles révèlent la tendre compassion qui motivait ses paroles et ses actions, et comment manifester nous-mêmes cette belle qualité.
Des égards pour les sentiments d’autrui
5-6. Quels exemples témoignent de l’empathie de Jésus ?
5 Jésus était un homme d’une profonde empathie. Il comprenait et partageait les sentiments de ceux qui souffraient. Même s’il n’était pas dans leur situation, il ressentait véritablement leur peine (Hébreux 4:15). Quand il a guéri une femme atteinte d’un flux de sang depuis 12 ans, il a parlé de son mal comme d’une « pénible maladie », preuve qu’il était conscient de la détresse et des souffrances de cette femme (Marc 5:25-34). Quand il a vu Marie et d’autres pleurer la mort de Lazare, il a été remué par leur chagrin. Son émotion était telle que, même s’il savait qu’il allait ressusciter son ami, il a versé des larmes (Jean 11:33, 35).
6 Une autre fois, un lépreux l’a imploré en ces termes : « Si tu le veux, tu peux me rendre pur. » Comment lui, un homme parfait qui n’avait jamais été malade, a-t-il réagi ? Il a compris ce que cet homme ressentait. La Bible dit qu’il « fut ému de pitié » (Marc 1:40-42). Ce qu’il a fait alors est proprement extraordinaire. Il n’ignorait pas que, selon la Loi, les lépreux étaient impurs, ce qui leur interdisait de se mêler à la population (Lévitique 13:45, 46). De plus, il était parfaitement capable de guérir cet homme à distance (Matthieu 8:5-13). Pourtant, il a choisi de tendre la main et de le toucher, en disant : « Je le veux ! Deviens pur. » La lèpre a disparu instantanément. Quel magnifique exemple d’empathie !
« Soyez sensibles à la souffrance des autres. »
7. Qu’est-ce qui nous aidera à cultiver l’empathie, et comment cette qualité se manifeste-t-elle ?
7 Nous qui sommes chrétiens, nous avons le devoir d’imiter l’empathie de Jésus. D’ailleurs, la Bible nous encourage à être « sensibles à la souffrance des autresb » (1 Pierre 3:8). Il n’est pas toujours facile de partager les sentiments de celui qui souffre d’une maladie chronique ou d’une dépression, surtout quand on n’est jamais passé par là. Mais rappelons qu’il n’est pas nécessaire de vivre la même situation que quelqu’un pour lui manifester de l’empathie. Jésus comprenait les malades sans avoir lui-même été malade. Comment cultiver cette qualité ? En écoutant patiemment celui qui souffre lorsqu’il nous ouvre son cœur et nous dit ce qu’il ressent. Demandons-nous : « Qu’est-ce que j’éprouverais à sa place ? » (1 Corinthiens 12:26). Plus nous affinerons notre sensibilité pour les sentiments d’autrui, mieux nous saurons ‘parler de façon consolante à ceux qui sont déprimés’ (1 Thessaloniciens 5:14). Quelquefois, l’empathie ne s’exprime pas seulement par des mots, mais aussi par des larmes. « Pleurez avec ceux qui pleurent », lit-on en Romains 12:15.
8-9. Comment Jésus a-t-il fait montre d’égards envers les sentiments d’autrui ?
8 Jésus avait des égards pour les autres ; il ménageait leurs sentiments. Souvenez-vous de ce jour où on lui a amené un sourd qui parlait avec peine. Percevant sans doute de l’embarras chez cet homme, il a fait quelque chose qui n’était pas dans ses habitudes quand il opérait des guérisons : il l’emmena « à l’écart de la foule ». Une fois seul avec l’infirme, à l’abri des regards, il l’a guéri (Marc 7:31-35).
9 Il a eu le même genre d’égards envers un aveugle qu’on lui avait amené pour qu’il le guérisse. « Il prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village. » Puis il lui rendit la vue graduellement, peut-être pour permettre aux yeux et au cerveau de cet homme de s’adapter petit à petit à la luminosité et aux formes complexes du monde qui l’entourait (Marc 8:22-26). Quelle considération !
10. Comment pouvons-nous montrer de la considération pour les sentiments d’autrui ?
10 Suivre Jésus nous impose d’avoir des égards pour les sentiments d’autrui. Sachant que des propos inconsidérés peuvent blesser, nous surveillons notre langage (Proverbes 12:18 ; 18:21). Les paroles dures, les remarques désobligeantes, les sarcasmes n’ont pas leur place parmi les chrétiens (Éphésiens 4:31). Anciens, comment faire preuve de considération pour les sentiments de vos frères ? En respectant leur dignité lorsque vous les conseillez, ce qui suppose que vous revêtiez vos paroles de bonté (Galates 6:1). Parents, comment ménager les sentiments de vos enfants ? En veillant, quand vous les disciplinez, à ne pas les rabaisser (Colossiens 3:21).
L’initiative d’aider
11-12. Quels récits bibliques montrent que Jésus n’avait pas besoin qu’on le sollicite pour agir avec compassion ?
11 Jésus n’attendait pas toujours qu’on le sollicite pour exprimer sa compassion. Qualité active, la compassion l’incitait à prendre des initiatives. Par exemple, quand une grande foule est restée trois jours près de lui sans nourriture, personne n’a eu besoin de lui faire remarquer que ces gens avaient faim ni de lui suggérer de faire quelque chose. Nous lisons : « Jésus appela ses disciples et leur dit : “J’ai pitié de tous ces gens, parce que cela fait déjà trois jours qu’ils sont ici avec moi et ils n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer le ventre vide : ils risquent de se trouver mal en route.” » De lui-même, il les a alors nourris miraculeusement (Matthieu 15:32-38).
12 En 31, alors qu’il approche de la ville de Naïn, un triste spectacle se présente à lui. Un convoi funèbre quitte la ville, peut-être en direction des tombes situées non loin de là à flanc de colline. C’est « le fils unique d’une veuve » qu’on porte en terre. Imaginez la douleur de cette mère. Elle vient de perdre son seul enfant, et son mari n’est plus là pour partager son chagrin. Jésus ‘la voit’ au milieu du cortège. La vue de cette veuve désormais sans enfant lui serre le cœur ; il est « ému de pitié pour elle ». Il n’a pas besoin qu’on l’implore. Sa compassion le pousse à faire quelque chose. ‘S’avançant et touchant la civière’, il ramène le jeune homme à la vie. Ensuite ? Il ne lui demande pas de se joindre à la foule qui voyage avec lui. Le récit précise qu’‘il le donne à sa mère’. En les réunissant ainsi, Jésus assure à la veuve un soutien de famille (Luc 7:11-15).
Prenez l’initiative d’aider.
13. À l’exemple de Jésus, comment pouvons-nous prendre l’initiative d’aider autrui ?
13 Comment pouvons-nous imiter Jésus ? Bien sûr, nous n’avons pas le pouvoir de fournir miraculeusement de la nourriture ni de ressusciter les morts. En revanche, il nous est parfaitement possible de prendre des initiatives utiles. Un compagnon chrétien a-t-il de graves ennuis d’argent ou a-t-il perdu son travail ? (1 Jean 3:17). La maison d’une veuve nécessite-t-elle des réparations urgentes ? (Jacques 1:27). Une famille endeuillée a-t-elle besoin de consolation ou d’une aide pratique ? (1 Thessaloniciens 5:11). Quand un besoin réel se présente, n’attendons pas qu’on nous sollicite pour agir (Proverbes 3:27). La compassion nous incitera à prendre toute mesure qui s’impose, en fonction de nos possibilités. N’oublions pas qu’un simple geste de bonté ou quelques mots de réconfort sincères peuvent constituer de puissants témoignages de compassion (Colossiens 3:12).
La compassion le poussait à prêcher
14. Pourquoi Jésus donnait-il la priorité à la prédication de la bonne nouvelle ?
14 Comme nous l’avons vu dans la deuxième partie de ce livre, Jésus nous a laissé un exemple remarquable pour ce qui est de prêcher la bonne nouvelle. Il a dit : « Je dois annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu aux autres villes aussi, car c’est pour cela que j’ai été envoyé » (Luc 4:43). Pourquoi donnait-il la priorité à cette activité ? D’abord par amour pour Dieu. Mais aussi par compassion. De toutes ses marques de compassion, apaiser la faim spirituelle des gens était la plus importante. Arrêtons-nous sur deux situations révélatrices de ce que Jésus éprouvait pour les personnes à qui il prêchait. Leur examen nous aidera à réfléchir aux mobiles avec lesquels nous-mêmes participons au ministère.
15-16. Décrivez deux situations révélatrices de ce que Jésus éprouvait pour les personnes à qui il prêchait.
15 En 31, après deux années environ d’un ministère déjà intensif, Jésus entreprend de faire « le tour de toutes les villes et de tous les villages » de Galilée. Ce qu’il voit lui fend le cœur. L’apôtre Matthieu rapporte : « En voyant les foules, il en eut pitié, parce qu’elles étaient écorchées et négligées comme des brebis sans berger » (Matthieu 9:35, 36). Jésus souffre avec les gens du peuple. Il est pleinement conscient de leur condition spirituelle pitoyable. Il sait qu’ils sont maltraités et négligés par ceux-là mêmes qui devraient les guider : les chefs religieux. Mû par une profonde compassion, il fait tout pour leur communiquer un message d’espérance. La bonne nouvelle du royaume de Dieu est ce dont ils ont le plus besoin.
16 Une situation comparable se produit quelques mois plus tard, aux alentours de la Pâque 32. Cherchant un endroit tranquille pour se reposer, Jésus et ses apôtres montent dans un bateau et traversent la mer de Galilée. Mais quand ils débarquent, une foule qui a longé la côte les attend. Comment Jésus réagit-il ? « En sortant du bateau, dit le récit, Jésus vit une grande foule et il fut pris de pitié pour eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors il commença à leur enseigner beaucoup de choses » (Marc 6:31-34). De nouveau Jésus est « pris de pitié » en raison de la triste condition spirituelle de ces gens qui, comme « des brebis sans berger », sont affamés et livrés à eux-mêmes. C’est la compassion, plus que le sens du devoir, qui pousse Jésus à prêcher.
Faites preuve de compassion quand vous prêchez.
17-18. a) Qu’est-ce qui nous pousse à prendre part au ministère ? b) Comment cultiver de la compassion pour autrui ?
17 Et nous, qu’est-ce qui nous pousse à prendre part au ministère ? Comme le chapitre 9 du présent livre nous l’a rappelé, nous avons été mandatés pour prêcher et faire des disciples (Matthieu 28:19, 20 ; 1 Corinthiens 9:16). Cependant, nous ne nous acquittons pas de cette responsabilité par seul sens du devoir, mais d’abord par amour pour Jéhovah et aussi par compassion envers ceux qui ne partagent pas nos croyances (Marc 12:28-31). Comment pouvons-nous cultiver la compassion ?
18 Il nous faut voir les gens comme Jésus les voyait : ‘comme des brebis écorchées et négligées, sans berger’. Imaginez que vous trouviez un agneau égaré, mourant de faim et de soif, car il n’a plus de berger pour le guider vers des prés et des points d’eau. Ne ressentiriez-vous pas de la pitié ? Ne feriez-vous pas votre possible pour lui donner à manger et à boire ? Beaucoup de gens qui ne connaissent pas la bonne nouvelle ressemblent à cet agneau. Négligés par de faux bergers religieux, ils sont affamés et assoiffés spirituellement ; ils n’ont pas d’espérance véritable. Or nous avons ce qui leur manque : la riche nourriture spirituelle et les eaux rafraîchissantes de la vérité contenues dans la Parole de Dieu (Isaïe 55:1, 2). Lorsque nous réfléchissons aux besoins spirituels de nos semblables, nous les plaignons. Si, comme Jésus, nous compatissons au malheur des autres, nous ferons tout notre possible pour leur communiquer l’espérance du Royaume.
19. Comment pourrions-nous pousser à l’action un étudiant de la Bible qui remplit les conditions pour participer au ministère ?
19 Comment aider autrui à imiter Jésus ? Supposons que nous voulions encourager un étudiant de la Bible — qui remplit les conditions requises — à participer au ministère public, ou bien un compagnon inactif à reprendre la prédication. L’important est de parler au cœur. Rappelez-vous qu’avant d’enseigner les gens, Jésus était « pris de pitié pour eux » (Marc 6:34). De même, si nous amenons une personne à éprouver de la compassion, sans doute son cœur l’incitera-t-il à vouloir communiquer la bonne nouvelle. Nous pourrions donc lui demander : « Qu’est-ce que le message du Royaume a apporté de bon dans ta vie ? Et les gens qui ne connaissent pas ce message, est-ce qu’ils n’en ont pas besoin, eux aussi ? Comment pourrais-tu les aider ? » Il va de soi que l’amour pour Dieu et le désir de le servir restent les principales motivations à participer au ministère.
20. a) Qu’implique suivre Jésus ? b) Qu’examinerons-nous dans le chapitre suivant ?
20 Suivre Jésus ne se résume pas à répéter ses paroles et à copier ses actions. Il nous faut également adopter son « état d’esprit » (Philippiens 2:5). Soyons donc heureux que la Bible nous révèle les pensées et les sentiments qui motivaient ses paroles et ses actions ! Plus « la pensée de Christ » nous sera familière, plus nous gagnerons en sensibilité et en compassion, et serons ainsi à même d’imiter le comportement de Jésus envers autrui (1 Corinthiens 2:16). Dans le chapitre suivant, nous examinerons de quelles diverses façons Jésus a manifesté son amour envers ses disciples.
a De tous les mots grecs servant à désigner la compassion, celui rendu par « ému de pitié » est, dit-on, le plus fort. Un ouvrage précise qu’il traduit « non seulement la peine ressentie à la vue de la souffrance, mais aussi le désir puissant d’apporter un soulagement et d’ôter cette souffrance ».
b En grec, « être sensible à la souffrance des autres » emporte l’idée de « souffrir avec les autres ».
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« Jésus les aima jusqu’à la fin »« Viens, suis-moi »
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CHAPITRE SEIZE
« Jésus les aima jusqu’à la fin »
1-2. À quoi Jésus consacre-t-il sa dernière soirée avec les apôtres, et pourquoi accorde-t-il autant d’importance à ces instants ?
C’EST la dernière soirée que Jésus passe en compagnie de ses apôtres. Réuni avec eux dans la pièce à l’étage d’une maison de Jérusalem, il sait qu’il va bientôt retourner vers son Père. D’ici quelques heures, il sera arrêté et sa foi éprouvée comme elle ne l’a jamais été. Pourtant, même l’imminence de sa mort ne lui fait pas oublier les besoins de ses compagnons.
2 Bien qu’il les ait préparés à son départ, il a encore des choses à leur dire ; il veut les fortifier en prévision de ce qui les attend. Il met donc à profit ces instants précieux pour leur communiquer des pensées capitales qui les aideront à rester fidèles. Les paroles qu’il prononce en cette soirée sont parmi les plus affectueuses, les plus intimes qu’il leur ait jamais adressées. Pourquoi s’inquiète-t-il plus pour eux que pour lui ? Pourquoi accorde-t-il autant d’importance à ces dernières heures en leur compagnie ? La réponse tient en un mot : amour. Jésus aime profondément ses apôtres.
3. Comment savons-nous que Jésus n’a pas attendu sa dernière soirée pour témoigner son amour à ses disciples ?
3 Quand, plusieurs dizaines d’années plus tard, l’apôtre Jean relatera sous l’inspiration divine les évènements de cette soirée, il écrira en préambule : « Parce qu’il savait avant la fête de la Pâque que l’heure était venue pour lui de quitter ce monde pour aller vers le Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jean 13:1). Mais Jésus n’avait pas attendu ce soir-là pour témoigner son amour aux « siens ». Il l’avait fait tout au long de son ministère et de bien des façons. Il nous sera utile de considérer quelques manifestations de son amour, afin de pouvoir imiter Jésus et de nous montrer ainsi ses vrais disciples.
Il était patient
4-5. a) Pourquoi Jésus a-t-il dû être patient avec ses disciples ? b) Comment Jésus a-t-il réagi au manque de vigilance de trois de ses apôtres dans le jardin de Gethsémani ?
4 L’amour va de pair avec la patience. « L’amour est patient », lit-on en 1 Corinthiens 13:4. Jésus a-t-il eu besoin d’être patient avec ses disciples ? Sans conteste ! Comme nous l’avons vu au chapitre 3, les apôtres ont mis du temps à cultiver l’humilité. Combien de fois ne se sont-ils pas disputés pour savoir lequel d’entre eux était le plus grand ! Comment Jésus réagissait-il ? Se fâchait-il, se montrait-il irrité, leur en voulait-il ? Non. Il a chaque fois raisonné avec eux patiemment, même quand ‘ils se sont mis à se disputer vivement’, toujours à propos de la prééminence, le dernier soir qu’ils ont passé ensemble (Luc 22:24-30 ; Matthieu 20:20-28 ; Marc 9:33-37).
5 Il a encore dû faire preuve de patience un peu plus tard au cours de cette même soirée. Venu à Gethsémani avec les 11 apôtres fidèles, il s’est enfoncé dans le jardin en compagnie de Pierre, de Jacques et de Jean. « Je suis profondément triste, triste à en mourir, leur a-t-il confié. Restez ici et veillez avec moi. » Et s’éloignant un peu, il s’est mis à prier intensément. Quand il est revenu au bout d’un long moment, que faisaient les trois hommes ? Ils dormaient. À l’heure de sa pire épreuve, ils dormaient ! Leur a-t-il reproché avec rudesse leur manque de vigilance ? Non, il les a encouragés patiemment. Ses paroles empreintes de bonté indiquaient qu’il était conscient de leurs faiblesses et de l’anxiété qui les tenaillaita. « En effet, l’esprit est plein de bonne volonté, mais la chair est faible », leur a-t-il dit. Et il ne s’est pas départi de sa patience bien qu’il les ait trouvés ainsi endormis non pas une, mais trois fois ! (Matthieu 26:36-46).
6. Comment pouvons-nous imiter la patience de Jésus dans nos rapports avec autrui ?
6 Il est rassurant de constater que Jésus n’a pas désespéré de ses apôtres. Sa patience a été récompensée, puisque ces hommes fidèles ont fini par comprendre l’importance de l’humilité et de la vigilance (1 Pierre 3:8 ; 4:7). Comment pouvons-nous imiter Jésus ? La patience est particulièrement nécessaire aux anciens. Il arrive que des membres de l’assemblée viennent demander de l’aide à un ancien, alors qu’il a lui-même des soucis ou est très fatigué. D’autres sont lents à réagir aux conseils. Mais l’ancien qui est patient s’attache à ‘instruire avec douceur’ et à ‘traiter le troupeau avec tendresse’ (2 Timothée 2:24, 25 ; Actes 20:28, 29). Les enfants aussi mettent parfois du temps à réagir aux conseils ou à la correction. L’amour et la patience aideront les parents à ne pas renoncer à les éduquer, ce qui leur vaudra certainement de belles récompenses (Psaume 127:3).
Il se souciait de leurs besoins
7. De quelle façon Jésus veillait-il aux besoins physiques de ses disciples ?
7 L’amour se traduit par des actions désintéressées (1 Jean 3:17, 18). Il « ne cherche pas ses propres intérêts » (1 Corinthiens 13:5). Son amour incitait Jésus à veiller aux besoins physiques de ses disciples. Il lui arrivait souvent de devancer leurs désirs. Un jour, remarquant leur fatigue, il leur a proposé d’‘aller à part, dans un endroit isolé, pour qu’ils se reposent un peu’ (Marc 6:31). Une autre fois, devinant leur faim, il a pris l’initiative de les nourrir — eux, mais aussi des milliers de personnes venues écouter son enseignement (Matthieu 14:19, 20 ; 15:35-37).
8-9. a) Comment savons-nous que Jésus était conscient des besoins spirituels de ses disciples et qu’il répondait à ces besoins ? b) Sur le poteau, comment Jésus a-t-il montré qu’il se souciait profondément de sa mère ?
8 Jésus était conscient des besoins spirituels de ses disciples, et il répondait à ces besoins (Matthieu 4:4 ; 5:3). Quand il enseignait, il accordait une attention particulière à ses compagnons. Il a d’ailleurs prononcé le Sermon sur la montagne avant tout à leur intention (Matthieu 5:1, 2, 13-16). Quand il utilisait des exemples, « en privé il expliquait tout à ses disciples » (Marc 4:34). Pour que ceux qui marcheraient à sa suite soient bien nourris spirituellement durant les derniers jours, Jésus a annoncé qu’il établirait un « esclave fidèle et avisé ». Cet esclave fidèle, composé d’un petit groupe de ses frères oints de l’esprit vivant sur la terre, fournit sans faillir la « nourriture au bon moment » depuis 1919 (Matthieu 24:45).
9 Le jour de sa mort, Jésus a montré d’une émouvante manière qu’il se souciait de la condition spirituelle de ses proches. Représentez-vous la scène. Il est attaché sur le poteau, souffrant mille morts. Pour respirer, il est obligé de se redresser. C’est atrocement douloureux, parce qu’il pousse alors sur ses pieds, qui se déchirent un peu plus à l’endroit des clous, et parce que son dos lacéré vient frotter contre le bois. La parole faisant appel à la respiration, parler aussi doit lui être pénible. Pourtant, quelques instants avant de mourir, Jésus prononce des paroles qui témoignent de son profond amour pour sa mère. Voyant Marie avec l’apôtre Jean à ses côtés, il lui dit, assez fort pour que d’autres autour l’aient entendu : « Femme, voici ton fils. » Et à Jean : « Voici ta mère » (Jean 19:26, 27). Jésus sait que le fidèle apôtre pourvoira aux besoins physiques et matériels de Marie, mais qu’il veillera aussi à sa spiritualitéb.
De bons parents sont patients avec leurs enfants et pourvoient à leurs différents besoins.
10. Comment les parents peuvent-ils imiter Jésus pour ce qui est de répondre aux différents besoins de leurs enfants ?
10 Il est de l’intérêt des parents de méditer sur l’exemple de Jésus. Un père qui aime sincèrement les siens subvient à leurs besoins matériels (1 Timothée 5:8). Équilibré, il prévoit également du temps pour le repos et la détente. Les parents chrétiens considèrent cependant que le plus important est de veiller à la spiritualité de leurs enfants. Cela suppose qu’ils organisent une étude régulière de la Bible en famille et s’efforcent de rendre ces moments agréables et constructifs (Deutéronome 6:6, 7). Par la parole comme par l’exemple, ils enseignent à leurs enfants que le ministère est une activité primordiale et que la préparation et la fréquentation des réunions chrétiennes constituent une partie essentielle de leurs habitudes spirituelles (Hébreux 10:24, 25).
Il était prêt à pardonner
11. Qu’a enseigné Jésus à ses disciples à propos du pardon ?
11 Le pardon est une facette de l’amour (Colossiens 3:13, 14). L’amour « ne tient pas un compte des torts subis », déclare 1 Corinthiens 13:5. À plusieurs reprises, Jésus a insisté sur l’importance du pardon. Il a exhorté ses disciples à pardonner, « non pas jusqu’à 7 fois, mais jusqu’à 77 fois », c’est-à-dire sans compter (Matthieu 18:21, 22). Il leur a appris aussi qu’il faut pardonner au pécheur réprimandé qui se repent (Luc 17:3, 4). Par ailleurs, contrairement aux pharisiens hypocrites qui disaient mais ne faisaient pas, Jésus prêchait par l’exemple (Matthieu 23:2-4). Voyons comment il a démontré son empressement à pardonner, même quand un ami proche l’a déçu.
12-13. a) Comment Pierre a-t-il déçu Jésus la nuit où celui-ci a été arrêté ? b) Après sa résurrection, comment Jésus a-t-il montré qu’il ne se contentait pas de prêcher le pardon ?
12 Jésus était très proche de Pierre, homme chaleureux et parfois impulsif. Connaissant ses qualités, il lui a accordé des privilèges. Par exemple, Jacques, Jean et Pierre ont été les seuls apôtres à assister à certains miracles (Matthieu 17:1, 2 ; Luc 8:49-55). Ainsi que nous l’avons vu plus haut, Pierre est aussi l’un des trois à avoir accompagné Jésus à l’intérieur du jardin de Gethsémani la nuit de son arrestation. Or, cette même nuit, quand Jésus a été trahi et fait prisonnier, Pierre l’a abandonné et s’est enfui comme les autres apôtres. Plus tard, alors qu’il avait eu le courage de s’approcher de l’endroit où l’on jugeait son Maître illégalement, la peur l’a saisi de nouveau et il a nié trois fois connaître Jésus (Matthieu 26:69-75). Comment Jésus a-t-il réagi à cette grave défaillance ? Que feriez-vous si un ami vous décevait de la sorte ?
13 Jésus était prêt à pardonner à Pierre. Il le savait accablé par son péché. Le récit précise en effet que l’apôtre repentant, ‘effondré, se mit à pleurer’ (Marc 14:72). Le jour même de sa résurrection, Jésus lui est apparu, probablement pour le consoler et le rassurer (Luc 24:34 ; 1 Corinthiens 15:5). Moins de deux mois plus tard, à la Pentecôte, il l’honorait en lui permettant d’être le premier à donner un témoignage aux foules présentes à Jérusalem (Actes 2:14-40). Rappelons également que Jésus n’a gardé rancune à aucun des apôtres de l’avoir abandonné. Une fois ressuscité, il a continué de les appeler « mes frères » (Matthieu 28:10). Il est clair que Jésus ne se contentait pas de prêcher le pardon.
14. Pourquoi devons-nous apprendre à pardonner, et comment pouvons-nous manifester notre bonne volonté à pardonner ?
14 En qualité de disciples du Christ, nous devons apprendre à pardonner. Pourquoi ? Contrairement à Jésus, nous sommes imparfaits. Ceux qui pèchent contre nous le sont aussi. Il nous arrive donc à tous de trébucher en paroles ou en actes (Romains 3:23 ; Jacques 3:2). En pardonnant aux autres quand la miséricorde est possible, nous nous mettons en position d’être à notre tour pardonnés par Dieu (Marc 11:25). Comment manifester notre bonne volonté à pardonner ? Dans bien des cas, l’amour permet de passer sur les péchés ou les manquements mineurs (1 Pierre 4:8). Si, à l’image de Pierre, celui qui nous a fait du tort est sincèrement repentant, nous voudrons assurément imiter Jésus en lui pardonnant volontiers. Il est de notre intérêt de ne pas garder de ressentiment (Éphésiens 4:32). Ce faisant, nous contribuons à la paix de l’assemblée et préservons notre propre sérénité (1 Pierre 3:11).
Il leur faisait confiance
15. Pourquoi Jésus avait-il confiance en ses disciples malgré leurs manquements ?
15 Il n’y a pas d’amour sans confiance. L’amour « croit toutc » (1 Corinthiens 13:7). Par amour, Jésus s’est montré disposé à faire confiance à ses disciples en dépit de leur imperfection. Il avait confiance en eux ; il ne doutait pas qu’ils aimaient sincèrement Jéhovah et voulaient faire sa volonté. Lorsqu’ils commettaient des erreurs, il ne mettait pas en cause leurs mobiles. Par exemple, quand la mère de Jacques et de Jean — certainement sur leur incitation — a demandé à Jésus que ses fils soient assis à côté de lui dans son royaume, il n’a pas douté de leur fidélité ni ne les a exclus du groupe des apôtres (Matthieu 20:20-28).
16-17. Quelles responsabilités Jésus a-t-il confiées à ses disciples ?
16 Pour preuve de sa confiance, Jésus a assigné diverses responsabilités à ses disciples. Les deux fois où il a multiplié miraculeusement de la nourriture, il a chargé ses compagnons de la distribuer aux foules présentes (Matthieu 14:19 ; 15:36). En prévision de sa dernière Pâque, il a demandé à Pierre et à Jean d’aller à Jérusalem procéder aux préparatifs de la fête. Les deux hommes se sont occupés de trouver l’agneau, du vin, du pain sans levain, des herbes amères et tout autre élément nécessaire. Ce n’était pas une tâche anodine, car la Loi mosaïque exigeait que la Pâque soit célébrée dans les règles, et Jésus se devait de respecter la Loi. Par ailleurs, quand ce soir-là il a institué le Mémorial de sa mort, il a présenté le vin et le pain sans levain comme des symboles importants (Matthieu 26:17-19 ; Luc 22:8, 13).
17 Jésus a jugé bon de confier à ses disciples des responsabilités encore plus importantes. Rappelons qu’il a conféré à ceux qui marcheraient sur ses traces le lourd mandat de prêcher et de faire des disciples (Matthieu 28:18-20). Comme nous l’avons déjà indiqué, il a annoncé qu’il chargerait un petit groupe de ses disciples oints de dispenser la nourriture spirituelle (Luc 12:42-44). Et de nos jours, bien qu’invisible et régnant dans les cieux, il confie son assemblée aux soins de « dons en hommes » spirituellement qualifiés (Éphésiens 4:8, 11, 12).
18-20. a) Comment pouvons-nous témoigner de la confiance à nos compagnons chrétiens ? b) Comment pouvons-nous imiter Jésus en déléguant volontiers ? c) Qu’allons-nous considérer dans le chapitre suivant ?
18 Comment pouvons-nous l’imiter dans nos rapports avec autrui ? Témoigner de la confiance à nos compagnons chrétiens est une marque d’amour. N’oublions pas que l’amour est une qualité positive. Quand on nous déçoit, ce qui arrive forcément de temps en temps, l’amour nous retient de prêter trop vite de mauvais mobiles (Matthieu 7:1, 2). Si nous gardons un point de vue positif sur nos frères, nous chercherons à les affermir, et non à les démolir (1 Thessaloniciens 5:11).
19 Pouvons-nous imiter Jésus en déléguant volontiers ? Il est bénéfique que ceux qui exercent des responsabilités dans l’assemblée confient à d’autres des tâches d’une certaine importance qui soient adaptées à leurs capacités, convaincus qu’ils s’en acquitteront de leur mieux. C’est une façon, pour les anciens, d’apporter une précieuse formation à des jeunes hommes qui ‘aspirent’ à se rendre utiles dans l’assemblée (1 Timothée 3:1 ; 2 Timothée 2:2). Cette formation est indispensable. Jéhovah continuant d’accélérer le rassemblement des brebis, il faudra de plus en plus d’hommes qualifiés pour faire face à cet accroissement (Isaïe 60:22).
20 Jésus nous a laissé un exemple d’amour remarquable. De tout ce que nous pouvons faire pour le suivre, rien n’est plus important que d’imiter son amour. Dans le chapitre suivant, nous allons considérer la plus belle marque d’amour qu’il nous ait donnée : le sacrifice de sa vie.
a Les apôtres ne se sont pas endormis sous le seul effet de la fatigue physique. Le récit parallèle de Luc 22:45 dit que Jésus « les trouva endormis, épuisés par la tristesse ».
b Tout porte à croire que Marie était alors veuve et que ses autres enfants n’étaient pas encore disciples de Jésus (Jean 7:5).
c Évidemment, cela ne veut pas dire que l’amour est crédule ou naïf. Mais il n’est pas non plus exagérément critique ni soupçonneux. Il nous retient de juger hâtivement les mobiles des autres ou de leur prêter les pires intentions.
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