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Réveillez-vous ! 1979
g79 8/5 p. 19-22

Le vif-argent — une véritable manne pour l’Espagne

De notre correspondant en Espagne

LA DERNIÈRE fois que vous avez pris une température quelconque, vous êtes-​vous demandé d’où provenait le mercure de votre thermomètre? Il est fort possible que ce soit d’Almaden, en Espagne, où se trouve le gisement le plus riche du monde. Plus du quart de la production mondiale de mercure provient en effet de là.

“Vif-argent” dans notre langue, quicksilver en anglais, Quecksilber en allemand, azogue en espagnol et hydrargyros en grec, tous ces termes désignent le mercure, ce métal liquide de couleur argentée qu’on a tant de peine à saisir entre les doigts et qui connaît aujourd’hui plus de 3 000 utilisations. Mais comment l’obtient-​on?

Les géologues ont déterminé que l’écorce terrestre est constituée à 98,5 pour cent de huit éléments chimiques. Les 1,5 pour cent restants contiennent plus de 95 autres éléments, dont le mercure. Ce métal n’est donc pas facile à trouver.

Le mercure à l’état naturel

Le mercure fait partie des liquides qui se sont infiltrés dans les fissures et les crevasses de certaines parties de l’écorce terrestre lors de la formation du globe. Il arrive qu’on trouve une poche de mercure liquide, mais le plus souvent il se présente sous forme de sulfure de mercure ou cinabre. Les roches cinabrifères ont une teinte rougeâtre et présentent des mouchetures. Ce sont justement ces mouchetures rouges qui renferment le précieux métal. Pour le séparer du minerai, on concasse les morceaux de roche ramenés de la mine, puis on les grille avant de les distiller et de recueillir la vapeur par condensation. Ensuite, on extrait par filtrage ou par agitation le mercure de la vapeur condensée. On lui donne le nom d’hydrargyre (“argent coulant”) ou, depuis le VIe siècle, celui de “mercure”, que les alchimistes lui ont attribué.

À quand remonte la découverte du mercure? On en aurait trouvé, dit-​on, dans des tombes égyptiennes qui datent de 1 500 avant notre ère, En tout cas, les écrits de Théophraste, disciple d’Aristote, font une allusion précise au mercure vers le IIIe siècle avant notre ère. L’auteur décrit en effet comment on prépare le “kénabre” en broyant du cinabre dans un récipient de cuivre qui contient du vinaigre. En réalité, ce broyage ne pouvait séparer que de petites quantités de mercure natif, mais il ne libérait pas le mercure présent sous forme de corps composés.

Vers l’an 50 de notre ère, Pline l’Ancien raconte qu’on envoyait chaque année à Rome cinq tonnes de cinabre en provenance de Sisapo, en Espagne, pour en faire du pigment vermillon. Rien n’interdit de penser que le Sisapo dont il parle est Almaden. Le mercure servait à faire de la dorure et entrait dans la composition d’alliages à base d’or.

L’invasion de la péninsule ibérique par les Arabes remonte au début du VIIIe siècle et se prolongea huit siècles au cours desquels les Arabes développèrent l’exploitation du mercure dans les mines d’Almaden. Ceci explique qu’en espagnol, une grande partie du vocabulaire de la technologie du mercure provient de l’arabe. Le nom complet de la ville minière d’Almaden del Azogue, par exemple, dérive de l’arabe al-ma’din (la mine) et az-za’ùq (le mercure), c’est-à-dire “la mine de mercure”. En espagnol, la chambre de condensation où l’on recueille le mercure s’appelle aludel, mot derrière lequel on reconnaît l’arabe al-’utal qui désignait le récipient dans lequel la vapeur de mercure se condense en liquide. Les fourneaux employés à Almaden s’appelaient jabecas, de l’arabe sabìka, qui désigne un lingot. Quant aux ouvriers qui construisaient les fours, c’étaient des albañiles ou des alarifes, c’est-à-dire des maçons (albannā) ou des hommes habiles, des hommes capables d’enseigner leur métier (al-’arìf).

Le roi Alphonse VII reprit Almaden en 1151. Au cours des siècles suivants, la couronne d’Espagne confia l’exploitation de la mine à des sociétés privées. Actuellement c’est un conseil d’administration qui la gère et qui veille régulièrement à sa modernisation.

Les méthodes de distillation à travers les siècles

Les méthodes primitives étaient si peu efficaces qu’au XVIIe siècle, on alimenta les nouveaux fourneaux Bustamante avec des pierres grillées, jetées après leur premier passage dans les fours arabes, les jabecas. On put encore en retirer une quantité appréciable de mercure. Les premiers fourneaux Bustamante datent de 1646. En deux ans, on en construisit neuf autres, et il y eut jusqu’à 16 de ces fours en fonctionnement. La production annuelle de mercure passa de 2 527 quintaux en 1 646 à 7 000 quintaux en 1776.

Les diverses utilisations du mercure

Au fil du temps, le mercure connut de plus en plus d’applications. Au XVIe siècle, l’alchimiste et médecin suisse Paracelse employa le mercure dans le traitement de la syphilis. En 1558, Bartolome de Medina améliora la méthode d’extraction de l’argent grâce à l’emploi du mercure. En 1643, le physicien italien Torricelli inventa le baromètre, en déterminant la pression atmosphérique à l’aide d’une colonne de mercure. Le thermomètre médical fut inventé en 1720 par le savant allemand Gabriel Fahrenheit. Le tube qui contenait le mercure était gradué en 180 divisions qui portaient aux deux extrémités les points de congélation et d’ébullition de l’eau.

On trouva une utilisation moins pacifique du mercure lorsque E. Howard eut découvert le fulminate de mercure, que l’on employa jusque dans les années 60 pour faire détoner les explosifs. Au XXe siècle, la liste des utilisations du mercure s’est considérablement allongée, jusqu’à inclure les fongicides agricoles et industriels, les interrupteurs et les batteries au mercure, pour n’en citer que quelques-unes. La vapeur de mercure s’utilise dans les lampes à rayons ultraviolets et sur les lampadaires des autoroutes. La vapeur de mercure a également des applications dans la production d’énergie. On utilise encore ce métal dans les amalgames d’argent et d’étain qui servent à obturer les dents. Utilisé sous cette forme, le mercure ne semble pas être toxique.

Le pour et le contre

Il est légitime de s’interroger sur l’utilisation du mercure, car, au cours de ces 20 dernières années, l’homme a appris à ses dépens que l’on ne peut pas utiliser ce métal n’importe comment. Dans de nombreux pays, particulièrement au Japon, en Suède, aux États-Unis et au Canada, les preuves se sont accumulées pour établir que, sous certaines formes, le mercure est un poison, aussi bien pour l’homme que pour l’animal.

L’enquête a fait apparaître que l’on retrouvait des quantités anormalement élevées de mercure dans le poisson et le gibier à plumes. Ce mercure provenait d’usines qui se débarrassaient de ce produit en même temps que d’autres déchets, ou encore de fongicides à base de méthylmercure, composé qui déclenche des catastrophes lorsqu’il pénètre dans la chaîne alimentaire.

Le méthylmercure est particulièrement dangereux chez la femme enceinte, car il a tendance à s’accumuler dans le fœtus et à provoquer des lésions cérébrales. En 1969, une famille américaine s’est empoisonnée en mangeant du porc nourri avec des céréales traitées au méthylmercure. Trois enfants furent gravement handicapés et le quatrième, intoxiqué pendant la grossesse de sa mère, naquit aveugle et arriéré. Dans la région de Minamata (Japon), l’intoxication eut le temps de prendre des proportions endémiques avant que l’on découvre le coupable, à savoir du méthylmercure qui s’était échappé de la canalisation de sortie d’une usine voisine et qui avait contaminé le poisson, principale denrée alimentaire de la région.

Une visite à la mine d’Almaden

Avec ses quelque 11 000 habitants, la ville d’Almaden aligne tout au long des rues ses jolies maisons blanches à un étage ou de plain-pied. Sur le chemin de la mine, nous sommes surpris de voir tant d’hommes dans les rues. Ils sont là à bavarder, à boire une copita d’anisette ou d’eau-de-vie. Mais pourquoi sont-​ils si nombreux dans les rues? C’est qu’ils n’ont le droit de travailler sous terre que huit jours par mois, à cause des effets toxiques des vapeurs mercurielles et du risque permanent de silicose. Les vapeurs mercurielles sont en effet à l’origine d’une intoxication appelée hydrargyrisme, ou mercurialisme, qui lèse les cellules cérébrales et provoque un tremblement continuel des extrémités. La silicose, elle, provoque une sclérose du tissu pulmonaire, et sa victime a des difficultés à respirer. Pour réduire au minimum les risques, le mineur ne travaille qu’un jour sur trois (ou sur quatre quand il y a un dimanche). D’autre part, les ouvriers doivent travailler un mois sur quatre à l’air libre.

La ville et la mine sont situées juste au-dessus d’un gisement de cinabre presque vertical. La mine a trois puits, le “San Miguel”, le “San Joaquin” et le “San Teodoro”. Nous décidons de visiter le “San Joaquin”, qui descend à une profondeur de 488 mètres.

Le travail le plus dur et le plus dangereux est sans conteste l’extraction du minerai, mais ce sont les opérations qui se déroulent en surface qui nous intéressent le plus. Tout commence avec l’arrivée des bennes chargées de cinabre. Elles montent deux par deux, transportant chacune environ 750 kilos de minerai.

En sortant du puits de mine, le minerai passe dans deux énormes concasseurs qui le réduisent en gravier. Une fois ce gravier rassemblé, il est conduit par convoyeur jusqu’aux quatre fourneaux. Les fours modernes ont la hauteur d’un immeuble de trois étages et ils comportent plusieurs foyers, huit ici, à Almaden. Le minerai concassé commence son trajet au foyer supérieur. Là, il est brassé régulièrement vers les ouvertures qui le conduisent au foyer inférieur. Pour libérer la vapeur de mercure, il faut une température de 800 degrés. Cette vapeur passe alors dans un système de refroidissement à eau qui la condense en mercure liquide.

Mais une bonne partie du précieux métal reste enfermée dans la boue grise qui résulte du grillage et de la condensation. On mélange cette boue à de la chaux, et des ouvriers qui travaillent à l’air libre la raclent régulièrement, le visage protégé par un masque. Un filet de mercure s’échappe toutes les quelques secondes de cette masse, car la présence de la chaux et le raclage facilitent la coalescence des gouttelettes, qui forment une coulée de mercure. Cette coulée serpente jusqu’à un pozo ou petit réservoir et quitte cette partie de l’usine pour l’almacen, l’entrepôt où l’on verse le mercure dans des cuves. Ensuite, il sera conservé dans des bonbonnes de 34,5 kilos, poids normalisé pour les cotations sur les marchés londoniens et new-yorkais.

La visite de l’entrepôt attire notre attention sur quelques caractéristiques intéressantes du mercure. Un employé grimpe sur une cuve et, au lieu de s’enfoncer, il demeure à la surface du liquide. Cela peut sembler étrange, mais quand on sait que le mercure est 13,5 fois plus dense que l’eau et environ 1,2 fois plus que le plomb, il n’est pas étonnant qu’il supporte le poids d’un homme presque aussi bien qu’un objet solide. Le mercure est le seul métal qui se présente à l’état liquide à température ordinaire. Sa température de fusion est de − 39 degrés et celle d’ébullition de 357 degrés. Autre curiosité, c’est un liquide qu’on peut toucher sans se mouiller, à cause de sa tension de surface très élevée.

Nous visitons ensuite le laboratoire d’analyses, dont le directeur nous explique les contrôles minutieux qui veillent quotidiennement sur la qualité du mercure et la richesse du minerai extrait de la mine. Le laboratoire examine également tous les matériaux utilisés au cours de la distillation et tous les produits solides, liquides ou gazeux qui en résultent. Nous apprenons que le mercure d’Almaden a un taux de pureté de 99,997 pour cent, taux dépassé uniquement par le mercure natif que l’on trouve de temps en temps dans des poches de la mine.

La mine d’Almaden retire de 7 à 11 pour cent de mercure de son cinabre, ce qui en fait le gisement de cinabre le plus riche du monde. Bien qu’on trouve d’autres mines productives en Yougoslavie et en Italie, celle d’Almaden garde la première place. À mesure que les puits s’enfoncent, on découvre d’autres gisements de cinabre. D’ailleurs, il y en a tant dans la région que l’État s’est réservé le droit d’exploiter tout le minerai jusqu’à 25 kilomètres autour d’Almaden.

Aussi, la prochaine fois que vous vous servirez d’un thermomètre, d’un flash ou d’un miroir, pensez aux efforts et à l’ingéniosité de tous ces hommes qui ont perfectionné au cours des siècles les méthodes d’extraction et d’affinage du mercure et qui lui ont trouvé tant d’applications.

[Illustration, page 21]

Vue du concasseur et des fours, à gauche, et des colonnes de distillation, à droite.

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