“Le diadème et le Témoignage”
“ALORS [Jéhoïada, le prêtre,] fit sortir le fils du roi et mit sur lui le diadème et le Témoignage; et ainsi ils le firent roi et l’oignirent.” (2 Rois 11:12). Voilà comment le livre des Rois décrit le couronnement du roi Joas. Avez-vous remarqué qu’en plus du “diadème”, ou coiffure royale, Jéhoïada a également mis sur le jeune roi “le Témoignage”? Qu’était donc “le Témoignage” dont il est question ici? Et pourquoi apparaissait-il dans le rituel du couronnement?
Le mot hébreu traduit par “Témoignage” se rapporte habituellement aux Dix Commandements ou à la Loi de Dieu dans son ensemble (Exode 31:18; Psaume 78:5). En accord avec cette pensée, le récit parallèle contenu en 2 Chroniques 23:11 se lit comme suit dans La Bible de Jérusalem (édition de 1955): “On fit alors sortir le fils du roi, on lui imposa le diadème et la Loi, on le fit roi.” Cette traduction remplace toutefois l’expression “le Témoignage” par “bracelets” dans le passage de 2 Rois 11:12, alors que dans le texte hébreu le même mot figure dans les deux versets. Pourquoi cela?
Un célèbre commentaire allemand de la Bible, Herders Bibelkommentar, explique que certains traducteurs ont du mal à concevoir que le roi ait pu porter la Loi sur la tête ou le bras. Comme il est question, en 2 Samuel 1:10, d’un bracelet en plus du diadème que portait le roi Saül, ils en concluent qu’en 2 Rois 11:12 le texte devait à l’origine se lire “le diadème et les bracelets”. Mais cette conclusion reste purement hypothétique. Remplacer “le Témoignage” par “bracelets” constitue une modification audacieuse du texte.
C’est ainsi que l’édition de 1978 de La Bible de Jérusalem rétablit la notion de Loi ou d’alliance de la Loi en rendant comme suit cette portion: “et lui remit le document de l’alliance.” Mais Jéhoïada a-t-il réellement remis “le Témoignage” à Joas? Il est vrai que le verbe hébreu traduit par “[il] mit” peut aussi être rendu par “[il] remit”. Néanmoins, tant dans le livre des Rois que dans celui des Chroniques, ce verbe n’apparaît qu’une fois dans le verset et concerne en même temps le diadème et le Témoignage. De plus, le verbe est immédiatement suivi par le mot hébreu “sur [lui]”. On en conclut que “mit sur [lui]” doit être la bonne leçon. Comme l’indique la Traduction du monde nouveau, on a ‘mis sur’ le jeune roi Joas et le diadème et le Témoignage.
Pourquoi donc le grand prêtre a-t-il ‘mis’ le Témoignage sur le jeune roi, et de quelle façon a-t-il procédé? Voici ce que fait observer le commentateur biblique allemand Otto Thenius: “La Loi, livre contenant des décrets mosaïques. Une fois le roi paré du diadème, on tenait symboliquement ce livre au-dessus de sa tête.” (Die Bücher der Könige). Le professeur Ernst Bertheau abonde dans le même sens, disant: “Le fait d’imposer la Loi [sur le roi] emporte une signification symbolique: que le roi était tenu de régner en accord avec celle-là.” — Die Bücher der Chronik.
Dieu avait ordonné que chaque roi qui s’assiérait sur le trône écrive pour lui sur un livre une copie de la Loi, afin de l’étudier et de la mettre en pratique toute sa vie durant (Deutéronome 17:18-20). L’usage de mettre “le Témoignage” sur le nouveau roi avait sans doute pour but de lui rappeler par ce court geste symbolique que, bien que roi, il n’était pas au-dessus de la Loi de Jéhovah. Après la mort de Jéhoïada, Joas a malheureusement oublié ce précepte capital et a peu à peu abandonné le culte de Jéhovah. Pour finir, il mourut assassiné. — 2 Chroniques 24:17-25.