La “Cesta Punta” et le “Rebot” — deux jeux passionnants
De notre correspondant en France
UN JOUR, à propos du corps merveilleux que Jéhovah lui avait façonné, le roi David s’exclama: “Je te louerai de ce que, de façon redoutable, je suis fait d’une manière merveilleuse. Tes œuvres sont prodigieuses et mon âme en a parfaitement conscience.” (Ps. 139:14). L’un des désirs que Dieu a mis en l’homme est celui de jouer. Ainsi, dès son plus jeune âge, l’homme imagine et pratique quantité de jeux. Le prophète Zacharie exprima bien ce besoin au chapitre 8, verset 5 Za 8:5 de son livre, en disant: “Et les places publiques de la ville seront remplies de garçons et de filles en train de jouer sur ses places publiques.” La “Cesta Punta” et le “Rebot” appartiennent aux innombrables jeux inventés par l’homme. Les connaissez-vous? Ils se pratiquent sur les places publiques du pays basque, région du sud-ouest de la France et du nord-ouest de l’Espagne. Voyons sans plus tarder en quoi ils consistent et quelles sont leurs règles ainsi que leur origine.
La “Cesta Punta”
Cette appellation provient de deux mots espagnols, “cesta”, qui veut dire “panier”, et “punta”, qui signifie “pointe”. Le jeu consiste à rattraper une pelote par la pointe (punta) d’un chistera (cesta). Le jeu de pelote à “Cesta Punta” est certainement le plus spectaculaire de tous. La tenue des joueurs est fort élégante: chemisette à manches courtes, pantalon long et petites chaussures de toile, l’ensemble étant de couleur blanche avec une ceinture rouge vif qui contraste et donne un aspect folklorique à la tenue. Le geste qui consiste à rattraper la pelote par la pointe du chistera doit être exécuté le plus rapidement et avec le plus de puissance possible pour être efficace.
L’aire de jeu, appelée “fronton”, a une longueur de 56 mètres, et le joueur (pelotari) frappe la pelote avec une telle force qu’il arrive que celle-ci, après avoir touché le mur d’avant, frappe celui du fond sans même toucher le sol. Ainsi, dans ce coup, on estime que la vitesse de la pelote atteint 240 kilomètres à l’heure. C’est donc un des jeux les plus rapides du monde; d’où la nécessité d’être équipé d’un casque spécial, la pelote étant très dure.
Ce jeu est célèbre dans de nombreux pays du monde, tels la France, l’Espagne, l’Amérique latine et même le Japon et l’Italie, et il ne peut se pratiquer que dans des salles très vastes et appropriées, qui sont en général des frontons couverts appelés aussi “Jaï-Alaï”. En général, les pelotaris sont séparés des spectateurs amassés dans les gradins par un immense filet tendu en hauteur et sur toute la longueur de la salle, pour servir d’écran protecteur entre les joueurs et le public. On peut visiter de telles salles en Espagne, par exemple au fronton central et au Jaï-Alaï de Madrid, mais aussi dans de nombreuses villes du pays basque français, telles que Saint-Jean-de-Luz, Saint-Jean-Pied-de-Port et Mauléon. Si vous visitez un jour le pays basque, vous remarquerez que le plus petit village possède son fronton. Bien entendu, ces frontons ne sont pas couverts, et, pour quelques-uns, le mur d’arrière est simplement celui d’une maison, voire des arcades, comme à Sare. Des petites villes comme Saint-Palais et Mauléon, possèdent des frontons en plein air très vastes. En principe, ces frontons sont délimités en arrière par une simple ligne tracée sur le sol.
Les jeux de fronton
On peut les diviser en deux catégories: le “Blaid”, ou jeu contre le mur, et le “Rebot”, ou “Luzeau”, qui se joue directement d’un bout à l’autre du fronton. Ce sont donc deux groupes de jeux très différents l’un de l’autre, tant par les règles qui les régissent que par la façon de les jouer.
En premier lieu, dans les jeux de “Blaid”, nous distinguons le jeu à mains nues, le jeu au chistera (panier retourné) et le jeu de “pala” (raquette de bois).
Les règles de ces jeux sont fort simples et pratiquement les mêmes. Il suffit de frapper le fronton au-dessus de la ligne peinte en noir à 90 centimètres du sol et de faire en sorte que la pelote ne touche pas terre en dehors des limites latérales du fronton ni même sur la raie. Il faut également faire attention aux deux bords latéraux du “mur d’avant”, délimités chacun par une raie verticale noire. Si la pelote tombe en dehors de ces limites, on dit qu’il y a “falta”, c’est-à-dire faute. En dedans des limites que nous venons de tracer, la pelote est “ona”, c’est-à-dire bonne. Dans le jeu à mains nues aussi bien qu’au chistera, chaque camp se compose de trois joueurs: deux avants (dont l’un est buteur) et un arrière.
Imaginez-vous en train de jouer. Le buteur prend son élan, arrive près du mur, jette la pelote sur le sol et la frappe avec énergie de la main (si l’on joue à mains nues) ou avec le chistera. À mains nues, le pelotari doit, après avoir frappé la pelote contre le fronton, revenir en arrière d’une ligne marquée à 15 mètres du mur (à 30 mètres dans le jeu au chistera). Ensuite, le camp adverse reprend la pelote, soit de volée (aïre), soit de demi-volée, c’est-à-dire après le premier bond, et la renvoie avec puissance contre le mur; puis les échanges continuent jusqu’à ce que l’une des équipes marque le point. Mais beaucoup jouent plus pour l’adresse que ce jeu réclame que pour marquer des points. Il ne fait aucun doute que ce jeu fait travailler la plupart des muscles du corps. Il est donc excellent pour la santé, si toutefois on le pratique de façon équilibrée.
Voyons maintenant le rebot, qui ne se joue qu’en pays basque. Il s’agit d’un jeu particulièrement beau qui, contrairement au jeu de “Blaid”, possède des règles très complexes; aussi ne mentionnerons-nous que ses grandes lignes. Le rebot est rempli de fines subtilités. En basque, certains l’appellent aussi “Luzeau”, qui veut dire “à la longue”.
Le mot “rebot” vient de l’espagnol “rebote” qui veut dire “ricochet”. En effet la pelote fait un ricochet en touchant terre, puis rebondit sur le mur, ou inversement du mur à terre. Nous pourrions dire en français “rebond”.
Dans le rebot, contrairement au jeu de “Blaid” mentionné plus haut, les joueurs s’envoient la pelote d’un bout à l’autre du fronton, et non contre le mur, sauf au but. Ce qui est important, au rebot, c’est le mur d’avant, le mur d’arrière, les limites latérales, le carré du but et le barné. De son côté, la raie noire, si importante pour le “Blaid” ne compte pas au rebot; mais une pelote qui dépasse en hauteur l’un des murs est “falta” (faute).
Les pelotaris forment deux camps, séparés par la raie du but, d’une part le camp du but (bota), d’autre part le camp du refil (referra). Il y a cinq pelotaris dans chaque camp. Il y a aussi cinq ou sept juges dont le rôle consiste à trancher tous les litiges, litiges qui sont loins d’être exceptionnels dans ce jeu!
Avant la partie, l’un des juges tire à pile ou face la place de chaque équipe pour décider laquelle sera “bota”, l’autre étant “referra”.
Historique de la pelote basque
Les jeux de pelote proviennent tous du jeu de “longue et de courte paume”. En examinant l’Histoire, nous constatons que l’origine du jeu de paume est fort ancienne. Ainsi, Homère en fait mention dans “l’Odyssée”, et Hérodote prétend que les Lydiens furent les premiers à le pratiquer. Il paraîtrait que les Grecs et les Romains étaient des adeptes enthousiastes de ce jeu, et l’on pense que ce sont eux qui le firent pénétrer en France, alors appelée la Gaule, sans doute à l’époque de l’occupation romaine. Par la suite, les anciens preux ne se contentèrent pas de jouer dans les tournois. Les jeux de paume étaient fort fréquentés par la noblesse et même par les rois. Citons Henri IV et, plus tard, Philippe II d’Espagne ainsi que ses frères.
Autrefois, on jouait avec des gants de cuir qui couvraient à peine la main et qui, avec le temps, allèrent en s’allongeant et en s’élargissant peu à peu. De leur côté, les raquettes de cette époque étaient étroites et en corde; plus tard en boyau. Saviez-vous que seuls les vilains (les villageois pauvres) jouaient à mains nues? De là viendrait le dicton bien connu: “Jeux de mains, jeu de vilain.”
Le chistera, lui, apparut bien plus tard. C’est en 1857 qu’un Français, J. Dithurbide, de Saint-Pée-sur-Nivelle, qui jouait à mains nues avec ses camarades, eut l’ingénieuse idée de couper un vieux panier pour en faire une sorte de gouttière d’osier. Avec cet instrument il ne tarda pas à constater que la force de ses coups était singulièrement accrue. C’est ainsi que le chistera prit naissance.
Comme vous le remarquez, les jeux de pelote sont tous apparentés au jeu de paume, et sont donc originaires du pays basque, où les trinquets et les frontons se rencontrent, on peut le dire, à chaque pas.
Ces jeux sont sains. Ils peuvent se pratiquer en famille et entre amis, les témoins chrétiens de Jéhovah du pays basque en ont souvent fait l’expérience. Si vous visitez un jour cette belle région qu’est le pays basque, ne manquez pas de jouer vous aussi à la pelote à mains nues, au “chistera” ou au “rebot”.
[Schéma, page 17]
(Voir la publication)
Fronton
Gradins
MUR D’ARRIÈRE
Limites latérales
Raie du but
Carré du but
MUR D’AVANT
Gradins
Ligne du barné
[Illustration, page 18]
Partie de rebot