Zambie
L’Afrique ressemble à un immense vêtement brodé duquel ressortent tour à tour la blancheur du sable de la côte méditerranéenne, le doré du Sahara, l’émeraude des forêts et le blanc écumeux du cap de Bonne-Espérance. Plus d’un dixième de la population mondiale garnit cette vaste étoffe à travers laquelle se faufilent de nombreux fleuves, tels le Nil, le Niger, le Congo et le Zambèze. Et dans les creux de ses pans gisent d’importantes réserves d’or, de cuivre et de pierres précieuses.
Nichée sur le plateau d’Afrique centrale, la Zambie surplombe, avec sa savane agréablement vallonnée, la forêt tropicale du bassin du Congo. Aux yeux de certains, elle ressemble à un immense papillon aux ailes asymétriques, posé sur une carte. Ses contours inhabituels, héritage de l’époque coloniale, délimitent une superficie de plus de 750 000 kilomètres carrés, dépassant celle du Texas, aux États-Unis.
Au nord-est du territoire aujourd’hui appelé la Zambie s’étend le grand rift africain. Le puissant Zambèze traverse l’ouest du pays et définit sa frontière sud. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, ce pays est demeuré inaccessible aux étrangers venus exploiter l’Afrique pour son or, son ivoire et ses esclaves. En 1855, l’explorateur David Livingstone, dont le père, un Écossais, travaillait dans une industrie textile, a dévoilé au monde le pays qui se cachait derrière “ la fumée qui tonne ”, une merveille imposante, des chutes auxquelles il donna plus tard le nom de Victoria, en l’honneur de la reine d’Angleterre.
Rapidement, des missionnaires de la chrétienté sont arrivés, désireux de favoriser “ le christianisme, le commerce et la civilisation ”, afin de permettre l’éclosion du centre de l’Afrique. Leurs méthodes donnaient cependant une image peu flatteuse de leur ministère. Mais des nouveaux venus n’allaient pas tarder à se recommander, avec l’aide de Dieu, comme ses ministres véritables. — 2 Cor. 6:3-10.
Les débuts de l’œuvre
En 1890, cinq missions religieuses étaient déjà actives dans ce qui est aujourd’hui la Zambie. Au début du siècle suivant, désorientés par la montée du pouvoir colonial et le développement du système commercial, de plus en plus d’Africains étaient en quête d’une direction dans leur vie. Des mouvements religieux insolites faisaient leur apparition un peu partout sur le continent. Mais une assistance spirituelle authentique allait être disponible sous peu. En effet, dès 1911, des hommes et des femmes sincères ont eu accès aux Études des Écritures en Zambie. Les vérités bibliques qui s’y trouvaient se sont vite répandues vers le nord, même si ce n’était pas toujours grâce à des personnes réellement désireuses de servir Dieu.
En 1910, Charles Russell, qui était alors responsable de l’œuvre de prédication, a envoyé de l’aide aux frères du Nyassaland (aujourd’hui le Malawi). William Johnston, un frère digne de confiance et pondéré de Glasgow (Écosse), a été désigné pour s’y rendre. Malheureusement, quelques-uns de ses prédécesseurs, tant indigènes qu’étrangers, avaient perverti les vérités bibliques pour servir leurs intérêts égoïstes. Durant les années suivantes, certains qui se disaient prédicateurs ou pasteurs sont venus en Rhodésie du Nord (l’actuelle Zambie), proposant un cocktail explosif de croyances religieuses mêlées de promesses de libération et de pratiques impures. Tandis que frère Johnston aidait les habitants du Nyassaland, qu’il décrit comme “ remplis d’un ardent désir de parvenir à une connaissance plus profonde de la Parole de Dieu ”, on n’accordait que peu d’attention à ce qui se passait dans les territoires à l’ouest de ce pays. En Rhodésie du Nord, des publications bibliques parvenaient par la poste et par l’intermédiaire de travailleurs immigrés, mais la prédication du Royaume n’était toujours pas organisée.
Une période de flottement
Le début des années 20 a été une période de flottement. Les “ mouvements Watch Tower ” indigènes ont jeté le discrédit sur le véritable ministère chrétien. Des individus qui n’avaient qu’une connaissance limitée de la vérité échangeaient leurs femmes et pratiquaient d’autres actes mauvais, tout en se prétendant mensongèrement rattachés aux Étudiants de la Bible, comme on appelait alors les Témoins de Jéhovah. Toutefois, il semblait quand même y avoir de nombreux groupes dont l’attachement aux principes bibliques et le zèle pour la prédication portaient la marque de la vérité.
La difficulté consistait maintenant à reconnaître ceux qui recherchaient sincèrement Dieu. En 1924, Thomas Walder et George Phillips, originaires de Grande-Bretagne, sont arrivés en Afrique du Sud, au siège des Étudiants de la Bible du Cap. Frère Walder, alors âgé d’une trentaine d’années, a parcouru les Rhodésies pour identifier ceux qui avaient un lien réel avec la Watch Tower. L’année suivante, William Dawson, qui venait lui aussi d’Europe, a été chargé de visiter les groupes qui se formaient. Il a constaté que certains soi-disant pasteurs s’empressaient de baptiser des quantités de personnes qui, en majorité, ne comprenaient ni n’appréciaient les enseignements de la Bible. Llewelyn Phillips (non apparenté à George Phillips) a écrit plus tard : “ Il était plus qu’évident que la plupart de ces personnes ressemblaient aux Ninivites qui ne ‘ connaissaient pas la différence entre leur droite et leur gauche ’. ” (Yona 4:11). Beaucoup étaient de bonne foi, mais, n’ayant quasiment aucune publication dans leur langue maternelle, ils avaient du mal à saisir la vérité. Les efforts répétés des frères responsables pour obtenir du gouvernement l’autorisation d’avoir un représentant permanent qui superviserait l’œuvre se sont révélés vains. Le bureau du Cap a donc décidé de suspendre la prédication et les baptêmes. Loin de vouloir dissuader les groupes de sympathisants d’étudier la Bible et de se réunir, frère Walder leur a écrit pour les exhorter à se soumettre néanmoins aux restrictions temporaires jusqu’à ce que les Étudiants de la Bible obtiennent gain de cause.
Le long de la voie ferrée
Pendant des siècles, les indigènes ont exploité les affleurements de cuivre pour la fabrication d’outils et d’objets décoratifs. Au milieu des années 20, la Compagnie britannique d’Afrique du Sud (British South Africa Company), qui gérait le territoire et contrôlait les droits miniers, a commencé à extraire le cuivre des vastes réserves souterraines. Des milliers de travailleurs sont donc venus des zones rurales pour s’installer dans les villes qui naissaient le long de la voie ferrée, laquelle était destinée initialement à assurer la jonction entre Le Cap et Le Caire.
James Luka Mwango se souvient : “ L’organisation des groupes, comme on appelait alors les congrégations, était très différente de ce qui se fait aujourd’hui. Avant 1930, on se réunissait en petit nombre pour étudier la Bible. Certaines personnes bien disposées communiquaient avec le bureau du Cap, tandis que d’autres envoyaient leurs demandes de publications directement à Brooklyn. Les ouvrages étant en anglais, beaucoup avaient du mal à comprendre la vérité correctement. ” Même si les groupes étaient généralement restreints, leurs membres progressaient et manifestaient une détermination et un zèle croissants pour la prédication organisée. Mais cela n’est pas passé inaperçu aux yeux du clergé de la chrétienté.
Une campagne de répression
En mai 1935, des groupes religieux ont usé de leur influence pour obtenir qu’un amendement soit apporté au Code pénal de la Rhodésie du Nord, afin que l’importation et la diffusion de publications jugées séditieuses deviennent des délits graves. Bien entendu, les convictions politiques et religieuses de ceux qui jugeaient de ce qui était séditieux ou subversif influaient sur leurs décisions. Comme les événements allaient le montrer, il ne faisait aucun doute que certains de nos opposants cherchaient un prétexte pour interdire l’œuvre des Témoins de Jéhovah.
L’annonce de nouveaux impôts ayant déclenché des émeutes dans les centres miniers, nos opposants y ont vu une occasion d’accuser les Témoins de se dresser contre le gouvernement. Un peu plus tôt dans le mois, une assemblée s’était tenue à Lusaka, et ils ont apparemment prétendu que ce petit rassemblement était d’une certaine façon lié aux mouvements de contestation survenus quelque 300 kilomètres plus au nord. Thomson Kangale, qui était alors un jeune homme, se rappelle : “ Nous savions que quelque chose se tramait. Conscients que nous ne devions pas participer aux grèves ni commettre des actes de violence, nous avons jugé préférable de rester chez nous et de chanter des cantiques, au lieu de sortir prêcher. ” Malgré cela, des frères ont été arrêtés. Dans plusieurs villes, ils ont été expulsés de leur maison et leurs publications bibliques ont été confisquées ou détruites. Le gouverneur a décrété l’interdiction de 20 de nos écrits.
Une commission a été chargée d’enquêter sur les troubles. Le commissaire de district de la région la plus touchée a reconnu : “ Les Témoins de Jéhovah ainsi que l’organisation appelée Watch Tower n’ont pas pris part aux grèves. ” Pas un seul Témoin ne s’est mêlé aux émeutes. Pourtant, on peut lire dans le livre Les chrétiens de la Copperbelt (angl.) : “ La commission d’enquête [...] a retenu quantité de graves accusations qui s’appuyaient sur de simples présomptions, [et] c’est sur la base de son rapport que les publications des Témoins de Jéhovah ont été interdites. Dans quelques districts, des chefs [de tribu] ont mené une campagne de répression vigoureuse, incendiant les lieux de réunion de la Watchtower. ”
Dans le même temps, le bureau du Cap continuait à solliciter le secrétaire d’État britannique aux colonies afin “ qu’il soit permis [aux Témoins] d’exercer leur droit d’adorer Jéhovah Dieu selon leur conscience et sans obstacle ”. Les frères ont aussi fait appel pour obtenir le droit d’établir un bureau permanent avec un représentant. Jéhovah a béni ces efforts : en mars 1936, le secrétaire d’État a donné son accord pour qu’un dépôt soit ouvert à Lusaka et que Llewelyn Phillips en soit le responsable.
Les quatre conditions requises
L’ouverture d’un dépôt à Lusaka constituait une victoire importante. Toutefois, tant que le gouverneur n’avait pas de preuves suffisantes qu’une surveillance plus structurée des congrégations était effective, les Témoins de Jéhovah n’auraient pas le statut d’organisation religieuse. Dans les années qui ont suivi, Llewelyn Phillips s’est dépensé aux côtés de frères fidèles pour aider et fortifier ceux qui étaient sincères, tout en écartant ceux qui défendaient des pratiques contraires aux Écritures. Les pionniers ont reçu une formation en matière de doctrine, de morale et d’organisation. Ils ont ensuite été envoyés soutenir des groupes et des congrégations.
À propos de cette période, un frère a déclaré : “ La plus belle année pour les proclamateurs de Zambie a été 1940. Cette année-là, les baptêmes ont repris ; ils avaient cessé en 1925. ”
“ À l’époque, se souvient James Mwango, avant de pouvoir se faire baptiser, un étudiant devait examiner ce que nous appelions les quatre conditions requises. Ensuite, celui qui baptisait, ou un autre frère désigné par le serviteur de groupe, le questionnait sur ce qu’impliquaient ces quatre conditions : premièrement, connaître la vérité ; deuxièmement, se repentir ; troisièmement, étudier la Parole de Dieu ; quatrièmement, se vouer à Jéhovah. Lorsqu’un étudiant avait bien compris ces points, il était prêt pour le baptême. Cette disposition a été prise pour s’assurer que ceux qui étaient sur le point d’être baptisés savaient ce qu’ils faisaient. ”
Interdiction des publications
Surtout pendant la Deuxième Guerre mondiale, les autorités ont pris, à tort, la neutralité des Témoins de Jéhovah pour de l’opposition à la politique de recrutement du gouvernement. En décembre 1940, la liste des écrits interdits s’est allongée, englobant toutes les publications des Témoins. Leur importation aussi était prohibée. Au printemps 1941, le gouvernement a publié un avis ordonnant à tous ceux qui étaient en possession de telles publications de les remettre, sous peine de poursuites judiciaires pouvant se solder par un emprisonnement.
Solomon Lyambela, surveillant itinérant puis élève à l’École de Guiléad, se souvient : “ Nous cachions nos publications dans des pirogues, sur le Zambèze. Nous attachions des livres sous nos lits et, parfois même, nous les enfouissions dans nos réserves de farine de maïs et de millet. ”
Un autre frère raconte : “ Nous devions enterrer nos livres, excepté la Bible béréenne, qui n’avait pas été interdite et à laquelle nous accordions beaucoup de valeur. Nous avons ainsi perdu beaucoup d’ouvrages ; ceux que les termites n’ont pas dévorés, les voleurs les ont dérobés. Comme nous allions régulièrement là où nos publications étaient dissimulées, ils pensaient y trouver des objets de valeur. Je me rappelle qu’un jour où je m’étais aventuré dans la brousse pour étudier j’ai retrouvé nos livres éparpillés. Après les avoir rassemblés, nous leur avons trouvé une autre cachette. ”
Avec hardiesse, Llewelyn Phillips a écrit au gouverneur pour porter plainte au sujet de l’interdiction de nos publications. Alors qu’il avait déjà été emprisonné au début de l’année à cause de son refus de faire le service militaire, frère Phillips a été condamné à une autre peine de six mois. Un volontaire temporaire qui servait au dépôt de Lusaka explique : “ Nous recevions fréquemment la visite de la police judiciaire, et frère Phillips était souvent convoqué au poste. ” Il continuait malgré tout à encourager le bon ordre et le zèle dans les congrégations. Lorsque des frères capables étaient disponibles, ils étaient formés et envoyés comme surveillants itinérants, ou “ serviteurs des frères ”. Grâce à leurs efforts, un maximum de 3 409 proclamateurs a été obtenu en 1943.
Vers de plus grandes libertés
À la fin de la guerre, les filiales de Grande-Bretagne et d’Afrique du Sud ont continué à faire appel auprès du ministère des Colonies à Londres pour que soit levée l’interdiction pesant sur nos publications. Après avoir reçu une pétition signée par plus de 40 000 personnes qui apportaient leur soutien à l’œuvre d’enseignement des Témoins de Jéhovah, le gouvernement a réduit la liste des écrits interdits. Cependant, La Tour de Garde n’était toujours pas autorisée.
En janvier 1948, Nathan Knorr et Milton Henschel, du siège des Témoins de Jéhovah à Brooklyn, se sont rendus pour la première fois en Rhodésie du Nord. Après une assemblée de quatre jours à Lusaka, ils ont rencontré le ministre des Affaires indigènes et le procureur général qui les ont assurés qu’il n’y aurait bientôt plus aucune restriction. Quelle joie de voir l’œuvre du peuple de Jéhovah enfin enregistrée officiellement ! Le 1er septembre 1948, un nouveau siège a été ouvert sous le nom de Témoins de Jéhovah, au lieu de Société Watch Tower. Dans l’esprit des autorités, de la population et même des frères, il était dès lors plus facile de différencier les Témoins des sectes indigènes “ Watch Tower ”, étrangères à notre œuvre.
Au cours des 40 années précédentes, les opposants religieux, qui ne se préoccupaient guère de faire des disciples du Christ, s’étaient évertués à miner la foi de ceux qui écoutaient la bonne nouvelle. Pendant un temps, les Témoins de Jéhovah, qui avaient été faussement présentés comme des “ trompeurs ”, se sont tout particulièrement efforcés de démontrer qu’ils étaient des ministres de Dieu véridiques (2 Cor. 6:8). De plus, en prévision des libertés qu’ils espéraient obtenir à la fin de la guerre, ils ont pris, avec enthousiasme, des mesures pour répondre à l’accroissement futur.
Le service missionnaire
“ L’un des aspects enrichissants du service missionnaire, c’est de voir comment Jéhovah utilise toutes sortes d’hommes et de femmes pour accomplir son dessein. Et quelle joie de constater combien ceux qui reçoivent une aide spirituelle y sont sensibles ! ” C’est ainsi que s’est exprimé Ian (John) Fergusson, qui a servi de nombreuses années en Zambie. Les missionnaires des autres religions se préoccupent souvent de questions sociales et économiques, alors que les missionnaires Témoins de Jéhovah se concentrent sur l’œuvre consistant à faire des disciples du Christ. En s’acquittant de cette mission divine, ces missionnaires démontrent qu’ils ont un “ amour sans hypocrisie ”. — 2 Cor. 6:6.
La vie de chrétiens comme William Johnston illustre remarquablement ce qu’est l’esprit missionnaire. Quelques années avant que n’éclate la Première Guerre mondiale, William a gagné le sud de l’Afrique et l’a parcouru de long en large. Au début de 1921, Piet de Jager, Parry Williams et d’autres sont arrivés à Salisbury (aujourd’hui Harare), la capitale de la Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe), pays voisin de la Zambie. George Phillips, Thomas Walder et William Dawson ont dirigé leur attention sur la Rhodésie du Nord, au milieu des années 20. Des autochtones, qui avaient été en contact avec les Étudiants de la Bible alors qu’ils travaillaient à l’étranger, sont revenus au pays pour répandre “ des bonnes nouvelles de choses bonnes ”. (Rom. 10:15.) À cette époque, Manasse Nkhoma et Oliver Kabungo ont pris une part très active au ministère. Joseph Mulemwa, originaire de Zambie, a reçu le témoignage à la mine de Wankie (aujourd’hui Hwange), dans le nord du Zimbabwe ; ensuite, il s’est dépensé fidèlement dans l’ouest de la Zambie. Fred Kabombo a été le premier surveillant itinérant dans cette région. Ces frères, de vrais défricheurs, atteignaient des endroits qui n’avaient que peu ou pas été touchés par la bonne nouvelle et posaient un fondement solide pour l’accroissement futur.
La fin de la Deuxième Guerre mondiale approchant, George Phillips, du siège du Cap, a invité Charles Holliday à quitter l’Afrique du Sud pour se rendre dans la province de l’Ouest et y visiter les groupes de sympathisants. Accompagné d’un frère du pays qui lui servait d’interprète, frère Holliday a voyagé dans des trains transportant du bois, sur des pirogues et dans des lorries (chariots que l’on pousse à la main sur les voies ferrées). À Senanga, une petite ville se situant à 250 kilomètres au nord des chutes Victoria, une foule nombreuse les attendait. Certains avaient effectué un voyage de plusieurs jours, souhaitant ardemment entendre ce visiteur expliquer les vérités bibliques.
Des missionnaires diplômés de Guiléad arrivent
En 1948, deux missionnaires sont arrivés en Zambie : Harry Arnott et Ian Fergusson. On allait désormais s’occuper des milliers d’Européens qui s’y étaient installés pour travailler dans les mines de cuivre. Les résultats ont été très encourageants. Cette année-là, le nombre des Témoins participant à la prédication s’est accru de 61 %.
Dans de nombreux endroits, il n’était pas rare que les missionnaires doivent inscrire sur une liste d’attente les personnes désireuses d’étudier la Bible. Un jour, le Béthel a fait l’acquisition d’une camionnette Dodge, vieille de 10 ans. Deux missionnaires l’utilisaient dans le cadre du service itinérant pour atteindre les régions éloignées des centres industriels. “ [Ce véhicule] était très utile, lit-on dans un rapport, même s’il revenait parfois... sur trois roues ou traînant derrière lui la moitié du châssis. ”
En 1951, le pays comptait six missionnaires. En décembre 1953, six autres sont arrivés, prêts à apporter leur aide. Valora et John Miles étaient du nombre ; ils ont servi six ans en Zambie avant d’être envoyés au Zimbabwe puis au Lesotho. Dans les années qui ont suivi, il y a eu de nouveaux arrivants : Joseph Hawryluk, John et Ian Renton, Eugene Kinaschuk, Paul Ondejko, Peter et Vera Palliser, Avis Morgan et d’autres encore. Tous ont, par leurs efforts et leur bienveillance, contribué à l’accroissement. Bien entendu, pour être efficaces dans leur service, il leur fallait consentir à des sacrifices et s’adapter.
“ C’est encore un enfant ! ”
“ J’étais sûr que c’était une erreur ”, déclare Wayne Johnson en repensant à ce qu’il a ressenti quand il a reçu son affectation pour la Zambie. Diplômé de la 36e classe de Guiléad, Wayne est arrivé dans son nouveau territoire au début de 1962 ; il était accompagné d’Earl Archibald. Actuellement ministre itinérant au Canada avec sa femme, Grace, il se souvient : “ Je n’avais que 24 ans, et je paraissais plus jeune encore. Alors que j’apprenais le nyanja (aussi appelé chichewa), j’entendais des sœurs qui me voyaient pour la première fois chuchoter entre elles : ‘ akali mwana ’, ce qui, traduit, veut dire : ‘ C’est encore un enfant ! ’ ”
Wayne poursuit : “ J’ai compris que je devais m’appuyer entièrement sur Jéhovah et son organisation. Je voulais que tout le monde sache que, conformément à Actes 16:4, je ne faisais que transmettre la direction et les instructions venant de Jéhovah et de son organisation. Je m’efforçais aussi d’être irréprochable. Quand je songe au passé, je m’étonne encore d’avoir reçu un tel privilège. ”
Les premières expulsions
Des changements se sont produits au cours des années 60 et 70. Régulièrement, des persécutions s’abattaient sur le pays. Après que la Rhodésie du Nord a obtenu son indépendance en 1964, les frères ont connu des difficultés croissantes en raison de leur position sur les questions du salut au drapeau et de l’hymne national. Vers la fin des années 60, des politiciens ont jugé que l’influence des missionnaires était contraire aux projets du gouvernement. Un rapport du Béthel explique ce qui s’est passé ensuite : “ Le 20 janvier 1968, en début de matinée, les surveillants de presque toutes les congrégations d’expression anglaise ont commencé à appeler le Béthel pour l’informer qu’ils avaient reçu un avis d’expulsion. Soit dit en passant, cette mesure frappait non seulement les Témoins de Jéhovah émigrés, mais aussi des citoyens zambiens, comme George Morton et Isaac Chipungu. ”
Les événements se sont précipités. À 10 heures, ce matin-là, des fonctionnaires des services de l’immigration sont venus au Béthel pour remettre à cinq couples de missionnaires leur avis d’expulsion. “ Avant que nous ayons pu comprendre ce qui se passait, se souvient Frank Lewis, un missionnaire, ils étaient déjà à notre porte. Nous avions convenu que les frères missionnaires quitteraient les lieux par la porte de derrière et se rendraient chez un frère pour mettre en place le plan prévu en cas d’interdiction de l’œuvre. Toutefois, nous hésitions, car il y avait à l’étage une missionnaire qui souffrait d’une grave crise de paludisme. Mais les frères nous ont pressés de partir, promettant de prendre soin d’elle. Nous savions qu’ils le feraient.
“ Cela nous a fait tout drôle de lire dans le Times of Zambia que la Watchtower, comme on nous appelait alors, était désormais interdite et que ses ‘ chefs ’ se cachaient. Nos noms figuraient en première page du journal, qui mentionnait aussi que la police fouillait systématiquement toutes les maisons de la ville pour nous retrouver ! Les frères qui étaient restés au bureau se sont bien acquittés de leur tâche : ils ont transporté les dossiers et les publications en divers endroits. Le lendemain, cette tâche terminée, nous sommes retournés au Béthel pour nous rendre à la police. ”
Un policier surveillait le Béthel. Certains missionnaires et d’autres étrangers n’ont pas tardé à recevoir leur avis d’expulsion. “ Nous étions parmi les derniers à partir, explique frère Lewis. Aujourd’hui encore, nous avons la gorge nouée quand nous repensons à ces sœurs que nous ne connaissions pas, mais qui ont marché 25 kilomètres avec leurs enfants depuis Kalulushi pour nous dire au revoir et nous serrer la main ! ”
Une deuxième vague d’expulsions
Le temps a passé. Puis, un jour de 1975, alors qu’Albert Musonda, maintenant membre du Comité de la filiale de Zambie, était un jeune Béthélite de 22 ans affecté au service de la comptabilité, la police a fait irruption dans les locaux du Béthel. “ Ils n’ont même pas donné deux jours aux missionnaires pour quitter le pays ”, indique-t-il.
John Jason précise : “ En décembre 1975, nous avons reçu des services de l’immigration l’ordre de partir dans les 36 heures. ” Les frères ont fait appel et, avec le concours d’un avocat, ils ont obtenu un délai supplémentaire. Les missionnaires ont ainsi eu le temps de rassembler quelques effets personnels. “ Ensuite, poursuit frère Jason, nous avons dû quitter un peuple que nous aimions profondément. ”
Dailes, la femme d’Albert Musonda, se rappelle : “ Nous avons accompagné nos frères à l’aéroport de Southdown pour leur départ. John Jason s’est envolé pour le Kenya et Ian Fergusson pour l’Espagne. ” Qu’est-ce qui avait déclenché cette deuxième vague d’expulsions ?
Dans l’esprit de beaucoup, l’assemblée de 1975 était la goutte qui avait fait déborder le vase. Selon John Jason, “ c’était l’une des plus grandes assemblées jamais tenues durant cette période de troubles. Plus de 40 000 personnes y étaient présentes ”. Coïncidence : il y avait un rassemblement politique non loin de là. Certains de ceux qui y participaient ont réclamé que des mesures énergiques soient prises contre les Témoins de Jéhovah en raison de leur neutralité. Frère Jason se souvient que les Témoins avaient été rendus responsables de la faible assistance au meeting politique.
Le retour des missionnaires
Dix ans se sont écoulés avant que des missionnaires puissent à nouveau entrer en Zambie. Dans les années 80, le pays a connu une plus grande stabilité politique et une diminution des restrictions. En 1986, Edward Finch et sa femme, Linda, sont arrivés de Gambie. Plus tard, d’autres missionnaires les ont rejoints, dont Alfred et Helen Kyhe, ainsi que Dietmar et Sabine Schmidt.
En septembre 1987, Dayrell et Susanne Sharp, diplômés de Guiléad en 1969, sont arrivés du Zaïre (maintenant la République démocratique du Congo) via l’Afrique du Sud. Ils avaient parcouru le Congo dans le cadre du service itinérant ; ils étaient donc habitués à la vie en Afrique centrale. Dayrell, un homme robuste, est dans le service spécial à plein temps depuis plus de 40 ans. “ Pendant des années, note-t-il, notre maison de missionnaires se situait juste de l’autre côté de la frontière, à Lubumbashi, et nous nous rendions régulièrement en Zambie. ”
Susanne garde des souvenirs précis de cette période. Elle explique : “ À cause de la famine au Congo, au début des années 70, il nous fallait aller en Zambie tous les deux ou trois mois pour acheter des provisions. Puis, début 1987, le Collège central nous a demandé de quitter le Congo pour une nouvelle affectation. Laquelle ? La Zambie ! ” Les restrictions se multipliant au Congo, les Sharp étaient heureux de partir pour un pays où les frères jouissaient d’une liberté religieuse grandissante.
Une certaine réorganisation concernant le territoire et le Béthel s’avérait néanmoins nécessaire. La plupart des frères n’étaient pas habitués à la prédication publique, car elle était en partie interdite, et ils se contentaient de diriger des études bibliques. Ils se sentaient même mal à l’aise à l’idée de prêcher de porte en porte, aspect pourtant fondamental de l’activité de prédication des Témoins de Jéhovah. Par conséquent, ils ont été encouragés à être plus hardis dans cette forme de prédication, d’autant que les tensions dans le pays avaient diminué et que nos activités n’étaient plus sous surveillance policière.
Allons résolument de l’avant !
Dans les années 70, l’œuvre semblait stagner, et le Comité de la filiale s’en inquiétait. Influencés par les traditions locales, les frères avaient du mal à étudier avec leurs enfants. De plus, la prédication de porte en porte étant interdite, il était devenu courant que des pères laissent d’autres proclamateurs diriger l’étude de leurs enfants, et que ces mêmes pères étudient avec d’autres enfants que les leurs. Il était temps de remédier à la situation avec courage. Dans les années suivantes, on a exhorté les proclamateurs à rejeter les traditions et les pratiques contraires aux Écritures. Ils ont fait de vigoureux efforts pour se conformer aux principes bibliques comme leurs compagnons du monde entier, et il en est résulté des bénédictions.
Au cours des cinq années qui ont suivi les expulsions de 1975, il y a eu une diminution de près de 11 % du nombre des proclamateurs. Par contre, cinq ans après le retour des missionnaires en 1986, on enregistrait plus de 50 % d’accroissement. Depuis cette année-là, le nombre des proclamateurs a plus que doublé.
Dans une lettre adressée au Béthel, Silas Chivweka, ancien surveillant itinérant, a écrit : “ Depuis les années 50, les Guiléadites ont contribué à ce que les proclamateurs progressent vers la maturité. Ces missionnaires ont été très patients, compréhensifs et bons. Étant proches de leurs compagnons, ils pouvaient discerner ce qui devait être rectifié. ” Leur aide bienveillante et dénuée d’hypocrisie favorise toujours l’accroissement aujourd’hui.
Des écrits sont nécessaires
Comme Paul et ses compagnons, les Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui démontrent leur qualité de ministres de Dieu par l’usage qu’ils font des “ armes de la justice, celles de la main droite et celles de la main gauche ”. (2 Cor. 6:7.) Dans la guerre spirituelle qu’ils mènent, ils continuent d’utiliser ces “ armes ” justes, ou moyens, pour défendre le vrai culte.
Au début, les publications n’étaient disponibles qu’en anglais. Même si, dès 1909, quelques personnes du sud de l’Afrique s’étaient abonnées à La Tour de Garde, la vérité biblique se répandait plutôt oralement. Un frère qui a connu cette époque a raconté : “ Dans chaque village, il y a un [lieu de rencontre] où l’on parle des affaires publiques. Les surveillants itinérants connaissant l’anglais traduisent les paragraphes dans la langue vernaculaire, dans un style simple. On discute ensuite des questions. ” Il va de soi que l’exactitude des vérités transmises dépendait beaucoup des capacités et des mobiles du traducteur. Par conséquent, afin de promouvoir la connaissance exacte et l’unité parmi ceux qui prenaient la vérité à cœur, il fallait leur fournir, de façon régulière et sûre, des publications bibliques dans leur langue.
Des publications sont disponibles
Au début des années 30, le livre La Harpe de Dieu et quelques brochures ont été traduits et publiés en nyanja. En 1934, alors qu’ils n’étaient qu’une poignée, les proclamateurs de Zambie avaient déjà diffusé plus de 11 000 imprimés, ce qui agaçait nos opposants. Ils n’allaient d’ailleurs pas tarder à façonner “ le malheur par décret ”. (Ps. 94:20.) Il n’empêche que, vers la fin de 1949, alors que La Tour de Garde n’était plus interdite, une édition mensuelle en icibemba était polycopiée et envoyée aux abonnés.
Jonas Manjoni travaillait sur les périodiques au début des années 50. “ J’étais le seul à traduire en icibemba, dit-il. Quand je recevais le document anglais, je le traduisais et je corrigeais ma traduction. Après, je retapais mon texte sur un stencil qui me servait à faire des copies. Cela me prenait beaucoup de temps ; il fallait parfois fournir 7 000 exemplaires par numéro. Je produisais manuellement toutes les pages et je les agrafais. J’envoyais ensuite aux congrégations les périodiques par rouleaux. C’était un travail considérable que de les affranchir et de les transporter dans des cartons jusqu’à la poste. ”
Les moyens techniques de l’époque étaient limités. Malgré cela, les traducteurs faisaient preuve de dévouement, conscients de l’utilité de leur tâche. Parmi eux figurait James Mwango, qui accomplissait en même temps son service itinérant. Il rédigeait tout à la main et le plus souvent à la lueur d’une bougie. “ Je n’étais jamais trop fatigué pour traduire, affirme-t-il. J’étais heureux de savoir que mes efforts permettaient aux frères de recevoir de la nourriture spirituelle, qui favorisait leurs progrès vers la maturité. ”
‘ L’échange des mains ’
Pour transmettre la vérité correctement, un traducteur doit avoir une bonne maîtrise non seulement de sa langue, mais aussi de l’anglais. Aaron Mapulanga explique : “ En traduction, une expression peut avoir un sens différent de celui que semble indiquer la traduction des mots qui la composent pris séparément. Je me souviens d’une discussion que nous avons eue à propos de l’expression anglaise ‘ to change hands ’, qui se trouvait dans une publication traitant du transfert des responsabilités d’Éliya à Élisha. Un frère avait traduit cette expression littéralement. Je doutais que l’idée de départ soit réellement ‘ l’échange des mains ’. Nous avons donc consulté d’autres frères qui nous ont aidés à comprendre le sens exact de l’anglais. Je me rappelle aussi qu’on nous avait conseillé de ne pas traduire mot à mot, afin d’éviter que notre texte soit un calque du texte anglais. Nous nous sommes efforcés de bannir la traduction littérale et d’exprimer les idées de façon naturelle. ”
La technique mise à contribution
Depuis 1986, les Béthels disposent du MEPS (acronyme anglais de l’expression “ système électronique de photocomposition multilingue ”). Ce système a permis d’accélérer considérablement le processus de traduction, de vérification et de composition du texte. Plus récemment, les traducteurs se sont mis à utiliser le logiciel Watchtower Translation System et d’autres outils de traduction. À présent, des équipes traduisent dans les langues principales du pays, fournissant ainsi des écrits bibliques que la plupart des Zambiens peuvent comprendre. La Traduction du monde nouveau et d’autres “ armes de la justice ” seront toujours utiles aux personnes sincères pour connaître Jéhovah. — 2 Cor. 6:7.
Du secours pour les réfugiés
Beaucoup d’Africains mènent une vie heureuse et paisible. Malheureusement, la guerre touche de plus en plus de pays. Du jour au lendemain, des voisins deviennent des ennemis, des innocents doivent fuir de chez eux et des populations sont anéanties. N’emportant que quelques effets personnels, des réfugiés recherchent la sécurité. Telle est la situation de millions de gens aujourd’hui.
En mars 1999, des milliers de personnes ont afflué vers la Zambie pour échapper au conflit qui faisait rage en République démocratique du Congo. Comme dans beaucoup de guerres, les forces militaires pillaient tout sur leur passage, contraignaient les hommes à porter de lourdes charges et maltraitaient les femmes et les enfants. Nombre de Témoins de Jéhovah ont été humiliés et sévèrement battus pour avoir refusé de porter les armes. Katatu Songa, un pionnier permanent zélé d’environ 55 ans, se rappelle : “ Ils m’ont fait m’allonger devant des femmes et des enfants, et m’ont fouetté jusqu’à ce que je perde connaissance. ”
Pour s’épargner de tels sévices, de nombreuses familles ont fui. Alors qu’il se sauvait dans la brousse, Mapengo Kitambo s’est retrouvé séparé de ses fils. “ Nous n’avions pas le temps de chercher qui que ce soit, explique-t-il. Nous devions avancer, même si nous étions terriblement inquiets pour les nôtres. ” Beaucoup ont parcouru des centaines de kilomètres à pied ou à bicyclette pour trouver un lieu sûr.
Les réfugiés sont arrivés en masse dans la petite ville de Kaputa. Parmi eux il y avait près de 5 000 frères avec leur famille, épuisés par ce long et rude voyage. Les 200 proclamateurs de la ville n’étaient pas préparés à un tel afflux. Ils ont malgré tout offert de bon cœur à leurs frères et sœurs l’hospitalité chrétienne. L’un des réfugiés, Manda Ntompa, s’en souvient : “ Nous avons été profondément touchés par l’amour et l’hospitalité qui nous étaient manifestés. Quand ils ont su que nous étions Témoins de Jéhovah, les frères nous ont accueillis chez eux. Comme la veuve de Tsarphath, ils étaient désireux de partager avec autrui le peu de nourriture qu’ils avaient. ”
Non loin du lac Mweru, au nord, un petit groupe de Témoins se sont occupés de centaines de réfugiés. Ils se sont organisés pour leur fournir nourriture et logement. Des congrégations voisines ont offert du manioc et du poisson. Après trois mois, les Témoins congolais ont été enregistrés par les autorités, puis transférés dans un camp de réfugiés.
Ceux qui fuient un conflit violent emportent rarement des livres et des revues. Désespérés, ils abandonnent souvent même leurs biens les plus précieux pour se mettre à l’abri au plus vite. Par contre, certains au sein du peuple de Dieu ont réagi différemment. Malgré leur affolement, ils ont réussi à emporter leurs publications. Les bibles et les ouvrages bibliques étaient néanmoins rares. Lors des réunions, il y avait en moyenne cinq livres pour 150 assistants. Comment donc les frères pouvaient-ils y participer ? L’un d’eux explique : “ Ceux qui avaient une bible lisaient les versets, et les autres écoutaient attentivement. Ainsi, tous pouvaient louer Jéhovah et s’encourager mutuellement par leurs commentaires. ”
Les besoins matériels ne sont pas négligés
Les réfugiés étaient pour la plupart des femmes et des enfants. Souvent, ils arrivaient malades et n’avaient rien à manger. Comment les Témoins de Jéhovah les ont-ils secourus ? Voici ce qu’on pouvait lire dans le Times of Zambia : “ Il est réjouissant de constater que l’Association Les Témoins de Jéhovah de Zambie a envoyé dans l’ex-Zaïre des volontaires et une mission humanitaire pour alléger le fardeau des réfugiés de la région des Grands Lacs. ” L’article expliquait que des Témoins de Belgique, de France et de Suisse avaient “ fait parvenir aux réfugiés 500 kilos de médicaments, 10 tonnes de produits vitaminés, 20 tonnes de nourriture, plus de 90 tonnes de vêtements, 18 500 paires de chaussures et 1 000 couvertures, soit l’équivalent de un million de dollars ”.
Frère Ntompa se rappelle : “ Le jour où les secours sont arrivés, nous étions tous fous de joie ; notre foi a été fortifiée. Nous appartenons à une organisation vraiment bienveillante ! Cette magnifique démonstration d’amour a marqué un tournant dans la vie de beaucoup de nos proches non Témoins. Depuis, certains d’entre eux sont devenus des adorateurs de Dieu et font de bons progrès. ” Des secours ont été distribués à tous les réfugiés, sans discrimination.
Vers la fin de 1999, en Zambie, on comptait plus de 200 000 personnes déplacées. D’après un journal local, “ la Zambie est l’un des pays d’asile qui ont accueilli le plus de réfugiés africains fuyant un conflit ”. Malgré les efforts des autorités pour satisfaire les besoins des réfugiés, la frustration et le mécontentement ont généré de violentes protestations. À la suite d’une émeute, les responsables d’un camp ont accusé le surveillant de circonscription de n’avoir pas fait grand-chose pour les aider à maintenir l’ordre, bien que les Témoins de Jéhovah n’aient pas pris part aux troubles. Le frère leur a répondu gentiment et fermement : “ Mais je vous ai aidés ! Imaginez à quel point la situation se serait dégradée si 5 000 personnes de plus s’étaient jointes à la foule ! Estimez-vous heureux qu’au moins 5 000 réfugiés n’aient pas participé à la révolte parce qu’ils sont Témoins ! Ce sont mes frères ! ”
Les Témoins de Jéhovah sont connus pour jouer un rôle stabilisateur dans les camps de réfugiés. Un haut fonctionnaire a fait ce commentaire : “ Nous avons entendu dire que les Témoins de Jéhovah sont très religieux, et nous en avons nommé beaucoup comme chefs de quartier. Depuis, le calme est maintenu dans le camp parce qu’ils sont là pour aider et parce que tout le monde se consacre à la lecture de la Bible. Je remercie Dieu pour leur présence et pour la paix qui règne dans le camp. ”
L’obéissance à l’interdiction divine sur le sang
Même si l’on savait depuis longtemps qu’il était sage d’obéir à l’injonction des Écritures de ‘ s’abstenir [...] du sang ’, de nombreux préjugés et désaccords sur la médecine sans transfusion subsistaient en Afrique subsaharienne (Actes 15:28, 29). Des Témoins de Jéhovah ont été traités de façon cruelle et humiliante. Il n’était pas rare qu’à l’hôpital un enfant soit transfusé la nuit, à l’insu de ses parents.
Michael, qui a été élevé par sa grand-mère Jenala Mukusao, était âgé de six ans quand il a été admis à l’hôpital. Comme il était fortement anémié, les médecins voulaient le transfuser. Sœur Mukusao ayant refusé, elle a subi des pressions pendant quatre jours. “ Je les ai suppliés, raconte-t-elle, et je leur ai montré ma carte Instructions médicales, mais ils n’ont rien voulu entendre. Les infirmières m’ont accusée d’être une sorcière qui voulait tuer son petit-fils. ”
Compte tenu de cette hostilité, certains hésitaient à aller à l’hôpital. De nombreux médecins ne faisaient aucun cas du droit au consentement éclairé du patient. De plus, le peu de médecins qui souhaitaient nous aider s’exposaient à des critiques sévères, risquant même d’être frappés d’ostracisme par leurs collègues, pour avoir pratiqué une médecine considérée comme non conventionnelle. À cela s’ajoutaient le manque d’infrastructures et la difficulté à trouver des alternatives à la transfusion. Cependant, en 1989, le responsable de la médecine du travail pour l’industrie minière du cuivre a déclaré : “ Les transfusions ne devraient pas être administrées contre la volonté du patient. ” À l’évidence, quelques professionnels de la santé adoptaient désormais une opinion plus modérée.
Des comités efficaces
En 1995, un Service d’information hospitalier et des comités de liaison hospitaliers (CLH) ont été créés en Zambie. On était loin de s’imaginer combien ces comités allaient influer sur le point de vue du corps médical à l’égard des traitements non sanguins et des droits des patients. Les membres des CLH doivent, entre autres choses, se rendre dans des hôpitaux, s’entretenir avec des médecins et présenter des exposés devant des personnels soignants. Leur but : favoriser la coopération et éviter les conflits. Les équipes médicales ont été impressionnées par la qualité professionnelle des exposés. Dans un hôpital du sud du pays, un responsable a même dit aux frères : “ Je suis sûr que vous êtes médecins, mais vous ne voulez pas le dire. ”
Un médecin néerlandais travaillant dans un hôpital de l’ouest de la Zambie a tenu les propos suivants : “ Il y a deux semaines, nous discutions des moyens de réduire l’utilisation du sang à cause des risques qu’elle présente. Aujourd’hui, ce sont des experts qui sont venus nous en parler. ” Les membres des équipes médicales qui avaient suivi les exposés des CLH n’ont pas tardé à inviter leurs collègues à faire de même. Le programme a retenu l’attention du corps médical, et peu à peu les conflits ont cédé le pas à la collaboration.
Pour s’adresser aux médecins, qui étaient considérés presque comme des dieux depuis des années, certains membres des CLH devaient surmonter leur sentiment d’infériorité. Frère Smart Phiri, qui a été président du comité de Lusaka, se souvient : “ Je n’avais aucune formation en médecine et je manquais vraiment d’assurance. ”
La persévérance et la confiance en Jéhovah ont toutefois été récompensées. Un autre membre de ce comité se rappelle ses débuts : “ Nous sommes partis à trois rendre visite à un médecin, un homme très influent, qui avait été ministre de la Santé. Nous attendions, tout angoissés, dans le couloir, en face de son cabinet. Nous avons alors prié Jéhovah de nous donner le courage de lui parler. Ensuite nous sommes entrés dans son bureau, et nous avons eu avec lui une excellente discussion. Il s’est montré très coopératif. J’ai compris que nous avions le soutien de Jéhovah et qu’il n’y avait aucune raison d’avoir peur. ”
On remarque que la coopération entre les CLH et les médecins s’améliore. Ces derniers acceptent maintenant de traiter des cas médicaux difficiles, alors qu’il y a quelques années ils auraient refusé de le faire s’ils n’étaient pas libres de transfuser. En octobre 2000, deux chirurgiens ont relevé le défi d’opérer Beatrice, un bébé de six mois, sans recourir à la transfusion. Elle venait de la République démocratique du Congo et souffrait d’atrésie des voies biliaires. Alors que tout s’était bien passé, son cas a suscité un torrent de commentaires défavorables.
Mais la déclaration à la presse du professeur Lupando Munkonge, chef de l’équipe qui avait procédé à l’opération, a provoqué un retournement de situation. Il a expliqué pourquoi il avait respecté la volonté des parents, ce qui a grandement contribué à atténuer les critiques des médias. Deux mois plus tard, un reportage télévisé consacré au cas de Beatrice présentait sous un jour favorable le choix des Témoins de recourir à la médecine et à la chirurgie sans transfusion.
‘ Faites vite ! ’
Peu de médecins ont encore des doutes quant à la position que les Témoins adoptent sur la question du sang. La plupart admettent aujourd’hui que les stratégies alternatives sont sûres, simples et efficaces — même en Afrique rurale. Parallèlement à cela, quantité de patients ont appris à défendre leurs droits avec hardiesse. Ils ont dû pour ce faire s’informer sur ces questions importantes et apprendre à expliquer la décision que leur dicte leur conscience.
Même des enfants ont reçu “ la langue des enseignés ”. (Is. 50:4.) Avant son opération, Nathan, âgé de huit ans et atteint d’ostéomyélite au fémur gauche, a dit aux médecins : “ Quand vous m’opérerez, faites vite pour que je ne perde pas trop de sang, s’il vous plaît. Ne me transfusez pas, sinon mes parents et Jéhovah ne vous le pardonneront pas. ” Après l’intervention, un membre de l’équipe chirurgicale a félicité les parents de Nathan pour l’éducation qu’ils lui ont donnée. Puis il a reconnu humblement : “ C’est la première fois qu’un jeune patient me rappelle l’importance de respecter Dieu. ”
L’apôtre Paul a déclaré : “ Nous nous recommandons comme ministres de Dieu, [...] par les nuits sans sommeil. ” Il arrive fréquemment que des serviteurs de Dieu passent des nuits blanches, car ils ont le souci d’aider leurs compagnons chrétiens et de défendre le vrai culte (2 Cor. 6:3-5). C’est souvent le cas des membres des CLH. Mais leur abnégation ne passe pas inaperçue. Témoin cette remarque d’une sœur : “ Les mots me manquent pour exprimer toute ma gratitude. J’ai été encouragée et réconfortée par l’esprit de sacrifice des frères du CLH, qui me sont immédiatement venus en aide. Ils étaient là, pour moi, à toute heure du jour ou de la nuit. Quand, pour la deuxième fois en 24 heures, on m’a emmenée au bloc opératoire, je n’étais pas affolée. Mes frères m’avaient grandement fortifiée par leurs paroles encourageantes. ” Sans conteste, malgré la ‘ mauvaise réputation ’ qui leur est faite parfois, les Témoins de Jéhovah continuent de se recommander comme ministres de Dieu en collaborant volontiers avec le corps médical (2 Cor. 6:8). D’autre part, encouragés par la ‘ bonne réputation ’ acquise, ils sont résolus à toujours obéir au commandement divin de ‘ s’abstenir [...] du sang ’.
L’École de formation ministérielle
“ Dans de nombreux pays, un groupe de 25 jeunes hommes serait considéré comme une source potentielle de problèmes, remarque Cyrus Nyangu, membre du Comité de la filiale de Zambie. Or, les 31 classes de l’École de formation ministérielle (EFM) ont formé des chrétiens voués à Dieu et dynamiques, qui se révèlent être une bénédiction dans la région où ils servent. ” Plus de 600 diplômés de cette école internationale se dépensent dans une forme ou une autre du service à plein temps dans six pays d’Afrique australe. En Zambie, plus de la moitié des surveillants itinérants en sont diplômés. Pourquoi cette école est-elle nécessaire, et quels résultats produit-elle ?
Depuis la première classe en 1993, le pays a enregistré un accroissement de près de 60 % du nombre des proclamateurs. Les congrégations ont donc besoin de frères qualifiés pour s’occuper d’elles, d’autant que leurs membres subissent de fortes pressions de leur entourage dans des domaines qui touchent aux traditions et aux coutumes contraires aux principes bibliques. Soulignant le besoin en bergers et en enseignants, un diplômé de l’EFM a fait remarquer : “ Le problème dans notre territoire, c’est que les gens ont tendance à tolérer le mal. J’ai appris qu’il faut être fermement attaché à ce qui est droit, et ne pas aller au-delà de ce qui est écrit. ”
Au début des cours, les élèves ne sont pas habitués à étudier autant de sujets de façon aussi profonde. Mais les instructeurs sont prêts à les aider. Voici ce que l’un d’eux, Sarel Hart, déclare : “ Pour moi, instruire les élèves, c’est un peu comme servir de guide à des randonneurs sur un sentier de montagne. Au départ, ils essaient de se familiariser, comme des étrangers, avec un environnement nouveau et impressionnant. Parfois, de grosses pierres leur bouchent le passage. Cependant, à mesure qu’ils surmontent les obstacles et poursuivent leur ascension, les barrières qui leur semblaient insurmontables au début leur paraissent maintenant insignifiantes. ”
En voyant les progrès spirituels qu’ils ont accomplis grâce à l’école, bon nombre d’élèves ont le sentiment d’avoir été métamorphosés. Elad, aujourd’hui pionnier spécial, a confié : “ Je me sentais inapte à enseigner et trop jeune pour endosser plus de responsabilités dans la congrégation. L’école m’a fait prendre conscience que je pouvais être utile. J’ai d’abord été affecté dans une congrégation de 16 proclamateurs. Ils avaient du mal à diriger efficacement des études bibliques ; nous examinions donc régulièrement des suggestions pratiques et nous participions à des séances d’exercices avant d’aller prêcher. En 2001, la congrégation comptait 60 proclamateurs, dont 20 membres d’un groupe isolé. ”
Les critères de réussite
Quelles qualités permettent de réussir à l’École de formation ministérielle ? “ Nous soulignons l’importance de demeurer humble, de ne pas penser de soi-même plus qu’il ne faut penser, explique l’un des instructeurs, Richard Frudd. Nous recherchons chez les élèves la maturité, la compassion et la capacité de traiter des problèmes épineux tout en gardant le sourire. S’ils parviennent à agir avec bonté envers les autres, montrant qu’ils veulent servir et non être servis, nous estimons alors que le but de l’école a été atteint. ”
Les élèves reconnaissent la véracité de ces paroles. Emmanuel, diplômé de la 14e classe, confirme : “ Quand on vient d’arriver dans une congrégation, on ne doit pas s’empresser de tout corriger dans les moindres détails. Il faut au contraire se concentrer sur l’activité la plus importante : la prédication de la bonne nouvelle avec la congrégation. ”
Moses, un pionnier, a dit : “ J’ai appris que Jéhovah utilise ceux qui sont humbles, et que parfois la connaissance et l’expérience importent peu. L’amour pour les membres de la congrégation et pour les personnes du territoire, ainsi que l’esprit de coopération, voilà ce qui compte pour lui. ”
Les grands rassemblements
Les fêtes et les ‘ saintes assemblées ’ de l’ère préchrétienne étaient, pour la nation d’Israël, des moments joyeux qui lui permettaient de se concentrer sur les questions spirituelles (Lév. 23:21 ; Deut. 16:13-15). Il en est de même pour les rassemblements du peuple de Dieu aujourd’hui. En Zambie, les assemblées ne se tiennent pas dans des complexes sportifs modernes reluisants de propreté. Les frères construisent ce qu’ils appellent un village d’assemblée, comprenant des petites huttes où dormir.
Au fil des ans, des installations plus durables ont vu le jour sur ces sites. Mais les premières années ont été difficiles, et il fallait faire preuve d’ingéniosité. Un surveillant de district raconte : “ Lors des assemblées de circonscription, des volontaires construisaient généralement une paillote pour moi. Ensuite, ils entouraient d’une clôture les ‘ sièges ’, qui consistaient en des monticules de terre recouverts d’un ‘ coussin ’ d’herbe. Parfois, pour construire une estrade, ils nivelaient le sommet d’une termitière abandonnée et y dressaient une petite hutte, d’où le programme était présenté. ”
Peter Palliser, un missionnaire, se rappelle : “ À une assemblée, les frères voulaient une estrade surélevée. Comme l’un d’eux était habile dans le maniement des explosifs, il a préparé le terrain et a fait sauter le sommet d’une termitière abandonnée haute de six mètres. Nous avons ainsi obtenu une butte que nous avons aménagée en estrade. ”
Présents malgré tout
La plupart des lieux d’assemblées étaient éloignés des grandes routes et difficiles d’accès. Robinson Shamuluma se souvient d’une assemblée à laquelle il a assisté en 1959. “ Nous étions une quinzaine à nous rendre à vélo jusqu’à Kabwe, dans la province du Centre, dit-il. Nous avions emporté quelques provisions : de la farine de maïs et du poisson séché. Tous les soirs nous dormions dans la brousse. À Kabwe, nous avons pris le train, et nous sommes finalement arrivés à destination après presque quatre jours de voyage. ”
Lamp Chisenga garde le souvenir d’un frère qui, pour assister à une assemblée, a fait près de 130 kilomètres à pied et à vélo, avec ses six enfants. “ Pour le voyage, raconte-t-il, ils avaient préparé du manioc, des arachides et du beurre de cacahuètes. Souvent, ils étaient obligés de camper dans la brousse, sans protection. ”
Lorsqu’il était surveillant de district, Wayne Johnson a remarqué que de nombreux frères fournissaient de gros efforts pour être présents aux assemblées. Il a écrit : “ Un pionnier spécial mettait presque une semaine à vélo pour arriver à l’assemblée. Certains voyageaient à l’arrière d’un camion. Beaucoup venaient en avance, au début de la semaine. Le soir, ils s’asseyaient autour d’un feu de camp et chantaient. Parfois, nous étions si nombreux en prédication que nous parcourions le territoire trois fois dans la semaine. ”
Ils se rassemblent en dépit de l’opposition
Les grands rassemblements revigorent et encouragent toujours les vrais chrétiens. Aujourd’hui, les assemblées sont l’objet de commentaires très positifs, alors qu’on les regardait d’un œil soupçonneux durant les périodes de changements politiques, et plus particulièrement dans les années 60 et 70. Certains membres du gouvernement faisaient tout pour freiner les frères dans leur culte. Par exemple, comme ceux-ci refusaient de chanter l’hymne national, la police ne leur délivrait pas les autorisations nécessaires pour tenir des rassemblements publics. Plus tard, les autorités ont imposé une limite au nombre d’assistants. “ C’est en 1974 que les Témoins de Jéhovah se sont réunis pour la dernière fois sur des terrains non clôturés, se rappelle Darlington Sefuka. Cette année-là, le ministre de l’Intérieur a décrété qu’aucune réunion publique ne pourrait se tenir à moins que l’hymne national ne soit chanté et que le drapeau ne soit déployé. ” Les frères avaient néanmoins le droit de se réunir dans des Salles du Royaume entourées d’une haie. S’adaptant à la situation, le Béthel a pris des dispositions pour que le programme des assemblées de circonscription soit présenté dans des Salles du Royaume, devant seulement une ou deux congrégations à la fois.
Les assemblées de district étaient organisées selon le même principe. “ Au lieu de tenir une grande assemblée, nous en avions 20 petites, se souvient un frère qui prenait part aux préparatifs. Beaucoup de frères étaient formés pour participer au programme et s’occuper de différents services. De ce fait, quand l’interdiction a été levée, nous disposions d’un grand nombre de frères capables d’organiser des assemblées. ”
Les baptêmes
Au début des années 40, des efforts ont été réalisés pour s’assurer que ceux qui se faisaient baptiser comprenaient pleinement la signification de ce pas. Certains avaient du mal à sortir complètement de “ Babylone la Grande ” et à se défaire des pratiques de la fausse religion (Rév. 18:2, 4). En plus, relativement peu de personnes savaient bien lire, et quantité de congrégations n’étaient pas suffisamment fournies en manuels d’étude biblique. C’est pourquoi les surveillants de circonscription et de district interrogeaient chaque candidat pour déterminer s’il remplissait les conditions requises. Geoffrey Wheeler, diplômé de la 33e classe de Guiléad, explique : “ Nous observions attentivement les bébés des candidates au baptême pour vérifier qu’ils ne portaient pas de bracelets porte-bonheur ni d’amulettes. Il nous arrivait souvent de veiller jusqu’à minuit tous les soirs de la semaine où se tenait l’assemblée tellement il y avait de candidats. ” Grâce à l’aide bienveillante que les anciens recevaient des surveillants itinérants, à la parution de livres comme “ Ta parole est une lampe pour mon pied ” et à quelques améliorations en matière d’organisation, de tels entretiens devenaient de moins en moins nécessaires.
Le trac des acteurs
Lors des assemblées, les drames bibliques costumés restent l’une des parties du programme les plus appréciées. Chaque participant s’efforce consciencieusement d’entrer dans la peau de son personnage, et il faut avouer que la plupart des Zambiens sont plutôt doués à ce jeu-là ! Frank Lewis, autrefois missionnaire et aujourd’hui membre de la famille du Béthel aux États-Unis, raconte : “ Les premiers drames n’étaient pas enregistrés. Les acteurs devaient donc apprendre leur texte par cœur. Je me souviens d’une assemblée dans la province du Nord où un drame était joué pour la première fois ; c’était l’histoire de Joseph. Comme le courrier n’était pas arrivé à temps et que les participants n’avaient pas reçu leur texte, nous avons dû travailler jusque tard dans la nuit pour les aider à mémoriser leurs répliques. Le jour de la représentation, au moment où la femme de Potiphar lui criait que Joseph avait essayé de la violer, le frère qui jouait le rôle de Potiphar a eu le trac et il a quitté la scène. Comme j’étais souffleur et que je me trouvais dans les coulisses, je l’ai vu partir. Je lui ai immédiatement rappelé les premières phrases de sa réplique tout en le poussant sur la scène. Et là, avec un brio remarquable, il s’est mis à débiter sa tirade de paroles méprisantes à l’encontre de celui qui avait été accusé de tentative de viol. Même si la situation a failli mal tourner, chaque fois que je lis ce récit dans la Bible, je me dis : ‘ Peut-être que cela s’est passé ainsi. Peut-être que, dans sa colère, Potiphar a quitté la pièce, et qu’après s’être calmé il est revenu pour se répandre en invectives contre Joseph ! ’ ”
En 1978, le gouvernement a allégé les restrictions qui, depuis quatre ans, limitaient le nombre d’assistants aux assemblées. L’organisation de l’assemblée “ La foi victorieuse ” a relevé de l’exploit. Un ancien surveillant itinérant explique : “ Lors de cette assemblée, nous avons mis en scène tous les drames que nous n’avions pas pu jouer les années où nous n’avions le droit de nous réunir que dans des Salles du Royaume. Elle a duré cinq jours, et nous avons eu cinq drames — un par jour. Nous avons rattrapé tout le retard ! C’était formidable, mais quel travail pour le représentant du Béthel qui devait assister à toutes les répétitions ! ”
“ Franchement, c’est la plus belle assemblée de ma vie, a dit un membre du Comité de la filiale. Le matin, tous quittent leur petite hutte, bien habillés et propres. Ils se mettent sur leur trente et un pour se présenter à Jéhovah. Souvent, il n’y a pas d’ombre où s’asseoir. Ils restent donc en plein soleil toute la journée et écoutent très attentivement. C’est beau à voir. ” Pour les Témoins de Jéhovah, se réunir est un aspect essentiel du culte (Héb. 10:24, 25). Qu’ils soient “ affligés ” ou non à cause de difficultés personnelles ou de l’opposition religieuse, ils savent que l’assistance aux grands rassemblements offre l’occasion de se ‘ réjouir toujours ’. — 2 Cor. 6:10.
La construction de Salles du Royaume
“ Par la présente, j’autorise les membres de la congrégation mentionnée ci-dessus à avoir leur propre terrain. Cette propriété leur appartient de façon définitive ; je leur permets d’y rester pendant 150 ans. Personne ne doit leur causer des ennuis jusqu’à ce que vienne le Paradis. ” — Chef Kalilele.
Dès le début du siècle dernier, en Afrique australe, des personnes éprises de vérité avaient saisi l’importance de se réunir pour adorer Dieu. Vers 1910, William Johnston signalait que des groupes, qui connaissaient un accroissement rapide, bâtissaient des salles de réunion en se servant de matériaux disponibles sur place. Certaines constructions pouvaient accueillir jusqu’à 600 personnes. Beaucoup désiraient posséder un lieu de culte, mais ce n’était pas le cas de tous. Holland Mushimba, qui a connu la vérité au début des années 30, se souvient : “ L’accent était mis sur les réunions pour le culte, mais pas spécialement sur le fait de bénéficier d’un lieu de réunion permanent. Nous nous rassemblions dans n’importe quel endroit qui nous convenait, à l’ombre d’un gros arbre ou dans la cour d’un frère. En se basant sur Luc 9:58, certains tenaient d’ailleurs le raisonnement suivant : si Jésus n’avait pas de lieu de réunion fixe, alors pourquoi devrions-nous nous soucier d’en construire un ? ”
Avant 1950, les réunions se tenaient généralement dans des abris simples et précaires, faits de bois brut et de terre battue. Dans la zone d’activité de la Copperbelt, Ian Fergusson a persuadé le directeur d’une mine de céder aux Témoins un terrain ; en 1950, la première Salle du Royaume était construite, à Wusikili. Il a fallu attendre dix ans avant que les frères ne dressent des plans de construction standard. La première salle construite sur la base de ces plans consistait en un beau bâtiment avec un toit plat. Elle avait coûté environ 12 000 kwachas, ce qui représentait une somme considérable pour l’époque. Mais, si on tient compte du taux d’inflation, son coût équivaudrait aujourd’hui à un peu moins de trois euros.
Étant donné que les Témoins refusaient d’acheter la carte de quelque parti que ce soit, ils continuaient de subir les violences extrêmes de militants patriotes. Des Salles du Royaume ayant été incendiées, des frères ont jugé préférable de se réunir en plein air au lieu d’en construire de nouvelles. En raison des restrictions supplémentaires imposées au début des années 70, l’acquisition d’un lopin de terre devenait de plus en plus problématique. Même s’il était de notoriété publique que les Témoins de Jéhovah ne soutenaient aucun parti politique, les autorités de certaines régions exigeaient qu’une carte du parti soit jointe à toute demande.
Wiston Sinkala explique : “ Nous avions du mal à obtenir un terrain ; ne parlons pas du permis de construire ! Lorsque nous avons prévenu les conseillers municipaux que nous allions les poursuivre en justice, ils ont cru que nous plaisantions. Cependant, nous avons trouvé un bon avocat et, deux ans après, la cour a statué en notre faveur en ordonnant à la municipalité de nous permettre d’acquérir des terrains. Cette affaire nous a donné accès à d’autres libertés. ”
“ Le cheval noir ”
Il était rare qu’une congrégation se voie accorder le titre de propriété d’un terrain. Souvent, les frères trouvaient des terrains vagues, mais ils ne pouvaient rien y construire de définitif sans avoir les papiers officiels en main. Les matériaux coûtant cher, beaucoup utilisaient des tôles ou des fûts de carburant vides qu’ils ouvraient et aplatissaient avant de les clouer sur une charpente de bois. À ce propos, un ancien a fait cette remarque : “ Comme nous avions enduit les tôles de goudron, la salle ressemblait de loin à un grand cheval noir. La chaleur y était insupportable. ”
Un ancien surveillant de circonscription a ajouté : “ Quand j’y repense, cela me gêne d’appeler ces bâtiments des Salles du Royaume. En fait, elles n’étaient pas dignes du Dieu Très-Haut, Jéhovah. ”
D’autres congrégations avaient décidé de louer des salles. Cette solution ne leur revenait pas cher, mais elle posait aussi problème. Edrice Mundi, qui était membre de la congrégation anglaise de Lusaka dans les années 70, raconte : “ Nous louions une salle qui servait aussi de discothèque. Chaque samedi, les gens venaient là pour boire et danser jusqu’au petit matin. Nous devions donc y aller tôt le dimanche pour tout nettoyer. La salle était imprégnée de l’odeur de la bière et du tabac. Ce n’était pas un endroit convenable pour rendre un culte à Jéhovah. ”
Le mari d’Edrice, Jackson, se rappelle : “ Un dimanche, en pleine réunion, un jeune homme a traversé toute la salle, a pris une caisse de bières qu’il avait laissée la veille près de l’estrade et est sorti sans se soucier des assistants. ” Rien d’étonnant à ce que les frères languissent après une Salle du Royaume qui leur appartienne !
Un programme historique
À mesure que davantage de personnes acceptaient la bonne nouvelle, le besoin en Salles du Royaume dignes de ce nom se faisait d’autant plus sentir. Les frères étaient pleins d’enthousiasme et de zèle. Cependant, certains avaient tout juste de quoi nourrir leur famille et ne pouvaient pas participer au financement d’une salle. Or, Jéhovah, dont le bras n’est jamais trop court, avait en réserve une agréable surprise.
Un sondage a révélé qu’il était nécessaire de bâtir plus de 8 000 Salles du Royaume dans 40 pays en voie de développement. D’où la décision du Collège central de lancer des projets de construction. Dans certaines régions, il n’y avait à l’évidence que peu d’ouvriers qualifiés en mesure de soutenir ces projets, et les outils risquaient d’y être rares. De plus, la plupart des congrégations n’étaient pas en mesure de rembourser des prêts importants. Enfin, en raison de l’accroissement rapide du nombre des proclamateurs, certains Béthels avaient du mal à élaborer un programme de construction. Prenant en considération tous ces facteurs, le Collège central a créé aux États-Unis un Comité de conception et de construction, qui avait pour but de superviser le programme mondial de construction de Salles du Royaume. Les pays aux ressources limitées ont reçu des directives de ce comité, et des volontaires expérimentés ont été envoyés sur place.
Parfois, il a fallu adapter les méthodes de construction traditionnelles et rectifier certaines façons de penser. En Zambie, par exemple, les femmes apportaient leur soutien en puisant de l’eau, en transportant du sable ou en cuisinant. Cependant, les équipes de construction souhaitaient qu’elles prennent part aussi aux travaux sur le chantier, de façon à tirer parti de toute la main-d’œuvre disponible.
Un chef de la province de l’Est qui, tout ébahi, observait une sœur en train de construire un mur s’est exclamé : “ C’est la première fois de ma vie que je vois une femme poser des briques, et en plus elle le fait très bien ! C’est un réel plaisir que d’en être témoin. ”
“ Notre hôpital spirituel ”
Les constructions ont grandement influé sur l’attitude des gens qui en étaient témoins oculaires. Quantité de ceux qui ne s’intéressaient pas aux Témoins de Jéhovah, voire qui s’opposaient à eux, sont devenus plus tolérants. Par exemple, un chef de la province de l’Est qui avait fait obstacle à la construction de Salles du Royaume a déclaré : “ Je n’ai pas rejeté votre demande de ma propre initiative. J’ai été influencé par les clergés d’autres groupements religieux. Aujourd’hui, je me rends compte que vous êtes là dans un but louable. Ce beau bâtiment est à présent notre hôpital spirituel. ”
Le principal ‘ labeur ’ des chrétiens consiste à prêcher la “ bonne nouvelle du royaume ”. (2 Cor. 6:5 ; Mat. 24:14.) L’esprit saint pousse le peuple de Dieu à prêcher. Cela dit, il l’incite aussi à fournir de vigoureux efforts pour favoriser les intérêts du Royaume en construisant des lieux de réunion convenables, et les congrégations en saisissent à présent mieux l’importance. Un frère a d’ailleurs dit : “ Quand nous allons prêcher, nous n’hésitons plus à inviter les personnes à nos réunions : nous savons qu’elles seront accueillies, non pas dans une cabane, mais dans une Salle du Royaume à la gloire de Jéhovah. ”
Un autre Témoin a déclaré : “ Nous ne méritons peut-être pas d’avoir une aussi belle Salle du Royaume dans la brousse, mais Jéhovah le mérite. Je suis heureux qu’il soit honoré par des lieux de culte plus convenables. ”
Le service itinérant
Les ministres de Dieu ont besoin d’endurance (Col. 1:24, 25). La vie des surveillants itinérants illustre bien ce que signifie donner de sa personne de manière à favoriser les intérêts du Royaume. Par le “ labeur d’amour ” qu’ils accomplissent en se montrant des bergers qui fortifient les congrégations, ils se révèlent être des “ dons en hommes ”. — Éph. 4:8 ; 1 Thess. 1:3.
Vers la fin des années 30, des hommes capables ont été formés pour être serviteurs de zone ou serviteurs régionaux (aujourd’hui appelés respectivement surveillants de circonscription et surveillants de district). “ Ce n’était pas facile d’aller de congrégation en congrégation, se souvient James Mwango. Nous avions des bicyclettes, mais des frères devaient nous accompagner à pied pour porter une partie de nos bagages. Le voyage durait plusieurs jours. En général, nous passions deux semaines dans chaque congrégation. ”
‘ Il s’est évanoui aussitôt ’
En ce temps-là — tout comme aujourd’hui d’ailleurs —, se déplacer dans la brousse n’était pas de tout repos. Robinson Shamuluma, maintenant âgé de plus de 80 ans, était dans le service itinérant avec Juliana, sa femme. Robinson garde le souvenir d’une tempête particulièrement violente, survenue pendant la saison des pluies. Quand le calme est revenu, la voie s’est dégagée, mais ils devaient maintenant se frayer un passage à travers la boue qui était arrivée à la hauteur de leur selle de vélo ! Lorsqu’ils sont parvenus à destination, Juliana était si épuisée qu’elle n’avait même plus la force ne serait-ce que de boire un verre d’eau.
Enock Chirwa, qui a été surveillant de circonscription et de district au cours des années 60 et 70, explique : “ Le plus dur, c’était le lundi, parce qu’il y avait le trajet à faire pour nous rendre dans les congrégations. Cependant, une fois arrivés, nous oubliions la fatigue du voyage. Nous étions tellement heureux d’être avec nos frères et sœurs ! ”
Ce n’étaient pas que les longs trajets et les privations qui rendaient le service difficile. Témoin ce qui est arrivé à Lamp Chisenga et aux deux frères qui l’accompagnaient alors qu’ils allaient dans une congrégation dans le nord du pays. Tandis qu’ils avançaient sur une piste poussiéreuse, ils ont aperçu un animal au loin. “ Au départ, les frères avaient du mal à l’identifier, raconte frère Chisenga. Puis l’animal s’est assis sur la route, comme un chien. ‘ Vous voyez ce que c’est ? ’ ai-je demandé. ‘ Vous voyez ce que c’est ? ’ Soudain, l’un de mes deux compagnons a reconnu la silhouette d’un lion ! Il a poussé un cri et s’est évanoui aussitôt. Nous avons jugé préférable de rester là pour nous reposer le temps que le lion disparaisse dans la brousse. ”
John et Kay Jason ont passé 26 années en Zambie, dont quelques-unes dans le service du district. Ils ont appris qu’il faut de la patience en cas d’ennuis mécaniques. John précise : “ Une fois, nous avons dû rouler plus de 150 kilomètres avec des amortisseurs cassés, car nous n’avions ni les pièces de rechange ni la possibilité d’appeler des secours. À un moment donné, nous sommes tombés en panne : le moteur avait chauffé. Nous étions bloqués. Il n’y avait plus qu’à utiliser l’eau dont nous disposions pour refroidir le moteur et nous faire une dernière tasse de thé. Nous étions isolés, fatigués, et nous avions chaud. Nous nous sommes assis dans la voiture et avons prié Jéhovah de nous aider. À 3 heures de l’après-midi, un camion de voirie, le premier véhicule que nous avons croisé dans la journée, est passé par là. En voyant notre détresse, les ouvriers nous ont proposé de remorquer la voiture. Nous sommes arrivés chez nos frères juste avant la tombée de la nuit. ”
Sur qui compter ?
Dans de telles circonstances, les surveillants itinérants apprennent rapidement à compter, non pas sur leurs aptitudes personnelles ni sur les biens matériels, mais sur Jéhovah Dieu et sur leurs compagnons chrétiens — deux sources de secours bien plus fiables (Héb. 13:5, 6). “ Nous étions dans le service du district depuis tout juste trois semaines, se rappelle Geoffrey Wheeler, lorsque nous avons rencontré une difficulté sérieuse. Nous nous trouvions sur les lieux de l’assemblée, prêts pour le programme du week-end. Ce jour-là, il faisait chaud et il y avait du vent. Quand j’ai allumé le réchaud défectueux qu’on m’avait donné, une gerbe de flammes a fusé de l’appareil. En quelques minutes, il est devenu impossible de maîtriser l’incendie. Le pneu de secours à l’avant de notre Land Rover s’est embrasé et les flammes se sont rapidement engouffrées dans le véhicule. ”
La perte de leur voiture constituait en soi une dure épreuve pour les Wheeler, mais ce n’était pas tout. Geoffrey explique : “ Nos vêtements se trouvaient dans une malle métallique noire à l’intérieur de la Land Rover. Ils n’ont pas brûlé ; ils se sont ratatinés ! En passant du côté où les flammes n’avaient pas encore fait de ravages, les frères ont réussi à sauver notre lit, une chemise et ma machine à écrire. Nous leur étions vraiment reconnaissants pour leur présence d’esprit. ” Les Wheeler avaient perdu toutes leurs affaires et ils ne devaient pas se rendre en ville avant deux mois. Comment allaient-ils s’en sortir ? Geoffrey répond : “ Pour le discours public, j’étais chaussé de caoutchoucs et je portais la cravate qu’un frère m’avait prêtée. Nous avons survécu, et nos compagnons ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour réconforter leur surveillant de district inexpérimenté. ”
Un lit hors d’atteinte des serpents
L’amour et les égards manifestés par les congrégations qui ‘ suivent la voie de l’hospitalité ’ renforcent la détermination des surveillants itinérants et de leurs femmes à persévérer dans leur service, qui réclame de l’abnégation. On pourrait raconter sans fin comment les frères et sœurs, bien que nécessiteux, ont pourvu avec bienveillance aux besoins des surveillants itinérants, qui leur sont très reconnaissants. — Rom. 12:13 ; Prov. 15:17.
Les logements proposés aux surveillants itinérants sont généralement modestes, mais toujours offerts avec amour. Fred Kashimoto, qui a été surveillant de circonscription au début des années 80, se souvient de son arrivée de nuit dans un village de la province du Nord. Les frères l’ont accueilli chaleureusement. Puis ils sont tous entrés dans une petite maison, et les hôtes de Fred ont déposé ses bagages sur une grande table, haute de 1,50 mètre. Quand il s’est fait tard, frère Kashimoto a voulu savoir où il allait dormir.
Montrant la table du doigt, les frères ont répondu : “ Voilà ton lit. ” Ils avaient fabriqué un lit hors d’atteinte des serpents, nombreux dans la région. Après avoir disposé quelques brassées de paille en guise de matelas, frère Kashimoto s’est installé pour la nuit.
Dans la campagne, les habitants offrent fréquemment des produits de la ferme comme cadeaux. “ Une fois, relate Geoffrey Wheeler en riant, des proclamateurs nous ont donné un poulet. Juste avant la tombée de la nuit, nous l’avons mis sur un perchoir près du trou qui nous servait de toilettes. Cependant, ce nigaud a sauté du perchoir et a atterri dans le trou. Nous avons réussi à le repêcher à l’aide d’une houe. Ma femme l’a ensuite lavé avec de l’eau chaude savonneuse et une bonne dose de désinfectant. À la fin de la semaine, nous avons fait cuire notre poulet. Il était très bon ! ”
Les Jason ont été l’objet du même genre de générosité. “ Les frères nous offraient régulièrement des poulets vivants, raconte John. Dans un petit panier, nous transportions une poule qui nous accompagnait dans tout le district. Chaque matin, elle pondait un œuf ; nous n’avions pas l’intention de la manger, celle-là ! Quand nous préparions nos bagages pour aller dans une autre congrégation, elle nous faisait comprendre qu’elle voulait venir, elle aussi. ”
La projection de films
Dès 1954, la projection de plusieurs films, dont La Société du Monde Nouveau en action, a permis le lancement d’une campagne d’instruction stimulante. Selon un rapport du Béthel, “ ce film en a poussé plus d’un à se dépenser davantage dans le ministère et dans la congrégation ”. Lorsqu’à la fin de la projection ils démontaient les installations sur les lieux de l’assemblée, certains énonçaient cette devise : “ Travaillons à la manière de la ‘ Société du Monde Nouveau en action ’ ! ” Autrement dit : énergiquement ! L’année où ce film est sorti, plus de 42 000 personnes l’ont vu, y compris des hauts fonctionnaires et des enseignants, qui ont été très impressionnés. En définitive, plus de un million de personnes en Zambie ont pu ainsi en savoir plus sur les Témoins de Jéhovah et sur leur organisation chrétienne.
Wayne Johnson se souvient que “ les films attiraient des personnes qui vivaient à des kilomètres à la ronde. Par là même, elles en ont beaucoup appris sur l’organisation de Jéhovah. Souvent, durant la projection, des tonnerres d’applaudissements éclataient ”.
À une époque, la session du samedi soir lors des assemblées de circonscription était consacrée à la projection d’un film. C’étaient des moments inoubliables pour ceux qui vivaient dans la brousse. Ils étaient très touchés par ce qu’ils voyaient. Toutefois, comme ils ignoraient presque tout du monde extérieur, ils interprétaient certaines scènes de travers. Par exemple : dans un film, on voyait un flot de personnes sortir d’une bouche de métro à New York, et quantité de spectateurs ont cru que cela représentait la résurrection ! Il n’empêche que ces projections ont aidé la population à mieux connaître les Témoins de Jéhovah. Mais les époques changent, et l’aspiration croissante d’accéder à l’indépendance nationale allait pousser nombre de Zambiens à s’opposer à eux. Les congrégations et les surveillants itinérants auraient besoin d’encore plus d’endurance pour faire face à cette situation.
Ingérences politiques
Le 24 octobre 1964, la Rhodésie du Nord a obtenu son indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne et elle est devenue la République de Zambie. Les tensions politiques se sont alors accrues. En raison de leur neutralité, les Témoins de Jéhovah étaient accusés de soutenir passivement les partisans de la domination coloniale.
C’est dans un tel climat que Lamp Chisenga est allé dans la région du lac Bangweulu. Il avait prévu de voyager par bateau pour atteindre les îles où vivaient des frères qui étaient pêcheurs. Il a d’abord pris le bus pour arriver jusqu’au bord du lac. Lorsqu’il en est descendu, on lui a réclamé la carte du parti. Bien entendu, il n’en avait pas. Des militants politiques se sont alors emparés de sa sacoche. Lorsque l’un d’eux a vu dans ses affaires le mot “ Watchtower ”, il a donné un coup de sifflet strident et a crié : “ Watchtower ! Watchtower ! ”
Craignant que cela ne tourne à l’émeute, un employé a poussé Lamp dans le bus et lui a rendu ses bagages. Une foule s’était formée et avait commencé à lancer des pierres sur la porte, les pneus et les fenêtres du véhicule. Le chauffeur s’est alors mis à rouler à toute allure et a parcouru 90 kilomètres sans s’arrêter, jusqu’à Samfya. Le calme est revenu au cours de la nuit. Le lendemain matin, Lamp, qui ne s’était pas démonté, a pris le bateau pour aller desservir les petites congrégations qui se trouvaient autour du lac.
“ Par de l’endurance en bien des choses ”, les surveillants itinérants continuent de se recommander comme ministres de Dieu (2 Cor. 6:4). Selon Fanwell Chisenga, dont la circonscription s’étendait le long du Zambèze, “ un surveillant de circonscription doit avoir un attachement total pour Jéhovah et faire preuve d’abnégation ”. Dans cette région, pour se rendre d’une congrégation à l’autre, il fallait effectuer de longs trajets dans de vieilles pirogues qui prenaient l’eau et qui risquaient d’être brisées, comme une branche morte, par un hippopotame en colère. Qu’est-ce qui a aidé Fanwell à persévérer dans son service ? Regardant attentivement une photo où figurent les membres d’une congrégation qui l’avaient escorté jusqu’au fleuve, il explique, le sourire aux lèvres, que ses frères et sœurs sont pour lui une source d’encouragement. Puis, pensif, il demande : “ Où dans ce monde en furie est-il possible de trouver des visages aussi radieux ? ”
La neutralité
L’apôtre Paul a écrit : “ Celui qui s’engage dans une expédition militaire ne s’embarrasse pas des affaires de la vie civile, afin de donner pleine satisfaction à l’officier qui l’a enrôlé. ” (2 Tim. 2:4, Bible du Semeur). Ainsi, pour rester à l’entière disposition de Jésus Christ, leur Chef, les chrétiens ne peuvent se rallier aux organisations politiques et religieuses du monde. Cette prise de position leur attire des difficultés et des “ tribulations ”. — Jean 15:19.
Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, quantité de personnes ont été brutalisées parce qu’elles manquaient de “ patriotisme ”. “ Nous avons vu des hommes âgés qui, pour avoir refusé de faire le service militaire, ont été jetés dans un camion comme des sacs de maïs ”, se rappelle Benson Judge, qui est devenu par la suite un surveillant itinérant zélé. “ Nous les entendions dire : ‘ Tidzafera za Mulungu ’, ce qui signifie : ‘ Nous mourrons pour Dieu ’. ”
Mukosiku Sinaali, qui n’était pas encore baptisé, se souvient que, pendant la guerre, la question de la neutralité se posait souvent. Il relate : “ Tout le monde avait reçu l’ordre de creuser le sol pour récolter les tubercules de mambongo, une liane qui fournit un latex très prisé. Ses racines étaient pelées, puis pilées de façon à former des bandes qu’on liait ensemble afin d’obtenir un succédané de caoutchouc servant à la fabrication de bottes pour le personnel militaire. Les Témoins ne participaient pas à cette récolte. Ils considéraient que, dans le cas contraire, ils auraient soutenu l’effort de guerre. Leur refus de coopérer leur a valu d’être punis. Ils sont devenus des ‘ éléments indésirables ’. ”
Joseph Mulemwa était l’un de ces “ éléments ”. Né en Rhodésie du Sud, il avait émigré, en 1932, dans la province de l’Ouest de la Rhodésie du Nord. Certains prétendaient qu’il cherchait à dissuader les gens de cultiver leurs champs parce que ‘ le Royaume s’était approché ’. Un ministre religieux de la mission Mavumbo, qui méprisait Joseph, était à l’origine de cette fausse accusation. Par la suite, Joseph a été arrêté et menotté à un homme qui était fou. Heureusement, Joseph a réussi à le calmer et il n’a pas été agressé par lui, comme certains l’avaient espéré. Après sa libération, Joseph a continué à prêcher et à visiter les congrégations. Il est mort fidèle au milieu des années 80.
Fortifiés en vue des épreuves
À cause de l’esprit nationaliste et des tensions existant parmi la population, les frères et les sœurs qui estimaient, en toute bonne conscience, ne pas pouvoir participer aux activités politiques ont subi des pressions. En 1963, malgré l’atmosphère tendue dans le pays, l’assemblée “ Les ministres courageux ” s’est tenue à Kitwe, témoignant de la paix et de l’unité qui règnent parmi les Témoins de Jéhovah. Près de 25 000 assistants ont pu suivre le programme présenté en quatre langues. Certains étaient venus avec des tentes et des caravanes pour ce rassemblement de cinq jours. Milton Henschel a prononcé un discours marquant, qui portait sur la position des chrétiens envers l’État. Frank Lewis précise : “ Il nous a donné le conseil d’aider nos frères à bien comprendre ce qu’implique la neutralité. Nous étions heureux de recevoir ce conseil opportun ! Ainsi, la plupart des frères de Zambie ont pu surmonter par la suite de terribles épreuves et sont restés fidèles à Jéhovah. ”
De 1960 à 1970, les Témoins de Jéhovah ont subi des persécutions violentes dans tout le pays et ont perdu beaucoup de leurs biens. Des maisons et des Salles du Royaume ont été détruites. Le gouvernement, digne d’éloges à ce titre, a réagi en emprisonnant bon nombre des responsables de tels méfaits. Quand la Rhodésie du Nord est devenue la République de Zambie, les Témoins de Jéhovah se sont intéressés de près à la nouvelle constitution, en particulier à l’article traitant des droits fondamentaux de l’homme. Cependant, une cible sans méfiance allait bientôt pâtir d’un nouvel élan patriotique.
Les emblèmes nationaux
À l’époque coloniale, les enfants des Témoins étaient punis lorsque, pour des raisons religieuses, ils ne saluaient pas le drapeau britannique ou qu’ils refusaient de chanter l’hymne national. Une protestation a par conséquent été présentée aux autorités, à la suite de quoi le ministère de l’Éducation a modifié son point de vue et a écrit : “ La position de votre [groupe] relative au salut au drapeau est bien connue et respectée. Aucun enfant ne devrait être pénalisé d’une quelconque façon parce qu’il refuse de saluer le drapeau. ” La Constitution de la nouvelle république était prometteuse ; les libertés fondamentales, dont la liberté de conscience, de pensée et de religion, allaient être renforcées. Toutefois, le nouveau drapeau et le nouvel hymne ont provoqué un élan patriotique. De façon autoritaire, le gouvernement a réintroduit dans les écoles la cérémonie quotidienne du salut au drapeau et du chant de l’hymne. Bien que certains jeunes Témoins en aient été dispensés, la majorité d’entre eux ont été battus, et même renvoyés des écoles.
En 1966, une nouvelle loi sur l’enseignement a été votée et a suscité l’espoir. Elle contenait une clause selon laquelle les parents ou les tuteurs avaient le droit de demander qu’un enfant soit dispensé des cérémonies ou des offices religieux. Par conséquent, quantité d’enfants qui avaient été exclus temporairement ou renvoyés des écoles ont été rétablis dans leurs droits. Peu après, cependant, des amendements ont été discrètement apportés à la loi pour que le drapeau et l’hymne soient considérés comme des emblèmes, non pas religieux, mais profanes, visant à exalter le sentiment patriotique. En dépit des entretiens que les frères ont eus avec les autorités, plus de 3 000 enfants ont été renvoyés de leur école avant la fin de l’année en raison de leur neutralité.
Pas d’école pour Feliya
Il était maintenant temps d’éprouver le caractère légal de telles mesures. Une affaire significative a été choisie. Feliya Kachasu, qui était pourtant une élève modèle, avait été renvoyée de son école — l’école Buyantanshi, dans la Copperbelt. L’affaire a été portée devant la cour. Frank Lewis se souvient : “ M. Richmond Smith nous a représentés. Ce n’était pourtant pas facile, car nous engagions un procès contre le gouvernement. Ce qui l’a décidé à nous défendre, ç’a été d’entendre Feliya expliquer pourquoi elle ne saluait pas le drapeau. ”
Dailes Musonda, écolière à Lusaka en ce temps-là, rapporte : “ Quand l’affaire Feliya a été portée devant la justice, nous nous attendions vraiment à obtenir gain de cause. Des frères étaient venus de Mufulira pour assister au procès. Ma sœur et moi avions été invitées aussi. Je me souviens que Feliya portait un chapeau blanc et une robe de couleur pastel. L’audience a duré trois jours. Parmi les quelques missionnaires encore présents dans le pays, deux sont venus au tribunal : frère Phillips et frère Fergusson. Nous pensions que leur présence jouerait en faveur de Feliya. ”
En conclusion du procès, le président du tribunal a déclaré : “ Rien dans cette affaire n’indique que les Témoins de Jéhovah aient voulu se montrer irrespectueux envers l’hymne national ou le drapeau. ” Mais il a ajouté que les cérémonies n’avaient aucun caractère religieux. Par conséquent, Feliya — bien que sincère dans ses convictions religieuses — ne pouvait en être dispensée en invoquant la loi sur l’enseignement. Le président du tribunal estimait que les cérémonies patriotiques étaient obligatoires parce qu’elles allaient dans le sens des intérêts de la sécurité nationale. Soit dit en passant, il n’a jamais été prouvé que le fait d’imposer à des enfants une telle obligation pouvait servir à la nation. Tant qu’elle resterait attachée à ses croyances, il n’y aurait pas d’école pour Feliya !
“ Nous étions très déçus, se souvient Dailes. Quoi qu’il en soit, nous avons tout laissé entre les mains de Jéhovah. ” Les pressions s’intensifiant, Dailes et sa sœur ont quitté l’école en 1967. À la fin de 1968, presque 6 000 enfants de Témoins avaient été renvoyés.
Des restrictions frappent les rassemblements
La loi de 1966 sur l’ordre public stipulait que tout rassemblement devait débuter par le chant de l’hymne national. Organiser des assemblées ouvertes au public devenait donc compliqué. Pour se conformer aux exigences du gouvernement, les frères tenaient les assemblées dans des propriétés privées clôturées par une haie, généralement dans des Salles du Royaume. Ces événements attiraient de très nombreuses personnes intéressées par la vérité, qui, intriguées, voulaient voir ce qui s’y passait. Résultat : le nombre d’assistants n’a cessé d’augmenter, au point que, en 1967, 120 025 personnes étaient présentes au Mémorial de la mort du Christ.
Lamp Chisenga raconte : “ À cette époque, des vagues d’opposition violente ont déferlé sur les Témoins. Dans la région de Samfya, une foule s’en est prise à frère Mabo et l’a tué ; il appartenait à la congrégation de Katansha. Les frères étaient parfois attaqués pendant les réunions et de nombreuses Salles du Royaume ont été incendiées. Néanmoins, les autorités témoignaient toujours du respect envers les Témoins, et certains de nos opposants ont été arrêtés et punis. ”
Ils ont leur propre armée de l’air !
Les opposants aux Témoins de Jéhovah continuaient à les accuser mensongèrement, prétendant par exemple qu’ils étaient très riches et qu’ils formeraient le prochain gouvernement. Un jour, le secrétaire du parti au pouvoir est arrivé sans prévenir au Béthel de Kitwe. Les frères se sont aperçus de sa présence quand ils ont vu un grand nombre de policiers se masser devant le portail. Durant son entretien avec les représentants du Béthel, il a commencé à s’énerver. “ Nous vous avons autorisés à construire ces bâtiments, a-t-il dit en élevant la voix. Qu’est-ce que vous en faites maintenant ? Des bureaux pour votre gouvernement ? ”
Des représentants du gouvernement persistaient à croire à des rumeurs mensongères. Dans la province du Nord-Ouest, la police a tenté d’interrompre une assemblée en utilisant du gaz lacrymogène. Des frères ont réussi à envoyer un télégramme urgent au Béthel. Un agriculteur étranger qui possédait un petit avion a pris à bord quelques représentants du Béthel et les a emmenés à Kabompo pour qu’ils puissent rétablir le calme et dissiper tout malentendu. Malheureusement, cela n’a pas suffi à éliminer les soupçons de certains, qui racontaient désormais que les Témoins avaient leur propre armée de l’air !
Sur les lieux de l’assemblée, les frères ont pris soin de ramasser les cartouches de gaz lacrymogène vides. Plus tard, les représentants du Béthel les ont montrées à des hauts fonctionnaires pour prouver qu’ils avaient été victimes d’actes de violence gratuite. Une énorme publicité a été faite autour de cet événement, et la réaction pacifique des Témoins n’est pas passée inaperçue.
Les Témoins défendent leur position
Les efforts visant à interdire l’œuvre des Témoins de Jéhovah se multipliaient. Les frères du siège national souhaitaient expliquer au gouvernement la position de neutralité des Témoins. Smart Phiri et Jonas Manjoni ont été désignés pour présenter un exposé devant un grand nombre de ministres. Au cours de cet exposé, l’un d’eux a agressé verbalement les frères, disant : “ J’aimerais tellement vous faire sortir d’ici pour vous frapper ! Vous rendez-vous compte de ce que vous avez fait ? Vous avez pris nos meilleurs citoyens, la crème des Zambiens. Et qu’est-ce que vous nous avez laissé ? Des assassins, des adultères et des voleurs ! ”
Les frères ont tout de suite répondu : “ Mais c’est ce qu’étaient certains d’entre eux ! Des voleurs, des adultères ou des assassins. Toutefois, la Bible les a amenés à opérer des changements dans leur vie et ils sont devenus les meilleurs citoyens de Zambie. C’est pourquoi nous vous demandons de nous laisser prêcher librement. ” — 1 Cor. 6:9-11.
Des expulsions et une interdiction partielle
Comme cela a été mentionné auparavant, les missionnaires avaient été sommés de quitter le pays. “ Nous n’oublierons jamais le mois de janvier 1968, affirme Frank Lewis. Un frère nous a appelés pour nous informer qu’un fonctionnaire de l’immigration venait de partir de chez lui ; ce fonctionnaire lui avait remis un avis d’expulsion qui lui laissait sept jours pour liquider ses affaires et quitter le pays. Un deuxième appel similaire a suivi, puis un troisième. Enfin, un frère a téléphoné pour nous prévenir que le prochain sur la liste était, disait-on, un grand complexe à Kitwe. ” Selon toute vraisemblance, des mesures aussi sévères étaient prises dans le but de fragiliser l’unité des Témoins et d’affaiblir leur zèle.
L’année suivante, le président a adopté la loi sur la défense de la sécurité publique, rendant illégale la prédication de porte en porte. En raison de cette interdiction partielle de l’œuvre, il fallait réorganiser le ministère en accordant au témoignage informel une place plus importante. Notre ministère du Royaume a paru sous le nom de Notre lettre mensuelle, et la rubrique “ Présentation de la bonne nouvelle ” est devenue “ Notre ministère interne ”. Nous évitions ainsi d’attirer l’attention de la commission de censure. En avril 1971, nous avons enregistré un maximum de près de 48 000 études bibliques : preuve évidente que les efforts fournis pour restreindre nos activités n’avaient nullement découragé les proclamateurs.
Clive Mountford, qui vit actuellement en Angleterre, a fréquenté bien des missionnaires. Il se rappelle : “ Afin de donner le témoignage, nous prenions des personnes en voiture et nous leur parlions de la vérité. Nous avions toujours dans notre véhicule des périodiques, que nous mettions bien en évidence pour que nos passagers puissent les voir. ”
La loi n’interdisait pas les discussions bibliques. Cependant, il fallait obtenir le consentement des personnes avant de leur rendre visite. Aussi, les proclamateurs allaient voir des membres de leur famille, des anciens camarades de classe, des collègues ou d’autres connaissances et, lors de ces visites amicales, ils orientaient avec tact la conversation sur des sujets bibliques. Les familles étant très grandes, les Témoins avaient le choix pour ce qui est de communiquer la vérité à leurs parents non Témoins et à leurs voisins.
En 1975, le Béthel signalait : “ Des milliers de proclamateurs n’ont jamais prêché de porte en porte. Pourtant, nous faisons de nouveaux disciples, et un témoignage remarquable est donné. ” Puisque des restrictions pesaient sur l’activité de maison en maison, les Témoins utilisaient d’autres méthodes de prédication. C’est ce qu’illustre le cas d’un frère travaillant dans un service du gouvernement. Sa tâche consistait à enregistrer, entre autres choses, les noms des personnes qui s’y présentaient. Il s’intéressait particulièrement à celles dont le nom se trouvait dans les Écritures et leur demandait ce qu’elles savaient de leur homonyme biblique. Il s’est ainsi créé de nombreuses occasions de donner le témoignage. Un jour, il a demandé à une dame et à sa fille, qui s’appelait Eden, si elles connaissaient la signification de ce nom. La mère ayant répondu par la négative, notre frère leur a fourni une brève explication et leur a montré que, dans un proche avenir, la terre deviendra comme le Paradis originel qui existait en Éden. Intriguée, la dame lui a donné son adresse. Son mari aussi a montré de l’intérêt pour la Bible. Bientôt, toute la famille assistait aux réunions et, plus tard, certains de ses membres se sont fait baptiser.
D’autres proclamateurs trouvaient des occasions de donner le témoignage dans le cadre de leur travail. Lors de la pause-déjeuner, Royd, qui travaillait dans une exploitation minière, demandait à ses collègues leur avis sur des versets bibliques. Il leur posait des questions, telles que : ‘ D’après vous, qui est le “ roc ” dont parle Matthieu 16:18 ? Qui est, en Romains 9:32, la “ pierre qui fait trébucher ” ? ’ Souvent, les mineurs venaient nombreux écouter les explications tirées des Écritures. Ces conversations ont aidé plusieurs des collègues de Royd à progresser au point de se vouer à Dieu et de se faire baptiser.
La position ferme qu’adoptaient les jeunes à l’école leur permettait aussi de communiquer la vérité. Par exemple, quand un groupe d’élèves ont refusé d’entonner des chants patriotiques, leur enseignant s’est mis en colère et a donné l’ordre à la classe de sortir. L’un de ceux qui ont vécu cette situation explique : “ Notre professeur pensait probablement que nous ne serions pas capables de chanter nos propres cantiques. C’était là, sûrement, une belle occasion pour lui de se moquer de nous. Il a donc ordonné aux élèves de se regrouper en fonction de leur appartenance religieuse. Chaque groupe devait chanter un ou plusieurs chants de son Église. Les deux premiers groupes n’ont pu se souvenir d’aucun chant. Le professeur s’est ensuite tourné vers nous, et nous avons commencé par le cantique ‘ C’est le jour de Jéhovah ! ’ Apparemment, nous avons bien chanté puisque des voisins qui passaient près de l’école se sont arrêtés pour nous écouter. Nous avons enchaîné sur un deuxième cantique : ‘ Jéhovah est devenu Roi ’. Tous les spectateurs, y compris le professeur, ont applaudi avec enthousiasme. Puis nous sommes rentrés en classe. Bon nombre de nos camarades ont voulu savoir où nous avions appris d’aussi beaux chants. Quelques-uns nous ont même accompagnés aux réunions et sont plus tard devenus des Témoins actifs. ”
“ Ceux qui laissent des livres ”
Au cours de cette période de troubles, les proclamateurs se montraient “ prudents comme des serpents et pourtant innocents comme des colombes ”. (Mat. 10:16.) Les écrits caractéristiques des Témoins de Jéhovah et la large utilisation qu’ils faisaient des manuels d’étude leur ont valu le surnom de Abaponya Ifitabo, c’est-à-dire “ ceux qui laissent [distribuent] des livres ”. Malgré les efforts acharnés de leurs opposants pour les réduire au silence, la prédication du Royaume s’effectuait sans relâche. Les vagues d’opposition violente qui avaient déferlé pendant des années ont fini par se raréfier à partir de 1980.
Durant les 25 années qui ont suivi l’indépendance, il y a eu près de 90 000 baptêmes. Or, le nombre des proclamateurs actifs n’avait augmenté que de 42 000. Comment l’expliquer ? Il est vrai que certains sont morts et que d’autres ont déménagé. “ Cependant, la crainte de l’homme y était aussi pour quelque chose ”, fait remarquer Neldie, qui était au Béthel à cette époque-là. Beaucoup de proclamateurs sont devenus irréguliers ou inactifs. En outre, l’indépendance a entraîné des changements : des postes dans les domaines de la gestion et du commerce qui étaient autrefois réservés aux étrangers se trouvaient désormais vacants. Les nouvelles possibilités offertes en matière de logement, d’emploi et d’instruction ont amené quantité de familles à se détourner des objectifs spirituels et à poursuivre des objectifs matérialistes.
L’œuvre a néanmoins progressé. Le sage roi Salomon a écrit : “ Au matin sème ta semence et jusqu’au soir ne laisse pas reposer ta main ; car tu ne sais pas où ceci réussira, ici ou là, ou si tous les deux seront également bons. ” (Eccl. 11:6). Dans cet esprit, les Témoins se sont efforcés de semer des graines de vérité, qui allaient croître avec l’apparition de conditions plus favorables. En raison de l’accroissement constant, un nouveau camion a été acheté en 1976 pour permettre la livraison de davantage de publications. En 1982, les travaux de construction d’une nouvelle imprimerie ont débuté à quelques kilomètres du Béthel. Un fondement était ainsi posé en vue de l’accroissement futur.
En Afrique centrale, rares sont les pays qui, comme la Zambie, jouissent de la paix et sont épargnés par la guerre civile. Aujourd’hui, les circonstances sont des plus favorables pour les fidèles chrétiens de ce pays, qui “ annoncent des bonnes nouvelles de choses bonnes ”. Mais ils n’oublient pas pour autant “ les tribulations ” subies, ce qui leur insuffle le courage de continuer à ‘ amasser du fruit pour la vie éternelle ’. — Rom. 10:15 ; 2 Cor. 6:4 ; Jean 4:36.
Le Béthel s’agrandit
Dans les années 30, Llewelyn Phillips et ses compagnons louaient un deux-pièces à Lusaka, d’où ils supervisaient l’œuvre. Ils étaient loin d’imaginer que cet appartement serait un jour remplacé par l’actuel Béthel de 110 hectares, où logent plus de 250 volontaires. Ceux-ci s’activent afin de répondre aux besoins spirituels de pas moins de 125 000 proclamateurs et pionniers. Faisons une brève rétrospective de cette expansion.
Comme nous l’avons dit précédemment, les autorités s’étant quelque peu adoucies, un dépôt de publications a pu être ouvert à Lusaka en 1936. Avec l’accroissement, celui-ci a dû être transféré dans des locaux plus spacieux : un appartement situé non loin du commissariat central. Jonas Manjoni en fait la description : “ Il y avait deux chambres. La salle à manger était réservée au Bureau du service, et la véranda, au service des expéditions. ” En 1951, Jonas a pris deux semaines de congé pour servir au Béthel et, plus tard, il est devenu Béthélite. “ Tout était bien organisé et il y avait une bonne ambiance, dit-il. J’ai été affecté au service des expéditions, avec frère Phillips ; nous nous occupions des abonnements et de l’affranchissement des rouleaux de périodiques. Quel bonheur d’être au service de nos frères ! ” Llewelyn Phillips a ensuite été rejoint par Harry Arnott, et ils ont collaboré avec des frères du pays, dont Job Sichela, Andrew John Mulabaka, John Mutale, Potipher Kachepa et Morton Chisulo.
L’industrie minière étant prospère, la Copperbelt a connu un développement rapide de ses infrastructures et a drainé une population croissante issue de toutes les provinces du pays. Cette région a pris plus d’importance que Lusaka. En conséquence, Ian Fergusson a suggéré d’acheter une propriété dans une ville minière et, en 1954, le siège national a été transféré dans la King George Avenue, à Luanshya. Toutefois, les locaux n’ont pas tardé à être trop étroits pour répondre aux besoins du territoire qui s’étendait vite et couvrait pratiquement toute l’Afrique de l’Est. En 1959, Nathan Knorr, représentant le siège mondial, s’est rendu en Zambie à l’occasion de l’assemblée de district des “ Ministres éveillés ”. Il a ainsi pu voir les terrains sur lesquels un nouveau Béthel pouvait éventuellement être construit et il a donné le feu vert pour la construction. Geoffrey Wheeler se souvient : “ Frank Lewis, Eugene Kinaschuk et moi, nous nous sommes rendus avec un architecte sur le site de Kitwe pour déterminer l’emplacement exact du futur siège national. ” Le 3 février 1962, le nouveau Béthel a été dédié à Jéhovah ; il y avait des bâtiments d’habitation, une imprimerie et une Salle du Royaume. Harry Arnott, qui était à l’époque le serviteur de la filiale, a conclu le programme d’inauguration en attirant l’attention de l’auditoire sur la construction spirituelle, de loin la plus importante, à laquelle chacun doit travailler dur en utilisant comme matériaux la foi, l’espérance et l’amour.
Dans la décennie qui a suivi, le nombre des proclamateurs du Royaume est passé de 30 129 à environ 57 000. Les bâtiments du Béthel n’étaient déjà plus adaptés aux besoins. Ian Fergusson a signalé : “ Frère Knorr nous a conseillé d’agrandir notre imprimerie. Cela m’a amené à me rendre au Béthel d’Afrique du Sud, à Elandsfontein, pour en discuter avec d’autres frères. Peu après, ils ont envoyé par avion une presse à Kitwe. ”
En plus des brochures et des périodiques, le Béthel de Zambie produisait Le ministère du Royaume qui était destiné au Kenya et à d’autres territoires est-africains. En un rien de temps, les locaux abritant l’imprimerie sont devenus trop exigus et il a fallu déménager. Quand la municipalité s’est opposée à notre projet de construire un bâtiment sur un terrain qui était disponible, un frère nous en a spontanément offert un autre. Le bâtiment a été achevé en 1984. Pendant trois décennies, c’est de là, à Kitwe, qu’était organisée la prédication en Zambie.
Au cours des années difficiles qui ont suivi l’expulsion des missionnaires, le nombre des Béthélites a beaucoup augmenté ; 14 d’entre eux devaient loger dans leur famille. Il fallait prendre des mesures afin d’organiser l’activité future. Avec le temps, deux maisons ont été achetées et une autre louée, ce qui a permis à la famille du Béthel de s’agrandir. Cependant, le besoin en nouveaux locaux se faisait sérieusement sentir. Par bonheur, la situation allait bientôt s’améliorer de façon remarquable. En effet, en 1986, des frères vivant dans des régions bien situées pour la construction d’un nouveau Béthel ont été désignés pour rechercher un terrain. Ils ont trouvé une ferme de 110 hectares à environ 15 kilomètres à l’ouest de la capitale. Ce choix s’est révélé judicieux, car la région dispose de grandes réserves d’eau souterraines. Dayrell Sharp indique : “ Je pense que c’est Jéhovah qui nous a dirigés vers cet endroit magnifique. ”
Inauguration et extension du Béthel
Le samedi 24 avril 1993, des centaines de serviteurs de Jéhovah de longue date se sont retrouvés à l’occasion de l’inauguration du nouveau Béthel. Les 4 000 Témoins zambiens qui y avaient été invités ont été rejoints par plus de 160 frères et sœurs étrangers, dont des missionnaires qui avaient dû quitter le pays quelque 20 ans auparavant. Theodore Jaracz, l’un des deux membres du Collège central qui étaient présents, a développé le thème “ Nous nous recommandons comme ministres de Dieu ”. Il a rappelé à ceux qui servaient Jéhovah fidèlement depuis longtemps que, s’ils n’avaient pas enduré, il n’y aurait pas eu besoin de construire de nouveaux bâtiments. Faisant allusion à une lettre de Paul aux Corinthiens, il a insisté sur le fait que les vrais ministres de Dieu doivent cultiver le fruit de l’esprit, ce qui leur permettra d’endurer les difficultés, les épreuves et les tribulations. “ Vous vous êtes recommandés comme ministres de Dieu, a-t-il fait remarquer. Nous avons dû construire ce nouveau Béthel du fait de l’expansion de l’œuvre. ”
En 2004, on a achevé la construction d’un nouveau bâtiment d’habitation de trois étages comportant 32 chambres. Près de 1 000 mètres carrés du bâtiment de l’imprimerie ont été réaménagés ; il abrite désormais 47 bureaux de traduction, des zones supplémentaires de stockage des archives, des salles de conférences et une bibliothèque.
Malgré les problèmes économiques et d’autres difficultés, les Témoins de Jéhovah de Zambie ont une vie riche au service de Dieu, et ils sont heureux de pouvoir partager leurs richesses spirituelles avec autrui. — 2 Cor. 6:10.
Ils recommandent la vérité à tous
La société zambienne est très attachée aux valeurs familiales, ce qui explique que, au fil des ans, beaucoup d’enfants ont été élevés dans la voie de la vérité. Un proverbe de la province de l’Ouest dit : un taureau ne trouve pas ses cornes trop lourdes. En d’autres termes, s’occuper des siens ne doit pas être considéré comme un fardeau. Les parents chrétiens sont conscients qu’ils ont des comptes à rendre à Dieu, et ils s’efforcent d’avoir sur leurs enfants une influence bénéfique. Par leurs paroles et leurs actions, ils leur recommandent le ministère chrétien. Aujourd’hui, bon nombre de Témoins sont les descendants zélés de tels parents fidèles. — Ps. 128:1-4.
Les proclamateurs de Zambie se réjouissent quand ils voient les résultats obtenus grâce à la patience et au soutien de Jéhovah (2 Pierre 3:14, 15). Ce sont leurs croyances “ véridiques ”, basées sur la Bible, qui les ont aidés à traverser la période de flottement du début. L’“ amour sans hypocrisie ” qu’ils manifestent malgré les différences tribales contribue à leur unité et leur assure une croissance spirituelle régulière sans douleur inutile. Utilisant les “ armes de la justice ” pour se défendre et s’expliquer avec “ bonté ”, ils ont ouvert l’esprit d’un bon nombre de personnes, y compris des autorités, et se sont fait une “ bonne réputation ”. À présent, plus de 2 100 congrégations sont établies fermement “ par la connaissance ” et grâce à l’aide de diplômés de l’École de formation ministérielle, qui assurent une surveillance nécessaire. Bien qu’ils ne soient pas à l’abri de “ tribulations ”, les Témoins de Jéhovah ont l’assurance que, lors de leurs rassemblements, ils pourront ‘ se réjouir toujours ’. — 2 Cor. 6:4-10.
Durant l’année de service 1940, environ 5 000 personnes ont répondu à l’invitation de Jésus de commémorer sa mort, soit une proportion de 1 pour 200 habitants. Ces dernières années, plus de un demi-million de personnes (en 2005, 569 891) ont honoré Jéhovah lors de cette soirée spéciale, à savoir 1 sur 20 (Luc 22:19). Comment d’aussi bons résultats ont-ils été obtenus ? L’honneur en revient à Jéhovah Dieu, celui qui fait croître spirituellement. — 1 Cor. 3:7.
Notons cependant que les Témoins de Jéhovah de Zambie ont aussi fait leur part. “ Nous n’avons pas honte de parler de la bonne nouvelle ; au contraire, c’est pour nous un privilège ”, précise un membre du Comité de la filiale. Tout visiteur peut facilement constater que ces chrétiens accomplissent leur ministère avec détermination et considération pour autrui. Rien d’étonnant donc à ce qu’ils enregistrent une proportion de un proclamateur pour 90 habitants ! Mais il reste encore beaucoup à faire.
“ Le nom de Jéhovah est une tour forte. Le juste y court et se trouve protégé. ” (Prov. 18:10). Il est urgent d’aider ceux qui sont dans la disposition qu’il faut à courir vers Jéhovah. Grâce aux quelque 200 000 études bibliques que les proclamateurs de Zambie dirigent chaque mois, davantage de personnes seront un jour à même de se vouer à Jéhovah et de devenir ses ministres zélés. Les plus de 125 000 Témoins actifs de Zambie ont toutes les raisons de recommander à autrui d’emprunter cette voie.
[Encadré, page 168]
Données générales
Le pays : Perchée à environ 1 200 mètres d’altitude, la Zambie est un pays enclavé. Elle est formée de plateaux où la végétation est abondante. Le Zambèze détermine en grande partie la frontière sud du pays.
La population : La plupart des Zambiens savent lire et écrire, et se disent chrétiens. Dans les régions rurales, les gens vivent dans des paillotes et produisent leur nourriture à proximité.
Les langues : L’anglais est la langue officielle, mais on parle également plus de 70 langues indigènes.
Les sources de revenus : L’exploitation minière du cuivre fait partie des principales industries du pays. Les produits agricoles sont, entre autres, le maïs, le sorgho, le riz et les arachides.
L’alimentation : On mange beaucoup de maïs. Le nshima, sorte de purée de farine de maïs, est l’un des plats les plus appréciés.
Le climat : Bien qu’étant en Afrique australe, la Zambie a, de par son altitude, un climat tempéré. Il y a régulièrement des périodes de sécheresse.
[Encadré/Illustration, page 173-175]
Condamné à 17 mois de prison et à 24 coups de fouet
Kosamu Mwanza
Naissance : 1886
Baptême : 1918
Parcours : Kosamu a fait face à la persécution et aux faux frères. Il a œuvré fidèlement comme pionnier et ancien jusqu’à la fin de sa vie terrestre en 1989.
Je me suis enrôlé dans l’armée et, au début de la Première Guerre mondiale, j’étais aide-soignant dans un régiment de Rhodésie du Nord. En décembre 1917, alors que j’étais en permission, j’ai rencontré deux hommes de Rhodésie du Sud qui fréquentaient les Étudiants de la Bible. Ils m’ont donné six volumes des Études des Écritures. Je les ai dévorés en trois jours... et je ne suis pas retourné à la guerre.
L’échange de lettres avec le siège des Témoins de Jéhovah étant difficile, nous n’avions pas de directives. J’accompagnais les frères de village en village. Nous rassemblions les gens autour de nous, prononcions un sermon et répondions à leurs questions. Plus tard, nous avons convenu d’un point de rencontre appelé Galilée, dans le nord du pays. Nous invitions les personnes bien disposées à y venir pour recevoir des explications sur la Bible, et j’ai été désigné comme responsable du groupe. Malheureusement, de nombreux faux frères sont apparus et ont semé la confusion.
Nous avions l’ardent désir de prêcher, mais nos activités causaient de l’agitation dans les pâturages des missionnaires catholiques et protestants de la région. Nous n’avons pas pour autant cessé de tenir de grands rassemblements. Je me souviens de ce qui s’est passé en janvier 1919 : alors que nous étions 600 réunis sur les collines proches d’Isoka, des policiers et des soldats qui se méfiaient de nous sont arrivés. Ils ont détruit nos bibles et nos livres, et en ont arrêté beaucoup parmi nous. Quelques-uns ont été emprisonnés près de Kasama, d’autres à Mbala, ou encore à Livingstone, tout au sud. Certains se sont vu infliger des peines de trois ans. Pour ma part, j’ai été condamné à 17 mois de prison et à 24 coups de fouet sur les fesses.
À ma libération, je suis rentré chez moi et j’ai repris la prédication. Plus tard, j’ai de nouveau été arrêté et emprisonné après avoir reçu des coups de fouet. L’opposition persistait. Un jour, le chef de mon village a décidé d’expulser les frères. Nous sommes donc tous partis dans un autre village, et là le chef nous a bien accueillis. Il nous a donné l’autorisation de nous installer et de bâtir notre propre village, que nous avons appelé Nazareth. Nous pouvions y rester à condition de ne pas troubler la paix. Et le chef n’a pas été déçu par notre comportement.
Vers la fin de 1924, je suis reparti dans le nord du pays, à Isoka, où un commissaire de district bienveillant m’a aidé à mieux comprendre l’anglais. Pendant ce temps, certains se sont érigés en chefs et ont enseigné des idées erronées. Ils en ont égaré beaucoup. Nous continuions cependant à nous réunir discrètement dans des foyers. Des années plus tard, j’ai été invité à rencontrer Llewelyn Phillips à Lusaka. Il m’a demandé de visiter les congrégations qui se trouvaient le long de la frontière entre la Zambie et la Tanzanie. Je me suis donc rendu jusqu’à Mbeya, en Tanzanie, pour fortifier les frères. À la fin de chaque cycle, je rejoignais ma congrégation. C’est ce que j’ai fait jusqu’à ce que des surveillants de circonscription soient nommés, dans les années 40.
[Encadré/Illustrations, pages 184-186]
Des pays au nord de la Zambie reçoivent de l’aide
En 1948, le Béthel qui venait d’être ouvert en Rhodésie du Nord a pris la direction de l’œuvre de prédication du Royaume dans presque toute l’Afrique orientale britannique. En ce temps-là, il n’y avait que peu de proclamateurs dans les régions montagneuses des pays au nord de la Zambie. En plus, les autorités de l’époque étaient fortement opposées à l’entrée de missionnaires étrangers sur leur territoire. Qui aiderait donc les humbles à connaître la vérité ?
Alors que Happy Chisenga s’était proposé pour être pionnier permanent dans la province du Centre, en Zambie, il a eu la surprise d’être invité à se rendre dans un territoire isolé près de Njombe, en Tanzanie. “ Quand ma femme et moi avons lu le mot ‘ isolé ’, nous avons pensé que nous allions rejoindre d’autres proclamateurs d’une région reculée. Mais nous avons vite compris que nous serions les premiers à y prêcher. Lorsque nous avons montré aux gens, dans leur Bible, le nom de Jéhovah et des expressions telles qu’Har-Maguédôn, leur curiosité a été éveillée. Ils n’ont pas tardé à me surnommer Jéhovah, et ma femme, Har-Maguédôn. Plus tard, nous avons été envoyés à Arusha, laissant derrière nous un groupe de proclamateurs bien établi. ”
En 1957, William Lamp Chisenga a été nommé pionnier spécial dans les montagnes des environs de Mbeya, en Tanzanie. “ Avec Mary, ma femme, et nos deux enfants, j’ai rejoint mon affectation en novembre. Les hôtels affichant ‘ complet ’, nous avons passé toute la nuit dans la gare des bus. Il faisait froid et il pleuvait, mais nous attendions avec impatience de voir comment Jéhovah dirigerait les événements. Le lendemain matin, j’ai laissé ma famille à la gare pour aller chercher un logement. Je ne savais pas où j’allais, mais j’ai emporté quelques exemplaires de La Tour de Garde. J’en avais déjà laissé plusieurs lorsque je suis arrivé à la poste, où j’ai rencontré un certain Johnson. Il m’a demandé d’où je venais et où j’allais. Je lui ai expliqué que j’étais là pour prêcher la bonne nouvelle. Quand il a su que j’étais Témoin de Jéhovah, il m’a dit que lui aussi était baptisé, mais inactif, et qu’il était originaire de Zambie, plus précisément de Lundazi, une ville de la province de l’Est. Nous avons pris des dispositions pour emmener ma famille et transporter nos affaires chez lui. Avec le temps, ce frère et sa femme ont repris de la vigueur spirituelle, et ils nous ont aidés à apprendre le swahili. Plus tard, Johnson est reparti en Zambie et il a recommencé à prêcher la bonne nouvelle. Ce que j’ai vécu là m’a appris à ne jamais sous-estimer la capacité qu’a Jéhovah de nous secourir, ni manquer une occasion d’aider autrui. ”
Le service à plein temps a amené Bernard et Pauline Musinga, ainsi que leurs jeunes enfants, à se rendre dans des régions aussi variées que l’Ouganda, le Kenya, l’Éthiopie, etc. Bernard raconte ce qui s’est passé lors d’un séjour aux Seychelles : “ En 1976, on m’a demandé de visiter un groupe sur la belle île de Praslin. Les gens étaient de fervents catholiques, et des malentendus ont surgi. Un jour, par exemple, le jeune fils d’un nouveau proclamateur a refusé d’utiliser le signe plus en calcul, disant : ‘ C’est une croix, et je n’adore pas la croix ! ’ Du coup, les chefs religieux ont prétendu que les Témoins de Jéhovah ‘ interdisaient à leurs enfants de faire des mathématiques ’ — accusation ridicule. Lors d’une réunion avec le ministre de l’éducation, nous avons exposé respectueusement nos croyances, et le malentendu s’est dissipé. À partir de ce moment-là, nous avons entretenu de bonnes relations avec lui, et il a été possible aux missionnaires d’entrer dans le pays. ”
[Illustration]
Happy Mwaba Chisenga.
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William Lamp Chisenga.
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Bernard et Pauline Musinga.
[Encadré/Illustration, pages 191, 192]
“ Vous allez gâcher votre avenir ! ”
Mukosiku Sinaali
Naissance : 1928
Baptême : 1951
Parcours : Diplômé de Guiléad et autrefois traducteur, frère Sinaali est actuellement ancien dans sa congrégation.
Le jour de mon baptême, Harry Arnott, un missionnaire, m’a dit qu’on avait besoin de traducteurs en silozi. “ Pourrais-tu nous aider ? ” m’a-t-il demandé. Peu après, j’ai reçu une lettre de nomination comme traducteur, ainsi qu’une Tour de Garde. Ce soir-là, je me suis tout de suite mis au travail. Mais traduire n’était pas chose facile ; il fallait passer des heures à écrire avec un vieux stylo plume. En plus, il n’y avait pas de dictionnaire en silozi. Le jour, je travaillais à la poste et, la nuit, je traduisais. Parfois, je recevais du Béthel la note suivante : “ Envoie-nous la traduction dans les plus brefs délais, s’il te plaît. ” Plus d’une fois je me suis posé la question : ‘ Pourquoi est-ce que je n’entreprends pas le service à plein temps ? ’ Jusqu’au jour où j’ai enfin démissionné de la poste. Malgré la confiance que m’accordait la direction, ma décision a suscité des soupçons. Avais-je détourné des fonds ? Deux inspecteurs européens ont été envoyés pour le vérifier. Leur enquête minutieuse n’ayant révélé aucune anomalie, ils avaient du mal à comprendre pourquoi je démissionnais. Mes responsables m’ont offert une promotion pour que je reste. Comme j’ai refusé, ils m’ont lancé cet avertissement : “ Vous allez gâcher votre avenir ! ”
Mais ils se trompaient. En 1960, j’ai été appelé au Béthel. Peu après, j’ai été invité à assister à l’École de Guiléad. J’étais nerveux : c’était la première fois que je prenais l’avion. Je me souviens m’être demandé : ‘ Est-ce que les oints ressentent la même chose que moi lorsqu’ils montent au ciel ? ’ Après une escale à Paris et à Amsterdam, je suis arrivé à New York. Le chaleureux accueil des frères du siège mondial et leur humilité m’ont profondément touché. De plus, ils n’avaient aucun préjugé. Après les cours, j’ai été affecté dans mon pays d’origine, où j’ai continué à participer à la traduction des publications.
[Encadré/Illustration, page 194]
Plus rapide que les aigles
Katuku Nkobongo est infirme ; il ne peut pas marcher. Un dimanche, lors de la visite du surveillant de circonscription, une nouvelle a bouleversé le village où il vivait : les forces rebelles approchaient. Presque tout le monde a fui. Le surveillant de circonscription, Mianga Mabosho, était l’un des derniers à partir. Alors qu’il enfourchait sa bicyclette pour aller se mettre à l’abri, il a entendu quelqu’un crier d’une hutte voisine : “ Mon frère, est-ce que tu vas me laisser là ? ” C’était Katuku. En toute hâte, le surveillant de circonscription l’a pris sur son vélo et ils ont quitté le village.
Se dirigeant vers le sud de la Zambie, ils ont traversé des terrains difficilement praticables. Frère Nkobongo a dû gravir les pentes raides en rampant. Le surveillant de circonscription se souvient : “ Moi, j’avais des jambes pour grimper, mais c’était quand même lui qui arrivait le premier au sommet des collines ! Je me disais alors : ‘ Cet homme n’a pas de jambes, mais on dirait qu’il a des ailes ! ’ Lorsque nous sommes arrivés en un lieu plus sûr et que l’on nous a servi un repas, j’ai demandé à [frère Nkobongo] de prier. J’ai eu les larmes aux yeux quand j’ai entendu sa prière touchante. Citant Isaïe chapitre 40, il a dit : ‘ Tes paroles sont véridiques, Jéhovah. Les garçons s’épuiseront et se lasseront, et les jeunes gens trébucheront bel et bien, mais ceux qui espèrent en toi reprendront de la force. Ils s’élèveront avec des ailes, comme les aigles. Ils courront et ne se lasseront pas ; ils marcheront et ne s’épuiseront pas. ’ Puis il a ajouté : ‘ Merci, Jéhovah, d’avoir fait en sorte que je sois plus rapide que les aigles des cieux. ’ ”
[Encadré/Illustration, pages 204, 205]
En short kaki et en baskets marron
Philemon Kasipoh
Naissance : 1948
Baptême : 1966
Parcours : Frère Kasipoh est surveillant itinérant ainsi qu’instructeur et coordinateur à l’EFM, en Zambie.
C’est mon grand-père qui m’a formé dans le ministère. Souvent, il m’amenait auprès de mes camarades de classe et me demandait de leur donner le témoignage. C’est lui aussi qui dirigeait l’étude familiale, et personne n’avait le droit de somnoler ! J’attendais toujours l’étude avec impatience.
Je me suis fait baptiser dans une rivière près de chez nous. Un mois plus tard, j’ai présenté mon premier exposé devant la congrégation. Je me souviens que, ce jour-là, je portais un short kaki tout neuf et des baskets marron. Malheureusement, j’avais tellement serré les lacets que... je ne me sentais pas à l’aise dans mes baskets. Le serviteur de congrégation s’en est aperçu. Il est alors venu jusqu’à l’estrade et les a gentiment dénoués. J’attendais en silence ; ensuite, tout s’est bien passé. Cet acte de bonté m’a beaucoup appris. Je constate que Jéhovah m’a donné une solide formation.
J’ai vu de mes propres yeux se réaliser Isaïe 60:22. Avec l’accroissement du nombre des congrégations, il faut plus d’anciens et d’assistants ministériels bien équipés pour assumer des responsabilités. L’EFM forme des jeunes hommes dans ce but. De mon côté, j’éprouve beaucoup de joie à les enseigner. J’ai appris que, lorsque Jéhovah nous confie une tâche, il nous accorde à coup sûr son esprit saint pour l’accomplir.
[Encadré/Illustrations, pages 207-209]
“ Bah, ce n’est rien ! ”
Edward et Linda Finch
Naissance : 1951
Baptême : Respectivement en 1969 et en 1966.
Parcours : Ils sont diplômés de la 69e classe de Guiléad. Edward est le coordinateur du Comité de la filiale de Zambie.
Nous étions en période d’assemblée et nous roulions à travers le nord du pays. Il y avait quelques routes — du moins des pistes. À quelques kilomètres d’un village, nous avons aperçu des gens qui marchaient dans notre direction. Il y avait parmi eux un vieil homme plié en deux et qui avançait en s’appuyant sur une canne. Il portait sur son dos ses grosses chaussures et un petit sac contenant ses effets personnels. En nous approchant, nous avons vu qu’ils portaient tous le badge de l’assemblée. Nous nous sommes arrêtés pour savoir d’où ils venaient. Le frère âgé s’est redressé un peu et a répondu : “ Vous avez déjà oublié ? Nous étions ensemble à Chansa pour l’assemblée. Maintenant, nous sommes presque arrivés chez nous.
— Et quand est-ce que vous êtes partis de l’assemblée ?
— Dimanche, après la fin du programme.
— Mais nous sommes déjà mercredi après-midi. Vous avez marché pendant trois jours ?
— Oui. Et hier soir nous avons entendu des lions.
— Nous vous félicitons tous pour votre bel état d’esprit et les sacrifices que vous faites pour assister aux assemblées. ”
Le frère âgé a simplement repris ses affaires et s’est remis à marcher. “ Bah, ce n’est rien ! a-t-il dit. Vous remercierez le Béthel pour le nouveau lieu d’assemblée. L’année dernière nous avons marché cinq jours ; cette année, trois seulement. ”
Beaucoup se souviennent de la terrible sécheresse qu’a connue la Zambie en 1992. Cette année-là, nous avons assisté à une assemblée qui s’est tenue à environ 200 kilomètres en amont des chutes Victoria, sur les berges du Zambèze. Un soir, nous avons rendu visite à des familles. La plupart étaient blotties autour d’un feu en face de leur petite hutte. Un groupe d’une vingtaine de Témoins chantaient des cantiques. Nous avons appris qu’ils avaient marché huit jours pour venir à l’assemblée. Ils n’avaient pourtant pas le sentiment d’avoir accompli quoi que ce soit de spécial. Pendant le voyage, leurs bêtes avaient porté les jeunes enfants, ainsi que la nourriture, les ustensiles de cuisine et d’autres choses indispensables. À la tombée de la nuit, ils dormaient là où ils se trouvaient.
Le lendemain, une communication a été faite signalant que la sécheresse avait touché beaucoup de Témoins et qu’une aide serait apportée à ceux qui en avaient besoin. Ce soir-là, trois frères sont venus à notre hutte. Ils n’avaient pas de chaussures et leurs vêtements étaient usés. Nous nous attendions à ce qu’ils nous racontent comment ils avaient été touchés par la catastrophe. Au lieu de cela, ils nous ont fait part de leur tristesse d’apprendre que certains frères avaient souffert. Puis l’un d’eux a retiré de la poche de sa veste une enveloppe pleine d’argent, disant : “ Ne les laissez pas avoir faim. Voilà de quoi leur acheter à manger. ” Nous étions tellement émus que nous n’arrivions pas à les remercier, et ils sont partis avant que nous ayons pu nous en remettre. Cette dépense n’était pas prévue dans leur budget ; ce don constituait donc un gros sacrifice de leur part. Vivre de tels moments nous rapproche toujours plus de nos compagnons.
[Illustrations]
Malgré les difficultés, beaucoup parcourent de longues distances pour assister aux assemblées.
Ci-dessus : préparation du dîner sur le lieu de l’assemblée.
À gauche : cuisson de petits pains dans un four extérieur.
[Encadré/Illustration, pages 211-213]
Résolus à nous réunir
Aaron Mapulanga
Naissance : 1938
Baptême : 1955
Parcours : Frère Mapulanga a été traducteur pour le Béthel et membre du Comité de la filiale. Il est aujourd’hui chargé de famille et ancien dans sa congrégation.
C’était en 1974. Nous tenions une assemblée à dix kilomètres à l’est de Kasama, avec l’accord du chef de la localité. Pourtant, la police insistait pour que nous nous dispersions. Le commandant, un homme imposant, n’a pas tardé à arriver. Il était à la tête d’une unité paramilitaire d’une centaine d’hommes. Ceux-ci nous ont encerclés. Nous avons malgré tout maintenu le déroulement du programme. Pendant ce temps, dans une paillote faisant office de bureau, avait lieu une discussion animée à propos de l’hymne national et de notre droit de nous réunir.
Quand est arrivé le moment où je devais présenter le discours thème, le commandant m’a suivi sur l’estrade dans le but de m’en empêcher — l’assistance se demandait ce qui allait se passer. Il est resté debout, fixant du regard les quelque 12 000 auditeurs pendant un instant ; puis il est descendu de l’estrade, furieux. Après mon discours, j’ai vu qu’il m’attendait à l’arrière, tout énervé. Il a donné ordre à ses hommes de disperser le rassemblement, mais une dispute a éclaté entre les officiers supérieurs. Ils ont alors regagné leurs véhicules et sont partis. Peu après ils sont revenus, cette fois munis d’un gros livre. Le commandant l’a déposé devant moi sur la table et m’a demandé de lire la portion qu’il m’indiquait. J’ai lu le paragraphe en silence.
“ Ce livre dit vrai, lui ai-je fait remarquer. Il est écrit : ‘ L’officier a autorité pour disperser tout rassemblement qui menace la paix. ’ ” Et, regardant les revolvers attachés à sa ceinture, j’ai poursuivi : “ Les seuls qui représentent un danger ici, c’est vous et vos hommes armés. Nous, nous n’avons que des bibles. ”
À ces mots, il s’est immédiatement tourné vers un officier de renseignements et a lancé : “ Ne vous l’avais-je pas dit ? Allons-y ! ” Ils m’ont emmené au poste de police.
En arrivant dans son bureau, le commandant a pris le téléphone et est entré en communication avec un autre officier. Jusque-là, nous n’avions discuté qu’en anglais. Mais, au téléphone, il s’est exprimé en silozi. Il ne se doutait pas que c’était aussi ma langue ! Ils parlaient de moi. Je suis donc resté assis tranquillement, évitant de montrer que je comprenais tout. Après avoir posé le combiné, il m’a dit : “ Maintenant, écoutez-moi ! ”
Je lui ai répondu en silozi : “ Eni sha na teeleza ! ” ce qui signifie : “ Oui, monsieur, je vous écoute ! ” Visiblement surpris, il est resté assis à me regarder pendant un bon moment. Puis il s’est levé, s’est dirigé vers un grand réfrigérateur dans un coin du bureau et m’a servi un rafraîchissement. L’atmosphère s’est alors quelque peu détendue.
Ensuite est arrivé un frère, un homme d’affaires très respecté dans la région. Les suggestions pratiques que nous avons faites au commandant ont apaisé ses craintes, et la tension est complètement tombée. Avec le soutien de Jéhovah, l’organisation des assemblées est devenue plus aisée.
[Encadré/Illustration, page 221]
Maigre comme un clou
Michael Mukanu
Naissance : 1928
Baptême : 1954
Parcours : Autrefois surveillant itinérant, frère Mukanu est aujourd’hui Béthélite en Zambie.
Ma circonscription se prolongeait jusque dans une vallée, derrière un escarpement. J’étais souvent embêté par les mouches tsé-tsé. Alors, pour éviter les insectes et la chaleur du jour, je me réveillais à une heure du matin et je me mettais en route, prêt à escalader les collines et les montagnes afin de me rendre dans une congrégation. Étant donné que je devais beaucoup marcher, je n’emportais que très peu d’affaires. De plus, je n’avais pas grand-chose à manger ; j’étais maigre comme un clou. Craignant que je ne finisse par mourir, les frères voulaient écrire au Béthel pour demander qu’on me change d’affectation. Lorsqu’ils me l’ont dit, je leur ai répondu : “ C’est gentil, mais n’oubliez pas que c’est Jéhovah qui m’a donné cette affectation et qu’il peut la changer. Si je mourais, serais-je le premier à être enterré ici ? Laissez-moi donc continuer. Si je meurs, signalez-le tout simplement au Béthel. ”
Trois semaines plus tard, je recevais une nouvelle affectation. Il est vrai qu’il n’est pas toujours facile de servir Jéhovah, mais il faut persévérer. Jéhovah est le Dieu heureux. Si ses serviteurs ne le sont pas, il peut faire en sorte qu’ils le servent toujours avec joie.
[Encadré/Illustration, pages 223, 224]
Nous ne sommes pas superstitieux
Harkins Mukinga
Naissance : 1954
Baptême : 1970
Parcours : Frère Mukinga a été dans le service itinérant avec sa femme ; il est maintenant au Béthel de Zambie.
Lors d’un de nos déplacements, ma femme, Idah, et moi avions emmené notre fils unique, âgé de deux ans. À notre arrivée, la congrégation nous a chaleureusement accueillis. Le jeudi matin, notre fils s’est mis à pleurer sans arrêt. À 8 heures, je me suis rendu à la réunion pour la prédication, et Idah a continué à veiller sur lui. Une heure plus tard, alors que je dirigeais une étude biblique, on m’a informé que notre fils était mort. Le fait que plusieurs frères en déduisaient qu’il avait été ensorcelé a ajouté à notre douleur. Nous avons essayé de les faire raisonner pour dissiper cette crainte populaire, mais la nouvelle s’est propagée tout alentour comme une traînée de poudre. Je leur ai expliqué que Satan, bien que puissant, ne peut l’emporter sur Jéhovah et sur ses fidèles serviteurs. De plus, “ temps et événement imprévu ” nous arrivent à tous ; nous ne devons donc pas tirer des conclusions hâtives par peur. — Eccl. 9:11.
Notre fils devait être enterré le lendemain, et la réunion de la congrégation a eu lieu après les funérailles. En la circonstance, les proclamateurs ont appris une leçon : il ne faut pas craindre les esprits méchants ni être superstitieux. Malgré la profonde tristesse que la perte de notre fils nous a causée, la semaine spéciale s’est poursuivie, puis nous avons rejoint une autre congrégation. Ce n’était pas les frères qui nous consolaient, mais nous qui les réconfortions et les encouragions en leur rappelant que la mort appartiendra bientôt au passé.
[Encadré/Illustration, pages 228, 229]
Nous avons pris de la hardiesse
Lennard Musonda
Naissance : 1955
Baptême : 1974
Parcours : Frère Musonda est serviteur à plein temps depuis 1976. Il a passé six ans dans le service itinérant, et il se trouve actuellement au Béthel de Zambie.
Je me souviens que vers 1985 je visitais les congrégations dans l’extrême nord du pays. Elles avaient subi, quelques années auparavant, l’opposition intense des autorités politiques. À l’époque, je débutais dans le service de la circonscription, et l’occasion de démontrer ma foi et mon courage n’allait pas tarder à se présenter. Un jour, juste après une réunion pour la prédication, alors que nous nous apprêtions à partir pour un village, un frère a raconté qu’il avait entendu dire que, si les Témoins de Jéhovah s’y aventuraient, tous les villageois se regrouperaient pour leur donner une correction. C’est vrai qu’à la fin des années 60 et au début des années 70 il y avait eu des lynchages, mais j’avais du mal à imaginer que, des années plus tard, tout un village puisse agir ainsi.
Même si certains proclamateurs, effrayés par cette information, n’ont pas voulu se rendre dans le village, beaucoup ont pris de la hardiesse et y sont allés. Ce qui s’est passé ensuite nous a stupéfaits. Nous avons laissé bon nombre de périodiques, et nous avons eu des conversations amicales. Cependant, certains habitants s’étaient enfuis en nous voyant arriver ; ils avaient abandonné leurs marmites, qui débordaient sur le feu, et leurs maisons, ouvertes à tous vents. Ainsi, au lieu de nous attaquer, ils ont battu en retraite !
[Encadré/Illustration, pages 232, 233]
J’ai dû fuir pour sauver ma vie
Darlington Sefuka
Naissance : 1945
Baptême : 1963
Parcours : Frère Sefuka a été pionnier spécial, surveillant itinérant et membre de la famille du Béthel de Zambie.
Nous étions en 1963. Le pays connaissait une période de troubles. Quand nous allions prêcher, il arrivait souvent que des bandes de jeunes affiliés à des partis politiques passent en avant de nous pour menacer les gens de casser leurs fenêtres et leurs portes s’ils nous écoutaient.
Un soir, à peine deux jours après mon baptême, j’ai été si violemment battu par un groupe de 15 jeunes que je saignais du nez et de la bouche. Un autre soir, un frère et moi avons été attaqués par une quarantaine de personnes qui nous avaient suivis jusqu’à la maison. Le fait de repenser à ce qu’avait subi le Seigneur Jésus m’a fortifié. De plus, le discours que John Jason avait prononcé lors de mon baptême avait clairement montré que la vie chrétienne ne serait pas exempte de difficultés. Aussi, quand tout cela m’est arrivé, au lieu d’être surpris, j’ai été encouragé.
Durant cette période, les politiciens voulaient être soutenus dans leur lutte pour l’indépendance. Aussi, du fait de notre neutralité, ils nous rangeaient du côté des Européens et des Américains. Les chefs religieux, qui apportaient leur appui aux groupes politiques, amplifiaient tout propos négatif à notre sujet. La situation était difficile avant l’indépendance et elle l’est restée aussi après. Bon nombre de frères ont perdu leur commerce parce qu’ils n’avaient pas la carte du parti. Quelques-uns ont dû quitter la ville et retourner dans leur village. Ils ont choisi un emploi faiblement rémunéré afin qu’on ne leur demande pas de participer au financement des activités politiques.
Au cours de mon adolescence, mon cousin, qui n’était pas Témoin, s’est occupé de moi. En raison de ma neutralité, les membres de sa famille ont été l’objet de menaces et de manœuvres d’intimidation. Ils ont eu peur. Un jour, avant d’aller au travail, mon cousin m’a dit : “ Quand je rentrerai ce soir, je veux que tu sois parti. ” J’ai d’abord pensé qu’il plaisantait. En effet, je n’avais pas d’autre famille en ville ; je ne savais pas où aller. Mais j’ai vite compris qu’il était sérieux. Lorsqu’il est rentré et qu’il m’a vu, il s’est mis très en colère. Il m’a chassé à coups de pierres en hurlant : “ Va retrouver les chiens de ton espèce ! ” J’ai dû fuir pour sauver ma vie.
Mon père l’a appris, et il m’a envoyé le message suivant : “ Si tu restes attaché à ta position de neutralité, ne remets plus jamais les pieds chez moi ! ” C’était dur. Je n’avais que 18 ans ! Qui allait me recueillir ? C’est la congrégation qui l’a fait. Souvent, je médite sur les paroles du roi David : “ Si mon père et ma mère me quittaient, Jéhovah lui-même me recueillerait. ” (Ps. 27:10). Je peux vous assurer que Jéhovah tient vraiment ses promesses !
[Encadré/Illustration, pages 236, 237]
J’ai gagné le respect de nombreux enseignants grâce à ma conduite
Jackson Kapobe
Naissance : 1957
Baptême : 1971
Parcours : Frère Kapobe est ancien dans sa congrégation.
Les premiers renvois des écoles ont eu lieu en 1964. Les frères du Béthel ont conseillé aux parents de préparer leurs enfants en conséquence. Je me revois encore assis avec mon père après les cours, en train de discuter d’Exode 20:4, 5.
Lors des rassemblements des élèves, je restais à l’arrière pour éviter tout conflit. Mais on faisait venir à l’avant ceux qui étaient pris à ne pas chanter l’hymne national. Quand, un jour, le directeur m’a demandé pourquoi je refusais de chanter, je lui ai répondu en me servant de la Bible. “ Tu sais lire et tu ne chantes pas ! ” s’est-il exclamé. D’après lui, puisque le gouvernement finançait l’école qui m’avait appris à lire, je lui devais fidélité.
J’ai fini par être renvoyé de l’école en février 1967. J’étais déçu parce que j’aimais apprendre et que j’étais un bon élève. Malgré les pressions de ses collègues et de proches non Témoins, mon père m’a assuré que j’avais bien agi. Ma mère aussi était éprouvée. Quand j’allais travailler aux champs avec elle, les autres femmes nous disaient avec mépris : “ Pourquoi est-ce qu’il n’est pas à l’école, celui-là ? ”
J’ai néanmoins continué à recevoir une certaine instruction, car à partir de 1972 l’accent a été mis sur l’organisation de classes d’alphabétisation dans les congrégations. En outre, la situation dans les écoles s’est améliorée au fil du temps. Comme nous habitions en face de l’école, le directeur venait souvent nous demander de lui donner de l’eau fraîche ou de lui prêter des balais pour nettoyer les salles de classe. Une fois, il est même venu emprunter de l’argent. Les actes de bonté de ma famille l’ont certainement touché, car un jour il a posé la question : “ Est-ce que votre fils aimerait retourner à l’école ? ” Papa lui a rappelé que j’étais toujours Témoin de Jéhovah. “ Pas de problème ”, a-t-il répondu. Puis il s’est adressé à moi : “ En quelle classe veux-tu reprendre ? ” J’ai choisi la sixième. Je me suis donc retrouvé dans la même école, avec le même directeur et les mêmes élèves. La seule différence, c’était que, grâce aux classes d’alphabétisation tenues à la Salle du Royaume, mes aptitudes pour la lecture dépassaient celles de la plupart de mes camarades.
J’ai gagné le respect de beaucoup d’enseignants grâce à mon travail sérieux ainsi qu’à ma bonne conduite, et ma scolarité s’en est trouvée facilitée. J’ai étudié avec acharnement, puis j’ai passé des examens, ce qui m’a permis d’obtenir un poste à responsabilité dans les mines et, plus tard, de subvenir aux besoins de ma famille. Je suis heureux de n’avoir jamais fait de compromis en chantant l’hymne national.
[Encadré/Illustration, pages 241, 242]
“ Comment pourrions-nous cesser de prêcher ? ”
Jonas Manjoni
Naissance : 1922
Baptême : 1950
Parcours : Frère Manjoni a été au Béthel de Zambie pendant plus de 20 ans. Il est actuellement ancien et pionnier permanent.
Au milieu de la Deuxième Guerre mondiale, mon frère est revenu de Tanzanie avec une bible et plusieurs ouvrages, dont les livres Gouvernement et Réconciliation. Comme les publications des Témoins de Jéhovah étaient toujours interdites, j’étais curieux d’en découvrir la raison. J’ai donc lu le livre Réconciliation, mais j’ai eu du mal à le comprendre. Quelques années ont passé ; puis, un jour où j’étais en visite chez mon frère, je l’ai accompagné à une réunion chrétienne. Sa congrégation ne possédait pas de Salle du Royaume ; elle se réunissait sur un terrain qui avait été débroussaillé et qui était entouré d’une haie de bambous. L’orateur n’avait pas de plan imprimé, mais quel plaisir d’écouter un discours basé directement sur les Écritures ! Ses explications bibliques étaient très différentes de celles que j’avais reçues à l’église que je fréquentais, où les fidèles n’hésitaient pas à saluer le drapeau et à battre du tambour. Des disputes éclataient à cause de différends entre tribus et du choix de la langue dans laquelle ils chanteraient. Chez les Témoins, par contre, j’ai entendu de magnifiques chants de louange à Jéhovah, et j’ai vu des familles entières assises ensemble et se nourrissant spirituellement.
Par la suite, je me suis fait baptiser. J’ai continué à travailler comme aide-soignant, ce qui m’amenait à me déplacer de ville en ville dans la région minière. En 1951, j’ai pris deux semaines de congé pour aider les frères du Béthel, à Lusaka. Peu après, j’ai été invité à y rester. Au départ, j’étais au service des expéditions. Puis, quand le Béthel a été transféré à Luanshya, j’ai été affecté à la correspondance et à la traduction. En dépit des bouleversements politiques qui s’amorçaient au début des années 60, les frères continuaient à produire de bons fruits dans le ministère et à maintenir leur neutralité.
En mars 1963, lors de l’un des entretiens que j’ai eus avec le Dr Kenneth Kaunda, futur président de Zambie, je lui ai expliqué pourquoi nous n’adhérions à aucun des partis politiques ni n’achetions leur carte. Nous lui avons aussi demandé d’intervenir pour que cessent les mesures d’intimidation des politiciens contre nous, et il a cherché à en savoir plus. Des années plus tard, alors qu’il était président, il nous a invités au siège du Parlement, où nous avons eu l’honneur de discuter avec lui et ses principaux ministres. L’entrevue s’est prolongée jusque tard dans la soirée. Le président n’avait rien contre les Témoins de Jéhovah en tant que groupe religieux ; il voulait juste que nous nous réunissions comme les autres religions et que nous abandonnions la prédication. “ Comment pourrions-nous cesser de prêcher ? lui avons-nous dit. Jésus prêchait. Il ne s’est pas contenté de bâtir un temple à côté de celui où enseignaient les Pharisiens. ”
Malgré les requêtes que nous avons présentées, certains aspects de notre ministère ont été frappés d’interdiction. Cependant, nous avons trouvé, comme toujours, des moyens d’honorer Jéhovah, lui qui utilise ses serviteurs pour réaliser son dessein.
[Encadré/Illustration, pages 245, 246]
J’avais un vif désir d’apprendre
Daniel Sakala
Naissance : 1964
Baptême : 1996
Parcours : Frère Sakala est ancien dans sa congrégation.
J’étais membre de l’Église de l’esprit de Sion lorsque j’ai reçu la brochure Comment apprendre à lire et à écrire. Quoique illettré, j’avais un vif désir d’apprendre. J’ai donc consacré un temps considérable à l’étude de cette publication. Quand je ne comprenais pas certains mots, je me faisais aider. Ainsi, même si personne ne m’enseignait, j’ai progressé et j’ai acquis les bases de la lecture et de l’écriture en peu de temps.
Je pouvais maintenant lire la Bible ! Je me suis alors rendu compte que plusieurs pratiques observées par mon Église étaient contraires aux Écritures. Mon beau-frère, qui était Témoin de Jéhovah, m’a envoyé la brochure Les esprits des morts — Peuvent-ils vous aider ou vous nuire ? Existent-ils vraiment ? Ce que j’y ai découvert m’a poussé à interroger mon pasteur. Un jour, dans l’église, j’ai lu Deutéronome 18:10, 11 et je lui ai demandé : “ Pourquoi pratiquons-nous des choses que la Bible condamne ? ”
“ Nous avons notre propre rôle à jouer ”, m’a-t-il répondu. Je n’ai pas compris ce qu’il voulait dire.
Ensuite, j’ai lu Ecclésiaste 9:5 et je lui ai posé la question : “ Pourquoi disons-nous qu’il faut honorer les morts alors que la Bible déclare qu’ils ‘ ne savent rien ’ ? ” Ni le pasteur ni personne dans l’assistance n’ont su quoi répondre.
Plus tard, certains membres de cette Église sont venus me voir et m’ont dit : “ Nous ne sommes pas Témoins de Jéhovah. Alors pourquoi devrions-nous cesser de respecter les morts et abandonner nos coutumes ? ” Je n’en revenais pas ! Je n’avais utilisé que la Bible au cours de cette discussion, et pourtant ils en avaient déduit que je fréquentais les Témoins de Jéhovah. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à aller à la Salle du Royaume, et deux de mes anciens coreligionnaires ont fait de même. Dans les trois mois qui ont suivi, plusieurs de mes proches ont aussi accepté mon invitation à assister aux réunions chrétiennes. Aujourd’hui, trois d’entre eux, dont ma femme, sont baptisés.
[Tableau/Graphique, pages 176, 177]
ZAMBIE — REPÈRES HISTORIQUES
1910
1911 : Les Études des Écritures atteignent la Zambie.
1919 : Kosamu Mwanza et environ 150 autres sont fouettés et emprisonnés.
1925 : Le bureau des Étudiants de la Bible au Cap suspend les baptêmes et la prédication.
1935 : Le gouvernement limite l’importation de nos écrits. Vingt publications sont interdites.
1936 : Un dépôt est ouvert à Lusaka. Llewelyn Phillips en est le responsable.
1940
1940 : Le gouvernement interdit l’importation et la diffusion de nos écrits. Les baptêmes recommencent.
1948 : Les premiers diplômés de Guiléad arrivent.
1949 : Le gouvernement lève l’interdiction sur La Tour de Garde.
1954 : Le Béthel est transféré à Luanshya.
1962 : Le Béthel est transféré à Kitwe.
1969 : Le gouvernement interdit la prédication publique.
1970
1975 : Les missionnaires sont expulsés.
1986 : Les missionnaires sont à nouveau autorisés à entrer dans le pays.
1993 : Inauguration des installations actuelles du Béthel, à Lusaka.
2000
2004 : Inauguration de l’extension du Béthel, à Lusaka.
2005 : 127 151 proclamateurs œuvrent en Zambie.
[Graphique]
(Voir la publication)
Total des proclamateurs
Total des pionniers
65 000
130 000
1910 1940 1970 2000
[Cartes, page 169]
(Voir la publication)
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
ZAMBIE
Kaputa
Mbala
Isoka
Kasama
Samfya
Lundazi
Mufulira
Kalulushi
Kitwe
Luanshya
Kabwe
LUSAKA
Senanga
Zambèze
Livingstone
BOTSWANA
ZIMBABWE
MOZAMBIQUE
MALAWI
[Illustrations pleine page, page 162]
[Illustration, page 167]
Thomson Kangale.
[Illustration, page 170]
Llewelyn Phillips.
[Illustration, page 178]
Harry Arnott, Nathan Knorr, Kay et John Jason, ainsi que Ian Fergusson, en 1952.
[Illustration, page 193]
À droite : Manda Ntompa et sa famille dans le camp de réfugiés de Mwange, 2001.
[Illustration, page 193]
Ci-dessous : un camp de réfugiés.
[Illustration, page 201]
La première classe de l’École de formation ministérielle, 1993.
[Illustration, page 202]
Richard Frudd et Philemon Kasipoh, instructeurs à l’EFM, discutent avec un élève.
[Illustration, page 206]
Aux assemblées, les installations étaient faites de terre, de paille ou d’autres matériaux disponibles sur place.
[Illustration, page 215]
À gauche : drame biblique costumé, 1991.
[Illustration, page 215]
Ci-dessous : candidats au baptême à l’assemblée de district “ Messagers de la paix divine ”, 1996.
[Illustration, page 235]
M. Richmond Smith, ainsi que Feliya Kachasu et son père, Paul Kachasu.
[Illustrations, page 251]
Des travailleurs joyeux participent à la construction de l’actuel Béthel, à Lusaka.
[Illustrations, pages 252, 253]
1, 2) Des Salles du Royaume construites récemment.
3, 4) Le Béthel de Zambie, à Lusaka.
5) Stephen Lett, lors de l’inauguration de l’extension du Béthel, en décembre 2004.
[Illustration, page 254]
Le Comité de la filiale, de gauche à droite : Albert Musonda, Alfred Kyhe, Edward Finch, Cyrus Nyangu et Dayrell Sharp.