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  • Les camps de concentration ne ferment pas les lèvres qui louent Dieu

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  • Les camps de concentration ne ferment pas les lèvres qui louent Dieu
  • Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins
  • Intertitres
  • INITIATION À LA ROUTINE DU CAMP
  • AIDÉS PAR JÉHOVAH
  • LES FEMMES TÉMOINS ENDURENT
  • VEILLANT AUX INTÉRÊTS LES UNS DES AUTRES
  • LA PRÉDICATION EST ORGANISÉE AU SEIN DE LA PRISON
  • LA PRÉDICATION FIDÈLE PRODUIT DU FRUIT
  • LE MONDE A LES YEUX TOURNÉS VERS LES TÉMOINS
  • UN FIDÈLE ADIEU
Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins
jp chap. 24 p. 166-174

Chapitre 24

Les camps de concentration ne ferment pas les lèvres qui louent Dieu

JEAN: Dès son arrivée dans un camp de concentration allemand, le prisonnier était “initié”, afin d’être rendu plus “docile”. Les témoins de Jéhovah faisaient l’objet d’une attention toute particulière. À partir de leur arrestation et pendant tout leur internement, les autorités tentaient de forcer les témoins à renoncer à leur foi en Jéhovah et à rompre tout contact avec les autres témoins de Jéhovah. Les officiers SS ainsi que les responsables des camps de concentration avaient préparé une déclaration qu’ils présentaient aux témoins pour qu’ils la signent en échange de leur liberté. Cette déclaration était ainsi conçue:

Je reconnais que la Société internationale des Étudiants de la Bible répand une doctrine erronée, et que, sous prétexte d’activités religieuses, elle poursuit uniquement des buts dangereux pour l’État.

C’est pourquoi je me suis détourné complètement de cette organisation et me suis entièrement affranchi de la doctrine de cette secte.

Par la présente, je certifie que je n’exercerai plus jamais aucune activité sous les auspices de la Société internationale des Étudiants de la Bible.

Je dénoncerai immédiatement à la police toute personne voulant me gagner à cette doctrine erronée, ou révélant d’autre façon qu’elle fait partie des Étudiants de la Bible. Je porterai au bureau de police le plus proche tous les écrits des Étudiants de la Bible qui me seraient envoyés.

À l’avenir, je veux respecter les lois de l’État et m’unir entièrement à la communauté du peuple.

On m’a fait savoir aussi que je dois m’attendre à être arrêté immédiatement, de nouveau, si j’agis contrairement à ma présente déclarationa.

Point n’est besoin d’ajouter que très peu de témoins signèrent cette renonciation totale à leur attachement à l’organisation théocratique de Jéhovah.

Voici comment un frère a décrit “l’accueil” typique qui lui a été réservé dans l’un des camps les plus infâmes, après qu’il eut achevé sa peine s’élevant à cinq ans de prison:

Puis vinrent les journées d’interrogatoires menés par la Gestapo, interrogatoires au cours desquels on me piétina, on me cracha au visage et on me battit parce que je refusais de signer la déclaration suivant laquelle je renonçais à ma foi. Je fus ensuite transféré avec d’autres au camp d’extermination de Mauthausen, en Autriche. Là, des SS, baïonnette au canon, nous attendaient à la gare avec des chiens; nous montâmes au camp par colonnes, en passant par d’étroits sentiers. Les chiens étaient dressés à mordre constamment les mollets des prisonniers, afin de les faire crier. Devant le camp, on nous fit mettre en rang, et certains furent alors invités à sortir des rangs. On leur demanda le motif de leur arrestation, puis ils reçurent de tels coups de massue qu’ils s’écroulèrentb.

C’est ainsi que sept frères reçurent trois fois vingt-cinq coups de verge d’acier en arrivant au camp de Neuengamme, près de Hambourg. Cette verge consistait en une tige d’acier recouverte de cuir, aussi la douleur qu’elle suscitait était-​elle beaucoup plus vive que celle causée par un nerf de bœuf. Voici ce qui nous a été rapporté:

Dès leur arrivée, un officier SS cria: “Où sont les clowns du ciel?” Personne ne répondit. “Où sont les vers de la Bible?” Pas de réponse. “Alors, n’y a-​t-​il aucun témoin de Jéhovah parmi vous?” Les sept répondirent simultanément: “Ici!” Il s’approcha du premier (...). Caressant la tête chauve du prisonnier avec sa verge d’acier il demanda: “Combien de temps encore resterez-​vous un Étudiant de la Bible?” Le frère répondit: “Jusqu’à ma mort.” “Vous croyez ça!” Il fut le premier à recevoir vingt-cinq coups de verge d’acier. Puis ce fut au tour du second, du troisième et ainsi de suite jusqu’au dernier. L’officier SS revint alors au premier (...). “Et maintenant, êtes-​vous toujours témoin de Jéhovah?” “Oui, jusqu’à ma mort.” Pour la deuxième fois il reçut vingt-cinq coups de verge d’acier. Il en fut de même du deuxième, du troisième, du quatrième et jusqu’au septième. Pour la troisième fois l’officier SS s’approcha du [premier frère] et dit: “Alors, combien de temps encore serez-​vous témoin de Jéhovah?” Il est difficile de décrire les sentiments qu’éprouve un homme qu’on vient de traiter de la sorte; toutefois le frère répondit: “Jusqu’à ma mort.” Pour la troisième fois il reçut, ainsi que les autres, vingt-cinq coups de verge d’acierc.

Très souvent, on complétait ces séances “d’initiation” avec d’autres tortures, selon ce que révèle le rapport suivant du même frère:

On m’emmena ensuite au camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin (...). Après l’accueil, il fallut rester plusieurs heures à genoux en faisant le salut des Saxons (les mains nouées sur la nuque). Au camp, on nous fit passer à la douche, ou plus exactement, à l’aide de tuyaux, on dirigea alternativement sur nous un jet d’eau chaude puis d’eau froide. Après la douche, il fallut faire du sport; bien entendu, il ne s’agissait pas de sport au vrai sens du terme. Le mot meurtre convient mieux, car nombre de prisonniers souffrant de troubles cardiaques restèrent étendus sur le sol, morts. Trois SS ordonnaient: “Debout, couchés, roulez!”, jusqu’à ce que nous vomissions; tout cela sur un sol couvert de scories. Imaginez-​vous en train de faire un tel sport pendant une heure et parfois plus, puis être obligé de rester debout pendant des heures pour l’appel, et cela par tous les temps et sans être autorisé à quitter les rangsd.

INITIATION À LA ROUTINE DU CAMP

En réalité, l’initiation à la routine du camp était de nature à torturer le plus possible, mais Jéhovah soutint les hommes fidèles qu’on essayait d’initier.

Nous devions nous dévêtir entièrement en plein air et attendre pendant deux heures jusqu’à ce que les uns après les autres nous soyons appelés pour le bain. Là, on nous rasait la tête. Ceux que l’on soupçonnait d’être malades étaient marqués au charbon de bois: on leur dessinait sur la poitrine un cercle surmonté d’une croix, et on ne les revoyait plus. On devait ensuite entrer dans la chambre à gaz, qui servait également de douche. De tous côtés un vent glacial soufflait dans les ventilateurs pendant le temps où tous les prisonniers étaient examinés et rasés. Deux ou trois jours plus tard, on ouvrait les fenêtres par lesquelles on jetait deux paquets renfermant les vêtements des prisonniers. Chacun prenait ce qu’il trouvait, l’un un pantalon, l’autre un bonnet, le troisième une veste, et ainsi de suite. La même chose se répétait tous les jours pendant environ deux semaines, jusqu’à ce que chacun reçoive ce dont il avait besoin.

Pendant ce temps, des prisonniers employés au bureau venaient nous voir, afin d’établir notre curriculum vitæ. La méthode employée montrait qu’on entrait dans ce camp pour mourir et non pour vivre. Par l’entremise de ces prisonniers travaillant au bureau, les autres frères apprirent que j’étais arrivé, et immédiatement deux d’entre eux me rendirent visite tour à tour dans la soirée et m’apportèrent des vêtements chauds et du pain. Durant la dernière semaine de quarantaine, on nous organisa en un commando de travailleurs. Ainsi, quelque 450 hommes se virent dans l’obligation de dormir dans une pièce si petite qu’il y avait une paillasse pour six, l’un dormant à la tête, l’autre aux pieds, etc. Notre paquet de vêtements et nos galoches servaient d’oreiller, car autrement on nous les aurait volés. Il nous semblait dormir dans un étau. C’est la chose la plus pénible que j’aie jamais dû supporter. En me levant le matin, je pensais au soir avec dégoût. Heureusement cela ne dura pas plus d’une semaine. Si des plaintes se faisaient entendre, le surveillant du baraquement passait en courant sur tous les corps étendus et, comme un dément, il frappait avec un nerf de bœuf à l’endroit d’où avait jailli la plainte, sans se soucier si c’était le coupable ou non qui recevait les coups.

En compagnie de 2 000 hommes environ, je fus envoyé dans un petit camp à l’extérieur. Il paraît que vingt et un camps de ce genre dépendaient de Mauthausen. Ce camp était situé à Grossramming, où nous devions construire des rues. Je perdais journellement du poids, et après trois mois j’étais complètement épuisé; j’avais de l’eau dans les jambes, premier signe annonçant la fin prochaine. Chaque jour des prisonniers mouraient par suite de sous-alimentation ou simplement d’épuisement. Il était interdit de se reposer, ne serait-​ce qu’une minute, pendant le travail. Pour nous diriger, les SS avaient nommé des caporaux parmi les criminels professionnels et d’autres canailles. Ceux-ci criaient sans cesse: “Activez! Activez!” On nous réveillait le matin à 4 h 30; nous devions ensuite nous laver ensemble et après que les lits étaient “faits” et les pièces nettoyées, nous n’étions pas autorisés à retourner au baraquement. Si le lit n’était pas “fait” selon les règles, le délinquant pouvait s’attendre à recevoir vingt-cinq coups de nerf de bœuf ou à être battu jusqu’au sang. Vers 6 heures, on nous donnait du café noir; s’il restait un morceau de pain de la veille au soir, on l’émiettait dans le café. Et ensuite, en route pour le travail! Pour nous y rendre, il y avait une demi-heure de marche. Notre tâche consistait à faire du terrassement ou à casser des pierres. À midi, nous recevions un quart de soupe au rutabaga et un peu de viande de cheval ou de saucisse. Avec le café noir qu’on nous servait le matin, voilà tout ce que nous mangions dans la journée, c’est-à-dire de 4 h 30 du matin à 21 heures; en outre, la plupart du temps nous devions absorber cette nourriture debout. À 18 heures, nous reprenions la route du camp en transportant ceux qui étaient morts dans la journée et les autres qui étaient épuisés. J’ai souvent pensé à ces paroles de Job: “Là se reposent ceux qui sont fatigués et sans force; les captifs sont tous en paix, ils n’entendent pas la voix de l’oppresseur.” (Job 3:17, 18). Tous les autres prisonniers devaient porter une lourde pierre et l’amener au camp, jusqu’à ce que l’emplacement où se faisait l’appel en fût complètement entouré.

J’aimerais aussi décrire une séance d’épouillage, car j’en ai connu plusieurs. On nous examinait toutes les deux semaines; si les poux devenaient trop nombreux, on désinfectait le baraquement. En plein cœur de l’hiver, par une température au-dessous de zéro, tous les prisonniers devaient se déshabiller et laisser leurs vêtements dans le baraquement. Puis, on bouchait portes et fenêtres et les prisonniers devaient marcher dans la neige entièrement nus, pour monter aux douches. Là, chacun était arrosé d’un certain acide brûlant comme le feu. Il fallait ensuite sauter dans une grande cuve contenant environ 500 litres d’eau froide, et s’y tremper deux fois, après quoi les brûlures cessaient. On s’essuyait un tout petit peu et on parcourait quelque trois cents mètres, entièrement nus, jusqu’à un autre baraquement rempli de paille et légèrement chauffé. Nous attendions alors que nos baraques soient aérées. En raison de notre sous-alimentation, des prisonniers mouraient après chacun de ces épouillagese.

AIDÉS PAR JÉHOVAH

Affamés comme ils l’étaient, ces fidèles serviteurs de Dieu voyaient leur résistance s’affaiblir, mais ils savaient d’où venait leur force. Voici ce que déclara l’un d’eux:

Manquant si souvent de nourriture et étant chaque jour astreints à un dur labeur, nous voyions nos forces physiques s’amenuiser à vue d’œil. Mon état était tel que je parvenais à peine à bouger mon squelette. Deux frères me tenaient sous les bras pour rentrer au camp. Il m’arrivait fréquemment d’avaler une poignée de sable, pour que mon estomac ait quelque chose à brasser. D’ailleurs, c’est ce que faisaient aussi les autres frères. Ainsi, nous faisions tout notre possible pour rester en vie et prouver que Satan et ses SS étaient menteurs, car ceux-ci nous disaient souvent: “Où est votre Jéhovah? Qu’il vous vienne en aide!” Je dois dire qu’il nous a merveilleusement aidés. Néanmoins, notre plus cher désir était de manger une fois à notre faim. Celui qui n’a jamais souffert de la faim ne peut se rendre compte de ce que c’est, mais personne n’aurait pu survivre avec une ration de 300 grammes de pain par jour et le midi une soupe de rutabagas, pratiquement sans matières grasses, si Jéhovah n’avait accordé sa bénédiction. En outre, comme les SS servaient plusieurs fois par semaine une tranche de saucisse renfermant du sang, ce que nous refusions, nous étions privés de repas. Mais Jésus n’a-​t-​il pas dit: “Il est écrit: ‘L’homme doit vivre, non seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Jéhovah.’” J’ai pleinement apprécié ces paroles; en vérité, c’était la nourriture spirituelle qui nous maintenait en vie. Quel avantage pour celui qui avait diligemment étudié les Écritures auparavant! Il pouvait alors puiser dans cette réserve. (...) Je reconnais que c’est la nourriture spirituelle qui m’a aidé à surmonter cet affreux sentiment qu’est la faim, et les autres frères sont là pour confirmer cette déclarationf.

Le rapport suivant, émanant d’un de ces frères, apporte une preuve supplémentaire quant à la haine dont faisaient l’objet les témoins de Jéhovah:

Évidemment, la direction du camp nous punissait pour notre prise de position ferme. Ainsi, pendant des années, il nous fut interdit d’acheter de la nourriture, bien que l’en-tête du papier à lettre portât la mention: “On peut tout acheter au camp.” Quelle ironie! Oui, les prisonniers politiques, les criminels professionnels, les paresseux et les hommes corrompus moralement pouvaient acheter tout ce qui se vendait dans le camp: pain, jambon, et autres choses; ils étaient même autorisés à lire les journaux.

La correspondance normale de deux lettres de quatre pages par personne et par mois nous était également refusée. Nous n’avions le droit d’envoyer qu’une seule “lettre” de cinq lignes par mois, laquelle portait un cachet ainsi conçu: “Le prisonnier est plus que jamais un étudiant obstiné de la Bible, et il refuse de renoncer à l’hérésie des Étudiants de la Bible. Pour cette raison, il a purement et simplement été privé de l’échange de lettres normalement permis.” Ce cachet, qui figurait également sur les lettres venant de nos sœurs, était pour nous une preuve que l’expéditeur de la lettre était resté fidèle et étroitement attaché à l’organisation. En fait, ce n’était pas le contenu de la lettre qui nous intéressait le plus, — car que peut-​on dire en cinq lignes? — mais le cachet nous procurait toujours de la joieg.

LES FEMMES TÉMOINS ENDURENT

Même les femmes témoins n’étaient pas à l’abri des traitements inhumains infligés par les “surhommes” du troisième Reich. Certains camps de femmes étaient tout aussi célèbres que ceux des hommes.

Les événements qui se sont déroulés au camp de femmes de Ravensbrück révèlent les pratiques viles employées par les troupes catholiques des SS contre les témoins de Jéhovah. Dans ce seul camp de femmes, il y avait 50 Polonaises dans la vérité, 15 Ukrainiennes, 10 Tchèques, 10 Hongroises, 25 Hollandaises, 2 Belges, 500 Allemandes et 300 jeunes Jonadabs russes qui connurent la vérité dans le camp même. Ici, près de mille femmes chrétiennes subirent les tortures d’un “purgatoire” catholique. (...) L’appel était fait à cinq heures du matin. (...) Pendant la journée, ces femmes étaient obligées d’accomplir un travail pénible: creuser des fondations pour les bâtiments, construire des routes, transporter du charbon, manipuler des malles et des caisses pesantes dans le service des bagages, monter des baraquements et accomplir bien d’autres besognes trop dures pour des gens sous-alimentés, insuffisamment vêtus et maltraités. Pour avoir refusé de faire des caisses de munitions, 495 femmes témoins de Jéhovah furent condamnées à huit semaines de cachot noir, ce qui voulait dire être enfermées dans une cellule sans fenêtresh.

Les tourments physiques infligés par les gardes et les autres prisonniers n’étaient pas tout ce que les fidèles témoins devaient supporter. L’état indescriptible des camps eux-​mêmes est faiblement dépeint dans le rapport suivant établi par une femme témoin, sortie vivante d’Auschwitz:

Après avoir passé trois mois dans le camp de Ravensbrück, j’arrivai à Auschwitz en juin 1942, avec une centaine d’autres sœurs. Notre voyage en train avait duré deux jours. Nos vêtements étaient en lambeaux et aux pieds nous avions des chaussures en bois. Tout le camp était infesté de poux et le fléau de puces était indescriptible.

Si quelqu’un était malade, on l’envoyait immédiatement à Berkenau. Là, c’était terrible. Quand un prisonnier mourait, un malade était de suite transféré dans le même lit. Il y avait des poux et des excréments partout. Le service était assuré par des prisonniers peu sûrs, lesquels avaient également la charge d’appliquer les traitements. Ce camp était qualifié d’“extermination”, en raison des milliers et des milliers de personnes qui y moururent. On jetait les enfants juifs tout vivants dans le feu. Les Juifs devaient conduire eux-​mêmes leurs femmes et leurs enfants à la chambre à gaz. Pendant six semaines il leur fallait creuser une fosse immense, dans laquelle bien souvent ils devaient jeter leurs femmes qui, la plupart du temps, avaient seulement perdu connaissance. Ensuite tout était brûlé. Les hommes qui creusaient la fosse savaient qu’au terme des six semaines ce serait leur tour. Le feu entretenu dans la fosse brûlait nuit et jour. Il y avait en outre cinq fours crématoires à Auschwitz.

Toutefois, on considérait que mourir du typhus ou s’envoler en “fumée” était une mort bien plus supportable que de se voir mangé par les rats. Rien que d’y penser nous en avons la chair de poule; pourtant certains témoins de Jéhovah moururent littéralement rongés par les rats, car ils étaient trop faibles pour se défendre contre eux. Le pis, c’est que ces témoins mangés vivants par les rats étaient de pauvres femmes sans défense. La torture et la faim les avaient à ce point affaiblies, qu’elles étaient incapables de se défendre elles-​mêmes contre cet horrible ennemi qu’est le rati.

VEILLANT AUX INTÉRÊTS LES UNS DES AUTRES

Même dans les camps de concentration, les témoins de Jéhovah furent vite reconnus comme étant dignes d’occuper des postes de confiance, en raison de leur ferme attachement aux principes justes, comme cela est exigé du chrétien.

Dans le camp les T. J. (Témoins de Jéhovah) étaient réputés comme excellents travailleurs parfaitement consciencieux et d’une honnêteté à toute épreuve. Le commandant et les autres chefs ne se faisaient raser que par l’un d’eux, étant certains que celui-là n’aurait même pas la pensée de profiter d’une si belle occasion de leur couper la gorge. Ils savaient aussi qu’avec eux leur situation ne serait pas compromise. Aussi, pendant les travaux hors du camp, mettaient-​ils des Témoins de Jéhovah aux endroits où l’évasion était possible. Presque tous les T. J. avaient largement l’occasion d’expliquer aux détenus le message divin. Tous, y compris les surveillants et le commandant, n’ignoraient rien de leurs doctrines et de leurs espérancesj.

Les frères ne voulaient en aucun cas trahir la confiance dont on les avait jugés dignes, en dépit du fait que leurs gardes se conduisaient comme des monstres à leur égard. Voici un fait qui illustre bien ce point:

Le 22 février 1943, on nous fit monter dans des wagons de marchandises à destination de St-Malo, en France, via la Hollande et la Belgique. Un fait remarquable se produisit dans le courant de la journée, un frère hollandais en étant le protagoniste. Il avait été désigné pour répartir la nourriture dans les wagons, quand le train s’arrêtait. Soudain le train se mit en marche et le frère fut incapable de le rattraper. Il se trouvait donc tout seul en Hollande, non loin de chez lui! Qu’allait-​il faire? Fuir? Qu’arriverait-​il aux frères dans le train quand les SS s’apercevraient que l’un des Étudiants de la Bible avait fui? Il décida alors de suivre le train. Il arriva à un poste d’aiguillage où on lui donna d’abord un bon repas, puis on le conduisit par draisine jusqu’au train, dans lequel il monta à l’arrêt suivant. Les SS ne s’étaient pas rendu compte de son absence. C’était là un bon témoignage, et son attitude affermit la position de tous les autres frères. Après une halte de quelques jours à St-Malo, on nous fit embarquer dans des bateaux en vue de gagner Aurigny, une des îles anglo-normandesk.

Malgré le traitement presque insupportable que subissaient les témoins de Jéhovah dans des camps comme Buchenwald, Ravensbrück, Sachsenhausen, Dachau, Belsen et d’autres encore, ces camps devinrent en fait des lieux d’assemblées internationales réunissant des témoins de Jéhovah allemands et des captifs venus de Russie, de Pologne, de Tchécoslovaquie, de Hollande, de Belgique, de France, de Norvège et d’autres pays. Les frères allemands n’avaient pas tardé à porter à un niveau élevé le système des communications d’ordre spirituel, par l’entremise de La Tour de Garde, qu’ils introduisaient dans le camp en fraude et faisaient circuler de main en main. Ces frères étaient réellement en mesure d’aider avec amour leurs compagnons non allemands, retenus dans les camps et les prisons. Ces relations familiales entretenues par des témoins de toutes nationalités qui souffraient ensemble les maintinrent spirituellement éveillés quant à leurs privilèges de service à l’intérieur des camps, et les aidèrent à s’organiser en vue d’étendre leurs activités théocratiques quand viendrait le jour de la délivrance.

Au cours de leur détention, les frères étaient très étroitement liés et faisaient tout leur possible pour améliorer la condition des uns et des autres et pourvoir à la nourriture spirituelle de chacun. En voici un exemple:

Au début de l’année 1943, une sœur venant de Ravensbrück arriva au camp de Buchenwald, afin de s’occuper d’une princesse étrangère emprisonnée, la princesse Mafalda, deuxième fille du roi Victor Emmanuel III. Nous savions que notre sœur était dépourvue de nourriture spirituelle. J’eus alors la possibilité de parvenir aux postes de garde, spécialement prévus pour surveiller les prisonniers dits de marque, et de persuader une sentinelle de me laisser voir ces deux femmes chaque semaine, contre la somme de 50 marks, que je réunissais grâce à une collecte parmi les frères. J’avais aussi besoin d’un permis spécial m’autorisant à travailler en cet endroit; toutefois, en ma qualité d’électricien, je l’obtins en cachette. Il nous fut ainsi possible de prendre soin de cette sœur et de rendre témoignage à la princesse.

Le 24 août 1944, notre camp fut bombardé par les avions alliés. L’objectif était l’usine d’armement DAW dont le personnel se composait de prisonniers. Cette attaque coûta la vie à de nombreux prisonniers et SS. En tant que témoins, nous avons vécu des heures d’angoisse en pensant à notre sœur qui logeait près de l’usine. Nous avons appris par la suite qu’elle avait été emmenée dans une tranchée ainsi que la princesse et d’autres officiers prisonniers sous la garde des SS. Très près de là tomba l’une des 600 bombes qui furent larguées en cette journée, si bien que la tranchée fut entièrement recouverte. Pas un n’en réchappa à l’exception de notre sœur, que nous avons retirée de la tranchée saine et sauve. Elle avait été merveilleusement protégée. Nous avons pleuré, tant notre émotion était vive, et nous avons remercié Jéhovah. Dans nos rangs, il n’y eut que deux morts et douze blessésl.

LA PRÉDICATION EST ORGANISÉE AU SEIN DE LA PRISON

Les frères étaient également prompts à saisir toutes les occasions pour répandre la bonne nouvelle dans les camps de concentration. À mesure qu’ils recevaient de la nourriture spirituelle, ils étaient heureux de la communiquer à leurs compagnons de détention. Lisez ce qui nous a été rapporté:

Comme de nouveaux frères arrivaient de temps à autre dans le camp, ils apportaient de nouvelles pensées qu’ils avaient puisées ailleurs, dans les numéros de La Tour de Garde. Cela nous permettait d’être à jour avec la vérité. Quand la nourriture spirituelle nous a manqué, nous avons imploré Jéhovah de pourvoir à de nouvelles connaissances, et le lendemain matin un autre frère se trouvait devant la porte. Il avait une jambe de bois, et dans cette jambe il avait caché les deux exemplaires de La Tour de Garde du 15 décembre 1938 et du 1er janvier 1939 qui contenaient les articles “Remplissez la terre”. Quelle joie! Maintenant, nous qui étions dans l’isolement, nous allions commencer l’étude régulière de La Tour de Garde. Cela dura jusqu’au jour où nous avons été surpris. On cessa alors de nous isoler et on nous dispersa dans tous les autres baraquements de ce grand camp. Qu’en résulta-​t-​il? Nous avons pu faire connaître aux autres prisonniers du camp ce que nous avions appris.

L’œuvre de témoignage fut rapidement organisée. Chacun avait assez de travail à faire. Nous établissions régulièrement le rapport de notre activité. Bientôt il y eut des baptêmes. On célébra même la Commémoration avec les emblèmes. Tout ceci se passait au camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin. Mais Satan aussi veillait; il changeait parfois de tactique. C’est ainsi qu’on nous confia des postes de responsabilité. Je fus transféré à l’atelier de confection, et le SS qui m’avait tourmenté au début, mais qui avait quelques années de plus maintenant, me prit comme adjoint. Il dit qu’il appréciait ma fermeté.

Comme je me trouvais avec un frère polonais dans un baraquement où il n’y avait que des Polonais, ce frère devint mon interprète auprès d’eux. Le soir, nous prononcions des discours que nombre de jeunes Russes écoutaient; d’ailleurs, ces derniers demandèrent ensuite à être baptisés. Je préparais mes discours dans l’atelier de confection où j’avais des numéros de La Tour de Garde qui me servaient de référence. Ces exemplaires étaient cachés dans une petite pièce sans fenêtres. J’avais demandé à frère S___ de faire le guet et de me prévenir dans le cas où un SS arriverait.

Eh bien, alors que j’étais plongé dans l’étude, la porte s’ouvrit brusquement, livrant passage à l’Obersturmführer. Je l’entends encore me dire: “Cette bande est enfermée depuis des années et maintenant elle est plus active ici qu’au dehors. Qui vous a remis La Tour de Garde?” — “C’est un frère hollandais décédé.” La petite pièce fut mise sens dessus dessous, mais les SS ne découvrirent pas tout ce qui s’y trouvait, ma Bible par exemple. Je dus suivre l’Obersturmführer dans le baraquement disciplinaire, qui était également dénommé le “bloc de la mort”. Il me dit: “Maintenant vous allez vous envoler en fumée vers Jéhovah; c’en est fini de votre propagande!” Il donna l’ordre de me surveiller étroitement. Mais je ne devais pas rester seul. Bientôt [trois autres frères] vinrent me rejoindre. Nous nous encouragions mutuellement, car la fin de notre captivité arrivait à grands pas du fait que les armées russes n’étaient pas loin. Environ deux semaines avant que le camp tout entier ne fût évacué, on nous libéra du bloc de la mort. Nous en étions reconnaissants envers Jéhovah; il nous avait accordé le privilège de faire également connaissance avec cet endroit. Il y avait toujours foule dans ce baraquement. Les conditions d’hygiène étaient lamentables, les poux et les punaises fourmillaient, mais là aussi le témoignage avait été donné, car c’était la véritable raison de notre présence en ce lieu.

Évidemment, nous étions heureux de quitter ce bloc vivantsa.

Le rapport de l’activité déployée à l’intérieur de ces camps constitue un encouragement pour tous ceux qui désirent que la bonne nouvelle atteigne les personnes bien disposées en dépit des circonstances.

Les camps de concentration ont failli lamentablement dans leurs efforts visant à briser l’intégrité des témoins, en voulant leur faire signer une déclaration selon laquelle ils renonçaient à leur foi; en outre, ils n’ont pu réussir à fermer les lèvres de ceux qui s’étaient voués à chanter les louanges de Dieu et de son Royaume. Différents rapports font état de l’œuvre de témoignage accomplie dans les camps, et l’un d’entre eux, relatif au camp de Buchenwald, nous informe que les périodiques La Tour de Garde étaient même reproduits à l’intérieur de ce camp. Des gardes SS ont même abandonné le nazisme pour se vouer à Jéhovah Dieu, et ont par suite enduré la persécution en compagnie de leurs anciennes victimes, les témoins de Jéhovah. Le rapport suivant provient d’Allemands réfugiés en Suède, et il est daté du 9 juin 1945:

D’après les témoignages concordants de codétenus, les témoins de Jéhovah enduraient les plus sévères traitements dans les camps. Voici ce qu’écrivit l’un de ces témoins venant des Flandres (en Belgique): “Seuls le ferme désir de vivre, l’espérance et la confiance en Jéhovah, le Tout-Puissant, ainsi que l’amour de la Théocratie, nous permirent d’endurer toutes ces choses et de sortir victorieux. — Romains 8:37.”

Au camp de concentration de Neuengamme, près de Hambourg, une offensive secrète et bien préparée fut lancée en 1943. On fit des livres, on rédigea des cartes de témoignage en différentes langues et des troupes de choc spéciales entreprirent cette campagne de témoignage auprès des détenus du camp. D’autres intervinrent dans la lutte en faisant de nouvelles visites, en dirigeant des études de livre et en faisant des conférences, dont quelques-unes furent traduites par un interprète pour les personnes de langues russe et polonaise.

Cette prédication puissante et organisée souleva évidemment la colère des ennemis; toutefois, les mesures prises pour lutter contre ce fléau n’aboutirent à rien. Néanmoins, vers la fin de l’année, un ordre vint de Berlin, selon lequel les témoins de Jéhovah devaient être répartis dans tous les baraquements; il ne fallait pas leur permettre de rester ensemble dans la même baraque. Au lieu d’entraver l’œuvre, cette disposition facilita les contacts avec les autres prisonniers. Ainsi, chaque bloc fut visité à fond, et les personnes bien disposées reçurent régulièrement l’enseignement dont elles avaient besoin. Des périodes spéciales de témoignage furent organisées, ce qui augmenta les heures passées dans le service pour la Théocratie, ainsi que les occasions de prêcher. Quelques personnes bien disposées commencèrent à prendre part à la prédication. (...)

LA PRÉDICATION FIDÈLE PRODUIT DU FRUIT

Dans ce camp, les témoins de Jéhovah publiaient régulièrement un journal intitulé Nouvelles du Royaume de Dieu. Entre autres choses, celui-ci rapportait les progrès de l’œuvre en Hollande, en Belgique, en France, en Suisse, en Angleterre, etc. (...)

Quand les témoins enduraient une persécution spéciale, il en résultait un accroissement du témoignage et de nouvelles conquêtes pour la Théocratie. Dans un certain camp, les autorités essayèrent de forcer les témoins à travailler pour l’armée, mais leurs efforts furent vains. L’un d’entre eux fut cependant fusillé. Quand les autres prisonniers du camp virent son courage et la joie avec laquelle il fit un signe d’adieu à ses amis, ils furent si impressionnés que dix détenus prirent position pour Jéhovah. (...) Dans ce même camp, un total de 300 prisonniers embrassèrent la vérité, dont 227 jeunes Russesb.

Un exemple tragique de cette proclamation orale fut donné un jour où les autorités de la prison avaient obligé un frère à se tenir debout contre un mur, devant le camp rassemblé. Les autorités lui dirent que s’il ne cessait pas ce qu’elles appelaient sa “propagande” concernant le Royaume de Dieu, il serait fusillé. On lui remit ensuite un micro pour qu’il annonce au camp qu’il était résolu à observer cette règle. Le frère était placé le dos au mur, face à un peloton d’exécution. Les 40 000 prisonniers étaient attentifs au moment décisif où il prit le micro dans la main et commença à parler. Allait-​il faire un compromis? Certainement pas! Il était avant tout témoin de Jéhovah, aussi profita-​t-​il de cette occasion pour témoigner concernant le Royaume des cieux. Certes, il fut fusillé de sang froid, mais le rapport s’achève par ces mots: “Malgré cela, les frères continuèrent de prêcher, si bien que nombre de jeunes Russes acceptèrent la vérité et symbolisèrent l’offrande de leur personne par le baptêmec.”

De nombreux autres rapports parlent également de prisonniers qui ont embrassé la vérité. Par exemple, dans le camp de Ravensbrück 300 Russes et Ukrainiens prirent position pour le Royaume de Jéhovah. La prédication incessante ainsi que l’enseignement dispensé produisirent une grande moisson parmi ces malheureux détenus dans les camps de concentration. Des hommes et des femmes se vouèrent à Jéhovah Dieu pour faire sa volonté et symbolisèrent l’offrande de leur personne par le baptême d’eau. Dans un camp, un tonneau d’eau était même réservé à cet effet. Voici ce que révèle un rapport:

Grâce à la prédication active dans le camp, nous trouvions un nombre sans cesse croissant de personnes bien disposées, et beaucoup d’entre elles exprimèrent leur désir de se faire baptiser. Jéhovah bénit nos efforts et exauça nos prières, si bien que même dans notre baraquement disciplinaire, nous avons eu le privilège d’organiser deux services de baptême, pour un nombre de 26 baptisées, la plupart d’entre elles étant des jeunes filles russes. Au cours de notre détention dans le camp, nous avons baptisé en tout 70 personnes bien disposéesd.

Parfois ces nouveaux prirent position dans des circonstances tragiques. Un matin, par exemple, lors du rassemblement, on ordonna à tous les témoins de Jéhovah d’avancer de quelques pas, en vue d’une inspection spéciale. Le rapport poursuit en ces termes:

Or, un jeune garçon de dix-neuf ans, qui avait tout récemment entendu le message, sortit des rangs de la division à laquelle il appartenait, et prit place parmi les témoins de Jéhovah. On l’amena alors devant le commandant du camp, qui le menaça de 25 coups. Le garçon répondit: “J’ai pris aujourd’hui position pour Jéhovah, et je ne changerai pas, même si vous me donniez 25 coups ou que vous preniez ma vie.” Alors le commandant hurla: “Apportez-​moi une barre de fer! Dans dix minutes il ne sera plus témoin de Jéhovah!” Le jeune frère supporta cette torture, et par la suite il fut l’un des proclamateurs les plus zélése.

Obéissant au commandement de Jésus prescrivant de célébrer la commémoration de sa mort, même dans les camps de concentration les témoins de Jéhovah se réunirent le jour anniversaire de cette date.

Il avait été dit à chacun de se trouver dans la buanderie à 23 heures. À 23 heures précises nous étions réunis à 105. Nous nous tenions tout près les uns des autres en formant un cercle. Au milieu, il y avait un tabouret recouvert d’un linge blanc sur lequel avaient été placés les emblèmes. Une bougie éclairait la pièce, car la lumière électrique nous aurait trahis. Nous pensions aux premiers chrétiens dans les catacombes. C’était une fête solennelle. Tous ensemble nous avons renouvelé notre vœu fervent, fait à notre Père, d’employer nos forces à la justification de son saint nom, de rester fidèlement attachés à la Théocratie et de présenter volontairement nos corps en sacrifice vivant, agréable à Dieuf.

La Commémoration fut également célébrée à Ravensbrück. En 1945, même les sœurs internées dans ce camp participèrent à la Commémoration. Elles rapportèrent une assistance de 163 personnes, 109 d’entre elles ayant pris les emblèmes. Même les détenues du baraquement disciplinaire purent y participerg.

LE MONDE A LES YEUX TOURNÉS VERS LES TÉMOINS

Les mauvais traitements infligés aux témoins de Jéhovah dans ces camps de concentration et le ferme attachement à leur foi manifesté par ces fidèles serviteurs de Dieu ont été reconnus dans le monde entier. Le livre Croisade contre le Christianisme, dont nous avons tiré quelques-uns de nos récits, relate les persécutions subies par les témoins de Jéhovah pendant les cinq premières années de la domination nazie. Ce livre a été publié en 1938 par l’Europa-Verlag, à Zurich, en Suisse, et en 1939 par les éditions Rieder, à Paris. Dans une lettre datée du 2 août 1938, adressée à la filiale de la Société Tour de Garde à Berne, en Suisse, feu le docteur Thomas Mann, de renommée mondiale, dit entre autres:

C’est avec la plus vive émotion que j’ai lu votre livre si riche en documents effroyables, et je ne puis décrire le mélange de mépris et d’horreur qui m’a saisi en feuilletant ces témoignages d’une bassesse humaine inégalable et d’une cruauté sans nom. La langue est incapable de décrire l’abjection de la mentalité révélée par ces pages qui nous content les souffrances horribles d’innocentes victimes fermement attachées à leur foih.

Commentant également ce livre, l’auteur français bien connu Madame Geneviève Tabouis, dans une lettre datée du 28 octobre 1938, déclara entre autres:

Nous subissons l’invasion des barbares comme au IVe siècle. Mais, l’armée d’Attila n’était rien en comparaison des apôtres du nazisme et du fascisme. Néanmoins, “la foi qui transporte des montagnes” l’emportera encore sur les Barbares du XXe siècle. La question ne se pose même pas. Ceux qui, aujourd’hui, sont martyrisés au nom de la foi lui rendent, en souffrant, certainement plus de services que n’en peut rendre un général à la tête de son armée.

Nous vous sommes reconnaissants, Monsieur, de votre publication. Elle nous laisse partagés entre l’horreur des persécutions commises et l’admiration pour ceux qui les subissenti.

Le pasteur T. Bruppacher, ministre protestant suisse, déclara avec juste raison:

Alors que la chrétienté officielle manifeste un intérêt bienveillant pour la lutte des Églises allemandes, une troupe modeste se tient debout et souffre au premier chef. Tandis que des hommes se disant chrétiens ont échoué dans l’épreuve décisive, ces témoins de Jéhovah, inconnus comme martyrs chrétiens, maintiennent inébranlablement leur position contre la coercition de conscience et l’idolâtrie païenne. Le futur historien de l’Église devra reconnaître un jour que ce ne sont pas les grandes Églises, mais ces hommes calomniés et ridiculisés qui osèrent les premiers s’élever contre le démon nazi et résister à sa fureur, conformément à leur foi. Ils souffrent et saignent, parce qu’en leur qualité de témoins de Jéhovah et de candidats au Royaume de Christ, ils refusent d’adorer Hitler et de porter la croix gammée. Ces chrétiens particuliers sont estimés dignes de souffrir pour la cause de son Nom, et humblement, ils ont prouvé qu’ils savent vraiment comment défendre leur glorieux titre de témoins de Jéhovah! Celui qui, en toute sincérité, se laissera convaincre par ces documents, verra les Étudiants de la Bible tant calomniés sous un jour nouveau. Il ne les jugera plus hâtivement selon sa propre justicej.

Voici ce que disait le périodique de langue allemande Argentinisches Tagblatt de Buenos Aires, en date du 6 février 1938, concernant les témoins de Jéhovah du camp de concentration de Dachau:

Ils supportent tous les châtiments avec stoïcisme et continuent même de travailler avec succès à la cause de leurs compagnons de misèrek.

Monsieur B. Stuart déclara dans le Daily News de Natal, province de la République sud-africaine, du 15 juillet 1939:

Il est de notoriété publique que les “Bibelforschers” [Étudiants de la Bible ou témoins de Jéhovah] constituent le seul obstacle pour le vieux Reich, obstacle qu’Hitler n’est pas parvenu à balayer de sa route. (...) Telle une lampe qui ne vacille pas, ce petit groupe de chrétiens, hommes et femmes, reste fermement attaché à sa foi; c’est un sujet continuel d’irritation pour le Monarque de Munich et un témoignage vivant de sa mortalitél.

Jean Fontenoy, journaliste français, fut autorisé à visiter le camp de concentration d’Oranienbourg. Un long rapport parut dans le “Journal” et des extraits de celui-ci furent publiés dans le journal suisse St-Galler Tagblatt. Ce journaliste rapporte tout d’abord comment le commandant du camp lui a décrit les témoins de Jéhovah, et il poursuit en ces termes:

Cette discussion m’avait donné matière à réflexion; aussi plus tard, à midi, je suis revenu sur le thème des Étudiants de la Bible, disant: “Vous avez dans ce camp 450 Étudiants de la Bible, mais leur place est-​elle vraiment ici? La plupart d’entre eux sont de bonnes gens qui ne représentent aucun danger; à mes yeux ils paraissent être des saints, et en tout cas absolument inoffensifs.”

Un fonctionnaire de Berlin qui accompagnait le groupe dans le camp spécifia qu’il était difficile de trouver en Allemagne les imprimeries clandestines d’où sortaient encore les publications des Étudiants de la Bible. On ne trouve sur les témoins ni noms ni adresses, et ils ne se trahissent pas les uns les autres. Quand on en eut arrêté 250 à Hambourg et que leur imprimerie fut confisquée, on pensait que cela mettrait fin à la diffusion d’un certain périodique, mais dans les deux semaines qui suivirent, le périodique en question réapparut comme auparavant, et jusqu’ici la police n’a pas encore été capable de découvrir où il est imprimé et qui le diffusea.

De nombreuses autres personnes, dont certains codétenus, ont parlé de l’intégrité et de la foi des témoins de Jéhovah. Parmi elles se trouve la nièce du général de Gaulle, lequel était à cette époque à la tête du gouvernement français d’après-guerre. Dans une lettre adressée à la Société, elle déclare:

Messieurs,

Je suis heureuse de pouvoir vous donner mon témoignage sur les étudiantes de la Bible (Bibelforscherinnen) que j’ai rencontrées au camp [pour femmes] de Ravensbrück.

En effet, j’ai pour elles une véritable admiration. Elles appartenaient à différentes nationalités: allemande, polonaise, russe ou tchèque et ont subi pour leurs croyances de très grandes souffrances.

Les premières arrestations avaient eu lieu depuis dix ans et la plupart de celles qui avaient été amenées au camp à ce moment-​là étaient mortes des mauvais traitements qu’on leur avait fait subir, ou avaient été exécutées.

J’ai connu cependant quelques survivantes de cette époque et d’autres prisonnières arrivées plus récemment; toutes faisaient preuve d’un très grand courage et finissaient par en imposer aux SS eux-​mêmes. Elles auraient pu être libres sur-le-champ si elles avaient renoncé à leur foi. Au contraire, elles ne cessaient de résister, réussissant même à introduire dans le camp des livres et des tracts qui ont valu la pendaison à plusieurs d’entre elles.

Dans mon bloc, j’ai assez bien connu trois étudiantes de la Bible de nationalité tchèque. Par mesure de protestation, il leur est arrivé plusieurs fois, avec d’autres de leurs coreligionnaires, de refuser d’aller aux appels. J’ai assisté moi-​même à des scènes très pénibles où je les ai vu battues et mordues par les chiens sans qu’elles renoncent à leurs décisions.

De plus, restant fidèles à leur croyance, la plupart d’entre elles ont toujours refusé de prendre part à des industries de guerre, ce qui leur a valu de mauvais traitements et même la mort.

Je regrette de ne pouvoir vous donner tous ces détails de vive voix comme vous me le demandez, mais je suis actuellement contrainte de faire un séjour en haute montagne pour ma santé; j’espère que ces détails vous suffiront et répondent à ce que vous désiriez savoir.

Croyez, Messieurs, à mes sentiments les meilleurs.

[Signé] GENEVIÈVE DE GAULLEb

UN FIDÈLE ADIEU

Les rapports que nous avons considérés cet après-midi ne représentent qu’une partie de ceux qui ont été publiés ou qui sont classés dans les archives de la Société Tour de Garde. Le temps nous manque pour en citer davantage. Toutefois, pour terminer notre entretien, je vais encore vous lire une lettre. Elle exprime, en termes simples, l’intérêt sincère que les prisonniers dans les camps portaient à ceux qu’ils aimaient et qui se trouvaient au dehors. Il s’agit de l’émouvante lettre qu’un frère condamné adressa à sa femme.

Ma chère Erna, c’est à présent ma dernière nuit. On m’a lu ma condamnation, et j’ai pris mon dernier repas. Ma vie sera accomplie quand tu auras reçu cette lettre. Nous savons que la mort a perdu son aiguillon et que le séjour des morts est vaincu. Évidemment, cela paraît tout à fait insensé et ridicule aux yeux de la plupart des gens, mais cela importe peu. L’heure viendra où le nom du Dieu tout-puissant sera justifié, et les hommes le verront. Quand ces derniers demandent aujourd’hui pourquoi Dieu ne l’a pas encore fait, nous savons que c’est parce que sa puissance sera par ce moyen démontrée avec plus d’éclat.

Ainsi, ma chère Erna, je te remercie d’avoir partagé avec moi une partie de ma vie. Dans toutes les circonstances de la vie tu as été une compagne attentionnée, et tu m’as soutenu dans mon affliction jusqu’au bout. Me voici arrivé à la fin, et je prie pour que tu puisses également continuer à porter dignement ton fardeau dans l’avenir, à savoir l’opprobre qui m’a accablé et qui te frappe directement. C’est pourquoi, une fois encore, je contemple tes yeux sereins et brillants, et j’efface de ton cœur le dernier chagrin; malgré la douleur, relève la tête et réjouis-​toi, non pas de la mort, mais de la vie que Dieu offrira à ceux qui l’aiment.

Je te dis mon amour et mon indéfectible amitié. Ton mari qui t’aimec.

[Notes]

a a Consolation (angl.), Vol. XXVI, 12 sept. 1945, p. 7.

b b Rapport établi par un témoin oculaire et se trouvant dans les archives de la Société Tour de Garde.

c c Rapport établi par un témoin oculaire et se trouvant dans les archives de la Société Tour de Garde.

d d Ibid.

e e Rapport établi par un témoin oculaire et se trouvant dans les archives de la Société Tour de Carde.

f f Ibid.

g g Ibid.

h h Annuaire (angl.) 1946, p. 137.

i i Consolation (angl.), Vol. XXVII, 16 janv. 1946, p. 11.

j j Croisade contre le Christianisme, pp. 30, 31.

k k D’après les archives de la Société Tour de Garde.

l l Ibid.

a m D’après les archives de la Société Tour de Garde.

b n Consolation (angl.), Vol. XXVI, 12 sept. 1945, pp. 11, 12.

c o Consolation (angl.), Vol. XXVII, 16 janv. 1946, p. 9.

d p Ibid., pp. 4-10.

e q Consolation (angl.), Vol. XXVI, 12 sept. 1945, pp. 11, 12.

f r Consolation (angl.), Vol. XXVII, 16 janv. 1946, p. 8.

g s Ibid.

h t Croisade contre le Christianisme, introduction.

i u Croisade contre le Christianisme, introduction; également d’après les archives de la Société Tour de Garde.

j v Consolation (angl.), Vol. XXI, 18 oct. 1939, p. 5.

k w D’après les archives de la Société Tour de Garde.

l x Consolation (angl.), Vol. XXI, 15 nov. 1939, pp. 3, 4.

a y Consolation (angl.), Vol. XXI, 18 oct. 1939, pp. 5, 6.

b z wF 1946, p. 347.

c aa Consolation (angl.), Vol. XXVI, 12 sept. 1945, pp. 5, 6.

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