Faites-​en un “roman-photo”

De notre correspondant au Canada

CLIC-CLIC ! — “Voici Jeanne devant les chutes du Niagara.” Clic-clic ! — “Voici Henri devant les chutes du Niagara.” Clic-clic ! — “Voici Jeanne et Henri devant les chutes du Niagara.” Clic-clic ! — “Voici les chutes du Niagara. Dans le panier suivant, il y aura peut-être des images de...”

“Oh Georges ! fit Jeanne, en l’interrompant avec quelque impatience. Tu ne vas pas nous en montrer davantage, j’espère. Voilà deux heures que nous regardons tes diapositives !”

Ce genre d’incident n’est que trop courant. En effet, une projection de diapositives n’est souvent qu’une suite d’images qui se ressemblent et qui ont peu de rapports entre elles. Sans thème ni but, la séance tend à durer plus longtemps que l’intérêt des spectateurs. Et pourtant, au lieu de ne susciter chez ceux-ci qu’un intérêt très limité ou de les contraindre à manifester une attention polie, vos diapositives pourraient leur procurer un réel plaisir et être éducatives. Pour atteindre ce but, faites-​en une sorte de “roman-photo”.

La préparation

Une présentation audio-visuelle (vos diapositives commentées), exige la même préparation fondamentale que d’autres méthodes de communication. C’est-à-dire qu’elle doit avoir un thème et un but. Dès que vous aurez choisi votre thème, déterminez-​en les idées principales, qui vous aideront à réaliser votre but. Évidemment, vous choisirez les idées principales et le but en fonction des connaissances des spectateurs et de leurs goûts.

Lorsque c’est possible, dressez d’avance un plan des idées que vous voulez faire ressortir lors de votre projection. Supposons que vous allez partir en vacances ou faire une excursion intéressante et que vous voulez en conserver le souvenir au moyen de diapositives. Décidez d’abord ce que vous aimeriez voir dans l’endroit que vous allez visiter et essayez de vous renseigner sur ses caractéristiques intéressantes. Établissez alors une liste (sujette à révision, bien sûr) des idées ainsi recueillies. La région comporte-​t-​elle des sites pittoresques, des lieux historiques, des mœurs ou des métiers particuliers, des expositions ou des merveilles naturelles ? Sa topographie et sa structure géologique sont-​elles remarquables ? Posez-​vous ce genre de questions pour trouver des idées pour votre “roman-photo”.

Les agences de voyage, les syndicats d’initiative, les livres d’histoire, les encyclopédies et les amis qui ont déjà visité la région, sont autant de sources de renseignements utiles. Vous trouverez d’autres idées intéressantes, inattendues peut-être, sur les lieux, mais en faisant d’avance un plan vous risquerez moins d’avoir des “trous” dans votre récit.

Avant tout, ayez donc un thème et un but que développeront les idées concrétisées par votre appareil photographique. Tenez compte des choses qui vous intéressent personnellement (sachant que vous regarderez ces images plus d’une fois vous-​même) et de celles qui intéresseront d’autres spectateurs éventuels. Dès que vous aurez déterminé votre thème et fait votre plan, vous serez prêt à rechercher des images intéressantes pour les illustrer.

Comment trouver des idées

Votre “roman-photo” concernera peut-être des vacances, une excursion, les premières années de votre fils, la mise à exécution d’un projet, un passe-temps, un congrès ou tout autre événement intéressant. Le plan lui-​même vous suggérera des idées ; d’autres vous viendront sur place lorsque vous verrez des spectacles et des objets qui sont nouveaux pour vous ou que vous assisterez à certains événements.

Parfois il faut toute une série d’images pour concrétiser une idée, parfois une seule suffit. Supposons que vous ayez appris qu’une certaine localité est célèbre pour ses poteries et que vous vouliez inclure une visite de ce lieu dans le compte rendu de vos vacances. Vous déciderez peut-être de prendre une série de photos d’un potier occupé à produire les objets qu’il met en vente, afin de montrer les diverses étapes de leur fabrication.

La plupart des photographes amateurs se contentent généralement d’une image ou d’une série d’images pour illustrer une idée ou un événement. Cependant, n’oubliez pas les possibilités qu’offre le symbolisme. Si, par exemple, vous préparez un “roman-photo” sur les premières années de votre fils, vous pourriez y inclure l’image d’un agneau ou d’un tigre, pour représenter l’humeur de l’enfant à certains moments. N’oubliez pas non plus l’utilité des cartes et des dessins que vous pouvez également photographier et inclure dans votre projection à des moments appropriés. Des titres en lettres à trois dimensions (que vous pourrez fabriquer ou acheter) donneront du cachet à votre présentation audio-visuelle.

Pour trouver de bonnes idées, il est nécessaire d’apprendre à tout voir en termes d’images, autrement dit il faut sans cesse penser à la meilleure manière d’illustrer des idées par des images. Recherchez une image insolite de l’ordinaire ou même une image ordinaire de l’insolite. Cet art s’acquiert avec la pratique, mais à moins de l’acquérir, c’est-à-dire de savoir traduire en images ce que vous voyez et vivez, vous laisserez passer l’occasion de faire quantité de photos intéressantes. Ne manquez pas non plus de consigner par écrit les renseignements concernant les photos que vous prenez. Ces renseignements vous seront très utiles pour la partie “audio” de votre présentation audio-visuelle. Cependant, pour réussir un “roman-photo”, il est nécessaire de bien préparer la présentation.

Une bonne préparation

Un spectateur, parlant des diapositives qu’on lui avait montrées d’un voyage à travers l’Europe, déclara qu’il avait vu trente-deux images de la tour Eiffel sous autant d’angles différents, mais cinq seulement du reste de Paris. Si le thème de la projection avait été une visite à la tour Eiffel, trente-deux images montrant ses divers aspects et caractéristiques n’auraient pas été de trop. Cependant, puisque la projection concernait une visite des grandes villes européennes, quelques photos seulement de ce monument auraient suffi. Il aurait fallu montrer la tour Eiffel comme un des nombreux monuments de Paris et non la mettre en vedette à tel point que l’on avait l’impression que Paris c’est la tour Eiffel, ou que la tour Eiffel c’est Paris. Cet incident montre qu’il est indispensable de supprimer les images qui ne contribuent pas à une présentation équilibrée du thème que vous voulez mettre en valeur.

Supprimez aussi les images qui se ressemblent. Cela ne veut pas dire qu’il faut les jeter ; vous pourrez peut-être les utiliser plus tard dans la présentation d’un autre thème. La personne qui a fait la projection sur les villes d’Europe, par exemple, aurait pu mettre de côté la plupart des images de la tour Eiffel. Si elle a pris autant de photos d’autres célèbres monuments européens, elle pourra monter une seconde projection sur le thème “Célèbres monuments d’Europe”.

N’utilisez pas non plus des images de mauvaise qualité, comme celles qui sont floues et qui pourraient diminuer le plaisir des spectateurs. Il est décevant, en effet, de voir des images brouillées projetées sur l’écran et de devoir écouter de longues explications sur l’identité des personnages qu’il est impossible de reconnaître.

Ne prolongez pas vos projections outre mesure, car vous pourriez fatiguer les spectateurs. Si la séance risque d’être trop longue, divisez les diapositives en séries, afin de les montrer en plusieurs fois.

Quelques conseils utiles

Sans doute vous est-​il arrivé, après avoir choisi un sujet intéressant pour une photo, d’être déçu par celle-ci. La raison en est que l’œil se concentre sur le sujet à l’exclusion d’autres objets que l’appareil photographique, lui, voit. Vous ne remarquerez peut-être pas le jet d’eau à l’arrière-plan, mais l’appareil l’enregistre, et c’est ainsi que vous aurez une image d’Henri avec une colonne d’eau jaillissant de sa tête ! Étudiez donc bien le cadre de l’image que vous choisissez et prenez votre photo de manière à éliminer tout ce qui pourrait détourner l’attention du sujet principal.

Le sujet doit remplir le viseur presque entièrement ; conservez donc juste assez de décor pour le mettre en valeur. Si vous voulez photographier Jeanne, qu’elle soit au premier plan et non si loin qu’elle paraisse minuscule sur l’image et qu’il faille une loupe pour l’identifier. Si vous prenez votre photo au printemps et que vous ayez la chance de vous trouver près d’un verger en fleurs, vous pourrez rehausser l’image en y incluant une branche de pommier fleurie de manière à ce qu’elle encadre en partie le personnage.

Il s’agit surtout de remplir l’image avec le sujet qui vous intéresse, mais vous pouvez encadrer celui-ci de façon à le rehausser. Les objets qui servent de cadre doivent être, en général, plus près de l’appareil que le sujet. On choisit souvent à cette fin une branche d’arbre, un pont ou une clôture. Quelques objets — reconnaissables — à l’arrière-plan augmenteront l’impression de profondeur.

Certains possesseurs d’un appareil qui fait des photos rectangulaires semblent croire qu’il faut tenir celui-ci comme un bol de bouillon, c’est-à-dire par les bords et dans un seul sens. Il est souvent préférable de le soutenir fermement sur la paume de la main. On évite ainsi des images brouillées dues au mouvement de l’appareil tenu par une seule main pendant que l’on déclenche l’obturateur. La composition de l’image est parfois meilleure si l’on prend la photo en hauteur plutôt qu’en largeur. Cela permet d’éviter le large bord vide que l’on obtient lorsqu’on prend un personnage en buste. Évidemment, si la pellicule est carrée, le problème ne se pose pas.

Que vos images soient aussi simples que possible. Mettez en vedette une seule idée ; elle attirera davantage le regard et frappera l’attention avec plus de force. N’oubliez pas que les lignes horizontales donnent une impression de repos ou de paix, et les lignes diagonales une idée de puissance. Mettez donc à profit les lignes du sujet pour créer l’ambiance appropriée.

Connaissez votre appareil

Un dernier conseil : sachez de quoi votre appareil est capable et apprenez à vous en servir efficacement. On entend souvent dire par quelqu’un qui a fait une mauvaise photo : “Mon appareil fonctionne mal.” C’est peut-être vrai, mais il se peut aussi que ce soit la faute du photographe lui-​même qui ne connaît pas son appareil ou qui ne sait pas s’en servir.

Par exemple, lors de l’assemblée des témoins de Jéhovah tenue en 1963 au stade Rose Bowl de Pasadena (Californie), le spectacle était particulièrement impressionnant le soir quand on éteignait les projecteurs. L’estrade et les lettres des mots représentant le thème de l’assemblée se dessinaient sous l’effet d’un éclairage spécial. Alors, on pouvait voir jaillir, dans tous les coins du stade, l’éclair de plusieurs centaines de flashes. De nombreux amateurs, qui ne connaissaient pas leur appareil, essayaient de photographier le spectacle féerique. Certains d’entre eux, qui se trouvaient à 150 mètres de l’estrade, utilisaient un flash dont le rayon lumineux effectif ne s’étend pas au-delà de sept ou huit mètres. De plus, ils essayaient d’éclairer un sujet qui devait son charme au fait que les lumières étaient éteintes. Une pose, avec l’appareil reposant sur un support solide, était indiquée dans ce cas. Par conséquent, pour ne pas connaître de déceptions, sachez de quoi votre appareil est capable et apprenez comment vous en servir.

L’été dernier, de nombreux témoins de Jéhovah prirent des photos des assemblées internationales auxquelles ils assistèrent. Au lieu de montrer à leurs amis une série d’images disparates des foules, ils pourraient préparer une projection ayant un thème bien précis, tel que : “Des familles heureuses adorent Dieu ensemble”, “Les assemblées, une manifestation d’unité”, “Visages rayonnants grâce à une espérance joyeuse”, “Ils écoutent pour apprendre”. Ceux qui ont assisté à une assemblée à l’étranger peuvent choisir un thème se rapportant à leurs frères chrétiens dans d’autres pays et à leur ministère, aux missionnaires ou à ceux qui servent où le besoin est grand. Ce ne sont là que quelques idées parmi beaucoup d’autres que l’on peut exploiter. Un point à ne jamais oublier, c’est qu’en prenant des photos il faut toujours faire preuve de courtoisie et d’égards envers autrui.

Il existe de bons manuels d’instruction, à un prix raisonnable, à l’intention de ceux qui veulent apprendre l’art de faire de belles photos. Lorsque vous possédez cet art, réfléchissez bien avant d’utiliser votre appareil, afin que lorsque vous montrerez vos images à vos amis et que ceux-ci entendront le clic-​clic du projecteur, ils ne craignent pas de voir simplement Jeanne, Henri et les chutes du Niagara. Faites de la projection de vos diapositives un “roman-photo”.