BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • jp chap. 28 p. 206-211
  • La bonne nouvelle crée des précédents juridiques

Aucune vidéo n'est disponible pour cette sélection.

Il y a eu un problème lors du chargement de la vidéo.

  • La bonne nouvelle crée des précédents juridiques
  • Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins
  • Intertitres
  • POINT DE VUE DIFFÉRENT AU SUJET DE LA DÉCISION GOBITIS
  • UN “JOUR FASTE” POUR LES TÉMOINS DE JÉHOVAH
  • LA COUR SUPRÊME RÉFORME DE NOUVEAU SON JUGEMENT
  • ARTISANS DE LA LOI CONSTITUTIONNELLE
Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins
jp chap. 28 p. 206-211

Chapitre 28

La bonne nouvelle crée des précédents juridiques

THOMAS: La situation des témoins de Jéhovah ne s’est-​elle pas développée sur le plan juridique au cours de l’année 1942 aux États-Unis?

JEAN: Si, certainement, mais cela se produisit plus particulièrement en 1943. Toutefois, avant d’en parler, je pense qu’il serait bien que nous passions en revue les cas ayant déjà fait l’objet de notre discussion. Marie, as-​tu les notes que tu as prises à propos de ces différentes affaires?

MARIE: Oui, et j’ai même quelques indications supplémentaires. Au printemps de l’année 1938, le 28 mars, la Cour suprême des États-Unis promulgua le principe légal suivant lequel une ordonnance de Griffin, en Géorgie, était nulle et non avenue. “La liberté de la presse, déclara le président de la Cour, accordait à l’origine le droit de publier ‘sans autorisation ce qui auparavant ne pouvait être publié qu’avec une autorisationa’.” Il s’agissait du cas Lovellb.

En automne 1939, le 22 novembre, la Cour suprême décréta, à propos du cas Schneiderc, qu’une ordonnance prescrivant aux colporteurs de fournir certains renseignements aux autorités et de demander un permis au chef de la police constituait une atteinte à la liberté de la presse, contrairement au Premier Amendement de la constitution.

Le cas Cantwelld, examiné le 20 mai 1940, concernait une condamnation suite à la violation d’une ordonnance interdisant de solliciter de l’argent pour une cause religieuse sans l’autorisation de l’officier de police de la localité. La Cour suprême décida à l’unanimité que le statut appliqué dans ce cas constituait une violation de la liberté religieuse garantie par la clause du Quatorzième Amendement contre l’ingérence de l’Étate.

THOMAS: N’est-​ce pas en 1940 que vous avez perdu le procès relatif au salut au drapeau?

MARIE: En effet, cette décision a été prise dans le cas Gobitisf, qui fut jugé en juin 1940, n’est-​ce pas, Jean?

JEAN: Oui, le 3 juin exactement. C’est ce verdict qui déclencha une vague de persécutions. En 1942, nous avons également perdu une autre cause importante. Il s’agit de l’affaire Jones contre Opelikag, jugée par la Cour suprême des États-Unis le 8 juin 1942. Ce procès portait sur la prédication dans les rues qui, à cette époque, était devenue une importante forme de service déployée par les témoins de Jéhovah. La Cour suprême jugea cette affaire ainsi que deux autres, l’une de l’Arkansas et l’autre de l’Arizona. Le cas Jones souleva la question de savoir si ce témoin de Jéhovah était vraiment coupable d’avoir transgressé une loi de la ville d’Opelika, dans l’Alabama, en “vendant des livres” sans licence ni paiement d’une taxe.

Les témoins de Jéhovah perdirent ce procès par cinq voix contre quatre. La question constitutionnelle à débattre était de savoir si une patente non discriminatoire, d’un montant raisonnable, pouvait être exigée des témoins de Jéhovah pour exercer leur activité. La Cour décréta que cette patente était constitutionnelle. Stone, président de la Cour, conclut l’argumentation de son avis contraire par ces paroles:

Vu que cette patente exerce une restreinte préliminaire sur le droit de publier, elle équivaut presque à une censure ou à une interdiction. Plus la cause est humble et pauvre, et plus cette patente fait office d’interdiction.

Le juge Murphy abonda dans le même sens, déclarant entre autres choses:

Quel que soit leur montant, les licences sont en réalité des taxes sur la propagation des idées religieuses, propagation réalisée grâce à la diffusion de publications religieuses dans un but uniquement religieux, et non pour un profit personnel. Ainsi la question de montant mise à part, ces taxes constituent un fardeau pesant pour la liberté de parole et de la presse, et pour le libre exercice du culte. En fait, sans la liberté de diffusion, il n’y aurait pas la liberté de la presse. (...)

(...) Si cette Cour doit pécher en jugeant les plaintes déposées parce qu’on a porté atteinte à la liberté de parole, de la presse ou de religion, il est de beaucoup préférable qu’elle pèche pour avoir protégé à l’excès ces précieuses libertésh.

POINT DE VUE DIFFÉRENT AU SUJET DE LA DÉCISION GOBITIS

Un fait très intéressant se produisit à propos de la même affaire, à savoir le cas Jones. Après avoir exposé leur opinion, les juges Black, Douglas et Murphy ajoutèrent de leur plein gré cette déclaration significative et sans précédent, revenant sur leur vote de 1940 à propos du salut au drapeau:

L’opinion de la Cour sanctionne une disposition qui, à notre avis, supprime ou tend à supprimer le libre exercice d’une religion pratiquée par une minorité. Cette action n’est autre qu’un nouvel aspect de l’attitude adoptée dans l’affaire Minersville School District contre Gobitis (...) contre la même minorité religieuse, et c’est une extension logique des principes sur lesquels était fondée cette décision. Puisque nous avons approuvé cette opinion dans le cas Gobitis, nous pensons que le moment est opportun pour déclarer que nous croyons que cette décision n’était pas bonne. Il ne fait aucun doute que notre forme démocratique de gouvernement opérant sur la base des Amendements garantissant les droits des citoyens assume la lourde responsabilité de s’adapter aux conceptions religieuses des minorités, aussi impopulaires et non orthodoxes soient-​elles. Le Premier Amendement n’accorde pas au droit d’exercer librement la religion une place subordonnée, toutefois nous craignons que les décisions adoptées à propos des cas présents et de l’affaire Gobitis ne fassent exactement celai.

Vous vous souvenez à quel point la situation s’était aggravée dans tous les États-Unis. Les témoins de Jéhovah étaient persécutés de toutes parts, de violentes émeutes se déchaînant partout. De plus, les cérémonies au cours desquelles le salut au drapeau était obligatoire se multipliant dans les écoles, un nombre sans cesse croissant d’enfants se voyaient expulsés des établissements scolaires, ce qui incita la Société à aider les frères à instruire leurs enfants. Dès 1936, des écoles privées furent ouvertes; on les appela “Écoles du Royaume”, et elles fonctionnaient grâce à des enseignants qualifiés, eux-​mêmes témoins de Jéhovah, qui s’étaient offerts bénévolementj. Les cas de toutes sortes se chiffraient par milliers, et le courrier adressé au service juridique du siège principal de la Société était si important que les frères se voyaient dans l’impossibilité de traiter les affaires à mesure qu’elles se présentaient.

Quand les juges Black, Douglas et Murphy adoptèrent cette position inattendue et encourageante à propos du cas Jones contre Opelika, l’avocat de la Société décida de rouvrir les débats sur la question du salut au drapeau, et de soumettre celle-ci rapidement à la Cour suprême. Il se rendit donc immédiatement dans la ville de Charleston, en Virginie occidentale, et déposa une plainte au tribunal du district Sud de la Virginie contre cet État, réclamant la remise de l’application de la loi exigeant le salut au drapeau. On ne s’attendait pas à ce que le jugement de cette affaire soit nécessairement rendu en faveur des témoins de Jéhovah, du moins en première instance. Ce procès fut présidé par trois juges. Cette cour de trois juges avait été formée afin de permettre aux témoins de Jéhovah de porter l’affaire directement devant la Cour suprême des États-Unis, pour qu’elle soit rapidement tranchée en cas de décision non favorable.

Après la plaidoirie de l’avocat de la Société, l’avocat général de la Virginie occidentale prit la parole et dit: “Il n’est pas nécessaire que je réponde à M. Covington au sujet du cas nous intéressant. Je m’en tiendrai à la décision, toujours en vigueur, prise à propos de l’affaire Gobitis contre Minersville School District.” Le juge Parker de la Cour d’appel, qui présidait en compagnie des juges Moore et Watkins, déclara: “Si vous vous appuyez sur cette opinion, Monsieur l’avocat général, il serait préférable que vous arguiez le cas.” Totalement pris au dépourvu, l’avocat général présenta une argumentation sans poids, lut la décision de la Cour sur le cas Gobitis et s’assit. Alors, prenant une décision sans précédent, les trois juges refusèrent d’un commun accord de suivre l’arrêt que la Cour suprême des États-Unis avait rendu à propos des mêmes faits. Ils prirent une décision en faveur des témoins de Jéhovah.

Dans l’intervalle, avant que ce cas ne fût présenté devant la Cour suprême, suite à l’appel interjeté par le Ministère de l’Éducation de la Virginie occidentale, plusieurs autres affaires impliquant des témoins de Jéhovah furent examinées par la Cour, y compris les deux cas suivants: Jamison contre Texask et Largent contre Texasl. Les jugements furent rendus le 8 mars 1943.

Le premier des deux cas, celui de Jamison, concernait un arrêté de la ville de Dallas, au Texas, interdisant d’éparpiller des feuillets, de faire de la publicité et de lancer des invitations dans les rues. La simple diffusion de feuilles d’invitation faite par un témoin constituait une violation de cette ordonnance. Cependant, la Cour suprême décida que la mise en application de cet arrêté contre le témoin en question portait atteinte à la liberté de la presse, contrairement au Premier Amendement.

Le second cas, celui de Largent contre Texas, portait sur une ordonnance de la ville de Paris, dans le Texas, qui exigeait un permis délivré par le maire après enquête et autorisant à faire du colportage ou de la vente dans les quartiers résidentiels. La condamnation infligée sur la base de cette ordonnance fut rejetée par la Cour suprême des États-Unis, car elle impliquait une censure préliminaire de la presse, ce qui était en contradiction avec le Premier Amendement.

UN “JOUR FASTE” POUR LES TÉMOINS DE JÉHOVAH

Les mois de mai et juin 1943 ont été une époque de joie pour les témoins de Jéhovah, en raison des remparts constitués par les précédents établis par la Cour suprême. Le 3 mai 1943 a été appelé un “jour faste” pour les témoins de Jéhovah, car ces derniers remportèrent douze victoires sur les treize cas jugésa. Le cas Murdock contre Pennsylvanie, portant sur la possession d’une patente, a particulièrement été retentissant; en effet, la décision prise à propos de cette affaire fut contraire à la position adoptée par la Cour suprême dans le cas Jones contre la ville d’Opelika.

Il est toutefois entendu que le fait qu’une taxe puisse supprimer ou contrôler cette activité est sans importance, si elle ne produit pas ce résultat. Mais en raisonnant de la sorte, on ne tient pas compte de la nature de cette taxe. C’est une taxe, une simple taxe imposée sur l’exercice d’un droit protégé par les Amendements garantissant les droits des citoyens [américains]. Un État ne peut imposer une taxe pour la jouissance d’un droit garanti par la Constitution fédérale. (...) Le pouvoir d’imposer une taxe de patente pour l’exercice de ces libertés a des conséquences aussi sérieuses que le pouvoir de censurer auquel cette Cour a mis fin à maintes reprises. (...)

Le jugement dans l’affaire Jones contre Opelika a été cassé ce jour. Libérés de ce précédent, nous pouvons rétablir à leur position constitutionnelle et élevée les libertés des évangélistes itinérants qui propagent leurs croyances religieuses et les doctrines de leur foi en distribuant des publications.

Une déclaration faite par la Cour, quand elle rendit ce jugement, révèle particulièrement l’animosité cachée derrière ces arrestations et condamnations sur la base de telles ordonnances:

L’accent est surtout mis sur la nature des publications que les requérants distribuent, — publications à caractère provocant, malhonnête et insultant pour les Églises établies et les croyances que nombre d’entre nous chérissent. (...) Toutefois, ces considérations ne justifient nullement l’exigence d’une taxe de patente imposée par l’ordonnance. Franchement, une communauté ne peut interdire ou un État taxer la propagation d’idées, parce qu’elles sont impopulaires, contrariantes ou désagréables. Si ce décret devait être ratifié, il constituerait alors un instrument prêt à supprimer la foi que chérissent ces minorités, quelles qu’elles soient, mais qui ne reçoit pas l’approbation générale. Cela équivaudrait à une répudiation complète de la philosophie des Amendements qui garantissent les droits des citoyensb.

Une autre affaire jugée le même jour que le cas Murdock portait sur un arrêté interdisant de sonner aux portes pour diffuser de maison en maison des feuilles d’invitation ou des brochures publicitaires. La Cour décréta que cette interdiction portait atteinte à la liberté de la presse. La Cour énonça ce principe:

Bien que les personnes qui diffusent des publications de porte en porte puissent nuire à la société ou cacher des activités criminelles, il se peut également que leur visite soit profitable, en ce sens que ces personnes répandent des idées valables dans la meilleure tradition des discussions libres. Le fait que ce moyen d’expression soit largement employé par de nombreux groupes défendant des causes diverses atteste son importance capitale. (...)

La liberté de diffuser des informations auprès de chaque citoyen, que celui-ci le veuille ou non, est si manifestement vitale pour la conservation d’une société libre que, hormis des ordonnances raisonnables de la police et des services d’hygiène réglementant l’heure et la manière de la diffusion, cette liberté doit être pleinement préservéec.

L’affaire Douglas contre Jeannetted fut un autre cas important réglé ce jour-​là. La Cour a déclaré que les témoins de Jéhovah n’avaient pas le droit de s’opposer à l’application des peines prévues par la loi sur la patente passée par la ville de Jeannette, en Pennsylvanie. La Cour décréta que puisque les témoins de Jéhovah pouvaient prouver, grâce à la décision dans l’affaire Murdock, que les charges retenues contre eux étaient fondées sur une ordonnance anticonstitutionnelle, ils étaient suffisamment protégés.

Vous voyez qu’avant que la Cour suprême ne prenne des décisions absolues et d’une portée considérable au cours des mois de mai et juin 1943, ce qui eut pour effet de faire cesser les persécutions sur le plan national, les témoins de Jéhovah se servaient judicieusement de la loi sur les droits civiques pour en appeler aux cours fédérales contre les autorités locales, qui restreignaient les droits garantis par le Premier Amendement. Ces arrêts de sursis décrétés par les cours fédérales constituèrent un gigantesque barrage retenant la vague de poursuites judiciaires qui déferlait à cette époque.

Puis la Cour suprême se prononça dans l’affaire Douglas contre Jeannette, ce qui eut pour effet de “dynamiter” ce barrage. Mais la décision rendue le même jour dans l’affaire Murdock fit disparaître les eaux pour ce qui était des cas concernant l’exigence d’une patente. C’est ainsi que dès le début de l’été 1943, on enregistra une nette diminution dans le nombre de procès intentés contre les témoins de Jéhovah. Simultanément, le nombre des poursuites judiciaires annulées augmenta remarquablement. Les centaines de cas, dont la solution faisait jurisprudence, atteignirent leur point culminant grâce à ces décisions marquantes adoptées par la Cour suprême des États-Unis au cours des mois de mai et juin 1943. Cette année a réellement marqué un tournant sur le plan juridique, en faveur des témoins de Jéhovah.

LA COUR SUPRÊME RÉFORME DE NOUVEAU SON JUGEMENT

Le 14 juin 1943, jour anniversaire de l’adoption du drapeau américain, fut à maints égards tout aussi remarquable que le 3 mai, car en cette journée mémorable la Cour suprême réforma de nouveau son jugement, justifiant ainsi la position juridique des témoins de Jéhovah. L’une des affaires jugées en cette journée concernait une autre accusation portée à cette époque contre les témoins de Jéhovah, à savoir l’accusation de sédition. En juin 1942, dans le Mississippi, trois témoins de Jéhovah avaient été arrêtés et faussement accusés d’avoir incité les citoyens à se montrer déloyaux envers le gouvernement des États-Unis et de l’État du Mississippi, et d’avoir diffusé des enseignements et des publications encourageant à l’infidélité à l’égard du gouvernement des États-Unis. Des cours inférieures les condamnèrent pour sédition à une peine d’emprisonnement couvrant toute la durée de la guerre; toutefois la sentence ne devait pas excéder dix ans. C’était un chef d’accusation très grave qui entachait le nom des témoins de Jéhovah. En ce jour anniversaire de l’adoption du drapeau américain, la Cour se décida à l’unanimité en faveur des témoins de Jéhovah. Voici ce qu’elle déclara:

L’ordonnance, telle qu’elle fut interprétée dans ces cas, qualifie de délit le fait de communiquer à autrui des idées et des opinions sur la politique du gouvernement, ainsi que des prophéties relatives à l’avenir de notre pays et des autres nations. Telle qu’elle est appliquée aux requérants, elle les punit, bien qu’il ne soit pas prétendu ou démontré que ce qu’ils ont communiqué l’a été dans un dessein mauvais ou sinistre, qu’ils ont appuyé une action subversive ou incité à cette action contre la nation ou l’État, ou menacé de dangers évidents et immédiats nos institutions ou notre gouvernement. Ce que ces appelants communiquaient, c’étaient leurs croyances et leurs idées concernant certaines mesures intérieures et tendances dans les affaires nationales et mondiales.

Conformément à nos décisions, des sanctions criminelles ne peuvent être imposées pour de telles communicationse.

En ce même jour mémorable, après des années de violence et d’émeutes dirigées contre les témoins de Jéhovah comme conséquence directe du jugement défavorable prononcé à propos de l’affaire Gobitis, la Cour suprême des États-Unis réforma le jugement qu’elle avait rendu concernant cette affaire, par la décision qu’elle prit dans la célèbre cause Ministère de l’Éducation de la Virginie occidentale contre Barnette. La Cour décréta que le ministère n’avait pas le droit d’expulser de l’école et de refuser d’instruire les enfants des témoins de Jéhovah qui ne voulaient pas saluer le drapeau. Voici ce qui fut dit lors de ce jugement:

(...) Pour soutenir le caractère obligatoire du salut au drapeau, nous sommes obligés de dire que les Amendements garantissant les droits des citoyens et protégeant le droit de l’individu d’exprimer sa pensée laissaient toute latitude aux autorités publiques pour l’obliger à dire ce qu’il ne pense pas. (...)

Le but des Amendements qui garantissent les droits des citoyens était de soustraire certains sujets aux vicissitudes des controverses politiques, de les mettre hors d’atteinte des majorités et des autorités, et d’en faire des principes juridiques à observer par les tribunaux. Le droit à la vie, à la liberté, à la propriété, aux libertés de parole, de la presse, du culte et de réunion ainsi que d’autres droits fondamentaux, ne peuvent être soumis au vote; ils ne dépendent d’aucune élection. (...)

S’il est quelque étoile fixe dans la constellation de notre constitution, c’est qu’aucun fonctionnaire, supérieur ou subalterne, n’a le droit de prescrire ce qui sera orthodoxe en matière de politique, de nationalisme, de religion ou dans d’autres questions, ou de contraindre des citoyens à confesser leur foi en ces choses par la parole ou par des actes. (...)

Nous pensons que l’action des autorités locales consistant à imposer le salut au drapeau et la prestation de serment dépasse les limites constitutionnelles de leur pouvoir et empiète sur le domaine de l’intelligence et de l’esprit, que le Premier Amendement apporté à notre constitution a pour but de mettre à l’abri de tout contrôle officielf.

Cette décision annula le verdict prononcé par la Cour à propos de l’affaire Gobitis. Désormais, les Écoles du Royaume créées momentanément n’avaient plus leur raison d’être et, pour la première fois depuis huit ans, les enfants des témoins de Jéhovah se voyaient accorder le droit de retourner dans les écoles publiques.

THOMAS: Le climat dans lequel cette affaire s’est déroulée ainsi que ses conséquences me rappellent une déclaration faite par le célèbre historien moderne Arnold J. Toynbee, qui dit:

L’une des raisons pour lesquelles nos temps sont périlleux, c’est qu’on nous a enseigné à tous à adorer notre nation, notre drapeau et notre propre passé historique. L’homme ne peut sans danger adorer que Dieug.

JEAN: En 1944, la Cour renforça la position qu’elle avait adoptée dans les affaires Jones et Murdock, en décrétant que la constitution protège un ministre itinérant tout autant qu’un ministre local dans l’activité de porte en porte et la diffusion de publications; elle ajouta en outre que tirer sa subsistance du ministère ne justifie pas l’imposition sous la forme d’une taxe de patenteh.

ARTISANS DE LA LOI CONSTITUTIONNELLE

Tous ces procès constituent une documentation monumentale que tous les hommes peuvent consulter. C’est d’ailleurs ce que déclara le juge Murphy de la Cour suprême des États-Unis, quand il dit:

(...) Depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, l’ingéniosité de l’homme n’a pas connu de limites dans son habileté à forger des armes pour opprimer ceux qui osent exprimer ou pratiquer des croyances religieuses non orthodoxes. Les témoins de Jéhovah sont la preuve vivante que même dans cette nation, fondée comme elle l’était sur l’idéal de la liberté, le droit de pratiquer la religion de manière non conventionnelle est très précaire. Leur foi est active et impopulaire, et ils l’exercent avec un zèle fanatique. Ils ont été sauvagement battus et leurs biens ont été détruits; à tout moment ils ont été harcelés en ce sens que l’on a ressuscité, pour les mettre en application, de vieilles ordonnances. (...) Sur eux, ainsi que sur les autres minorités religieuses actuelles, repose la responsabilité de mettre à l’épreuve notre attachement aux idéaux et garanties constitutionnels de la liberté religieusei.

De nombreux experts juridiques et historiens modernes se sont également prononcés à propos des batailles légales livrées par les témoins de Jéhovah au cours de cette période.

Jamais, ou rarement dans le passé, un individu ou un groupe n’a été à même de façonner, pendant une certaine période, une partie quelconque de notre immense recueil de lois constitutionnelles. Mais cela peut arriver, et cela est arrivé ici. Ce groupement, ce sont les témoins de Jéhovah. À travers des procès presque continus, cette organisation a rendu possible une liste sans cesse croissante de précédents concernant l’application du Quatorzième Amendement à la liberté de parole et de religion. (...)

(...) Plus récemment, la même épreuve a été appliquée à la législation des États, en vertu du Quatorzième Amendement. Et ainsi s’est développé un recueil de lois fixant les précédents et touchant les limites des empiètements par les États.

Ce sont les témoins de Jéhovah qui ont contribué le plus à ce développement, à la fois par le nombre et par la portéej.

(...) Quoi qu’on puisse dire au sujet des témoins de Jéhovah, ils ont le courage des martyrs. Et ils ont de l’argent pour payer des avocats et défendre des causes devant les tribunaux. Il en est résulté, au cours des dernières années, qu’ils ont contribué plus que n’importe quel autre culte ou groupe au développement de la loi constitutionnelle sur la liberté religieuse. Croyez-​moi, ils ne perdent pas de temps. Parfois ils gagnent et parfois ils perdentk.

Il est clair que les actuelles garanties constitutionnelles de liberté individuelle, telles que la Cour suprême des États-Unis les interprète avec autorité, sont bien plus étendues qu’elles ne l’étaient avant le printemps de 1938, et que l’on doit trouver la raison principale de cette extension dans les trente et un procès des témoins de Jéhovah (seize jugements faisant loi), dont celui de Lovell contre la ville de Griffin fut le premier. Si “le sang des martyrs constitue la semence de l’Église”, quelle est la dette de la loi constitutionnelle envers la persévérance dans l’action — je devrais peut-être dire le dévouement — de ce groupement étrangel?

Les témoins de Jéhovah ont littéralement couvert la terre de leur témoignage. (...) Il n’y a pas de chrétiens modernes qui aient fait de l’Écriture un emploi plus constant, ou qui en aient appris plus de passages que les témoins. Pour discuter avec eux avec succès sur des questions bibliques, on doit connaître les Écritures mieux que la plupart des membres des Églises fondamentalistes elles-​mêmes. (...)

Malgré toute sorte d’opposition, ils se frayent un chemin. Ils combattent avec tous les moyens légaux pour leurs droits civiques, le droit de réunion publique, — qui leur est parfois refusé, — le droit de distribuer leurs publications et le droit fondé sur leur conscience, de vouer leur fidélité premièrement à Dieu. Ils ont rendu un service insigne à la démocratie par leur combat pour préserver leurs droits civiques, car par leur lutte ils ont fait beaucoup pour garantir ces droits à tout groupe minoritaire en Amérique. Quand les droits civiques d’un groupe quelconque sont violés, les droits d’aucun autre groupe ne sont en sécurité. C’est pourquoi ils ont contribué sans aucun doute à la préservation de certaines des choses les plus précieuses de notre démocratiea.

LOÏS: J’aurais presque envie de dire “bravo” en entendant ces déclarations. Ce sont là certainement des hommages dignes d’intérêt rendus aux desseins théocratiques des témoins de Jéhovah.

[Notes]

a a Minnesota Law Review, Vol. XXVIII, No 4, mars 1944, “The Debt of Constitutional Law to Jehovah’s Witnesses”, par le juge Edward F. Waite, p. 224.

b b Lovell contre la ville de Griffin, 303 U.S. 444, 58 S. Ct. 666, 82 L. éd. 949 (1938).

c c Schneider contre New Jersey, 308 U.S. 147, 60 S. Ct. 146, 84 L. éd. 155 (1939).

d d Cantwell contre Connecticut, 310 U.S. 296, 60 S. Ct. 900, 84 L. éd. 1213 (1940).

e e Minnesota Law Review, Vol. XXVIII, No 4, mars 1944, pp. 226, 227.

f f Minersville School District contre Gobitis, 310 U.S. 586, 60 S. Ct. 1010, 84 L. éd. 1375 (1940).

g g 316 U.S. 584, 62 S. Ct. 1231, 86 L. éd. 1691 (1942).

h h 316 U.S. 584, 611, 616, 623, 62 S. Ct. 1231, 1245, 1248, 1251 (1942).

i i 316 U.S. 584, 623, 624, 62 S. Ct. 1231, 1251, 1252 (1942).

j j Annuaire 1937, p. 56; Annuaire 1938, p. 57; Annuaire 1939, pp. 74, 75.

k k 318 U.S. 413, 63 S. Ct. 669, 87 L. éd. 869 (1943).

l l 318 U.S. 418, 63 S. Ct. 667, 87 L. éd. 873 (1943).

a m Minnesota Law Review par le juge Edward F. Waite, Vol. XXVIII, No 4, mars 1944, p. 209.

b n Murdock contre Pennsylvanie, 319 U.S. 105, 112, 113, 115, 116, 117, 63 S. Ct. 870, 875, 876, 877, 87 L. éd. 1292 (1943).

c o Martin contre la ville de Struthers, 319 U.S. 141, 145, 146, 147, 63 S. Ct. 862, 864, 865, 87 L. éd. 1313 (1943).

d p 319 U.S. 157, 63 S. Ct. 877, 87 L. éd. 1324 (1943).

e q Taylor contre Mississippi 319 U.S. 583, 589, 590, 63 S. Ct. 1200, 1204, 87 L. éd. 1600 (1943).

f r West Virginia State Board of Education contre Barnette, 319 U.S. 624, 634, 642, 63 S. Ct. 1178, 1183, 1187, 87 L. éd. 1628 (1943).

g s Look, 17 août 1948, cité dans wF 1957, p. 247.

h t Follett contre McCormick, Caroline du Sud, 321 U.S. 573, 64 S. Ct. 717, 88 L. éd. 938 (1944).

i u Prince contre Massachusetts, 321 U.S. 158, 175, 176, 64 S. Ct. 438, 447, 448, 88 L. éd. 645 (1944).

j v American Bar Association’s The Bill of Rights Review, Vol. 2, No 4, été 1942, “Jehovah’s Witnesses Mold Constitutional Law”, par John E. Mulder et Marvin Comisky, p. 262.

k w The Republic, par Charles A. Beard (New York, 1943; The Viking Press), p. 173.

l x Minnesota Law Review, Vol. XXVIII, No 4, mars 1944, p. 246.

a y These Also Believe, par C. S. Braden (New York, 1950; The Macmillan Co.), pp. 370, 380, 382.

    Publications françaises (1950-2025)
    Se déconnecter
    Se connecter
    • Français
    • Partager
    • Préférences
    • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
    • Conditions d’utilisation
    • Règles de confidentialité
    • Paramètres de confidentialité
    • JW.ORG
    • Se connecter
    Partager