Chapitre 29
La porte s’ouvre de nouveau à la prédication
JEAN: À partir de 1943, la porte donnant accès à la prédication de la bonne nouvelle du Royaume aux États-Unis s’ouvrit en fin de compte sur un champ d’activité plus vaste que ce pays. Dans la moitié du monde, les restrictions complètes imposées à la prédication commençaient à être levées, bien que les “gonds” de certaines de ces portes fussent encore rouillés et grinçants.
L’une de nos premières victoires a été remportée en Australie. Vous vous souvenez certainement qu’une action politique avait été entreprise contre les témoins de Jéhovah à l’instigation des chefs religieux, et que le Béthel avait été saisi par le gouvernement le samedi 18 janvier 1941. Les locaux avaient été finalement occupés par les soldats. Les Salles du Royaume appartenant aux congrégations locales d’Adélaïde et de Perth avaient aussi été saisies par le gouvernementa.
La congrégation d’Adélaïde ayant constitué une société, afin d’être reconnue propriétaire de la salle, une procédure fut donc entamée. Après une bataille légale qui dura deux ans et demi, l’affaire Adelaide Company of Jehovah’s Witnesses, Inc., contre The Commonwealth fut finalement présentée devant la Cour suprême d’Australie. Le 14 juin 1943, la Cour accorda la victoire aux témoins de Jéhovah par quatre voix contre une, décrétant que l’arrêté ministériel interdisant les témoins de Jéhovah en Australie était illégal. La Cour déclara que ni l’œuvre des témoins ni les publications qu’ils diffusaient ou imprimaient n’étaient séditieuses dans le sens où l’entend le droit criminel australien. En outre la Cour ajouta:
Dans les questions relatives à la liberté religieuse, on prétend parfois que bien que le gouvernement n’ait pas à intervenir dans les opinions religieuses, il peut néanmoins, sans enfreindre pour cela le principe de la liberté religieuse, agir comme il l’entend à propos des actes, quels qu’ils soient, accomplis conformément aux croyances religieuses. Il nous semble difficile d’établir cette distinction, relevant de l’interprétation de l’article 116. Cette clause se réfère en termes précis à l’exercice de la religion; elle a donc pour but de protéger contre toute loi du Commonwealth des actes qui sont accomplis dans l’exercice de la religion. Cette clause fait bien plus que protéger la liberté d’opinion; elle protège également les actes accomplis conformément aux croyances religieuses comme faisant partie du culteb.
En conséquence, la Cour décréta que les témoins étaient libres de poursuivre leur activité religieuse, et que leur œuvre n’était pas préjudiciable à la continuité officielle de la guerre.
Au Canada, pendant près de deux ans, les témoins de Jéhovah souffrirent en silence, étant bâillonnés pour autant qu’il s’agissait de formuler une protestation formelle et de présenter une défense quelconque. En juin 1942, l’occasion leur fut donnée d’adresser une déclaration à une commission de la Chambre des Communes s’occupant des ordonnances relatives à la défense du Canada, dispositions qui avaient été prises le 1er juillet 1940 en raison de la guerre, et qui avaient servi à l’élaboration de l’arrêté ministériel interdisant les témoins de Jéhovah. La commission recommanda à l’unanimité la levée de l’interdiction frappant les sociétés enregistrées des témoins de Jéhovah, mais le nouveau ministre de la justice, L. S. St-Laurent, refusa de révoquer cet arrêtéc.
L’opposition contre l’interdiction s’accrut non seulement dans la presse libérale, mais encore dans les débats à la Chambre des Communes. Finalement, le 15 octobre 1943, l’interdiction frappant la société non enregistrée des témoins de Jéhovah fut levée, mais non celle qui touchait les sociétés légales. Cette levée partielle de l’interdiction rendait encore impossible la réouverture de la filiale de Torontod; aussi les frères s’employèrent-ils activement à obtenir la reconnaissance légale de l’œuvre.
Les frères consacrèrent tout le mois de juin à recueillir des signatures; toutefois, avant que la pétition n’ait pu être terminée et présentée à la Chambre des Communes, le gouvernement avait décidé de lever l’interdiction sur la IBSA du Canada. Cette décision fut publiée le 13 juin 1944 au moyen d’un arrêté ministériel, mais elle ne fut rendue publique que le 16 juin. Cette bonne nouvelle fut rapidement communiquée à toutes les congrégations du pays; on cessa alors de faire circuler la pétition. Bien que soudainement interrompue, cette dernière avait recueilli 223 448 signatures. Certes, ces signatures ne furent pas employées selon ce qui avait été prévu, néanmoins les proclamateurs revisitèrent avec joie ces personnes, afin de leur faire connaître la bonne nouvelle concernant la levée de l’interdiction et de stimuler leur intérêt pour le message théocratique. Ainsi Jéhovah accordait une nouvelle victoire à son peuple choisie.
Bien que les frères aient été dans l’impossibilité de rouvrir le Béthel de Toronto après la levée de l’interdiction en octobre 1943, ils louèrent des Salles du Royaume et les firent connaître. En 1940, quand l’œuvre fut interdite au Canada, il y avait en moyenne 6 031 proclamateurs, mais quand l’interdiction fut levée trois ans plus tard, le 13 juin 1944, 10 345 ouvriers y participaientf. Incontestablement, c’était là un accroissement encourageant en ces jours de restrictions, et une preuve supplémentaire que les témoins de Jéhovah étaient déterminés à faire la volonté divine.
L’ÉCOLE DU MINISTÈRE THÉOCRATIQUE OUVRE SES PORTES
Aux États-Unis, où régnait une plus grande liberté, on ne cessait d’enregistrer des progrès grâce au nouveau programme d’instruction, et d’autres occasions de service se présentaient. La Société était maintenant prête à franchir la troisième étape et la plus complète de cette campagne d’instruction. Le moment était venu d’aider toutes les congrégations des témoins de Jéhovah à dispenser une formation individuelle à tous les ministres de la Société, par l’intermédiaire d’écoles locales fonctionnant d’après le modèle établi par le cours supérieur du ministère théocratique qui s’était avéré si efficace au Béthel de Brooklyn. En vue d’inaugurer cet important programme d’instruction, en 1943 la Société composa son premier manuel d’étude intitulé “Cours pour le ministère théocratique”, comprenant cinquante-deux leçons à examiner, à raison d’une par semaine. Cette brochure de quatre-vingt-seize pages renfermait des instructions complètes sur le fonctionnement de cette école théocratique nouvellement recommandée dans chaque congrégationg. La publication de ce manuel fut une surprise pour les témoins réunis à l’assemblée ayant pour thème “Appel à l’action”, qui se tint les 17 et 18 avril 1943 dans 247 villes des États-Unish.
Ce projet consistant à ouvrir des Écoles du ministère théocratique dans chaque congrégation reçut un accueil enthousiaste de la part des témoins d’expression anglaise. Dès que les manuels seraient traduits, l’école devait fonctionner pour les témoins de langues étrangères. On suggéra à toutes les congrégations qui désiraient organiser immédiatement une telle école de recommander à la Société un instructeur ou serviteur à l’école localei.
Une fois les nominations officielles faites par la Société, les écoles furent ouvertes dans les Salles du Royaume et fonctionnèrent une heure par semaine après l’une des autres réunions hebdomadaires de la congrégation, telle que la réunion de service. En l’espace de plusieurs semaines, des Écoles du ministère théocratique se tenaient dans presque toutes les grandes congrégations des pays de langue anglaise. Des frères, jeunes et vieux, se firent inscrire pour apprendre à devenir des orateurs. Les sœurs assistèrent fidèlement aux discours et participèrent aux révisions orales, et, plus tard, aux révisions écrites, afin de tirer profit de l’instruction pratique et utile qu’elles employaient ensuite dans le service de prédication de porte en porte.
Pour développer ce cours, la Société publia plus tard d’autres ouvrages, tels que Aide théocratique aux proclamateurs du Royaume (angl.) en 1945, et “Équipé pour toute bonne œuvre” en 1946. En 1944, les congrégations furent encouragées à fonder une bibliothèque du ministère théocratique dans leurs Salles du Royaume. Cela permit aux élèves de consulter les publications de la Société et d’autres manuels bibliques qui les aidèrent à préparer leurs discours d’instruction ou leurs allocutions d’élèvesj.
À ces écoles, les témoins de Jéhovah apprirent à parler sur le ton de la conversation employé à l’époque moderne, et non avec l’affectation qui caractérise le clergé; suite à l’amélioration des qualités oratoires des témoins, l’emploi du phonographe dans la prédication cessa petit à petit, et après 1944, cette campagne de prédication à l’aide de phonographes et de disques, qui avait duré dix ans, commença à être remplacée par des sermons oraux présentés aux portes par les ministres eux-mêmes, qui étaient maintenant parfaitement qualifiés.
Après deux années de formation pour le ministère, la Société disposait d’un assez grand nombre d’orateurs bibliques bien instruits. Aussi, en janvier 1945, une campagne mondiale de conférences publiques fut inaugurée à l’aide de ces orateurs, dans le but d’augmenter l’intérêt pour le message du Royaume. Ce programme, très bien conçu et organisé, permettait une présentation uniforme des conférences au moyen d’une série de huit discours opportuns et frappants. Bien que chaque orateur préparât sa conférence, la Société établit un plan d’une page pour chacune de ces conférences d’une heure, afin de s’assurer de l’uniformité de la présentation. Ces plans furent envoyés aux congrégations et employés par tous les orateurs, qui présentèrent, en les soulignant uniformément, certains points bibliques essentiels. “L’homme réussira-t-il à édifier un monde nouveau?”, tel fut le titre captivant du premier discours public de cette première série.
Cette campagne ne fut pas organisée pour que seuls les orateurs publics dans les congrégations aient part à cette importante activité. Sur commande des congrégations, la Société imprima des feuilles d’invitation annonçant chaque discours, si bien que tous les membres des congrégations avaient l’occasion de prendre part à ce programme de conférences publiques en distribuant ces feuilles d’invitation dans l’œuvre de témoignage de maison en maison ainsi que dans les rues. Des pancartes servirent à annoncer les conférences, et des proclamateurs “hommes-sandwichs” parcouraient les principaux quartiers d’affaires de la ville où devait se tenir la conférence, remettant des feuilles d’invitation aux passants. En outre, toutes les personnes rattachées à la congrégation locale étaient encouragées à y assister, à accueillir les nouveaux venus, à discuter avec eux des points essentiels du discours et à répondre à leurs questions.
THOMAS: Il semble que ce fût là une excellente disposition uniforme. Comment les congrégations réagirent-elles à l’annonce de ce programme?
JEAN: En cette première année, aux États-Unis, on fit 18 646 conférences publiques, suivies par 917 352 assistants. Cependant, ces discours ne furent organisés que par 1 558 congrégations sur les 2 871 que les États-Unis comptaient à ce moment-làk. Toutefois, en 1946, le nombre des conférences s’éleva à 28 703 pour le champ américain, chiffre qui indique l’intérêt croissant accordé à cette nouvelle façon de toucher le public, et dont on reconnaissait l’efficacitél.
Comme pour la campagne des “Millions”, qui fut organisée après la Première Guerre mondiale, on s’efforça de tenir ces réunions publiques dans les territoires où aucune congrégation n’était établie, aussi bien que dans la Salle du Royaume locale.
L’Assemblée théocratique des prédicateurs unis eut lieu du 9 au 13 août 1943, à Buffalo, New York, et des dispositions avaient été prises pour la relier à seize autres villes des États-Unis ainsi qu’à deux villes du Canada, où les témoins se réunirent pour la première fois depuis la levée de l’interdiction dans ce pays. Outre les discours instructifs et stimulants, plusieurs nouvelles publications furent présentées pour la première fois, la plus remarquable étant la Version standard américaine, éditée par la Watchtower. Parmi les autres publications figuraient le livre “Le Royaume de Dieu s’est approché” et un questionnaire qui l’accompagnait, ainsi que le nouveau recueil de cantiques intitulé “Recueil de cantiques pour le service du Royaume”. Les frères accueillirent ce recueil avec un grand enthousiasme, qui augmenta encore quand on annonça qu’il serait employé aux réunions de service hebdomadaires, car depuis un certain temps déjà on ne chantait plus aux réunions dans les congrégations. Les frères étaient heureux à la perspective de chanter de nouveau tous ensemble.
La conférence publique intitulée “Le Royaume de Dieu est proche” fut retransmise simultanément dans les dix-huit autres villes et par les stations de radio WHLD de Niagara Falls, New York, et WBBR, celle de la Société à Brooklyn. L’assistance dans les dix-sept villes des États-Unis s’éleva à 92 723 personnes, et dans tous les pays du monde plus de 140 000 personnes entendirent cet important discours. Une brochure renfermant la conférence fut distribuée à la fin de celle-ci, et par la suite des millions d’exemplaires en furent diffusésa.
UNE FORMATION MEILLEURE GRÂCE AUX SERVITEURS DES FRÈRES
En février 1945, mois qui suivit le début de la nouvelle campagne de conférences publiques, il fut reconnu que le programme de la Société relatif à la visite des congrégations par les serviteurs des frères devait encore être rendu plus efficace et assurer la formation personnelle de tous les frères. L’Informateur (angl.) de janvier 1945 en a donné l’explication que voici:
Afin d’aider les groupes et les autres membres du peuple du Seigneur, l’activité des serviteurs des frères a été réorganisée et augmentée approximativement de cinquante pour cent. Au lieu de ne rester que deux ou trois jours dans un groupe, comme par le passé, et suivant les instructions renfermées dans la brochure Instructions sur l’organisation de l’œuvre, à partir du 1er février 1945 les serviteurs des frères consacreront deux jours de service aux groupes de 1 à 18 proclamateurs, trois jours aux groupes de 19 à 50 proclamateurs, 6 jours aux groupes de 51 à 100 proclamateurs et deux semaines aux groupes dépassant 100 proclamateurs.
L’objet de cette réorganisation est de permettre aux frères de demeurer suffisamment longtemps dans les groupes pour coopérer avec eux et les aider dans les études de livre, les visites et les autres formes d’activité, ainsi que pour instruire les serviteurs sur ces questions. Ces serviteurs accompagneront le plus grand nombre possible de frères dans l’activité des visites et des études, offrant des suggestions sur la façon de préparer de telles visites et de conduire des études avec efficacité.
Cette réorganisation du travail mit davantage l’accent sur le service du champ et sur la responsabilité qui incombe à ces représentants itinérants de la Société, à savoir aider les frères à devenir plus efficaces dans les différentes formes de la prédication du Royaume. L’accroissement continua d’attester le succès de cette aide apportée par la Société aux congrégations.
En octobre 1945, la Société envoya à toutes les congrégations un exemplaire revu de la brochure Instructions sur l’organisation de l’œuvre dans laquelle quelques instructions avaient été ajoutées. Cette fois, un exemplaire fut remis à chaque ministre du Royaume remplissant les conditions requises mentionnées à la page 2 de la brochure:
Chaque proclamateur de plus de douze ans qui a démontré son dévouement au Seigneur et au Royaume de Jéhovah en témoignant pour ce Royaume pendant une période de trois mois, ou qui a atteint la norme d’heures du groupe dans son premier ou deuxième mois de témoignage, devrait recevoir un exemplaire de cette brochure. Chaque proclamateur devrait bien se familiariser avec les instructions sur l’organisation de l’œuvre et suivre la Parole du Seigneur en prêchant le message du Royaume.
Ces instructions sur l’organisation de l’œuvre prirent effet le 1er octobre 1945b.
Exactement un an plus tard, en octobre 1946, de nouveaux changements furent apportés à la brochure Instructions sur l’organisation de l’œuvre. Ils étaient consignés dans un feuillet de 8 pages à insérer dans la brochure en question. Une nouvelle forme de reconstruction et d’expansion mise en évidence dans ces modifications constitua un pas en avant dans le service accompli par les serviteurs des frères. L’une des particularités de ce programme d’expansion fut l’assemblée semestrielle de circuit, ainsi que la visite du serviteur de districtc. Depuis la suppression des assemblées de zone en 1941, c’était la première fois que les congrès semestriels faisaient partie du programme de service, et leur réapparition suscita l’enthousiasme général.
RETOUR DES CAMPS
Des occasions d’étendre la prédication à une échelle toujours plus vaste commencèrent à s’offrir. L’explosion inattendue des bombes atomiques à Hiroshima et à Nagasaki, ainsi que l’entrée victorieuse des alliés en Europe amenèrent la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, les témoins de Jéhovah sortirent des cendres, et tandis que des milliers d’entre eux revenaient des camps de concentration et des prisons, la porte de la liberté grande ouverte permettait de donner une nouvelle impulsion à l’activité de prédication. En Europe, sans perdre de temps, les témoins commencèrent à prêcher sur le chemin du retour après avoir quitté les prisonsd.
En Allemagne plus particulièrement, la libération des camps de concentration était, bien souvent, une expérience périlleuse, quoique joyeuse. À mesure que la fin de la guerre approchait, les responsables des camps redoutaient l’avance des Russes et étaient déterminés à se laisser prendre par les Américains, s’ils devaient être faits prisonniers. C’est la raison pour laquelle des camps entiers se déplaçaient d’un endroit à l’autre. Voici un compte rendu poignant de l’évacuation du camp de Sachsenhausen, qui s’effectua du 21 avril au 5 mai 1945. Ce document, rédigé par un témoin oculaire, se trouve dans les fichiers de la Société, et des extraits en ont été publiés dans La Tour de Gardee. Écoutons la lecture d’un passage de ce rapport:
Quand les armées russes envahirent l’Allemagne, la crainte s’empara des officiers du camp. On procéda alors aux préparatifs en vue de l’évacuation et de la fuite vers les lignes américaines. Bien avant cela, les témoins de Jéhovah avaient décidé qu’ils tenteraient l’impossible pour ne former qu’une seule unité lorsque l’exode commencerait. Ils fixèrent un lieu de ralliement et établirent les plans nécessaires. Bien leur en a pris, car la nuit précédant le départ, le chaos régnait dans le camp. Celui-ci comptait environ 25 à 30 000 prisonniers, qui devinrent pratiquement tous voleurs cette nuit-là. Les chefs du camp avaient volé les Juifs; les prisonniers, qui avaient fomenté une révolte, volèrent à leur tour les chefs; ainsi, les voleurs étaient volés. Le vol se répandit dans tout le camp. En cette même nuit, 12 000 paquets de la Croix-Rouge furent dérobés. Les surveillants des blocs, démonisés, s’efforcèrent de maintenir l’ordre, et nombre de prisonniers furent roués de coups et d’autres fusillés.
Mais où se trouvait le peuple du Seigneur pendant tout ce temps? Il était à l’abri dans l’atelier des tailleurs. Voici ce que ces témoins rapportèrent:
Le peuple du Seigneur était réuni, attendant d’autres instructions de la part des autorités. Dans l’intervalle, les frères malades avaient été transportés de leur section dans l’atelier des tailleurs. Nous n’avons rien laissé; nous avons pris tout ce que nous possédions. Certains détenaient des exemplaires de La Tour de Garde, d’autres des Bibles ou des publications. Ainsi, nous avons tenu notre première assemblée du Royaume, chose que nous n’avions pu faire depuis des années. Seuls les coups de fusil tirés sur les prisonniers se livrant au pillage vinrent troubler la paix et la tranquillité de notre réunion, qui fut pour nous une bénédiction et une source d’encouragement à la veille de notre délivrance. Au cours des années précédentes, nous nous étions souvent entretenus au sujet du jour de notre libération.
L’EXODE COMMENCE
Le lendemain matin l’exode commença. Le convoi s’ébranla colonne par colonne, chacune d’elles comptant 600 hommes, d’abord les Tchèques et les Polonais, puis les ressortissants des autres nations; les Allemands devaient fermer la marche. Parmi eux se trouvaient quelques témoins de Jéhovah, mais, à l’exception de deux, ils s’arrangèrent de façon à sortir des colonnes, afin de rejoindre leurs frères dans l’atelier des tailleurs. Unis, les témoins de Jéhovah étaient les derniers à partir.
Bien que leur groupe ne comptât que 230 personnes, aucun autre prisonnier n’était autorisé à prendre place dans leurs rangs. Pour quelle raison? Parce qu’ils en auraient profité pour prêcher? Certainement pas; ce facteur n’intervint pas dans les décisions prises au moment de la fuite. Les autorités du camp possédaient une charrette contenant les biens qu’ils avaient volés, aussi placèrent-ils ce butin dans les rangs des témoins, car ils étaient les seuls en qui les chefs pouvaient avoir confiance. Ils savaient que les témoins ne sont pas des voleurs; ils savaient aussi que le peuple de Dieu se laisserait guider par la loi divine qui interdit de dérober, même lorsqu’il s’agit des biens de leurs persécuteurs. Mais lisons plutôt la suite du rapport.
Alors le signal retentit: “Que tous les témoins de Jéhovah se préparent immédiatement!” En conséquence, nous avons rassemblé tous nos effets. Nous avons placé une sœur malade sur une charrette, et lentement notre colonne s’est ébranlée, par rangs de cinq. Pour la première fois, nous passions la porte que nous avions franchie en sens inverse de cinq à neuf ans auparavant. Nous quittions cet endroit duquel nous ne pensions jamais sortir vivants. C’était en tout cas ce que le Diable pensait et ce qu’il nous avait fait assez sentir par ses instruments humains. Mais la volonté du Seigneur était tout autre. Sachsenhausen était derrière nous, et les mots sont trop pauvres pour exprimer la joie qui inondait notre cœur.
À une heure de marche de Sachsenhausen, les témoins pouvaient entendre les grandes explosions dues aux bombardements par les Russes de Sachsenhausen et d’Oranienburg. Les Russes étaient sur leurs talons, et les gardiens nazis étaient en proie à une grande excitation; quiconque était incapable de continuer la marche restait étendu sur le sol. À l’aube, les témoins voyaient effectivement des morts des deux côtés de la route et sur une petite distance ils en comptaient déjà trois cents. Jusqu’à la remise des détenus aux Américains, il tomba ainsi des milliers de victimes. Le rapport poursuit en ces termes:
De notre colonne composée d’environ 230 frères et sœurs, il ne tomba personne sur la route, pas même le plus faible, bien qu’il y eût parmi nous des frères dont l’âge variait entre 65 et 72 ans. Tous se tenaient fidèlement debout. On pouvait voir par là la puissance de l’esprit théocratique et la protection de l’ange du Seigneur.
Au cours des deux premiers jours et des deux premières nuits, ils avaient beaucoup marché et très peu mangé, aussi nombre d’entre eux étaient-ils si faibles qu’ils voyaient tout en noir. Mais une halte avait été prévue quand les colonnes désordonnées atteindraient la ville de Neuruppin, qui avait subi de violents bombardements. Bien qu’on n’ait trouvé aucun abri pour les milliers de détenus et qu’un grand tumulte et la confusion aient commencé à se développer, tous les témoins de Jéhovah furent hébergés par les voisins aimables de quelques femmes vouées qui avaient connu l’un des témoins prisonniers avant la guerre. Avec joie, ils souhaitèrent la bienvenue au groupe tout entier, se composant de plus de deux cents personnes, et ils les logèrent pour la nuit dans une grange. Les voisins n’acceptèrent d’héberger les prisonniers que lorsqu’ils eurent la certitude qu’il n’y avait que des témoins de Jéhovah dans ce groupe. Alors, non seulement ils leur offrirent un abri pour la nuit, mais ils leur donnèrent à manger le lendemain matin, au grand étonnement des gardiens. Ce récit prouve que les gens avaient peur de permettre aux autres prisonniers d’utiliser leurs granges pour une halte, car ces derniers se livraient généralement au pillage, volant tout ce qui se trouvait à portée de leur main. Par contre, les habitants avaient confiance dans les témoins de Jéhovah, qui annonçaient le Royaume de Dieu et réconfortaient leurs hôtes. La suite du rapport montre comment certains autres prisonniers trouvaient leur nourriture.
Des mouvements de troupes [allemandes] indiquaient que le front n’était pas loin. Des deux côtés de la route gisaient des morts. Puis nous avons vu les maisons détruites par l’aviation, et des avions brûler. Souvent des prisonniers russes et ukrainiens sortaient des rangs, se jetaient sur les cadavres des chevaux se trouvant sur notre chemin, en arrachaient prestement et avec une avidité sauvage, tant avec leurs doigts qu’avec leurs couteaux, des lambeaux de chair qu’ils avalaient tout crus ou faisaient griller quand l’occasion s’en présentait. Leurs mains et leur visage étaient barbouillés de sang. Ils agissaient de même quand ils voyaient des sacs de pommes de terre. Ils tentaient de les voler, et alors les gardiens les abattaient. Plus d’une fois nous avons vu des cadavres sur des sacs de pommes de terre.
Tout au long du chemin, les frères eurent l’occasion de rendre témoignage, très souvent à des soldats qui écoutèrent attentivement et les aidèrent en leur donnant de l’argent et des provisions. Un sergent qui avait fait une collecte pour les témoins les encouragea en disant: “Courage, les gars! encore un peu de temps, et vous aussi vous serez libres!” Chez des cultivateurs ils reçurent du pain, du lait, de la farine, des pommes de terre et même des tartines de pain beurré. Un fermier éprouva tant de joie en entendant le message du Royaume présenté par ces témoins dans les chaînes, qu’il partagea avec eux son dernier morceau de pain.
Le 29 avril, les colonnes quittèrent une grande forêt où elles cantonnaient depuis quatre jours, et la marche reprit. Les quelques jours qui suivirent passèrent comme les autres: le groupe principal des prisonniers affamés se rebellait et nombre d’entre eux se faisaient tuer, tandis que les témoins de Jéhovah prêchaient la bonne nouvelle aux habitants qui, en retour, leur donnaient à manger. Le rapport décrit la terrible famine qui régnait dans le grand camp: l’herbe, l’écorce des arbres et les racines, tout cela était cuit et mangé. Inutile de dire que le nombre des morts était impressionnant: 100 à 110 prisonniers mouraient chaque jour.
LE MAINTIEN DE L’INTÉGRITÉ PORTE DES FRUITS
Puis les événements atteignirent leur point culminant. Les colonnes gagnèrent péniblement la forêt de Schwerin. Les Américains n’étaient plus qu’à 6 ou 7 kilomètres devant les prisonniers, et les Russes les talonnaient. La plus grande agitation régnait dans le camp. Les “héros” nazis commençaient à trembler et appelaient “camarades” les témoins qu’ils avaient si outrageusement persécutés. Les responsables du camp avaient fui, laissant derrière eux quelques gardes SS. Ces derniers ne pouvaient venir à bout du chaos qui régnait, et nombre d’entre eux disparurent subrepticement à la faveur de la nuit. Pour la première fois depuis neuf ans, les témoins étaient libres, sans surveillance. Ils montèrent leurs “tabernacles” ou tentes dans la forêt et organisèrent leur vie comme auparavant. Voici ce que dit encore le rapport:
Les attaques aériennes redoublèrent d’intensité vers le soir, et la canonnade aussi devint plus vive des deux côtés. Les armes crépitaient et tonnaient dans toute la contrée; la nuit promettait d’être agitée. De plus, des prisonniers russes et ukrainiens s’emparaient des armes abandonnées par les SS, d’où une augmentation du danger. Nous nous sommes couchés tout de même pour la nuit, après une prière en commun dans chacun de nos groupes, étant persuadés que le lendemain apporterait du nouveau. Auparavant nous avions été avisés par le major du grand camp que les Russes étaient tout proches, que nous devions immédiatement nous préparer à partir de là pour nous rendre dans la zone occupée par les Américains, à quelque six kilomètres plus loin. Cet ordre avait provoqué une confusion indescriptible dans le camp. C’était un va-et-vient, une bousculade générale dans une nuit très noire. Dominant le tumulte à intervalles réguliers, les salves se faisaient de plus en plus distinctes. Une certaine agitation s’était manifestée aussi parmi nous.
Dans une prière en commun, nous avons exprimé notre confiance en Jéhovah et, en dépit du chaos qui nous entourait, nous avons dormi jusqu’au matin. Les anges du Seigneur avaient campé autour de nous pour nous préserver de tout mal. Nous n’avons pas tardé à comprendre que nous avions agi en étant guidés par sa main sûre. Qu’on en juge: l’ordre de départ du major n’avait eu d’autre but que la mise à mort, à la faveur de l’obscurité, d’un bon nombre de prisonniers; preuve en fut donnée par le retour, à l’aube, de quelques-uns de ceux qui y avaient obéi. Ces rescapés racontèrent que les SS avaient tiré sur eux sans merci. Nous avons effectivement pu voir beaucoup de ces malheureux le long de la route, morts ou grièvement blessés.
C’était le 1er mai, vers 11 heures, et nous nous dirigions vers Schwerin. Pour la première fois nous étions sans escorte, sans SS à nos côtés! Les grandes routes offraient un spectacle impressionnant. Une foule de gens en voitures et une multitude à pied allaient à la rencontre des Américains. Nous n’avancions que très lentement et avons mis 6 heures pour atteindre notre prochain camp. Voitures de l’armée, fuyards de toutes les classes sociales, soldats, hommes, femmes et enfants, tous s’enfuyaient devant les Russes. Des deux côtés de la route, les champs étaient couverts d’armements de tous genres, de munitions, de chars, de livres, de papiers, d’autos démolies, de cadavres de chevaux. C’était un pêle-mêle indescriptible. Sur tous les visages on lisait le désespoir, la détresse, l’horreur, la douleur causée par toutes les cruelles désillusions de ces derniers jours. Nous vivions là l’effondrement d’un système impie dirigé par des hommes insensés et soumis aux démons. Une bulle de savon aux brillantes couleurs qui en douze ans s’était élevée à une certaine hauteur, avait éclaté et s’était volatilisée.
Nous devions apprendre plus tard que notre départ avait eu lieu au bon moment. Deux heures après, les SS qui s’étaient de nouveau assemblés avaient tout à coup cerné la forêt et fusillé tous ceux qui s’y trouvaient encore, soit entre 360 et 400 prisonniers [sans compter ceux qui étaient partis plus tôt sur l’ordre du major et qui furent également tués].
Comme nous l’avons déjà appris, dans les autres pays également les témoins de Jéhovah souffrirent sous l’occupation nazie. Par exemple, aux Pays-Bas, il y avait au total quatre cents témoins dans les camps de concentration allemands. Environ cinquante d’entre eux furent tués et quelques-uns moururent de maladies contractées dans le camp. Toutefois, ceux qui n’étaient pas emprisonnés prenaient une part active à la prédication. Avant que ne commencent les cinq années de l’occupation nazie, 317 ministres chrétiens prêchaient aux Pays-Bas, et à la fin de la Seconde Guerre mondiale les efforts diligents de ces ministres travaillant dans la clandestinité furent récompensés, car 2 166 prédicateurs étaient actifs dans le champ en 1945f.
ÉCHANGE MUTUEL DE BIENFAITS
Nous disposons de nombreux autres rapports montrant la persévérance des témoins de Jéhovah sous la botte du dictateur, et de nombreux récits ont décrit l’accueil réservé aux témoins au cours de leur prédication de maison en maison, au moment de leur libération. Le temps nous manque pour les citer tous, mais aux yeux du public, ces anciens prisonniers ressemblaient à des ressuscités.
La réorganisation du service commença, car on s’efforçait de rassembler de nouveau les témoins dans les congrégations et de les aider à devenir actifs dans le service du champ. Les filiales furent rouvertes dans un pays après l’autre, et l’organisation avait un grand besoin de serviteurs en bonne santé pour le service des circonscriptions et pour d’autres tâches, en vue de subvenir aux besoins spirituels des frères. Bien que fortifiés spirituellement par suite des épreuves cruelles qu’ils avaient subies pendant la guerre, les frères étaient matériellement pauvres, et un équipement de fortune était nécessaire afin de faire tourner de nouveau les imprimeries et de produire des publications et d’autres aides bibliques. La nourriture et le vêtement étaient d’ordre secondaire. Le principal objectif consistait à nourrir de nouveau spirituellement ces pays ravagés par la guerre, en leur procurant la nourriture fortifiante de la Bible, d’abord aux témoins eux-mêmes et ensuite aux nombreuses personnes bien disposées engourdies et affamées spirituellement.
Tous les pays n’étaient pas aussi pauvres matériellement que ceux qui avaient subi les ravages de la guerre. Aussi les témoins organisèrent-ils immédiatement dans les pays moins éprouvés une campagne mondiale de secours, qui s’ouvrit en janvier 1946. Des milliers de frères des États-Unis, du Canada, de Suisse et de Suède donnèrent volontairement à leurs frères moins fortunés des vêtements et de l’argent pour acheter de la nourriture. Le programme d’aide s’étendit sur deux ans et demi et remit sur pied les témoins dans les pays suivants, déchirés par la guerre: Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chine, Danemark, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Philippines, Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie. Le poids total des envois de vêtements s’éleva à 1 056 247 livres (479 105 kg) et, pour la nourriture, à 718 873 livres (326 088 kg); de plus, 124 110 paires de chaussures leur furent expédiées. Le tout d’une valeur de 1 322 406,90 dollarsg.
Ce chiffre ne comprend pas les nombreuses heures que les frères consacrèrent avec amour à rassembler et à répartir ces dons. Cette manifestation de l’amour des frères se révéla être doublement profitable. D’une part, l’aide matérielle afflua et, d’autre part, les frères persécutés fournirent une preuve ineffaçable de leur intégrité.
Bien que dans de nombreux pays les distributions de publications fussent réduites, les statistiques établies à l’échelle mondiale prouvent qu’au cours des années de guerre les témoins furent infiniment plus actifs que durant la Première Guerre mondiale. Mais ce qui étonne, c’est l’accroissement enregistré dans le nombre des prédicateurs. Le chiffre maximum de proclamateurs jusqu’à la Seconde Guerre mondiale était de 73 469, mais durant la guerre, soit des années 1940 à 1945, le chiffre maximum s’éleva à 141 606 proclamateurs, c’est-à-dire presque le double.
Apparemment, on aurait pu croire que l’œuvre avait cessé, les Béthels étant fermés et des milliers de ministres emprisonnés. Mais les rapports attestent le contraire. Loin d’être arrêté, le service du Royaume continua infailliblement de progresser, même au cours de ces sombres années de la Seconde Guerre mondiale.
DES MISSIONNAIRES DIPLÔMÉS DE GALAAD SE RENDENT DANS LEUR TERRITOIRE
LOÏS: Qu’en est-il des missionnaires diplômés de Galaad depuis 1943? Ont-ils pu se rendre à l’étranger, alors que la guerre sévissait toujours?
JEAN: Oui, quelques-uns y sont parvenus. Ils furent envoyés dans différents endroits éloignés de l’Amérique du Nord. Il est évident qu’à cette époque, la Seconde Guerre mondiale progressant toujours, les transports en direction de l’Europe et de l’Ouest, vers les îles du Pacifique et l’Asie, étaient pratiquement nuls. C’est la raison pour laquelle les premiers missionnaires furent envoyés au Mexique, à Terre-Neuve, en Alaska et dans des pays de l’Amérique centrale comme Costa Rica, El Salvador et le Honduras, colonie de la couronne britannique. Des missionnaires furent également envoyés à Panama et dans la province francophone canadienne du Québech.
Vers la fin de 1943, des diplômés de Galaad furent envoyés à Cuba, où ils remportèrent un succès immédiat en enseignant les amis sincères de la vérité biblique. Peu de temps après, des missionnaires entrèrent à Porto Rico, en République dominicaine, à Haïti, à la Trinité, aux Bermudes, aux Bahamas, à la Jamaïque et dans d’autres îles des Antilles. À partir de 1944, et pendant trois années consécutives, le président de la Société visita Cuba et les autres îles, afin d’encourager les excellents débuts de l’œuvre dans ces régionsi.
Au début de 1945, avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, le président de la Société, N. H. Knorr, accompagné de l’un des directeurs, F. W. Franz, fit sa première visite officielle au Mexique et en Amérique centrale, où des dispositions définitives furent prises en vue de l’expansion de l’activité missionnairej.
En février et en mars 1945, les deux représentants de la Société se rendirent en Amérique du Sudk. Les principaux pays furent visités et des projets établis pour y étendre l’activité missionnaire. L’œuvre avait commencé en Argentine et au Brésil vers le début des années 1920, mais il était nécessaire d’amener les frères en contact plus étroit avec le siège principal de l’organisation et de les former aux dernières méthodes théocratiques à utiliser dans le service.
Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, tous les pays d’Amérique du Sud, totalisant 120 000 000 d’habitants, semblaient être une chasse gardée appartenant à l’Église catholique romaine. Cependant, en 1945, quand les démocraties de l’Ouest vainquirent le mouvement catholique, fasciste et nazi qui tentait de contrôler le monde, la porte de l’Amérique du Sud s’ouvrit toute grande au véritable christianisme, par l’entremise de ces courageux missionnaires représentant la société du monde nouveau. Des missionnaires formés à Galaad furent envoyés en Amérique du Sud peu de temps après la visite du président de la Société, et en 1947 il y en avait 117 répartis dans 12 pays différents de ce territoire. Rien qu’en 1946, la Société dépensa 125 000 dollars pour ces régions d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et pour les Antilles. Un total de dix-huit pays différents de cette partie de la terre reçurent cette aide, afin que la bonne nouvelle puisse être prêchéel.
L’expansion de l’œuvre en Europe n’était pas beaucoup moins grande qu’en Amérique du Nord et du Sud. Comme nous l’avons vu précédemment, les publications de la Société étaient répandues en Europe depuis 1880a. Avec le temps, toute l’activité fut déployée à partir de ces trois centres: l’Angleterre, la Suisse, qui s’occupait de l’Europe centrale, et le Danemark et la Suède qui supervisaient l’Europe septentrionale. Le continent tout entier était desservi par ces trois centres, l’Allemagne devenant finalement un champ d’expansion des plus féconds. Ces trois centres ont survécu intacts à la Première et à la Seconde Guerre mondiale, et furent à l’origine de rapides renouveaux dans toutes les autres parties de l’Europe.
En 1942, en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale, les témoins travaillaient dans treize pays du continent européen, avec 22 796 ministres actifs, sans compter les Allemands qu’Hitler avait interdits et emprisonnés. À la fin de la guerre, il y eut une réorganisation et une reprise rapide des activités, reprise provoquée par une tournée d’inspection du président Knorr et de son secrétaire M. G. Henschel, pendant l’hiver de 1945-1946b.
L’œuvre connut une réjouissante expansion; en 1947, le rapport des témoins revenus à la vie dans dix-neuf pays d’Europe indiquait que 74 196 ministres avaient pris part au service du champ, ce qui représentait un chiffre plus élevé que le nombre le plus important enregistré dans le monde entier avant la Seconde Guerre mondiale. Bien que les frères locaux aient effectué la plus grande partie du travail, ils reçurent une aide précieuse de la part des missionnaires formés à Galaad et que la Société avait commencé à envoyer dès 1946; leur tâche fut également facilitée du fait que la Société ouvrit de nouvelles filiales et pourvut à l’équipement et aux publications qui leur étaient nécessaires, ce qui représentait des dons pour une valeur de 100 000 dollarsc.
Ainsi, à dater de 1945 particulièrement, la voie était ouverte à l’expansion générale. Le temps était venu pour que la grande multitude au nombre incalculable se manifeste davantage, et des milliers de personnes ne cessèrent de se joindre à la société du monde nouveau pour prendre part à l’œuvre de prédication. La porte s’ouvrait maintenant toute grande au service théocratique, pendant quelques années au moins, et cette foule unie de prédicateurs zélés de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu franchissait cette porte et pénétrait dans les champs, où la moisson était prête à être rentrée.
[Notes]
a a Annuaire (angl.) 1942, p. 130.
b b Adelaide Company of Jehovah’s Witnesses, Inc. contre The Commonwealth 67 C. L. R. 116, 124 (1943).
c c Consolation (angl.), 15 mars 1944, pp. 4, 5, 7.
d d Ibid., pp. 7-14.
e e Annuaire (angl.) 1945, p. 119.
f f Ibid., pp. 116, 117.
g g Annuaire (angl.) 1944, pp. 63-66.
h h Ibid., p. 75.
i i Informateur (angl.), mai et juin 1943.
j j Informateur (angl.), janv. 1944.
k k Annuaire (angl.) 1946, pp. 43, 44.
l l Annuaire (angl.) 1947, p. 46.
a m Annuaire (angl.) 1945, pp. 67-84. Pour le rapport complet et les photos, voir Consolation (angl.), Vol. XXVI, 25 oct. 1944, pp. 3-29.
b n Informateur (angl.), nov. 1945, p. 2.
c o Informateur (angl.), oct. 1946, p. 2.
d p Annuaire (angl.) 1946, p. 133.
e q Voir w 1945, pp. 268-272.
f r Pour d’autres comptes rendus détaillés, voir w 1945, pp. 236-240; Consolation (angl.), Vol. XXVII, 2 janv. 1946, pp. 3-11; 16 janv. 1946, pp. 3-14.
g s wF 1949, pp. 44, 45.
h t Annuaire (angl.) 1945, p. 42.
i u w 1946, pp. 172-176, 187-192.
j v w 1945, pp. 125, 126; w 1946, pp. 220-224.
k w w 1945, pp. 125-128, 172, 173.
l x Annuaire (angl.) 1947, p. 254.
a y w oct. et nov. 1881, pp. 5, 6.
b z w 1946, pp. 14-16, 92-95, 110-112, 141-143; wF 1946, pp. 156-158, 171-174, 205, 206.
c aa Annuaire (angl.) 1947, p. 254.