BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • g79 8/5 p. 23-26
  • Le verre — une histoire toujours d’actualité

Aucune vidéo n'est disponible pour cette sélection.

Il y a eu un problème lors du chargement de la vidéo.

  • Le verre — une histoire toujours d’actualité
  • Réveillez-vous ! 1979
Réveillez-vous ! 1979
g79 8/5 p. 23-26

Le verre — une histoire toujours d’actualité

“VOULEZ-​VOUS un verre d’eau fraîche avec du sirop de fruit?”, nous demande Jeanine, qui s’avance vers nous avec un plateau garni de verres et d’une carafe. Nous acceptons volontiers ces rafraîchissements, car, en cette belle après-midi de printemps, le soleil darde ses rayons sur nous avec insistance. Nous sommes en effet à la campagne, chez nos amis Daniel et Jeanine, dans la Drôme, région du sud-est de la France.

“Quels jolis verres vous avez là! Où avez-​vous trouvé cette belle carafe?”, s’enquiert ma femme, tandis que Jeanine la sert.

“À 900 mètres d’ici, tout simplement, répond Daniel, dans une petite verrerie d’art. Aimeriez-​vous la visiter?”

Comme notre réponse est affirmative, sitôt rafraîchis, nous partons tous les quatre. À mesure que nous approchons de l’endroit, nous entendons le ronflement des fours. En entrant, nous découvrons, affairés dans l’atelier, quelques artisans occupés à façonner des articles variés.

“Venez plus près, dit Jeanine; vous pourrez mieux les observer.”

L’un des ouvriers verriers prend une “canne”, long tube d’environ deux mètres, percé selon son axe. Il “cueille” dans le four une masse de verre de la grosseur d’une orange, le “paraison”. Après avoir sorti la canne du four, l’artisan la tourne régulièrement, de façon à maintenir en équilibre la matière fondue, tandis qu’il souffle à l’autre extrémité. Nous sommes émerveillés par la technique et le savoir-faire de l’ouvrier qui utilise son souffle et le refroidissement progressif de la matière. Avec aisance il façonne l’objet à l’aide d’outils très simples, en bois ou en acier.

La pièce prend peu à peu forme sous nos yeux, tantôt soufflée, tantôt refroidie, tantôt tournée dans des cavités cylindriques. Repris par un autre verrier, l’objet, séparé de la canne par un léger coup, est recuit dans un autre four. Le but de cette opération est de diminuer et même de supprimer les tensions de la masse de verre provoquées par le façonnage et le refroidissement. Ce traitement va la rendre moins fragile aux chocs thermiques et mécaniques. La température est maintenue aux environs de 520 degrés pendant un temps plus ou moins long, selon l’épaisseur de l’objet qui sera ensuite refroidi progressivement.

“Aimeriez-​vous connaître quelques épisodes de l’histoire du verre?”, demande le maître verrier qui vient à notre rencontre. “Oui? Alors, venez par ici, nous serons plus au calme”, ajoute-​t-​il en nous emmenant au fond de l’atelier. Avec l’assurance de quelqu’un qui maîtrise parfaitement son sujet, il poursuit: “L’origine du verre est quelque peu obscure. La nature présente quelques exemples de corps à l’état vitreux qui proviennent d’une fusion suivie d’un refroidissement rapide consécutif, par exemple, à l’impact d’une météorite (les tectites), de la foudre (les fulgurites) ou d’une éruption volcanique (les obsidiennes). À la faveur des circonstances, l’homme a pu observer ce genre de formations vitreuses.”

Intéressé, je demande: “Cela ne fait-​il pas très longtemps que l’homme s’intéresse au verre?”

“C’est juste, me répond-​il. Déjà, dans l’Antiquité, l’écrivain latin Pline donne quelques indications intéressantes sur l’origine du verre. Selon lui, des marchands phéniciens qui avaient fait escale sur les bords du fleuve Bélus employèrent quelques pains de nitre de leur cargaison pour surélever les marmites dans lesquelles ils faisaient cuire leur repas. Ce nitre ayant été soumis à l’action du feu en présence du sable des rives du fleuve, les marchands virent couler des ruisseaux transparents d’une liqueur inconnue, qui n’était autre que du verre incandescent. On pense toutefois qu’il s’agit là d’une légende, car un feu de bois n’aurait pas suffi pour obtenir ce résultat. Quoi qu’il en soit, les Égyptiens connaissaient déjà la fabrication du verre bien avant notre ère. Des perles de verroterie ont été retrouvées dans les tombes de Thèbes. Dans l’Antiquité, Sidon et Tyr furent, avec Thèbes, les principales cités où s’exerçait l’industrie du verre. Quand Octave, celui qui allait devenir l’empereur romain Auguste, soumit définitivement l’Égypte, il s’empressa d’exiger que le verre fasse partie du tribut payé par les vaincus. Les Égyptiens exportèrent alors à Rome leurs travaux de verrerie, jusqu’au jour où la capitale de l’empire se mit à fabriquer elle-​même le verre coloré et taillé.”

“Permettez-​moi de vous interrompre, lui dis-​je, mais Byzance ne fut-​elle pas aussi une des cités où l’on fabriquait le verre?”

“Oui, répond le maître verrier, car après la disparition de l’Empire romain d’Occident, c’est à Constantinople, l’ancienne Byzance, que se réfugièrent les artisans verriers de l’Italie et de la Gaule. Toutefois, à la fin du Moyen Âge, les progrès de l’industrie vénitienne redonnèrent toute sa supériorité à la verrerie occidentale. Au moment de la décadence de l’Empire byzantin, les artistes grecs, menacés par les Turcs, vinrent chercher asile en Italie et ils furent accueillis à Venise, où existaient déjà des verreries. La République vénitienne surveillait d’ailleurs jalousement le monopole de sa précieuse industrie et punissait sévèrement l’exportation des matières premières qui composent le verre, ainsi que la diffusion des procédés de fabrication et même la récupération de morceaux de verre cassé qui auraient pu mettre les ouvriers concurrents sur la voie. En 1289, il fut ordonné aux verriers d’aller s’établir dans la petite ville de Murano, où leur surveillance était plus aisée. Plus tard, en 1547, le Conseil des Dix défendit à tout ouvrier verrier de Venise, sous peine de voir emprisonner ses proches, de transporter son art à l’étranger. Comme on peut s’en douter, cette protection contribua à assurer la prospérité de la verrerie vénitienne.”

“Mais ce monopole du travail du verre resta-​t-​il toujours à Venise?”, demande ma femme. Sans se départir de son assurance, l’artisan poursuit:

“C’est en Allemagne que fut d’abord ébranlée la suprématie vénitienne. Bientôt, la Bohême produisit des verres d’une limpidité cristalline. En France, il ne semble pas que, depuis ses débuts, à l’époque gallo-romaine, la fabrication du verre ait jamais cessé. Je me rappelle avoir lu qu’au VIe siècle, le roi mérovingien Clotaire Ier avait de la vaisselle en verre sur sa table. Au XIVe siècle, on a retrouvé un document historique qui décrivait les travaux que le verrier devait exécuter pour un notable du royaume. Il s’agissait de verres à boire, d’amphores, de plats, de hanaps, d’aiguières, de lampes, etc. Cette longue liste indique bien quelle perfection l’industrie du verre avait déjà acquise en ce temps-​là.”

“Vous êtes une véritable encyclopédie!” dis-​je, impressionné.

“Pas du tout, répond avec modestie le maître verrier, mais j’aime mon métier et je me suis beaucoup documenté dans les ouvrages spécialisés. Au cours de votre visite, vous avez remarqué que le verre, qui est un corps solide, transparent et fragile, résulte de la fusion d’un sable siliceux mélangé à de la chaux et à du carbonate de sodium ou de potassium. Mais à tous ces éléments on ajoute de la poudre d’alumine, de potasse, de borax, de magnésie et de baryte pour que le verre ait de la brillance et de la dureté. On mélange soigneusement le tout et on ajoute des oxydes métalliques pour la coloration. Dans la verrerie d’art où vous êtes, le mélange est enfourné à 1 450 degrés durant toute une nuit. Le lendemain, il est bien fondu et homogène; c’est du verre en fusion. On abaisse alors la température à 1 150 degrés pour le rendre plus visqueux, ce qui permettra de le travailler. Par contre, dans d’autres établissements, il est utilisé à l’état fluide, par coulage, pour obtenir des glaces ou des objets moulés. On procède aussi à la taille du verre qui, après solidification, permet d’obtenir des verres d’optique.”

Nous remercions chaleureusement le maître verrier de nous avoir donné ces explications. Avant de quitter les lieux, nous admirons une dernière fois l’adresse des ouvriers de la verrerie. Impressionné par leur talent, je ne puis m’empêcher de demander à l’un d’eux s’il est facile de devenir verrier.

Avec malice l’artisan me répond: “Si l’on se contente d’un amateurisme approximatif, on peut souffler une forme au bout de quelques mois. Cet objet sera le résultat du hasard, même si on l’auréole du nom pompeux de ‘pièce unique’ ou de ‘création artistique’. Mais une chose est certaine, cinq à dix années sont nécessaires pour devenir un bon verrier.”

Nous nous dirigeons maintenant vers les tables où les verriers exposent leur travail. Quelle diversité! Des verres de toutes sortes, des carafes, des lampes et quantités d’objets variés nous ravissent les yeux. Enchantés de cette visite instructive, nous prenons congé de ces aimables verriers.

Sur le chemin du retour, nous ne pouvons nous empêcher de parler de ce que nous avons vu. “Je me rappelle, dis-​je, avoir appris au lycée ces vers tirés d’une tragédie de Corneille:

‘Toute votre félicité,

Sujette à l’instabilité,

En moins de rien tombe par terre,

Et comme elle a l’éclat du verre,

Elle en a la fragilité.’”

“C’est joliment exprimé, me dit Daniel. Mais ce qui brille est souvent fragile et instable. Voilà pourquoi, parlant de la sagesse et de ses effets durables, Job déclara: ‘L’or et le verre ne peuvent lui être comparés.’” — Job 28:17.

“Quoi qu’il en soit, dit sa femme, nous apprécierons encore mieux désormais ces verres ravissants dans lesquels nous avons bu cette après-midi.”

    Publications françaises (1950-2025)
    Se déconnecter
    Se connecter
    • Français
    • Partager
    • Préférences
    • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
    • Conditions d’utilisation
    • Règles de confidentialité
    • Paramètres de confidentialité
    • JW.ORG
    • Se connecter
    Partager